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DICTIONNAIRE
LAîsTGUEDOCIEN-FRANÇAIS
CONTENANT
les définitions I radicanx et étyniologies des mots; les idiotismes,'
dictons, maximes et proverbes, lenrs origines et celles des contnmes, usages et institutions;
les noms propres de personnes et de lienz;
origines, étymologies et significations; les termes d'agriculture, de métiers, d*arts, de professions,
d'industries; la flore et la faune méridionales; etc., etc.
PAR
Maximin D'HOMBRES
*
ANCIBN PRÉSIDENT DU TRIBUNAL CIVIL d'aLâTS, MBHBRR DB i/aCADÊMIE DB NTMBS,
ANCTRN PRÈSIDBNT DR LA SOCIÉTÉ ST.IBNTIFIQUB ET LITTÉRAIRE D'aLAIS,
ET
Gratien CHARVET
MltafBRR DR L* ACADÉMIE DE NIMES, DR LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOTtlQUR DE MONTPELLIER
ET DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE D*ALAIS,
OORBKSTONDANT DU MINISTÈRE DB L'INSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES,
OFFICIBR d'académie.
ALAIS
f^^. ^ /• ^*^ **' Imprimerie et Lithogrcaphie A. BRUGUEIROLLK, Grand'rue, 93.
1884
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DICTIONNAIRE
L ANGUED O CIEN-FR ANC AIS
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DICTIONNAIRE
L ANGUED O CIEN-FR ANC Aïs
DICTIONNAIRE
LANGUEDOCIEN'FRANÇAIS
CONTENANT
les définitions, radicanx et étymologies des mots; les idiotismes,
dictons, maximes et proverbes, lenrs origines et celles des contnmes, usages et institutions;
les noms propres de personnes et de lienz^ ^
origines, étymologies et significations; les termes d*agricnltare, de métiers, d'arts, de professions,
d'industries; la flore et la faune méridionales; etc., etc.
PAR
Maximin D'HOMBRES
ANCIEN PRitSIDBNT DU TRIBUNAL CIVIL D*ALAI8, MBBfBRB DB l'aCAdIeIIIB DB NIMB8,
ANCIBN PRiSIDBNT DB LA SCa^TÈ SCIBNTIFIQUB BT LITTÂBAIRB D*ALAI8,
ET
Gratien CHARVET
MBICBRB DB L'aCADÂMIB DB NIMBS, DB LA 80CTBTÂ ARCHBOLOOIQUB DB MONTPBLUBR
BT DB LA SOCIBTÂ SCIENTIFIQUE BT LITTÂRAIRB D*ALAIS,
CORRESPONDANT DU MINISTiRB DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES*
OFFICIER D*ACADBM1E.
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ALAIS
Imprimerie et Lithographie A. BRUGUEIROLLE, Grand'rue, 93.
1884
MAXIMIN DHOMBRES
JDeu agradal e tUpobôlutlL
Agréable à Dieu et utile au peuple.
YiEUXE Charte d'Alau.
On Ta dit bien souvent et avec juste raison : certaines familles semblent être prédestinées au goût des
recherches studieuses; elles possèdent ce don naturellement et se le transmettent de génération en gêné*
ration comme un précieux héritage. Cette observation ne s'est jamais manifestée avec plus d'évidence qu'à
l'égard de Maximin d'Hombres.
François-Louis-Max imin dHombres naquit, le 14 août 1840, à Alais, d'une ancienne et honorable
famille des Cévennes. Il était le fils de François-Régis d'Hombres dont les vertus charitables sont restées
légendaires, et de Marie-Ântoinette-Eulalie Desroche, de Génolhac.
Petit neveu des deux célèbres Boissier de Sauvages, par sa grand'mère M arie-Âugustine Boissier de
La Croix de Sauvages, et neveu du baron d'Hombres-Firmas, il voulut se rendre digne de ses devanciers
et suivre conmie eux, avec honneur, la voie que leurs travaux lui avaient ouverte.
Doué d'une intelligence peu commune et d'une pénétration non moins remarquable, Maximin fit avec
succès ses études classiques à Forcalquier d'abord, à Aix ensuite, chez les Jésuites. Il les poursuivit plus
tard au collège de sa ville natale, et alla les compléter à Paris par celles du Droit.
Ses débuts à Alais, comme avocat, lui valurent les éloges les plus mérités, et firent présager pour lui un
brillant avenir. Il prit, pendant trente-cinq ans, une part active à tous les grands débats judiciaires qui se
produisirent devant le tribunal de cette ville. A partir de 1840, il fit toujours partie des Conseils de l'ordre;
et, à neuf reprises différentes, il en fut élu bâtonnier. « Cœur noble, âme généreuse, esprit cultivé, » a dit
sur sa tombe un de ses anciens confrères, « Maximin d'Hombres était un de ces hommes dont le talent et la
probité s'imposent et honorent les corps auxquels ils appartiennent (1). »
Caractère aimable et enjoué, esprit incisif et éminemment gaulois, Maximin avait l'aimable défaut des
hommes très spirituels, qui n'ont jamais l'air de se prendre tout-à-fait au sérieux, lors même qu'ils se
livrent à des occupations fort sérieuses ; contrairement aux esprits bornés ou superficiels, qui se gardent
bien de douter d'eux-mêmes, et font consister leur principal mérite à s'occuper, avec une gravité affectée,
de choses parfaitement insignifiantes.
Un membre de la société d'Alais a décrit avec finesse « cette figure origincde et sympathique, pré-
sentant un singulier mélange de douceur et de malice, de bonhomie et de causticité Ce charmant
causeur, prompt à la réplique, habile à lancer le trait, à la verve familière, aiguisée, piquante, ironique,
mais jamais blessante (2). »
Une bienveillance constante, une bonté inaltérable, formait, en effet, le fond du caractère de Maximin
(1) Discoure de M. Emile Pin, bâtonnier de TOrdre des ayocats.
(2) V. ArpHAR. — Compte-rendu des travaux de la Société scientifique et littéraire d'Alais, pendant Tannée 1873.
u
d'Hombres. Ses qualités charmantes, son abord facile et plein d'aménité, lui attiraient Testime et l'affec-
tion universelles. Quant à ses amis, ils ont pu apprécier combien l'un d'entre eux (i) l'a justement défini
en signalant chez lui cette ténaeUé du cœur qui rendait ses affections indissolubles.
Pourrions-nous oublier, en parlant des précieuses qualités de notre ami, celles qui étaient peut-être
les moins apparentes, mais en même temps les plus réelles : ces vertus bienfaisantes, ces habitudes de
charité, héréditaires dans sa famille, dont pourraient rendre témoignage tant de misères secourues, tant
d'infortunes soulagées en silence, sans faste et sans ostentation ?
Aussi, lorsqu'à la fin de sa carrière d'avocat, parcourue avec autant d'honneur que de distinction,
Maximin d'Hombres fut appelé à la Présidence du Tribunal Id'Alais, tous ses concitoyens, sans acception
d'opinions, applaudirent ayec enthousiame à une nomination si bien justifiée.
« #
Maximin d'Hombres avait épousé, le 26 novembre 1844, M^'* Victorine Farjon, de Montpellier, dont
l'inaltérable affection l'a, jusqu'à ses derniers momepts, entouré des soins les plus délicats et les plus
d^oués.
Durant de longues années, Maximin d'Hombres a fait partie du Conseil municipal d'Alais, où TaTaient
appelé la confiance et l'affection de ses concitoyens; et il a rempli, pendant un certain temps, les fonctions
d'a^îoint à la mairie.
II était membre de Y Académie du Gard, dQ la Sœiéùé de$ études pour lee langues romanes et de
la Société scientifique et littéraire d'Alais, dont il a occupé la présidence pendant l'année 187â.
Maximin d'Hoqilires atait eu quatre frères, morts avant lui, et une sosur qui lui survit : 1* Hippolyte,
ancien élève de TÉcole polytechnique, mort en Afrique» ci4>itaine du génie; — 9» Léonce, mort religieux
trappiste; — 3* Ernest, mort garde-général des Baux-^t-Foréts; — 4* Paulin, mort enseigne de vaisseau
4f?ant Saint-Jean-d'Ulloa; — 5* Pauline, religieuse de la Visitation à Tarascon, seule survivante.
Avec Mâ^™'" s'est éteinte la descendance mâle de la brandie cadette de la famille d'Hombres.
* •
Doué d*une aptitude exceptionnelle pour toutes sortes de travaux , mais principalement porté vers
les études littéraires, historiques et archéologiques, Maximin savait faire marcher de front ces diverses
études avec celles de sa profession. Les premières avaient même d'autant plus de charme et d'attrait pour
hii, qu'elles fournissaient à son esprit une agréable diversion aux fatigues du barreau, et lui servaient
en quelque sorte de délassement.
Le but constant qu'il poursuivit toute sa vie fut de mettre en lumière les principaux faits historiques
qui se rattachent au passé de sa ville natale pour laquelle il professait, comme tous ses devanciers, une
prédilection intime et profonde, un culte ardent et passionné : Soli totus amor (2).
A part ses incontestables qualités littéraires, ce qui mérite surtout d'être signalé dans Maximin
d'Hombres, c'est Tesprit de suite et l'opiniâtreté dans le travail qui, chez l'historien et l'érudit, sont toujours
des qualités fécondes.
« On est en général tenté de plaindre les savants qui consaicrent leur vie à composer de gros livres et
les curieux qui passent leur temps à les lire, dit M. Gaston Boissier. Peut-être les uns et les autres sont-ils
beaucoup moins malheureux qu'on ne le suppose. S'il faut un certain courage pour se jeter résolument dans
ces études pénibles et infinies, il est rare, quand les premières difficultés sont vaincues, qu'on n'éprouve pas
(1) ÉloQS as Maximin d'Hombres, psr M. d*EtplBasioiis.
(1) Épigraphe lofcrite psr Maximin d'Hombres en tète de ion Étude rar Altls.
m
pour elles un grand attrait : elles ont ce privilège qu'elles donnent beaucoup plus qu'elles ne promettent.
Les érudits, qui se sont fait un domaine restreint et fermé, le fouillent avec passion dans tous les sens, et
finissent toujours par y découvrir quelque coin de terre inconnu où ils sont les premiers à poser le pied.
Ce plaisir est un des plus vifs qu'on puisse éprouver, et il n'est pas commun (i). »
» «
Maximin d'Hombres a laissé trois excellentes Études ou notices réunies dans le volume des Recherches
hietoriques sur Alais, publié en 1860, en collaboration avec MM. Marette, Duclaux-Monteil et César Fabre.
La première de ces notices est un précis historique sur la Seigneurie d'Alais, C'est, sans contredit,
le travail le plus complet qui ait jamais été publié sur cette matière-
La seconde contient une étude archéologique et historique sur l'ancienne église de Saint-Jean-Baptiste
d'AIaiSy convertie plus tard en cathédrale.
La troisième traite des anciens noms des rues et places de la ville avec l'indication de leur étymologie.
On doit, en outre, à Maximin d'Hombres, de nombreux articles publiés dans VÉcJu) d'Alais, journal
dont l'existence a duré onze années, de 1841 à 1852, et dont il fut l'un des principaux fondateurs.
On a aussi de lui une notice biographique placée en tôte de la deuxième édition de Las CastagnadoSg
recueil de poésies languedociennes du marquis de Lafare-Alais, à qui l'unissait une vieille et étroite amitié;
et trois ou quatre plaquettes, sans nom d'auteur, qui n'ont jamais été mises en vente : il n'en a été tiré
qu*un nombre très restreint d'exemplaires (3).
Mais les travaux les plus remarquables dus à ses longues et patientes recherches et à sa profonde
érudition, sont : 1* Une étude de longue haleine, sous forme de discours, intitulée : ALAIS, ses origines,
sa langue^ ses chartes, sa commune et son consulat; 2* Le nouveau Dictionnauie languedocibn-français,
resté inachevé.
*
m m
Dans son étude sur Alais, l'auteur expose d'abord l'ensemble de son œuvre.
n a pris à tÂche de faire ressortir le synchronisme qui existe entre les origines de l'organisation
municipale de la ville d'Alais et celles de la formation de son langage. Il établit l'étymologie du nom
d'Aliûs qui tient par ses racines à la langue celtique; il montre la contrée successivement occupée par les
Ibères, les Ligures, les Celtes, les Romains, les Franks, les Visigoths, les Sarrasins, et assimilant à son
idiome des éléments divers empruntés au langage de ses envahisseurs. Il signale l'introduction de la forme
latine, dans la langue indigène, comme la conséquence évidente de l'occupation romaine et de rétablisse-
ment du christianisme dans la Gaule méridionale; et, après l'apaisement des grandes secousses produites
par les invasions, il montre ce même langage national, ainsi modifié, s'assujétissant à des règles, se fixant
progressivement, et, sous le nom de langue romane, s'imposant à l'Europe occidentale.
Abordant ensuite la période féodale, l'auteur fait apparaître, en 1093, le premier seigneur connu
d'Alais, Raymond Pelet, qui prend part à la première croisade, de concert avec Raymond-Décan d'Uzès et
Guillaume de Sabran, sous les ordres de Raymond IV de Saint-Gilles. Il fait voir aussi les papes Gélase II»
en 1118y et Alexandre III, en 1162, recevant à Alais l'hospitalité des Pelet ; il décrit la vie seigneuriale,
les aventures des troubadours de la contrée; il dépeint enfin, au seuil du XIIP siècle, la ville d'Alais entrant
(1) 6. Boiasm. — Xes provinces artentalei de Vempire romain,
(1) tM CharUt d'ÀlaU du XIII* Hèele, tradaitos dn roman et da latin en rimes françalaaa, 40 pages In-a*; — Rapport au
ComeU nmnk^al d^AMi tar la dénaminailon du met et ptacsi de ta vitte; — Cm^'tM swr t^allgnement $i let ifndieatê du
Gardomt 80 pages ia-8*.
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DICTIONNAIRE
LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS
CONTENANT
les définitions, radicaux et étymologies des mots; les idiotismes,'
dictons, maximes et proverbes, lenrs origines et celles des contnmes, usages et institutions;
les noms propres de personnes et de lieux;
origines, étymologies et significations; les termes d'agriculture, de métiers, d*arts, de professions,
d'industries ; la flore et la faune méridionales; etc., etc.
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Maximin D'HOMBRES
ANCIBN PRisSTDKNT DU TRIBUNAL CIVIL d'aLATS, MBMBRB DB L* ACADÉMIE DB NTMRS,
ANCIEN PRÉSIDENT DB LA SOCIÉTÉ SCIBNTIFIQUB ET LITTÉRAIRE D'aLAIS,
ET
Gratien CHARVET
•
MEMBRE DE L* ACADÉMIE DB NIMES, DB LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE MONTPELLIER
BT DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE d'aLAIS,
CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DB l/lNSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES,
OFFICIER D^ACADÉMIB.
ALAIS
. r ^ ''^** ' Imprimerie et Lithographie A. BRUGUEIROLLK, GrandVue, 93.
1884
DICTIONNAIRE
lANGUEDOCIEN-PKANCAIS
BOISSIER DS SAUVAGES ! De LA FARE-ALAIS ! Deox
noms radieux et sympathiques, que nous sommes heureux
d'inscrire en tête des colonnes de ce livre, et qui feront sa
meilleure fortune.
Au premier nous rattadient des liens de Emilie; au
second est due Hdée première de notre nouveau DicUon-
noire languedocien.
L'abbé de Sauvages, parmi les célébrités que notre pays
a vues naitre, on Ta dit avec raison, est la plus oompléte-
moit alaisienne : aucune n'a le cachet du crû comme la
sienne. Géologue, physicien, naturaliste, agronome, litté-
rateur ou lexicographe, soit qu'il consacre ses études à
Vagriculture, soit qu'il dirige ses recherches vers la linguis-
tique, tous les travaux d'une vie bien remplie et toujours
appliquée, les connaissances variées qu'il possède à un
degré distingué, supérieur même en quelques branches, son
expérience et son rare savoir semblent n'avoir quelque prix
à ses yeux qu*autant qu'il peut les faire tourner à la pros-
p^té et à l'illustration de son pays natal.
Entre tous ses ouvrage, le seul dont nous ayons à
parfef ici, le mieux connu peut-être, ne pouvait manquer
de porter l'empreinte de cette pensée de bien public. Dés le
titre même de son dictionnaire, et dans sa préface, le but
du modeste savant prend plaisir à s'avouer hautement. 0
se donne pour mission principale d'enseigner à parler cor-
rectement le français à ceux de ses compatriotes qui, accou-
tumés dès l'enfance à formuler leur pensée en languedocien,
D^BIl donnent, en se servant du français, qu'une traduction
videuse et toute hérissée de gasconismes. Il se propose en-
mité d'expliquer les mots du vieux langage dont fourmil-
lent les titres et actes établissant d'anciens droits ou leur
eiemptioA. XJne pareille conception a pu paraître étrange,
originale : il n'y faut voir qifô le sentiment exagéré peut*
ëHÈe maiff toudiant, d*un noble patriotisme, qui sacrifie au
d'être utile même te soin de sa renommée littérane^ et
scientifique. Cette préoccupation toutefois a empêché une
œuvre excellente d'atteindre la portée que l'auteur pouvait
se promettre. Elle lui fait mettre de côté les mots les jdus
usuels, pour ne s'attacher qu'à des techniques; tous les
termes, et souvent les mieux employés, ne se trouvait pas
chez lui, et il les néglige pour en poursuivre d'autFSS,
hors de son domaine, s'il y peut saisir l'occasion d'un
redressement et matière à sa leçon de français. Restreint
ainsi dans !ue spécialité, et en même temps entraîné vers
des ^alectes étrangers, son plan est incomplet et manque
d'unité, au grand détriment de notre dialecte. Quelle valeur,
en eiet, était destiné à avoir, pour l'avenir littéraire de
notre pays, un travail de cette importance, exécuté par un
homme comme l'abbé de Sauvages, si, au lieu de se renfer-
mer dans un traité de purisme français, il nous eût donné
un vrai lexique languedocien, embnissant la langue dans sa
plénitude, ne sanctionnant que ce qu'il savait être de pur
sang cévenol, mais légalisant tout notre avoir légitime! Sa
réserve trop timide est d'autant plus regrettable, que per-
scmne encore n'avait, avec tant de profondeur, de sagacité
et d'érudition, pénétré dans le génie de notre idiome, ne
s^'était plus impressionné de ses beautés, de sa Umpidité, de
la sève de ses tours, de ses images, de ses figures, de ses
idiotismes. Malgré ces lacunes. Sauvages restera comme la
^ire la plus populaire de nos contrées, et il méritera touK
jours d'être considéré comme le plus savant et lo plus spi-
rituel des initiatéitts du languedocien^
Son recueil sera le meilleur à consulter et le plus eu»
rîeux quand on voudra remonter aux sources; mais sa
donnée Mp ex<diksive devait nous interdire de le prendre
en tout pour inod&ie. Le danger qu'il a voulu combattre^
n'existe plus d'aôlleiffs au même degré. Ce n'est pas l'alté^
ration de la langue fraàçuse par le languedocien qui est ^
redouter: Finfiuence-inVerse est bien autrement à craindre,
etlejiéri sérieiâ est au^ ecmtraîrè de voir notre belle et
• •
«. ^
DICTIONNAIRE
L ANGUED O CIEN-FR ANC AIS
DICTIONNAIRE
LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS
BOISSIER DE SAUVAGES I De LA PARE- ALAIS ! Deox
noms radieux et sympathiques, que nous sommes héorettx
d'inscrire en tète des colonnes de ce livre, et qui feront sa
meilleure fortune.
Au premier nous rattadient des liens de Emilie; au
second est due Tidée première de notre nouireau Diction-
naire languedoeien.
L'abbé de SAtrYAGEs, parmi les célébrités que notre pays
a vues naître, on Ta dit avec raison, est la plus complète-
ment alaisienne : aucune n'a le cachet du crû comme la
sienne. Géologue, physicien, naturaliste, agronome, litté-
rateur ou lexicographe, soit qu'il consacre ses études à
Tagriculture, soitqu'O dirige ses recherches vers la linguis-
tique, tous les travaux d'une vie bien remplie et toujours
appliquée, les connaissances variées qu'il possède à un
degré distingué, supérieur même en quelques branches, son
expérience et son rare savoir semblent n'avoir quelque prix
à ses yeux qu'autant qu'il peut les faire tourner à la pros-
p&ité et à l'illustration de son pays natal.
Entre tous ses ouvrages, le seul dont nous ayons à
parlef id, le mieux connu peut-être, ne pouvait manquer
de porter l'empreinte de cette pensée de ïàen public. Dès le
titre même de son dictionnaire, et dans sa préface, le but
du modeste savant prend plaisir à s'avouer hautement, n
se donne pour missicm principale d'enseigner à parler cor-
rectement le français à ceux de ses compatriotes qui, aoeou-
tumés dSs l'enfance à formuler leur peiûée en languedocien,
iï*m donnent, en se servant du fr^i^ais, qu'une traduction
vicieuse et toute hérissée de gasoonismes. Il se propose en-
suite d'expliquer les mots du vieux langage dont fourmil-
lent les titres et actes établissant d'anciens droits ou leur
exemption. XJne paMille conception a pu paraître étrange,
originale : il n'y faut voir qifô le sentiment exagéré peut*
ètte maj9 touchant, d*un noble patriotisme, qui sacrifie au
dénr d'être utile mêmele soin de sa renommée littêrake et
scientifique. Cette préoccupation toutefois a empêché une
œuvre excellente d'atteindre la portée que l'auteur pouvait
se promettre. Elle lui fait mettre de côté les mots les plus
usuels, pour ne s'attacher qu'à des techniques; tous les
termes, et souvent les mieux employés, ne se trouvent pas
chez lui, et il les néglige pour en poursuivre d'autres,
hors de son domaine, s'il y peut saisir l'occasion d'un
redressement et matière à sa leçon de français. Restreint
ainsi dans !ue spécialité, et en même temps entraîné vers
des (fialectes étrangers, son plan est incomplet et manque
d'unité, au grand détriment de notre dialecte. Quelle valeur,
en eiet, était destiné à avoir, pour l'avenir littéraire de
notre pays, un travail de cette importance, exécuté par un
homme comme l'abbé de Sauvages, si, au lieu de se renfer-
mer dans un traité de purisme français, il nous eût donné
un vrai lexique languedocien, embrassant la langue dans sa
plénitude, ne sanctionnant que ce qu'il savait être de pur
sang cévenol, mais légalisant tout notre avoir légitime! Sa
réserve trop timide est d'autant plus regrettable, que per-
scmne encore n'avait, avec tant de profondeur, de sagacité
et d'érudition, pénétré dans le génie de notre idiome, ne
»'étftit i^us^ impressionné de ses beautés, de sa limpidité, de
la sève de ses tours, de ses images, de ses figures, de ses
idiotisme». M^gré ces lacunes. Sauvages restera comme la
gloire la phis populaire de nos contrées, et il méritera touK
joure d'être coôsidéré comme le plus savant et le plus spi-
rituel des initiatéitts du languedocien.
Son recueil sera le meilleur à consulter et le plus eu*
rieux quand on voudra remonter aux sources; mais sa
donnée trop exelùsive devait nous interdire de le prendre
en tout pour modèle. Le danger qu'il a voulu coÉnbattre"
n'existe plus d'sûHeoïs au même degré. Ce n'est pas l'alté^
lotion de la langue fraàçuse par le languedocien qui est ^
Tedouter : Tinfluaice^inverse est bien autrement à onondrè,
et lejiéri sérieux est au contraire de voir notre belle et
DICTIONNAIRE
LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS
CONTENANT
les définitions, radicaux et étymologies dos mots; los idiotismos,
dictons, maximes et proverbes, lonrs origines et celles des contnmes, usages et institutions;
les noms propres de personnes et de lienx, ^
origines, étymologies et significations; les termes d'agricnltnro, de métiers, d'arts, de professions,
d'industries ; la flore et la faute méridionales; etc., etc.
PAR
Maximin D'HOMBRES
ANCIBN PBÈSIDBNT DU TRIBUNAL CIVIL d'àLAIS, MBMBBB DB L'AGADiMIB DB NIMBS,
ANCIBN PRi»IDBNT DB LA SCaÉTi 8CIBNTIFIQUB BT LITTÈRAIRB D'ALAIS,
ET
Gratien CHARVET
MBMBBB DB L'ACADtMIB DB NIMBS, DB LA HOCTBTÂ ABCHJK)LOOIQUB DB MONTPBLUBR
BT DB LA 80C1ÉT6 SCIBNTIPIQUB ET LITTÂRAIRB D'ALAIS,
OORRBSPONDANT DU MINISTÈRB DB L'INSTRUCTION PUBLIQUE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES,
OFFiaBR D*ACADÈM1B.
ALAIS
Imprimerie et Lithographie A. BRUGUEIROLLË, Grand'rue, 93.
1884
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sa j)i'«''i"isiim p\ai;lc cl t'<nji[),issr''. 11 iit* s iiliiait de la lii>lnii
quuih* IiiLMin.ulii)' sans inuii, (jul in' .s'iail ni <lu lauLiit'-
dnci'Mi ni du l'i'ancii.s. njai> du \rai iKiliii> ccno luis, iiiin-
l('Ili':iltl*' au\ lial)il niN du j)a\s (Mi\-ni<Miii'N, o[ lail'' ji 'ur
(10C')nc»'i-lei' les ('lianj-'eis ei \i'^ plus sa\anls (>liil(tl'ii;ui>.
Mallit'un'USi'ihcnl rfs ini-oiii[tatii»ilil'''S iMiliv les dfu\ lan-
irucs n'nnt [»as cl' Inujituis hi-'ii iMMijuisi-s. P.mr (jufli|u«>
airniit''s (|Ut' le lalin a\ail a Tdriiiin" a[»[t<ii l''ts dan> lune
ol dans lauliv, (ui n"a [>as assez lemi e(nu|ile de leur^ dill'é-
rence» iili\siul(»i;i(jue^, de t,uU re (jue pcul-èhe le cliiiial,
Wnv i>iisilinn ;^e,i^'iMjilii(|n,\ li-uis (endantes axaient iiil>
crincMiicilialtle, d anlipatlniiue dans leui" naiuie, d hi> liiir
caraet'Te, dans leur mécanisme, dans leui' e\[(ressi »n.
C'«Haicnt deux ll<Mi\es, avant uin' source coiiiiuuue , »jui
lonL!leiii|)s avaieiil sui\i une inandie parallèle, !.'<•(. udant
le pa\s dans leur cours; nuis (jue de|»ui> des p-nis njipd-
S(Vs «uil enirainés eu sen;> Çdjilraire, e| ditiil les «mux ne
lH}USenl plus se mêler sans se IntUltJer et se LUiruliij)ie.
C'est ce (juil lallail surtout rcm.injuer : c'était a main-
leiiir la séparation (ju il impiirlait d" 5'aUaclier.
Aujourd'hui lu lant:ue jraneaise, (|ui ne ce>se di' s- pro-
diguer, de se répandre, de s' perleclionner, attire tout a
elle ; seule, elle a la jurole; vule, elle es! de Ix-n ton et
de bonne compajinie; tout se lait, s'enseinne, s-' rejrnte,
se diM'ule, se traite en Iraneais ; sa [»rei'minene.' e.Nt ineou-
lestalile. La laniiue d'Oc, a ses col''S, de[)uis (pi'elle a perdu
sa nationalité, n'est |)lus (ju'ini parler de \aincus. Comme
elle n'a pu se mou\oir que dans un cei'cle ri'^iifini . sa
puissanc»' de dt'velitppemi'nt s'est mesuiV'c à des intérêts et
î\ des besoins Uirnés. lanule souvent lieuivuse du Iraneais,
dans la poésie, plus abondante et plus musicale (jue hu,on
l'a bien vue toucher sans elVorls aux conce[)tions élevées de
la pensé(; et de l'esprit; uiais rejetée de hi vie pid)li<(ue
active, du fiionde de> allaires, de la poliii(jue et di's sciences
humaiiK^s, mise en (|uel(pie sorte au ban de la civ ilisatioji
nuHlerne : toute ex])ansiou lui devenait impossiblt». Elle est
restée, avec ses allures laniilières, vulgaires, un peu rusti-
ques, la lajigue du peuple, de la lamille, des cami)agnes.
Elle a vécu néanmoins et elle vil encore de S')n propre
fonds, par la seule énergie de sa conslilulioii.
Mais tous ra|)ports philologi([ues ont cessé entre les
deux idiomes. Leur co-♦.^xist -nce sur le même terriloire ne
saurait fonder ni alliance, ni association. La transfusion de
l'un dans l'autre ne serait en ellet que raiiéantissement du
plus faible, sans prolit pour le plus fort.
Sans doute il j)eut arriver un jour, si éloigné (juon le
prévoie, où le vaiiKjueur parviendra à étouiVer le paria, à
force de l'élreindre. Il le supplantera dans son modeste
empire, mais son pouvoir ne va pas jus^ju'.'i le rayer dȔ la
famille des langues. Que le languedoci(.'n soit su])prirné et
démonétisé, c'est le lot des proscrits; mais rien ne fera
qu'il n'ait eu cours légal, qu'il ne soit encore une des
L.'loiresde la mere-palrie, (ju'il ne revendique justcuKMit son
imlividualilé di>lincte, et qu'il ne se reru>" a être converti en
un des p.ititis du iV.meiis. (!c>t mu moins contre cettt»
d<'Comi»"silion v iolcnte «juil pioteste, s'il est eondamn»' à
niianâr. Auiis et ennemis s'acharnent .1 |c iranslormer en
un ar;_'oi (jui le rendi'a !iient«»t tout a l'ait mêc mnai^-sable.
(;cil.iin> pmislcs, et <|ue|(|iies- uns tri's-eruilits vraiment,
ne s>nl-ils p;i>, n\\<-> jnxpr.i [»ri>l»>M'r (pie l^- vocabulaire
lan;.'Ued'i(icn n'avait i[<'iï d • mi<.'uv a l'aire «pic il» mtltre
au pillajc lc> diclidiin. lires Iraiiciis? Ces slerilc> cl buuii-
liants lai'ein>, .sjjs cl u*'iii •'•ri.ues en svsti'ine cl inmicentês,
es Mi' iji>|i lieux am.ilu unes, s'ils s'ai'complissaii'iit, c en
s-raif lait de 1.1 lannuc d Oc, et de s 1 diunit*', et de Niin i:ênie.
L'S einpiii.[ue>, en inliltijnl dan> les vimjic.s de |.i pauviv
Uialadc un san,:^ elr.ni,:je|-, n'oblienilraient (|ue ce d'-plirable
ri'.Null.it de e"iii[ironicll!'i' «lavant. !,::c si>n e\i>|ejiçe. A l'arrêt
de iimii «pi'uii n aj'Ule donc |>as un ariêl de lletris>uiv.
La r.'action inti'lli,L:ente «le l'esprit des provinci\s, dans le
Midi, n'a p.is eje saluée partout av«'c tant «le >ynqKitbie
encouiMi^eaiilc ]»< ur ;rvtiilcr t\i plein ^u<'cès. La langue d'Oe,
«pii a repris sa [A:\y-v dans la littérature de la l'rance, fait
di's >rmai> partie de >cs richi'sses, et sa conservation inté-
resNC la gloire natitaialc ,Mai> (pit^ lui laiit-il l'iu-ore pour
vaincre les piV-jugés, jioui' avoir raison de tous les [)arlis-
pris? Llle nv parv icmlrail pas mieux si ell»» consentait à
reprenilre les lnianules archaupies du roman des trouba-
ilours, avec Icxpi'llcs nn ne sentemlrait plus, «pie si elle
était contrainte a rci-nurir à ces faux ajustements d'em-
prunt, «|ui renlaidissciit et la «lejigurenl. .Mais tous les suf-
frages lui l'eroiit ac«*ueil «piand elle se montrera dans sa
pureté premier«\ «laiis sa sinq>licile vraie et natun'lle. Llle
ne (luit être jugée «pie sur son tv[)e natal, sur un tableau
coiiïH-l, complet, eidier d'elle-mêmi', telle (ju«' le progrès
la faite, modiliet\ ai)i»roprié«% aviH* l«\s accroissements que
son génie lui a apportés et «pie l'usage consacre. Au prix
d'une ('puration sévér»', elle méritera de s»» r«*lever d«' son
abaissement, et d'attirer les études sérieuses et la fav«Hir
])ubli«]ue.
Sans rien répudier de son jias.sé «jui a jeté un vif éclat
dans la littérature, ne peut-<'lh* avoir «[uelque orgueil de sa
renaissance, qui n'est jias moins brillante? C^e qui était
autreftiis de son esstMice, ne 1»^ porte-t-elle pas encore
aujourd'hui en elle? Touti^s les langues arrivent nécessai-
r«Mnent à se transfigunT avec l(\s iimnirs, l'esprit public et
les tendances d«'s populations (ju'elles r«^présejit«Mil. Et de
c«'la ([ue l'idiome méridional n«^ s'est pas iigé dans rimmo-
bilité, (ju il a éprouvé des transforinati<nis, serait -il juste
de c«)nclure ([u'il doit être déclaré alt<'int et convaincu de
mort civile? Ce ne sont |)oint h*s acquisitions nouvelles,
quand il les a mar(jué«'s au titn* légal, qui i)euvent dimi-
nuer son crédit; mais bien cette fausse monnaie, frappée
au coin d'une fantaisie ignorante, qui le déconsidère : et
c'est là que le remède doit être apj)li(pié.
D'autre part, la langue d'Oc est morcelée en une infinité
11
de dialectes; mais s*en est-elle pour cela affaiblie dans son
principe? Tons ces rameaux se relient par mille radicules
à la souche-mère; les nuances d'intonation et de vocalisa-
tion viennent confondre leurs accords dans Tharmonie
originelle, dans une gamme commune. S*il n'est pas permis
d'espérer, à cause de l'étendue du territoire et de la diver-
sité des dialectes, de les rassembler tous dans une compo-
sition unique, qui dénonce les altérations dont ils ont
chacun plus ou moins subi l'atteinte, et qui les ramène au
thème vrai, ce résultat ne peut-il être obtenu dans une
monographie, qui se rattache à tous par des aperçus géné-
raux, par la fraternité d'origine et de famille? Notre dia-
lecte cévenol , par sa position concentrique entre la plaine
et la montagne, plus abrité que les autres contre les impor-
tations exotiques, ne s'est-il pas montré aussi plus fidèle au
vieux culte, n'a-t-il pas mieux conservé les saines traditions?
Ne devrait-il pas être préféré pour ce travail d'épuration?
Ce sont ces études qui préoccupaient l'auteur des Caita-
gnadoi, auxquelles il conviait un groupe d'intimes, animés
comme lui du feu sacré. 11 rêvait de rendre à son dialecte
bas-languedocien, cet ami d'enfance tant aimé, sa physio-
nomie vraie. Dans cette pensée fut commencée la nomencla-
ture du nouveau Dictionnaire languedocien : elle nous est
parvenue écrite en entier de la main de M. le marquis db
La Fare-Alais.
A cet éminent esprit , si versé dans la connaissance de
l'idiome maternel , si familier avec le génie du gai-savoir,
il appartenait, et lui seul avait autorité et compétence pour
cela, de dresser le nobiliaire complet de notre langue, où
ne devaient être inscrits, comme sur le livre d'or de Venise,
que les patriciens de bon aloi , de pure origine ou d'allian-
ces légitimes. Poète, il avait rendu à cette langue populaire
sa grâce et son élégance, sa clarté et son énergie, son carac-
tère joyeux et goguenard, ses allures franches et agrestes;
il l'avait élevée même jusqu'à l'idéal qu'on lui croyait
inaccessible , jusqu'au sentiment et au pathétique pour les-
quels on l'accusait de manquer d'expression ou de souffle.
Grammairien , il voulait lui garder son purisme natif et son
originalilé technique; la sauver du servilismede l'imitation et
des pollutions de l'invasion étrangère ; délivrer son domaine
des excroissances sauvages que le terroir natal n'avait pas
produites et se refusait à féconder; conserver aux fleurs de
ses champs leur fraîcheur et leur parfam , sans proscrire
toutefois celles que sa culture ou son génie avaient natura-
lisées et dont il avait fait des conquêtes. Le maître seul eût
pu mener à bien ce labeur délicat : malheureusement il ne
lui a pas été donné de l'accomplir; mais il en a déposé la
pensée dans la nomenclature.
Cette classification, telle qu'il nous l'a laissée , accompa-
gnée de quelques notes trop rares et pieusement recueillies,
qu'il sera facile de reconnaître , forme un tout complet.
Notre système d'orthographe et les régies de notre syntaxe
s*y trouvent en germe : toutes les acquisitions nouvelles du
Cévenol sont légalisées, les néologismes irréguliers condam-
nés; le maitre a prononcé. Pour nous, ces listes de mots
sont les tables de la loi : elles fixent notre dialecte, elles
sont notre langue vraie, actuelle, vivante. C'est l'arrêt au-
quel il n'y a rien à ajouter ni à retrancher : le jugement
dernier qui sépare le bon grain de l'ivraie.
Il y a plus de vingt-cinq ans du jour où fut écrite la pre-
mière ligne du Vocabulaire et où nous recevions, avec un
ami, hélas! perdu aussi pour nous, la confidence du plan
d'une entreprise trop tôt interrompue. Alors, dans une col-
laboration fraternelle, à laquelle manquait son chef naturel,
le travail aurait pu êlre suivi; d'autres préoccupations
arrêtèrent nos études, sans jamais cependant nous les
faire perdre entièrement de vue. Enfin, quand au dernier
survivant est revenu ce legs de l'amitié, pour en accepter
l'honneur et les périls il a moins consulté ses forces que
son patriotisme. L'œuvre avait été inspirée par un senti-
ment qui devait la faire continuer : elle pouvait être utile,
ses difficultés ne devaient pas empêcher d'en tenter les
risques et les écueils. Mais aujourd'hui que la tAche est à
peu près remplie, que nous avons parcouru jusqu'au bout la
voie tracée par les jalons indicateurs, nous jetons un regard
en arrière, et nous doutons. La bonne volonté ne nous
a-t-elle pas égaré? L'esprit du maître ne souffle plus; ne
nous a-t-il pas abandonné dans ce long trajet? Et nous en
sommes à nous demander, en le regrettant peut-être, s'il
n'eût pas été préférable que l'esquisse fût restée simplement
au trait qui seul lui donnait tant de vie et d'animation;
s'il n'eût pas mieux valu que la toile eût été laissée vide
dans son cadre d'or. Puisse au moins la gangue abrupte
ne pas trop déparer le diamant que nous avons voulu
mettre en lumière !
Tout d'abord nous devions dire comment était né le
nouveau Dictionnaire languedocien; maintenant, que son
ordonnance, sa marche et son développement eussent dû
être moins imparfaits, plus conformes aux us et coutumes
et aux règles académiques, nous l'avouons. Il y aurait trop
mauvaise grAce h ne pas le reconnaître et trop de présomp-
tion à ne pas s'en excuser, n va de soi que notre pré-
tention n'a pas été de faire un livre savant, pas plus que
destiné à apprendre la langue à ceux qui la savent; mais il
importait de conserver l'acte de son état civil, nous l'avons
fidèlement enregistré. Nous avons mis toute sorte d'appli-
cation et de désir à bien faire, pour rendre utiles et inté-
ressantes nos recherches, pour maintenir lessaines traditions;
s'il ne nous a pas été donné de faire mieux, à nous seul
la faute. Mais que ne nous pardonnera-t-on pas et ne nous
laissera-t-on point passer à la faveur des deux noms si
populaires et si sympathiques qui nous couvrent? Ce double
patronage de Sauvages et de La Fark-Alais, nous l'invo-
quons à chaque page. A plus d'un titre nous avions le drmt
de nous en réclamer : ici le devoir qui nous tenait le plus
au cœur était de porter l'hommage du souvenir et de la
reconnaissance à ces deux mémoires vénérées et chôres.
A
A, 5. m. Proiiiiôre lollre do Talpliabct. O'Uo loltro ii'«''tniit
jamais iiiuolte vl n'ayniit ruruiir seule cl uum\o pronoucia-
lioii, il Ji'y a pas lion di^ lui iIdiiiiit un aoocui (|U(lc«)ti<[u<\
iii au coiniiMMKMMiit'ul, ni à la liii, ni dans rinttM'ii'Ur d"\ni
mot. (>[>ondant A pnMid l'acconl circonllcx"' dans la dipli-
llionj^ui' : inàou, pùoii, donbc, clc.
A, prcpos. cl siijna fiti tlalifh. — Aitan à ht vilo ; dotind ilv
pan à un piïoure. Ici Ta n'i'Sl ])as onnsiilt'iv coiiimk' Ir-lli'c,
connno sul»sl;nilii'; il osl [Hvposilion. Pdur l(Mli>lini;iii'i' ainsi,
t;t nt^ [)as 1»' cnnlnndrc M\t\- (<' nml suivaJil, nniis lui dttnniiii"^
TacotMil graN»', (jui du ivs!»* in* ni<tdi(i<M'n ri-'ii sa pronon-
ciation.
A, 3'"'' pei's. nul. près, du v«'I'Ik' .Irt'/zr, il un i-H.^ a.
A, (It'sinenrr, <pii est rcpn'Si'nlt't* dans (piclt|U«'S nuiiis
ju'opi'cs d'Iinniiiii' el dans licaUiMUp (le nnius de lii^i, en
fr. par nr. v\ on lai. [tai" nni.s. (icKut,
Dans aui'ini mot nnli-.- dialccli* n'admet ni ne piMuoiic.'
le C (inal; le IVanciis, an eonlrain', je ('..il rorlcincnl ^.'iilir;
en ce|;j,(^t sur la lenniiiaiMtn dont lions liMiliii^, (■•lui ci ><•
ra])|M'oche da\anta]j«' de rancieniit' loiine. >i>.s aiciiv, I-n
(li'H'vs, axaient en elVi'l c<' miIIîm' </c. <//., ipii >•' ciiili^H'lail
a\ec Son é([ui\al''iil ce, c/V, cons'i'\i'> ejn* n',- d ms l'ar.ii^ li-
cain, le caiul)i*i([ne iM ;iulifs; •'( il> ap[iii «.siciU Mii> d ail'
sur la linali'.
On conn.iit je rttle dis pi''!i\(S et d"N su.'liX''^, tl'ux
soiire.'S (pii f'M'onl.Mit el ('ni'i>-lii>>"nl les laii^Lue^. (l-nx-l.t
])rt''Ci'deiit le mot. l'ont les omp is(''> et macquo il un i.p-
poil de C'»u\enance. de lii'U . de dislnic", d-' t'..i|!>, d"
dinV'rei!!-". fie.; c 'U\ ci >ui\eiii If m-it, iMian'iit |i > d' ,i\ s
et im[tiimejii à la i\..'in ' un s-iis p ;i lli-uli i" t! ■ (pi lit.-, de
mode, d'aelioii, d' «^ull:^l luee . d appi'. -j'i'i diou , di' j''>-'.ii-
Manee, di' reunion, de cti||.'ch\ it'' et aulre.s. ïj' Miilixc //.-,
d'ori^^'iu'' ,t:aul"i-e, S(r\. lil à ad';i'r|i\<'i' 1-' r'i'.icl ;iii(|iii| il
s'atlaeliail , en lui a(iporrnd un^* id'v d'' d- >•• !i ! iiiee, de
propriiUi' ou de colh'cli\ile, (piand il s"ajoa[ lit a un nom
prol)re.
Kn ai"ri\ant (lan> l s (iaule^, linme |enr imjio>a m lanuue
et son ^éine; mais le \ii'U\ Ironc cellitjuf ne lu! pa^ d ra-
cine et ses rameauv \erdi>sai''nl daii> le lani.ML'e u>U'd an
Uiilieu i\v<. pousses latines. Ij's d'iiomiiialioiis locales traib's
faites ne pi)u\ai»'nt s VlV.u: t : ell.-s fuient latinisivs le pins
souxent par la siin[il<} addition de la s\ Malte romain'' caiac-
lérisliipie lis, (t, unt, selon ([u'il s'agiss.iit d'un nuinsus on
payns, d'une ciUa nii niansio, d'un cnstruin mi pniu/ùun.
Pour les élaljlisseiuents nouveaux à créer et à nommer, le
contact perséNéranl des deux idiomes amena des inodilica-
tions do procédés et de formes. L(^ latin introduisit son
génitif eu i, signe do relation idenli(iuo au suflixe ac; et
ABA
de là trè^-prol»al^lement les désinences en acius ou ocium,
et par transi)osition iacus, icHunn, et jieui-élre les tle\ions
en assitts, assiinn, nlins, aiinui, (Tel ni déjà i altération,
mais aus>i le renon\ellemenl ; <'t pendant !<•> sept dU huit
sii'clt's (pi«' dura la décadence ilu r<\L'iuie rouiain, ipii allait
s'alt^'iMiit dans la hasse laliinir-, s'' faisait en même temps
le travail de iorniation de la lan^Mie d'Oc, prèle à jeter
taiil d'éclat avec ses Inadiadours. H est facili' de com[>ren-
di'e, dans ciMle p/'riode, les transformations par Ic^pielles
diu'ent passer les di''sii:nations aiipe||.iti\i'S, sans parler des
iidlu''ners i'llmi(pi''>, <[ui ai;i»eni ;i\ec tant de pui>sance sur
les (U'iiaiies \ocaux el >ur laceenl.
Les reMjll.d^ SI' traiiuis''nl en \ari;mtt'S multipliées.
Tandis tpie, \\,\\\<, If Noid, le >ulïi\e nv se con\ertil (^ii e,
('[/, (iij, /, //, il ll't InUdnis l<' Mnli, en (t simple, en er, e.r;
\ers I'' (ientre, f'U ('<(, eu.i;\\[\ pi'ii pailoul , en ns v\ al: et
toiiji.ui's le loin immolai." il uhiroin.e a persi>t''' dans ses
Jinali'^ iicis el arnui, îdrus cl incuiu. D.ois cette Variété de
[)i"nilails i>■>u^ d'' l'union ih'.s Inrine,-, l,ihne> avec les dési-
nene.si:aidoi^.'>, lanlol laliiii,>''-i'>, laidol senlrnient traduites
d«' l.i Iniju" \id;jiiie r| priii.iliv'', \,\ i-uinhinaison de la
nn'uiîliii' sur 1/ ;.]»|MiaiI ilaiis luaucinj) de noms; elle.
ani'i!" me 'i"i' eunnia «-(iniv.d nt !«' suilixe <///, c;* et autres,
et, il faut le 1VÇm|iii,ii| |V ;;ii<M, |.' 7 c Ilique mouillaut \n,
(pli d'iiM ', ]to!u' '/'■ <l <t( uti: (Il niciini. daus 1'- .NiU'd, tijnt',
iijiii. i';"!i. i[iiiic<, (jiii Ui' s:tn! p.i-^ moins pill(ir('S(pii'S (]ue
lii> <i>ji> r, 'i;jn;>. (. >/ '.I ':rs, 'ni-'j': s, •iiju'i l'ifufs, ar/jneol
01 'jr.. in i i !i Ml oiv . (liii <nl I.--- i;."ii.'s elriinMils ]>riiiiitifs
il rf.imi.i ni a I,; h.'iip' s ■aiNf. lai c iinmeiicnit, il fallait
t' nir iiol" (!•• e. > Iran^formaliiUis. -— Voii. les articles .1/^,
Aiijw, el jis cxi'iiipl.s >oiî> It's n.tiiis de lit>(i Ainiat'ffite,
Abadiè, .v. /'. .V!'lta\e: moiu>| ae d liommes ou di* fem-
iiir<, ^'.ii\('[|i.'' |),(f un alil)'' on mit' ahltesse.
\) v. du l.din M>.l>ntiii .
Abandoù, s. m. AImjiiIou. — il ne se prend guère
([u'advi-riiialemenl. I.aissoloni à I <i(ju/i /où, il ]n''irlig(^ toutes
ses a lia (l'es.
Abandouna, r. Al»aiidoiHi''i'. — (> mut d'origine toute
franc ti> ' (>t peu emj»lo\é dan> son m-us propn», mais il
devieni tunl-à-fait leclnii([Ui' an participe [»asst' fém. uno
ahiiuîoiiuailo, uii'* femme décriée et (pie tout le monde fuit.
>ious reinanjuerdns, en comniiMicant et une fois pour
toutes, (pie le pins grand nombre de verlies actifs, daus
notre jdioine ainsi (pie dans le hasd>reton, se terminent ou
A à rinlinitif et au part. pass. masc. Tous c(\s partici]x^s
font ado au féminin.
Abàoucha [s], c. Tomber sur la face, sur le uoz.
ABÉ
ABE
IS
Le radical semble pris de bueca, bass. lalin., boache.
Abtoosa, 17. Retoaroer nn vase sens dessus dessous.
Abàoiua (s*), v. Se coucher à plat ventre.
AbâouBOÙ (d*), ou d'Abâousoùs, adv. A plat ventre,
£ue à terre.
Abarbassl, ido, adj. Barbu, qui laisse croître sa barbe
outre mesure.
Dér. de Barbo,
Abartassi (s*), v. Se couvrir de buissons; dégénérer en
buisson. Se dit d'un arbre qui a été brouté ou trop fré-
quemment ravalé dans sa jeunesse.
Dér. de Barta», buisson.
Les verbes dont Tinfinitif est en I , ont la même termi-
naison au part. pass. maso. ; ils font au fém. ido : règle
générale.
Abasanl (s*), v. Se flétrir, se rider; devenir vieux, usé,
mi-pourri. Se dit quelquefois des personnes, mais plus sou-
vent du bois de service qui a été pénétré par l'humidité et
la gelée, et qui perd par là son poids et sa dureté.
Abastardl (s'], v. S'abâtardir, se rabougrir, dégénérer.
Se dit surtout des plantes et des céréales qui dégénèrent
faute d'assolement et de renouvellement des semences.
Abatsda, v. Attaquer, poursuivre quelqu'un avec des
projectiles quelconques; jouer de la fronde, jouer à la
bataille, lancer des pierres avec la fronde ; abattre des fruits
à coups de pierre ou de gaule.
Abè, 9. m., dim. Abéqué. Abbé. Ce mot n'est plusqu'mic
désignation générique de tout ecclésiastique, n'importe son
rang et ses fonctions, jusqu'à celles d'évôque inclusivement.
Dér. du lat. Abbas,
Abé, s. m. Sapin, Abies vulgaris, Linn. Grand arbre de
la famille des Conifères. — Voy. Sapin.
Dér. du lat. Abies,
A-bé-cé-dé, s. m. A-b-c, abécédaire, alphaljet.
Abéîano, s, f. Mélisse, citronnelle. Métissa officinalis,
Linn. Plante à odeur de citron. Ses feuilles prises en infu-
sion sont un léger stomachique. C'est le thé des paysans.
— Voy. Idmounéto,
Etym. de abéîo, parce que les fleurs de cette plante, la
mélisse, attirent les abeilles, dont le nom grec est [xsXiaaa,
formé lui-môme de (jiXi, lat. mel.
Abéîè, s. m. Grand troupeau de moutons composé de
plusieurs troupeaux de différents propriétaires, et que l'on
réunit sous la garde d'un maitre-berger nommé baïle, pour
les conduire en été sur les hautes montagnes. — Voy. Avé.
Ce mot est évidemment une dégénérescence à^âouèliè, qui
a la même signification dans le dialecte gascon ou plutôt
bcnlelais. Ce dernier est dérivé (ïàouélio, brebis, formé du
Utin ooù, comme ovUe, bergerie, étable à brebis. C'est la
origine que le français ouaiUe ou ovaille.
ï^ c. f. Abeille, mouche à miel. Apis mellifim, Linn.
— Mèrdo d*ûbéio, miel. Carga coumo uno abêio, chargé
oonune une abeille; ne se dit que de quelqu'un chargé de
butin on d'objets utiles à soi-même.
Abél ou i^iè, s. m. Rucher d'abeilles; lieu où sont pla-
cées les ruches à miel; l'ensemble de toutes les ruches.
*— Voy. Apiè.
Abëna ou Ayéna, v. Finir, user, élimer. Se dit d'un
habit, du linge, d'un meuble; au flg. d'une personne usée
de vieillesse ou de travail. — C'est encore un technique
particulier pour les filatures de soie. Chaque jour, à la fln
de la journée, on ramasse les derniers cocons à moitié fllés
qui restent dans la bassine , pour les réunir le lendemain à
des cocons neufs ; mais le samedi il y aurait inconvénient
à les laisser croupir ainsi tout le dimanche dans leur humi-
dité. Pour y obvier, on travaille un peu plus longtemps le
samedi, pour achever de filer ce qui reste de soie aux der-
niers cocons : c'est ce travail sur les cocons ainsi usés, et
sans en adjoindre de neufs, qu'on appelle Abéna. —
Voy. Avéna.
Abénaduros, s. f. pi. Reste de cocons mi-dévidés dont
il est^parlé à l'article précédent. La soie qui en provient a
moins de force et de nerf, car ce sont les filaments inté-
rieurs et le dernier travail du ver arrivé à sa fin. Aussi
n'est-il pas prudent de dévider cette soie sur la flotte déjà
commencée; elle paraîtrait à l'extérieur et donnerait à
l'œil mauvaise opinion de sa consistance. Pour y remédier
on prend une roue nouvelle et l'on entreprend une autre
flotte ; alore la soie provenue des abénaduros se trouve en
dedans et passe ainsi inaperçue.
Abèou (àl'), adv. En danger, sur le bord d'un précipice,
sous le coup d'un accident. — Aquà's bien à V abèou, cela
est fort exposé, bien en danger.
Dér. peut-être du lat. Labes, chute, ruijie; mais alors il
aurait dû être écrit iMbèou; peut-être du lat. Abyssus,
abîme, précipice.
Abéoura, v. Abreuver; mener à l'abreuvoir, faire boire
les bestiaux ; combugcr un vaisseau en ]x)is, des futailles.
— La tèro es prou abéourado, la terre est assez humectée,
abreuvée.
Dér. de Béoure, boire.
Abéouradoù, s. m. Abreuvoir; auge à cochon; auget de
cage. On dit proverbialement : I aï tout soûl à Vabéouradoii,
il n'est pas nécessaire de le mener boire, il sait boire tout
seul, en parlant d'un ivrogne. — Cassa à Vabéouradoà,
tendre des filets le long d'un ruisseau où vont boire les
oiseaux.
Abéouraje, s. m. Breuvage. — Il se dit de la p&tée
qu'on sert aux cochons; du breuvage mêlé de son et de
farine qu'on donne aux chevaux et aux vaches ; particuliè-
rement des breuvages médicaux qu'on fait avaler aux
animaux domestiques de toute sorte.
Abéonre, s. m. Toute sorte de boisson étendue d'eau»
mais dont le vin est la base, soit piquette, soit vin trempé;
abondance.
Abérlénquiè ou Amélan, s. m. Amelancbier, Cratœgm
emelanehier, Linn. Arbrisseau de la fam. des Rosacées. Son
fruit se nomme Abérlénquç. — Voy. Am&an.
Notre ami succomba, le 27 décembre 1873, à la cruelle maladie dont il était atteint depuis plusieurs
mois. Il mourut en chrétien convaincu et résigné, digne couronnement d'une aussi belle existence.
M. B. de Roux-Larcy a résumé en trois mots, sur sa tombe, la noble devise de Maximin : « Dévoue^
meni, abnégation, fidélité, •
« Sa foi religieuse, a-t-il ajouté, sa mort la proclame — Sa foi politique fut de celles qui com-
mandent le respect à leurs adversaires, et qu'aucune épreuve ne fait jamais défaillir (1). »
a Né dans le sein de l'Église romaine, élevé dans la foi et Tamour de ses dogmes, dans le respect de ses
décisions, dans la soumission à sa discipline, a dit excellemment de lui M. d'Ëspinassous, rien de ce qui,
dans nos temps troublés, a fait boiter tant d'âmes, n'a eu la force de le faire dévier un seul moment de son
devoir filial Dieu, roi, patrie, cité, famille, amis, tant que ce noble cœur a battu, il a tout aimé avec
obstination — Catholique et légitimiste par sentiment, il devait nécessairement en être le type le plus
pur, et il ne pouvait que vivre et mourir dans les bras de l'Église et en rêvant du trône (2). »
A ce splendide hommage aussi mérité que noblement exprimé, il nous suffira d'ajouter que la mort de
Maximin d'Hombres fut une perte irréparable pour sa famille et ses nombreux amis, et un deuil public pour
cette excellente population alaisienne, qui voyait s'éteindre en lui une de ses figures les plus originales et
les plus aimées, un des derniers chroniqueurs de ses mœurs populaires, un des derniers représentants de
ses antiques traditions.
*
Après la mort de notre ami, Madame d'Hombres voulut bien nous confier le soin de terminer l'œuvre
inachevée de son mari : honneur insigne et périlleux, qui nous revenait moins qu'à tout autre et que nous
nous sommes efforcé de justifier, sans espérer d'y avoir réussi aussi complètement que nous l'aurions désiré.
Maximin d'Hombres avait, en mourant, laissé le Dictionnaire languedocien rédigé et imprimé jusqu'à
la lettre M, inclusivement. Il restait donc à définir, sans autres jalons que la liste incomplète laissée par
M. le marquis de La Fare-Alais, tous les mots correspondant aux douze dernières lettres de l'alphabet.
L'orthographe introduite par M. de La Pare, dans ses poésies, est des plus défectueuses et se trouve en
complète opposition avec les origines et les traditions de la langue d'Oc. Maximin d'Hombres l'avait néan-
moins adoptée, par déférence pour le souvenir de son ami, et, bien que nos préférences soient en faveur
de l'orthographe rationnelle, reconstituée par la renaissance provençale, nous avons dû, à notre tour, nous
plier aux mêmes exigences, pour conserver, à l'œuvre à moitié accomplie de nos prédécesseurs, sa physio-
nomie propre et sa complète unité.
Dix ans ont été consacrés à cette tâche laborieuse, dont l'accomplissement nous a été facilitée surtout
par MM. Emile de Firmas-Périès et César Fabre, deux alaisiens de vieille-roche, pour qui le dialecte Cévenol
n'a point de secrets. Nous devons aussi de nombreux renseignements aux trois poètes d'Alais, successeurs
de La Fare, MM. Paul Félix, André Leyris et Albert Arnavieille ; et, d'autre part, M. Emile Reboul, a bien
voulu prêter à MM. Alfred Veirun, Auguste Brugueirolle et Clodomir Castagnier, imprimeurs du Diction-
naire, le concours de son remarquable talent de correcteur.
Nous nous estimons heureux de pouvoir consacrer ici, à ces bienveillants collaborateurs, les meilleurs
témoignages de notre sincère reconnaissance.
Alais, 27 décembre 1883.
G. CHARVET.
(1) Discours prononcé par M. E. de Roux-Larcy sur la tombe de M. Maximin d^Hombres.
(2) Ëloge de M. Maximin d'Hombres, par M. d'Ëspinassous.
EXPLICATION DES ABRÉVIATIONS
A OU a
Ace
Adj
Anv
Allem
Angl
Art
Au FiG
AUGM
Au PROP
Bass. lat
Cant
Cat..
Celt
CÉV
COMM
COxNJ
CONTR
CORR
Dat
DÉMONS
DÉR
DiAL
DiCT
DlM
DlPH
Emp
Esp
Etym
ExrxAM
Ex
F. ou f
Fam
FiG
Fr
Frèq
Gasc
GÉMT
Gr
Imp
— Indique le cliangomeiU
= Signifie égale. Ex. Ac =
Actif»
Accusatif
A'Ijeclif.
Adverbe ou Adverbialement.
Allemand.
Anglais.
Article.
Au figuré.
Augmentatif.
Au propre.
Basse latinité.
Canton.
Catalan.
Celte ou Celtique.
Cévenol.
Commune.
Conjonction.
Contraction.
Corruption ou Corrompu.
Datif.
Démonstratif.
Dérivation OU Dérivé.
Dialecte.
Dictionnaire
Diminutif.
Diphihongue.
Emprunt ou Emprunté.
Espagnol.
Etymologie.
Exclamation.
Exemple.
Féminin.
Famille ou Familier.
Figuré.
Français.
Fréquentatif.
Gascon.
C, en itif.
Grec.
Impératif.
Ind Indicatif.
Interj Interjection.
IrrÉg Irrégulier.
Ital Italien.
Lang Languedocien.
Lat Latin .
LiM Limousin.
LiNN Linnee, naturaliste.
Loc. PRVB Locution proverbiale
M. m . ou M ASC Masculin.
M . SIGN Même signification.
N . PR Nom propre.
Par EXT Par extension.
Par ex Par exemple.
Part, pass Participe passé.
Péj . ou PÉJOR Péjoratif.
Pers Personne.
Pur. F ou faitk Phrase faite
Plur Pluriel.
Port Portugais.
Pop Populaire.
Poss Possessif.
Prép Préposition.
Prés Présent.
Prêt Prétérit.
Pron Pronom.
Prov Provençal.
Prvb Proverbe.
UÉDUP Réduplicatif.
WÈY PéfUchi.
Rel Relatif.
SiNG Singulier.
SuBS. ou s Substantif.
Syn Synonyme.
ÏRAD Traduit.
Trifh Triphthongue.
\ . C. M Voyez ce mot.
\ . OU V Verbe.
V . 1 Vieux langage.
VoY Voyez.
traccq»lious ou de sens d'un mot; mais plus souvent les citations et remarques.
= ec, ac égale ec ; angue = anégue, = anenche : angue égale anègue, égale anenche ; etc
DICTIONNAIRE
LANGUEDOCIEN-FRANÇAIS
BOISSIER DE SAUVAGES! Db LA FARE-ALAIS ! Deox
noms radieux et sympathiques, que nous sommes heureux
d'inscrire en tète des colonnes de ce livre, et qui feront sa
mdlleuie fortune.
Au premier nous rattachent des liens de fomille; an
second est due Hdée première de notre nouveau DicUon-
nain languedocien.
L'abbé de Sauyagbs, parmi les célébrités que notre pays
a vues naitre, on Ta dit avec raison, est la plus oomplète-
ment alaisienne : aucune n'a le cachet du crû comme la
sieane. Géologue, physicien, naturaliste, agronome, litté-
rateur ou lexicographe, soit qu'il omsacre ses études à
ragricnlture, soit qu'il dirige ses recherches vers la linguis-
tique, tous les travaux d'une vie bien remplie et toujours
ai^quée, les connaissances variées qu'il possède à un
degré distingué, supérieur même en quelques branches, son
expérience et son rare savoir semblent n'avoir quelque prix
à ses yeux qu*autant qu'il peut les faire tourner à la pros-
périté et à l'illustration de son pays natal.
Entre tous ses ouvrages, le seul dont nous ayons à
parler ici, le mieux connu peut-être, ne pouvait manquer
de porter l'empreinte de cette pensée de bien public. Dès le
titre même de son dictionnaire, et dans sa préface, le but
du modeste savant prend plaisir à s'avouer hautement, n
se donne pour mission principale d'enseigner à parler cor-
rectement le français à ceux de ses compatriotes qui, accou-
tumés dés l'enfance à formuler leur peiûée en languedocien,
iï*m donnent, en se servant du français, qu'une traduction
vidense et toute hérissée de gasconismes. Il se propose en-
suite d'expliquer les mots du vieux langage dont fourmil-
lent les titres et actes étabfissant d'anciens droits ou leur
exemption. Vne pareille conception a pu paraître étrange^
originale : il n*y faut voir qifô le sentiment exagéré peut*
être mais toudiant, d*un noble patriotisme, qui sacrifie au
déiir d*ètre utile mémele soin de sa renommée littêrane et
scientifique. Cette préoccupation toutefois a empêché une
œuvre excellente d'atteindre la portée que l'auteur pouvait
se promettre. Elle lui fait mettre de côté les mots les plus
usuels, pour ne s'attacher qu'à des techniques; tous les
termes, et souvent les mieux employés, ne se trouvait pas
chez M, et il les néglige pour en poursuivre d'autres,
hors de sen domaine, sll y peut saisir l'occasicm d'un
redressement et matière à sa leçon de français. Restreint
ainsi dans lue spécialité, et en même temps entraîné vers
des (Malectes étrangers, son plan est incomplet et manque
d'unité, au grand détriment de notre dialecte. Quelle valeur,
en effet, était destiné à avoir, pour l'avenir littéraire de
notre pays, un travail de cette importance, exécuté par un
homme comme l'abbé de Sauvagbs, si, au lieu de se renfer-
mer dans un traité de purisme français, il nous eût donné
un vrai lexique languedocien, embrassant la langue dans sa
plénitude, ne sanctionnant que ce qu'il savait être de pur
sang cévenol, mais légalisant tout notre avoir légitime! Sa
réserve trop timide est d'autant plus regrettable, que per-
scmne encore n'avait, avec tant de profondeur, de sagacité
et d'éruditi^, pénétré dans le génie de notre idiome, ne
s^'étaiit plus impressionné de ses beautés, de sa limpidité, de
la sève de ses tours, de ses images, de ses figures, de ses
idiolismes. Malgré ces lacunes. Sauvages restera comme la
gknre la pN» populaire de nos contrées, et il méritera touK
jours d'être considéré comme le plus savant et le plus spi-
rituel dee initiatéitts du languedocien^
Son recueil sera le meilleur à consulter et le plus cu^
rieux quand on voudra remonter aux sources; mais sa
donnée trop ^diksive devait nous interdite de le prendre
en tout pour modèle. Le danger qu'il a voulu combattre*
n'existe plus d'ulleurs au même degré. Ce n'est pas Talté^
ration de la langue française par le languedoden qui est ^
Tedouter : Finfluence inverse- est bien aunement à cnundrèy
et le jiéri sérieux est au^ c(mtrairè de voir notre belle et
ACE
ACE
il
mot Qa'oQ nous permette d'empranter à la pié&oe dei
CoatagÊtado» on oonuneiitaire qui la complète.
La Fare-Alais dit de la langue d'Oc c qu'elle est une
musîqiie comme l'italien, plus que loi pent-ètre; c'est du
moins um mélopée. Ses syllabes sont des notes, ses
phrases des motifo harmoniques; son acœntoation, si
Tsriée, est une véritable gamme, et ses diphthongnes, ses
tiiphthongnes. si fiéqnentes, si multiples, forment des
syncopes chromatisées d'une mélodieuse expression. Si
cette langue a le larynx limpide et métallique, elle a
aussi, et par-dessus tout, l'oreille chatouilleuse; et sa
susceptibilité à cet égard raïqpelle ce sybarite que le pli
d'une rose empêchait de dormir. »
On ne saurait mieux dire. C'est bien là, en effet, l'origi-
nalité et le caractère dominant de notre langue d'Oc, que
cette prosodie musicale des mots et des syllabes, qui ne
l'abandonne jamais, qu'elle garde en parlant les autres
langues, et qui est dans sa nature. Et cela n'est autre
chose que scm accent i^opre et l'accent tonique, que ce
culte de la modulation , qui lui est inspiré par l'éclat de
ses voyelles, qui lui fait éviter lé redoublement des con-
sonnes et condamner, même dans la plus humble prose, le
choc de deux^sons pareils; que ce sentiment natif de
l'euphonie, d'où lui viennent ses délicatesses exquises
de construction et de vocalisation. L'accent tonique, ainsi
compris, est de toutes les langues ; mais il est, au plus haut
degcé, l'essence, l'âme et le génie particulier des idiomes
méridi(Miaux. Pour eux, qui chantent d'instinct, qui
relèvent plutôt du solfège que de la grammaire, l'har-
monie est la loi souveraine. La langue d'Oc, comme l'ita-
lien et l'espagnol, ses sœurs du même lit, en reconnaissent
si bien la puissance, que la prononciation est devenue la
raison. logique de leur orthographe. 11 le fallait bien. Le
sens d'un mot dépend souvent, — on va le voir par des
exemi^es, — de la manière dont U est accentué : dès lors,
écrire comme on prononce et comme on entend, et par
voie de conséquence, ne prononcer que comme on écrit et
que ce qui est écrit, (!'estrà-dire conformer l'écriture à la
parole, est une nécessité de nos dialectes; car l'unique
moyen de leur conserver la clarté, la grâce, l'intelligence,
consiste à rai^rocher l'orthographe de la pensée, à lier la
forme des mots avec leur signification. Dès lors, toutes les
lettres devant être articulées avec le son qu'elles expri-
ment, il n'est besoin de représenter à l'œil que ce qui doit
être entendu par l'oreille.
Les Grecs et les Latins avaient la quantité, qui mesurait
la durée des sons : les langues modernes ont l'accent
tonique, c'est-à-dire l'élévation ou la flexion de la voix
sur chaque mot, presque sur chaque syllabe. A Rome,
rapporte Cicéron, le peaple se montrait très-sensible à
l'observation de la mesure. « Tout le théâtre, dit-il, se
•
soulève et pousse des cris, si une syllabe est trop brève
ou trop longue, bien que la foule ne connaisse ni pieds
ni rhythme , et qu'elle ne sache point ce qui blesse son
oreille, ni pourquoi ni en quoi elle est oflensée : Thêoira
Ma êxeiawutÊU, «i fmi una gyUaba krmtwr atU Umghr, tm
verà muUiiMdo p9des nofrit me tMor niifnerof imêt, nm
mud quod offèndii anf eur ont m 9110 offlmdal inMifgU, »
La Ungue d'Oc a hérité de sa mère latine d'une sensibilité
pour le moins aussi vive. Dans sa vocalisation, qu'une
rcmde soit substituée à une noire, elle se sent froissée;
qu'une note qui doit être éclatante soit convertie en un
son tourd, qu'une voyelle forte s'échappe comme une
muette, elle s'irrite de la transposition; elle est blessée de
la cadence fausse; pour elle le sens se déplace, se dérobe,
se dénature aussitôt. Il n'y a pas ici cependant non plus
d'autre juge que l'oreille. Judiciumipui natura in aurihui
noiiriê coUoeawt, dit toujours Gicércm; mais l'accent va
de soi, sans théorie et sans grammaire; il est dans l'air et
dans la voix; notre parler est aîinsi fait. Il faut l'accepter
tel quel, se soumettre à ses exigences, ou renoncer à se
faire comprendre. C'est de cette accentuation que nous
essayons de donner une idée et de poser les principes.
Il n'existe pas de langue qui n'ait son système propre,
individuel d'intonations, de consonnances, dépendant de la
combinaison, du rapprochement et de la sonorité de ses
voyelles. Pour notre langue d'Oc, rien n'est plus essentiel
que de connaître la clef de sa notation.
Le premier point, et le plus délicat, est de préciser l'in-
flexion, de déterminer le degré d'élévation ou d'abaisse-
ment de la voix, qui constitue l'accent tonique. Dans une
phrase écrite, tous les mots sont séparés par un intervalle;
il en doit être de même dans la phrase parlée. Chaque mot
a sa syllabe tonique, et n'en a qu'une, la syllabe finale,
sur laquelle, par une sorte d'insistance, il se fait un temps
d'arrêt imperceptible, cependant appréciable, une modu-
lation distincte, qui peut être classée dans l'échelle des
sons, insensible presque, mais qui, en appuyant, est mise
en saillie. Une seule condition est imposée à cette dernière
syllabe, c'est qu'elle soit de force à supporter l'accent, ce
qui n'arrive jamais avec une muette, une féminine, une
faible, sur laquelle la voix ne s'arrête point. C'est pour-
quoi la tenue ne se fait que sur la finale des mots, quand
cette syllabe est masculine, à consonnance pleine et grave;
ou sur la pénultième, quand le mot se termine par une
féminine, faible ou muette.
Cette règle est le fondement de la prononciation du lan-
guedocien : son corollaire se trouve dans la justesse exacte
du son attaché à chaque syllabe, représenté par une
voyelle. Notre idiome, pour s'écrire avec le même alphabet
que le français, qui fut l'alphabet latin, ne donne pas
cependant à toutes les lettres le son qu'elles avaient en
latin, non plus que celui qu'elles ont en français. A chacun
son lot. La langue d'Oc a des sons qui lui appartiennent
en propre, des alliances de lettres qu'elle affectionne, des
cadences qu'elle recherche ; elle ne veut pas en être dépos-
sédée, et elle ne se livre qu'à ceux qui lui sont fidèles ; à
eux seuls elle consent à révéler sa grâce , sa douceur, sa
s
9
La poésie refleurissait au berceau des premiers trouba-
dours; et par un merveilleux entraînement de patriotisme,
tous les dialectes, aussi nombreux et aussi mélodieux que
dans Tanclenne Grèce, se réveillaient pour publier leur
charte particulière, le code local de leurs variétés. Les tra-
vaux des grammairiens et des linguistes, les glossaires, les
lexiques, les vocabulaires se sont multipliés pour attester
la vitalité rajeunie de l'idiome languedocien. Des académies,
des sociétés , des congrès , des jeux floraux ont encouragé
cet élan de l'esprit provincial, et tout le Midi a répondu à
des voix aimées et connues, qui l'appelaient dans sa langue
populaire à une vie nouvelle.
Certes, tout cela ne va pas faire renaître les temps des
Raymond de Toulouse et des Déranger de Provence, avec
les cours d'amour, avec les fleurs et les joies de la gaie
science. Nous n'allons pas revenir à l'époque pour laquelle
écrivait Sauvages , où , par tout notre pays , dans les plus
grandes maisons comme sous les toits les plus humbles, le
patois, c'est-à-dire le langage de la patrie, conservait seul
l'antique droit d'asile, où seul il était admis dans les rela-
tions privées et domestiques , dans les causeries intimes du
salon du riche et de l'âtre du pauvre, où la famille patriar-
cale ne s'entendait, ne s'entretenait, ne s'aimait qu'en pur
languedocien. Non; mais tout cela, ce réveil intellectuel de
nos provinces , ce retour de faveur, cet empressement du
monde savant à remettre en honneur l'idiome méridional
donnent la preuve que le flambeau , rallumé par des mains
habiles, n'a rien perdu de son éclat, et qu'il y a mieux que
des cendres mortes à remuer au foyer de la langue d'Oc.
N'est-ce pas déjà quelque chose de bien remarquable qu'une
langue, proscrite et dédaignée, qui revendique d'autorité sa
place au soleil, qui s'impose par des chefs-d'œuvre et se
classe de prime-saut au rang qui lui a autrefois appartenu
et qui lui revient encore? N'est-ce pas faire acte de force,
sous le régime le plus centralisateur qu'on ait jamais inventé,
d'avoir su persévérer dans son indépendance, et si bien
garder intactes l'originalité et la pureté de son type natif?
Et quand elle s'est présentée ainsi, de quels artifices a-t-elle
usé pour se faire reconnaître? Quelles habiletés a-t-elle
employées pour être adoptée et recherchée? Son histoire
était là qui disait son passé, ses traditions, ses instincts.
Le oharme de sa parole , de sa mélodie , de ses rythmes a
suffi : elle n'a pas exercé d'autre séduction.
CepNidant, depuis le commencement de ce siècle, le sys-
tème des prohibitions ne lui a pas épargné ses rigueurs.
Que de défenses par édits et par arrêts, par lois et décrets,
de se produire ! Et en même temps, comme sur son domaine
ks introductions de la concurrence officielle étaient léga-
lisées! Au nom du progrès et de l'unité, sous prétexte de
belle diction, aucune trahison, aucune rupture, aucun
ibandcm ne lui ont été ménagés. Elle a été écartée de Tin-
9lraction primaire de l'enfance; les hautes classes de la
sodété n'ont plus consenti à la traiter que comme une langue
de luxe, pouvant s'adonner avec quelque succès à la litté-
rature et y réussissant assez bien , et elles l'ont bannie de
leur conversation la plus familière. Mais, sous le coup de ces
injustes réprobations, auprès des masses populaires, loin des
villes et des écoles, elle a trouvé un refuge. L'attachement
opiniâtre du peuple pour le langage dans lequel il a appris
à penser, qu'il s'est donné comme l'instrument le plus
facile, le plus commode , le plus actif de ses relations, de ses
nécessités d'habitudes et de mœurs, lui a fait un rempart
inexpugnable. Là est pour elle la vraie patrie; elle est là
en pleine possession d'elle-même. Vivant par les populations
attachées au sol, elle a suivi leur développement; mobile
comme tout ce qui vit et marche, quand elles avançaient;
s'impressionnant avec elles des influences climatériques,
quand leur organisme les portait naturellement à modi-
fier certains sons, à préférer certaines articulations mieux
appropriées à leurs facultés; se prêtant à formuler les
idées et les connaissances d'une civilisation plus riche,
dans la mesure des besoins et des intérêts qu'elle était
appelée à servir, dans le cercle qu'elle embrassait, selon les
lois et la nature de son organisation, dont 1c peuple a si
bien le secret et l'instinct. C'est assurément pour s'être
tenue dans ce milieu , dont on ne l'arrachera pas de long-
temps, où les innovations ont moins de prise et le respect
de la langue maternelle plus de puissance , qu'elle doit de
n'avoir presque rien perdu de son caractère primitif,
du naturel qui distingue son individualité , qui la classe
comme une langue à part, vivant de sa vie propre.
Aussi, plus qu'un autre, l'idiome languedocien est-il en
droit de se montrer jaloux et fier de rester et de paraître
lui-même. Il ne redoute rien tant que l'alliage et la contre-
façon : il réprouve avec horreur tout ce qui ressemble à un
pastiche ou à un calque ; il est dans sa nature d'avoir des
susceptibilités d'hermuie, des délicatesses de sensitive, et
des raffinements de pruderie , qui auraient dû déconcerter .
les audaces d'attouchements profanes. A ce point que, pour .
vivre dans le mouvement intellectuel et social, quand il est
forcé d'emprunter un mot au français, son voisin et son
rival , il a hâte de protester contre ce servage, et se croit
obligé de défigurer l'intrus par quelque métathèse hardie
qui sauve jusqu'à l'apparence de l'imitation. Ainsi encore,
il sent bien que le langage moderne de la politique, des
sciences et des arts, de la philosophie, lui échappe; mais,
dans la sphère où Ta retenu sa défaite, il n'en avait nul
besoin; il repousse l'importation étrangère ou il la dénature
par des procédés à lui propres, et peut-être aussi par la
crainte d'introduire dans son domaine la plus étrange des
battologies, s'il lui fallait, à l'exemple du français, deman-
der des techniques à l'Angleterre pour la politique, le com-
merce ou l'industrie, à l'Italie pour la musique et la pein*
ture, à la Grèce et à l'Allemagne pour la philosophie.
Le contact continuel et forcé du français n'autorise avec lui
ni assimilation, ni promiscuité. Le génie de la langue d'Ocest
en oj^iosition avec le génie de la langue d^Olfl . La sonorité de
l'accentuation méridionale, l'euphonie et la cadence de ses
ACE
ACB
W
iBBfiHDQ&, à. k fiÉ des mote par exemple» comine tmtpl,
kmipi^émdMni, âiuUni : li il » dAtacbe dak et net.
làÊoaaî grave iniiq» alors ipia le soa se nealoro; tandûi
fÊ»ïiûmàï.nùn.aooemlSÊé glisie el mnrinaie fiiiblèioeiil, k
yokt. appnirant sur k piéoAdafite ajrlkbe. Bx. : ehàti^ èH,
èlK Jtéménêmit fmrffatori.
Neas esBfiiojroitt Tacooit cûnooDflexe pour la dipbiâioiigiie
Um, et il marque rinaiatuioe de k toîx se praiongeanl :
oaltau, arptou, réligiou.
Le tréma sur Vï eet un signe particulier de notre acœn-
toation orthographique. Sa fonction esl des plus impor-
tantes. Quand il suit une consonne et précède une voyelle,
le tréma sur Tt a pour but de le faire sentir plus longue-
ment, et d*en faire une syllabe séparée de la voyelle subsé-
quente, comme dans fïo, bto, mio, en deux syllabes. Alors
qu'il est placé après une voyelle, et suivi d'une consonne,
ou à k fin d*un mot, Vï trématé est doux et faible; le plus
souvent il forme la diphthongue. Ex. : vêire, fotre, souï,
rit, gaUn, pantai. Entre deux voyelles, il remplace à peu
près en certains cas // mouillés français, sans communiquer
à celle qui le suit la flexion labiale, mais seulement en la
monillant; et toujours il empêche la coiiésion avec la
voyelle précédente, ainsi dans pdio, dàio, jmo, bluïo, puïo;
de telle sorte qu*il devient le siège d'une séparation de
syllabes, ou ce qui revient au même, qu'il s'oppose à la
formation d'une diphthongue ou d'une triphthongue, que,
sans lui, le rapprochement des voyelles amènerait, comme
dans les mots presque exclusivement composés de voyelles,
vidouU, aie, euUiré, routàoume. Pour scander ces mots et
parvenir à la prononciation juste, le concours de Vï tréma,
qui est séparatif entre voyelles ou diphthongues dans le
mot, est un des signes les plus essentiels à bien observer.
Nous reviendrons sur son rôle très-important.
L'o et l'ott^ voyelles, sont soumises aux mêmes règles.
Le défaut d'accent, quand elles sont finales, indique
qu'elles doivent s'échapper sans articulation, qu'elles
jouent dans le mot à peu près le même rôle que 1*0 muet
français, caractérisant le féminin des substantifs, et que le
point d'appui de la voix se fait sur la pénultième. Ex. :
fango, tnanado, hèlo, cénténo, babino, carotio, cagnoto,
fyuro, davalau, révètwu, basségou, manipou, donou, tuiou.
Surmontés de l'accent grave, d et où sonnent clairement :
êidd, eaehd, grélà, virtigd; lavadoù, agassoù, loubaloù;
méchoùtt vérinoîa.
Répétons encore que ou entre deux consonnes ou près
d'une voyelle, avec ou sans accent, ne compte jamais que
pour une voyelle, comme s'il n'y avait qu'une seule
lettre.
A l'ageneement et à la liaison de ses voyelles, k langue
d'Oe semble avoir mis avec complaisance tous les rafifine*
ments de soa g^nie mélodique. Parmi les langues de VEsa*-
lope, elk est seule à posséder dans sa voc^isatiou ces
tiâlles brillants qui ne produisit qu'un accord unique»
comme trois cordes de harpe touchées à k fois, vibrant
dans k même oadenoe« Le français se çontcal» de léuÉr
deux sema; le kngoedocien rassembk disns uns sylli|)6
defox» trois et jus^'à quatre sons distincts* Ses diphlboQ^
gaes se multiplient à profosion et se pvésentnt unies tm
sépaiées, au commeDCfflnent, dans l'intérieiir on à k flv
des mots. Ses tnphthongnes si originales suivent la mèoii'
marche el sont presque aussi fréquentes : les tétraphthosr
goes apparaissent dans les vocabiies les plus usuels. G&g^Kh
dant l'orthographe» l'accentuation et k prononciaiioa dm
voyeUes ne changent point parce qu'dles se rencontreiiti
donbles» triples on quadruples à former, dans un mot, un»
seule syUabe composée d'autant de sons en une seole émis*
sien de voix. Si oompMqnée que pousse être k comfai-
naison, le premier et le plus essentiel de leurs caractènS'
est de ne faire jamais qu'un temps, un pied, diraiVon en
versification : la pluralité dans l'unité.
Là est k pierre de touche de cette sorte de syllabes.
C'est pourquoi nous nous refusons à ranger parmi les
diphthongnes les formes ua, ué, ui, uo sollicitées par les
consonnes g et q, comme abrasqua^ cargué, bUmqué, gunV'
cha, quieha, aquè : ici Vu ne parait que comme explétif ;
c'.est un parasite dont l'emploi rend le g dur : il n'y a
pas dualité de consonnance; après ces deux lettres, 1*11
ne se fait pas entendre : précédé de toute antre il doit
scmner : apuïa, euïè, etc., ou bioi» en diphthongue»
éêtuè,juàl, etc.
Par ces exemples on a pu voir qu'une voyelle suivie
d'une antre voyelle ne fait pas nécessairement alliance
avec die. En dehors des élémrats dont nous allons donner
le tableau» nous ne connaissons pas d'assemblages de lettres
qui puissent en réalité former des diphthongues ou des
triphthongues. Mais la langue d'Oc aime trop à rapprocher
ses voyelles, à les multiplier, à nuancer de tons divers des
combinaisons identiques ; sa vocalisation seule donne son-
vent à ses mots un caractère et un sens trop différents»
pour n'avoir pas une notation qui réponde à ce besoin, qui
représente exactement son euphonie, ses accords, le rhythrae
de ses gammes syllabiques. .
Le français se préoccupe moins d'éviter une confusion
qui le rend si diflScile à bien prononcer : sa prose et sa
poésie ont des différences de quantité inexplicables dans
les terminaisons en ûm, ieur, ieux, par ex, qui reviennent
sans cesse et qui font tantôt des monosyllabes diphthongues,
tantôt doivent se scander en deux tempe : de ce nombre,
avec une infinité d'autres mots, fier, adj. d'un seul jet,
et fier, verbe, dissyllabe. Cependant rien n'avertit de œs
changements. Notre orthographe au contraire a voulu iM
indiquer an moyen de l't tréma, qui disjoint les sylkbes»
comme fU, fiUe» et fié, feu» nno, amie» mià, muid, pio,
pillage, pid, dindon, etc.
Un signe spécial ékit indispensable; car le languedocien
n'a pas le droit de prendre les licences du français. Il n'a
ni grammaire, ni académie pour commenter et justifier ses
anomalies. Il n'admet pas de kttres inutiles, non arti-
90
ACE
ddéet, se prononçant Mliement qa*eUet ne tont notées;
il prafease en principe que sa prononciation est tonjonis
▼nie, rtglée sur la valear pn^ire des voyelles ; ce qni
ne Tempèche pas d'accumuler volontien les accords
sonores, de mêler ses diphthongoes et ses triphthongnes
dans le même mot. Dès lors il loi est imposé plus
strictement qn'an Iranfais d'avoir nn système d'ortho-
graphe qni mette en pleine lumière la différence d'accen-
tuation de tontes les lettres et de lettres identiques, et
U séparation des membres d'un mèoie mot où se trouvent
surtout des voyelles avec des d^ihthongues. Par la plus
ingénieuse diqnsition, qui dénote la perfection du senti-
ment mélodique de la langue d'Oc, les complications les
plus ardues deviennent simples et faciles avec les accents
grammaticaux et les ï tréma.
L'accent modifie le son : il l'affaiblit ou le renforce ;
mais il ne transforme pas la voyelle. Le tréma réservé à
Yï ne lui fait rien perdre de sa qualité naturelle ; mais il
l'isole en quelque sorte quand il est jdacé entre deux
voyelles, comme pa4o, ma-îio, pyrUo, et 0 mouille celle qui
la suit, comme fait à peu près ill en français.
Par 800 interposition il signale, dans l'intérieur d'un mot,
la séparation de deux dipbtbongnes, et adoucit un cbôc
trc^ rude ; et il est remarquable que Vï se trouve au com-
moicement de toutes les triphthongues : ce qui nous
semble l'indice de la délicatesse d'acoustique de notre
langue, et la preuve d'un sentiment harmonique très-
étudié. Ainsi, quand l't ne fait que se lier aux autres
voyelles dans la iripbthongue il garde sa forme naturelle,
miâou, monosyllabe, Biâaum$, deux syllabes; mais
alors qu'il suit une voyelle ou une diphthongue, ou
qu'il termine une diphthongue ou triphthongne, il prend
le tréma : rtnHiàumi, cadiéiro, rûou-tètro, viâou-ïê,
vU-ïi, offrent des exemples des positions les plus diffi-
ciles et démontrent le fonctionnement de l'i simple et
de Vï tréma dans l'agglutination et dans la division des
syllabes.
Notre dialecte possède trois diphthongues qu'on peut
appeler féminines, et qui pour cela sont dénuées de tout
accent. Cette variété a son importance dans la versification.
Leur prononciation d'ailleurs se conforme aux règles qui
précèdent : le tréma, quand il est nécessaire, ne change
rien à leur nature.
Exemples : en ie, véndie, réndiê, moie, ouïe; en io,
gforio, bêsiio, jaio, fuïo ; en iou, inténdiou, tnaïou, tutou,
mofiou, ouïou.
La finale dipbtbonguée de ces mots s'écoule comme une
muette, et comme elle n'est comptée que pour une syllabe
qui est féminine, Tinsistance de la voix s'établit par l'accent
tonique sur la pénultième. Ces différences de sons se
trouveront indiquées à leur place. Toy, lettre I et Iou,
diph.
Pour bien comprendre l'effet que produisent les accents,
il n'y a qu'à comparer à l'oreille les sons muets, purement
ACE
alphabétiques, avec ceux drames par les mêmes dqihtixMigues
accentuées. Dans la diphthongue masculine, et dans toutes
les triphthcmgues, se trouve toujours une voyelle domi-
nante, celle qui est le pivot de l'intonation sur UqueUe se
fait la tenue; les coagulées se font entendre, mais coulent
rapidement : dans les diphthongues féminines, la voix, en
réunissant le double son, égalise les voyelles sans iqipttyer
plus sur la [uemière que sur la seconde.
DIPBTHOMOUXS.
aï.-
-Maï, plut
Esclaïre, éclair.
ftou.-
— Nàou, auge
Lâouso, dalle.
éï. -
-Rèï, roi
Pèïro, pierre.
éï.—
• Créï, eroUeanee
Vélire, verre.
èou.-
— Léon, poumon
Cisèou, ciseaux.
éou.-
-Bôou, tffcoif
Téoule, tuHe.
ia. -
-Diable, dkMe
Aparia, accoupler.
ie. —
- Véndie, que je vende.
Molie, que je mouille.
iô. -
-Uiè. moitié.,.
Ariè. arrière.
ié.-
-Aïé. aU
Bèstiéto, petite héu.
io. -
-Glorio, gloire
Bèstio, hête.
iô. -
-Fiô, feu
Cafiô, chenit.
iou.
— Maïou, mail
Entendiou, qu'ils entendent.
Iou.
— Dion, Dieu
Miougrano, grenade.
iu. -
- Béstiu, 6MCia/
Messins, mesiieurs.
oï -
-Coï, a cuU
Galoï, gai.
oua.
— Goua, couvé
Conacho, calandre.
ouè.
— Voué, holà
Espouèr, espoir.
oué.
— Foué, /btt«r
Couéto, queue.
ouï.
— Bouï, buis
Dooïre, jarre.
ôou.
— Dôou, deuil
Cévénôou, cévenol.
uè. -
- Gnuè, nuit
Jnèl, ivraie.
ni. -
-Frui, fruit
Estui, étui.
TRIPHTHONGUES.
iaï. -
— Biaï, adreue
Répapiaïre, radoteur.
iÂou.
— Siàou, COI
Viâouloun, violon.
ièï. -
-Sièï, six
Cadiéiro, chaise.
iéou.
— ïéou, ye, moi
Liéourôïo, livrée.
iôou.
— Miôou, mulet
Faviôou, haricot.
iuè.
— Hiuè, Auil
Endiuèl, andouiUe.
TÉTRAPBTHONGUES .
iuèï. — Hiuèï, aujourd'hui. Cadiuèïsso, cosse.
uièï. — Cuiéisso, cuisse. . . . Cuièïssàou, molaire.
Ce tableau doit faire comprendre la raison de notre ortho-
graphe; et répétons ce que nous avons dit ailleurs : « On
ne saurait assez recommander l'observation minutieuse de
Taccent; elle est d'une importance radicale. Toute l'intel-
ligence de ridiome est là ; et sans elle, on nage à pleine
eau dans l'amphibologie. »
ÂGE
One liste à pea près eompléte de mots parlûteme&t
iKHDOgraphes, {Htanten on cnrieiix intârèt à ce point
de Tue, «t oomplèleFa ces explications.
Nons av(ms nâglig6 les homonymies dans les différents
tenq» des veiiies, qui seraient trop nombreuses, comme
rétuHê, il rendait, et que rénéiê, qne je r^ide, etc., etc.,
et quelques antres mots dans lesquels Taccent est iden-
tique SOT la finale, mais qu'influence It tréma ou Yi
naturel, soit pour les diviser en deux temps, soit pour en
fûre des monosyllabes, comme/it^^ pilier, eXpiê, |ned, Puech,
euH, cuiller, et euU, cuit, hie, je serre, et M, billet.
0 sera ainsi facile de se rendre compte de ce que peut
Taocent graphique, et comment une simple inflexion sur
une voyelle fait varier le sens et la signification d'un mot.
É TSBXÈ ST B NATUREL.
Boofift, êoufjlêt fioufe, j0 êoufflê.
fioumbé, botU-d'hommê Boumbe, jê eognê,
Booré , brun Boure, bourgeon .
Bourges, bourgeois Bourges, tu creuset.
Bouté, brin Boute, Je mets.
Bravé, geniU Brave, robuste.
Cargué, étui Cargue, Je charge.
GÔBé, n. pr. dim. François. Cése, pois-chiehe .
Ghafiaé, chat sauvage Chaîne, chêne.
Coublé, solive Ck)uble, couple.
Coulé, petite colline Coule, Je décuve.
Couidouné , ganse Courdoune, je cordonne.
Dévé, devoir Déve, j> dois.
Déstré, pressoir à vin Dèstre, perche (mesure) .
Estré, étroit Estre, être,
Furé, souris Fure, Je fouille,
Gourgué, petite mare Gourgue, Je trempe.
Graué, petit grain Grane, Je grène.
Lipé, gourmand Lipe, Je lèche.
Manqué, manchot Manque, Je manque.
Mërié, créneau Merle, merle.
Mine, minon Mme, Je mine.
Mouiissé, épervier Mouïsse, écourté.
Par^, paroi Pare, Je pare.
Pénô, petit pied Pêne, Je peine.
Piqué, pieu Pique, Je frappe.
Poudé, serpette Poude, Je taUU.
Pougné , poing Pougne, Je pique.
Quiche, targette Quiche, Je presse.
Quinqué, quinquet Quinque, je souffle.
Réssé, scie à main Rèsse, Je scie.
Sabé, science Sabe, Je tanne.
Sàousé, n. pr., Sauxet Sâouse, saule.
Séié, pUite colline Sére, montagne.
Siblé, sifflet Sible, Je siffle.
Tapé* petit bouchon Tape, Je bouche.
Tété, sein Tête, Je tète.
ACE
Tourné, rouet Tourne, je reotent.
Trftouqué, petit trou Trâouque, je perce.
Triste, soupente Triste, (ritftf.
Vïé, eriUet Ulè, j> sers ce tonneau.
È TKRXk BT È OUVERT, 6RÀVB.
Âpres, appris Après, après.
Arésto, arrête Arèsto, halte là /
Espésso, épaisse Espèço, espèce.
Espéro, attente, affût Espèro, attends.
Lachén, pourceau Lachèn, nota lâchâmes,
Jasén, nouv^le accouchée. . , Jasèn, nous gisons,
Valén, aeHf Vaïèn, Ot oaiaMnC
Péro , poire Pèro, père.
Fé, foin; foi Fè, fait.
Se, soif Se, sept.
Sén, saint Son, nous sommes.
Vén, vent Vèn, il vient.
È 6RAVB BT B NATURBL.
Cadé, cadet Cade, genévrier.
Counséiié, conseiller Counséïe, Je conseille.
Entré, il entra Entre, entre.
Gâouchè, gaucher Gàouche, gauche.
Lâché, il lâcha, laitier Lâche, mal serré.
Mouïè, épouse Mouïe, Je mouille,
Récatè, il serra Récate, provision.
Révéïè , aubade Révéïe, je réveille.
Roudiè, charron Roudïe, Je regarde,
Vigè, n. pr., Viger Vije, osier. "
1 GRAVE ET I NATUREL OU TRÉMA.
Couri, courir Couri, n. pr., Courry.
Fasti (faire), faire horreur . . Fasti, aversion.
Gari, guérir Gari, rat.
Péls, pays Péis, poissons.
Sal, panne de porc Saï, ici dedans.
Trai, trahir Traï, il Jette.
Véri, poison, venin Véri, porc.
0 NATUREL ET Ô GRAVE
Aouséro, Lozère Aousôrô, Lozérien.
Babo , bave Babô, chrysalide.
fialo, balle Balô, 6a«of.
Barde , bât Bardô, bardot.
Bigo, bigue Bigô, hoyau .
Bïo. bille Bïô, tricot.
Bousso, bourse Boussô, gousset.
Cache , cachette Caché, cachot.
Cagno, dégoût, paresse Cagnô, niais.
Si
"H ACE
Capo , manteau Capô, attrapé.
Casso, chasse Cass6, ladre.
Cato, chatte Cat^i, catin .
Enquo, canelle Encô, che:.
Faro, tnine, visage Farô, élégant.
Fino, rusée Finù, finaud.
Fïo, fille Fiù, feu .
Galo» gale Galù, galop,
Gigo, cuisse de bœuf ^'io*^» gigot.
Grèlo, grêle Gri^lù, grelot.
Léngaiio, coup de langue.. . . Léngndô, Languedoc.
Manclio, manche Mnncliù, manchot.
Mïo, amie Miô, muil.
Palo, pelle Palô, lourdaud.
Pato, patte Palô, brique.
Pt\^o, poix P("ià, savetier.
Péro, poire. ...» Pôrô, mouton.
Pilo, pile, tas Pilù, pilote.
Pïo, pillage Pio, dindon.
Ual)o, rave Habô» rabot.
Ri])0, rive, bord Uil)ù, il. [W.jltibot.
Salo» salon Salù, malpropre.
Ciro, cire Sirô, sirop.
Tailles, s. pliir., tantes Tanlôs, tantôt.
Trapo , trappe Trnpô, trapu.
Tri([UO, trique Tricô, gilet de laine.
ou MUET ET où ORWE.
Ajiislou, ils ajoutent .\jiistoii, ajoutage.
Apialou, ils étaient Apinloù, élai.
Bïou, ils bi lient Bmù, trique.
Boiilnii, ils placent Boutnù, bouton.
Calndoii, ils pavent Caladoù, pavé.
Caloii, ils lâchent Colon, chaleur.
Canton, ils chantent Canton, coin.
Ci^onsson, ils chaussent C;^onssoii, chausson.
Conlon, ils roulent Conlon, couleur.
Escalon, ils grimpent Escalon, échelon.
Esporou, ils attendent Esp^u'oiï, éperon.
Espimn, ils suintent Espiron, soupirail.
Fiirou, ils furètent Fnron, fureur.
Gaixlon, ils gardent Ganloiï, Gardon.
Jôlou, ils vomissent Jèloù, Jeton.
Lardon, /7.s lardent Lardon, lardon.
Liqnon, *V* lèchent Liqnoii, liqueur.
Mascaron, ils noircissent. . . . Mascaron, barbouillé.
Paslou, ?75 pétrissent Pasloù, tas de mortier.
Pass(''roii, ils passèrent Pass^ron, moineau.
P6lasson, ils raccommodent . P(''lassoù, petite pièce.
Pi(pion, 1/5 frappent Piqnoii, pic.
Plunnjon, ils plongent Plonnjoù, plongeon.
Prison, ils prisent Prison, prison.
RéxVùou, ils réveillent U6v(}ïoù, réveillon.
AGI
Sablou, t75 mettent du sable, Sabloù, sablon,
Sabou, ils tannent Saboù, savon,
S^^nglou, ils sanglent Séngloù, petite corde.
Séiitou, ils sentent Séntoù, odeur.
Sèrmou, ils trempent d'eau, Sérmoù, sermon.
Susou, tV* suent Sus<3Ù, sueur,
Téchon, ils dégoûtent Técboù, petite goutte.
Tourlïou, 1/5 tordent Tourtïoù, craquelin.
Trissou, fV* broient Trissoù, pilon.
Valou, ils valent Valoù, valeur.
W'ïrou, ils tournent Vùïroù, menu poisson.
Viron, ils tournent Viroù, vrille.
La diiïOronce ;\ l'oreille, qiii, en définitive, détermine le
sons do tous cos mots correspondants :\ un mot semblable,
est produite par les accents. Dans ceux où la fmale est
acconlnoo, elle est tonique; c'est sur elle que la voix s'arrête
et pèse : au contraire, pour ceux qui n'ont pas d'accent k
la fin, la tonique est la pénullième et la tenue se fait sur
elle. Par exenqile, le dernier mot de cette longue liste,
virou, ils tournent, est composé d'une longue et d'une
brève; l'inverse a lieu pour viroit, vrille, qui est formé
d'une brève et d'une longue, et ainsi des autres. La mesure,
la (piantité, réglées par les accents : toute notre langue
musicale est là.
Acérti, V. Certifier, assurer, rendre certain, affirmer.
Dér. du lat. Certus.
Acéta, prèp. Evcepté. Il est visiblement corrompu du
français, mais fort de; mise.
Achas ! inierj. V<^yoz dmic! Voyez un peu!
Dér. (VAgacha, voir devant soi. C'est la contraction de
ce vorbe <à la 2"»^ pers. plur. de rinq>ér. Agachas. —
Voy. A gâcha.
Achata on Acheta, v. Acbeter.
Trad. du français.
Achétur, urdo, adj. Acheteur, eusc.
Tra«l. du français.
Aciè, s. m. Acier.
Trad. du français.
Acièïra, v. Aciérer, cbausser «l'acier la pointe d'un outil.
Acimérla, ado, adJ. Perclié, jucbé haut.
Dér. de Citno, hauteur, extrémité.
Aciou, s. f. Action. Il ne se prend qu'en mauvaise part.
— Quinto aciou jn'as fa! quel tour tu m'as jOUé î
Trad. du français.
Acipa, v. Prendre i)ar surprise, saisir, surprendre.
— Nous acipè, et za! dédin, il nous surprit, et crac! SOUS
clé.
Dér. du lat. Accipere, recev^crir.
Acipa (s'), V. Se heurter, broncher, se rencontrer tôte à
tête, chnj)per. — IS'ous acipèn, nous nous rencontrâmes nez
à nez.
Élym. du celt. Assoupa, dit Ilonnorat.
AOD
AOO
n
àelTada, «. Donner de l'avoine. Aa ^. et par iime,
régaler d'une volée de coups, roflser.
Mr. de Ç^^Mdo, avoim.
v^tflafa OÊ, AiMègffO, o. Qcmviir 4e neirae piemilie;
iwmvnr'to Mpta ^vn» tem emblavée, tdt à la i^océm,
§âl 4Ja heMK«t Mser iee inoltea peur mieux '«ntemr la
NDHDoe ira le fami«r>
D6f . da CIb «a Cfap, pierraâUe.
, 19. fitttaaaer dee pierres «a m<mQe»a; ^amoR-
^6t. de dopot, tas de pierres.
âcUto, «. baisser, conrlier; accabler sooa le poids;
leader; leon/mr, eeâomr sons...
Mr. de Gla, tas, amas, moncean.
iAeOl , t. nu Mat de -soutènement en pierre sèche.
Ajsor, «. des deux genres, ou Acordi, f. toujours
m. Accord, rteondliation, kxine intelligence. — Bstrë
é^ae^nH, être cœur k corar. — Aeor est masculin ou
féminin à peu près ad ItbUum. On dit : Vacor é$ faeho,
et M nwt'Ooor.
DCr. du lait. Cet, «qbut.
^coto , -f . /. Une cale qu'on met sous le pied d'une table
rhsiwwhnte, «ous la roue d'une x^harrette pour l'empêcher
de marciier.
Bftr. dulat. Cm, wUâ.
AcoB— a (s'} , V. 8e coucker comme les pouies qui
veulent couver. Au fig. se pelotonner, se tapir, s'accroupir,
se mettre dans toute sorte de posture qui rappelle une
poide couveuse.
Mr. de €aua ou Couya, couver.
AMidda , o. Accoupler, joindre par couple; joindre des
teniii ou des chevaux pour le labour. — Aquéh miolo
mùimbimHé bien la^mtou, cette mule -s'appareillerait bien
saec la nôeane.
Acoacara (s'}, v. S'encanailler, fréquenter la mauvaise
oampagnîe, s'engueuser.
Mr. ée Coueanm.
Aoonclia (s'], v. Accoucher.
Trad. du français.
Acouchado , «. f. Accouchée. On dit Ja9én en langue-
doeim.
Acouchurdo ou Acou<Auao, f. f. Accoucheuse, sage-
femme. En lang. LéoawHiPhro, — V. c. m.
Trad. du français.
Acougasaa, to, a. Faire tomber quelqu'un sur le der-
rière.
Aeougaaaa (s'), v. r. Le même qne s*Âeouas$a, s'accrou-
pir. — V. c. m.
Mr. de €01190, ceuver. M. aign. que Coua.
^AoovgMiBOlu fs'), «. B'accroupir. C'est im explétif du
verbe précédent-et 'il a ia même racine, lia posture qu'il
désigne est encore plus grotesque : c'est celle des magdts
de 4a Chine ijue le XMH* siècle *nous a 'légués avec ses
^^HSieS''<QK]^«i^a6eB •
Acoulado, f. f. Aoeolade, embrsssement les bras autour
du cou.
Étjfm. du^lat. ni eoUnm,
Aeouloubrl, ido, adj, Efiarouché, irrité, envenimé
comme une couleuvre. Au fig. éveillé, déluré; se ditd'une
fiUe garfonnièré et hardie.
Mr. de C&uhbre,
Aeoumada, v. Raccommoder, radotâier; assaisonner.
Au fig. concilier, convenir.
Mr. de Coumode»,
Acmmadamén, «. m. Aocommedement, accord, trans-
action, le mexxo termine d'un différend.
AoouménçB, v. Commencer. Au fig. chercher noise,
être le premier à attaquer. — Ce mot, auquel on n'a fait
qu'ajeoter l'a explétif, a une origine* commune avec le
français oomfMneer, et Titalien eominciare. Cette origine
se prend dans le latin Cum, initiare.
Aconménçamén ou Couménçamén, t. m. Commençe-
aanX. Le premier se dit plus particulièrement du com-
mencement d'un livre, d*une histoire.
Aaosménçasço, $. f. Commencement d'une histoire,
d'un conte, d'une leçon, d'un livre.
Acomaoudfl, v. Accommoder, arranger, apprêter.
Jkooimioiida (s'). S'accommoder, se contenter de. —
Que f'oeottfmM^e, qu'il s'arrange.
Acoumoula, v. Remplir par dessus les bords, faire
grasse mesure; accumuler, combler.
Mr. de Coumoul,
AoouDpagna, v. Accompagner, aller de compagnie.
Lou èon Déou votH aeotunpagne, ettépldou que vous bagne.
Dieu vous accompagne, et s'il pleut soyez trempé.
Étym. du lat. Cornes, compagnon.
Aoovqnina (s'), v. S'acoquiner, prendre des habitudes
de fainéantise et de débauche ; s'accoutumer en un lieu, en
certaine compagnie. Il est toujours pris en mauvaise part.
Mr. de Couqui,
Acourcha, v. Raccourcir, rapetisser.
AcouTCha (s'), V. Prendre le chemin le plus court.
Mr. de Coureho.
Acourcoussounl (s'), v. Se ratatiner, se recroqueviller
de vieillesse ou de rachitisme.
-Mr. de CoureoussoU, charançon. Cet animal est plié en
courbe àaxa l'alvéole où il se blottit; de la la comparaison
du viôllard qui a à peu près la même posture.
Acourda, v. Réconcilier, accorder ensemble.
Dér. é*Acordi.
AconsBa (s'], v. Se diriger vers, au pas de course ; s'em-
presser de courir; poursuivre.
Mr. de Cousso,
Acouaséîa, v. Conseiller, donner un conseil. — Fcty.
Coussêla.
Dér. de Coussél,
Acousta, V. Accoster, aborder.
Trad. du français.
94
ADB
AMI
Aconitama, p. Accoatamer, habîtiier.
Trad. da français.
âcoutniiiido (à 1*)» odv. Selon la ooatnme, l*habîtiide;
4 racoontamôe.
Aeonta , v. Caler, mettre nne cale sons le pied d'un banc,
d'une table pour rempôcher de bfandiller, sons une rooe
de voitore pour Tempèctier de rouler seule ; étayer, mettre
im étal. Au fig. arrêter.
Dér. d'ileoco.
Aconti, iào, adj. Tassé, épaÎMf compacte. — Se dit très-
bien du pain trop peu manipulé ou trop levé, qui est
massif et compacte.
Acoiitra, v. Accoutrer, parer, habiller d'une manière
ridicule et surchargée d'ornements. — Ce mot, contempo-
rain du français Accotant, a une môme origine latine :
ad, augment., et euituram, culture, soin du coips, parure.
Ce serait donc un superlatif de toilette; ce qui la rend
ridicule et grotesque.
Acoatra (s*), v. S'enivrer, se griser. Cette dernière
acception n'est que l'extension de la première signification
active; ne dit-on pas, en fr. familier : se pomponner, pour
se griser?
Acontramèn, s. m. Accoutrement, costume bizarre.
Acrô , s, m. Accroc, déchirure occasionnée par un ooips
crochu.
Oér. de Cro.
Acrochi, «. m. Embarras, difficulté, pierre d'achoppement.
Dér. de Cro,
Acroachonni, ido, a4i. Courbé, ratatiné de vieillesse.
Acrouchoonl (s'], v. S'accroupir, se blottir dans un
coin; se mettre en peloton; se ratatiner, se ramasser tout
le corps. — Voy. «'ilmoudUmno.
Dér. de Crouehoà, quignon de pain, auquel un vieillard,
ainsi fait, ressemble par sa masse informe, par sa couleur
bise et la rugosité de sa peau.
Acrouqna, v. Accrocher, suspendre à un croc.
Dér. de Cro.
AerouBti, ido, adj. Se dit du pain qui a beaucoup de
croûte, et des plaies et pustules, où il se forme des
croules, des gales, des escares.
Dér. de Cratuto.
Acul, «. m. Accueil. — Mot tout français, que notre
languedocien s'est approprié et qu'il emploie très-bien.
Acusa, V. Accuser. — Contemporain du français, et
dér. comme lui du lat. Aceu$ar$.
Ade* fi. p, Agde, ville (Hérault) : AyaO^, AgaiKa.
Adéll, ido, adj. Déjoint, baillant comme un tonneau
dont les douves sont déjointes par la sécheresse. Au fig.
sec, amaigri, exténué.
Étym. du lat. Deiigar$.
Adéré, adv. De suite, pied à pied; un à un; sans rien
laisser en arrière. — On disait en vieux français dans le
même sens : à la rangetu.
Dér. de l'esp. Arr^o, même signification.
AdIJà, adv. Déjà.
Dér. de la bas. latin. Dtjfam.
Adiou 1 Adioussias 1 ûutrj. Adieu. — Le premier nt
s'adresse qu'entre égaux, ou de supérieur à inférieur. Le
second, plus respectueux, s'adresse aux supérieure, on aux
égaux, à qui l'on veut montrer des égards. C'est une pbruo
faite : A IMou-tiai/ soyez à Dieu! Le mot Adiou est la
syncope de la même phrase, et par cela même il est plus
cavalier. Il n'en est pas de ces deux mots comme du fran-
çais Adieu, que l'on n'emploie qu'en prenant congé d'un»
personne, jamais en l'abordant. En languedocien, on s'en
sert avant, pendant et après la rencontre, indislinclemeat.
Adouar , n. p. Edouard. — Depuis qu'on a raflfiné sur
le choix des noms propres, et que le peuple a abandonné
les prénoms de Jean, Jacques, Pierre, etc., il a bien fallu
que son idiome adoptât les noms nouveaux-venus et qu'il
les appropriât à son génie. Depuis Ion, Adouar et son
diminutif Douaré sont devenus familière et très -usuels
dans la langue.
Adouba, v. Accommoder, apprêter, assaisonner; tanner;
raccommoder, radouber; émonder; bistoumer; renouer un
membre; relier des Unmeaux; rosser, échiner. — Ad4niba
la taupo, assaisonner le pot au feu. Adouba dé êoM$,
raccommoder des souliers. Adouba dé boutoi, relier des
tonneaux. Adouba dé péU^ apprêter, tanner des cuin. L'an
pa$ mâou adouba, on l'a bien ajusté. Té vôou adouba, je
vais te battre, te rosser.
Toutes ces acceptions procèdent du même primitif, et
représentent directement ou par extension la même pensée.
Le verbe est dérivé de Adoù, terme ancien, bore d'usage,
qui signifiait : lessive de tanneur, qui a formé Adobaro, de
la bas. latin., pour ajuster, armer, préparer, dont la racine
Adob serait celtique. Adouber est du vieux français, qui
s'est conservé comme technique au jeu des échecs et du
tric-trac, quand il s'agit d'une pièce ou d'une dame dérangée
à remettre en place; mais radouber, radoubeur, sont restés.
L'ancien Dauber ou Dober appartient aussi à la même ori-
gine et rentre dans le même sens.
Idoubaîre, «. m. Tanneur; mégissier; tonnelier; save-
tier; renoueur; chàtreur.
Adoubaje, «. m. Raccommodage; apprêt; manière d'i^y-
prèter; réduction d'un membre luxé.
Adoubun, <. m. Assaisonnement, qu'il soit huile, beurre,
lard ou saindoux.
Adoun, adv, Alore, pour Ion; en ce temps-U.
Dér. du lat. ad tune,
Adoura, v. Adorer.
Trad. du français.
Adraia, v. Fouler, battre un chemin, le rendre viable.
Adraîa (s'), v. Se mettre en route, s'acheminer. Au fig.
se mettre en train, se dégourdir les jambes.
Dér. de Draiio.
Adraqna (s*), v. Sécher à demi ; se ressuyer. — Onpo pa$
séména çue noun la tèro eiégue adraquado, on ne peut pas
AFA
APA
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aemer avant que la terre soit ressuyée de la pluie. Linge adra-
pM, linge essoré; froumaje adraqua, fromage à moitié sec.
Adré, écho, adj. Adroit, habile.
Dér. du lat. Dêxter ou ad rectum.
Adré, f. m. Exposition sud d'une montagne, opposée
i ïavêê, exposition nord.
Même dérivé que le précédent, ad rectum, c'est-à-dire
vers le bon côté. Avè$ est dér. de Advenus, contre, con-
traire, opposé.
Adréchamén, adv. Adroitement, avec dextérité, avec
adresse.
Même dér.
Adressa, v. Adresser, envoyer à quelqu'un. — S'adressa
à quâouquus, s'adresser à quelqu'un, lui demander des
renseignements.
Dér. de la bass. lat. Àddirectiare, envoyer directement
à quelqu'un, dont l'esp. a fait Enderezar, et Fital. Addi-
riszare.
Adrèsso, s. f. Adresse, habileté.
Dér. de Adré.
Adrèsso, s. f. Adresse, suscription d'une lettre-missive.
Dér. de Adressa.
Adrissa, v. Dresser, placer debout; rendre droit; faire
tenir droit; relever.
Adrissa (s'), v. Se cabrer; se redresser. — Adrissa-vous,
levez-vous. Se tiras tro la brido, vaï s*adrissa, si vous
tirez trop la bride, il va se cabrer.
Dér. de a explétif, et Dré, droit.
Adn, ucho, part. pass. de Adure.
Adiire, v. Amener, conduire, apporter.
Dér. du lat. Adducere.
Adnsa ou Adésa, v. Atteindre à une chose élevée,
hors de la portée ordinaire. — Ly pode pas adusa, je ne
puis y atteindre. T adusara pas, il n'y parviendra pas.
C'est la position du renard de la fable, sous les raisins.
Dér du lat. Adiré, Adeo.
Afacha, v. Dépouiller les châtaignes rôties de leur coque
à demi brûlée, les éplucher. — Cette opération se fait d'ordi-
naire en les agitant dans un paillon ou panneton, appelé en
languedocien Paiassoik, où on les recouvre d'un torchon.
Afachado, s. f. Châtaigne rôtie au moyen d'une poêle
percillée.
Sauvages, qui est parfois admirable dans ses étymologies,
s'amuse sans doute dans celle qu'il donne à ce mot. Il le
fait dériver de l'ital. Affaeiato, effronté, sans pudeur.
«D'autant, dit-il, que les châtaignes qu'on fait rôtir ou
griller, pètent dans les meilleures compagnies. »
Cette plaisanterie accuse du reste la difficulté d'extraire
cette racine. Dans ses notes, La Fare-Alais pensait que ce
mot tenait probablement à quelque circonstance, i quelque
anecdote locale, qui n'étaient pas venues jusqu'à nous, et
q[Qi sont spéciales aux Cévennes d'Alais; car, dans le reste
desCôvennes, on dit Brasueado, dér. de Braso, et c'est
plus naturel.
Sauf le respect dû à nos maîtres, la racine ne se trouve-
rait-elle pas simplement dans Affait, Affàch, pris du roman
Afaiter, préparer, séparer, raccommoder, dér. du lat. Affec-
tare; d'où l'esp. Afeytar, orner, parer, ce qui a donné
Affaitamen , Affackador, Affachamén, et dans notre vieux
langage Afachomén, une tuerie; et dans le dialecte gascon
Affaych, préparation; dans le bas -limousin Affachadoù,
atelier où l'on foule les chapeaux, et Affàchadis, criblures
que l'on enlève en vannant le blé? Certaines ressemblances
sont souvent de grandes présomptions de parenté.
Alaîra, ado, adj. Qui a beaucoup d'affaires; quiesl en afihi-
re ; surtout celui qui a de mauvaises affaires, qui a des dettes.
Aiaire, s. m. Péj. Afaïras, dim. Afaïroik. ASàiies;
particulièrement procès. — Aquéles afdirasses m*émpachou
dé dourmï, ces diables de procès m'ôtent le sommeil.
Aquà's un âoutre a faire, je ne l'entends pas ainsi. Un
home d*afdires, intendant, homme d'affaires; un avocat,
un avoué. Aquà's pa'n afaïre, ce n'est qu'une bagatelle.
Din l'afàire d'un an , dans un an , dans l'espace d'un an.
Ait\ d*afaïres, voici bien des difficultés.
Afairoù, s. m. dim. Un petit outil, un petil ingrédient;
un objet dont on ne trouve pas de suite le nom propre.
Même origine que le mot français.
Afama, v. Affamer, causer la faim. — En termes
d'agriculture on dit s'afama, en parlant des racines des
arbres arrachés depuis longtemps, exposées à l'air, et qui
ont de la peine à reprendre, quand elles sont mises en
terre. C'est ce qui arrive souvent aux mûriers de pépinière
qu'on transporte d'un marché à l'autre et qui restent sans
vendre pendant longtemps. Le meilleur moyen de connaître
si ces arbres sont trop anciennement arrachés, c'est de
trancher un bout de racine. S'il sort par l'incision une
sève glutineuse de couleur de lait, on est assuré que les
arbres pousseront. Du reste le mûrier est une plante trôs-
vivace, et il est rare qu'il ne pousse pas même après un
long éventement de ses racines. Le châtaignier et les frui-
tiers sont bien plus délicats.
Dér. du lat. Famés.
Alara, ado, adj. Effaré, qui a la figure farouche et
décomposée par la surprise, la peur ou la colère.
Dér. du lat. Fera.
Alasqna, v. Dégoûter, rassasier jusqu'au dégoût, oe
qui est le propre des mets trop gras.
Dér. sans doute du lat. Fastidium.
Alasqaoùs , ouso , adj. Rassasiant jusqu'au dégoût.
Du lat. Fastidire, Fastidiosus.
Alatiga, v. Lasser, fatiguer; empressé; embarrassé. — Et
afatiga caumo un pâoure home que eaulo sa trémpo, empêtré
comme un homme pauvre qui coule sa piquette : il y va
de cul et de tête , comme une corneille qui abat des noix.
Dér. de Faiigo.
Afatounl, ido, adj. Mou, lâche, usé, avachi, comme la
linge qui a perdu son apprêt par l'usage.
Dér. de Faio.
ÎW
AFO
AGA
AiatraMi, ido , adj. Péjoratif da mot précédent : c'est
lin degré de pins. H est dérivé de Fatras, péjor. iui-mème
de Fato. Hais Afatrassi se dit, en outre, d^ personnes qui
ont perdu leurs forces, et particulièrement des jambes qui
flageolent de faiblesse maladive.
AfécioQ, 1* f. Zèle, ardeur, application ; vif intérêt qu*on
a{^rte à un ouvrage. -^ T ana d*aféetou, travailler de
tout cœur. — Il n*a rien de commun avec Yaffèction en
français.
Dér. du lat. Âffleere, exciter, émouvoir.
Afênadott, i. m. n. pr. Petite hôtellerie de route
où Ton ne fournit que du foin. — Ce mot a vieilli et
n*e9t connu que par le nom d*une maison, ou d*un quartier
par extension, sur la route de Nîmes à Moulins, près de
Portes.
Dér. de Fé, foin.
Afénadoù, «. m. Trappe par laquelle on jette le foin du
grenier dans Técurie.
Aiénaira, v. Faner le foin, le tourner, Tapprèter au
soleil , le mettre en meule ; faire tout le travail qu'exige
cette réculte quand elle est fauchée.
Dér. de Fé, foin, et Énaïra, donner de Tair.
Alénairaire , aûro , adj\ Faneur, faneuse.
Alana]6, «. m. Nourriture en fourrage donnée au bélail,
soit dans une écurie , soit dans un herbage , sans peser le
foin ; sorte de pension. — Métré âoun chiwil à Vafénaje,
mettre son cheval en pension, fourrage à discrétion.
Alénassa, v. Ensemencer un champ en pré, y semer de
la féuasse, de la graine de foin; vendre du foin en botte.
Dér. de Fé, foin.
Aféta(s*), V, S*aflecter, prendre un air affecté.
Trad. du français.
Afiança, v. Se promettre en mariage, passer des pactes
de mariage. — Ce verbe est actif en languedocien. —
Afianeè uno tèlo, il s*engagea avec une telle.
Dér. du lat. Fidentia, confiance, foi.
Aficha, V. Afficher.
Trad. du français. Dér. de Affigere, attacher à.
Aficho, â. f. Affiche, placard.
Trad. du français.
Afinclia (s*), v. S'appliquer à... avec zèle ; mettre toute
son attention, toute son intelligence à quelque chose; y
appliquer sa finesse et sa vue.
Dér. de Fï, adj., fin, rusé, attentif.
Afina, v. Ruser, cajoler dans l'intention de duper; affi-
ner, polir, rendre plus fin un objet, faire la pointe.
Dér. de Fï, adj.
Aflaqul (s*), v. S'afEûblir, se relâcher, s'amollir; devenir
faible, mou, flasque.
Dér. de Fia.
Afonla (s*), v. S'affoler, s'engouer, se passionner.
Dér. de Fol,
Afonrti, V. Assurer, affirmer opiniâtrement.
Dér. de Far.
Afoortuiia, ado, adj. Qui a de la fortune ; bien partagé
des biens de la fortune ; favorisé du sort.
Dér. du lat. Fortuna.
Aloartuna, v. Ce verbe n'est employé que dans cette
phrase interj. Diou m'afourtunef Diou vous afourtunsf
Que Dieu m'assiste! Que Dieu vous soit en aide! Cette
expression n'est communément qu'explétive , sans que la
circonstance soit assez importante pour nécessiter une pieuse
éjaculation. On le dit lorsqu'un enfant pleure ou qu'il fait
du tapage , qu'une chose dérange ou importune ; lorsqu'on
veut souhaiter bon voyage à un ami ou même à un indifr
férent.
Dér. du lat. Fortuna,
Airaîra (s'), v. S'associer; proprement se faire des dona-
tions réciproques entre mari et femme, entre parents ou
amis.
Dér. de Fraïre.
Afréionli (s'), v. Se refroidir, tourner au froid. — Lou,
tén s" es bien afréjoull, le temps est devenu bien froid. Soui
tout afréjoulï, je suis tout transi de froid, tous vièls soun
afréjoulis, les vieillards sont frileux.
Dér. de Fré.
Afrésqna, ado, adj. Empressé, alléché, la gueule enfa-
rinée. — Il a son origine dans le mot frés, frais. V. c. m.
Airésqna (s'], v. S'apprêter vivement; se hâter.
AM, ido ouiqoo, adj. Avide, empressé, affriandé ; ardent,
âpre à la curée. — Es afrï àou traval, il est affectionné à
l'ouvrage.
Dér. du lat. Apricus, ardent.
Aliiqnèn, èno, adj. Africain, d'Afrique.
Airiqno, s. f. Afrique, partie du monde. — Depuis la
conquête d'Alger, l'Afrique est devenue populaire et réveille
d'autres intérêts que ceux de sa géographie.
Dér. du lat. Apricus, chaud, ardent ; ou selon Roquefort,
de l'arabe Aphrah, séparer.
Afroun, s. m. Injure, outrage, affront.
Dér. de l'ital. Affronto, ou du lat. ad frontem. L'affront
est une injure en présence de celui qui la subit : ad fron-
tem ejus.
Airoanta, v. Affronter, rencontrer de front ; mais sur^
tout injurier, donner un démenti.
Afrountiir, s. m. Affronteur, insolent, trompeur.
Afroûs, 01180, adj» Affreux, horrible, épouvantable.
Dér. du grec 9pic, frayeur.
Agaboun, s. m. — Voy. Agôou,
Agacha, v. Regarder devant soi ; regarder avec attention,
considérer, admirer. — Agachasf Voyez donc! F. Aehas.
Dér. du grec i^i^to, admirer, regarder avec surprise,
être frappé d'étonnement.
Agad, s. m. Cor, durillon, calus; excroissance dure et
douloureuse qui vient aux pieds.
Agaia, v. Prendre à la volée; saisir avec la main ou
avec un chapeau, un tablier, ce que l'on jette de loin;
attrapper.
AGI
AGN
«
Étym. dn vienx mot lang. Gaff, qui signifie Croc, dont
le fr. a tîié et conservé ^affe, gaffer.
Agalanciè, «. m. Eglantier, rosier sauvage; Rota rM-
ginoia, Linn. — Sa fleur se nomme Eglantine. Son fruit,
qu'on appelle gratte-cul, sert à faire les conserves de cynor-
rhodon, dont il se fait un commerce d'exportation consi-
dérable dans la petite ville de Meyrueis (Lozère).
Nodier dit que le savant Pêrion fait venir ce mot dn
grec â^r^^oc» arbre ou fleur épineuse.
Agidayardi, v. Afiriander, accoutumer à la friandise. —
Au participe passé, Agalavardi, se dit surtout du bétail
mal gardé et qui a trop accoutumé d'aller brouter dans
tes blés ou les vignes.
Dér. de Gaiavar,
Aga]l8(^n), adv. En biais, en biseau, en talus, en diagonale.
Dér. de aval, par le changement du v en ^, qui est fréquent.
Agalousses, i. m. plur. — Voy, Âgàouue$.
Aganl, ido, adj. Retrait, mal-venu, mal nourri, par
vice d'origine. Au fig., chétif, exténué, rachitique.
Dér. de Tital. ingannare, tromper, frustrer. Son étym.
remonterait-elle au sanscrit aghan, exténué?
Aganlo, «. f. Noix de galle. Elle est fournie par le chêne
des teinturiers.
Étym. du lat. Galla.
Aganta, v. Prendre, saisir, empoigner. — On dit égale-
ment: té vdou aganta, je vais t'agripper; $é V agonie, si je
le prends, et aganto aqud, attrape ceci ; agantè un tapai,
il reçut un soufflet ; ce qui est prendre.
Dér. de Gan, de l'allem. wand, ou du lat. vagina, gaine.
Agftomses, f. m. ptur. ou Agaloossea. Ononix ou
arrète-bœuf épineux ; Ononi$ spinosa, Linn., plante ligneuse
de la famille des Légumineuses, commune dans les blés.
L'étym. du mot, selon les uns, se trouve dans le celt.
aga, bois ; selon d'autres, dans l'arabe, et aussi, par cor-
ivplioB, dans le lat. aeuUata, atuieo$a.
Agaraeba, v. Donner une oeuvre aux champs laissés en
jachère; laisser reposer une terre.
Dér. de Gara, guéret.
Agaa, f . m. Erable, arbre ; Aeer, Liim.
Ce mot parait d'origine ligurienne.
AgaatO, f. f. Pie; en v. fr. agasie; Connu piea, Linn.,
oiseau de l'ordre des Passereaux, commun dans nos
elimals et connu par son caquet. — Au fig., se dit d'une
perMnme au babil étourdissant.
Du baa-br. Agae, dit Sauvages.
Agaaaoà, i. m. dim. Le petit de la pie. — TranMo
eowmo Um qu^ou d'un aga$$où, il tremble comme la feuille.
Agérbaasi (s*), ou Agérbl (s'), v. Se gazonner, devenir
herbeux, se couvrir de graminées; se taller.
Dér. de Girbo,
AgiDonîa (s*), v. S'agenouiller , se mettre à genoux.
Aginovia, v. Terme de vigneron: couder, coucher un
jarment dans la fosse pour le provigner.
Dér. de Ginoul.
Aglan, s, m. Gland, fruit du chêne. — Voudriez êêtre
ufi aglan, qu'un pormé mangèise, je voudrais être un gjand
et être mangé par un porc : c'est une expressicm d'ao*
goisse quand on se trouve dans une situation malheureuse
et sans issue; mais le plus souvent le peuple, qui est tou^
jours hyperbolique, l'emploie pour une simple c(»itrariété.
Dér. du lat. Glam, glandU,
Aglana, v. Ramasser des glands, faire la glandée; don-
ner, distribuer du gland aux pourceaux.
Agnano, «. f. n« pr. de lieu. Aniane, petite ville, chef-
lieu de canton de l'Hérault. — Une célèbre abbaye d'hom^
mes de l'ordre de Saint-Benoit y fut fondée du temps de
Gharlemagne. Les bâtiments qui restent encore ont été
transformés en maison de correction.
Un vieux dicton languedocien dit : Intmeén d' Agnano,
Quelle est son origine? Le français dit bien dans le mémo
sens : Niais de Sologne, qui ne se trompe qu'à son profil.
Les habitants de la Sologne passent pour avoir d'autant
plus d'intelligence qu'ils en font paraître moins, et ils
mettent dans les affaires qu'ils traitent une habileté secrète
qui les fait toujours tourner à leur avantage. On a dû
trouver dans nos contrées que, tout en contrefeisant la
simple, l'habitant d'Aniane était aussi extrêmement adroit
et alerte sur ce qui regarde ses intérêts ; de là le dicton*
naturalisé bien avant qu'il y eût des détenus à Aniaae,
qu'on ne peut pas traiter à*inoueén, même en commettant
un jeu de mots à la française ; car il s'applique à tout individu
de l'acabit du niais dont il est question, en sous-entendant
la dernière partie de la phrase qui complète le sens.
Agnèl, <. m. Augm. Agnèlat, dim. il^fi^ on Agnèhû*
Agneau, petit agneau. — Les moutons changent de nom
en changeant d'âge; ils sont d'abord agnèl dq)uis leur
naissance jusqu'au retour de Vamountagnu^'é, à la fin d'août;
alors ils deviennent hédigas. L'an d'après, à la même époque,
ils sont douUén, ensuite timén, et ainsi de suite. — AgnU dé
la, agneau de lait, qui n'a été nourri que de lait. AgnU dé
can, agneau qui a mangé aux champs. £« un agnU, il est
doux comme un agneau. QuinU agnèUuf Quel gnuid
agneau, quel bon diable ! Aquà^$ la soumito dé l'agnèl blan,
c'est toujours la même répétition. Ce proverbe tient à un
usage des conteurs de sornettes. Lorsqu'ils sont ennuyés des
demandes qu'on leur adresse pour en conter une nouvelle,
ils disent : Vdou voui dire la souméto dé VagnU blan. — Ah/
voui, diga-la, s'écrie rassemblée; et le conteur : Se wmlè»
que vouê la digue, voue la dircâi. — Voui / voui / diga4a,
insiste-t-on de plus belle. Mais le conteur se renferme
dans son étemel : Se vouUe que voue la digue, vous la dirai,
jusqu'à ce que, fatigué de cette vaine répétition, le cercle
d'auditeurs passe enfin condamnation. On dit en français,
pour la même chose : c'est la chanscm du ricochet.
AgnU, agnUé, agnUoii sont des termes de cajoleri9
enfantine, de tendresse mignarde.
Dér. du lat. Agnue, dim. Agnellut, qui vient lui-même
du grec irft6ç, pur, chaste.
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AGN
AGN
Agnèla, v. Agneler, nietlre l>as, en parlant des brebis.
Agnèlado, s. f. Le croit d'un troupeau, sa portée
d'agneaux dans l'année.
Agnèlo, s. f. Agnc.iu fenieilo. — Se dit particulièrement
d'une brebis qui coninience à porter a\ant d'èlre X l'état
de bedifjasso. Cet animal soulîre de cette i»récocité; il
ne peut se développer, vit dans un état racliitiiiue, si tou-
tefois il ne meurt pas en meltant bas. Los éducaleui^s ont
plusieurs proci'dés pour prés enir cette nubibté trop liAtive.
Agnèlo, s.f. .Nielle des blés; Ayroslcma gilhinjo, Linn.,
plante de \x famille des Caryopbyllées. Son ^^'rain mêlé au
blé rend le pain noir et amer.
Dér. du la t. IS'i(jeUu$, noinUre.
Agno, désinence y en fr. Agne.
Par ordre alpbabétique, Ayno est le premier d'une série
de suiïixes, qui se sont formés sur toutes les voyelles en
ègno, é(jno, iyno, oyno, ouyno, tiyno, qui tous prébcnlent
des particularités curieus(*s dans l'bistoire de la formatiiai
de la langue. Ces linales entrent en composition dt* noms
communs, substantifs ou adjectifs, et d'un certain nombre
de noms proprtîs d'bommes et de lieux, av(?c un caractère
spt'cial. Elles ont été d'ailleurs soumises ;\ tant d'altéra-
tions diverses, qu'il n'est pas sans intérêt de faire ici
connaissance avec elles, en leur consacrant un méJiie
article.
Dans toutes les langues, les noms se forment en ijuelque
sorte par des procédé» sy.^lémaliqnes. L'éK.'menl rudimen-
taire reste à i>ou prés invariable, et c'est au moy»'n d<'s
suflixes qu'il se modilie suivant les acceptions auxtiuelles
il est destiné ^ s'appliquer. Cbacjue pajs, par une disposi-
tion particulière, obéissant aux indueneos d«' son orija-
nisme vocal, adopte de iiréféretjc^^ la formule qui convient
le njieux à ses facultés d'articulation et de voealisalion ;
et dans ses vocables ap|H'llalirs surtout, jiarce ({u'ils sont
sujets à se répéter plus souvent et d«»i\enl être plus lixes,
il rai)i>rocbe les lettres et les combinaisons les plus faciles
pour lui à projioncer.
Ainsi, étant doimé un radical, il e>t nécessaire de lui
imprimer une certaine iorme staMe «q commode pour en
éU^ndre le sens ; il faut ajouter une désinence caractéris-
tique \xmv lui faire si^'iiilierjjue l'objet di'.>i;j:né par lui doit
s'unir à un autre objet ou (juil n'en est (lu'mie partie,
qu'il en déri\e, ((u'il en |)ro\ient ou qu'il doit h'incorjjorer
à lui, pour jiréciser sadesceMilance, lequalilier plus expres-
sément, et pour ilétiM'miner ses dimen>ioiis, son étendue,
ses propriétés. C'est l'adjectif tiré ilu substantif; le cjuab-
ficatif joint au si;-'nilicatif; le diminutif ou l'au^iimentatif
venant modifier b* sinq)le, ce <(u'on nomme la dérivation:
c'est le fonctionnement des sullixes.
Celte loi est universelle: partout mêmes procédés pres-
que mécani(iues, en ce sens ([ue, les mots rejirésentant les
idées, l'accessoire suit le principal, la désinence supplétive
étend la signification du radical. Ce qui fait la variété des
idiomes à base connuunc comme le celtique et le latin,
d'où sont issues nos langues modernes, n'est en définitive
que la différence de prononciation. Les raj)porls sont sou-
vent cacliés, inappréciables ii l'analyse, mais ils existent.
Ils .se sont dénaturés par des raisons inconnues, mais des
IKjints de contact vérifiés laissent voir leur rapi)rocbement.
Cbaque groui)e de population a, en ciVet, des tendances de
langage qui lui sont propres, des babitudes qui le portent
à recbercber certains sons et à en éviter d'autres ; les dia-
lectes naissent de ces convenances toutes locales, et de
cette manière se lie et s<' déconq)ose l'ensendile général,
sans perdre ses affinités, mais en les laissant s'oblitérer et
en les écartant plus ou Uioins de la source commune. C'est
IKiurquoi, dans ces recbercbes qui remontent quelquefois à
des origines lointaines, il y a à tenir conqjte de l'état des
idiomes voisins et de la pbilologie comparée. C'est faire
une tentative dans cette voie que d'essayer, sur les mots
de notre langue, de surprendre le secret île leur formation
originelle; de savoir par (juel instinct naturel ou (luel tra-
vail prémédité, la pensée et son exjiression s'est plue à
revêtir certaines formes plulùt que d'autres, et de démêler
sous renq)ire de quelles propensions et de quelles antipa-
tbi»*s particulières quelques-unes de ces expressions sont
arrivées jusqu'à nous, et ont été adoptées. I^jur cela, l'étude
des désin<Mices est d'une importance considérable; car ce
sont ces >yllabes, insignifiantes en aj)parence, ijui donnent
à une langue son ty|)e individuel, son cacbet et son carac-
tère. Du [H'tit au grand, 1»^ dialecti' a sa valeur; si modeste
(jue S'tit sa part, il a droit dt» se pré>enter au concours.
De la langue la plus anciennem'Mit parlée dans les
(iaules, le c«'lti(jue, nous n'avons que des notions impar-
faites, r.'duites a qui'lques centaines d'expressions éparses
dans les écrivains latins ou grecs, et à quelcpies lambeaux
d'inscrii»tions lapidaires; il n'a ele recueilli aucun monu-
ment éerit d'une sérieuse p«»rlée. Kien n'est resté dans l'air
de Son accentuation. Cependant, avec les mots qui nous
ont été c>tns»MVès, avec K's ap])ellations géograpbi(]ues et
les noms dliomnjes, que la stabilité naturelle de leur signi-
fication et de leur structure a protégés davantage, si l'on
n'est j»oinl parvenu à composer uji \ocahulaire conq)let, il
a été pt>s>ilile de discerner sun'menl ce cjui appartient dans
lins lani'ues modeiiics a l'idiome primitif, et de lui attribuer
telles formes, telles liicutituis, lejlrs racines (jui, ne se
retrouvant pas ailleurs, n'ont pu lui servir de modèle et
remnntent nécssairiMnent à celte source. (]el élément pri-
mordial mérite ilètre relevé avec prudence, sans doute,
mais a\ec un soin minutieux.
Les cojnnies gr«'C(|ues, établies sur le lilt^ral méditerra-
néeji, eup'nt des rapports de CMinmmee et d'échange avec
les pr»t)ulations voisiniîs ; mais bien que llorissantes et d'une
civilisation jjIus avancée, elli'S ne se mêlèrent jamais avec
le corps gaulois au point d'exercer une influence, qui n'eut
pas le tenq)s d'ailleurs d'être bien profonde. Les mots grecs
que nous avons retenus nous ont été apportés presque tous
par l'intermédiaire des Romains.
AGN
AGN
39
Le latin doit être considéré comme le vrai générateur de
nos idiomes. Il avait pénétré dans la Gaule et dans la Nar-
bonaise, avant l'arrivée de César. Après la conquête, il s'y
naturalisa avec une absorbante énei^e, et tout concourut
à favoriser sa prédominance et à en prolonger la durée :
les lois, l'administration, la civilisation, la religion, même
Tesprit national. Le christianisme vint encore seconder son
influence. Les invasions germaniques des Francs et des
Visigoths, loin de comprimer cet essor, accrurent sa popu-
larité : les barbares l'adoptèrent, et leur conversion à la
religion chrétienne, leur orthodoxie ne contribua pas peu
à le maintenir, bien qu'ils eussent versé un élément nou-
veau dans le langage par leur prononciation. Mais il faut
dire que ces altérations furent plus sensibles au nord qu'au
UQÎdi de la France; et nous n'en avons que plus tard res-
lenti les effets par le français d'Outre-Loire.
Hais la langue importée par les vainqueurs de la Gaule
et par les colons à la suite n'était pas le latin classique et
cicéronien : c'était le langage déformé de Rome, familier
aux soldats et au bas peuple, hérissé de barbarismes. La
latinité gauloise se forma d'abord sur ce modèle ; et encore
U nouvelle langue, pour se répandre dans le pays con-
quis mais toujours indompté, dut-elle se soumettre à une
foule d'altérations néologiques, se plier à des exigences
dont la masse de la nation puisait le principe dans son
indépendance. Car, tout en acceptant un langage qu'ils
n'avaient pas appris dans leur enfance, les indigènes ne
renoncèrent pas à leurs habitudes de prononciation, et
firent violence au latin pour l'approprier aux formes natu-
relles de leur pensée.
Les témoignages les plus certains attestent que le vieux
gaulois, en pleine possession de son territoire au VII« et
au VIH« siècle, se maintint longtemps encore ; même au
XII1« siècle, son extinction n'était pas complète. Mais déjà
tous ces ferments de celte, de latin , de tudesqne avaient
commencé à se fusionner. Puis, quand ce pêle-mêle se
réorganisa sous le souffle d'un esprit différent, après de
longues élaborations, une langue véritable était créée.
Elle fut d'abord qualifiée de rustique, comme si elle
n'eût été qu'une dégénérescence d'idiomes corrompus;
mais une dénomination plus juste, qui est un souvenir, ne
tarda pas à prévaloir : elle est appelée Boman ; et c'est le
roman qui a donné naissance à la langue d'Oïl et à la
langue d'Oc, ces deux filles si glorieusement régénérées.
— Fo2f* Léngadd, Patouàt, Bouman.
L'oeuvre de recomposition fut lente : elle suivit les phases
de la grandeur romaine, qui mit du temps à mourir. Dans
le principe, elle était inconsciente, irréfléchie, ignorant sa
voie, mais entrevoyant un but; elle s'inspirait et se gui-
dait par un vague souvenir, qui n'avait jamais péri et qui
ramenait peu à peu le peuple, lui qui fait la langue, vers
des inflexions qui lui avaient été familières. En acceptant
le latin, il l'avait soumis, par une sorte d'instinct méca-
nique, aux aptitudes les plus conformes à son organisme
vocal ; en le transformant, il ne cherchait qu'à porter dans
la prononciation les prédilections ou les antipathies qui
étaient dans sa nature.
Un respect traditionnel entourait les racines, qui sont
l'âme des mots : les modifications s'accomplirent donc plus
volontiers sur les désinences. Elles s'adressèrent surtout à
celles qui avaient le cachet romain, d'abord parce qu'elles
étaient moins dans les prédispositions organiques de la
voix, puis parce que ces finales, sans signification par elles-
mêmes, n'affectaient qu'accessoirement la substance du
mot, que le changement ne voulait pas atteindre. Le génie
national reprenait les concessions arrachées par les vain-
queurs : c'était l'affranchissement qui s'annonçait. Ce
retour à l'ancien esprit gaulois offrirait des coïncidences
qui vont plus loin que les formes du langage.
Mais les signes de cette réaction se manifestent clairement.
Le premier besoin est la rapidité de la parole répondant à
la promptitude de la conception : et la contraction des mots,
la simplification des modes et des cas marquent des écarts
d'indépendance qui protestent contre l'ampleur et la régu-
larité latines. L'accentuation se reprend à des cadences et à
des agencements de syllabes qu'une bouche et une oreille
romaines n'avaient pas inventés : et il s'ensuivit la nécessité
de combiner autrement la forme d'une foule de mots. On
le voit : si les fondements latins restaient encore solides,
un édifice plus jeune s'élevait sur eux.
Les éléments de cette révolution du langage se trouvent
dans le changement de formes, dans les modifications des
désinences, qui obligent l'appareil phonétique à prendre
d'autres flexions plus en harmonie avec ses tendances et
ses habitudes natives. C'est ce qu'il faut constater par des
applications et des exemples. Qu'on en juge à l'œuvre.
Chez nos ancêtres gaulois la forme du suffixe était AC =
EC; nous l'avons déjà signalé. — Voy. A, $uff. Son accen-
tuation, forte sans doute, à cause de la lettre finale, devait
cependant être adoucie ou assourdie par un son guttural,
ressemblant à celui du X grec, qui lui servait d'expres-
sion dans l'écriture: et ce qui le prouve, ce sont les
variantes dialectales, conservées dans la néo-celtique en
ac^=: iac = auc = ùch ^^ech; nuances ménagées pour
estomper des tons trop durs. Les permutations opérées plus
tard en S doux, en J ou G doux, comme équisonnants,
seraient aussi un indice de quelque valeur.
Ces désinenc<es étaient employées à adjectiver les mots,
à former des termes ethniques, patronymiques, géogra-
phiques, à marquer la possession, la filiation, l'apparte-
nance, la collectivité. En voici quelques exemples : Bron^
tristesse, bronach, triste; bod, touffe, bodec, touffu; karad,
amitié, karadec, aimable; suU, œil, tuUech, qui a des yeux;
$tan, salut, êteinech, salutaire; plum ou />/irm, plume,
plumauc ou plumawe, emplumé, dial . comique ou cambrique .
En gaélique : Albanaeh, Écossais; Erionnaeh, Irlandais;
Sacâanach, Anglais; en bas-breton : d^rv, iann, chêne,.
dervek, tann$c, lieu planté de chênes, abondant en chênes;
90
AON
AON
ounn, frêne, ounnek, frênaie, etc., etc. — Yoy, Zenss,
Gram. céU.; Le Gonidec, IHcf . frref.
Mais, arrive la domination étrangère, et les mots cel-
tiques n*entrent plus dans le langage usnel qa*à la condi-
tion de revêtir la forme romaine. Le latin avait sa termi-
naison caractéristique générale en u$, a, um; partout où
on terme ganlois se rapprochait d'un des siens par le sens
on la consonnance, dans les noms propres qn*il ne tenait
point par politique à défigurer, dans les dénominations
locales qu'il importait de ne pas débaptiser, il s'appropriait
le mot et se contentait d'adjoindre sa formule propre à la
désinence vaincue. Mais àpart sa finale en acui, œa, aeum,
la plus proche, qui a été la plus durable et qui donne en-
core à bien des noms propres, dans la moyenne latinité,
une physionomie gauloise , il avait aussi ses sufiSxes en
anus, a, um ; aneus, a, um ; anius, astiiu, enuM, inut,
onus ; de la même catégorie, et exerçant de pareilles fonc-
tions adjectives, possessives ou collectives. Les Gallo-
Romains adoptèrent ces désinences dittées par le vain-
queur, et ils les vulgarisèrent en les étendant en anieu$,
enieuâ, inieui, onieus, a, um, employées généralement au
plur. fém. : anieœ, enieœ, iniem, oniew. Suivons la gradation
sur les noms d'hommes et de lieux. On trouve dans César :
IHvitiiicus, Dumnaeus, Valetiaeus; dans Tacite : Galgaeuê,
Caractaeus; Sidoine- Apollinaire cite AvUaeum, frcsdium
Aviii, PruMianuê; Grégoire de Tours, J^rMinoeum; l'Itiné-
raire d'Antonin, Juliacum, Tiberiaeum, Solimariacum; les
chartes, Flaviacum, Aureliaeum, Pompeiaeum, Pauliaeum;
et en même temps, à cette dernière période, on rencontre
Martiniacum et MarHnhanieœ, Cotonia et Colonieœ,
Condacum et Condusonieci, SalvanumeiSalvanicœ, Ahonum
et Alsonieœ, Veranum et Verananica, et ainsi d'une foule
d'autres. De sorte que la progression pourrait être celle-ci :
Brmn, primitif celtique, donne directement Brennus; puis
Brennae, Brmiiaeui, celto-latin, fils ou descendant du
Brenn ; et dans les noms communs, devenus noms de lieu,
collectifs, ea$$, eass-ae, eau-ee, forme celtique; easiacus,
easManuâ, eoênuâ, forme latine ; Ca$$aniea, forme gallo-
romaine, etc., etc. Les transformations se firent sur ce
modèle; inutile d'en détailler l'interminable nomenclature.
Tel était le produit du mélange du gaulois et du latin,
parlés simultanément, à c6té l'un de l'autre sur le même
iol. Les désinences ae s= ee af&iblies en aeh, aue, ech,
lurent donc soumises à la prononciation romaine, qui don-
nait toujours le son dur au C, semblable au K rude,
même sur les voyelles douces 9, I, et qui articulait forte-
ment le N, dont il ignorait le son mouillé. Les Gallo-
Romains avaient surenchéri en redoublant les deux sons
de ces consonnes dans anieœ, gnieœ, inieœ, onieœ.
C'est contre la dureté et la sécheresse de ces intonations
que devait protester la langue romane en France, comme
le firent tous les idiomes dans les pays où les Celtes avaient
séjourné, une fois que la puissance romaine eut cessé de
peser sur le langage.
Aussi, ae ss ee, la forme première, représentée par
aeu$, eeut, ieui, oeui, um, perd-elle d'abord sa fimio
latine; puis le e s'amoindrit et coule; il permute avec lé
cA ou le y et ^ doux ; il disparail même entièrement de nos
appellatifs, où il ne se fait jamais sentir. A part quelques
exceptions, qui localisent une dénomination, il se trans*
forme de vingt manières di£^ntes, selon les influences
auxquelles il obéit. Tandis que la géographie andemia
garde ses aeum ou anum immuables, à tous les points de
l'horizon, les terminaisons nominales se sont changées en
a, as, at, é, ei, te, ter, ière, tes, y, eux, ieux, etc. 11 faut
encore comparer, pour ces métamorphoses du ae assov
dans la signification adjectivée, nominative, collective ou
diminutive, les variantes qui paraissent autant formées sur
le suffixe celtique que sur le correspondant latin on sa
latinisation, comme édo, iè, iëiro, et leurs dérivations os
leurs analogies sur les difiTérentes voyelles, et les affinités
et les permutations de lettres. — Yoy, lettres C, G, et tdo;
Iè, etc.
Dans les finales anu$, anum; enus, inu$, onus; anetse,
enius, inius, onius, au masc. et au neutre, d'importation
latine plus marquée peut-être on du moins plus Soi-
gnée des suffixes celtiques, le roman, pour les traduirB,
supprime Clément la caractéristique latine; il garde an,
en, in, on, avec ou sans i antécédent, et souvent même il
efiace le n dans les noms communs, au moins de notre di»*
lecte, comme bo, eousï, mati, etc. ; et dans ceux où la consonne
persiste, elle prend, dans le Midi surtout, une expression si
fortement nasalisée qu'elle devient un caractère typique de
notre idiome. — Tby. An, suff.
Les désinences féminines ana, ena, ina, ona, una, et
surtout ania, enia, inia, onia, unia; anea, inea, onea,
unea, se r^roduisent plus particulièrement dans le vieux
languedocien et dans le moderne par nos finales agno, égno^
ègno, igno, ogno, ugno, qu'emploie le français sous difll^
rentes formes transmises par le roman, en agne, aiyne,
eigne, oigne, ogne. — Yoy. aux mots : Cassagno, Gamégno,
G<ueougno, etc., etc.
Et encore sur tous ces suffixes, à peu près indiflRîrem-
ment, tant sur ceux où le e est la consonne dominante que
sur ceux où Yn se rencontre, il intervient fréquemment
une autre combinaison très-répétée en aje, éje, èje, ije, oje,
uje, lé J remplaçant le G doux, — et en aeho, èeho, ét^,
éneho, idu), oeho, qui dérivent du même principe et qui
vont reparaître sous un autre aspect.
Les Gallo-Romains avaient, dis(Mis*nous, représenté les
désinences principalement en ietis, a, um, en les latinisant
plus durement, par aniea, eniea, inieœ, onieœ, où se rap-
prochaient les deux consonnances fortes de l'N et du G.
Cétait une transformation qui voulait pent^tre rappeler
le suffixe primitif des aXeux et le mettra en contact avec
ceux des vainqueurs ; mais cette finale de la moyenne lat{*
nité, à dur redoublement, devint particulièrement antipa-
thique au roman et aux autres langues néa4attnBS qui se
À6N
AfiN
3J
xeoomposaiait. La malhearease terminaison en nicus, nka,
nieum, qaelque voyelle qui loi serve de véhicule, a le don
d*born|ûler tons les idiomes en voie de rénovation, et
Ganse les écarts de prononciation les pins étranges.
En FrancOi le roman en fait anéguei, enègues, inègues,
onègues, et anieheê, anénehe$, angeg, enge», inges, onge.
Lelangaedocien emploie là-dessos sa voyelle féminine propre
9^ mais la forme en est conservée. Dans l'espagnol et Tita-
lien, comme dans la langue d'Oc, se retrouvent des procé-
dés identiques ; et il est remarquable qu'en Espagne, à
propos de Faltération apportée plus tard par le languedo-
cien sur ces désinences anègues, onègue$, etc., venant de
aniea, enicm, onicm, se montre une articulation conforme
k nos argu9ê, ergues, orgues. — Voy, Argue, Canounje, où
des exemples sont cités.
Cette variété anègues, enègues, etc., ne débarrasse pas la
désinence d'une certaine rudesse, qu'amortit à la vérité la
présence de l'e ou Vo atone ou muet, sur lequel elle tombe
en languedocien comme en français ; mais nous présumons
que la flexion forte du g n'est ici que le résultat d'une
exigence orthographique, quand il précède les voyelles a,
0, u, dans nos dialectes. L'exactitude de cette induction
nous est démontrée par ce qui existe de pareil en français,
et aussi dans la prononciation du languedocien des Hautes-
Gôvennes. Ainsi, pour traduire le lat. veniat, nos monta-
gnards disent : gué végno, et dans la plaine on prononce :
91M vèngue. Le premier est plus pur : mais cette diffé-
rence a peut-être amené une autre combinaison : celle
du g suivant Vn au lieu de la précéder. La mouillure est
moins sensible : cependant ng n'est qu'un équivalent. C'est
une importation du germain par les Francs ou les Yisi-
goths, qui n'avaient aucune facilité à articuler notre ^, et
qui l'ont démontré en changeant presque toujours nos dési-
nences agne, oigne, eigne, igné, ogne, en ange, inge, onge,
dans les dénominations. Quoi qu'il en soit, la formule ré-
pond exactement, par la suppression de la voyelle e inter-
médiaire, à celle des romanes anègues, enègues, onèguesj
et ne sort pas d'une autre provenance. Dans le roman et
au nord, où l'influence germanique se fait plus sentir, on
trouve, comme formes analogues dans la langue du moyen
âge : il dunge, dogner et duner, donar et dogner; aviegne,
avegne, avieneni;espreigne, preigne; et venge, tenge, donge;
et viengne, Hengne, dongne, qui sont aujourd'hui: donner,
advenir, prendre, venir, tenir; sans compter encore d'au-
tres variantes qui ne laissent pas d'être frappantes et fort
congruentes à notre siget.
Dans cette généalogie de désinences, ce qui est essentiel
à retenir, c'est l'introduction dans l'accentuation d'élé-
ments tout-à-fait nouveaux et inconnus au latin. Le G
guttural et souvent doux se substitue an C toujours dur
du latin; le CH chuintant, qui est celtique, aspire aussi à
reprendre ses droits; enfin, dans les suffixes qui font le
sujet de notre article et dans beaucoup de leurs variantes,
jrar toutes les voyelles s'articule le GJH mouiUé, une des
flexions de la plus incontestable origine gauloise. Et ce
n'est pas un phénomène des moins remarquables que la
reproduction de ces mouillures gutturales et nasales dans
tous les idiomes celto-latins au moment où ils se renouvel-
lent. Elles s'étendent même à U mouillé, que le fr. et l'esp.
adoptent, bataille, halaJUa, etc., que l'ital. représente par^/ij,
^glia, bataglia, et notre dialecte par l'V tréma, fio, bataïo.
En résumé, quand on suit à la trace ces transformations,
et qu'on étudie leur dégénérescence graduelle dans ses prin-
cipes et dans ses causes, il est difficile de ne pas recon-
naître, à voir leur identité d'emploi et de destination au-
près du radical, que tous ces suffixes de même famille sont
égaux entre eux, et que, depuis les primitifs AC = EC en
passant par le latin, ils peuvent être ramenés, par une
équation logique et rigoureuse, jusqu'à la forme usitée
dans nos idiomes modernes, si originale qu'en paraisse
l'expression au premier aspect. La singularité de physio-
nomie qu'affectent parfois certaines désinences n'est pas»
au reste, sans avantages : elle signale et met dans un relief
plus frappant le membre sur lequel il faut d'abord opérer
pour arriver par la dissection jusqu'à l'os, c'est-à-dire au
radical. Dans la recherche des étymologies, il est bon
d'avoir affaire à un mot ainsi surchargé, dont on peut du
premier coup-d'œil dégager l'appendice à tournure connue
d'avance. Mais la parité significative ou l'équipollence des
terminaisons de même catégorie a une portée bien plus
étendue : car si elle permet d'établir entre les mots et les
noms, des analogies qui les font équivalents les ims aux
autres, malgré la différence de leurs formes, quand ils pro-
cèdent d'une racine unique, elle empêche encore et le plus
souvent de confondre, avec un mot qui parait dérivé d'une
langue de formation, comme le latin par exemple, une
simple désinence, qui lui ressemble par sa physionomie,
mais qui n'est en définitive que le produit d'une combi-
naison régulière ou d'une altération successive. Ceci soit
dit en passant pour notre finale Argue, à laquelle nous
renvoyons. Mais que de ceci surtout ressorte clairement
la loi d'afiînité, de concordance, d'égalité de valeur dans
les désinences supplétives, ce résultat obtenu sera fécond ;
et nous tenions à en consolider les bases. Les citations
sous chaque mot feront mieux comprendre son impor-
tance majeure. — Voy, Argue, suff., Canounje^ Cassagno,
Sdouvagnargue, etc.
Notre but ici, au moyen de ces observations générales,
était encore de démontrer qu'au moins une partie de
l'ancienne prononciation s'était conservée dans les Gaules,
et qu'au moment de la rénovation de la langue qui devint
notre idiome roman, tout imprégné de celte et de latin,
qui ne faisait encore que se parler et se préparait à s'écrire
en devenant la langue d'Oc, cette tradition était assez
intense, assez enracinée pour constituer un de ses attributs
essentiels, comme il arriva pour le français, l'italien et
l'espagnol. La prononciation obligea l'alphabet à se com-
biner autrem^ti avec la même énergie que la contraction
3*2
AGR
AGR
qui resserrait les mots : œ furent les premières teadanoes
de Tesprit nouveau. Cependant, le plus souvent, l'expression
significative, dépendance respectée du radical, se maintint,
et Taccent tonique persista, comme en latin, sur la der-
nière syllabe forte ou sur la pénultième. L'intonation, ce
sentiment mélodique représenté par la mesure et la quan-
tité, garda même dans la langue d*Oc de ces réminiscences
qui en ont perpétué Teuphonie presque matérielle en longues
et en brèves, dont nos dialectes ne se sont jamais séparés.
Sans doute, il est difficile de bien apprécier la nature de
ces diverses modifications à la distance où nous sommes de
ce mouvement intellectuel et euphonique de notre langue,
quand les changements peuvent être le résultat de circon-
stances fortuites ou de particularités d'origine, de sol, de
climat, ou de tant d'influences ignorées ; mais nous essaie-
rons de les distinguer et de les débrouiller avec patience,
et à l'aide de tout ce que nous pourrons recueillir de
lumières et d'enseignements.
Nos indications, si insuffisantes qu'elles soient, ne servi-
laientrelles qu'à faire entrevoir la communauté d'extrac-
tion de la langue d'Oïl et de la langue d'Oc, leur contem-
poranéité de formation et de progrès, à montrer que celle-ci,
déchue politiquement, mais aussi littéraire que jamais,
n'est pas un des patois corrompus du français ; ces études,
que de plus habiles compléteront, u'arriveraient-elles qu'à
jeter une lueur bien faible sur nos origines et notre his-
toire, qu'à sauver leur aridité technique par quelque uti-
lité et un peu d'intérêt et de nouveauté, que nous persiste-
rions encore à les suivre, et nous ne croirions pas notre
labeur perdu.
Agnnè, adv. Cette nuit, ce soir. — En vieux français,
on disait : anmi.
I>ér. du lat. ad noetem,
Agnuècha (s*), v. S'anuiter, se mettre en chemin la
nuit, voyager de nuit. — Noum agnuêehan, la nuit se fait,
la nuit nous gagne. En v. fr. $'anui$iêr,
I>ér. de Gnué.
Agôon, J. m. plur. Agôausse$. Le petit chêne-vert épi-
neux; Quêrcu»eoeeif0ra, Linn. Plante ligneuse sur laquelle
on cueille le kermès animal ou vermillon.
Agonrini (s'), v. S'acoquiner; prendre des habitudes de
paresse et d'ivrognerie; fréquenter mauvaise compagnie.
Dér. de Gourin.
Agouttén, que, aéfj. Du mois d'août, d'arrière-aaison.
Dér. du lat. ÂuguMius, qui lui-même a formé aoûl, qui
n'en est qu'une contraction.
Agrada, v. Plaire, convenir, être au gré; agréer, ap-
prouver. — AquéUê éfam ê'agradau, fôou hut tnarida,
ces enfants s'aiment, il faut les marier. Safaçounm'agrado,
ses manières me conviennent. S'aqud vout agrado, si vous
approuves cela.
Dér. de Gra, gré.
Agradèlo, j. f. Épine- vinette; B0rberii vulffariê, Linn.
Arbrisseau épineux dont on forme des haies vives. Son
fruit en grappes est aigrelet et rafraîchissant. Ajfradéio est
évidemment la corruption à*Aïgradéio, qui n'est qu'un dimi-
nutif d'àigrê; c'est comme si l'on disait : VAigrdett».
Agràontouni (s'), o. Se recroqueviller, se ratatiner,
comme des cretons ou graisillons, connus en languedocien
sous le nom de gràoutoît.
Agrava, v. Couvrir un champ de sable, de gravier, par
inondation. — Gardois agravo tous pras, le Gardon couvre
les prés de gravier.
Dér. de Gravo.
AgrévoQ, j. m. Houx, arbre toujours vert, à fleurs mo-
nopétales en rosette, hérissées de piquants, à baies rouges,
et dont la seconde écorce sert à faire la glu. De ses bran-
ches flexibles on fait des baguettes, qu'on appelle pour cela
des houuines, — Ilex aquifolium, Linn., de la famille des
Frangulacées ; assez commun dans nos bois.
Étym. du grec <ixp(a, qui est le nom du même arbris-
seau, dér. de (Syptoc, sauvage, farouche, à cause des épi-
nes longues et fortes de ses feuilles.
Agriable, blo, adj\ Agréable.
Trad. du franc.
Agrimouiè, j. m. Groseiller à maquereau, arbuste épi-
neux, dent les fruits sont assez gros, mais moins doux que
ceux du groseiller sauvage ordinaire; Ribes groistUaria, Linn.
Son nom lui vient sans doute du goût aigre de ses fruits.
Agrimouîo, s. f. Groseille à maquereau, fruit de l'ar-
brisseau précédent.
Agrîoto, «. f. Griotte; variété de ce qu'on appelle à
Paris la cerise, à laquelle notre griotte ressemble beau-
coup, au goût près. La cerise est fort douce et la griotte
est fort aigre. — Aquà's vrateoumo manjan d'agriotos, cela
est vrai comme il neige des boudins. Badinan au numjan
d'agr^Motf Mot à mot: plaisantous-nous ou mangeons-
nous des griottes? Est-ce pour rire ou tout de bon T Tel
est le sens. Dans notre dicton, les griottes se trouvent mê-
lées par la raison que leur goût âpre et acide fait faire à
celui qui les mange une grimace qui ressemble au rire,
une sorte de rire aigre-doux, sardonique, laissant le choix
entre le rire ou la grimace.
Agroomandi, v. Afiriander, ap&ter, affirioler. Le même
que Agalavardè. — V. c. m.
Dér. de Grouman.
Agroumia (s'), ou Agroumouli (s*), v. Se blottir; s'ac-
croupir; se mettre en peloton ; se tapir dans un coin ; se
ramasser comme pour rentrer en soi-même.
Dér. du lat. grumu», grumeau, qui a donné aussi gru-
mèl, du primitif grum, grain, d'où grumo, etc.
AgroQtiè, «. m. Griottier, arbre qui porte la griotte.
— Voy. Gf%oUf.
Agmméli, v. Pelotonner, former des caillots, mettre
en grumeaux. — Se dit des choses, jamais des personnes,
pour lesquelles on se sert de AgraumoulL
Dér. de GrutnM.
Agnmaa, «. m. Prunellier ou prunier sauvage ; Pmnmi
AGU
AIA
33
tpmo$a, Linn., arbrisseau de la famille des Rosacées. Son
fruit est d*une acidité et d*une âpreté remarquables. —
On dit également : Agrugnéei Àgruné/iè. — Voy. Bouïssoù.
Étym. de dcypioç, sauvage, champêtre; le celt. avait
aigr, aigre.
Agnmèlo, j. f. Prunelle, fruit de Yagrunas, dont on
fait de Teau-de-vie.
Même étym.
Agn, part. pau. du v. Avédr$, avoir ; eu, possédé.
Agud, Supers, sing. du prêt, du V. Âvédre. Il ou elle eut.
Agiid (à T), adv. Aux aguets, à la piste.
Dér. du grec à^ito, considérer attentivement.
Agnîado, j. f. Aiguillée de fil ; aiguillon du laboureur :
le bout pointu sert à piquer les bœufs, Tautre extrémité
est armée d'une petite pelle, qui sert à racler la terre du
aoc et qui s'appelle Bourbouuado.
Dér. à*Aguio,
Agnialas, j. m. Aquilon, vent du nord-est. Il souffle
pour Alais des Alpes piémontaises. — Il y a sans doute
bien loin du latin Aquilo au langued. Aguiala», cepen-
dant on ne peut méconnnaître entre les deux mots un air
de famille. Le q du premier se change souvent en g par
euphonie : c*est ici le cas. Quant à la terminaison, elle
exprime évidemment un péjoratif caractéristique, car on
ne parle de ce vent qu'avec aversion. Le grec a?YiaX6ç,
rivage, bord de la mer, vent de terre, a peut-être aussi
contribué à sa formation.
Agnîô, «. m. Porte-aiguille; pelotte, sorte de coussinet
ou de bourrelet destiné à piquer les épingles et les aiguilles,
recouvert et barriolé de morceaux de drap ou de velours.
Autrefois les femmes de noblesse ou de bourgeoisie en fai-
saient un ajustement de toilette qu'elles portaient suspendu
à leur ceinture à côté de l'aumôniôre ou du daviè. (F. c. m.)
Aujourd'hui des breloques remplacent ces deux symboles du
travail et de la charité : la pelotte a aussi perdu sa place.
Le mot lui-même commence à être hors d'usage : affaire de
mode, trait de mœurs, signe du temps.
Odde, de Triors, dans ses Joyeuses Recherches de la langue
tolosaine, de 4578, décrit comme suit ce petit bijou:
c Aguillier est à dire vn petit peloton de drap que les fem-
mes coustumierement tiennent pendu en leur ceinture, en-
semble auec leur bource, auquel elles mettent et fichent
leurs espingles, et doit estre tousiours beau, ioly, et s'il
est possible neuf et la bource semblablement, autrement
cela n*a point de nez, principalement quand de ieunes
femmes le portent, car il n'est guiere beau et séant à vue
ieune femme de prendre vn vieil Aguillier, non plus qu'il
est beau de chausser quelque vieille sabatte, groulle, ou
escarpin dans quelque belle pantoufle, toute neufue, ou
mettre quelque vieil petas et pièce de drap vsée sur de belles
chausses toutes neufues. Et pour preuue de cela, ie mettray
icy en auant ce nouueau et assez vsité prouerbe en ceste
▼ille de Tolose disant ainsin : A bourço nauuo non eal
aguillier vieil ; et hœc tint dicta nemine nominando. »
Agoio, J. f. Ai^ille à coudre, à tricoter; aiguille de
montre ; pièce de fer pour planter les vignes ou les saules.
— Mentis pas dé la pouncho d'uno aguio, il ne ment pas
d'un iota.
Dér. de Acus, ûs, aiguille.
Aguinclia ou Goincha, v. Viser, prendre pour point de
mire.
Dér. de Guinche ou guènche, louche, parce qu'en visant
ainsi, on ferme un œil pour mieux régulariser la ligne
visuelle, et on a l'air de loucher. Peut -être encore ce verbe
tire-t-il son origine de l'esp. ^wmar^ regarder du coin de l'œil,
et a-t-il la même communauté de sens avec le franc, guigner.
Agusa, v. Aiguiser, rendre aigu, pointu, tranchant.
Étym. dulat. Acuo; acus, acutM.
Agasadooiro, s. f. Pierre à aiguiser. — Voy. Chafre.
Ah I interj. Ah !
Ah I bé I interj. Ah ! pour le coup !
Aï, 4" pers. sing. ind. prés, du v. Avédre; \^2X.
Aï, interj. Aïe, cri de souffrance, de plainte, de sur-
prise. — Ai! dé ma dén/ Ah ! la dent! Aï/ mé fas màouf
Aïe ! tu me fais mal. Aï/ çaï ses ? Ah ! vous voilà?
Aï, diphthongue, c'est-à-dire réunion de deux voyelles
produisant un double son par une seule émission de voix.
L'articulation de cette syllabe, dans la langue d'Oc, se fait
en appuyant sur la première voyelle, tandis que la seconde
reste faible : la voix dominante ici porte sur l'a, elle s'adou-
cit et s'efface presque sur l'i final.
En vertu du principe que toutes les lettres se prononcent
et se font sentir, nous aurions pu éviter de marquer l'ï
d'un signe particulier. L'italien et le grec n'en emploient
pas : ils écrivent simplement farni, vedrai; 6Xaiç6ç, îl|i«i,
xa(, et tous les infinitifs passifs; et leur diphthongue atala
même consonnance que la nôtre. Cependant le tréma nous
a paru nécessaire, d'abord pour marquer une différence
dans la prononciation de l't entre ses variétés d'inflexion
(F. la lettre /); puis, pour sauver une exception que nous
étions forcé d'admettre. Voici le cas : le français a la diph-
thongue simple, sorte de voyelle, formée des deux lettres ai,
qu'il prononce tantôt comme é fermé, /atmai, tantôt comme
è grave, j'aimais; or dans notre dialecte se rencontrent
certains mots d'origine toute française, mais impatroniséset
consacrés depuis longtemps parmi nous, quoique en assez
petit nombre, notamment, pour les citer presque tous :
air, Alais, mais, conjonc. Pour ceux-là nous demandons,
en faveur des lecteurs habitués à lire à la française, de leur
conserver leur physionomie orthographique à la française.
Certes, ils ne perdraient rien à être écrits comme ils se
prononcent: èr. Aies, mé; cependant le moindre trouble
à la lecture résulterait-il de cette configuration puriste, et
il reviendrait souvent, ce serait assez pour justifier une
exception si peu exigeante d'ailleurs. L'emploi du tréma
sur l't après a devient ainsi tout à fait logique, et la règle
se trouve mieux confirmée, en rendant sensible la distinction
et en maintenant invariablement le son diphthongue sur aï.
s
M
itTG
KtG
Alado, «. f. Save» ft Tail, aillsode; coalis da paysuiiikit
itee de l'ail, da peraii et da poivre. En Frovenœ, cette
âance s'appelle eMi, parce quli y entre aussi de Thnile.
Dér. de Aïé.
Aîçaî, adv. Çà, deçà, de ce côté, mais un peu plus loin.
'— IVraHTOtts aïçQï, passez de (à, de ce côté.
Dér. du lat. Hàc.
âîçaliii, adv. lei^bas, ci-dedans.
Gomp. de Aieï et alin.
Aiçamonn, ndv. Cà-haut.
Cotnp. de Àtei et amoun.
Afçamoimdàoa, adv. Çà-haut, mais plus haut encore
que ta place occupée par Tinterlocuteur.
G)mp. de Aïei et amoundâou.
Aiçaval, adv. Çà-bas. Il est presque synon. de Aïçalin.
Gomp. de Aïei et aval.
Aiçi, adv. ici, dans cet endroit. — D'atei-'n-laï, doré-
navant. D'aXeWn-foro, en sortant dlci, de ce pas, doréna-
vant.
Dér. du lat. BUs.
Aiçô, pron. démontt. Ceci. — Que $éra tout aïçd? qu'ar-
riverar-t-ilT que sera-ce que tout ceci? Aï pôou qu'aïçà in-
tara màou, j*ai peur que ceci tournera mal.
Dér. du lat. Hoe.
Afç j-^Anô, phr. faite. Ceci-cela, des si et des mais.
Aie, 9. m. Ail, plante de la famille des Liliacées, AUium
iativum, Linn. — Son oignon se divise en plusieurs gousses
ttommées baségno. L'assemblage de ces ca&ux. forme une
tète qu'on nomme hounèlo.
Etym. du lat. AUium.
Alèdia (s'), V. S aliter, garder le lit.
Dér. de lè.
Aièiro, «. f. ou Aignièiro, «. f. Evier, conduit, égoùt
ded eaux de cuisine.
Dér. du lat. Aqu:irium. — AiSiro n*est que la contrac-
tion euphonique de aïguuiro.
Algadino, «. f. Ondée, pluie subite .d'orage peu vio-
lente; une faible inondation, ou plutôt ^inondation d'un
petit torrent, d'un ravin.
Dér. de Aigo.
Aigagnâou, «. m. Rosée, serein, vapeur exhalée de
l'humus terrestre et condensée par le contact de l'air froid
de la nuit. Malgré la démonstration physique, on dit :
fbfh^ d'ùïgagttâou, comme si la rosée tombait d'en haut.
Le languedocien, passe encore; mais le françiis, qui doit
être et qui est en eflTet plus docte, dit 4 merveille : tomber
d4 ta roêèe, le serein tombe; et personne ne s'en émeut.
Dér. de Aïgo et de gnuè, eau de nuit.
âîgaïè,t. m. n. pr. de lieu. Aigaliers, AquUerium, com-
mune du canton d*Cz^. — Voy. Aïgoike, et i^ro, $uff.
Afgajê, <. m. Ce mot a le même sens que a^gagnéou,
ttsis il est plus générique; il désigne seulement riiumidité
dèa prés, du teirain, de \sk faille de mûrie», trempas (fo
MMé.
J
iigaràdo, 9. f. De l'eau roUgîe, du vin trempé outre
mesttre étqui n'a conservé qu'une teinte rosée ; de la rïn-
(ure, de l'abondance. C'est aussi tme ondée d'eau de vais-
selle.
Aîgardén, «. m. Eau-de-vie, alcool, liqueur plus bu
moins spiritueuse et incolore.
Formé de Aigo et du lat. arden9, brûlant. En esp., a§ua
ardiente; en ital. anc. aequa ardente.
Aigardôntiè, «. m. Marchand, débitant, di^tlâXeur
d'eau-de-vie; particulièrement les marchands adibulânts
d'eau-de-vie, qui la débitent par contrebande dans les vil-
lages et hameaux, loin des agents de la régie.
Aîgasso, «. /"., péjor. d*Atgo. Eau sale, de mauvais ^ùt,
et même de l'eau piire, eu égard au mépris que lui témoi-
gnent les ivrognes.
Aîglo, j. f. Aigle, oiseau de proie, de l'ordre des Ra-
paces; Faleo fvdvu9, Linn. AquUa fu9ca. Le français fait
une distmction de genre lorsqu'il s's^t de l'oiseau, âiirmàl,
qui est masculin, ou de l'emblème, insigne, qui est alors
féminin ; le languedocien n'admet pas cette diïlèrence ;
seulement, lorsqu'il parle de l'aigle romaine ou napoléo-
nienne, il francise tout à fait et prononce èglo. L'un et
rautre mot sont d'origine française.
Aigo, 9. ^., dim. Aïguélo; péj. Atgaeto. Eau. — Fâou
pa9 dire d'aquél' aïgo noun béourat, il ne faut pas dire :
fontaine, je ne boirai pas de ton eau, pour: il ne faut jurrâr
de rien. Vôou pas Vàigo que béou, il ne vaut pas l'eau
qu'il boit; c'est un homme de peu de valeur. Aï pantatea
d*aïgo9 trébou9, j'ai fait un mauvais rêve. Pér avédre dé
bono aigo, fàou ana à la bono fon, pour avoir de bonne
esiu, il faut aller à la bonne source ; qui veut bon conseil,
^adresse à bon conseiller. Faire lae aigo9, se dit des eaux
qu'ime femme prête à accoucher rend aussitôt que lé pla-
centa s'entr'ouvre pour laisser passage à l'enfant. Escampa
d*aigo, verser de l'eau, uriner, pisser. Lae aïgoi li vènou
as ièU, les larmes lui viennent aux yeux . Aïgo que coure
fat pas màou âou moure ; en franc, du XV® siècle, on
disait dans le même sens : Esve {eau) qui court ne porte
point d'ofdures {Vrov. Gall., ms. cité par Le Roux de
Lincy). Aquél viêl a êncaro bono aïgo, ce vieillard est en-
core vert, il a bonne mine. Douna Vàigo, ondoyer un
enfant. Van batéja émbé d'àigo dé mérlusso, il est mal
baptisé, c'est un pauvre chrétien.
Aïgo-boulido, s. f. Eau bouillie, potage à Teau, au set,
à l'ail et à l'huile.
Aïgo-dâou-mêinage, s. f. Eau de vaisselle, lavure.
Aïgo-courén, eau courante, rivière ou ruisseau. — L'adj.
reste au masculin, comme dans le mot suivant, seulement
pour l'euphonie.
Atgo-for, S. f . Eau forte. — Oîi donne cette qualification k
l'acide nitrique ou sulfurique, àcause de sa force dissolvante.
AXgo dé sardos, saumure de sardines. La saumure s^èxprïme
tfuài'par Aïgo-sdou, composé de aïgo et de edou, avec sup-
pression de* l'anDdè, eomme dans les deuit ïboù aaiVanlt.
Ai»!
Àïgfhnafo-, eau da fleurs d'onaog^, eau de «^(i^ Da4at.
4^it^ napt^fha, mèDoesens.
4i^ref9> eau-rose, de fleurs de^rosiw.
Aï^sifnado, eau bénite. Sip^ado, marquée- du signe; d#
lacnûx.
Étyiu. du lat) Àqua; du rad. celU Aa^ ac, ag, eau.
Aîgo-Morto, j. /". n. pr. Aigues^Mortes, ville, arroudis*
siiement de Nîmes.
Ge nom est composé avec l'adjectif qu^ficatif et le
re{iré8(entaot languedocien du celt. aa, aq, aqua, eau» trans*
formé par le roman eve, ave, ive, euve, et ses nombreuses
variantes. Il est entré de même dans Jv^Ftvo, Aignes-
Vives (Gard), et autres.
AîgO'pomiGbo, s. /. Bourge-épine, espèce de nerprun ;
HamtuM euihariicus, Linn. Arbrisseau de la famille des
Frao^acées, dont la feuille, l'écorce et surtout les baies
sont purgatives. — Avec le suc épaissi des baies de ner*-
pmn et un peu d'alun, on prépare la couleur verte connue
sans le nom de vert de vessie.
Aiffoùs, onso, adj. Aqueux, de la nature de l'eau, qui
contient de l'eau, abondant en eaui
Dér. du lat. Aquoius, formé du rad. celt. Aa, œ, ag,
«W/Cau,
n n'est pas peut-être de radical qui soit entré dans la com*
position de plus de mots, avec plus de variantes. Nous ne fai-
sons pas ici un dictionnaire géographique, pour le relever dans
tous les noms de lieu qu'il a formés ; mais nous le signalons
dans quelques localités les plus rapprochées» pour constater
certaines analogies étymologiques à l'appui de ce que nous
disons des noms propres locaux. Ainsi Aïgouâo, Saint-Lau-
rent*d'Aigonze (Gard), eiAïguéto, Aignèze (Gard), AiUgaiè,
AquUerwm, Aigaliers (Gard), identiques entre eux, le seront
encore avec Agusarguêi, Agusanieœ, Agusargues (Hérault),
avecAgnaan» communede Gonqueirao(Gard) ; avec Aguessac
(Aveyron), Aguillan (Drôme), comme avec Eyguières, Aquor
Ha, et Eygalières, Aqtuiria (Bouches-du-Rhône) ; et de même
avec.6uzargues ( Hérault), et Guzan (HérauH) , par apocope de
Va initial. Tous ces noms sont dérivés de la même source,
et la différance de leurs désinences n'ôte rien à leur com^
munanté d'origine et de signification, — Voy, Argue.
AigO'YéB, $. m. Eau-versant, les eanx-versantes d'une
montagne, terme de cadastre: l'arête, l'angle supérieur du
prisme de la montagne ou de la colline.
D^. de Afgo et de vê$, en bass.-lat. Aqui-vergium.
Aigre, $, m. Coin de fer, outil quelconque faisant levier,
quelquefois même une pierre plus dure que les autres, qu'on
donne pour point d'appui au pied-de4>iche d'un levier, quand
on vent soulever une masse, ou débiter un banc de piene,
OB' faire une pesée. C'est ce qu'on nomme en français :
er^fMÂ/. — Ce mot, qui n'est guère usité que chez les carriers
et les chaufibumiers, a donné naissance à un verbe fort
employé, aïgréja, et dont l'acception figurée .est^clasai^pie
e|.mn]ti|iUée dans ses applications.
D^.dià,A)i0rep j^ étyin« lat. oeep, «ç^,.
k, SI», adj\ Aigre, acidev piquantam §oùt ; avi%»
piquant, fâcheux, mordant.
Aigréjavt}. Aigrir, sentir l'aigre, toujraer àTaigra)—
Voy.. Aïgre, adj.
Aigréja, v. Au prop. secouer fortement, soulever avec uu
levier, faire une pesée. Au fig., mettre en monvemeot,
mettre en route, décider. S* aïgréja, commencer à se remuer,
se secouer, s'aviver, se mettre en train. Un enfant «'ai'^jo
quand il se réveilley qu'il se démène et qu'il commence' à
pleurer.
Dér. de Aïgre, s, m.
AigrétOff «. ^. Oseille; Bumex acetasa, HumexseutaiÊtê,
Linn. Plante champêtre et potagère à saveur très^cide.
Dér. de Aïgre, adj.
Aigri (s'), v. S'aigrir, devenir aigre, passer à l'aigre.
Aiguéift, V. Laver souvent; arroser, mouiller, baigner;
passer du linge à l'eau simple.
Dér. de Aïgo.
Aignièiro, t. /". Evier. — Voy. AïtXro,
Allai, adv. De ce côté-là, de l'autre côté. — LaietoM
aquà aïlaï, laissez donc cela; brisee-là; n'en parlez plu»,
— Voy, D'aïlaï, En4aï.
Formé du lat. Ad et Ulà, ou Ulàe.
Aîlamonn, adv. Là-haut, au-dessus, amont.
Formé du lat. lUà, et ad montent, vers la montagne, du
côté d'en haut.
Ailamoundâon, adv. Bien plus haut. C'est un augmea*
tatif d*Aïlamoun, en y ajoutant dâou, haut, qui est un
réduplicatif de awioun.
Aîlaval, adv. Là-bas, aval.
Formé du lat. Illà et de ad vallem, vers la vallée, vers
le bas.
Aima, v. Aimer, prendre plaisir à, se plaire à, désiren
Dér. du lat. Amare.
Aimable, blo, adj, Dim. AïmaUoin, aïmablita; péjor^
AimabUne, so. Aimable. — Le péj. aïmabUte ne se dit qo4
par contre-vérité. — Ses aïmablast vous êtes gentil! repro*
che-tron à quelqu'un qui fait ou dit quelque chose dQ
désagréable, de mauvais goût.
Amargue, j. m. n. pr. de lieu. Aimargues, qui s'écrit*
vait aussi Aymargues, commune et petite ville dans le caib
ton de Vauvert (Gard>.
Le nom à'Aimatgue, parmi ceux qui portent la raêma
finale, se prête moins qu'aucun autre àlacombinaisoafim.'*
taisiste qui voulait que toutes ces dénominationsdésignassent
des maisons de campagne ayant aj^rteau dans l'origine anu^
plus nobles familles patriciennes de Rome, ou tout au- moins
à leurs riches affranchis établis autour de la métropole 4a
Nimes. Dans la composition du mot, il n'entre ni le nonv
d'homme ^miUw, ni même le latin ager, domaine.
Pour s'en convaincre, il suffit de dégager d'abcfid^ lai
désinence adjective argm, sur le sens et Torigiae de l%w
quelle nous nous^expliquons* — Voy. Argm^, Reste le^
corps du mot ; et remaïquoDs^iu'U a «ûbi)Mett*âesrlraiifrP'
36
AIN
Aïs
mations, et que sa lorme la plus récente n*a pas pu d'évi-
dence autoriser sa plus ancienne dérivation.
Or, le premier titre latin qui mentionne cette localité,
est de Tan 84 3 ; elle y est appelée Ârmasaniea in littora-
no. En 961 , et dans les actes publics depuis cette époque,
on écrit tantôt Armasianici, Armatianieœ, tantôt ArmcLda-
nieœ, Armaxanieœ, qixï se fixent enfin en Armcuanica,
Dans le même temps, comme pour tous les noms à finale
identique, la langue vulgaire disait Armasanêgues, qui se
trouve dans les vieilles chartes, et plus tard Emargues,
Marguêê, Aimargues.
En latin, comme en roman, on le voit, le radical est le
même; et il s'est conservé en languedocien. Armas ou
Ermas, qui signifie, dans notre vieil idiome, marais, ter-
rain marécageux, vague, inculte, s'approprie très-bien à la
situation d*Aimargues, encore in littoraria au IX* siècle,
et à plus forte raison quand l'appellation dut lui être ap-
pliquée. Arma$aniea ou Arma$anigue» supposent le pri-
mitif Armat-^c ou Arma$-^, ayant passé par Armaê-ana
ou Armas-ata, latin, et n'ont pas d'autre sens que, champ,
domaine, propriété, villa de VArmtu. Ce qui est modeste,
et moins flatteur peut-être que la descendance romaine ou
gallo-romaine de jEmiliut, mais plus certain et plus naturel.
— Voy. Agno, tuff.
11 est vrai que, dans la forme nouvelle, la substitution,
sur la première syllabe, de la lettre t à la consonne r est
étrange; mais le fait n'est pas isolé, on le dirait même sys-
tématique dans la composition de noms de ce genre dans
notre pays. En effet, pour le Gard seulement, on trouve
Gondargues, représenté par le lat. Gordanieu» et Gorda-
nieœ; Boussargues, par Brossanieœ; Bassargncs, par Bar-
Monieœ; Goussargues, par Gorsanieœ; Massargues, par
Mananieœ.
Malgré les variétés de désinences qui se sont attachées
à la racine, il convient de rapprocher les analogies qu'in-
diquent et que justifient les changements eux-mêmes du
nom d*Aimarguê que nous venons de signaler. Ainsi nous
trouverons les mêmes mots dans : Arman (Basses-Pyré-
nées); Armeau (Isère); Armens (Gironde); Armons et
peut^tre Armagnac (Gers) ; Herm (Landes et Basses-Pyré-
nées) ; L'Herm (Gironde) ; L'Herm (Ariége, Haute-Garonne,
Lot) ; Hermaux (Lozère) ; Armes (Isère) ; Arinissan, Armel-
lan (Aude); Armilhac (Lot-et-Garonne). Que ces dénomi-
nations ethniques viennent de notre armas, langued., ou du
gr. fpi){AO{, qui a fait le lat. eremus, leur identité est incon-
testable, et justifie notre système de formation des noms.
Aina* ado* j. et aàj. Aine, ée , le premier né des en-
fants; par ext. personne plus âgée qu'une autre. — Dans
les familles villageoises, il est d'usage de distinguer le fils
atné en l'appelant Vaïna, le puiné eadé, et les antres, de
leurs prénoms. — Faïre un aïna, faire à son fils aine tous
Ifli avantages que permet la loi. Sèê moun aïna dé quatre
U vous êtes plus âgé que moi de quatre ans.
Dér. du lat. anH naiui^ né avant.
Air ou £r, j. m. Air, fluide qui entoure le globe ter»
restre; vent, ventrcoulis; mine, manière, physionomie,
façon, allure; chant. — Ana$ préne Voir; adiez prendre
l'air. Faï d'air, un pdou d*air, il fait de l'air, il fait un
peu de vent. A prés un air, un co d'air, il a pris froid, il
a une fluxion, une transpiration arrêtée. Prén un air, il
prend des airs de fierté. A un air dé se feha dé ièou, il
semble vouloir se moquer de moi. Dono d'air à soun pèro,
il a un air de ressemblance avec son père, c'est tout le
portrait de son père. N*a pas l'air, il ne parait pas. Cantor
nous un air, chantez une chanson.
En l'air, adv. En l'air, en haut.
Dér. du lat. Aër.
Aîradé, s. m. Airelle ou myrtille, Vaeeinium myrtUlus,
Linn.; petit arbuste de la fam. des Bruyères ou Ericacées.
— Il croit sur les hautes montagnes, et ses fruits sont assez
agréables au goût.
Dér. du gr. AtÇ, a^y^ç, de chèvre, plante de chèvre.
Aire ou Ëré, s. m. dim. de Air. Petit air ; air, mine,
tournure. — Un aire rharman que noun saï, un petit air,
une tournure charmante et gentille comme on ne peut
mieux.
Airéto, s. f. Petite enclume de faucheur pour rabattre
la faux, pour étirer son morfil.
Airiè, s. m. Chef d'une aire à battre le blé; celui qui en
dirige les opérations.
Dér. de A\ro.
Airo, «. f. Dim. Aïréto, Aire, plate-forme pour battre le
blé ; plate-forme pour les tuiliers, les potiers.
Di^rivé du lat. Area,
AîrôoQ, s. m. Dim. Aïroulé. Airée, la quantité de
gerbes qu'on foule à la fois sur l'aire ; jonchée de diffé-
rentes choses répandues sur la terre. — Bamassa la pas-
turo à bèUs aïrôous, ramasser du fourrage trop clair-semé
par jonchées de quelques pouces d'épaisseur.
Dér. de Aïro.
Aisa, do, adj. Aisé; mais il n'emprunte àcet adj. franc,
que cette seule acception relative à l'aisance de fortune.
Appliqué aux personnes, il signifie : douillet, délicat, qui
aime ses aises, qui plaint sa peine. Dans ce sens, il se
rapproche de Coumode, F. c. m. — Aqud po se dire un
hamê aïsa, voilà un homme qu'on peut dire jouir d'une
honnête aisance.
Dér. de AUe.
Aîsanço, s. f. Commodité, faculté, convenance. Par
opposition au mot précédent, aisanço n'est jamais employé
pour aisance de fortune. — Aquà*s une bèlo aîsanço, cela
est fort commode, cela évite de la peine, des corvées.
L'aXsanço d'un ouslâou, la bonne distribution, les facultés
d'une maison, un arrangement commode où chaque choee
est à portée.
Dér. de Aïse,
Aisa, «. m. Dim. Aïeé, augm. iron. Aïsas, Aise, ooa*
lentement, commodité, repos heureux, satisfaetion,
AÏS
AJU
37
gêne. — Sotil en aU$ dé vous véire, je suis charmé, bien
aise de vous voir. AqtUl Kome éi à soun aXse, cet homme
jouit d'une honnête aisance. Faraï aqud à moun aïs$, je
ferai cela à loisir, sans trop me presser. Marcha à toun
aXie, marcher à pas lents, an pas de promenade. Y-ana
d'aXtê, aller doucement, avec précaution, sans se presser.
Prénê nus aïses, se prélasser, se dorlotter : c'est le far-
niente des Italiens. Vaï à toun aM$a*, moun home, ne te
gêne pas, mon garçon.
Étym. du gr. ATaa, convenance, bienséance, d'où aîdioç,
heureux, favorable.
Aises, j. m. pi. Êtres d'une maison, d*une contrée. —
Sa loue aïses, se perdra pas, il connaît la maison, le pays,
il ne s'égarera pas. Un chasseur doit connaître tous aïses,
les allures, les mœurs, les remises du gibier.
Aid, ido, adfy • Commode, facile; bien à la main. —
Aquéloustdou es bien aïsi, cette maison est fort commode.
Aquélo pioio es bien aïsido, cette cognée est bien à la
main. Sa fénno es pasgaïre aïsido, sa femme est d*humeur
revèche et peu facile à vivre.
Dér. à'Aïse,
Aisino, «. f. Nom générique que l'on donne à tout
ustensOe, ou meuble, ou vase, qui sert à contenir soit un
liquide, soit un solide. Ainsi, un panier, un plat, un seau,
un tonneau, sont tout autant ài'aïsinos.
Dér. de Aïeï.
Aissado, s. f. Dim. Aïssadéto. Marre, houe, outil de
jardinier. — Dans les Hautes-Cévennes et dans le Vivarais,
cet outil a un manche assez court, sa lame est triangulaire
et légèrement recourbée en-dedans; c'est la même forme
que la maille ou maigle de Bourgogne et la chèvre de Lor-
raine. A Alais et dans les environs, le manche en est long,
la lame large en carré-long et tranchant au bout ; sa sur-
face est plate; elle décrit un angle de 45 degrés avec son
manche, qui s'y joint par un anneau ou œil et non par
une douille comme la pelle. Vaïssado ou trénq%ui jardi-
gnêtro est plus large de lame; l'angle de la lame et du
manche est plus aigu que dans le précédent outil. Celui-ci
sert particulièrement aux jardiniers pour faire les semis ou
piantattoos à raies dans un terrain meuble, et à creuser les
canaux d'irrigation.
V Aïssadéto est une serfouette, petit outil à lame pointue
du bout, à l'usage des jardiniers et fleuristes, pour gratter
la terre autour des plantes jeunes et délicates.
D6r. du lat. Aseia.
Aûsadoù, s. m. dim. Le même que le précédent Aïssadéto.
Ai8sé)a, V. Se plaindre, geindre, soupirer.
Formé de l'interj. Aï/ — Ces sortes de formation des
vertes fréquentatifs sont un des caractères particuliers de
la langue d'Oc. Les augm., les dim.« les péjor. appartien-
nent à un même ordre d'idées. Il est peu de mots dont on
ne puisse Uàre un verbe, et peu de verbes qui ne puissent
ncB9m et sdmettre la désinence éja, qui amoindrit, adou-
C^m leuforoe même le sens primitif.
Aisséjaîre, ro, adj. Douillet, qui aime à se plaindre,
qui ne cesse de gémir ; malade imaginaire.
Aîsséto, s. m. Aissette ou aisseau, petite hache de ton-
nelier et de sabotier, dont le manche, d'environ six pouces
de long, porte un fer qui a d'un côté un large tranchant
recourbé, et de l'autre une panne, un marteau, et quelque-
fois une douille simple.
Étym. du lat. Ascia, hache.
Aîsséto, s. f. Plainte faible; soupir continu d'un enfant
qui souffre, propre particulièrement à Ma fièvre. — Aqud
éfan méno uno aîsséto que dévigno pas rés dé bo, ce pauvre
enfant a une manière de se plaindre qui n'est pas de bon
augure.
Même rac. que Aïsséja.
Aîtabé, Tabé, Aîtambé, També, adv. Aussi, aussi
bien, à cause de cela.
Formés de Tan ou aïtan, autant, et de bé, bien.
Aitan, adv. et s, m. Autant, tant. — Un âoutre aïtan,
une autre fois autant.
Ainènclia (s*), v. S'éloigner, s'écarter d'un lieu, d'une
personne.
Dér. de iuèn.
Aja, ado, adj. Agé, qui est avancé en âge.
Trad. du franc.
A-Jal interj. Cri de commandement d'un charretier pour
faire obliquer son attelage à gauche.
Ajassa, v. Coucher par terre, ou sur un lit. — Bla
ajassa, blé versé.
Ajassa (s*), v. Se coucher, s'étendre. — En parlant des
vers à soie, il signifie : entrer en mue, se coucher sur la
litière {jas). — Lous magnas couménçou dé s'qjaua; s'ajas-
sou à las quatre, les vers commencent à entrer en mue ; ils
sont à la quatrième maladie.
Dér. de Jas.
Aje, s. m. Age. — H semble une simple traduction
du franc. C'est un de ces mots qui, manquant à la
langue, ont dû être empruntés à leur voisin. En bon
languedocien, on l'évite autant que possible. — On dit
très-bien cependant : Vn home d'aje, un vieillard. Es
éncaro d'un bon aje, il n'est pas encore trop âgé.
Se fat adija din Vaje, il commence à être d'un âge assez
avancé.
Ajouqua, v. Jucher, percher, accrocher en haut.
Ajouqna (s'), v. S'accroupir, s'assoupir, s'endormir sur
sa chaise; en parlant des perdrix, se raser, quand elles
aperçoivent l'oiseau de proie.
Etym. du lat. Jugum, perche, juchoir, ou de Jaeere.
Ajougne, v. Atteindre, attraper, joindre quelqu'un qui
marchait devant.
Dér. du lat. Adjungere.
Ajnda, v. Aider, secourir, venir en aide. — Les villa-
geois, lorsqu'ils invitent à dfner un ami, ne manquent
jamais de lui annoncer le mets principal du repas. Ainsi
on lui dit : Vendras m'ajuda à mat^'a uno ésptmléto, tu
38
ALA
ALA
viendrns pivndre U\ part d'une ••claMch»\ Diou m'ajute.
Diou ino s<»il en aido.
Dt*r. du la t. Adjuvare.
Ajudo, s. f. Aido, secours» assislaiico, prolr^clion ; celui
qui aide dans un travail. — As uno bono ajudo tmbé ta
fénno, lu as un Ijdu associé av(\' ta fcinine. Siès dé pùouro
ajudo, lu es d'un Taiijle si»cours. Ln pdou d'ajudo (ai
gran bé, Prvb, un peu d'aide fait grand hien. On dit alter-
nativement : Iton dre a besoun ou n'a pas besmin d'ajudo,
le bon droit a ou n'a pas besoin d'aide. Le ]>reiiiier sens
est rassurant: il ne faut i)as toujours se lier au second.
Dér. de Adjuvare.
Ajusta, r. Ajouter, joindre, ajuster, additionner, n)ellre
(luelquc cb«\se île plus ; viser pour atteindre uri but en
tirant. — Les pn'uiières acceptions dériv(Mit de adjutuferv,
joiiulre (MisiMnbli* ; la dernière est formée du lat. ad-justum,
juste, droit.
Ajustoù, .V. m. Petite pièce de bois ou d'étoile, ajoutée
par assemblage ou par coutun» .'i une autre trop courte ou
trop étroite.
Dér. du lat. Adjungere.
Al, artic. masc. 5m<;. //af. Au, rornan-languedocien ; iini-
silé aujourd'bui dans notre dialecte, mais encore emj)lo>é
dans la régi-n montagneuse des Cévennes, et même dans
une partie de Tllérault. 11 est formé par la contraction de
à lou, (pii a donné dou. — l'oi/. Aou.
Al est aussi l'article arabe (jui s'est incorporé ^ quelques
mots lang. et fr., tels que alamb),e\c.
Aladèr, .v. m. Alaterne vSauvage; fihamnus alaternus,
Linn. Arbrisseau de la famille des Frangulac^^'es, toujours
vert, qui croit sur nos collines et surtout parmi les bruyères,
auxquelles il se trouve mêlé quand on s'en sert pour ranger
les vers à soii*; sa feuille ressemble à celle de l'cjlixier.
Son nom lat. alaternus est probablen)enl une altération de
alternus, parce (jne les feuilles de Valad^r, alaterne, sont
alternées sur leurs brandies.
Alafan, s. m. Llépliant; Elephas maxîmus, Lirni. Manj-
mifère onguiculé de la fam. des Pacbydermes. — Alafan
est une pure corruption du français ou plutôt un purisnie
languedoci<ui, dont le génie tend à s'éloigner du type fran-
çais, ab)rs qu'il est obligé de lui faire un enq)runt.
Élym. du lat. Elephantus, dér. du grec KÀfya;.
Alais ou Aies, s. m. n. pr., Alais, ville. — Ce nom a
exercé bien des l\)is les in\estigations des étymologistes. On
a prétendu rexpli(]uer par les armoiries de la ville, puis par
sa configuration et môme par son orientation. L'écusson
porte, en eiïct, un demi-vol d'argent sur cbamp de gueules;
mais avant ré|)f)que incertxiine où celte aile lui fui doiniée,
avant que la science du blason eiit été mise en bonneur, la
ville et son nom existaient, cl n'est-il pas naturel de penser
que le nom fil naître l'idée de prendre une aile comme armes
parlantes, au lieu d'imaginer que les armoiries inspirèrent
le nom? 11 parait tout aussi difficile d'admettre les autres
systèmes. La rose des vents n'était pas inventée avec ses
indications d'/:.v/ et d'Ouest, (juand le bapt^'^me se fit. D'ail-
leurs la forme Atest dérivait de Alestum, traduction latine
a l'usage des tabellions, du nom roman Aies, de lieaucoup
plus ancien. Enlin, connue la ville ne s'était pas impro-
visée d'un seul jet dans nu moule tout tracé, comment
c^Hle ligure d'aile aurait-elle été assez nettement dessinée
dès sa ])reiiiièri' plinne, alors qu'il fallut la nommer, pour
iléternjiner rallusion ? Le mot ile l'énigme n'est pas dans
ces découvertes, jilus ingénieuses que vraies, l'ne autre
solution du problème se présente.
("<'st au mot lui-même (ju'il faut s'adress'^r pour trouver
s:i racine. Or, l'bisloire l'ail remonter le nom d^Alesia aux
Ages les plus reculés. Llle raconte que, treize siècles envi-
ron avant l'ère cbrélienne, les Celtes, sous le nom de Volces
Arécomicpies, qui <<.rupaient le littoral méditerranéen de
la Gaule, eunMil A lutter contre une invasion de naviga-
teurs pbéniciiMis, descendus sur leurs ri vag<^s. La colonie de
Tyr venait »'\plorer ces contrées inconnues et y apporter
sa civilisation et le commerce. Son but était d'exploiter les
mines de nos Cè\eini»'s, où ror«.'t l'argent se rencontraient
alors pres(jue à fieur de terre, et de faire l'écliange de ses
jjroduits. Elle établit deux st:nions commerciales, à proxi-
mité l'une de l'autre, j)our s' prêter un mutuel seœurs. La
première, plus voisine de la m m*, s'appela IS^amauz, de
Mawa, en Ci'ltii|U!\ l'onlain.', ou de yeimkeish, gai:'lique,
(jui se prononce iScmcse, d'où on a fait IScmausus, ISismes
et yiincs. La s'coiiile, plus baut, au centre de l'cxploita-
li<ni et du tralic, fui nommée A/esia.
L'attribution est certaine jiour Mmes; les plus graves
bistoriens ne la mettt'nt pis non plus en doute pour Alais.
S'il eu était autrenu'Ut. il serait au moins singulier de
trouver, après tant de si'rles, les deux no:iis s'appliquant
aux deux localités dè.^ignées par les anciens géographes
grecs, dans les mêmes conditions lopograj)liiques, avec la
même raison aj^pellative, et uJie pareille communauté' d'ori-
gine et d'existence.
Au reste, celte Afev'a primitive, malgré l'opinion de
M. de Mandajors aujourd'bui abandonnée, n'a rien de com-
mun av(\', VAlesia de Vercingétorix» que la ressemblance
de son nom, tiré du mêiiie radical <'t exprimant une posi-
tion semblable. L'invasion d H 'roule dans les Gaules,
ses conquêtes et ses voyages ne sont qui^ Lî symbole de la
marche et des j)rogiès di' l'antique civilisali m phénicienne,
et ce n'est cpie par une flatterie imaginé^ sous Auguste,
pour bononîr la mémoire de César, vainqueur d'Alesia,
que la fondation de la grande cité gauloise fut rattachée
aux aventures du demi-di.ni mytliologi(pie. Mais la confu-
sion n'est pas possi!»le; car les commerçints de Tyr n'au-
raient pu pénétrer si avant dans les terres, ni s'éloigner
des Cévennes, où leur exj)loitalion de l'or les avait attiréa
et les retenait.
Cam{)emenl Jlxe. .station commerciale ou ville, il importa
peu; rien n'est resté que les deux noms. Voilik pour lai
inductions historiques.
kt'k
cioifiine aërmôre Ipreuve, fô lîom a b^oîn S'être soumis
à TaDaiyse àâns sa composition. Il tient au celtique, piiisqùe
la langue du pays où il était employé pouvait seule servir à
la dénoininaiion ; et dans cet idioène il doit être sîghlfîcalîf .
Constatons d*abord la forme la plus ancienne : c'est
celle qui, dans les noms propres et de lieux, rend le mieux
ooinpte de leur formation, qui les suit et s'attache à eux
avec le plus de persévérance. Pour Alais, lé mot est écrit
dans lés vieilles chartes Aies ou ÂUêx, Âlesià ou Àlexia est
composé selon le génie du grec ; mais la désinence expié-
tive' ià laissé facilement apparaître le radical primitif.
Les deux syllabes du mot appartiennent au celtique.
JH où ùll, cité par Virgile et expliqué par Àusonne {Àl
Ce/tonim), signifie : hauteur, élévation, sommet, montagne.
Il est reproduit par le latin altus, correspondant à excelsus;
et dans toutes les langues dérivées, il em^rte égalemeiït
ridée de hauteur. Es ou iz final est aussi d'origine gau-
loise, n est fréquent dans les noms du Midi , où on le
relfbave pour déàigner une ][>ortîon de territoi^re, une région.
II imprime à la racine al, en s'y joignant, comme une
idée dé provenance, de dérivation. Dans ce sens, le mot
entier ne pourrait que signifier : pays élevé, contrée haute,
vère là montagne. C'est là, en effet, la désignatfoù îà plus
caractéristique, celle qui exprimait le mieux la polàltiqn,
qui s'appliquait exactement à un certain territoire'. Quand ta
ville, plus tard, vint à se bâtir, il était naturel dé Fa dési-
gner par le nom appliqué au pays sur lequel elle s'emplaçait.
Ses commencements furent si faibles, qu'ils ne méritaient
pas d'abord de dénomination spéciale de vilîe. Mais tout
concorde et se réunit pour rendre ces faits et îeiirs circon-
stances vraisemblables ; il n'en faut pas davantage pour que
notre ëtymologie soit juste.
Après les diverses altérations que nous venons d'indi-
quer, le nom était revenu à sa forme primordiale ; il s'écri-
vait Aies ou Alez, en français, au commencement du
XVIIf* siècle. Alors, pour éviter la confusion avec une autre
ville du Midi, son orthographe définitive fut fixée en Alais.
Nous la maintenons ainsi ; mais sans vouloir pour cela
que sa prononciation languedocienne soit altérée, pas plus
qu'elle ne devrait l'être en français. Les habitants du Nord
nous chicanent un peu sur ce point. Ils prononcent Alais
comme Calais, palais, etc., et s'étayant de l'analogie, ils
trouvent ridicule qu'en Languedoc nous fassions sentir, en
parlant, le s final. Serait-ce vraiment un gasconisme que
l'on aurait le droit de nous reprocher, et une contravention
an beau langage, dont tout le Midi se rendrait coupable?
liais si les puristes ont raison de blâmer cette manière de
faire sentir ici la consonne finale sifflante , pourquoi l'adop-
teàt-ils lorsqu^il s'agit de Reims, de Sens, A'Aix, qui, à
coup sùf, ne se prbiloncent pas comme reins, sans, faix,
qU f Pour vivre et parler de bonne intelligence, ne vàu-
oraii-ir pais mieux: se montrer moins difiiciles? (t est inu-
tile d'aborder une discussion sûr les noms propres' et de
lieux» mais il nous semble qu'on ferah'Bien' de i^soiiare
Âtl
3^
la question en favéiir dé la prononciation locale^ qui dô^t
èti*e généralement adoptée : car c'est la seule manière de
s'entendre partout, et même de parler correctement. ^,
Handa ou Alandrà, o. Ouvrir une porte , une fénètré à
deux battants. — De même qu'on dit : Manda la porto,
ouvrir tout à fait la porte, on dit aussi : Alandà hu troûpU,
l&cher le troupeau, le faire sortir de la bergerie grande
ouverte ; Alandà lou fid, faire brùleir le feu , et Alahéfa
sa mérchandiso, étaler sa marchandise. Dans toutes œs
acceptions, il se trouve un certain contact, une sorte de
rapprochement qui peut servir à expliquer la racine du
mot. Ne viendrait-il pas de àd laium, au large?
Alânda (s') v. â'ètendre par terre, tomber de son long.
Alaingui, ido, adj. Triste, languissant; abattu, affaibli
par le chagrin ou la maladie.
Dér. de ixinguï, venant du lat. Languerè,
Alâougàîrl, v. Décharger, alléger, fendre plus léger. —
S'aldougêtri, se dévètfr, prendre des habits plus légers. Le
proverbe dit :
Aou mes ^ab'rlou
TalAougèïres pas d'un flou ;
ÂovL mes dé maï
Fâï éé que té plaî,
Aiiiat ëdcai^ nôuii saï :
Au mois d'avril, ne te dévêtis pas d'un fil ; au mois de mai,
fais ce qu'il te plaira, et je ne sais encore si c'est pnident.
Dér. de Lâougé.
Alâouso, s. f. Alose; Clupeà àlosa, Linn. Sorte de
poisson de mer qui remonte lé Rhône par grandes bandes
pour aller déposer son frai. Sa chair est fort bonne après
qu'il a vécu quelque temps dans l'eau douce, tandis que,
pris dans la mér, elle est sèche et dé mauvais goût.
Alapàs, «. m. Bouillon-blanc; iterha^cum lapsus, lAnn.
Plante cotonneuse, âl fleur blanche ou rose, agreste, adou-
cissante, vulnéraire, détersive. — Vog. Bouïoun-hlàn.
Alapédo, s. f. Asphodèle ; Asphodélus, Linn. — Vola-
pédo à fleurs blanches est fort commune dans nos bois. De
la pulpe de sa racine, on fait une espèce de pain assez
mangeable. Cette qualité était sans doute connue des
anciens : car les' Romains avaient fait de l'asphodèle une
plante des tombeaux; ils la plantaient autour des mo-
numents funèbres, pour donner aux morts ou à leurs mânes
le moyen de se substanter. — Voy. Poùraquo.
Alargà, t/. Elargir, faire sortir un troupeau de la ber-
gerie. — S'alarga, s'étendre; devenir libéral. — QiMn-t-un
vtlèn s'alargo, tout y vd%, il n'est rien de tel qu'un vllâîn
qui se met en train.
Dér. de Large.
Alari (Sent-) , n'. pr. Saint-Hilaire, nom commun' à pfù-
sieurs villages.
Du lat. Bilatis.
iàarîa, V. Elargir, rehdfre ptiis large, uii vêlémëiil, iltl
champ, un ine\iblé, un cânkl, ùïiè fenêtre, iffi trou.
li^r. de targe.
40
ALË
ALI
Alarmo, f . f. Tocsin. — Ce mot n'a pas d'autre acception.
n est formé de à Varmo, aux armes, cri pour courir aux
armes à l'approche de l'ennemi. En ital. on dit : M'arme.
Alata, V. Elargir un troupeau, lui donner la clé des
champs. — Le même que Alarga.
Dér. du lat. adlata, sous-ent. dêJueere,
AlccYTO, «. f Alcôve. — Corr. du fr., m. sign.
Étym. : al koba ou el-kauf, en arabe, cabinet où l'on
dort, tente. En esp. Alcoha et aleova.
Alédro ou Ânédo ou Coutèlo ( V. c. rn.), s. f. Narcisse
blanc des prés. Narcissui poetîcus, Linn.
Dér. du lat. ÂlbeJo, blancheur.
Alègre, «. m. n. pr. Allègre, commune du canton de
Saint-Ambroix , arrondissement d'Alais, et nom pr. de
plusieurs autres villages. 11 est aussi quelquefois nom pr.
d'homme. En lat. on le trouve écrit dans les anciens titres,
AUgrium et Alergium.
Ce nom est assez répandu; mais sa désinence n'est pas
commune, car on ne la rencontre, dans noire langue, que
dans péeègre, pernea, et sègre, iequi, avec ses deux composés
eoussêgre çXpér sègre. Cette circonstance, et surtout la variante
latine, semblent être l'indice d*une altération ou d'une trans-
position de lettres dans la terminaison. En ce cas, un primitif
en irge se laisserait soupçonner, et, parla prononciation du
g dur, on arriverait à èrgue, finale adjective identique à
argue. Les exemples de ces inversions ne sont pas rares.
De là, le corps du mot ne présentant d'ailleurs qu'une
variété d'orthographe bien coimue et insignifiante, Tana-
logie serait directe entre Alègre, Alargue, et Aleyre, et
Alèirargues, qui ne sont eux-mêmes qu'une forme de
Alairac (.\ude); Aleyrac (Drôme, Hérault, Haute-Loire);
Alèira, Alleyrac (Gard) ; Alleyras (Haute-Loire) ; Allerand
(Marne) ; Allaites (Morbihan) ; Alayrac (Aveyron, Tarn) ;
Alairas (Ardèche); Allcyrat (Corrèze, Creuse); Alliéres
(Sarthe) ; qui auraient produit, par apocope de l'a initial,
Layrac (Ihute-Garonnc et Lot-et-Garonne) ; Leyrat (Creuse) ;
Lirac (Gard) ; Leran (Ariége) ; Leren (Basses-Pyrénées); Laires
(Pas-de-Calais) ; Lairargues (Hérault). Tous ces mots ont, en
effet, pour racine \ealgallicum,^Q Virgile, a/ Ce/tarumd'Au-
aonne, pour indiquer l'altitude, l'élévation, les montagnes.
La conformité du nom de notre Alè$, Allez, Alais, semble
encore le ranger dans la même famille étymologique.
Alémagno, n. pr. Allemagne. — On donne le sobriquet
à*Alimagno à un Allemand, ou même à quelqu'un qui a
voyagé et séjourné en Allemagne.
Aléman, ando, adj. Allemand. — Jmm Alémandos est
devenu le nom d'un quartier où se trouvait une ancienne
taverne; c'est aujourd'hui une tuilerie à un kilomètre
d'Alais, sur l'ancienne route de Saint-Ambroix. Il doit y
avoir un siècle à peu près, deux femmes, des Alsaciennes
peut-être, vinrent là établir une buvette qui attirait les
chalands. Elles se firent peindre sur la façade de la maison
par un barbouilleur de l'endroit; cette image, à demi effa-
cée, se distingue encore : de là le nom, qui s'est conservé.
Alénga, ado, adj. Grand parleur, beau diseur ; qui a
la langue bien pendue, bien affilée ; qui a réponse à tout.
Dér. de Léngo.
Alerte, adj. seulement /em. Alerte, éveillée, vive, dé-
gourdie.
Trad. du fr.
Aléstl, V. Préparer, apprêter; disposer; mettre en état.
Dér. de Leste.
Aléva (s*), V. Se lever. — Ne se dit que du temps quand
il tourne au beau, qu'il se lève.
Algarade, s. f. Algarade; mercuriale, réprimande; re-
proches bruyants et publics.
Étym. de l'arabe et de l'esp. Algarada, qui signifie :
course sur l'ennemi brusque et imprévue.
Alibeufiè, s. m. Aliboufier ou alibousier, storax, styrax;
Styrax officinalis, Linn. Arbre de la fam. des Ébénacées.
Il découle de cet arbre, dans les pays chauds, un suc bal-
samique connu sons le nom de storax, que l'on conserve
ordinairement dans des roseaux, ealamtn ; de là le nom
de calamité appliqué à cette résine.
Son étym. serait-olle prise de Aie, haleine et de boufa,
souffler, à cause de son odeur d'encens T
Aligna, v. Aligner, ranger sur une même ligne droite.
— S'aligna, se battre en duel.
Dér. du lat. A pour ad, et linea.
Alimâeul interj. Péj. Alimàoudat! Animal! butor!
grosse bête! — Il n'est employé qu'interjectivement et
presque jamais comme subst.
Cornipt. du fr. Animal.
Alimase, s. m. Limace, limaçon sans coquille, mol-
lusque rampant, visqueux. — Marcha coumo un alimase,
il marche à pas de tortue.
Dér. du lat. Limax, venu lui-même du grec X£(uaE;
Xstjxcav, pré humide.
Alin, aiv. Là-bas. — C'est à tort, selon nous, que Sau-
vages le traduit par là-dedans. C'est sans doute la termi*
naison, qu*il a prise pour la'préposilion latine in, qui a
causé son erreur. Il est bien certain que alin veut dire làr
bas, bien bas, plus bas encore que avaZ; jamais il n'a
signifié : là-dedans. Il est formé du lat. Ad et imum, au
fond.
Alireù, s. m. Aileron, extrémité de l'aile à laquelle
tiennent les grandes plumes. — Le mot est formé de même
que le fr., mais non pas d'après lui : car ici le languedo-
cien est au moins son contemporain.
Dér. de Alo.
Alisa, V. Polir, lisser ; ratisser ; enduire un mur à la
truelle. Au fig., flatter, cajoler, flagorner quelqu'un pour
en faire une dupe. — Talise, BàoussUKro / dit-on prover-
bialement quand on voit faire des compliments à perte de
vue. Bâoussièiro, qui est un nom propre, la femme de Boî»>
sier, est mis génériquement; peutrêtre le dicton fisû4aii4I
allusion à une anecdote réelle.
Dér. de Us, uni, poli.
ALU
ÂMA
41
*e, ro, adj. Flatteur, cajoleur, cmbaucheur.
D^. du précédent.
Alisaje, s. m. Enduit d'un mur au mortier fin.
Alisiè, «.«m. — Voy. Àriguiê.
Alisqoa (s'), v. Se farder, s'ajusler, s*adoniser; ss pour-
lécher comme font les chats.
Dér. de Liqua .
Alo, s. f. Dim. Aléto; pôj. Àlasso. Aile. — Se dit par
analogie de choses trJs-Jiverscs : Âhs d'un capU, bords
d'un chapeau, dont la forme et Tenvcrgurc autrefois, dans
les chapeaux à la française, justifiiienl racc3ption. Alo dé
rasin, grapillon, brin qui s en détache, figurant par à peu
près une aile. — Voy. Sounglé.
Dér. du lat. Àla.
Alongui, s. m. Retard ; dôlais, lenteurs affectôcs. — Dà
qu'anas eérqua tan d'alonguis? qu*avez-vous besoin de tant
chercher des retards ?
Dér. de Long.
Alor, adv. Alors, en ce temps là. — Alorl dans co cas-
là ; oh ! s'il en est ainsi. Pér alor, pour lors.
Dér. de Fital. Allora.
Alonèto, t. f. Alouette ordinaire, alouette des champs ;
Alauda arvensis, Temm. Oiseau de Tordre des Pass3roaux.
— Sya. Làouséto. Lou Coutéloù, la CouqvXalo, la Calan-
dro sont des variétés de T Alouette. — F. c. m.
Dér. du lat. Alauda et do son dim. Alaudetla, qui a la
même sign.
Aloanga, o. Allonger, prolonger; retarder, différer;
rendre plus long. — Aq^ fài pas qu'alounga loupoutajd, iou
pastis, cela ne fait qu*entrainer des retards. — Atounga hu
pastis, allonger la courroie, perdre du temps volontairement.
Alonnga (s*), o. Prendre le chemin le plus long ; tomber»
s'étendre de son long.
Dér. de JUmg.
Alonngaire, s. m. Mauvais payeur; qui prolonge le
terme du paiement ; conteur, discoureur verbeux qui n'en
finit pas.
Dér. de Long.
Aimasses, t. m. plur. Compliments intéressés; belles
paroles ; détours de paroles, ambages. — Fôou pas ana eérqua
tant d'aluuusês, il ne faut pas tant de circonlocutions.
GoDtr. de AlMuia,
Atauna, «. Allumer, enflammer, mettra le fea. — n
parait spécial aax deux locutions suivantes : Aluma la
^édo, commencer à fûre du feu au séchoir à châtaignes;
el Aluma lou four d'aeâou, garnir le four à chanx. Ce
qui prouverait sa légitimité languedocienne. Mais on ne
dirait pas bien : Aluma hu lun, hu fd, pour lesquels il
fut préférer Atuba ou Aluqua. — F. c. m.
Formé du lat. Ad lumm,
âlvniÂtOv Bnraqoèto, Lnqpiéto, t. f. Allumette» petit
brin de bois soufré par le bout. Aufig.t chercheur de noises»
boite-ta. -* Yo^. Brouq^ito, Laquito.
Dér. de Aluma.
Aluqaa, v. .\llumer le feu ou la lampe. — Voy. Aluma,
On le dit quelquefois pour appeler de loin une personne»
lui crier : llolà ! lU ! la héler. On ne voit pas trop le rap-
port entre ces deux significations.
Aluqna (s'), v. S'animer, s'échauficr, en parlant avec
feu.
Dôr. du lat. Allucere, ou du gr. Xmxhwû, parf. XsXu^vsuxa,
éclairer.
Alura, ado, alj. Fin, rusé; éventé, étourdi; luron. —
Têslo alurado, tête à lé vent. — Voy. Lura.
Dit. de Luro.
Ama, are, ou Amare, aij. Amer, qui a de l'amertume.
— Qu3 béou ama, po pas éscupi dous, prvb.» qui boit
amer, ne peut pas cracher doux.
Dér. du ht. Amirus, qui lui-même vient de mar, mer;
l'eau de mer étant le type de l'amertume.
Amadou, s. m. Amadou.
Emprunté au fr.
Amadura, v. Mûrir, rendre mûr ; devenir mûr, aboutir,
apostumer, en parlant d'un abcès; s'apprêter, s user. -^
Lou sourél amaluro la frucho, lous blas, le soleil fait
mûrir les fruits ou les blés. Aquél roudaïre amaiuro,
C3t abcès va aboutir. Aïgà s'amaiuro, ceci s'apprête, dit-oa
quand on commence à être à bout de patience et près
d'échtar. Mas braïos s'amaiurou, mes pantalons s'usent.
Dér. du lat. Maturare.
Amadnnm ou Madanm, s. m. Maturité, état de ce qui
est mûr. — Aquélo péro tombo d*amaiurun, cette poire
pourrit d'excès de maturité. Aquéles magntu se foundam
d'amadurun, y a lon-tén que déourièou rèstre émbrugeu,
ces vers à soie dépérissent de maturité» on devrait les avoir
rames depuis longtemps.
Formé de Maiu, venant du lat. Maturare ou mofunit.
Amaga, v. Choyer, réchauffer» abriter; cacher; couvrir.
— Amaga un éfan, envelopper un enfant» le dorloter» le
serrer dans ses bras ou sur le sein de sa mère. Lou fà et
amaga, le feu est couvert.
Amaga (s'), v. Se tapir, se blottir dans une cachette;
se pelotonner dans un coin ; s'envelopper pour se défendre
du froid. — Voy. S'amata.
Dâr. du lat. Ma gale, magalia, mot punique» cabane»
huttes. Le radical est probablement magus, maga, magi-
cien» sorcier, féa ; parce que dans l'antique superstition» oes
êtres fantastiques habitaient les cavernes et les grottes.
Amal, adv. Encore; aussi; de plus; davantage; avec;
même, quand même. — J mal-mai'» bien plus, enooie
davantage. AmaX-maï gn'aguèsse, quand même il y ea
aurait davantage, y en eût-il plus encore. Amaï qui, poum
que, quoique. Vitm l'amour, amaï que dîne, vive l'amoarg
pourvu que je dine, dit le proverbe. AmaX fasén, aussi
fusons -nous. Amoi à voue/ à vous aussi : c*est ima
réponse aux civilités ordinaires entre gens qui se re&ooii-
trent ou s'abordent. Bonsouir à touto la eoumpagno. Bon*
woîr à la compagnie, dit le premier interlocuteur; AmeX è
40
ALÊ
ALI
Alarmo, «. f. Tocsin. — Ce mot n'a pas d*âutre acception.
11 est formé de à Varmo, aux armes, cri pour courir aux
armes à l'approche de l'ennemi. En ital. on dit : ÂU'arme.
Alata, V. Elargir un troupeau, lui donner la clé des
champs. — Le même que Alarga.
Dér. du lat. ai lata, sous-ent. deducere.
Alcovro, j. f. Alcôve. — Corr. du fr., m. sign.
Étym. : al koba ou el-kauf, en arabe, cabinet où l'on
dort, tente. En esp. Àlcoba et alcova.
Alédro ou Ânédo ou Coatèlo ( F. c. m.), s, f. Narcisse
blanc des prés. Narcissus poeticus, Linn.
Dér. du lat. Albedo, blancheur.
Alègre, s. m. n. pr. Allègre, commune du canton de
Saint -Ambroix , arrondissement d'Alais, et nom pr. de
plusieurs autres villages. 11 est aussi quelquefois nom pr.
d'homme. En lat. on le trouve écrit dans les anciens titres,
ÂUgrium et Âlergium.
Ce nom est assez répandu; mais sa désinence n'est pas
commune, car on ne la rencontre, dans noire langue, que
dans pécègre, persica, et sigre, sequi, avec ses deux composés
eoussègreeipérsègre. Cette circonstance, etsurtout la variante
latine, semblent être l'indice d'une altération ou d'une trans-
position de lettres dans la terminaison. En ce cas, un primitif
en êrge se laisserait soupçonner, et, par la prononciation du
g dur, on arriverait à èrgue, finale adjective identique à
argue. Les exemples de ces inversions ne sont pas rares.
De là, le corps du mot ne présentant d'ailleurs qu'une
variété d'orthographe bien connue et insignifiante, l'ana-
logie serait directe entre Àlègre, Âièrgue, et Aleyre, et
Alèirargues, qui ne sont eux-mêmes qu'une forme de
Alairac (Aude); Aleyrac (Drôme, Hérault, Haute-Loire);
Alêira, Alleyrac (Gard) ; Alleyras (Haute-Loire) ; Allerand
(Marne) ; Allaires (Morbihan) ; Alayrac (Aveyron, Tarn) ;
Alairas (Ardèche); Alleyrat (Corrèze, Creuse); Allières
(Sarthe) ; qui auraient produit, par apocope de l'a initial,
Layrac (Haute-Garonne et Lot-et-Garonne) ; Leyrat (Creuse) ;
Lirac (Gard) ; Leran (Ariége) ; Leren (Basses-Pyrénées); Laires
(Pas-de-Calais) ; Lairargues (Hérault). Tous ces mots ont, en
eflet, pour racine le al galUcum, de Virgile, al Celtarum d'Au-
sonne, pour indiquer l'altitude, l'élévation, les montagnes.
La conformité du nom de notre Alèi, Allez, Alais, semble
encore le ranger dans la même famille étymologique.
Alémagno, n. pr. Allemagne. — On donne le sobriquet
à'Alémagm à un Allemand, on même à quelqu'un qui a
voyagé et séjourné en Allemagne.
Aléman, ando, adj. Allemand. — Las Alémandos est
devenu le nom d'un quartier où se trouvait une ancienne
taverne; c'est aujourd'hui une tuilerie à un kilomètre
d'Alais, sur l'ancienne route de Saint-Ambroix. Il doit y
avoir un siècle à peu près, deux femmes, des Alsaciennes
peut-être, vinrent là établir une buvette qui attirait les
chalands. Elles se firent peindre sur la façade de la maison
par un barbouilleur de l'endroit; cette image, à demi effa
cée, se distingue encore : de là le nom, qui s'est conserv
Alénga, ado, adj. Grand parleur, beau diseur ; qui a
la langue bien pendue, bien affilée ; qui a réponse à tout.
Dér. de Léngo.
Alèrto, adj. seulement /em. Alerte, éveillée, vive, dé-
gourdie.
Trad. du fr.
Aléstl, V. Préparer, apprêter; disposer; mettre en état.
Dér. de Leste.
Aléva (s'), V. Se lever. — Ne se dit que du temps quand
il tourne au beau, qu'il se lève.
Algarado, s. f. Algarade; mercuriale, réprimande; re-
proches bruyants et publics.
Étym. de l'arabe et de l'esp. Algarada, qui signifie :
course sur l'ennemi brusque et imprévue.
Aliboufiè, s. m. Aliboufier ou alibousier, storax, styrax;
Styrax officinalis, Linn. Arbre de la fam. des Ébénacées.
Il découle de cet arbre, dans les pays chauds, un suc bal-
samique connu sons le nom de storax, que Ton conserve
ordinairement dans des roseaux, calamus ; de là le nom
de calamité appliqué à cette résine.
Son étym. serait-elle prise de AU, haleine et de boufa,
souffler, à cause de son odeur d'encens ?
Aligna, v. Aligner, ranger sur une même ligne droite.
— S'aligna, se battre en duel.
Dér. du lat. A pour ad, et linea.
Alimâou I interj. Péj. Allmâoudas/ Animal! butor
grosse bête! — Il n'est employé qu'interjectivement
presque jamais comme subst.
Corrupt. du fr. Animal.
Alimase, s. m. Limace, limaçon sans coqv
lusque rampant, visqueux. — JUareho coumo
il marche à pas de tortue.
Dér. du lat. Limax, venu lui-même
XsijAoJv, pré humide.
Alin, aiv. Là-bas. — C'est à tort,
vages le traduit par là-dedans. C'«
naison, qu'il a prise pour la*pr
causé son erreur. Il est bien c^
bas, bien bas, plus bas en
signifié : là-dedans. Il est
fond.
Aliroù, s. m. Aile*
tiennent les grandes
que le fr., mais t
cien est au mo^ -
Dér. de Al
Alisa, 1
truelle,
en fn'
bin^
\-
e, le Un-
ie l'ambre.
morale, et
* qa'oo dit:
itnbroiz, ville,
d'Alaia. — Foy.
■ "^ ^ ^- ^'* liais et embronilies;
-^ • 1 nne époque oit U
.: » »m m ,;, crêpée et poodrâe,
^m améchU par leur ajria-
sak riibaient en mèches talée
' a dd amener une entente
'T- sr ^.^j' n *m '^t au fond que le désordre
_^ ^ ^ ;ut venir du subs. mécho, qù
• M ip. •* . . "^^
^, ^^ ^_^ lénqolè, Aoielancbier, Criomgui
^ . iissean de la fam. des Rosacées,
^ ' 'tite baie, nommée aMrUn?uo, àpm
rténqnii.
, pomme, et *]7,eiï, étrangler; pomme
' ^ ^ Fin d'mie chose; ainsi soit-il. — IMw
**• .'doutât,' consentir X tout ce qu'on propose,
■ " i:nndilion, approuver le bien et le mal. Jaê-
""^ 'i-i|ii'fila fin des fins, sans fin, jusqu'à l'ôler-
**■ liLii lu loot hébreu : Àmtn, fiât, ainsi soil, ainsi
^ ijiii l' triiioe toutes les oraisons latines de l'Eglise.
' Micuda, .< f. Amende, punition pécuniaire au profit
lÂi-, i]iii II .1 rien de commun avec les dommages et
-tM^ rhis ,'i 1.1 partie civile.
DiT ilii l'il Emtndare.
Amcniiri, '• Abaisser, diminuer le prix. — N'a pas dn
ml !■■ -m- ilii fr. amoindrir, et ne s'emploie pière qaa
>tii >\|>riir.r un abaissement de prix d'ane mwrchandiss.
-- ir. „wr„.i,-, fou pan, la prix du pain est diminue.
Dit r|:' 1/o,7r<i.
Amenla, < "i. Sorte de marbre commnn dans le Gard ;
tjrr'i:lii', ^>i'l'! il'amygdalolde ; poudin^e composé de plk-
i.\f\jrt iviillimv cimentés ensemble par un gluten aussi dor
qiir 1,1 liiciTP.
Di'i'. d'.t W'-'i/o, parce qna ces différents cailloux ressent-
lili'iil nuK ainindes qui sont noyées dans le dmenl dm
llOllR^t.
Amènliè, 5. m. Amandier; Amygdalut eomnunit, Lina.
Arl)n> ik I 11 r:uaiUe des Rosacées.
AMA
AUA
MM^ lai rtpond-oa, à vous aussi, nous vous ditons de
mAme. AwM tu$i Toi auiû* tu quoqu9/ Amaï vendra poi,
et même il ne viendra pas, vous venez qu'il ne viendra
lias. Amaï Ut eastibraïo, la canaille avec. Homê$, finno$
m l9uj droUê amaX, hommes, femmes et les enfants avec,
et même les enfants.'
Dôr. de Hat, plus.
Amaigri (s*), o. Maigrir, se dessécher, dépérir.
Dér. de Mai^.
Amaira, o. Au prop. réunir un enfant ou le petit d*un
animal à sa mère. Cest le contraire de Di$mMra, — F. c. m.
An fig. réunir, associer, rassembler. Se dit d'une gerbe,
d'un fagot, de toute espèce de tiges, qu'on assemble rëgu-
litement en plaçant tous leurs gros bouts du même côté
pour les lier plus facilement.
Dér. de JfaVre.
Amaisa, v. Apaiser, adoucir, calmer. — Ama\$aun éfan,
codormir un enfant, l'apaiser, le consoler, l'empêcher de
crier ou de pleurer. Amaiâa la fan, apaiser le premier
aiguillon de la Mm, la calmer. Anwita-vouê, calmez-vous,
ladouciasez-vous. Lou lén s'amaiso, le temps devient calme.
X'tfouro ë'éi amaXsado, le vent s'est calmé.
' Mr. de Fital. Ammouiorê, adoucir, apprivoiser.
Analâonti, ido, adj. Qui est bien malade, bien exté-
Boé, bien affaibli.
Dér. de Malâou,
Amafai, «. m. Hanche, et proprement la tête supérieure
dn fémur.
Dér. de l'arabe Amalue, l'os-sacmm ; c'est parext. qu'on
l'applique à la hanche.
Amahaga, «. An pn^. déhancher, déboiter le fémur.
Au fig. froisser, meurtrir, éreinter.
Dér. sans doute d*Amalu, mais le lat. ad malum pour-
lait bien ne pas y être étranger.
Amana, o. Rassembler ; amonceler; amener en un même
m; cueillir a pleines mains; serra', empmgner. -^E$pa'
fui énearo bien amana, il n'est pas là encore bien en main,
lieD exercé. Ta fto t'es poâ énearû mnanado, ta fiUe n'est
pas encore rentrée à la maison.
Dér. du lat. Ad manum, soit que manus se traduise par
nain, soit par foule, peloton, botte .
Aaarat n, ad^. Amer. — Toy. Awm.
La formatioii du lat. est encore plus sensible dans Amarë,
qui vient de ad et mare,
Amaréla» v. Etre nu peu amer, avoir un léger goût
d'amertume. — C'est un fréquentatif formé d*Amar9,
La plupart des substanlife et même des adjectifs sont
iBoe|itibles, en languedocien, d'être ainsi transformés en
^mbes. Les verbes eux-mêmes, en prenant la désinence ija,
m dédoublent pneHiue tous, et deviennent frôquentatifii on
diMinntIh.
awvagw dH dans aea provetbai : Qui pUCidéJo, mMow
•y» et tmt$ té fié mam/ê mmmréjù, la plaideur eel oomflia
liMÉida, toil oa qM nmii a de rassartniM.
Amarèlo, $. f. ou Amaroû, Thlaspi , /terif ou ndoêpi
amara, Linn. Plante de lafam. des Crucifères siliculeuses,
qui croit dans les blés, et dont la graine, lorsqu'elle s'y
mêle, communique de l'amertume au pain qui eu provient.
— Ycy. Amaroili,
Dér. de Ama, amer.
Amarignè, $. m. Soudie ou pied de l'osier franc et
jaune, dont on coupe les jets chaque année qui servent de
liens pour les treilles et vignes; Salix ammina, Linn.
Dér. d'^martfio.
Amaxinén, ônqao, adj. Flexible, pliant comme l'osier.
— Se dit des diverses espèces de bois de service qui ont
la nervure longue, flexible et non cassante.
Dér. d^Amarino.
Amarino, j. /. Osier ; c'est le nom générique. — Vno
amarino, un jet ou un scion d'osier, coupé pour servir de
ligature.
Dér. du lat. Salix amerina, qui lui-même vient de Ame-
na, ville de TOmbrie, en ItaUe. C'était dans l'origine le
SauU d'Ameria, comme l'on dit : le peuplier de la Caro-
line, le peuplier d'Italie.
Amaroû, «. f. Amertume, saveur amère.
Dér. de Amare,
Amaroû, «. m. ou Amarèlo, Thlaspi, Tlaspi amara,
Linn. Plante qui croit dans les blés, et produit une petite
graine qui, mêlée ensuite à la farine, donne au pain une
amertume prononcée. — Voy. Amarèlo.
Dér. de Amare.
Amarongnè, «. m. Marronnier d'Inde, marrmmier des
jardina, arbre magnifique de grandeur, de port, de feuil-
lage et de fleurs.
AmarouBO, <• f. Marron d'Inde, fruit du mamnnier
d'Inde. — Ce fruit, qui est d'une amertume extrême, n'a
rien de commun avec le marron, qui est si sucré et si
savoureux, que par sa couleur et sa formation dans un
hérisson; le dernier se nomme exclusivement : Dàfmpki'
nénquo, — V. c. m.
Ici se présente une difiiculté d'étymologie que le lecteur
jugera lui-même.
Amarouno vient-il d*Amarougni, l'arbre qui produit ce
fruit, on bien vient-il de cette amertume, omaroà, qui form»
son principal caractère et qui fait qu'aucune e^ièce d'aiâ-
mal ne peut s'en nourrir t Cette dernière solutîoa semble
si naturelle qu'on serait tenté de l'adopter; cependant il
devient diflicile d'expliquer que Vamarouyné et Vamaromm»,
son fruit, aient deux origines différentes.
D'autre part encore, comment admettre que Vamarougmà
et le marronnier d'Inde, le même arbre très-certainement^
avec leur physionomie si fraternelle de noms, ne pra*
viennent pas d'une racine commune? Or, le marronnier
d'tode n'est qu'uhe variété du marronnier ordkiairef du
chàtaigmer & marrons ^ et le mot marron, frère et eontam-
porain de l'ital. mèttmêf vient oemme lai du free éë'
moyen âge liop p^v.
ÂMB
AME
48
Hais, comme il est impossible qne le grec, l'italien et le
français, à la fois, soient venus puiser leur étymologie
dans le languedocien amarouno, qui lui-même ne représente
pas du tout le marron doux dont ces diverses langues ont
voulu parler; il faut en conclure qn'amarougnè dérive du
fr. marronnier, qui doit ce nom à son fruit, marron, et
que œ dernier le tient de Titalien et du grec. Âmarou§nè,
à son tour, a créé le mot amarouno, qui, du reste, va à
merveille à sa nature et n*enlôve pas Tamertume, au con-
traire, pour n*en pas être issu : le mot signifie innocem-
ment la chose.
Amarouno se dit aussi : Castagno amaro. — F. c. m.
Amassa, v. Ramasser, cueillir, faire un amas; mettre
ensemble; réunir beaucoup de monde; entasser, thésau-
riser; aboutir, abcéder, apostumer. — Voy. Âcampa.
— Amassa d'hêrbos, ramasser des herbes. Amassa la fièto,
cueillir de la feuille de mûriers. Amassa foço argén, deve-
nir très-riche, amasser une grande fortune. Monn dé amasto,
mon doigt apostume; le mal que j'ai au doigt aboutit.
Le lang. amassa, le fr. amasser, Tit. ammassare, dériv.
tons du lat. massa , masse , amas, ou plutôt du gr. &[Lauû,
j'amasse.
Amassa (s"), v. S'attrouper, se rassembler. — S'amas-
sara proà, dit-on d'un absent, il se rendra bien, il reviendra
au gite. S'amassi un fun dé mounde, il se fit un grand
rassemblement.
Amassaire, ro, adj. En tisseur, thésauriseur, quand il
est employé seul. Lorsqu'il est question de vers à soie, il
signifie : les gens qui cueillent la feuille de mûriers, quoi-
qu'on n'y ajoute pas le mot fi^o.
Amassaje, s. m. Action de ramasser, de cueillir; frais,
ooût de la cueillette. — Voy. Acampaje.
Amata (s'), v. Se tapir, se blottir, s'aplatir; s'humilier
de crainte ou de respect. — L'aï amata, je l'ai confondu,
je l'ai maté, aplati. S'amatou dé pôou, ils se cachent de
peur, ils se tapissent de frayeur. — Voy. S'amaga.
Dër. de Mato,
Amati, ido, adj. Dru, épais. — Se dit d'un pré bien
gaaonné, bien tallé, et aussi du pain massif et gras-cuit.
Dér. de Mato.
Amatina (s*), v. Se lever matin; se mettre de bonne
heure à l'ouvrage ou en voyage.
Dér. de Mati.
Ambre, t. m. Amble, allure du cheval entre le pas et
le trot.
Gorr. du fr., qui dér. lui-même du lat. Ambulare.
Ambre (Leva 1'), v. Être fin et rusé au dernier degré,
an-delà même de la délicatesse. — C'est une phrase faite,
eontractive d'une plus longue. On sait que l'ambre, quand
îl est échauffé par la friction, soulève et attire même d'as-
»s loin une paille. Le peuple, qui croit voir là un signe
de sa finesse, dit proverbialement : ts fl eoumo V ambre,
Uoo la pdio: puis, dans l'nsage particulier, il a 83mcopé la
phrase, et pour exprimer la finesse poussée à Textrême,
quand le fr. se contentait de : fin comme l'ambre, le lan-
guedocien a exagéré et a voulu dire : plus fin que l'ambre,
une finesse qui lèverait l'ambre lui-même. On comprend
que, jouant sur le mot, il s'agit ici de finesse morale, et
c'est de celui qui la possède à un tressant degré qu'on dit:
Lèw> l'ambrs.
Dér. de Ambra, bass.-lat. ; ambre, en catal. ; anbar, en
arabe.
Ambrièî (Sent), «. m. n. pr., Saint-Ambroix, ville,
commune et canton de l'arrondissement d'Alais. — Voy.
Biôou.
Dér. de Sanctus Ambrosius.
Améchi, ido, adj. Qui a les cheveux plats et embronillôs;
mal peigné. — Sauvages, qui écrivait à une époque où la
coiffure était relevée, retapée, bouclée, crêpée et poudrée,
concevait la négligence des cheveux améchis par leur apla*
tissement sur le front, d'où ils retombaient en mèches sales
et irrégulières. La coiffure actuelle a dû amener une entente
différente du mot améchi, qui n'est au fond que le désordre
dans les cheveux.
Dér. du fr. Mèche. Il ne peut venir du subs. méeho, qui
ne signifie que la morve du nez.
Amélan, s. m. ou Abérlénqulè, Amelanchier, Cratmgus
amdanehier, Linn. Arbrisseau de la fam. des Rosacées,
dont le fruit est une petite baie, nommée abérlénquo, àpra
au goût. — Voy. Abérlénquiè,
Dér du gr. |i.7)Xia, pomme, et Srfftvi, étrangler; pomme
qui serre la gorge.
Amèn, s. m. Fin d'une chose; ainsi soit-il. — Dkê
amèn à toutos câottsos; consentir à tout ce qu'on propose,
accepter toute condition, approuver le bien et le mal. Jus-
quamèn, jusqu'à la fin des fins, sans ûn^ jusqu'à l'éter-
nité ; de jusqu'à amèn.
Reproduit du mot hébreu : Amen, fiât, ainsi soit, ainsi
soit-il, qui termine toutes les oraisons latines de l'Eglise.
Améndo, j. f. Amende, punition pécuniaire au profit
du fisc, qui n'a rien de commun avec les dommages et
intérêts dus à la partie civile.
Dér. du lat. Emendare.
Améndri, v. Abaisser, diminuer le prix. — N'a pas dtt
tout le sens du fr. amoindrir, et ne s'emploie guère que
ponr exprimer un abaissement de prix d'une marchandise.
— An améndri lou pan, le prix du pain est diminué.
Dér. de Méndre.
Aménla, s. m. Sorte de marbre commun dans le Gard ;
brèche, sorte d'amygdaloïde; poudingue composé de plli-
sieurs cailloux cimentés ensemble par un gluten aussi dur
que la pierre.
Dér. à'AménU), parce que ces différents cailloux ressem-
blent aux amandes qui sont noyées dans le ciment du
nougat.
Aménlid, s. m. Amandier; Amygdalus communie. Lins.
Arbre de la famille des Rosacées.
En esp. Améndro, du lat. Jmygdalui^ànfteoè^Mnfiakg^,
44
AMI
AMO
Aménlo, s. f. Aminci \ fruit de l'annriJi^r.
MvMiiP (l r. (ju^ le j)r.'c.
Aménloù, s. m. dirii. iVAménh. Polito aimiid?. CVsl
propr.'îiMMit II [Hili)' d» r.'uriand', h rriiit dnis h (•.i)(iiri.
Il ost «'galcfiiiMil applicalih^ à TaLiiand.^ di* Uns It'S fruits à
noyau. - - Li)rs-pt^ «lUîltiu'un, a[)ivs av(.ir fait de i^r< ssos
IMTlcs au jou nu d lU^ U c)]i];ii^i\->\ r\dis' un un^ini i^'îin,
on lui <lil ir.iui JU^ai III : l'unriissa-U', prie, aqnl un
amviiloh, tMi^iai^s;?-loi, avar*, voila une aruan.KN Pi ut-rliv j
lo ru )t //'//j. (jui est de\('ini un • <|u ilifu" di m usu*ll<' de,
l'avan\ pi'Mil-il s m (iriiiln:' liiiis ee (lii".î.)n. P>Milrlre
vi<MJt i' au>si du i ili vn mju 'le ni.|ii \ ou, diii>. \iii l^iii^s
donné, paie si,L;iii'i lit à la l( is e>u'.li m el avare. \/* l'ait csl
que d ans la l"<>r iiiiKm!.* ce prav.M'ln', il seuil. ■> i[\\<' c.N'st
d'un inro ([u'il est ({/.'^tiai, (Miume le ru il i'ii'jt\.)tss:i-ui
l'indique.
Aménuda, r. C '.nir^v à [»1us pMits m )re»;u\ ; e.inin -ir ;
éuiitioM'. auK^naisM"; relailttT, reeisser. - Voy. Ai)iiin(i.
l)ér. d(* Menu.
Amériquèn, cno, a fj Aniérioain ; (pii e »nee;aie l'Aué-
ri<iue.
Trad. du fr.
Amériquo, 5. f. A-n^riquo, iKirli»^ du fii iii le. -- Ou dit
d'un liouiMi' trop fi[j, trap rus* en alTur/s, tnp f'pre a la
curée, trop p!"'U délicat: .1 pis hanun <l\,hu m Ain:n'(i:io
pér faire fourluno, il n'a pas bes lin d'all.'r en AaL'ritiu)
pour faire fortuiie.
Amérita, v. iMaiter, étr» ou s^ ivnlre di^;;ae <le. -
Afjuù i am^rito, il a Iji'Mi niTil' sa.i s »rl ou si punition,
cela lui va bien. Aipi') t\im:riti), lu as liien gigné ci qui
l'arrivé.
Dér. du la t. Mereri, vient us sum.
Amérites, s. m.plur. iMi'rite,ce qui rond digne d'csiiinc
cl do consiilérali:>n.
Dér. do Ainirlla.
Améstïo, s. f. Amnistie, pardon, exemption do peine.
Corr. du fr.
Ami, igo, s. et ndj. D'un. Am-gné, amîgoù, am'jouné,
amhjueto, am'tjouno, amigoun'to. Ami, amie; petit ami,
cher petit ami. — 3ïonssù moun ami, est une pîiraso
cxplétivo qu'où ne peut traduire par : monsieur mou ami,
qui n'a aucun sens en fr. ; elle revient i\ celle ci : ah i certes;
ah ! oui vraim^it; ah! je vous en rép)nds !
Dér. du lai. Amiens.
Amiada, v. Caresser; flatter; paleliner, amadouer. —
Toy. Lavagna.
Dér. de Ami.
Amiga (s'), v. Se lier d'amitiô avec quelqu'un; S3 faire
un ami.
Dôr. de ^mi.
Amigué, éto, s. et adj. dim. — Voy. Am], de môme
que pour les autres diin. et doub. dim.
Aminça, v. Amincir, rendre plus mince; émincer, cou-
per par tranches minces; menuiser.
Aminça (s"), v. Devenir mince; maigrir.
Der. du ht. Mlumic.
AmistançD, s. [• .\;niti\ a(la<'lio;ji^nl ; nn'eoti^n; rnp-
p a'ts dau!i;i!ou d"am )(n'. Au plur., .l//^/.v/(;//(;o.v siLMiilie:
ciress^s, aniilis, caj -l-aa/s.
Der. de Ami.
Amistoùs, ouso, a'j. Dim. AutisUMiu-, vtn. .Vmical,
c^r'^Sllll; il u\; qui t eu a;- r» d" r.ilVilaiil '• . — lia pas
</.r/7. (inii^loù^, il r.->l d iiil.ii air i".'.èvMt% liiu!vi!i\
Dr. de Atii/.
Amitié, s. f.,n\i Mii Mi\ : Aniitics, e.u iil. .Vmuur, affec-
ti. n, ail ic!i Ml Mil, l ai !r r> •. - .\ ' s- dil (ju>* de i'atla-
cli Minait «aili'e [ri-> au '> d' .^'m^ iliV.'.Mit. ("ot celte
alV-Tli )u d ai.-:', v\\< ii;ii'.I'.l m ili'iMi iinh qu''. pi' auent
l.\s g Mis >iMip!.s :iu i • u^I ', ;'jir > iia/ ..^^ v: 1 >iiL;u ^ lV.''(|UiMi-
lali tu. H e.>t lurt siu-;uli;a- (,uVn lan^'u -dua-ai Amitié
sii;Mi le aiiiaii', '[ qu" Am nu- >i^,i,i!;i' jinilié.
Dr. <1.^ Ainî.
Amo, .s. f. Am^; (\>;)ril ; ctiMir ; e )USvierice. — Flcwlre
/'(.in), i[iniii-ir, cx-ii'.'i-, i-'..!r' i'.iMr'. p,u' une alliance de
molsassv. Iiiziri", (^n dil : In sicii-mixin-inno, pour:
un tipigMir, li;ir!i, au.liei:ai\, rlViMui;-. — \-a pus amo,
p;s àiue (jui viw\
D MM du lai. An m i.
Amoucliouna, r. M Ur.^ tu ta.>, ivuuir île., objeîs épars
(M'i Uioiua'arv; i'i'ias.-<M", liip. i-, eulli'' «mi I oucJK.n du j)apier,
du liiigi-, (Mo.
S\ini(>ur!t:)uua. S.» Mttlir da!i> uu C'ûii; se ratatiner;
S' pelel »nii>M' ; S' c;'Ui'](iM c tiiia.e fait un vieillard. — Voy.
Dér. (If* Motirhoii.
Amoula, r. Aluiiisa-, éiir!udiN\ a\eo une meule tour-
naul'Mq non avec la jiiaa'-^ a aJLjuisa-; rendre tranchant
ou p.iintu sur la unaiL'.
Dér. dp Moln.
Amoula, t-. A;jir riil'Miirjii, lambiner; lanterner.
D.'r. di! Mol.
Amoulaïre, ro, s. et a IJ. Ibiueuluir, émouleur; lambin,
lent, qui va, pirle ru aj^il ItailrMiitMit.
Amoulè, s. m. \W:\\ lulair, L^iL'ne-jxqit. — Ce mol csl
plus tetlmi(iU)^ quiv Jmo'</<.Vre. (^lui-ei S'Mlit de toute per-
S)nno(pii aiguise ; Amoulè csl le U'un particulier de la pro-
fession.
Dér. de Am,oula.
Amoulouna, v. Aiiioncfder, mitre en tas, en meule;
entasser; rassembler, réunir on ma.sse. — Ce mot entraine
ridée d'une plus grande diruonsion que Amonchouna ;
comme sa racine mmloii est plus grande que tnouchoù,
qui n'est qu'un petit tas, un bouchon.
S'cmiulouna. S'anjonœler, en parlant de la foule,
s'entasser ; el aussi se rabougrir, se recroqueviller, se mellre
en peloton, en parlant d'une seule personne.
Amoun, adv. Là-haut; au ciel; vers le nord.
Dér. du lat. Ad montent.
AHO
AMO
45
Amoiindâoa, adv. Là-haut; au ciel. Aagtnentalif et
rèdaplicatif de Amoun, comme si 1 on disait : là-haut au
bant.
Amonnéda, ado, adj. niche en espèces ; fam., en gros
sous; pécunieax.
Dér. de Mounédo.
kJtitmr^\r^^ (3*}, v. Dsvenir effronté. — Se dit d'une fiile
trop délurée, trop hardie, trop garçonni«3re pour son âge.
Dér. de Mounino.
Amonntagna, v. Envoyer ou conduire un troupeau dans
les hautes montagnes pendant la canicule. — On fait uuc
différence dans les foires entre le bétail qui a passé Tété
dans les montagnes, et celui qui est resté dans le pays.
Celui-ci a la laine plus mate, moins de vigueur, et les Lrebis
sont moins précoces à mettre bas que ailles qui sont
amouniagnados .
Amomitagnaje, s. m. Action ou habitude dcnvoycr
les troupeaux dans les montagnes; frais de p;lturnge des
pacages; et aussi frais que l'on paie au maître berger ou
baïle qui garde plusieurs troupeaux sous sa responsabilité.
Amour, f. m. En poésie, ce mot répond bien au fr.
Amour dans ses diverses acceptions; mais dans le style
ordinaire, il exprime : Affection, attachement, tendresse,
pris d*une manière générale ; on ne l'emploie jamais avec
la signiQcation française de Amour. On dit d'un homme,
d*un valet, d'un chien : Èi sans amour, il n'a nul atta-
chement, il ne s'attache à rien ; il ne consulte que son
intérêt, son bien-être, son égoïsme. La poésie a ses privi-
lèges et ses licences : elle a fait (ïamour une passion, un
sentiment, tandis que dans le langage commun, amour ne
8*enteod que des attentions, des soins affectueux, de ces
préférences souvent personnelles et de cet empressement
sympathique, mais plutôt naturel que passionné.
Pir amour dé, prép. A cause de; en considération de.
— Pir amour dé vout, à votre considération. Pér amour
d'aqud, en considération de cela. On supprime quelquefois
le mot pér : Amour dé rire, amour dé parla, comme on
dit en fr. histoire de rire, liistoire de parler.
Amonra, v. Emousser ; faire perdre la pointe ou le tran-
chant à on outil, à un clou, à tout objet pointu ou tran-
chant.
Dér. de Mouru,
Amoma, v. Rapprocher, joindre ; mettre nez-à-nez, l'un
contre l'autre. — Aquélo pèiro amouro pat prou, cette
pierre ne joint pas snflQsamment.
D6r. de Maure,
AmoiiTa (s*), v. Boire à même ; donner du nez à terre;
tomber enr la face; se heurter du nez en se rencontrant
avec qiie]qa*ui inopinément; ou contre une porte, un
wAte on im mur. — S'amoura âou fUuquou, boire au
fonlot de la bouteille ; âou fera, en trempant la bouche
dani le aean; âou vola, an roiiseaa , en le couchant à
plftt Vtttire.
Dar. de Mamn.
Amouracha (s*), v. S'amouracher de... S'engager en une
folle passion. Tout comme en fr., ce terme ne s'emploie
qu'en mauvaise part. 11 exprime une inclination de haut
en bas, à rencontre d'une personne inférieure, soit en con-
dition, soit en considération personnelle.
Formé entièrement du fr.
Amourèléto, s. f. MorcUe; Solanum nigrum, Linn.
Plante de la famille des Sulanées, commune le long des
murs ou sur le bord des chemins. La même que le Piêio-
can. — V. c. m. •
Etym. du gr. (i{xaup<Sç, sombre, noirâtre.
Amouriè, s. m. Mûrier; Morus, Linn. Cet arbre, qui
joue un rôle principal dans les préoccupations du pays,
offre deux espèces et un très-grand nombre de variétés.
Le mûrier noir, Morus nigra, Linn., qui se plante dans
les terrains les plus arides, est impropre à l'éducation des
vers à soie, à cause de la durelé et de la grossièreté de sa
feuille, dont les fibres et les nervures sont trop ligneuses
à sa maturilé. 11 produit la mure noire employée à faire
les conserves et les sirops de mures. Les Gé venues avaient
autrefois beaucoup de inùriei-s noirs qui ont du céder la
place au mûrier blanc, Morus a/6a, devenu si populaire et si
vénéré de nos jours. Cependant le cul te, ou la culture du mû-
rier, est suivi avec moins de ferveur et est menacé d'aban-
don, tant la persistance des maladies des vers àsoie, l'insuccès
des éducations ontjeté de décourageaient dans les pays séri-
cicoles. 11 n'y a pas vingt ans, même dans les montagnes,
le moindre coin de terre, une anfractuosité de rocher étaient
utilisés, et un mûrier était planté, cultivé, élevé, et pros-
pérait dans la plus petite place ; aujourd'hui on a des pré-
férences pour la vigne, et l'agriculture de nos contrées
cévenoles semble tendre à se modifier profondément.
Amouro* s. /*. Mûre, fruit du mûrier et de la ronce. —
Celle du mûrier blanc est blanche, douceâtre, fastidieuse;
les porcs en sont friands ; mais elle est rare, parce qu'on
la fait tomber avant sa maturité en cueillant la feuille.
Elle ne mûrit que sur quelques arbres qui restent sans être
dépouillés. — L amouro d'arounze, la mûre de la grande
ronce ; Vamouro dé bartas, la mûre de buisson : elle vient
presque par grappes, noire et douce ; l'amouro dé damo,
la mûre de la ronce rampante, qui croit dans les champs :
elle est aigrelette et agréable au goût.
Étym. du lat. Morum, mûre, dér. du gr. à[iMi^, sombre,
noir.
AmonroÙB, ouso, adj. Mollet, souple, moelleux; doux ;
aimable. En lang. l'acception de : Amoureux, qui a de
l'amour, ne vient que par imitation du fr. — Amouroùê
coumo un bartas, par contre-vérité, doux comme un iiagot
d'épines.
Amourooel, v. Rendre souple, ramollir; assouplir;
adoucir. — Dé pan amourous^, du pain ramolli par l'hu-
midité.
Dér. de Amown^.
Amourli, v. Amortir; calmer; Meiadie; Ptkmt k
46
AN
AN
vivacité, Tardenr, la violence; rendre plus faible. —
Amourti un co, affaiblir, amortir la portée d'un coup. La
baio i'amourtiguè §ui soun mantM, la balle ne put tra-
verser son manteau , elle fit balle-morte. AtnourU ioun eo,
appesantir un coup de bâche ou de houe sans tirer à soi la
terre ou Téclat de bois.
Dér. de Mort,
' Amoartiëïra, «. Garnir de mortier, fixer avec du mor-
tier. — Bien amourtièïra, amourtUtra à pérpàou uno bat-
tisso, employer suffisamment de mortier, noyer convena-
blement les moellons dans le mortier, de manière à ne pas
laisser des vides dans les joints.
Dér. de Mourtiê.
Amousaa, v. Eteindre; calmer; mater; réduire au
silence, faire taire. — Amoussa lou pd, lou lun, éteindre
le feu, la lampe. Fatié hé déioun crano, mait Vaguera lêou
atnoussa, il faisait le crâne, mais j'eus bientôt rabattu son
caquet.
Dér. de Ht. Amonare.
Amonstéll (s*), v. Maigrir; devenir fluet; prendre un
visage pointu comme une belette.
Dér. de MoustUo.
Amontéll, ido, adj. Grumelé; formé en grumeaux, en
caillots.
Dér. de Moutil.
Amontl, ido, adj, Gazonné; devenu herbeux; tallé. —
Se dit d'un pré qui est assez foulé, tassé, pour pouvoir être
arrosé.
Dér. de Mouto.
Amnsa, v. Amuser, divertir; occuper en jouant; faire
prendre le change ; tenir le bec dans l'eau ; distraire quel-
qu'un pour l'empêcher de voir clair à ce qui se passe.
Dér. de rallcm. JUusen, être oisif.
Amuaamén, t. m. Amusement; ce qui amuse; passe-
temps; action de tympaniscr quelqu'un. — Fôou pas
préne aquà en amutamén, il ne faut pas le prendre en
plaisanterie.
Amnsan, anto, adj. Amusant, divertissant; qui fait
passer le tempe.
Amoaéto, «. /. Jouet; bagatelle. — Saïqueméprénetpér
Umn amuêeto? tu veux sans doute faire de moi ton jouet t
An, suffixe qui provient du lat. anui, anum.
Notre langue doit beaucoup au latin : elle lui a pris des
mots et presque toutes les désinences qui s'ajoutent aux
radicaux pour constituer des mots. Mais le celtique, qui
fut son élément natif, lui a laissé aussi certaines de ses
formes, de ses intonations, de ses constructions. Nous aurons
plus d'une occasion de signaler cette fusion des deux langues,
leur existence parallèle, et de suivre à ces lueurs la marche
qui les a fait arriver à notre languedocien moderne; surtout
dans les suffixes, ces syllabes accessoires qui s*attachent
A un radical pour en étendre et en modifier le sens; et dans
les noms propres de lieu, toujours aignificatifs, plus
iflahérahkis qu'ancmi antoe mot. .^ Fby. A§np.
Pour adjectiver un substantif, pour marquer le rapport
d'une personne on d'une chose à l'objet auquel elle appar-
tient ou dont elle dérive ou fait partie, les Gaulois se ser-
vaient de la terminaison a« ou m ajoutée an mot ; les lan-
gues néo-celtiques, le bas-breton et l'armoricain ont
conservé cette forme. Rome victorieuse , en imposant sa
langue à nos contrées méridionales, les premières soumises,
et à toute la Gaule, n'abolit pas cependant l'idiome national.
Elle avait surtout à respecter les appellations locales, sous
peine de ne pouvoir plus ni s'entendre ni se reconnaître;
mais, par droit de conquête, elle leur imprima le cachet
propre de son génie. Sa formule générale était dans les
finales us et um avec la même portée que ae et ee; mais
effe avait plus particulièrement anuM et anum, d'une iden-
tité très-rapprochée. Ainsi commença à se latiniser le gau-
lois. Dans la catégorie que nous étudions, un nom ou un
mot se rencontrait-il en même temps dans les deux idiomes,
de signification et de structure pareilles, la terminaison
caractéristique latine était jointe à sa finale locale, par une
sorte de pléonasme de suffixes ; était-il purement celtique,
à radical barbare, sans correspondant latin, on le traduisait,
ou bien le vainqueur se l'appropriait par l'addition du suf-
fixe, à lui propre, en anus et anum. Les mêmes procédés
de formation et de composition des noms communs et des
noms propres persistèrent tant que dura le contact et la
promiscuité des deux langues. C'est pour cela que l'emploi
de l'une ou de l'autre de ces formes ne détermine ni l'âge
ni la date d'un mot, non plus que d'une dénomination
locale. Mais par là aussi se comprennent assez bien les
variantes qui s'attaquent à la finale en laissant partout inva-
riable le corps même des mots. On trouve, dans le Midi,
la désinence ac, abrégée pour nous en a simple, ailleurs
changée en at, qui représente le celt. ae ou ee, en lat. oeta
et acum, à côté d'une localité à finale en an, altération de
anus et anum, analogue aux précédentes. Ici encore cette
dernière finale est souvent reproduite par anieœ, dériva-
tion directe ; et la langue vulgaire, au moyen-âge, tradui-
sait en anègues, dont notre languedocien a fini par faire
argus. Dans le nord de la Gaule, le latin avait aussi ses
finales constantes en aeum et anum ; mais le roman et le
français leur ont substitué des finales en é, y, tes, etc. On
en conclut avec raison que tous ces suffixes sont de même
valeur et égaux entre eux. — Voy. Fart. Agno, et pour
les exemples, les mots Marligna, Martignargues , Stto»-
tMi^no, et autres.
Le suffixe an = anus, anum, = œ, m, ss actif, oevm,
marque une idée de collectivité, de provenance, de pro-
priété. Lou fidan, lou fïan, lou fémtian, lou mûmlon sont
des substantifs collectifs pour dire : les brebis, les filles,
les femmes, les bêtes do trait et de somme, en général.
Gomme expression du sens de propriété, tontes les varianloi
se reproduisent dans beaucoup de noms de lieu. <— Foy.
Martignarguê, MaUUirguê, Pâouta, Sâouvagma, etc.,
Lidignan, Poumpignan, et autres.
ANC
AND
47
An, f . m. An, année. — Van dé daShiaï, l*année avant-
dernière; il y a denx ans. AtOan, l'an dernier. — F. c. m.
Bavan attian « il y a deux ans. HiuH fài un an, aujour-
d'hui il y a un an. Cùwnénifo mou» an» pér ealéndo», il
oompfle aes années à partir de la Noâ. L'an dâou hi»»è»,
l'année binextile. — Foy. B%»»i».
0ér. du lat. Annu»,
An, V^ pvr». flur. indie, pré», du verbe Avédre; ils ou
elles oat.
Ana, V. Aller; marcher ; avancer ; se mouvoir; se trans-
porter d'un lieu dans un autre; changer de place du point
où l'on est à un autre ; s'étendre au loin ; être contenu,
renfermé ; entrer. — Vàou à la mé»»o, je vais à la messe.
YoM à Pari», tu vas à Paris. Fcn fÀXê, û marche vite. Anin
fian, allons lentement. Ana»'y, allez-y. Anèrou âou maxé,
ils allèrent à la campagne. Y-anan ana, nous y allons à
l'instant, nous nous y rend(His surThenre. Faïpa» qu'ana
et vini, il ne fait qu'aller et venir. Vat d'aïeî àou fin foun,
il s'étend d'ici au fond. Fat ha», il plonge profondément.
Toui aquô anara pa» dine aquél »a, tout cela n'entrera pas
dans ee sac, ne peut être contenu dans ce sac. Aquéh rodo
vol' pa», va» mâou, ce rouage ne marche pas, manœuvre
mal.
S'énrana, S'm aller; partir; disparaître; quitter un lieu;
et quelquefois simplement aller. — La taquo t'é» én-anado,
la tache a disparu. La eouiaà l'én-vat, la couleur s'efface,
se ternit. On dit d'un malade : S'én-vaï tant que po, il
d(^)érit à vue-d'oûl, il marche à grands pas vers la fosse.
Lou la »'én-vaï en aï^, le lait tourne en petit-lait. On dit
d'un domestique à gages : »'én'Vaï, il quitte ses maîtres ou
il est renvoyé. Lou pà t'én^vaï, le feu s'éteint faute d'ali-
meot. Aquél éfan couménço à l 'dn-ana »oulé , cet enfant
commence à aller, à marcher seul. Tout »oun bon-sén »'é»
àiHina, tout son bon sens est parti. Coumo n'én-van lou»
a/aiiret? comment vont les affaires? Coumo n'én-vai? quelle
tournure cela prend-il t
Dér. de l'ital. Andar»,
Am, f. m. Manière d'être, de vivre; état de santé. —
Aigmb'» somi ana, c'est sa manière d'être ou de faire. Mé
démandi moun ana, il me demanda des nouvelles de ma
santé. — On (fit aussi subst. fai Vana et lou vénl, il fait
l'aller et le retour; lou vdi et lou vèn, le va-et-vient.
Ascboio, ». f. Anchois; Clupea enercuidiolu» , Linn.
Petit poisson de mer, sans écaille, que Ton sale pour man-
ger cm. 11 ne faut pas confondre Vanehoto avec la »ardo,
qui n'a hen de commun avec la première que la saumure.
— il iout m» hourda» d'ancho^, il a les yeux rouges,
fhsiwfflw et ératHés. E»quicha» coumo d'anehoio», pressés
oamme hai^Rigs.
lAtym. dn oelt. Jneàova.
Ancien, èno, a4j\ Vieux, vieillard; ci-devant, anden.
— Moun andèn, mon père ou mon aïeul. B» un aneiin,
cM «l 'vieillftnl.
ninprQine bv ir.
Anciènèta, «. f. Mode ancienne, et non ancienneté ou
antiquité.
Formé de Ancien.
Ancro, ». f. Encre, liqueur noire pour écrire. — Mé faï
»u»a V ancro, il me donne une peine horrible.
Dér. de l'ital. inehiottro.
Ancro, ». f. Ancre de navire, instrument de fer, à bran-
ches aiguës, qu'on jette au fond de l'eau pour arrêter les
vaisseaux.
Dér. du lat. Anehora.
André, n. pr. m.; au fém. Andrèïo. Dim. m. Andréné,
Andrètté; dim. f. Andrèiélo, Andrènéto. — Il est à
remarquer que le fém. Andrèïo ne se donne qu'à la femme
d'André, et non point pour prénom à une fille. On appelle
Andrèiéto ou Andrènéto la fille ainée d'André, lorsque
celui-ci est un nom patronymique.
Andriou (Sent-), n. pr. de lieu. Saint- André : nom
commun à plusieurs villages.
Andronno, f. f. Cul-de-sac; plus particulièrement la
petite ruelle, ou espace vide, qu'on est obligé do laisser
entre deux maisons qui ne veulent pas de mitoyenneté, et
par où s'écoulent les eaux des toits. C'est ce qu'on appelle
en termes de coutume : le tour ou le pied de l'échelle. On
lui donne aussi le sens de : latrines, privé, lieux d'aisance.
Dans cette acception, étym. du grec àvSpoiv, lieu écarté,
petite salle réservée aux hommes, qui est traduit aujour-
d'hui dans les gares de chemin de fer par : Côté de» homme»,
même sign. Dans la bass. lat., Androna^
Andnsén, énquo, adj. D'Anduze; qui habite ou qui con-
cerne Anduze.
Andnso, t. f. n. pr. Anduze, ville du département du
Gard. — Si l'on voulait se contenter de la forme latine de
ce mot pour expliquer sa dérivation et sa forme actuelle,
rien ne serait plus simple que de rapprocher du lat. Andu-
»ia, le ft. Anduxe, et le lang. Anduso, et l'analogie démon-
trerait seule la parenté et la descendance en ligne directe.
Le mot, quoique venant de loin, n'a pas assez diangé sur
la route pour n'être pas d'abord reconnu. Sur un petit
monument en marbre, conservé au musée de Nimes, se .
trouve inscrit à la lête d'un groupe de plusieurs noms de
localités gallo-romaines, le nom à*Andusia, sur l'attribu-
tion duquel à l'Anduze moderne aucune contestation ne
s'est élevée. Depuis cette époque, le nom est fidèlement
reproduit par les plus anciens cartullaires, et presque
sans altération il est arrivé jusqu'à nous. Les Romains
avaient donc un poste militaire, un campement d'une
certaine importance qu'ils appelèrent Andusia, sur l'empla-
cement de la ville actueHc, on un peu au-dessus vers le
sommet dit de Saint-Julien : d'anciennes constructions,
des médailles M des antiquités trouvées sur ce point
ajoutent À ht dénomination elle-même la certitude de l'occu-
pation.
Mlûis la difficulté étymologique n'est pas résolue. Les
vainqueur Ae la Oaule ié montraient surtout jaloux dflm-
48
AN£
ANI
poser aux noms doliî^uxd^ piys soumis la forme qui con-
venait au g>nie do leur langue : de là ccU3 terminaison
latine qu'ils d mn^r^nl ^ ce mot. Or, la looilit^, omme
toutes les autres inscrites sur le monum3nt antique du
Mus:^, faisait pirtie du t'^rritoire dos Vol ces An^cimiqu'^s,
qui avait dos villes ou des bourgs ass'^z nombreux. Par con-
séquent, elle avait aussi, comme les autres, son mm gau-
lois ou cellifiu?, quand W Romains vinrent l'occuper et
la classer : et c'est dans le plus ancien idiome national que
sa racine doit se retrouver.
IIîureus?mint ici s? rencontrent des similaires qui peu-
vent mntre sur la voie, et faire dH?rminer sa forme pri-
mitive. Sur d-'ux aut'?ls votifs découverts dans le Midi, et
qui portent d'^s inscriptions, on lit : Aniosso et Aniose;
une autre ins jription, remarquable par s'^s noms gaul ois,
mentionne «également la forme Anios. Enfin, un cippe
funéraire du Mus^ de Nimes rappelle encore mieux le
nom latinisa en écrivant : Anius. Ce no sont là, sans
doute, que des rapprochements, des termes d3 comparaison ;
mais ils permettent d'admettre avec la plus grande proba-
bilité qui la forme celtique d'iifiiusta est Anios ou Anius.
Le premier radical ani» haut, élevé, se retrouve avec cette
même signification dans beaucoup de langues anciennes.
La désinence os et us serait réduplicative avec le même
sens. Les deux montagnes d'Anduze, entre lesquelles coule
le Gardon, l'emplacement de la ville, nous paraiss?nt auto-
riser parfaitement cette étymologie et lui donner une signi-
fication caractéristique. L'origine antique du nom et son
application ne peuvent pas être douteuses.
Anédo, f . f, — Voy. AléJro.
Anèl, f . m. Anneau, bague, boucle d*oreille.
Sin-Jan-diU'Anils, n. pr. Saint-Jean-de-Marvêjols, oom-
mone de rarrondissement d'Alais, canton de Barjac. On
l'appelle aussi : SatAt-Jêan-dês-AnMaux, parce qu'autrefois
on y fabriquait quantité de bagnes de crin, qui étaient un
des principaux objets de commerce à la foire qui 8*y tient
le 19 août.
Dér. du lat. AnMus, dim. de annulus,
Anéla, v. Boucler; anneler; tourner en volute. — On
dit proverbialement d*un homme qu*oti ne peut décider k
terminer une affaire : A fou mâou dé la quà d^un par,
oMo toujaisr ttjamaU noun nouio, il est comme la queue
d'un porc qui s'entortille et ne se noue jamais.
Dér. de Anii.
Anèlo, s. f. Anneau de rideau ; virole de toute sorte
d'oatils. — AfMo dé pèoui, boucle de cheveux.
Dér. du lat. AnMus.
AnéqiiéU (s*), v. S'exténuer, s'amaigrir de faim, de
froid, de manque de soins ; devenir k rien.
Dér. du lat. NiKU, on de 1100 aiêrê, 1100 alihu.
ABén, I'*p0rf . piur. impér. du v. Ana. Allons. Se prend
ioavent comme interjection. ^ Anin à ta fm, allons k la
fiMitaine. JfOii.eAii, allons! silence. iluAi/ mou/ pèrvUrê,
idîolitmeitilvoyoQsdûool iiOn/véïiirv/af, il ne viendra
pis; il faut en prendre son parti. Anént moun home, ou
fas bien, c'est cela, mon garçon, tu le fais bien.
Anfèr, s. m. Enfer; lieu où les damnés éprouvent un
supplice éternel; diable, diablotin; fosse d'un pressoir k
huile, où l'on fait écouler les eaux de la cuve, aprâs en
avoir enlevé Thuile à la surface. Ces eaux ainsi rejetées
conli-^nn *nt cncire de l'huile, que les employés du moulin
recueillent quand elles sont reposées; mais cette huile der-
ni'^ro est toujours plus épaisse, plus chargée et de qualité
inférieure; on l'appelle : OH d'anfèr.
Dér. du lat. Inferi.
Anfbi, ah. Enfin; à la fin, en dernier lieu.
Formé du làt. In fine.
Anfla, V. Donner, appliquer un soufflet ; souffleter.
D^r. du lat. infl'gsre, appliquer, frapper violemment; ou
peut-être de inflire, faire enfler, grossir, parce qu*uu souf-
flet très fort fait enfler la joue.
Anfle, f. m. Soufilet sur la joue.
Angle, s. m. Angle, ouverture de deux lignes qui se
rencontrent ; coin, recoin. — Angle dé ro, couches et veines
de terre végétale qui se trouvent dans les diverses assises
d'un rocher.
Dér. du lat. Angulus.
Angles, s. m. Créancier fâcheux, importun. — L'origine
de ce mot vient évidemment d'un temps où, en France,
on ne connaissait pas de rencontre ou de vue plus déplai-
sante que celle d'un Anglais, maître du territoire.
Angles, éso, adj. Anglais, anglaise, qui est d'Angle-
terre.
Angléso, s. f. Redingote, dont la forme et la coupe ont
été importées sans doute d'Angleterre.
Angnièlén, énqao, adj\ Qui tient de la forme et de la
natur3de l'anguille. — Se dit an prop. et au fig. de quel-
qu'un ou de quelque chose, long et menu, qui échappe
facilement, qui glisse en se tordant, qu'on ne peut saisir.
Dér. de Anguiêlo.
Angnièlo, t. f. Anguille, Murcma anguiUa, Linn. Pois-
son, de la famille des Pantoptôres et de l'ordre des Holo-
branches, qui habite non-seulement la mer, mais les laoi,
les étangs, les rivières et les ruisseaux.
Dér. du gr. hf^sk\àç^ d'où le lat. anguiUa, on de
angui$,
Ammàon,àondo, adj, Péjor. Animâoudoi, Grosse bêle;
grossier, brutal. — AlimAou n'est que la corruption de ce
mot, et il ne s'emploie que par interjecti(Hi. — F. c. m.
Dér. du lat. Animal,
Anlfli f . m. Anis, Pimpînêlla aniium, Linn., delafamille
des Ombellifères. Plante aromatique originaire d'Egypte»
dont la graine est une des semences chaudes. — Lat
semences, plutôt que la plante elle-même, sont aiari
nommées.
Dér. du gr. dhrioov.
Aniaêto, s. f., on mieux Nlsàto. Aniaatte* ean-de-vie
anisée.— Cestrabsinthedesgensdapaaple. Atendned'i
ANN
ANU
4a
«lie est extrêmement nfralchissante et désaltère beaucoup.
— Voy, Nisèto.
Dér. de Anh,
AniBses, t. m. pi. Laine on poil d*agneau, qui sert à
laire les chapeaux de feutre les plus grossiers, qu'on nomme
chapeaux de laine.
Dèr. du lat. Agni, gén. d'agnui,
Aniior, t. m. Cresson des jardins, cresson alénois, nasi-
tort; Lêpidium $aUvum, Linn. Plante de la famille des
Crucifères, potagère , qu'on met dans le bouillon et dont
on mélange la salade de laitue.
Corr. du fr. Nasitort, peut-être aussi dér. (ÏAnis, dont
il a un peu la saveur.
Anje, ou mieux Anjou, s. m. Dim. Anjouné. Ange,
créature spirituelle d*un ordre supérieur à T humanité. Petit
ange, se dit souvent des petits enfants. — Anjou boufarèl,
c'est une de ces tètes d'ange, sans corps, avec des ailes,
qu'on trouve dans les tableaux et dans* l'architecture
d'église, toujours bouffies et qui semblent souffler, comme
les tètes de vent qui viennent du paganisme. On dit d'un
enfant joufflu et vermeil : Sémblo un anjou boufarèl, et
d*un joueur qui a tout perdu et se retire de la partie, nu
et dépouillé : Anara coucha émbé lout anjous.
Dér. du lat. Angélus,
Anjèlns, s. m. Angélus, prière que les catholiques fon^
en l'honneur de la sainte Vierge, le matin, à midi et le
soir. Désigne aussi le point du jour et la nuit tombante ;
la sonnerie qui annonce l'heure de cette prière.
Dér. du lat. Angelut.
Anjou, f . m. — Voy. Anje.
Anjonné, t. m. — Voy. Anje,
Anjonnén, énqao, adj, Angélique, qui tient de l'ange,
qui appartient ou qui est propre à l'ange.
Dér. de Anjou,
Annadiô, dièîro, adj. Qui n'est pas pareil, qui ne pro-
duit pas également chaque année ; casuel. — L'oulivU i$
Uèn annadii, l'olivier ne produit pas tous les ans, il est
soonns à bien des éventualités. — Dans le même sens, on
dit d'un homme d'humeur inégale, qu'^ joumaïè, il est
journalier.
Dér. de Annado.
Annado, ». f. Année ; annuité. — Ce mot n'est pas
employé comme synonyme de an pour le oomput du temps,
mais simplement pour l'ensemble des récoltes de l'année. —
Âomrén uno bono annado dé bla, nous aurons cette année
«ne bonne récolte de blé. L'annado dàou fanfaroù, lou
piiean béguiprou; cette phrase proverbiale, empruntée i
U sagesse des anciens, signifie que lorsqu'il y a abondance
de fanfaroùM au printemps, il y aura une bonne récolte
de vin. fVoy. FanfaroîiJ, L'annado H préêénto bien, il y
a bonne apparence de récolte cette année.
La bono annado, la bonne année ; souhaits du premier
jour de l'an, dont le protocole est : Voue »ouhiu la bono
mmmmdo, aeoumpagnado dé foteo d'âouiro», La plupart du
temps on supprime cette finale, et l'on dit simplement: La
bono annado aeoumpagnado.
Dér. du lat. Annus.
Anno, », f. n. pr. Dim. Annéto, Nanoun, Nanéto. Anne»
Annette, n. pr. de femme.
Anonnça, v. Annoncer, faire savoir; publier; pronos-
tiquer, présager. — S'anounçabièn, se produire avec avan*
tage; s'exprimer avec facilité et élégance.
Emprunté du fr.
Anonnciea, s. m. pi. Bans de mariage; publication de
mariage. — An crida sou» anouncie», on a publié ses bans.
Dér. du lat. Nuntiare.
Anquado, ». f. Fessée ; claques ; coups de la main sur
le derrière. — Ficha uno anquado, donner une fessée ; fouet-
ter avec la main sur les fesses. Cette expression n'est usi-
tée qu'à rencontre d'un enfant.
Dér. de Anquo.
Anquo, ». f. Au sing. Fesse; au plur. Las anquos sont
les hanches, partie latérale du bassin située au haut de la
cuisse.
Dér. de la bass. lat. Anea, m. sign., ou du gr. ipu&v,
angle saillant.
Ansin, adv., ou Énsin, Ênsindo. Ainsi, de cette ma-
nière, de cette façon; c'est pourquoi, de même. — Pér
ansin, par conséquent, partant. — ^Aquà's pas an»in que
fôou faire, ce n'est pas la manière de faire cela. Ansin
siègue, ainsi soit-il. Crése que siè» un pâou an»in, je crois
que tu rêves, que tu radotes : euphémisme délicat.
Dér. du lat. /n et fie.
Antan, adv. L'an dernier; autrefois, jadis, ancienne-
ment. — En vieux fr., on disait antan, comme on le voit
par ce dicton encore admis : Je m'en soucie comme des
neiges à'antan. — Davan-antan, adv. L'année avant-der-
nière. Ma» amour» d*anian, mes vieilles amours.
Dér. du lat. Anti annum,
Antièno, », f. Antienne; mauvaise nouvelle, commis-
sion fâcheuse ; demande pénible. — Pourta Vantièno, faire
une commission désagréable pour celui à qui elle s'adresse;
solliciter.
Empr. au fr.
Antilo (Batre 1') , «. Battre la campagne, courir le9
champs. — Phr. faite, mot d'argot français.
Antignargne, f . m. n. pr. de lieu. Antignargues, ha-
meau dépendant de la commune d' Aigrement, canton de
Lédignan, arrondissement d'Alais. En lat. AnHnhatùem et
Entrinnaniea : roman , Entrinnanègue»,
Dér. du celt. Ant, and, anH, devant, en avant; avec la
désinence lat. anicœ, transformée par la langue vulgaire
en anigue» et argue». — Voy. Argue. Ses analogues se
retrouvent dans Antignac (Hérault, Cantal, Haute-Garonne);
dans Antignate (Lombardo-Vénétie) ; dans Antigni ou Anti-
gny (Vienne, Vendée, Côte-d'Or), et dans Antin (Hautes-
Pyrénées).
Annîa ou Annèjai v. Ennuyer, causer de Fennui; iati-
7
so
AOU
AOU
gner. — Timi a^ m'anwioj toat cda m*eimiiie, me
ùtigne.
Annia (s*), v. S^ennnyer, laDgair d*eimui; perdre le
goût d*iiiie diose dont oft a fisô longtemps.
Dér. da gr. Ivvoia, tension d^esprit, application forcée.
Anttè, adv.'-^Vay, Agnuè.
AllQèohA{8*), «. — Vùy- Agnuèeka (m*),
Aon, particule «f orf. iing, nuue. an datif. An. Il est
la contraction de à iou pour former le datif. Aou s'emploie
qnand le suliet. aaquel il s*appliq[iie, commence par nne
OMisonne. An plnr. datif, il fait ai, contraction de
à loui, anx; comme le dat. sing. fém. à la, donne à
la», anx, plnriel. — iioti puplB, an peuple, a» puple$,
aux peuples; à la fénno, à la femme, à las fermai, aux
femmes.
La chute de 17 du radical primitif al a produit la con-
traction âou, dipht., qui se prononce par une seule émis-
sion de voix, et dont la première voyelle est tonique pa r
faccent circonflexe. Gequi motiverait assez bien, au moins
pour l'article, la manière d'écrire que nous préférons. —
roy. Al.
Hais cette forme, qui est également appliquée aux
voyelles e, i, o, alors qu'elles deviennent aussi diphthon-
guespar l'adjonction de la consonnance ou, a été l'objet de
vives critiques. Avant' de justifier des motifs qui nous font
rester réfractaire aux réformes en vogue, qu'il nous soit
permis de présenter, m Hmina litii, un exp(»é de quelques
principes généraux sur la matière, préliminaire indispen-
sable de toute discussion.
Notre Dictionnaire, par droit de naissance, avait son
(Mlbographe toute faite dans la nomenclature dressée par
Là Fare-Alais. Ce catalogue, patiemment élaboré sous le
ccmtràle d'une critique que l'intimité rendait plus rigou-
reuse parce qu'elle était plus libre et plus familière, n'avait
pas seulement en vue de relever un à un tous les mots de
notre dialecte, de juger de leurs droits à l'admission ou de
prononcer leur rejet définitif. U avait encore fallu, pour
les enregistrer dans un ordre régulier, déterminer exacte-
ment la forme et la structure de chacun : leur classement
posait donc les bases de notre méthode orthographique. Le
savoir du mattre et son goût éprouvés donnaient à ce pre-
mier travail une irrécusable sanction. Nous pouvons dire
cependant que cette nomenclature nous était imposée
moînt par déférence pour son autorité, que par une con-
^nxtàmk réfléchie de suivre, en l'adoptant, le système le
plus dair, le plus rationnel et le meillenr.
A^«c une langue comme la nôtre, qui n'a ni alphabet
propre, ni régies précises, ni syntaxe bien arrêtée ; qui est
IwAUOOiq) pariée sans avoir presque de prose écrite ; qui
nes'eit produite au dehorsque par une merveilleuse poésie
pavloitt chantée; maia qui veut se £sire lire et comprendre,
•iqui mérite d'ètie étudiée; un dictionnaire n*a qu'une
voie â prendre, celle qui rapproche autant que possible
Pésritore de la pnonondation. Par eda que» dans notre
idiome essentiellement muncal et euphonique, le sens d'
mot dépend le plus souvent du son qui lui est imprimé en
parlant, il est nécessaire que la lettre écrite soit la pein-
ture de la voix entendue. Chaque terme, chaque syllabe,
figurés par les signes omvenus et usuels, doivent se pré-
senter avec un relief tel qu'ils puissent d'abord être épelés
sans hésitation, puis liés régulièrement, enfin proncmcéa
comme l'usage demande et veut qu'ils soient articulés.
Saisir rapidement l'onl, la voix et l'oreille pour arriver par
le plus court chemin à Fintelligenoe, c'est le but que se
propose notre Lexique. L'orthographe phonétique est donc
la seule que comporte notre idiome : vdUt le principe.
Seulement la règle est dans la mesure et ne peut se sou-
tenir que par des tempéraments. Une rigidité absolue n'a
rien-de pratique dans les conditions de l'idiome méridional;
et l'éclectisme large et simple que les Castagnadoi ont for--
mule, lui convient mieux de tous points. Certes, si noue
avions à mettre en œuvre les richesses enfouies de l'an-
cienne langue d'Oc, avec ce trésor-là, et en dépit des acces-
sions nouvelles que le temps et les mœurs nous ont impo-
sées, nous n'aurions pas hésité à relever le vieux pavillon,
à proclamer une syntaxe et une orthographe spéciales, k
arborer des principes radicaux et inflexibles. Hais nous
n'en sommes pas à avoir une langue-maltresse et, comme
on dit, iuijurii; nous ne sommes plus le roman. Il n'y a
pas d'illusion patriotique à se faire : notre idiome s'est
transformé ; sa configuration doit se ressentir du change-
ment, s'il y a progr^. Soit que, remontant aux mêmes
origines, le français et le languedocien aient gardé l'em-
preinte de leurs éléments primitifs; soit que l'action des
mêmes influences ait agi sur eux d'une manière presque
identique au moment de leur seconde formation, dans leur
passage du roman au langage actuel; soit que, par le
contact forcé , des infiltrations aient pénétré de l'un dans
l'autre ; le fait certain est que bien des mots se retrouvent
dans les deux langues, sans qu'il soit toujours facile de
reconnaître à laquelle appartient la primauté de composi-
tion, ou si la grefie n'a pas une date contemporaine. Cette
catégorie de vocables ne saurait manquer d'engendrer cer-
taines conformités d'orthographe. Il s'en rencontre d'autres
que l'usage a mis dans la circulation, qui se sont natura-
lisés et qui ont acquis droit de cité. Si nous voulons un
Dictionnaire complet, nous devrons leur faire place.
Cet état de choses était de nature à mitiger notre rigo-
risme. Sauvages, il y a cent ans, avait déjà été amené à
&ire des concessions. Nous avons une instinctive antipa-
thie, égale au moins à la sienne, pour les travestissements
à la française de nos techniques; mais la crainte de nous
confondre avec le français nous préoccupe moins. Surtout
le désir de donner à notre langue originale une |diyaie-
nomie plus originale encore, ne nous conduira pas A défl-
gurer certains mots, au point de dérouter roâil te plus
exercé, ni à compliquer certaines liaisons de syllabes par
rintroduGtkm de lettres parasites on biiarvas» pour la
ÂOU
AOU
51
«ûB&etlon de ne pas créer des reaaemblanoes grai^qnes,
^nand il y a an fond analogie de provenance et de consan-
foinité.
% avec Sautaobs, nous reconnaissonB que tontes les
tetties doivent être proncmcôes, encore &nt*il, croyons*
nous, n*écrire qne celles qui se prononcent* qni sont snffi*
smtas, de par l'alphabet, à constituer le son juste. En tout
ee qui ne blesse pas le génie de la langue, il n'y a pas péril
à se montrer facile, et nous indiquons comme exemple la
diphl. m. — Voff, Au
Mm à part cette exception, c'est toujours la pnmoncia-
tnn vers laquelle converge notre orthographe et qni lui
sert de guide.
Nous entendons les docteurs ès-grammaire s*écrier :
mais les étymologies que vous sacrifiez avec votre sys-
tème phonographique! mais les homonymies qui vont
pulluler, semer partout la ccHifnsion et nous précipiter
dans le chaos ! Nous tombons dans l'abomination de la
désolation prédite par Ch. Nodier.
Ces anathémes ne seraient pas efifrayants, ni ces griefs
très-sérieux, n'étaient le pédantisme et le paradoxe qui les
ont parfois éloquemment enflés ; mais que les timorés se
rassurent.
La part des étymologies est largement faite dans notre
lexique; aihdessous de chaque vocable est, autant que
possible, placée sa dérivation. Les lettres étymologiques
savantes ne disparaissent-elles pas en parlant? Pourquoi en
surcharger le mot écrit? Ne serait-ce pas le plus sûr moyen
de le rendre inintelligible à la lecture, introuvable à la
recherche la plus obstinée, et d'en fausser l'épellation ?
Dans les cas si fréquents d'apocope et d'aphérèze, de syn-
cope et de métathèse, de mutation, de transposition, d'ad-
dition ou de suppression de voyelles et de consonnes, quel
serait le parti à prendre pour éviter le barbarisme en écri-
ture ou la cacophonie dans la parole? Les savants auraient
bien fait de commencer par résoudre ces difficultés.
Quant aux homonymies, avec une orthographe pure-
lÉeot ^bonSqoBj elles existent au même degré dans l'écrl-
tiie comme dans la prononciation, pour la vue et pour
Fottfe. Eh Inenl après? Dans le langage parlé quelle est la
ecxAftisioin possible? Dans la phrase écrite d'où peut naître
l'inoertitude ou l'obscurité? Avec notre méthode d'accantê
et de tiénia, il n'y a pas de mot absolument homographe.
9n ks mâmes lettres, la notation donne le sens; tonte
amphibologie est prévenue par Taccent. Il n'y a, pour s'en
convainore, qu'à le voir fonctionner, par exemple, dans
èoAo et habd, béou et beau, eouUm et eouhà, $én et ièn,
«en et vàn, pioeXfid, léngado et Ungadà, etc., etc. — Vay.
au mot Aeén.
Là est, en effet, le pdnt capital. L'accentuation est le
vrai g6nie de la langue d'Oc. C'est par l'accent que se
module la gamnke harmonique de sa vocalisation ; l'accent
qui marque la tonalité de ses cadences brèves ou longues,
soDoies ou muettes : il est Tàme de notre langue.
Gomme disait le maître, notre idiome « vocalise plutôt
qn'il n'articule. * Sa parole est «ne nmsiqpœ et une mé-
lopée : il ne faut pas l'oublier. Biais son ehant, si doux k
Foreille, a pour se traduire aux yeux une notaticm : pour
eon parler écrit, cette notation est l'alphabet.
La langue d'Oc n'a pas un instrument fait exprès pour
elle ; elle a partagé avec la langue d'Oïl l'usage de l'an-
cien alphabet latin; les mêmes combinaisons de signes
produisent à peu près les mêmes effets. Nous ne voycms*
pour notre part, aucun mal à ce qu'elle s'empare et se
serve d'un bien qui lui appartenait un peu aussi ; n'eùt-
elle même pas été la première à le posséder. Aujourd'hui
c'est peut-être pour elle la seule condition possible de
vivre, de se faire comprendre et étudier, de se répandre
par le monde et d'y faire figure. Elle a donc sagement agi
d'en adopter les formes ; elle a fait mieux encore de suivre
son mouvement, de mettre à profit sa valeur et ses perfec-
tionnemenls. Quel regret aurait^le de cette communauté,
si les caractères de l'alphabet français en usage peuvent
r^résenter tous les sons languedociens et reproduire fidè-
lement sa prononciation 7 11 sera même facile de prouver
qu'elle y a gagné d'exprimer certaine consonnance qui lut
était particulière et qui n'existait pas en latin. — Voy,
lettre 17.
Maintenant, à la question de notre article, que ces pré-
mices auront simplifiée. Gomment fautril écrire les diph-
thongues ou triphthcmgues dans lesquelles se rencontre la
consonnance ou? Nous ne parlons que de la première
forme sur a ; les autres e, i, o viendront en leur lieu : eUes
ont toutes d'ailleurs les mêmes raisons d'être. — Voy. Eou»
diphth.
n s'agit d'une diphth(mgue, ce qui signifie une syllabe
unique composée de deux sons. La voyelle a, éclatante*
sonore, n'est pas en litige; mais comment doit être repré-
sentée la seconde, voyelle sourde et aphone?
Rien ne parait plus simple que la réponse, s'il est bien
convenu, une fois pour toutes» que les mots doivent être
figurés tels que dans l'usage oa les articule; que la pro-
ncmciation doit être rendue de la manière la plus facile» la
plus perceptible au ^us grand nombre ; qu'enfin le seul
véhicule connu et pratiqué doit être l'ali^is^t français. U
n'y a pas à vouloir se sonstraireà cette loi de la néoessité^
ni à s'en humMier. Ge n'est point un tribut de vassaliti^
payé an finançais, mais le partage d'un héritage commua^.
Que l'on s'en plaigne, à la bonne heure : ce peut être un
agréable exercice d'esprit. Que l'on trouve une regrettable
imperfection â ne pouvoir exprimer chaque son simple pav
un signe unique, et que, par exemple, dans la conjonoturoi
l'abréviation grecque u (ou) qui ferait si bien» ne soit pas
admise chez nous; nous nous gardons d'y omtredire. lÛs
nous n'ai serons pas moins tenus, quel que soit notre dia»
lecte, de nous servir de ce que nous avons et comme nous
l'avons; et il faudra bien s'en contenter. Il semble done
qu'il derrait suffire de savoir comment l'alphabet firaii>
Vi
AOU
AOU
çiis tndait en lettres le son qui se (ait entendie nette-
ment, isolément, à la finale de notre diphthongne, poor
décider que la langoe d'Oc doit récrire de même. Or, la
voix M est représentée par un seul caractère : la vocale ou
a besoin de deux signes, mais n'en est pas moins nne : et
Tuie et l'autre ont leur son ^lécifique, particulier. Nous
entendons et nous prononçons u et on» voyelles, sans les
confondre; écrivons donc et notons avec des signes diffé-
rents des sons distincts. L'orthographe vraie de la syllabe
sera donc Aou.
La déduction est rigoureuse et logique. Elle avait frappé
sans doute bien des auteurs et des plus recommandables,
glossateurs et poètes, qui professaient la nécessité d'écrire
comme on prononce, lorsque de notre temps on a essayé de
changer tout cela, non pas en attaquant le principe, mais
en imaginant une exception qui le renverse.
Une nouvelle école proclame que la voyelle u se pro-
nonce, en effet, toujours comme en français, hormis les
cas où elle suit immédiatement une autre voyelle; car alors
elle doit prendre le son ou; et il faut écrire au, eu, eu, tu,
au, diphthongues, et iau, iéu, iiu, ièu, triphthongues, au
lieu de àou, iou, iou, 4ou, ôou, et idou, iiou, Ukm,
Voilà rinéluctable Schibboleth en écriture, posé d'auto-
rité à rentrée du cénacle, où nul ne pénétre sans sou-
mettre, au culte et à la pratique de ce symbole, son esprit,
sa foi et sa plume. C'est Theuieux commencement, le pivot
fondamental de l'unité orthographique des dialectes de la
langue d'Oc, ont décidé les puristes réformateurs.
Ce dogme, d'assez fraîche date, est soutenu à la vérité
par des hommes d'un incontestable talent, sinon par des
arguments bien solides; mais il n'est pas si absolu qu'il ne
souffre des atténuations, ni si vrai qu'il ne se contredise
souvent lui-même. On lui a fait une histoire, ce qui donne
toujours un certain crédit ; il a trouvé des partisans, ce
qui ne manque jamais aux plus étranges doctrines. Ne
parlons pas des convertis du premier degré, qui longtemps
avaient écrit ces diphthongues comme ils les articulaient,
sans doute avec la conscience de bien faire et la certitude
d'être compris, et qui depuis, illuminés par un rayon d'en-
baut, se corrigent eux-mêmes, et dans leur ferveur de néo-
phytes, affrontent le douloureux martyre de ne plus pou-
voir être lus. Ne relevons pas ches les adeptes du second
degré ces scrupules qui leur font admettre l'application du
système à la voyelle a, tandis qu'ils la rejettent pour les
autres. Les résipiscences comme les divergences prouvent
oeoi: que l'orthographe âou a eu et aura toujours sa raison
d'être, et qu'il n'est pas aussi sur que la réforme par au
puisse également bien justifier de la sienne.
Nous regardons cette prétendue innovation comme une
hèréile grammaticale de la plus grosse espèce. Elle mène
tout droit â la cacophonie, ce que notre Umgue redoute le
plus; elle introduit forcément l'exception dans l'exception,
es qui est on danger et un signe de décomposition pour
•a idioaie; elle se met en révolte ouverte avec l'usage et
le sens oonmmn, et finit par ne tenir aucun compte des
lois de la liaison, du rapprochement, de la combinaison et
de la valeur des lettres.
n est facile de poser en théorème que la voyelle u prend
le son ou, quand elle se trouve placée après une autre
voyelle; mais rien n'est moins réfléchi, ni moins véntable.
n existe une famille nombreuse et très-intéressante de
mots dans lesquels l'euphonie caractéristique de Vu simj^e
ne peut pas disparaître. Nous ne tenons pas compte de
quelques noms propres, comme E»au, DanaUs, EmmaUs,
AntinoUs, etc. ; mais Marius, si commun en Provence ;
mais Darius, DuHus, Vius, etc., fréquents dans le Baa-
Languedoc, mais tant d'autres à désinence id^tique, qui
reviennent si souvent dans les traductions des anciens
auteurs, il n'est pas aus^ commode de s'arranger avec eux
si l'on veut prononcer correctement et suivre les préceptes
des novateurs. De quel droit sacrifier encore cette classe
de substantifs communs, d'adjectifs et de participes, ter-
minés en aiu, ètu, èiun, ïun, aïur, ïur, ïus, ïuro, ïuto, etc.,
comme dourêtu, oreillard; béstiu, bestial; eaXtiui, chétif ;
éieaubïun, balayures ; éseafouïun, écrasement ; aïul, afeul ;
hM, œil; nudiuga, rompre; métsiu», messieurs; hiuis,
aujourd'hui; liuèn, loin; huièi, bourgeon, œil; à'aXuèneha,
s'éloigner ; ftaVti^mo, étincelle ; pariuro, gageure ; eadiuèit»,
cosse de pois; taïu ou ataïu, bière, cercueil ; trUun, éplu-
chures; triuèjo, truie ; viêiun, vieillesse, etc., etc. ? Certes,
s'il en fut, ceux-là ont un u qui suit immédiatement la
voyelle ; et personne ne s'avisera jamais de faire entendre
ou en les prononçant. La conclusion est claire.
Cependant comment une erreur de ce calibre a-t-ello
pris naissance et crédit t Simplement parce qu'on a évo-
qué le souvenir des troubadours classiques, qu'on a démon-
tré qu'ils n'avaient pas écrit autrement ces syllabes diph-
thonguées, et qu'on a voulu s'autoriser de leur exemple
constant.
L'argument, pour être le seul qui se soit encore produit
en faveur de ce système, n'est pas heureux. Son moindre
défaut est d'avoir trop oublié que les troubadours écri-
vaient avec l'alphabet latin et qu'ils prononçaient à la
mode latine. La langue romane employait les formes et
les lettres ronudnes. Or, le latin qui ne connaissait point
le son de l'u simple, avait cependant ce signe u qui son-
nait partout et invariablement ou, isolé, précédé ou suivi
par une voyelle ou une consonne. En italien, en espagnol»
en portugais, langues néo-latines, l'u français, qui n'exista
pas non plus, a conservé la prononciation qu'il avait cbei
les Romains. Au contraire, dans la langue d'Oc, le son u
est ancien : on le fût remonter aux Gaulois. Il est dans
son génie, et il est impossible de ne pas le maintenir. Mais,
comme pour exprimer ce son u, la langue d'Oc manquait
d'un caractère spécial, ou, pour mieux dire, n'avait à sa
disposition, dans l'écriture, qu'une lettre destinée à repré-
senter deux voix différentes, force était bien à ceux qui
écrivaient de mettre un « dans les mots dont li pronon-
AOU
AOU
53
ctatioD devait êûtb entendre ou, comme dans ceux où la
Toyelle avait le son actuel. Cet usage s'est prolongé long-
temps : il explique l'ancienne manière d'écrire des trou-
badours • mais il est loin de prouver qu'on doive la préco-
niser et la reprendre.
Aujourd'hui, en l'état des conventions et des combinai-
sons alphabétiques qui régissent la langue d'Oc, il n'est
plus permis de revenir aux vieux errements. A moins de
réformer l'alphabet adopté, et nous n'en sommes pas là, si
la langue d'Oc veut se faire lire et se faire comprendre à
la lecture, elle sera tenue d'écrire par le signe convenu la
Toyelle qui devra être prononcée comme Vu français, et de
même pour la voyelle ou, formée de la jonction de deux
signes, mais ne produisant qu'un son simple, entier, indé-
pendant; et ce sera une règle générale, sans exception, bien
que l'une ou l'autre vocale soit précédée ou suivie d'une
voyelle ou d'une consonne. — Voy, Eou, diphth., i. Ou,
U, voyelles.
Que l'on consulte doue l'oreille et la prononciation, c'est
tout ce que demande notre idiome, essentiellement eupho-
nique. Sauvons son autologie, sans cesse menacée par les
envahissements du Nord ; mais soyons de notre époque, et
sous prétexte d'unité, ne faisons rien de rétroactif, la pire
des conditions. N'essayons pas de ressusciter des formes
surannées, ne latinisons pas notre orthographe, si nous
Toolcms prouver que notre langue d'Oc est toujours vivante
el qu'elle produit encore des chefs-d'œuvre.
Aoa, f. m., au plur. Aouue», Toison de mouton on de
brebis ; l'ensemble de la dépouille d'une hôte à laine prise
isolément. — Vdou ne comprend que cette partie de la
toison qui se tient toute et ne forme qu'un corps, déduction
faite de la laine du ventre, des jambes et de la tète, qui se
eoupe en détail, par flocons et se nomme : Flouquariè.
Dér. du béam. AouXha, brebis, du lat. Ovicula, et Oi»t.
— Tùy. Àbêiè.
Aonbado, f. f. Aubade; concerts, musique, sérénade an
point du jour sous les fenêtres d'une jeune fille ou d'une
personne que l'on veut honorer. — Il se prend souvent,
par antiplffase, pour une insulte publique on une scène de
moquerie ou de reproches. — Yoy. Bévénè.
Dér. de Aoubo.
âonliala, v. Dévider la soie, la doubler et la tordre lai-
Uement» lui dcmner un flEdble apprêt, sur des bobines qui
toumenl fixées à un grand métier, Yâoubalo, mis en mou-
▼emeot par l'eau, la vapeur ou des chevaux, et qui est de
Iwme ovale.
Dér. du fr. Ovode, qui est le mot technique de ce métier.
Amibalaire, ûro. a4f. Celui ou celle qui sert un métier
de soie dit ovaU,
Amibalaie, s. m. Œuvre que donne à la soie le métier
dit ovale ; moulinage de la soie destinée à la confection des
bas de métier.
AoobaUsIiiè, ièiro, subit, et a4f. Étourdi et maladroit
à la fois; jeune gars sans £rein et sans mesure.
Ce terme de mépris est une suite du décri où étaient
tombés nos archers qu'on nommait au moyen âge, en langue
romane, doubcdéstrièi, arbalétriers. Comme la guerre, i
cette époque, se faisait principalement au moyen de la
cavalerie, les hommes d'armes, les archers', milice à pied,
étaient peu considérés, mal exercés et partant peu utiles,
ce qui devait seul étouffer chez ces soldats tout germe de
courage et tout désir de se distinguer. Leur nom et jusqu'à
celui de matrat qu'on donnait à leur flèche, devinrent en
Languedoc des termes d'injures ; tandis que chez les Anglais
les archers étaient la meilleure et la plus utile de leurs
milices, témoins les batailles de Crécy et de Poitiers.
Aoubaléstriô, t. m. Arbalétrier, pièce de charpenterie
d'un comble; ferme ou assemblage qui soutient la couver-
ture, formé de deux pièces obliquement placées, qui vont
s'emmortaiser du haut avec le poinçon ou pied-droit et par
le bas avec la ferme décrivant avec elle un triangle.
Dér. ô^Aoubalittro,
Aoubaléstriô, t. m. Grand martbiet, martinet à ventre
blanc Cypselus alpinus, Temm. Oiseau de l'ordre des
Passereaux et de la famille des Planirostres. Gris uniforme
sur toutes les parties supérieures, la gorge et le ventro
blancs. Son nom lui vient de ce qu'en déployant les ailes
il rappelle la forme d'une arbalète.
Aoubaléstro, f . f. Arc d'acier monté sur un fût, qu'on
tend au moyen d'une corde, servant à lancer des flèches
nommées matras.
Dér. de la bass. lat. Ârhalùta, formé de arou-halUta.
Aoubalo, «. f. Ovale, métier à doubler et à tordre h
soie.
Empr. au fr.
Aoubé, interj. Oui ; oui vraiment. — Aoubé tant / oh I
certes ouil Aoub'aquà / pour cela, oui I je vous le promets.
Aoubé iaïque / oui, sans doute.
Formé par syncope de Oui ou ha et ôe bé.
Aoubécho, f. f. Aubier d'un arbre, couche ligneuse
entre l'écorce et le cœur de l'arbre ; elle est plus blanche,
plus tendre et plus poreuse que ce dernier, parce qu'elle
est plus récente de formation. Les planches prises dans
l'aubier sont plus sujettes à la vermoulure. — Voy. Aou-
béneo.
Dér. du lat. Albumum.
Aoubéi, V. Obéir; agir selon un ordre reçu; céder»
plier.
Dér. du lat. Obedire,
Aonbéissén, énto» adj. Obéissant, soumis ; maniable.
Aoubéiasénço, <. f. Obéissance, soumission ; habitude
d'obéir.
Aonbénai, #. m. n. pr, Aubenas, ville du Vivaraisr
dans le département de l'Ardèche. — On remarquera que»
pour tons les noms de lieu qui commencent par un a, on
ne place pas au-devant la préposition à, correspondant an
lai. ad, el l'on ne dit pas à AtaU, à Aoubému, à Avi^
gnouH, parce que cette réduplication de la même voyelle a
54
AOD
AOU
quelque chose de henrlô pour Toreille languedocienae.
Aïs on emploie la préposition en, répondant an lat. in, ef
Tcm dit : Yé<m en AUti», en Acmbéntu, en Ânduio, en
ArU. Il n*en esl paa de même poor les noms de lien com-
mençant par nne antre voyelle; car on dit très-lâen: à
^9è$, à louté, à Uehdou, à Orléan.
Le mot languedocien A<n^énas est exactement r^roduit
p» son éqnivtdent latin Albenaeiwn on Alb^naâsium. C'est
poor la première syllabe, le changement, très-commun
dans notre idiome, de a/ en àou, rendu par ou en fr., ce
qui ne se fait pas non plus sans une certaine réciprocité.
Quant à la terminaison a$, ce n'est pas ici un fréquentatif,
mais une variante du suffixe celtique primitif ah, vulga-
risé dans la forme latine œum, oMttim. Le mot lui-même
est le gaulois M, le même que alp, signifiant sommet,
haute montagne, et blanc, codeur de neige ou couvert de
neige. Sa parenté est nombreuse; aux désinences près, on
la reconnaît dans les noms identiques : Aliénas, en Pro-
vence; Aoubéna», arrondissement de Forcalquier (Basses-
Alpes) ; dans Aubeignan (Landes} ; Aoubigna (Gard), en f^.
Aubignac; qui se retrouve dans Aubignac ou Albignac,
Mbiniaeum, arrondissement de Bourges; Albignac, Albi-
niaeum (Vaucluse) ; Aubignas, en Vivarais ; Aubigné, en
Bretagne, Poitou, Maine, Anjou, Touraine; Aubigny, AJbi--
niaeum, dans le Berry, la Brie, la Picardie, le Bourbon-
nais, le Poitou, Touraine, Champagne, Bourgogne, Laon-
nais, Normandie, Franche-Comté, Nivernais, Artois; et
encore dans Aubeinges ou Aubinges (Berry); et enfin dans
ii^Vte AoMgnargue, Aubignargues, Albanhaniot» (Hérault).
Tous ces noms présentent dans leur radical et dans la
version latine une analogie directe, et s'appliquent à des
localités, comme Aubenas, sur des plateaux élevés ou
remarquables par les montagnes qui les entourent. —
Voy. Aotêbussargue, etc.
Aoubénco, #. f. Aubier, couche ligneuse extérieure et
ordinairement plus blanche, qui se trouve entt^ le cœur
de l'arbre et le liber ou couche intérieure. — Tby. A^U"
bMo:
Dér» du lat. Albumum.
âoubér]èiro, «. f. Pécher qui produit l'alberge ou pavle^
alberge, à chair adhérente au noyau. Cet arbre a de nom-»
breuses variétés.
Dér. de Awbèrjo,
Aonbérjino, f . f,, ou Vièdaae, fam. Aubergine, melon*
gène; Solanum mOongmui, Linn. Plante potagère de la
famille des Solanéea.
Aonbèi]», f. f. Auberge ; hôtellerie; lieu où Ton donne
à manger et où on loge pour de l'argent.
Dér. de la basa. lat. AXbwga ou Alberpm,\offiamïf ou
de l'ital. AUmrgar: Au reste, il est emprunté au fr. Le
mot pn^ire d'hôtellerie, en lang., est cabari; mais comme
étbamn, en fr., signifie une mauvaise hôtellerie, on plutôt
enoore l'échoppe du marchand de vin, débitant à bandière,
<m a cru qu'en laag. anad il (allait distinguer l'hôteN
tejrie bourgeoise de la taverne du peuple, en appelant la
première Aoubèrjo, et la seconde Cabaré.
Aoubèrjo, # . f. Pavie, alberge ; sorte de pèche ferme»
dont la chair adhère au noyau ; fruit plus connu dans le
midi de la France que dans le nord. On en distingue troit
espèces : la Pawe, qui a la diair très-blanche et qui est
la plus savoureuse ; la Pavie jauno, et une dernière dont
la pulpe est d'un rouge très-foncé, dure et peu aqueuse.
Dér., d'après Ménage et Roquefort, du lat. AUms, parce
que l'espèce principale a la chair blanche ; selon Saumaise,
de l'art, arabe Al, le, et Beg, fruit.
Aoubéto, s. /*. La petite pointe du jour; le premier
rayon lumineux qui précède l'aurore.
Dim. de Aaubo,
Aoubicoù, f. m. Sorte de figue piécoce, longue et n(»ie,
qui mûrit à la Saint-Jean.
Dér. du lat. Albieans, qui signifie blanchâtre, sans doute
parce qu'en séchant, cette figue passe du noir au blanc.
Aouhièiro, f . f. Lieu planté de trembles , peupliers
blancs, àoubo. — F. c. m.
Aoubignargue, f. m. n. pr. de lieu. Aubignargues,
dans le département de l'Hérault. — Foy. pour l'étym.
Aoubénas, Aoubuisargue.
Aoublida, v. Oublier, perdre le souvenir, la mémoire;
laisser quelque chose par oubli. — Aï aoublida numn
eofOU din lou pra, j'ai laissé mon couteau au pré.
Dér. du lat. Obliviiei,
Aoublidoùa, ouao, adj. Oublieux; qui a la mémoire
courte.
Aoubligacîou, f . f. Obligation, engagem^t qui lie, qui
impose le devoir qui naît des services rendus; billet on
acte par lequel on s'oblige. — / ai fono âoubUgaeUhU, il
m'a rendu bien des services, il m'a souvent obligé. Faim
uno àoubligaetou, passer un contrat notarié, portant dhli-
gation; prêt hypothécaire.
Dér. du lat. Obligatio.
Aonblija (s'), v. S^obliger pour quelqu'un, lui servir de
caution.
Aoublisè, indécl., locution proverb., pfar. faite, pour
dire : Merci, bien obligé ; s'emploie surtout quand on reÂise.
C'est ce qui s'exprime en fr. fam. par : Merd, non.
Gontr. et corr. du fr.
Aonbo, f . f. Aube, le point du jour. — La p/Hmo davAù,
la première clarté de l'aurore. D'uno àoubo à Vâauirû,
toute la journée, de l'aube du matin à l'aube du soir ou ifl
crépuscule.
Dér. du lat. Albus, atba,
Aoubo, f. f. Peuplier blanc, Populuê alba, Linn., et
aussi Peuplier-tremble, PoptUuM tremula, Linn. Arini
communs dans nos contrées, de la hm, des Amentaoêes.
Dér. du lat. Alba.
Aoubo dé mèr , s. f. Algue-marine, ou Algue des vitrieit s
ZosUra marina, Linn. Plante de la fam. des Aroldes, abon-
dante sur les côtes de la Méditerranée; la même que là
AOU
AOU
»
MmtêUHté-^mir, rermiftige Inen comui. •— Voy. Mmàuo^dé'
Àoubo parait ètie une corr. de Aougau, employé aniai
dans notre dialecte et qui avait son étymologie dans le lat
Ad et Ugare, parce qu'elle s'attache aux pieds de ceux qui
marchent dans la mer. — Voy. Aaugou.
Aonbovi, t. m. yigne4)lanche ou Viorne à larges feuilles,
CUrnaUs alba, Linn. Plante de la fam. des Renoneulaoées,
caustique et vénéneuse, espèce de Clématite, autrement
dite : Herbe aux gueux.
Dér. du lat. Aiba et de viiis, ou uva,
Aoolirado, ». f. Quantité de feuilles qui se trouve sur
un seul marier. — Aqui y-a tioo bravo doubrado, ce mûrier
fournira beaucoup de feuille, il est bien garni.
Dér. de Aoubre,
Aoubre, s. m. Arbre, plante ligneuse et vivace dont la
tige, ^laisse et nue à la base, 8*élève à une hauteur remar-
quable; le plus grand des végétaux. ^- On disait dans Tan-
eieane langue romane : Albre, alb^r,
Dér. du lat. Arbor.
Aonbre, s. m. Arbre, pièce de bois, posée honzontale-
ment ou verticalement, sur laquelle tourne toute une
«MrJiinft et d'où dépend son principal mouvement.
Aotâbre dâou tnoulï d'oU, le mouton, la presse d'un pres-
soir i huile, énorme pièce de bois qu'on &il peser par une
vis sur la pâte d'olives.
Aoubn dré, arbre-droit d'une charpente, d'un puits-à-
rone, etc. — Fàîr» l'doubr» dré, se tenir en équilibre, en
chandelle, sur la tète, les pieds en l'air. Au fig., faire tous
ses e£GKts, faire l'impossible, employer tous ses moyens
pour prouver sa bonne volonté; se mettre en quatre.
Aoubre ja»én, pièce de bois horizontale dans laquelle
tourne l'arbre droit d'un puits à roue.
Aoobré, s. m. dim. Petit arbre, arbrisseau.
Aoubréspl, «. m. — Toy. Aougritpï,
Aoubréssa, f . m. Havresac. C'est particulièrement ce
sac d'ordinaire en peau et à divers compartiments, dans
lequel les chasseurs et les ouvriers terrassiers à la journée
portent leurs provisions de bouche.
Formé de l'allemand Haber, avoine, et êoke, sac. D'après
cette étym., cette sorte de sac aurait été dans l'origine à
l'usage des soldats de cavalerie, pour porter la provende de
leurs chevaux en campagne, ce que l'on appelle aigour-
d'hni : musette.
Aoobrieà, s. m. Abricot, fruit de l'abricotier.
Dér. de l'aiabe AJbêrcoq,
Abricontiè, t. m. Abricotier, Prvfius armmiaca, Linn.
Aibce de la famille des Rosacées, originaire de l'Arménie,
comme son nom ktin l'indique.
Aonbnssargna, f. m. n. pr, de lien, Aubussargues,
commune du canton de St-Chaptes, arrondissement d'Uzès.
Son nom est en latin Albuuaniem. H peut absolument
avoir eu pour radical un nom d'homme, comme son ana-
logus ilmiA^fruir^M, en lat AJOnmhmniem, et la seule diffi^
rence serait alors «otre les noms AXban, Aibain, ou AtHn,
Albanus, ou Albinuê; mais, soit nom d'homme ou nom de
lieu, l'origine est certainement dans le celtique Alb ou Alp,
montagne, blanc de neige, et les procédés de formation ap-
pellative sont m les mêmes que nous signalons aux art.
Argue et Aoubénas, etc. Ainsi se vérifient les identités de
racine, et l'équivalence des terminaisons, quand on rapproche
successivement les noms. Celui-ci se reproduit, pour en
donner un nouvel exemple, dans Albussan (Creuse) , dans
Albussac, Aubusson (Creuse et Puy-de-Dôme); et dans ces
similaires, comme dans tous ceux cités sous le mot Aoubé-
nas, il s'applique à une situation sur des montagnes ou
caractérisée par le voisinage de montagnes.
Aoucnpa (s'), v. S'occuper ; travailler ; mettre le temps
à profit; ne pas rester oisif. — Aquél travaïadoù éi pas
d'un gran és-avan, mais s*Aoueupo ioujour, cet ouvrier
n'est pas très-habile, il ne fait pas rapidement son travail,
mais il ne perd pas un moment, il est toujours à l'ouvrage.
Dér. du lat. Oceupare.
Aoolénsa, adj, sans fém. Atteint d'une hernie. — Le mot
eréba est le technique le plus usité, mais il est familier et
ignoble; quand on* veut y mettre de la décence, on se soi
de àoufénta ou de rélassa. — V. c. m.
Dér. du lat. Offènsus.
Aongou, s, m. Algue ou mousse-marine. — Voy. Aoubo-
dé-tnèr,
Aougréspl, s. m., ou Aoubréspl. Aubépine, épine
blanche, noble épine; Cratœgus oxiaeantha, Linn. Arbris-
seau épineux de la fam. des Rosacées.
Dér. du lat. Alba et spina.
Aougruno, s, f. Augure, pronostic, présage. — Ce tech-
nique, qui a vieilli, s'emploie encore parmi les vieillards
et les bonnes femmes. — N'ai pas bono aougruno, j'en ai
mauvais augure, je n'en augure rien de bon.
Corr. du fr.
Aouja, s, m. n. pr. de lieu. Aujac, commune du
canton de Génolhac, arrondissement d'Alais.
Ce nom, en lat. AujMum, offre un exemple intéressant
de la composition des noms dans nos pays, qui confirme ce
que nous disons à Tart. Argus, Inutile d'abord de remar-
quer que, selon la règle invariable de notre dialecte, le e
final est supprimé. Mais, auprès de ce hameau, se trouve
un écart qui est indififêremment appelé Aoujagué ou Aow-
Jargué, petit Aujac. Le premier diminutif est dans la
forme ordinaire et régulière de tous les noms propres en
o, le second présente cette particularité que, par l'ad-
jonction de la consonne r, il entre dans la catégorie des
appellations en argue, et se montre en complète analogie
avec le nom Aoujargue, Aujargues, commune du canton
de Sommières, arrondissement de Nimes. Ce sont bien là
les mêmes noms sous différentes finales, et ils sont rendus
par la même forme latine; mais en même temps ils sont
identiques à Aoujan, ruisseau près d'Anjac, à Augy 9i6rd)„
et à Aujon (Haute-Marne).
56
AOU
AOU
Qoant à I*étymologie, comme Anjargnes se disait autre-
fois Orjargues, il est probable que la même altération
a eu lieu pour Aujac. Si donc Orjargues dérive du lat
Àurum, Aujac doit en venir aussi, avec d'autant plus de
raison qu'il est situé, comme Orjargues, sur un de ces ruis-
seaux qui roulent des paillettes d'or.
Âouiourdhinôi, adv. ou Hinèî, Aujourd'hui. Aoujour-
dhiiiét est plus grave que Biuèï : celui-ci désigne plus par-
ticulièrement le jour même où l'on parle ; le premier s'étend
à toute l'époque, à tout le régime actuels.
Dér. du lat. Hodiè, et formé du datif dou, et jour, hui.
ÂOUliTastre-bouscas, s. m. Troënc, Ligustrum vulgare,
Linn. Arbrisseau de la fam. des Jasminées, commun le long
des baies.
Âoumédo, s. f. Ormoie, lieu planté d'ormes.
Dér. du lat. Ulmarium, ou de Oumê.
Âouméléto, «. f. Omelette, œufs battus et cuits dans
la poêle. — Vous la révira eoumo uno âoumélélo, il vous
l'a rebiffé comme on retourne une omelette. — Faire l'àou-
méléto, faire la fête, le repas du lundi de Pâques, dont
l'omelette forme le plat de fondation, le mets tradition-
nel. Cette coutume tient aux anciens rits de l'Eglise pri-
mitive, où les œufs mêmes étaient interdits pendant le
Carême. La jubilation pascale se traduisait par le rappel
des œufs longtemps proscrits.
Du fr. Omelette, de œufs mêlés.
Âouménta, v. Augmenter; croître en valeur ou en
quantité. Se dit principalement du prix des denrées en
hausse , et aussi d'une rivière dont les eaux commencent à
se gonfler par de fortes pluies.
Trad. du fr.
Aonméiitacioa, s. f. Augmentation de prix , hausse de
prix ; augmentation du nombre des mailles dans un tricot.
Âonmomo, $, f. Aumône, ce qu'on donne aux pauvres
par charité. — Démanda Vdoumomo, demander l'aumône.
Fa%r€ Vdoumomo, faire la charité.
Dér. du gr. 2Xni(&oo^w).
AoiinOt '• A Aune, mesure ancienne de longueur. — Ce
mot est peu usité dans le style vulgaire, parce que cette
mesure, venue de Paris, n'est connue dans le Midi que
depuis peu. Gomme les marchands s'en sont servis jusqu'à
remploi exclusif et obligé du mètre, force était au peuple
de connaître la valeur de l'aune et de la comparer à sa
mesure vulgaire, lou pan. L'aune représente cinq pans
moins un quart. — Vay. Pan.
Trad. du fr.
Aoupila (s*), V. Se pasûonner maladivement pour cer-
tains aliments même insalubres; s'adonner avec ardeur à
leur usage; désirer se nourrir de substances terreuses comme
b cendre, la suie, le plâtre, le sel. Cette maladie, k laquelle
les jeunes filles sont particulièrement sujettes, se nomme
«a fr. malaise.
Dér. du kàt. OppOare, fermer, boucher, venant du gr.
viXdw, je serre.
Âouquo, s, f. Oie domestique ou sauvage, Anaa anter,
Linn. Oiseau de l'ordre des Palmipèdes. — Mareho coumo
uno âouquo crébado, il marche comme une oie crevée,
phrase proverbiale qui correspond à : il marche lourdement
et les jambes écartées. En vieux français du moyen âge,
on disait auque pour oie, témoin l'histoire fabuleuse de la
reine Pédauque, nom que l'on a donné â la reine Berthe,
mère de Charlemagne, dont on voit les statues sur quel-
ques monuments gothiques, avec des pieds d'oie, traduction
du nom.
Les Joyeuses Recherches de la langue tolosaine, de Cl. Odde
de Triors, publiées au XV1« siècle, sont curieuses â con-
sulter sur notre article. Elles disent : Auque (Aouquo) idem
sonat gallico sermone quod Oye , hinc illud en ceste cité,
estre coumo las auquos de Blagnae, que se leuan de matg'
lis per heoure. Et dicuntur hœc à l'endroit de ceux qui
naturellement sont altérez comme vue esponge, et lesquels
escase poyne ne sont pas sourtis du lict qui crient à layguo,
à layguo, ie voulois dire au vin... Est et aliud vulgare
dictum en ceste cité de Tholose sur ce motd'au^ruo, ainsin :
Non quai pas parla sinon quand Vauquo pisso ; et Kae à
l'endroict de ceux qui n'ont que babil. Le diminutif d'a«-
que est auqueto, hinc illud, en ceste mesme cité : à la
SanfAnneto, taston Uobu à Vauqueto.
Dér. selon certains étymologistes du celt. Auea ; suivant
d'autres, du lat. Avis ; mais il y avait sans doute â la suite
quelque épithète spéciale, que la contraction subie par le
mot ne laisse pas deviner. En ital. Oea.
Âouraîe, s. m. Tempête, grand vent. — Ce mot n'a
aucun rapport de signification avec le fr. orage, qui a
cependant une origine commune dans le lat. Aura, vent.
Le français a dévié du sens primitif, le languedocien y est
resté fidèle.
Âouréiado, s. f. Action de tirer les oreilles; conedioii
donnée ou reçue en tirant les oreilles.
Dér. de Aourêio.
Âouréiéto, t. f., ou Bougnéto. (F. c. m.) Beignets
sucrés, faits avec de la fleur de farine, du sucre et de la
fleur d'oranges. — C'est un dim. d'dourètb, et les beignets
susdits sont ainsi nommés, non pas à cause de leur dimen-
sion, qui dépasse de beaucoup celle de l'oreille, mais à
cause de leur forme et de leur plus ou moins de ressem-
blance avec l'oreille.
Aouréîo, i. f. Oreille, organe de l'ouXé. — Es du d'âou-
rêio, il a l'oreille dure. Pénja Vàouréio, porter Torôlle
basse, être tout honteux. Pouda en dotiréib dé lèbre, tailler
la vigne ou un jeune plant de mûrier à oreille de lièvre*
c*est4^re lorsque deux des scions que l'on conserve ae
réunissent en angle aigu par leur base. C'est un dé&m
pour la bonne direction à donner â l'arbre dont l'enfoor-
chure devient trop serrée.
Dér. du lat. Aurietda, dim. de awrii.
Aonrêio-d'aie, t. f. Grande consoude, Consoude ofi-
cinale, SymphUum consolida, Linn. Plante vulnéraira de
AOU
AOU
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k fam. des Borragînôes, commune dans les prairies
humides.
Son nom loi vient de la forme de ses fenilles.
Aonréin, ndo, adj. Oreillaid, qui a de longues oreilles.
Dêr. de Âourèio.
Acmréîa, v. Donner de Tair; secouer à Tair, poor faire
perdre Thumidité; essorer, faire sécher à Tair.
Dér. du lat. Aura,
Aoiirén]6,f. m. n.pr, de lien. Orange, ville du Gomtat,
dans le département de Vaucluse. — On doit dire : Âna
en Aourénje, pour : aller à Orange. — Voy. Âoubénas,
Aoiiriolo, f . f. Chardon étoile on Chausse-trappe, Cen-
taurea ealeitrapa, Linn. Plante qui croit dans les champs
i blé, et commune sur le bord des chemins, dont la
semence est enfermée dans une espèce de hérisson très-
inquant. — Voy. Cago-trépo.
Dér. du lat. Aureolui, qui est couleur d*or, parce que sa
fleur a cette nuance.
Aoniipèlo ou Âouripènlo, «. f, Erysipèle, inflamma-
tion superficielle de la peau, avec rougeur, chaleur et une
très-légère tuméCsction.
Gorr. dn fr.
Aonristre, #. m. Ouragan, coup de vent subit et de peu
de durée.
Dér. du lat. Aura.
àonro, <. f. Vent, souffle ; grand vent , génériquement.
Aouro d'Aou, oudouro drécho, bise, vent dn nord ; mistral.
Aouro folo, coup de vent impétueux. Aouro rouiso, ou Rou-
vérgauo, vent du nord-est, ou qui vient du côté du Rou-
eigoe, relativement aux Cévennes : c'est un vent chaud et
malsain pour les vers à soie. — Di Vâouro, en terme de
cadastre, à l'aspect ou du côté du nord.
Dér. du lat. Aura.
Acmroùs. ouso, adj. Venteux, qui donne du vent ; qui
€il exposé au vent. — Voy, Abriou.
Dér. du lat. Aura.
AoÙBJ «. m. Août, huitième mois de Tannée. — Prvb. : Si
pldou en aoiu, tout oli ou tout mous, s'il pleut en août,
bonne récolte d'huile ou de vin.
Dér. du lat. Augu$tu$.
Voici un de ces mois sur lesquels se fait le mieux sentir
rinfluenoe de l'accent dans la prononciation et par suite
dans la signification : sa contexlure le rapproche beau-
coup de la particule âou, dipht. ; son accentuation l'en
écarte absolument, en en faisant une dissyllabe par le seul
déplacement de la tonique. Ces petits incidents, qui sont
très-essentiels à observer, tiennent de trop près au méca-
nisme de notre orthographe et se présentent trop souvent
pour que nous négligions d'y insister. — Voy. Aeén.
Au commencement ou dans l'intérieur d'un mot poly-
syllabique, toutes nos voyelles gardent leur son naturel,
et c'est pour cela qu'il serait inutile de les accentuer.
Gqendant VE, à cause de ses intonations différentes,
m6rite une exception, et il a besoin d'un signe qui marque
sa consonnance grave ou aiguë, ouverte ou fermée ; nous
n'avons pas cru pouvoir nous en dispenser même dans les
monosyllabes fVoy. lettre EJ. Pour les autres voyelles,
quand elles forment diphthongues ou triphthongues, quelle
que soit leur place dans le mot, la dominante est ton-
jours distinguée par l'accent circonflexe.
Mais c'est surtout à la finale des mots que se fait la
cadence, que se produit la modulation propre aux idiomes
méridionaux. C'est là, sur la dernière syllabe ou sur la
pénultième, que repose l'accent tonique, cette inflexicm
qu'aucun signe n'indique le plus souvent, mais qui bien
des fois aussi est signalée par la présence de l'accent gram-
matical. Nous rappelons cette règle.
Dans notre dialecte, les voyelles il et r exceptées, toutes
les autres, y compris la composée ou, sont féminines ou
muettes quand elles se trouvent à la fin d'un mot polysyl-
labique, seules ou suivies d'un m, ou en composition d'une
diphlhongue ou triphthongue, à moins toutefob qu'elles
ne soient accentuées. ^
Ce principe est général et absolu. Aussi qu'arrive-t-il
dans la prononciation? La tonique, qui est dans chaque
mot, et seulement à la fin, ne peut s'appuyer que sur une
syllabe pleine, forte ou masculine; la tenue est donc ame-
née sur la dernière, grave de sa nature ou marquée d'un
accent. Sur cette syllabe se module la note, se condense
l'imperceptible repos prosodique. Les syllabes précédentes,
quelle que soit d'ailleurs leur qualité ou leur nature, son-
nent de leur son naturel sans doute, mais se prononcent
plus rapidement, plus légèrement en quelque sorte, la voix
s'arrètant sur la syllabe accentuée, sur la voyelle domi-
nante, quand il y a diphthongue émise d'un seul jet.
L'application en exemples est saisissante. Ainsi A natu-
rel, toujours éclatant, est néanmoins bref dans barda, bar-
dot; tantds, tantôt; iscaloù, échelon ; lAngadà, Languedoc,
tandis qu'il est long et grave dans les mots homographes,
hardo, bat; iantos, les tantes; éecalou, ils grimpent; linr
gado, coup de langue, etc., etc. Toute la différence est dans
l'accent final, qui convertit la syllabe tonique de brève en
longue, d'une noire fait une blanche, et produit cette inver-
sion musicale et un sens nouveau. Il en est de même
pour les autres voyelles. Le secret de la prononciation
vraie et juste, comme la raison de notre orthographe, ne
tient qu'à l'observation de cette règle.
Pour en revenir maintenant à notre article, il est facile
de comprendre sur le mot Aoùs la nécessité et l'effet de
l'accent. Si la finale n'était pas accentuée, elle resterait
muette féminine, et par son contact avec la voyelle forte
a, elle serait absorbée, et deviendrait diphthongue, se
confondant avec elle. L'accent grave la dégage, et avertit
qu'elle doit servir d'appui à la voix : il décide du son et
du sens. Dans la versification, l'épreuve est bonne à faire :
lou mes d^aoùs, le mois d'août, ne rime pas avec hu$ dé-
ddous, les dés à coudre, pas plus que, par une raison sem-
blable, ne rimeraient hu$ maoùs, les carreaux de terre
s
58
AOU
AOU
coite, avec tous mdous, les maux. Pourquoi ces différences
d'assonaances dans des mots où les mêmes voyelles se
reproduisent ? Simplement parce que ici ou là la position
de Taccent a été intervertie. La tonique est fixée dans les
premiers sur où* accentué, qui fait un mot dissyllabe de
a-où* et ma-oùM, et dans les derniers déddoui et mâout, il
y a diphthongue, et la voix pèse sur Va.
Au moyen de cette simplification. et sans préjudice pour
Fintelllgence du mot, on arrive i cet autre principe du
languedocien, de n'écrire que comme on prononce, avec les
seules lettres nécessaires, et toutes devant être articulées.
La parasite h pourrait donc être sacrifiée dans bien des
mots sans que le sens eût à en soufirir. JKf ooù servirait
d'exemple, et dans le même cas se trouverait traî, trahir,
dissyllabe par Taccent, qui ne se confondrait pas non plus
avec traï, il jette, monosyllabe par la diphthongue.
Ces observations se répéteraient également sur les autres
voyelles. Elles viendront à leur place, mais il est déjà
facile de les pressentir par l'épellation* des mots : Sai,
panne de porc, et saï, céans ; mXoû, meilleur , et mtou,
mien ; fia, feu, et fïo, fille; péls» pays, et péit, poissons, et
dans la longue série des homographes que nous avons
cités, que Tabsence ou la présence de Taccent sur une
des lettres de la syllabe finale modifie si profondément.
L'harmonie de notre langue se compose de ces nuances
de tons et de demi-tons, qull est indispensable de noter
distinctement dans récriture. C'est la quantité prosodique,
la mesure, que l'orthographe a charge de marquer. Nous
avons essayé de poser quelques règles, qui se compléteront
d'observations successives, principalement en traitant des
voyelles et de leur assemblage dans les diphthongues. L'in-
telligence de notre dialecte est toute dans la prononciation
juste; la notation écrite doit tendre à s'en rapprocher autant
que l'alphabet usuel, adopté, classique, peut le permettre.
Aousa, V. Oser, avoir l'audace ; s'enhardir.
Dér. du lat. Ausus, part. pass. de audere.
Aousar, i. m. Hussard ou housard, corps spécial de
cavalerie légère.
Corr. dufr.
Aousardo (à V) , adv. A la housarde, à la mode des
housards; cavalièrement.
Aooséro ou Lâonséro, s. f, Lozère, chaîne de monta-
gnes qui donnaient autrefois leur nom à toute la contrée,
et le donnent aujourd'hui à un déparlement. Les princi-
paux sommets de la Lozère sont granitiques , mais son
extrémité orientale, qui est dans le département du Gard
et se nomme la Tète-de-Bœuf, est composée de schiste mi-
cacé, comme la plupart des montagnes secondaires qui
suivent sa direction. Il parait que c'est de cette espèce de
pierre, qu'on appelle làouso dans le pays, que le mot ZAou-
Uro aurait été formé, et l'usage actuel l'a contracté par
celui de Aouséro.
Aousérô, oto, adj. Lozerot, habitant de la Lozère ou
du départ, qui porte ce nom. — On ne sait pourquoi ces
habitants, lorsqu'ils se répandent dans la France, sem-
blent vouloir renier ce nom de Loxeroi et le remplacer par
celui de Lozérien, qui est antipathique au génie de leur
langue originaire. Si on les appelle Loxériens, à Paris, sur
parole, ils restent Lozerot» pour leurs voisins du Lan-
guedoc. — Voy. Gava.
Aonsl, V. Ouïr, entendre ; percevoir les sons ; écouter.
— AotAsei? m'entends-tu? entends-tu? Ce temps de verbe
appartient à un dialecte au-dessus d'Alais; car ici il ferait :
àoutisset ? Il est cependant très-adopté. Ou gave pas qui
pér dousi dire, je ne le sais que pour l'avoir ouï dire, je ne
l'ai pas vu. N'aï pas àousi dire aquà, je n'ai pas entendu
parler de cela. Aquà fat bon àousi dire, c'est bon à savoir.
Sévène, tnàousiras, si je viens, tu m'entendras. Diou
vous àousiei Dieu vous écoute! J'en accepte l'augure.
Dér. du lat. Audire.
Aonsido, f . f. Ouïe, l'un des cinq sens ; faculté d'ouïr.
— /-a leva Vàousido, il l'a étourdi du coup. Parti d'àousido,
prendre feu à la première parole ; être prompt et vif; se
décider étourdiment et sans réfléchir.
Dér. du lat. Auditus.
Aonsidoù, i . m. Tympan, orbite auriculaire ; oreille.
Dér. de Aousi.
Aousidouîros, f . f. pi. Oreilles; organe auditif. — S'em-
ploie pour ouïe et oreille, en poésie et style trivial.
Dér. de Aousi.
Aousino et Eousino, f . f. Gland du chêne vert. -^ Car
d'dousino, chair ferme et de bonne qualité, telle que celle
des porcs qui se nourrissent de glands. On pousse la com-
paraison jusqu'à l'espèce humaine : quand on pince les
joues rondes et fermes d'un bel enfant, on dit : Aquà's dé
car d'dousino. — Voy. Eousino.
Dér. de Eouse.
Aonssé, s. m. Troussis ; plis qu'on fait au bas de la
robe des enfants et qu'on découd pour l'allonger à mesure
qu'ils grandissent. — Voy. Bàoussé.
Dér. de Hàoussa.
Aoussèl,!. m. Dim. Aoussélé, AousséloU; augm. et péj.
Aoussèlas. Oiseau, animal vertébré et ovipare, ayant un bec,
des plumes et des ailes. — L'àoussèl dé Sén Lu, l'oiseau
de saint Luc, le bœuf, parce qu'on le représente ailé ; se
dit ironiq. d'une personne lourde, pesante, qui ressemble
par sa marche et sa tournure à un bœuf.
Aoussélé est proprement un petit oiseau; dousséhik, un
oiseau de nichée; doussélas, un oiseau de proie, un gros et
vilain oiseau.
Aoussèl* f. fit. Instrument pour porter le mortier; sorte
de bemie en planches, ouverte d'un côté et à deux man-
ches, que Ton porte sur le cou, pour monter le mortier
aux maçons sur leur échafaudage; on l'appelle en fr. oiseau
ou mieux augeot, qui parait être une corruption de augéot,
petite auge.
Dér. de la bass. lat. Aueeilus, dit pour avieellui, dim.
de Avis.
AOU
APA
59
AonMôla (s*), v. S'ébouriffer, comme font les oiseaux
en colère; se hérisser. Au fig. se mettre en colère, s'irriter,
s'emporter, hausser le ton, monter sur ses grands chevaux.
Dér. de Aousièl.
Aoussélino, t. f. La gent volatile, qui porte plumes ;
les petits pieds. Quelquefois se dit fam. et par contre-
vérité d'un gros oiseau de rapine.
Dér. de Aoutsèl.
Âonssén, s. m. Absinthe, armoise-amère, Ârtemisia
ahnnthium, Linn. Plante de la fam. des Composées corym-
bifères ; elle croit dans les montagnes des Cévennes. — La
plante n'a de commun avec la liqueur du même nom,
fabriquée aujourd'hui, que le souvenir de ce baptême pri-
mitif, où les feuilles de la tige macérées entraient pour
quelque chose, au moins pour leur parfum. Aussi le vieux
nom languedocien n'est plus connu qu'en botanique, et les
amateurs du breuvage dont nous parlons, en ont fait bra-
vement : Arténto, et s'empoisonnent pour faire la mode,
tout en parlant mal leur langue.
Aonssnro, s. f. Hauteur, éminence, cime d'une mon-
tagne; tout endroit comparativement plus élevé qu'un
autre. — Sus ràousturo, sur la hauteur, au sommet.
Dér. de Ndoutsa, nàou,
Aonta, f. m. Autel, table destinée aux sacrifices et par-
ticulièrement à la célébration de la messe. — Lou gran-
t-âovOa, le mailre-autel.
• Dér. du lat. Altare.
Âontonna, v. Automner ; jeter du bois dans l'arrière-
saison; mûrir en automme. — Se dit particulièrement de la
pousse que fait le mûrier après avoir été dépouillé de sa
feuille et taillé au commencement de l'été. C'est au prop.
pousser en automne.
Aontoiino, t. /. Automne, troisième saison de l'année,
entre l'été et l'hiver.
Dér. du lat. Autumnui.
Âoutonr, mieux : A réntonr, adv. Autour, à l'entour,
aux environs. — £s âouiour de mièjo gnué, il est environ
minuit.
Formé de Aou, article, et de tour,
Aontra, âontro, pron. et adj. Autre. — D'âoutre-tén,
autrefois, jadis. Aoutre mdou noun y aguef Que tout le
mal se réduise là ! Oh ! pour cela, c'est un petit malheur !
Ommo disiè Vàoutre, comme disait cet autre : sorte de pré-
caution oratoire pour commencer une phrase proverbiale.
7<mC un ou tout àoutre, tout blanc ou tout noir, point de
milieu. E$ tout àoutre, il est singulièrement changé, on ne
le reconnaîtrait pas. Un co l'un, un co l'doutre, tantôt
l'un, tantôt l'autre ; alternativement. Une àoutro fés, une
autre fois; pas cette fois-ci, une autre.
Dér. du lat. Alter.
Aontromén ou Âontramén, adv. Autrement, d'une
antre manière ; sans cela ; sinon. — Faras eé que té dite,
éoutromén!.., tu feras ce que je te dis, sinon!... Dans le
dialogue familier, on l'emploie d'une manière explétive, et
sans qu'on lui attache un sens positif : Aoutramén disias
que.,,, vous disiez donc. C'est une formule pour changer
de propos, pour ramener à la question.
Âoutros-lés, adv. Autrefois, jadis, au temps passé.
Aonzon, s, m, n. pr. de lieu. Auzon, hameau de la
commune d'Allègre, arrondissement d'Alais; et Alzon,
chef-lieu de canton, arrondissement du ^gan.
Les deux appellations sont les mêmes en languedocien,
et se trouvent aussi mentionnées dans le dénombrement des
feux de la sénéchaussée de Beaucaire et de Nimes, en 4384,
avec la même orthographe latine, Alsonum. On sait la faci-
lité àa al à se transformer en au et à s'exprimer par
àou dans la langue vulgaire : le français n'a pas eu de pré-
férence; mais la communauté d'étymologie des' deux mots
n'en est pas altérée. Il est à remarquer que la finale ou en
lang., on en fr., provenant du suffixe lat. O ouonus, onum,
est quelquefois diminutive, mais elle marque aussi l'abon-
dance et communique à la chose représentée par le radical
une idée de dérivation, de conformité de nature ou de
ressemblance, en même temps que de quantité {Voy. Ou,
suff.). Quant au corps même du mot, la forme au pluriel
aouz, aux, ah, semble ne pas être tout à fait insignifiante:
elle n'aurait pas été employée pour indiquer simplement
une localité placée sur une élévation et comme isolée, mais
plutôt une localité entourée de hauteurs, dans un pays de
montagnes, où s'élèvent de nombreuses collines. C'est avec
cette signification que le sens du suffixe lui conviendrait
en donnant plus d'énergie au radical, et que l'application
serait exacte pour les deux villages.
Apaîa, V, Garnir de paille ; faire la litière aux che-
vaux ; jeter de la paille sous les animaux pour leur litière.
Dér. de Pdio.
Âpanll (s'), V. Pâlir, devenir pâle ; se faner, s'étioler.
Dér. de Farde.
Âpàonri, v. Appauvrir, rendre pauvre ; rendre moins
fertile ; devenir mauvais ; épuiser. — L'doumomo apàourit
pas, l'aumône ne rend pas plus pauvre. Lou tén s'apàou-
ris, le temps se g&te, il se couvre.
Dér. de Fâoure.
Apâonsa (s'). Se poser, prendre pied, comme fait le
gibier après une remise. — S'apàousa, dans le sens du fr.
s'opposer à..., n'est qu'une corruption, mais il se dit
quelquefois. Il n'a pas la même étym.
Dér. de Fàouso.
Âpâousado, f . f. Reposée, lieu où le gibier se repose pen«
dant le jour ou après une remise. — Tira à l'apàousado,
tirer à la reposée, au gîte. — Voy, Fdousado.
Dér. de Fàouso.
Apâouta (s'), V. Tomber sur ses mains; se mettre sur
les mains.
Dér. de Fdouto.
Âpâoutoùs (d'), adv. A quatre pattes ; sur les pieds et
les mains.
Dér. de Fdouto.
60
APÊ
APÉ
Apara, «. Défendre, protéger, prendre la défense. —
S'aparo eoumo un catMt, il se défend de bec et d*ongles.
S'apara âou fré, se garantir da froid. Po piu i'apara àou
prtmfl, il ne peut pas se défendre contre la fortune ; il a on
bcmheur insolent ; tont loi réassit. Apara Uu mouacos,
chasser les mouches.
Oér. du lat. Âpparare, armer pour la défense. En ital.
Pararê, en esp. Parar,
Apara, v. Tendre, présenter on récipient quelconque
pour recevoir ce qu'on y jette; attraper au vol ce qu'on
vous jette. — Aparo toun fandâou, lou pagnè, ioun capèl,
ta man, tends ton tablier, le panier, ton chapeau, ta
main.
Dér. du lat. Aperire, ouvrir.
Aparamén, adv. Probablement, apparemment, sans
doute.
Empr. au fr.
Aparéîà, v. Accoupler, appareiller ;. ranger deux à
deux.
Dér. de ParU.
Aparénço, t. f. Physionomie extérieure d'un objet, ses
apparences, ce qu'il semble être ; vraisemblance, proba-
bilité. — Aquél Ua a bono aparénço, ce blé en herbe pro-
met beaucoup. T-a pas aparénço que parliguén hiuèï, il est
peu probable que nous partions aujourd'hui.
Dér. du lat. Apparere.
Aparénta, ado, adj. Apparenté, allié. — Vout ses pas
mâou aparénta, vous voilà bien apparenté ; vous avez des
parents dont vous pouvez être fier.
Aparénta (s*), v. S'apparenter, former par un mariage
des liens d'afdnité avec une famille.
Dér. du lat. Ap pour ad, et parêns, parentis.
Aparia, v. Egaliser, rendre égal ; unir, ajuster. — On
apario les vers a soie de dKTérents âges, en donnant aux
plus jeunes plus de clialeur et de nourriture. — Aparia las
Uiros, assoinbler les loltrps quand on apprend à lire. Y-a
pas rés quaparie aquà, il n'y a rien de pareil à cela ; tel
homme ou tel objet n'ont pas leur pareil.
Aparia (s'), v. S'apparier, s'accoupler, se réunir par
paires ; se comparer, se mesurer.
Dér. du lat. Par, d où parél.
Apartémén, t. m. Appartement. — C'est un emprunt au
fr. pour di^igncr un ap^iartemcnt de luxe, la chambre
d'honneur ou le salon de parade ; le terme générique est
Membre, — F. c. m.
Aparténi, v. Appartenir, être dans la possession de
quelqu'un. — Aquà i-appartèn hé, émb'un home dé soun
éêpèfo, dé faire lou déspiehoùs, il convient bien à un
homme de sa sorte de faire le dédaigneux.
Dér. du lat. Pertinere, pertinet»
Apèl, «. m. Appel ; recours exercé devant une juridio*
tkm supérieure. — FaXre Capèl, faire son compte.
Empr. au fr.
ApÛa« «. Appétar, nommer; faire Tenir à soi, attirer.
— Lous volas apéhu la barbasto, les cours d'eau attirent
la gelée blanche. Lou marin apèh la pUjo, le vent du
midi amène la pluie. Aquà s'apHo parla/ voilà parler,
voilà qui est parler. Aquà s'apéh un home, voilà on
homme de tète et de cœur. Aquà s'apHo / dit-on souvent
comme interj. pour exprimer l'admiration : voilà qui est
bien ! voilà qui est beau!
Dér. du lat. AppéUare.
Apéna (s'), v. S'appliquer, apporter ses peines et ses soins.
Dér. de Péno.
Apéndrls, driaso, s. ei adj. Apprenti, qui fait son
ai^rentissage.
Gorr. du fr. Apprenti,
Apéndriasage, «. m. Apprentissage.
Avec une légère variante qui vient du génie de la lan-
gue, empr. au fr.
Apéns (Lous), t. m. pi. Hameau de la commune de La
Melouze, arrondissement d'Alais. La prononciation du mot
est la même en fr. qu'en laug.
Dér. du celt. Pen, cime; sommet, pointe d'une mon-
tagne. La lettre a qui le précède n'est que l'augment ini-
tial. La situation de ce hameau explique son nom. En
allem. pinn, et pfin, haut, élevé, hauteur, sommet. En
lat. pinna^ créneau de mur; pinnaculum, faite, pinacle,
ont la même origine du gaulois pen, V Apennin, les Apenr
nins, célèbres montagnes d'Italie, Alpes penninœ, Apen-
ninœ, sont le même mot que notre Apéns.
Apénaionna, v. Bailler à emphytéose, ou 2 bail emphy-*
téotique, ou à locaterie perpétuelle. C'est aliéner un im-
meuble quelconque moyennant le service d'une rente con-
stituée et pcrptHuelle, dont le bailleur ne peut exiger le
remboursement tant que la rente est régulièrement servie.
Dér. de Pénsiou.
Apèou, f. m. Appeau; toute sorte de sifflet avec lequel
on contrefait la voix dos oiseaux pour les attirer dans
les filets ou à portée du fusil. Le môme que Souné. — > F.
c. m.
Dér. de Apéla.
Apérésl (s'), v. Devenir paresseux, mou, lâche au tra-
vail ; s'accoquiner.
Dér. de Péréso.
Apésa, V. Prendre pied; appuyer le pied; donner dn
pied à quelque chose, comme à un sac, à une échelle, à
une planche, qu'on place debout et que l'on apéso pour les
rendre plus solides.
Dér. de Pi, au plur. pèses,
Apétl, s. m. Appétit, besoin ou seulement désir de
manger. — Es pas l'apéti que manqua, ce n'est pas faat»
d'appétit si nous ne mangeons pas.
Dér. du lat. Appeler:
Apétovi, ido, ou Apétomii, ido, cmTj. Apprêté. Ne ta
dit que du pain et ne se prend qu'en mauvaise part. On
ne dit pas en effet : Dé pan bien apétûui; mais : ÀqmÊi
pan éê mâou apélouè, ou apHoy^idaê, qui est le p^.
APL
APO
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L'6lym. ettrelle dans Apéiï, ce qui oontnrierait on pea
le Bens de œ mot, toujonis appliqué i on pain qui ne
l'excite ga^; on bien seraiVeUe dans sa formation, a grec
privatif, et une altération du mot pâte, arrangé eaphoni-
qoement, œ qui ne serait pas sans exemple T
Api, «. m. Céleri, Apium graveoiênê, Linn. Plante pota-
gère de la famille des Ombelliféres. — Api bouseas, Ache,
âorlB de oâeri à femlles et i côtes plus menues, qu'on
n'emploie que par brins dans un potage. Son arôme est
beaucoup plus fort que celui du céleri franc.
An commencement de ce siècle, on raconte qu'un de nos
concitoyens, obligé d'aller à Paris, se promit bien d*y faire
ample récolte de découvertes qu'il publierait au retour.
Dans ce but, à son premier diner au restaurant, il cherche
sur une longue carte un de ces metsincoimus sur les bords
du Gardon; il le trouve enfin et demande des céleris au
jos. On ne les lui fit pas attendre; mais i peine y eut-il
goàté, qu'il s'écrie : Aï/ êoerédi/ iau$ céleris ioun d'apis/
Le mot est resté.
Dér. du lat. Apium, formé de apis, parce que sa fleur
cet recherchée par les abeilles.
Apialoà, f . m. Etai, étançon ; appui ; jambe de force
pour soutenir les cintres en bois d'une voûte. — L'apialoù
est un étai posé verticalement ou obliquement, quand il
soutient un pan de mur qui menace ruine ; lou pincèl est
œ même étai placé horizontalement, quand il est destiné
a prévenir l'éboulement d'un mur ou d'une tranchée de
terre. — Vay, Pincèl,
Dér. du lat. PUa, pilier.
Apialoima, o. Etançonner, étayer, étrésillonner ; poser
un étai.
Dér. à'ApiaU^.
Apiè, «. m. Rucher; ensemble, collection des ruches
dans un même lieu. — Foy. Ahèl.
Dér. du lat. Api$, abeille ; aparium.
Apignéla, ado, adj. Serré comme les écailles ou comme
les amandes d'une pomme de pin.
Dér. de Pigno,
Apitança, v. Ménager le mets que l'on mange, en y
lyoutant beaucoup de pain, en sorte que le mets ne serve
que de véhicule, d'assaisonnement à celui-ci qui, selon les
régies d'une bonne hygiène et surtout de réconomie domes-
tique, doit être le principal aliment. Les enfants, qui sont
naturellement gourmands, font tout le contraire ; aussi est-ce
particulièrement pour eux que le mot apitança est employé.
Dér. de Pitanço,
Aplacarda, v. Placarder ; mettre ou afficher un placard ;
appliquer contre un mur, y lancer un objet quelconque de
nature à y rester appliqué, à s'y coller. — Aplacarda quâou-
fitàê, lancer quelqu'un contre..., le coller au mur, l'y fixer
«Q le tenant par le cou ou la poitrine.
Dér. de Placar, pris pour affiche.
Aylaïui, «. Aplanir; niveler ; rendre uni , rendre lisse.
Dér. de l'adj. Plan, du lat. Planu$, êœplanare.
Aplanalo, «. m. Action d'aplanir, aplanisaement.
Aplati, V. Aplatir, rendre plat ; lancer avec force contre
un mur, contre la terre, contre un corps dur.
Dér. de l'adj. Pla,
Apléjl (s'), V. Devenir pluvieux, tourner à la pluie.
Dér. de Plèjo.
Apliqua (s*), v. S'appliquer; porter toute son attention,
son zèle, son savoir-faire. — Il est principalement employé
pour exprimer l'application d'un écolier studieux.
Empr. au fr.
Aploun, f. m. Aplomb; ligne verticale, équilibre résul-
tant pour un corps de l'observation de cette ligne. — Aquét
mur ii pas gaïrc sus soun aploun, ce mur n'est guère
d'aplomb.
VapUmn est un outil de maçon en forme de triangle
rectangle, à l'angle droit duquel est fixé un cordon qui est
terminé par une boule de plomb. Cet instrument sert à
reconnaître le nivellement des assises d'un mur ou du gise-
ment d'une pierre de taille, c'est-à-dire son parallélisme
avee l'horizon.
D'aploun, adv. D'aplomb. — Se dit pour : fortement, avec
décision, sans hésiter.
Dér. de Ploun.
Apotro (Bon), adj. m. Bon-apôtre. — Faire lou bon-
npotro, se faire meilleur qu'on n'est, afiecter la probité, la
générosité. Es un bon-apotro, se dit ironiquement soit
d'un homme faux, hypocrite ; soit d'un libertin, soit d'un
homme peu obligeant ou de mauvaise foi.
Dér. du grec 'AcrdoioXo^, envoyé, messager.
Apouénta, v. Pointer, ajuster vers un but. — Terme de
jeu de boules ; c'est lancer sa boule modérément, terre à
terre, de manière à approcher le plus près possible du but
ou cochonnet. C'est le contraire de tira, qui signifie :
lancer sa boule avec force contre celle de l'adversaire pour
la déplacer, ou l'éloigner du but. On dit au fig. et pro-
verb. : Tiro, que iéou apouènte, passe devant, je te sui-
vrai. On le dit surtout des filous ou fripons, qui s'enten-
dent pour duper quelqu'un.
Dér. de Pouèn, point, qui est l'expression reçue au jeu
de boules pour désigner le gain du coup. On dit : Es iéou
qu'aï lou pouèn, c'est moi qui gagne le coup. — Foy.
Pouèn.
Apoulidi, V. Enjoliver, rendre joli ; embellir.
Dér. de PouH, adj.
Apoulina, v. Dresser un jeune cheval, faire son éduca-
tion; le maquignonner. Au fig. former par la flatterie;
amadouer; habituer; déniaiser. — Unofïoapoulinado,XLUB
fille délurée, bien maniérée, qui a toutes les ruses de la
coquetterie, ou bien une jeune fille bien apprivoisée, dont
l'éducation amoureuse est faite.
Dér. de Poulï, poulain.
Aponloun, «. m. Gasaquin, sorte de spencer de femme,
d'une étoffe ou d'un dessin diffôrent de la jupe. Cette mode
de nos grand'mèree a duré longtemps , elle revient aiyoitf>-
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APR
AQU
d*hui. Il est probable qae ce nom lui est venu du fr.
Apollon, en usage dans le grand monde, toujours savant
et fort en mythologie. En arrivant au peuple, il y est resté
pour représenter génériquement toute sorte de vêtements
justes à la taille et ne formant qu*un corsage sans jupe.
Cependant le renouveau de la mode a introduit de nou-
velles dénominations, et il est douteux, qu'elles soient plus
heureusement trouvées : ce qui a dû faire conserver Tan-
cien nom.
Apouncha, v. Rendre pointu; donner de la pointe, for-
mer la pointe d*un outil en fer ou en bois. Au fig. Apoun-
cha d'argén, mettre Targeut au bout des doigts ; payer
comptant. — Tout aquù apounchariè pa'n fu$, tout cela
n'aboutit à rien. Apouncha dé joun émb'uno masio, faire
un travail de dupe, une œuvre sans objet.
Dér. de Pouncho.
Apouponnl, v. Choyer, dorloter, comme une nourrice
fait pour un enfant en le berçant sur son sein.
Dér. du gasc. Poupot, sein, mamelle; ou du fr. Poupon,
Apouridi, V. Faire pourrir, réduire en dissolution, en
décomposition. Au fig., gâter un enfant.
Dér. de Pourè.
Aponrta, v. Rapporter, comme fait un chien qui rap-
porte ce que son maître a jeté, ou laissé, ou caché mêmç
pour éprouver son intelligence et la finesse de son odorat.
C'est là la seule acception de ce mot, qui ne reproduit
aucune de celles du verbe apporter dont il est cependant
le dérivé.
Aponstios, s. fém. plur. Attelles, terme de chirurgie ;
minces et petites planches pour maintenir les fractures d'os.
Dér. et dim. de Po$.
Aponstonml ou Apoostéml, v. Apostumer, venir à sup-
puration; abcéder.
Dér. du gr. \\xs&svr^^:t, abcès.
Apouticari, ou mieux Ponticari, s. m. Pharmacien,
apothicaire. — Aquà'$ un conte d' apouticari, c'est un
compte d'apothicaire, un mémoire enflé à plaisir.
Dér. du gr. ^AcroO/^xi), boutique.
Apradi, v. Gazonner, semer un champ de graine de
foin ; mettre en pré. — S'apradU dé pér él, û se garnit
lui-même de plantes fourragères.
Dér. de Pra.
Apréne, v. Apprendre, acquérir quelque connaissance
qu'on n'avait pas ; retenir, graver dans sa mémoire ; être
averti, prévenu ; instruire, enseigner. Dans le sens d'ap-
prindre, il signifie : apprendre une leçon, un métier ; mais
non point apprendre une nouvelle, un ouï-dire. — Ai apré$
ma liçoià, j'ai appris par cœur ma leçon. Aprénguè d'èstre
mapoù, il apprit le métier de maçon. S'ou es après, il s'est
formé lui-même sans maître.
Aprine se dit aussi des plantes ou arbres tran^lantés,
qui poussent de nouvelles racines, et d'une greffe qui com-
mence à pousser ; reprendre.
Dér. du lat. Prehmdere,
Aprèts , s. m. pi. Apprêt ; préparatifs ; préparation en
général. Il signifie aussi : apprêt, raideur d'une étoffe pro-
duite par sa préparation ou par la teinture.
Empr. au fr. En ital. Appresto,
Après, adv. et prép. Après, ensuite. — Après la mort,
lou tnèje, après la mort, le médecin ; c'est de la moutarde
après diner. M'es toujour après, il m'est toujours après.
Après, éso, adj. et part, pass, de Apréne, Appris.
— Quand il s'emploie adjectivement, ce n'est guère qu'en
mauvaise part; alors il signifie : élevé, éduqué. — Siès bien
mâou après, tu es bien mal élevé, mal embouché. Un
mâou-aprés, un mal appris, un insolent.
Aprésta, v. Apprêter, préparer, disposer; assaisonner,
faire cuire ; tenir prêt.
Dér. de i'ital. Appretare,
Aprima, v. Amincir, rendre mince; amenuiser; émin-
cer {Voy. Aménuda). — S*aprima, maigrir, s'user.
Dér. de Prim.
Apriyada, v. Apprivoiser, priver; rendre plus doux,
plus trai table un animal ou une personne d'humeur sau-
vage et farouche.
Dér. du lat. Privatus.
Aproucha (s*), v. S'approcher de quelqu'un ou de quel-
que chose.
S'aproucha est employé particulièrement pour : s'appro-
cher des sacrements, communier. — A Pasquofôou s'aprou-
cha, faïre soun dévè, il faut faire ses Pâques.
Empr. au fr.
Aprouchan, adv. Approchant; environ; à peu près.
Formé de Aproucha.
Aprouiita, v. Profiter ; économiser ; ne pas laisser per-
dre. — AproufUa sas fardos, user ses bardes jusqu'à la
corde. Aproufitè cent èscus davan soun mariage, il ramassa
cent écus avant son mariage. Aproufito bien âou coulèje, il
profite bien des leçons qu'il reçoit au collège.
Dér. de Proufï.
Aproumès, èsso, part. pass. de Aproumétre, Voué, pro-
mis.
Apronmètro, v. Promettre, donner Tassurance; s'en-
gager; vouer; engager sa foi; passer des pactes de ma-
riage. — T'aprouméle que m'ou pagaras, je te réponds que
tu me la paieras. — Vousaprouméle qu'es pas vraï, je vous
assure que ce n'est pas vrai. Aï aproumés moun éfan dou
bkm, j'ai voué mon enfant au blanc : c'est-à-dire j'ai fait
vœu de l'habiller tout en blanc en l'honneur de la sainte
Vierge. Me soui aproumés, je me suis voué, j'ai faitvcBa à
Notre-Dame.
Dér. du lat. Promittere.
Apnîa, V. Appuyer; étayer; soutenir; protéger.
Dér. de la bass. lat. Appodiare.
Apniage, s. m. Droit d'appui, de mitoyenneté. — Té
farài paga Vapuiage, je te ferai payer la mitoyenneté.
Aqnél, élo, pron. dém. Ce, cet, cette, celui, celle. *—
Aquél d'aqui, celui-là. Es pas aquél que déouriè réstre, il
AQU
ÂRÀ
6S
n'est pas tel qu'il devrait être. Oh / aqtUlo iài èro pa'ncaro
éstado, oh ! voilà un propos que nous n'avions pas entendu !
en voilà bien d'une autre ! Soui pas aquél que mé crésès, je
ne suis pas l'homme que vous croyez.
En ital. QueUo; en esp. Aquette, aquello.
Aqaéste, este, pron. dém. Ce, cet, cette, celui-ci,
celle-ci. — D'aquéstes ans, il y a quelques années. D'à-
quéste tén, par ce temps-ci.
En ital. Quésto; en esp. AqtMste,
Aqnl, adv. Là, dans cet endroit ; près du lieu où l'on
est. — Pér-aqul, de ce côté-là, par là. Vèn dé passa pér
aqui, il vient de passer de ce côté. Coumo vaï voste pèrof
— Pér-açMi, Comment se porte votre père? — Goussi,
coussi, par ci, par là. D'aquï-aquï, d'un moment à l'autre,
de là là. S'en souvèn pas d'aqul-aquï, il ne s'en souvient
pas d'ici là. D'aqui et d'aïlî, de çà et de là, à droite et à
gauche. Adi n'est pas de notre Dictionnaire : c'est un de
ces mille mots inventés pour l'euphonie. Le languedocien
aime surtout à procéder par consonnance ou rime dans la
plupart de ses dictons. Aquél d'aqul, celui-là. Aquà d'aquï,
cela même. Es aquà d'aquï, c'est bien cela. Aquï-dré, vis-
à-vis d'ici, en droite ligne. Mais cette expression est le
plus souvent explétive. Les gens de la campagne, surtout
à l'est d'Alais, ce qu'on nomme les Gounèls, s'en servent
sans aucune espèce d'à-propos, sans besoin. Ses ana à la
fèùro hier? — Aquirdré y anère bé, Avez-vous été hier à
la foire T— Ma foi oui, j'y fus. Ce n'est réellement qu'un
mojen d'allonger la phrase, de se donner le temps de
rendre catégoriquement.
En ital. Qui; en esp. Aqui.
Aquionla, v. Acculer ; pousser et serrer dans un coin
ou contre un mur; empocher de reculer; faire pencher
une voiture, une charrette sur son arrière ; faire tomber
sur le derrière.
Dér. de Quiou,
Aqnis, «. m. Acquit , quittance. — Un hé dé bon aquïs,
dà mkhant aquïs, une fortune bien ou mal acquise.
Empr. au fr. Dér. du lat. Aequirere,
Abaissa, V. Halerdes chiens pour les faire battre ; exci-
ter deux ennemis, deux rivaux l'un contre l'autre. — Le
même que Atissa. — F. c. m.
En celto-breton, Atizar, m. sign. Le mot est-il formé par
onomatopée de quis-quis, cri d'excitation, ou bien le verbe
a-t-il inspiré l'onomatopée ?
Aqnita, v. Acquitter, solder, payer intégralement. —
Quâou s'aquito fa'i cabdou, qui paie ses dettes s'enrichit.
Empr. du fr.
Aquô, pron. dém. Ça, cela, cette chose-là. — Coumo
aquà, comme cela, ainsi. Aquà d'aquï, cela, cela mèmj.
Aqud-bo, mot-à-mot : cela bon, signifie une liqueur quel-
conque moelleuse et sucrée, ou toute autre friandise.
Un ficha viire d'aquà4fo, un petit verre du meilleur. Un
d^aquà, une chose, une alïaire dont on ne se rappelle pas
le nom. Emb'aqud ou End'aqud, avec cela, pourtant, cepen-
dant. D'aquà, de cela, de cette chose. A fosso d'aquà, il a
beaucoup de biais, d'esprit, de subtilité, d'adresse. A d'aquà,
il a du quibus. F&ou d'aquà, il faut de l'argent. Aquà's,
contraction de aquà es, c'est. Aquà's aquà, c'est cela, c'est
bien cela. Aquà'ro, contraction de aquà èro, c'était. Aquà
vdi aquï, c'est la conséquence naturelle de cela. Aquà tomba
bien, cela arrive bien, à propos, à point nommé. Aquà vaï
bien, cela va bien. Qu'es aquà? qu'est-ce que c'est ? Aquà's
aquà, c'est cela. Aquà* s paquà, ce n'est pas cela. As vis
aquà? as-tu vu cela 7 Vèiras aquà; tu verras, tu me la
paieras. Aquà se dis, cela se dit ; on en parle.
Aquà se prend quelquefois comme prépos. pour éncà,
chez. — Anan aquà dé moun pero, nous allons chez mon
père. — Voy. Encà.
Dér. du lat. Quod.
Ar, s. m. Arcade, arceau, construction en courbure de
voûte. — Au plur. Lous ars, les arceaux, les arcades. Le
marché à Alais était entouré de portiques ou arcades. L'éta-
lage des légumes et autres marchandises, dans le temps
des foires et des marchés, se fait souto lous ars. Var
dé Vius, l'Arc-des- Vieux , carrefour à Alais, formé en
voûte à la rencontre des rues Valaurie, Bouquerie et Ray-
mond Pellet : il vient de disparaître. Vius nous parait être
ici un nom propre : l'art, dé au sing. l'indique. On aurait
dit das vièls si l'on avait dû traduire par l'Arceau des
vieillards. A moins qu'il ne s'agisse d'une corruption fran-
cisée. — Voy. Vius.
Dér. du lat. Arcus.
Ara, V. Donner des arrhes, s'assurer d'une vente, d'un
achat moyennant des arrhes; arrher. — Se dit généralement
pour retenir d'avance un objet chez un marchand. C'est
une promesse d'acheter une chose qui n'est pas encore livrée.
Dér. de Aro, arrhes.
Araire, s. m. Araire, charrue à deux hôtes, et même à
une seule, sans roue et sans contre. — Cette fois c'est bien
évidemment le fr. qui a emprunté au languedocien le mot
araire, qui figure assez nouvellement dans la nomencla-
ture technique de l'agronomie.
Dér. du lat. Arare,
Aran, *. m. Fil d'archal : fil de for ou de laiton. — En
esp. on l'appelle : mio de arambre. — Voy. Fiou dé
richar.
Dér. du lat. Aramen, airain, cuivre.
Arapa, v. Prendre, saisir avec la main; empoigner, accro-
cher. — Arapo / attrape! Arapa-lou, empoignez-le. Se
t'arape, si je te pince. T'araparaïf je t'y prendrai.
S'arapa, se coller, s'accrocher. — La pégo s'arapo à las
mans, la poix s'attache aux mains. Aquél chival s'arapo
bien, ce cheval tire à plein collier. Aquél home couménço
dé s'arapa, cet homme commence à bien faire ses afiaires,
à prendre dans son commerce. On le dit aussi d'un con.
valescent qui revient en santé après une longue ou dange-
reuse maladie.
Dér. du lat. Arripere.
«4
ARC
ÀRD
Arapo-man, «. m. Grateron, galiet grateron; Galium
oparinê, Linn. Plante de la famille des Rnbiacées, ram-
pante, rude an toucher et qui s'accroche aux mains quand
on la saisit. De là lui vient son nom. — Voy. Biboulo et
Arapo-pèOQ, ». m. Bardane, Ârêtium iappa, Linn.
Plante de la fam. des Composées Gynarocéphales, floscu-
leuse, et dont la semence est renfermée dans un hérisson
4ont les piquants sont terminés en crochets; ce qui fait
que, lorsqu*on les mêle dans des cheveux un peu longs,
on ne peut plus les débrouiller et Ton ne s'en débarrasse
qu'en coupant; son nom dérive de cet effet.
Arasa, v. Terme de maçon, couronner un mur, égaliser
sa dernière assise, la niveler.
Dér. de Bas,
Arboùa, t. m. Arbousier, Ârbutus unedo, Linn. Arbris-
seau de la fam. des Ericacées, toujours vert, qui porte à la
fois des fleurs et des fruits. Ces derniers sont d'une belle
couleur aurore foncée, mais fades, d'une saveur plate.
Dér. du lat. Arbutus, m. sign.
Arbonssé, t. m. Lieu planté d'arbousiers.
Arbonaso, s. f. Arbouse, fruit de l'arbousier. — Ce mot
et les deux précédents ont fourni un assez grand nombre
de noms propres et de lieux, comme : Arbous, Darboux,
Larbous, Arbousse, Arbousset, Darboussier, etc.
Arbontan, s. m. Pied de biche, bras de fer qui sert à
fermer l'un des vanteaux d'une porte cochère. 11 n'a aucun
rapport de signification avec Varc-boutant fr., dont il est
pourtant dérivé probablement.
Arcan]e, t. m. Archange, ange d'un ordre supérieur dans
la hiérarchie céleste.
Empr. au fr.
Arcèli, s. m. Lavignon, Venus deeussaia, Linn. Coquil-
lage marin, bivalve, bon à manger, du genre des Cames.
Dér. du lat. AresUa, petit coffre.
ArchaTéaqae, s. m. Archevêque, prélat métropolitain
qui a des évêques pour suf&agants.
Dér. du lat. ArchiÊpi$copus, formé du grec *Apx.^, pri-
mante, et lataxuicoc.
Arche, f . m . Cavalier de l'ancienne maréchaussée ; archer,
soldat armé d'un arc et de flèches.
Dér. de la bass. lat. Arth9Hus,
Arche, «. m. Archet, baguette aux extrémités de laquelle
sont attachés en saillie des crins qu'on tend à volonté et
qu'on passe sur les cordes d'un violon ou d'une basse pour
en tirer des sons ; instrument pour faire tourner un foret;
•orle de piège fait avec deux branches pliées en arc et
ratuchées par un fil double, pour prendre les petits oiseaux;
en terme de moissonneur, étui de la faucille, qui en a par
conséquent la forme recourbée.
Dér. de Ar, dim.
Archiban, «. m. Btnc à dossier* banc d'honneur, chez
las bons paysans des Cévennes, placé an coin de leurs im-
menses cheminées : c'est le siège des cheb de la maison et
des étrangers de distinction. L'atMban est aussi un long
coffre en forme de banc, fixé auprès de la table à man-
ger, Sauv. » Le mot et la chose sont des demeurants
de l'ancien régime : ils représentent ces mosurs patriar-
cales, qui conservaient avec respect les traditions' de la
famille et de l'hospitalité, l'amour du père assis au foyer
domestique ou à la table frugale, à la place d'honneur. Le
progrès ne trouve plus là que des ais yermoulus qui As
sont bons qu'à jeter au feu.
Dér. du grec 'Ap^iJ, primauté, puissance, et Ban.
Archimpô ou Archipô, s. m. Etuvée, viande hachée,
hachis.
Dér. du gr. *Apx^c> premier, {nrindpal, grand, et du
lang. Po,
Arcialoùa ou Arclèloùa , s, m. Bolet, cèpe« potiron,
champignon gris, très-bon à manger; bolet comestible,
Boletus edtUis ou êscuUniu» , ou baoinus, Pers., Linn.,
Roques.— Cet excellent champignon se reconnaît aisément
à son chapeau plus ou moins large, un peu ondulé sur les
bords, d'une couleur fauve, quelquefob d'un rouge ds
brique, brunâtre, couleur noisette. Sa substance intérieurs
est ferme, d'un beau blanc qui ne s'altère pas à l'air, à la
cassure. Le pédicule est épais, tubéreux, renflé à la base,
court ou élevé. Il est essentiel de ne pas le confondre avec
le pissagd, qui lui ressemble beaucoup et qui est très^vèné-
neux et malfaisant. C'est cette espèce de diampignon, très^
abondante dans les Cévennes, qu'on &it sécher et qui est
livrée au commerce. Au nord d'Alais, on le nomme CiMs/
oe n'est qu'une contraction de notre vocable. — Vay. Ce-
foùf ; Pissagà.
Dér. de l'it. Aracdi, m. sign.
Arcisona ou Artisoùa, s, m. pi. Ver, mite ou ciron da
fromage, Acartês siro, Linn. Insecte du genre des Aptères
et de lafam. des Parasites. Onle nomme égalementAfanmo.
— Voy. Ariisoùs et Marano,
Le second de ces noms, dont le premier n'est qu'une
variante, est évidemment parent du fr. Ariison, qui est
aussi un petit insecte rongeur.
Arcnlo, «. m. Un homme fort, robuste, un Hercule.
Empr. au fr.
Ardécho, s. f. Ardèche, département dont le chef-lien
est Privas; rivière qui y prend sa source et lui donne son
nom, affluent du Rhône.
Dér. du lat. Arduesea,
Ardioù, f. m. Ardillon, dard ou pointe d'une boucle. —
— Sara un ardïoû, serrer sa ceinture d'un point, se ser-
rer le ventre, au prop. et au fig.
Ce mot est au moins contemporain du fr. ; il est dér. du
oelt. Dart, pointe, ou du grec 'ApSic, L'ital. a ArtifUo,
orteil, ergot, serre.
Ardoù, s. f. Grande chaleur, chaleur brdlante, parti*
culièrement celle qui est produite par la fermentation; vita-
cité avec laquelle on se porte à quelque chose.
Dér. du lat. Ardor.
ARE
ARE
C5
Are, «. m. Bélier, le mâle non châtré de la brebia.
D6r. du lat. Âries.
Arèdro, o. Lasser, fatiguer, harasser; rendre; mettre
sur les dents. — Se dit surtout de la iàtigue procurée par
une marche forcée.
Dér. du lat. Bêdueere.
Arédn, ado, pan. pou, de Arèdre. Rendu, lassé, ha-
rassé.
Arégadia, v. R^rder; fixer attentivement en arrière.
— Se dit aussi généhquement pour : regarder, considérer
de toute manière.
Formé du lat. ^^rà, arriôre, et du gr. IK^ouo, admirer.
Arénumli, ido, ou Arémoulu, udo, adj. Avide, âpre à
la curée; qui n*a pas de pudeur dans ses vues intéressées ;
iflionteur ; insatiable. — Voy. Bémoulu,
Arémouiije, s. m. Avidité du bien, désir insatiable d'en
acquérir, mêle de jalousie; effronterie intéressée.
Aréna, v. Tenir en bride; raccourcir les rênes. ^^Arina,
ado, part. pass. Au ûg. Rengorgé, qui relève la tète, qui
le rengorge.
Dér. du lat. Bétinaculum, ou de Tital. Jledîna, rêne.
Arénadon, s, m. Terme de bàtier ou de liourrelier, Ar^
noir; bouton ou baguette fixés au-devajit du b&t ou d*une
barde ou bardelle, pour y accrocher les rênes du bridon ou
la longe du iicon.
Dér. de Aréna.
Arénda ou Arénta, v. Prendre et bailler à ferme,
piendre et donner i loyer; affermer, louer.
Dér. de Béndo.
Aréndamén on Aréntamdn, «. m. Bail A ferme on à
loyer ; le prix de ce bail. — 31 é fdou ana paga moun arén'
dawUn, il me faut aller payer mon loyer.
Dér. de Béndo.
Arénja, v. Arranger, disposer, mettre en ordre; accom-
moder, ajuster, ranger; raccommoder, concilier, accorder,
fûre transiger ; arranger une affaire. — Arénja $oui afaï-
tt$, mettre ordre à ses affaires. Arénja toun pèou, peigner,
liiaer ses cheveux. Aqub m'arénjo bien, cela me va, cela
m'arrange à merveille ; s'accorde avec mes intentions ou
mes intérêts. Lou Juge tout arénjè, le juge les réconcilia,
les fit transiger. Fôou arénja aquél proucés, il faut arran-
ger cette affaire.
ffarénja, se parer, s'ajuster, s'endimancher ; se ranger ;
•'arranger, prendre des arrangements, se mettre à son aise.
-«- SaUqué tarénjarat un pàou, sans doute tu t'habilleras
convenablement. Lou tén s'arénjo, le temps devient serein,
on Inen, il se radoucit. Aquél iurno iarénjo démpiti qu'éi
marida, eet homme est devenu plus rangé, moins dissipé,
moins prodigue, depuis son mariage. Se vouUi, m'arénja-
roX d'aqudo pièço, si VOUS voulez, je me chargerai de ce
champ, je m'en arrangerai, je vous rachèterai. Aquéio drolo
ê'arénjo Uèn, cette jenne fille s'ajuste bien. Arénja-^wna,
Miu fapomn, mettez-vous à votre aise, sans cérémonie. Aïçù
s'arénjara, toalceci s'arrangera, se raccommodera. Bouto/
houio / t'arénjaraï, val va I je t'arrangerai d'importance,
je te châtierai de la bonne maniera.
Dér. de l'allem. Bing, rang, d'où est venu rén.
Arénjamén, «. m. Arrangement, transaction; ordre
dans la tenue d'une maison ; esprit de conduite dans ses
affaires. — Vn michan arénjamén vôou maï qu'un bon prou-
eès, mauvais arrangement vaut mieux que bon procès.
Arésde, «. m. Cercle en bois refendu, dont on reliait
les anciennes mesures de capacité, telles que les minots,
quartes et boisseaux ; dans les mesures du nouveau sys-
tème, ce cercle est en fer. VArétcU est encore le cerceau
d'un tamis, d'un crible, des tours à filer la laine et le
coton, des caisses de tambour, etc. — Piquo tant sus l'arésels
eoumo sus lou tan^ur, il parle ab hoc ei ab hae, sans me-
surer la portée de ses paroles ; par comparaison avec un
tamlK>ur maladroit qui frapperait tantôt sur le bois, tantôt
sur la peau de sa caisse. — Arescle dé mouH, arcbures d'un
moulin à farine ; elles sont recouvertes par les converseaux
et forment ensemble le tambour : terme de meunier.
Dér. du lat. ArctUum. En roman arosch, cercle mince,
éclisse, éclat de bois.
Arésonna, v. Demander raison; discuter; interroger;
faire rendre compte.
Dér. de BésoU.
Aréata, v. Arrêter, retenir, empêcher d'aileron dédire :
faire cesser, réprimer; attacher; déterminer; régler; saisir
par autorité de justice ; engager pour servir ; décider, con-
venir de faire. — L'aréstèrs léou, je le retins, je l'arrêtai
biâi vite; je le réprimai. Arésta lou san, étancher le sang.
Arèsto aquélo bocho, calle cette boule. Avén arésta lou jour,
nous avons fixé le jour. L'an arésta, on Ta mis en prison,
on Ta écroné. ^'t arésta un mèssaje, j'ai retenu un domes-
tique, je l'ai arrhé. Avèn arésta dé faïre uno pérménado,
nous avons décidé d'aller à la promenade. Aquél M arésto
bien, ce chien a bon nez, arrête ferme le gibier.
Arésta, ado, part. pass. et adj. Sage, réservé, retenu,
posé, quand il s'agit des personnes ; arrêté, fixé, conclu,
en parlant d'une chose, d'une affaire, d'un marché. -— Un
joutne homo arésta, uno fio aréstado, un jeune homme
sage, posé, une fille vertueuse, réservée.
Dérr du lat. Bettaro,
Aréstamén, «. m. Arrêt, arrestation ; saisie d'une per-
sonne ou des biens. — - Faguèrou un aréstawUn dé soun bé,
on fit contre lui une saisie immobilière. — On se sert du
mot banimén, quand il s'agit d'une saisie-arrêt ou mobilière.
Aréstiè, s. m. Arêtier, pièce de bois qui, dans un toit,
part de l'extrémité du faîte et va en descendant reposer
sur l'angle du b&timent, divisant les eaux à droite et à
gauche dans les toitures à deux égoùts.
Dér. de Arésto,
Aréfto, «. f. Arête de poisson, os long et pointu qui
tient lieu de côtes dans les poissons; crête d'un toit; angle
saillant d'un prisme, d'un mur, d'une voûte.
Dér. du lat. Arista, barbe de blé.
9
66
ARG
ARG
Aréitott, s. m., ou Cabô. Chabol, menniert ehevane;
Cyprinuê dobula. Lion. Poisson de rivière, qui a ia tête
large et plate, la gueule fort ouverte et sans dents. Sa
chair« peu eslimée, est toute parsemôd d arêtes, œ qui lui
a valu son nom lang. — Voy. Cabà,
Argèlo, j. f. Argile; terre grasse; terre de poterie.—
Poita d'argêlo, pi'trir de l'argile.
Dôr. dulat. Arg'Ula,
Argôloùs, ouso, adj. Argileux, qui tient de Targile.
DlT. de Argèlo.
Argén, i . m. Argent, métal ; monnaie en général. —
Mino ifargén, euiè d'argén, mine «d'argent, cuiller d'ar-
gent. PUigo d'argén es paê mourlèio, plaie d'argent n'est
pas mortelle. Cagno vér l'argén, se dit d'un animal domes-
tique quelconque, qui est encore d'Age à augmenter de
valeur en grandissant, ou d'une bête qui a été malade et
qui se rétablit chaque jour : dans ce dentier sens, on l'ap-
plique même aux personnes. Gagnan vjr targen, disons-
nous à un malade pour lui donner de l'espoir ou du cou-
rage. Aquà's d'argen dé moun gagna, c'est de l'argent de
mon pécule, gagné par mon travail ou mon industrie, et
non advenu par héritage. Au (ig. Aquà'ê d'argén dé toun
gagna, se dit aussi d'un malheur arrivé à quelqu'un par
8t faute; c'est un malheur qu'il a été chercher lui-même.
L'argen é» roun, fôou bé que rounle, la monnaie est ronde,
pour qu'elle circule ; l'argent est fait pour rouler, pour
courir d'une main à l'autre. D'argén blan, en monnaie
d'argent, en pièces d'argont. Pagan argen countan, nous
payons eu espèces sonnantes. Ana bon jo, bon argm, agir
byalement, franchement, sans ménagement.
Dér. du lat. Argentum.
Argénta, v. Argenter; passer une couche d'argent;
donner une couleur argentée.
ArgènU, ado, part, pan. du ▼. préc. et adj. Le même
que ArgéntOÙS. ( r. C. m.) *— Sèn pas bien argéntas pér
lou moamen, nous ne sommes ^)as riches, pas chargés d'ar-
gent pour le moment.
Argéntariè, «. f. Argenterie, vaisselle ou autres meu-
bles et ustensiles d'argent. — C'est le nom d'une rue à
Montpellier, l'Argenterie, ou était autrefois rU6tel des
monnaies.
Argéntoàs, onso, a^j\ Pécunieux, riche en espèces;
qui a beaucoup d'argent; qui produit de l'argent, r^e se
piend guère que négativement.
Argén-viott, «. m. Vif-arg<^nt, mercure. La propriété de
cette substance métallique, blanche et fluide, d être conti-
nuellement en mouvement à la moindre agitation, l'a fait
prendre pour emblème des ix^rsonnes vives et remuantes.
— Sémblo 911'a d'argén-viou din sas mans, ses mains s'agi-
tent comme ai ellM éuient du vif-argent.
Argnè, «. m., on Tèrdé. Mnriln-péchenr, oiseau. — On
l'appelle Argné parce qu'on avait cru longtemps qu'en le
mettant denéché dans ime garde-robe, son odeur en chaa-
sait les leigoet, amos ; mai^t loin de préserver ton voisi-
nage, on a vu, dans les cabinets d'histoire naturelle, Var^
gnè être parmi les oiseaux empailléi un despreuûers atteint
par ces insectes.
Vog. Vèrdé»
Argue, en fr. Argues, terminaison d*un grand nombre
de noms de lieux dans le Bas-Languedoc, départ, du Gard
et de niérault.
La finale Arguë a été longtemps considérée comme rr^pré-
sentant le lat. ager, champ, domaine. Cette iiigeiiicoso
interprétation, mise en crédit par le savant historien Mé-
nard, était combattue par les Doiiédictins de rilistoire
générale du Languedoc ; elle fut adoptée à titre de conjec-
ture par Sauvages ; aujourd'hui, battue on brèche au aein
même de l'Académie du Gard, elle parait abandonnée par
la plupart des étymologistes.
Argus, dans la langue vulgaire, le languedocien, est, en
effet, de dernière formation ; elle n'appnrait qu'au XIV* sid-
cle, ou elle devint particulière au territoire qui avait été
autrefois le pays des Volées Arèc4)miques. Au moyen ftgo*
les noms ainsi forint*^ avaient p^mr finale anègues, oni-
gues ou aniehes ; dans le princi{)C c'i'taitlc «ûdio^il celtiqiM
ek ou son analogue contemporain ak , qui s'attachait ans
mêmes noms pour leur donner la signification de pn>-
priété, un sens, une idée de provenance.
Quand, avec la conquête, le latin s'imposa à la Gaule,
il ne changea pas les appellations loonles existantes; seule-
ment il leur imprima le caclitt de son génie et de sa
langue, et il ajouta ses finales caractérisliques en us, a»
um, selon qu'exigeait l'accord avec mansus, villa, cof-
trum ou prœdium. Pour les étahlisssenicnts nouveaux qui
se créèrent dans la suite, les mêmes procédés de dénomi*
nation furent employés. De 11 les terminaisons en aeuê,
aca, aeum; puis les variantes en a ra/u.f, aneus, atius, attiui,
a, um, etc., désinences correspond.iiites adjectives.
Les Gallo-Romains, nos ancêtres, adopti^rent donc soit
pour l'euphonie, soit pour se rapprocher de la forme latine,
les finales celti(iues latinisées ou purement romaines. Enfin,
lorsque du mélange se forma 1% langue romane rustiqiief
plus tard quand se fit la division en langue d'Oil et en Un*
gue d'Oc, comme le latin se conserva toujours à titre de
Lingue officielle des actes publics, les altérations se multi-
plièrent, par une sorte de marche parallèle. Les infloenoet
ethniques, qui ont tant de puissance sur l'intonation, agl>
rent à leur tour pour modifier les terminaisons. Ainât
tandis que le latin disait œus, aea, acum, le roman lépoo*
daitpar a€,as,at, par préférence an midi et an centre de là
France, et par e, y, ey, ieux, etc., dans le Nord. Les ten-
dances à bi contraction, à l'adoucissement de la prononciar
tion se manifestèrent ; et alors que le bas ,latiu écrivait
acus, anus, a, um, le roman supprimait h terminaison et
il avait an, m, ane, mnê, et ainsi de suite sur les antres
voyelles.
Peu à peu, par le même sentiment, la consonnanoe toa-
jonn dure du c se transforma en eh cbnintaat, et l'on airiv»
ARG
AR!
67
aux dénnences mêlées en aehe, auche, ènche, inche. L'or-
thographe ne resta pas dùsintéressée dans la question : le
latin remplaçait souvent Vi par j. Or quand les Gallo-
Romains, de anius, aneus, onius, a, um, eurent fait
anieus, intcus , onicus, a, um, et anieœ , an plnr. ,
l'inversion jiar anjcus, tmjus, allait de soi dans l'écriture :
la chute du c dur s'ensuivit et Ion eut anjus, enjus, a,
um, et les autres, qui par la suppresAon de la finale carac-
téristique produisirent de leur côté anje, enje, inje, L*on
comprend encore que la substitution du g doux au j soit
arrivée toat naturellement, comme celle du c doux ou du
flà aa e latin sonnant k devant toute voyelle. Ces combi-
naisons amènent Clément le gn mouillé et aussi la méta-
thèse ng. ^~ Yog, les articles Agno, Canounge, Ca$$agno,
el autres.
De Jà sont issues les finales en agna, igna, agnac, ignae,
ûlleors igné, igney, ignies, igny, etc., qui se prononcent
01 nasalisant et en mouillant. £t ce phénomène, dans notre
pays, avait pnssé d'abord par anêgues, onigues, aniches,
inêg^ies, owchet, etc., du moyen Age roman, désinences
exprimées en lat. anicœ, enîcœ, onicœ, et qui sont enfin
devenues argue, ergue, orgue, dans bien des appellations
de nos jours.
Mais il est facile de saisir, à travers ces permutitions
de lettres, les altérations qui se sont produites de la forme
romane primitive aux formes définitives de notre dialecte.
Toutes ces variétés de finales, depuis ac =3 ee = acus,
tmtUg etniui, jusqu*à an, anchê, ènehe, anje, ange, agne,
Btles abtres, comme anicœ = anègues = argues, etc., ont
donc une source commune et sont équipollentes ; et
ce qui le prouve, c'est que le latin, langue plus fixe,
plus fidèle au radical premier, les exprime, quelle que
ioit leur diversité, an midi et au nord, par sa formule k
peu prés uniforme acum ou anum; et que, dans les noms
de lieux, d'un bout de la France à l'autre , des corps de
mois identiques, portant suivant les pays des terminai-
acms différentes, en langue vulgaire , se retrouvent dans
le latin des chartes, des diplômes, des anciens titres,
avec la même finale invariable. Pourquoi ces différences
SOT des mots similaires, souvent même à des distances
tré8*rapprochèesT
Sic voluêre patres, sic volait usus.
Question de latitude ; loi de permutation ; recherche
d'énergique euphonie; toutes ces causes ont pu amener
une combinaison qui a donné lieu à de si singulières inter-
prétations.
Pourquoi encore, pour nos contrées, près de nous, au
milieu de ces syllabes fluides de la terminaison latine, s'est
introdidle la consonne rude r de notre argue f Gomment Vi
doux a-t-il disparu? il n'y a pas peut-être d'autre raison,
et il faut bien s'en contenter, que celle qui, du latin paiti-
maea a fait notre pa$iénargo; de dominieut, domèrgue; de
diêidomimca, dimèrguê (v. lang.), et diminehê actuel;
Ifû a ocmverti le Pa^vf mfsftteuf eo Aouergne ; eanmieus.
I
chanoine, en eanounge; villa canon tea en La Canourgue
(Lozère), el le même, nom d'une place à Montpellier; comme
monica, religieuse, s'est transformé en mourgo, les Hour-
guet, nom d'une de nos rues, et les dim. mourguéto et
mounjéio. {V. c. m.) Ce qui est remarquable néanmoins,
c'est que la même forme se rencontre dans Tespagnol
et dans l'italien, langues néo-latines de même origine que
la nôtre. — Voy, Canounge.
Il nous paraît donc évident que la finale argue n'est
qu'une désinence purement explctive, adjective, qui em-
porte de soi un sens de provenance, une idée de propriété,
à peu près comme ager, mais qui n'en est pas un dérivé ni
une traduction. Ce qu'il fallait démontrer.
Ari, interj. Haïe! commandement qu'on adresse aux
&nes, chevaux ou mules pour les faire avancer. — On dit
d'un paresseux, d'un ouvrier nonchalant : Fôou toujour t
dire: ari, il faut toujours lui dire : allons d/inc!
Rabelais s'en est servi dans ce sens : Ari, bourriquet /
En ital. on dit aussi : arri; en esp. port. arre. Les
Anglais ont, avec la même signification, le verbe to harri.
Barre est un mot arabe d'origine ; il signifie proprement :
marche, avance. En celt. art désigne un aiie, Tous ces
mots et le nôtre dériveraient-ils du celtique ? Le latin aurait-
il contribué de moitié à sa composition, en combinant et
élidant aro, maintenant, avect, impératif, va, marche? En
étymologie, il ne faut jurer de rien.
Ariala, v. Canaliser, conduire les eaux d'arrosage par
de petits canaux. — La ribièïro t'es touto ariala lo d'un
edusta, la rivière s'est creusée un lit étroit sur l'un de ses
bords.
Dér. de niai.
Arias, $. m.n. pr, de lieu. Arias, nom de ruisseau dans
plusieurs communes du Gard.
Dôr. sans doute, comme le mot préc, de Rial, avec l'a
explétif ; peut-être aussi le mot riassos n'est-il pas étranger
à sa formation. — Voy. Riassos. Toutes ces idées se rap-
[K'ochent et se tiennent.
Ariba, V. Donner à manger aux animaux ; jeter de la
feuille aux vers à soie; appâter un enfant, un vieillard, un
infirme, qui ne peuvent faire usage de leurs mains. —
Ariba, sans régime, s'applique, par excellence, aux vers à
soie : A quinto houro ariban ? k quelle heure donnons-
nous la feuille, le repas de feuille aux vers à soie ? Ariba
lou reinar, appâter le renard, faire une traînée d'appât
qui le conduise dans le piège. Fôou ana ariba sas gnèiros,
il faut aller donner à manger aux puces, c.-&-d. fam. se
coucher. Aribo sans fièko, répond quelqu'un à qui l'on
demande une chose impossible ou trés-difllcile à faire:
donne à manger à tes vers sans le moindre brin de feuille.
Aribado, s. f. Repas, ration qu'on donne aux animaux,
particulièrement aux vers à soie. — Quant dounas d'ari-
badosf combien de fois par jour donnez-vous à manger aux
vers T Lus manqua pas qu'uno aribado pérlous ajassa, il ne
manque à ces vers qu'un léger repas pour les faire dormir.
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ARL
ARll
Aribatro, atro, adj. Oavrier qui donne à manger anx
vers i soie.
Ariè, iniÊrj. En arriôre! commandement pour faire
reculer nn cheval.
Formé du lat. H^frô / en esp. Arriédro.
Irièa (éa) , adv. En arrière, en recalant, derrière. —
Porto sotin tapèl é» ariè$, il porte son chapeau en arriére.
Fat é$ ariêi, il marche en arrière ; il porte, il incline der-
rière.
Dér. du lat. Ad rttrà.
Arigniè on Aligniè, par corr. Aliaiè, t. m. Alisier,
CraUtgus aria, Linn. Arbre de la fam. des Rosacées, com-
mun dans les bois. Son fruit se nomme Aiise en fr.
Ariuèje, ». m. Salsepareille du Languedoc, d'Europe,
Smilax atpera, Linn. Plante de la fam. des Asparagi5es,
sarmentense, à baies rouges, rampante et épineuse. — On
dit proverbialement : Bama eoumo un ariuèje, de ce qui
est touffu, épais, même d*un mensonge.
Dér. du gr. '\p{;, lime, râpe, celte plante étant toute
hérissée de pointes.
Ariva, v. Arriver; aborder, parvenir dans nn lieu où
Ton voulait aller ; advenir ; survenir. — Faï pas qui d'à-
riva, il vient d'arriver, il arrive à peine. S'aquà m'arivo
tourna, si l'on m'y prend encore. Se t'arivavo, si tu t'avi-
sais de cela, s'il t'arrivait. Tarivara malur, il t'en advien-
dra malheur. Y-is ariva, il y est parvenu, au prop. et
aufig.
Ce verbe, en languedocien comme en français, a été tech-
niquement approprié, dans le principe, à l'arrivée d'un
voyage sur eau. Sou étymologie de rive ou de ribo, quand
on prononçait ariba au lieu de ariva» le démontre assez.
Les deux dérivations se confondent dans le lat. Hipa, ad
ripam,
Arirado, «. f- Arrivée; venue de quelqu'un on de quel-
que chose en un lieu.
Dér. du lat. Ad et ripa.
Arîalaa, «. f. Genêt épineux. Sparîium $corpiu$, Linn.
Arbuste de la fam. des Légumineuses, à fleurs jaunes ;
ajonc.
Sauvages prétend que ce moi est d'origine arabe; ne
viendrait-il pas plutôt du grec '\pya)io{, difficile, fâcheux,
incommode, qui est pour beaucoup dans le lat. argutus ;
i cause des longues épines de cet arbrisseau ?
Arjalaaaièïro, a. f. Lieu couvert d'ajoncs, de genêts
épineux.
Dér. de Ârjalai.
Arjéïrolo, t. f. Azerole, fruit de Tazerolier, arjéroUii.
Ar)érouè, i. m. Azerolier, MeepUut, Linn. Arbre de
ta fam. des Néfliers, dont le fruit ressemble à mie petite
pomme et a des noyaux comme la sorbe.
Arle, «. m. Arles, ville de Provence ; sous-préfecture du
départ, des Bouches-du-Uhône. — On dit : in ArU, à Arles,
et non à Arle. — Toy. Aoubinae,
Pt^r. du lat. Ar^at.
Arlén, én^[no, adj. Ailésien, ienne; d'Arka; qui est
d'Arles.
Dér. du lat. Arela».
Arlénde, ». m,, n. fr, de lien. Arlende, hameau déten-
dant de la commune d'Allègre, canton ds Saint-Ambroix,
arrondissement d'AIais. Dans le voisinage, se trouve une
belle source du même nom : La fon d'ArUnde.
Ce mot est écrit da#s le dénombrement de la sénéchaus-
sée de Nimes, ^r/em/^/e. Sa dernière partie formée de linde,
clair, transparent, traduit le lat. limpidus. Sa première
syllabe est-elle larticle armoricain ar, la, que l'on trouve
dans bien des noms commençint ainsi : Ar-leux (Nord),
très-rapproché de notre mol; Ar-cenay (C6te4'0r); Ar-
denne» (Aveyron), et autres ? Serait-elle préposition repré-
sentée le plus souvent par le lat. ad, vers, ou la particule
celt. intensive, jointe à l'adjectif pour lui donner plus de
force et mieux exprimer la beauté et la limpidité des eaux
de la fontaine à^ArUndef^^ Voy, Zeuss, Gramm, ait.
On pourra choisir.
Arlequin, s. m. Arlequin, homme léger, peu sûr ; bonf-
fon, farceur.
Ce nom est le surnom d'un bouffon de théâtre qui vint
d'Italie à Paris sous le règne de Henri III. Comme il allait
souvent chc^ MM. de Harlay qu'il amusait beaucoup, set
compagnons le nommèrent Uarlaiquino, petit Uarlay ; et
ce nom esl demeuré à tous ses successeurs dans l'emploi.
Il a fini par pnssor dans l'usage comme adjectif.
Arléquinado, s. f. Arlequinade; tour d'arlequin; bouf-
fonnerie ; lazzi ; niche.
Arma, v. Armer, donner des armes ; mettre sous lea
armes; disposer une machine, un fusil à tirer, à faire
feu.
Dér. du lat. Armare.
Armado, s f. Armée ; troupes en corps sous la ooo-
duite d'un chef; grande foule,- grand nombre. — Y »ian
uno armado, nous y étions en foule, en grande molti-
tnde.
Armagna, i . m. Almanach, calendrier.
Altér. de Almanach.
Armas, ». m., augm. de Erme, grand tènement de terre
en friche, de lande. Autrefois il avait la signification de
marais, terrain marécageux, et les anciennes chartes latines
le Rendaient par Palu», palwli». Sauvages lui donne pour
synonyme GaHgo, qui a le sens de marais. — Foy. Ermê,
Ainvirgue.
Annasi, ». m., ou Cabine. Armoire, placard, buffet ;•
meuble uu Ton tient du linge et des bardes, et où le
paysan st'rre ce qu il a de précieux.
Ce mot vient, comme armoire, son correspondant fran*
çais, de ce qu'on y renfermait autrefois les armes, ta
armures, et dans les châteaux les titres et les arniotries<
— Cirquo la gnui pir hu» arma»i», il cherche midi
i quatorze heures, il cherche des faux-fuyants.
Armita]o, s. m. Ermitage, habitation d'un ermite» aa
ARO
ARP
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bg. lieu solitaire, maison isolée; nom d'une montagne qui
domina Alais, où était nn ancien ermitage.
Dér. dn lat. Eremita.
Amûto, «. m. Ermite, solitaire qui s'est isolé du monde
|Mnir servir Dieu. — Démpièi que Varmito é$ mort, ariix>
toujour qmeon, dit-{m chaque iois qu'il arrive un malheur
ou un événement étrange, comme si Termite était une
esgèœ de Providence qui éloignait les malheurs d'un pays.
An foutta VamUto, aquà i-amérito, chantent les enfants
ftutoor d'un camarade qui a été puni par ses parents, ou
qui a été justement houspillé par un compagnon plus fort
que lui.
Dér. du lat. Eremita.
Anuo, s. f. Arme; tout ce qui sert à armer, soit pour
l'attaque, soit pour la défense. — N*y âouriè pér n'en
préné iat ormot, il y en aurait pour prendre les armes,
pour s'insurger, au prop. et au fig. Pourta l'armo, la$
mrmot, porter les armes.
£mp. dn fr. dér. du lat. Arma,
Armol, «. m,, ou Annôou. Bonne-Dame ou Arroche
des jardins, Atriplex hortensis, Linn. Plante potagère et
sauvage; quand on la cultive dans les jardins, elle devient
haute et ligneuse, et on la nomme alors épinard d'Es-
pagne.
Dér. de l'esp. Armutilas, m. sign.
Armuiiè, s, m. Armurier, arquebusier; qui fait des
armes.
£mp. au fr.
Ama, ado, a^. Rongé, percé par les teignes, piqué des
▼os; vermoulu.
Dér. de Amo,
Amaduro, «. f. Uangeuro de vers ou de teignes; le trou
percé par elles.
Dér. de Amo.
AmaTès, «. m. Argalon, paliure, nerprun, SKamnui
patiurus, Linn. Arbrisseau qui ressemble au jujubier et
qui est bien plus piquant, de la fam. des Frangulaoées. Un
savant botaniste suédois, qui avait voyagé en Palestine,
dit qu'il n'y a, dans tous les environs de Jérusalem, que
cette espèce de paliurus qui ait pu servir à faire la cou-
ronne d'épines de N.-S.-J.-G.
Astruc affirme que ce mot nous vient de l'arabe.
Arno, «. f. Teigne, en lat. Tinea, petit insecte, véritable
chenille qui se change en phalène, do Tordre des Lépidop-
tères, trop connu par les dégâts qu'il fait sur les étoffes, les
pelleteries et le papier. Sa phalène est ce petit papillon,
d'un blanc un peu gris mais argenté, qu'on voit voler
Tété dans les appartements où l'éclat de la lumière l'attire.
An fig., importun, parasite, solliciteur dont on ne peut
se débarrasser.
Sauvages prétend que ce mot vient du celtique.
Aro, «. f. Are, mesure de superficie contenant 400 mè-
tns carrés.
Emp. du fr. dér. du lat. Ana, surface.
Aro, adv. A présent, à cette heure, maintenant, en ce
moment. — Tout'aro, tout à l'heure, bientôt, dans un
moment. Ah / pér-arof Ah 1 pour le ooupl Gna prou pèr
aro, c'est assez pour Tinstant. Un pAou aro, un pàou piëi,
un peu après Tautre ; par moments. Aro mèméto, tout ft
cet instant, il n'y a qu'un bien petit moment.
Dér. du'iat. Hora, ad horam, ou de hac horà. En ital.
Ora, en esp. ahora, en cat. ara.
Aros, «. f, pi. Arrhes d'un marehé, gage de son accom-
plissement. — Donna d'aros, donner des arrhes.
Dér. dugr. i^^ocCàiv, m. sign., formé de Thébreu ara6,
promettre, donner des assurances, ou de Tarabe araba,
nouer, affermir, serrer; d'où le lat. arrha, m. s.
Arougan, anto, atij. Fier, insolent, arrogant.
Dér. du lat. Arrogant.
Arouganço, «. /*. Orgueil, fierté, arrogance, insolence,
morgue.
Même dér.
Arouina, o. Ruiner, causer la mine; démolir; user
par le temps; détruire la fortune, causer la perte des biens
de quelqu'un.
Dér. du lat. Euina,
Aroundi, v. Arrondir ; élaip'r; rendre rond. S'aroundh
engraisser, se remplumer. Au fîg., étendre son héritage,
joindre à son domaine une terre qui convient.
Dér. de Roun.
Arounze, j. m. Ronce, Buhex cœsius, Linn. Arbrisseau
épineux et parasite, qui produit les mures ; de la fam. des
Uosaci^es.
Dér. du lat. Eanea.
Aronqua (s'), v., ou S'arouqid. S'endormir; tomberdans
un profond sommeil, où Ton semble changé en pierre.
Dér. de Eo.
Aronqul (s']. Se pétrifier, devenir de la pierre; ^urcir.
Au fig., s'endormir profondément.
Dér. de Eo, rocher.
Arouaa, v. Arroser, répandre de l'eau; humecter.
Dér. du lat. Eos, eau, goutte, rosée.
Arousado, t. f. Petite averse de pluie; pluie douce et
de courte durée.
Arousage, s. m. Action d'arroser; droit d'arrosage.
Arousouèr, s. m. Arrosoir; grande cruche en fer-blanc
pour arroser les plantes et les fleurs.
£mp. du fr.
Arpaîargne, «. m., n. pr. Arpaillargues, commune du
canton d'Uzés. Son annexe est Aouréia, Aureillac ou
Aurillac. Deux petits villages, situés, celui-ci sur une
haute montagne , celui-là sur la pente d'un coteau.
Le nom du dernier pourrait lui venir de Aouro, vent, à
cause de sa situation ; mais son voisinage avec ArpàSargue,
et même sa traduction française laissent croire que aurum,
lat., a contribué à la dénomination des deux localités,
situées près d'un ruisseau aurifère : Aurum iegtrê, chercher,
recueillir de l'or.
Alll^
AIIQ
j / / •.'/. 'j Ar),fit.irfjue, qui n'oxprime pas M^ri ent'''nda
;. . . : J . -//'/./'? le (i.)(ii. une diî qu<^li|Ui' S''Mril''ur r '(II. lin,
1 . i H- i.' j.iiiii ilt's clnrlOï» par Arj)'L'fi(in.< œ, el i!
: ', . - -fl iiii I, iil .iiis^i {\i] aurujti et lie pùUi ire, ba-^S.
lii. , (il cIki (l- I or «l.iis le silile d<'s ri\i'M'''>: tl""'.! iMr.
(K ji iili'-iir S.'s afiulug'ues sont OqùlliL'ri'S ^G.irJ, et Aipail-
K.J' ' \\i \ h. il;. *
Arpaii, s. m \ propri^ij]ent pirîer, si-'nifîp : InnirU'^urih
l'fUiviTlare <Je Ii main. — An jeu iVri^uip' : T. e. m. , qui
se j<»ii»' .i\ec Je» ^''i!iillis, ou uie>ure aiii>i la di^lauc»' entre
les houles; Wni dil.i!'r-> : Fat tous in/>ins. lai> ta ni"<ur\
iMais couinif la trie!i»Mi'' se nit'^l»' l'>uj «in's a O'^s j^nx d ••n-
faïUs» le Ui'\^ur»'iM' a\\ 'Uje t''ll'Mii''iil i'-s il 'i-'t> imi -'li^^mt
sur la l»'riv, qn il jl-r-u'-' si'ejuli.'nMn'Mil la «li^tanee. On
app''l.iil c<' pr'Or.lj ; Arji.ms <le la narum, et r»tn VMuL.it
par!»'i- J u:.'" ni''>ure lru^lul•Ml^'^ Le j-Mi ^'n qii-'^ti' n a\ait
sans lI »ute pris n.ii>san''* en ce tenq)>-là. La nation -'l it
prise al' trs [> 'ur l'^ j •u\ern':'nient ; mu «'i.iit S'Uis la r''[)u-
blique, la pr-^ini-Te bi-Mi '^iit-'U lu, et les enrnils se p'rni'U-
lai;nt c>''[\o .yrt*^ r'-[)i.Ta.ii:uf^ puîitiiiU''. «-n e'»ni!i!'''niitra-
ti' n il'.' Il l' Hitjii'M" .(II'' lu ti-Ts-cous »KJj. Les Luunes
vent -^ > 'U* 1'^ [•[•i\il 'j^ d' e*'t -"iL''"".
Àijar,, '^n e' >'n>. j» «urrait avnir qu-^lpie parent-'^ avec
aT} i; .-j)-:! L it ii-'us pe.is ..S (ju il litsl que l'e.vlensioii
du n. t ^JiVj.iL
Arpan, s. m. M-^^supp d-"» su;^r!i.'i* qni r-'^p"!! 1 an fr.
arpf'it. et qui d"rive e 'i; u * lui du lit. Arnj>-n huju,
m-'^sun^"^ de? (\\\ ..J >. M lis ..ui La;i-u \[ >.;. il ne r-'p -nd pas
ra\ d'îL^Misi 'is d" rar^teal de l'ans, q-a Nalait autreluis
51 are? l'T eend.ir'S.
L'arp'ut d' M uitr-'Hi^r. qni <'tiit l'unité l'''j-ile pour les
justieiil'h> d-: h t«»ur d"S Aid-^s de c- tt-^ mI1'\ t-liit de
deuv s «ries L'arj>'^nt .a <lextre, p.»ur n)'^<':r'T 1\-* batiUi'-nts.
était une corde qui tuait n-^ul" pans, > -it i Ui-t. 'io cent.,
sans av'ir ejird a U ira^-ii 'H inq^'-roeptili!'-» qui r-'^ull-' de
la coiiqnru> wi du m tre a la l'US-' "U à la canne. Le dexire
ou arjvMil, p -ur n.e>urer les champs, était d-"» 18 piii<, sjit
4 m. 50, on mesure linéaire. L'arpMit cirn- représente
donc un»' suivuiicie de 10 mètres: il laul '23 ar[>'nts pour
une 9uarfa/(i/f), luO pour une scstiUrah, 4(Ki p Hir une
iâoumadudo \V. c. m. , et dans le sy>té:ne déciiual, il en
faut o p'tur un are, 500 ();uir un heclip».
L«' destreoxi Yarpcni contient donc 0 ares ^0 centiares.
L*"' lx'>is>'au I
La (pnrle 5
L*»unine 4 0
Le .s^'ptiT 20
Và\ s dai»v. 80
Telle .M.'it b mesure A Alds; à Saint-Cdiristol et dans
quelqn > autres couiuiunes voi>ines, iarj^nt n'avait que
8 pins.
Arpanta, t». Ar[vMitor, mesurer la contenance des terres;
faire de l.>ru'^ pas, marcher vilo et à gnuids pas.
Dit. do Arpan
25
Arpantaîre, 5. m., ou Arpentur. Gt^omctre arpenteur.
Arpantage, .ç. w. Arp-ntipe, nrl de mesurer la super-
fiM ' d-'x t rr-'s ; ra]ipuft ou plutôt résultat d'une opération
il .)'-[)<Mi(' ur.
1) T. d-' Arpan,
Arpantéja, v. P.irconrir à ^nnds pis ; courir c^ el là;
et pjr "xt., i'-u'i" d''> jainl-'s - - N^ dit surtout d'un enfant
au Iht.-'mu qn. c ûi.'li-* ?ur le d -s, joue d'*s janihes et se
d'"i: ■il- quaud il est iibie. Le iLul se coiilonJ avec Àrpa-
irji.
J) T. d''' Arpnn.
Arpatéja. »-. (i ind.iller. j 'ivr des jnml^es. — Il est lo
m>"':..' .ph' Al }>aii'<j'i. L.i ^"ide dillerence parait être dans
r--l\:ii. r/'pn-<.-i .-^i dr. d-' Ai po.
Arpeto, >. f., di'ii. d' Al i>'-'. (T e d.^ Ini^li-T; mais plus
p irli'iili-'ivii.fni c? p-"'til'-> ^iilV'^-'ii \ rillcs, asec l«'S4juelIes
plu^i'-urs plaiitt's j':iM>it>'s ^ri ;-p ml-'S s'ait. jchent aux
nairs nu à l'arlm', i -ur tut-'ur, c eu 'in' 1>' liuTe, la vignc-
vi-^r.v, etc. Oii le dit ausM des pallrs de la plupart des
iiis vteS.
Arpi, V. Ae.^r.<!ior avec les mains ou les griffes; rapi-
n-T : "aip 'i.'n-M. > ji-;r.
y<iij>i. >*-" p:»'!i Ip' aux. ch'^v.^ux, s'éL'ratigncf récipro-
qU'''i l'iit n-' • l'N "!:^'|^'S et V - j-'iall-'S.
I> T. d' Arj,. f.TMi' lui-n.M.'' du lat. arripio.
Aipian,ando, a'j. Ti.' :1, i pui-nu-, quia les mains
er.cli!i'->. e<'.i,'i;''"n 1-' ['\ r v .x", laquuprcmeut saiis doute.
au\ .\-!':ii.iii 1^; escgulle, escr.jC.
1) r. d'^ Arpo.
Arpîûu, i. m. I)i:ii. Arp.nuir. Ongle long el crochu ;
un d i-'t vluii'^ S'^rî'\ d une ^nlTe, pris séparément. Au
pltir. p ir '^xt .11 11. d ■ijt';.
L '"-l un lii.. d -l". d'' Arpo.
Arpo, J. f. .M lin; irrilf'»; serre; patte. — On dit : A
hr.in) at-pn, ou Is uTio b.ino arp'\ d'une femme qui a la
mnin halnl-' piur r,lalas^er une ivclte, telle que les chà-
tiP-'iieN. (ui p 'ur eu''iltlr la IVuill'" de nnirier. Jouga dé
iarp\ j'iU'T il»' l;i .Tille; njiintT, iiième éLTali^-nier. Trempa
l'atpn, m- itr«' 1? pied, entrer dans leau ; au lij;. mettre la
n.im A la p'it-': entr-'pr'Mi i:'\ Y-'V htaita l'arpo dessus, on
s'en est su<i. «-n a uns la nr.in >ur lui.
Dér. du LT. '\cr-i;. cToc, cnvrli^i, ^Tappiu.
Arquado, j. f. Arche dun i>oiil; \oute courbée en
arc .
D'T. du lat. ArcfHf, arc.
Arqué, j. m. Arc-en-eiel, mét-'^nre en arc formé par la
rêfracti -n de la lumiTe solaire dins l-^s nuag'^s, composé
de plu>ieurs handes de couleurs, rvHige, orange, jaune,
vert, l'ieu, indiu''^el viulct. — C-'^\ I-mIiui. d-^ Ar. [V. c m.)
Aripie 'le vouUui. Archet ou étui de faucille.
l)er. du 1 »t. Arcus.
Arquieiro, s f. Soupirail, lucarne, jour de souffrance;
ouverlun' longue et très-etroite pour que la léle n'y puisse
âsa
ASB
7i
passer, qni éclaire nne cave, une étable, an grenier, on
bâtiment non habité ; barbacane, chantepleure; ouvertures
de même dimension, qu'on pratique dans les murs de sou-
tènement et de terrasse, pour faire écouler les eaux de
pluie.
Ce mot Tient de son ancienne application aux meur-
trières par où tiraient les archers, qu'on nommait arquiès.
Araéniso, s. f. Armoise, herbe de Saint-Jean, Artemisia
wUgan't, Liim. Plante de la fam. des Corymbifères, stoma-
chique, vermifuge, emmenagogue, antiseptique.
Dér. du gr. 'ApTs;xia{x , nom de la Diane des Latins,
patronne des vierges, qu'on appliquait par allusion à une
plante dont on faisait usage en médecine pour provoquer
les menstrues chez les jeunes filles.
Axtéîa (s'), V, Se heurter les doigts de pied contre quel-
que chose; broncher, se blesser le pied par un choc. —
AJlpdou que mé séraï artéïa, j'ai peur d'avoir fait une
sottise, un pas de derc.
Dér. de Ariél.
Artêïado, j. f. Heurt, blessure aux orteils : ce qui
n'arrive guère qu'aux gens qui vont pieds nus.
Ce mot n'a pas d'équivalent eu français, dans nos die-
tkmnaires, parce que ni l'Académie ni les Parisiens ne vont
no-pieds ; mais dans la Picardie, par exemple, où les pau-
vres gens font comme les nôtres, on dit très-bien s orteil-
ter et orieiUade, En tous cas, dans l'acception figurée, il
est encore à regretter, et il pourrait bien ne pas manquer
d'emploi. 11 signifie en effet: maladresse, mal-habileté, entre-
prise oa action dans laquelle on se laisse imprudemment
pînœr.
D6r. de Artél.
Artel, «. m. Orteil, doigt du pied. — Leva VartU, se
saurer, décamper, détaler; lever le pied. Trempa l'artél,
se mettre à Feau, guéer a pied.
Mr., comme son synonyme ital. Artiglio, du lat. Arti-
cmimê, jointure.
ArUchàca, t. m. Artichaut, Cynara scolimu$, Linn.
Plante indigène de l'Andalousie, de la fam. des Cynaro-
céphales, cultivée partout à cause de l'aliment que fournit
scm réceptacle et les écailles de son calice. On en connaît
plosieufs variétés. -* Voy, Carchoflê,
Dér. du celt. ArticKaudm; art, pointe, et chaulx, chou;
par où Chou épineux. D'autres le tirent de l'arabe Khar
tMioff, artichaut. Le grec et le latin ont été mis aussi à
contribution. Nous n'avons pas de préférence.
Artisoùs, <• m. pf . — Toy. Artltoht,
As, art. pi. m. au datif. Aux. Au fém. on dit A las. •—
As home», ae éfane, aux hommes, aux enfants ; à las fin-
wsoê, à las fïoe, aux femmes, aux filles.
As, t* pers. sing. ind. prés, du verbe Avédre, tu as. —
Aâ fan, tu as faim. As dé poumos, tu as des pommes.
Asuâga, v. Arroser ; mouiller, baigner. — Ce terme
exprime spécialement le mode d'arrosage particulier aux
Cèrennes, soit qu'on puise Fean dans un cours d'eau bor-
dant la propriété, soit dans un petit bassin où on la
ramasse et qu'on appelle lompo. On la puise et on la répand
au loin au moyen d'une pelle creuse en bois sur les plan-
ches d'un jardin, à peu prés comme les bateliers vident
leur bate:iu avec une écope. — Asdiga lou vi, tremper le
vin. Asàigaà régo, arroser par irrigation en faisant couler
l'eau successivement dans ctiaque raie d'une planche de
potager. C'est le mode qu'on suit quand on arrose au moyen
d'un puits-à-roue ou d'un chapelet.
Dér. de Aïgo et de la part, explétive a, qni marque l'ac-
tion ; la lettre s n'est là que pour l'euphonie, pour éviter
le choc des deux a, par un hiatus réprouvé même en
prose.
Asaigadouîro, s. f. Pelle creuse en bois pour arroser,
dont il est question à l'article précédent. Lorsqu'on n'em-
ploie à cet usage qu'une moitié de courge sèche, emman-
chée d'un long bâton, ce qui est le plus commun, on peut
toujours nommer cet outil (uatgadouiro ; mais il est plus
technique de l'appeler couasso.
Asaîgaie, s. m. Arrosage, arrosement; droit d'irrigation;
action d'arroser.
Ascla, V. Fendre, mettre en éclats, dans le sens de
fêler.
Ascla, ado, o'//. et part. past. Fendu, fêlé ; an fig.
éccrvelé, cerveau lèlé, tête folle.
Asclo, s. f. Fente, fêlure, crevasse ; intervalle entre une
porte ou une fenêtre et leur chambranle. — Uire coumo
uno asclo, rire à gorge déplo}'é3. — Voy. FénJascio.
Les trois mots ci-dessus de même formation dérivent,
selon Sauvages et Astruc, du celt. Ascl, escl, radicaux.
Le grec a KXdviç, fente, rupture.
Ase, f. m. Dim. Aséné, péj. Asénas. Ane, baudet;
Equas asinus, Linn. Mammifère de la fam. des Soiipédes.
Au fig. sot, ignorant, imbécile, butor. — Faïre lou repas
dé l'use, manger sans boire. L'ase té quïe, peste de toi !
L'ase mé quïe, foin de moi ! JMouririè pu lèou l'ase d'un
pdoure home, il mourrait plutôt l'âne du pauvre : c'est une
espèce de murmure contre le sort qui semble frapper plus
fort sur le pauvre que sur le riche ; mais cette expression,
qui est devenue très-proverbiale, n'a rien d'irrévérencieux
ni d'irréligieux. Cela se dit quand l'enfant d'une nom-
breuse famille est dangereusement malade ; ou bien lors-
qu'on voit échapper de maLtdie un égoïste, un homme isolé,
dont la perte ne serait préjudiciable à personne. On sup-
pose par là que rien n'est plus utile au pauvre que son
àne, qui est son gagne-pain. Miehan coumo un ase nègre,
méchant comme un àne noir. Cela provient de cette race
d'ànes, très-grands et très-méchants, qui vient de la Cata-
logne, où ils sont tous d'un gris presque noir. Pati coumo
un ase dé las gfpiêïros, souffrir comme un àne de plàtrière.
Le plâtre gris, qu'on n'exploitait autrefois pour les envi-
rons d'Alais que dans la commune de Générargues, était
transporté à dos d'àne dans des sacs qu'on leur posait à nn
sur le dos. Un gamin, à califourchon sur la croupe, les
72
ASE
ASS
guidait sans bride avec an gros bftton, et les faisait galo«
per, malgré cette double charge: ils allaient ainsi par
cavalcade de dix à douze. Ce service était fort dur, atteuda
surtout que les pauvres baudets étaient mal nourris et
réduits souvent à brouter l'herbe sèche des chemins. Ce
genre de transport, qui avait son cachet local« a disparu
aujourd'hui que les routes et les chemios vicinaux permet-
tent une voie plus facile; mais le dicton proverbial est
resté. Y-a maï d'un ase à la fièiro que $i sémblou, prvb.,
il y a plus d'an àne à la foire qui s'appelle Martin. L'asê
dé mita é$ toujour mâou imbasta, prvb., l'âne de la com-
monauté est toujours le plus mal bâté : tout bien en com-
mun oaen indivis est toujours mal administré. Vai$fiehô/
est one sorte d'interjection explétive, fort en usage, et qui
n*e8t que la modification plus décente d'une l«)cution fort
employée, quijique de beaucoup moins honnête : L'au
fiehê iou dariê l le diable emporte celui qui sera le dernier
i la course. J^uét au $$ bien maléou que porto déuu$ un
bel impUutre, voilà un âne bien malade, qui porte sur le
dos un grand emplâtre, c'est-â-dire un homme inutile : ce
devait être un des propos de ceux de la fable du Meunier,
ton fiU et l'âne. Mouqué coumo un eue^'^t^enaud comme un
baudet. Aquéio ribo n'es pas pér aquél ase, dicton prvb.,
mot à mot : ce vei-dng(> u'est pas pour un pareil âne. Au
fjg. : ce n'est pris {xmr lui que le four chauffe; ce morceau
est trop délicat pour lui; il lui passera sous le nez. Dans ce
sens se trouvent une foule d'applications.
La lemelle do l'âne, ânesse, est appelée Sâoumo, — F.
c. m.
Aséné, ânon, est le dim. Aeénat, péjor., signifie au pr. et
au fig., gros âne. — Voy, Bourou, Bouriaquo, Pécata,
Ase, au jeu de cartes, as. Ase dé piquo, dé tréflo ou dé
trounfte, dé et^re, dé eur, as de piqoe, de tréûe, de car-
reau, de coBur. — Voy, Bourou,
Ase, trés-pctit poisson de rivière, chabot des rivières,
Coitus gobio, Linn.» qui a renoolure de la baudroie, la tète
large et plate, plus grosse que tout le reste du corps. Il est
insipide & manger et contient souvent du gravier dans l'es-
tomac. Il se tient presque toujours au fond de l'eau, sous
les pierres. Qaind ou l'irrite, il renfle sa large tète, ce qui
le rend encore plus laid.
Ase-^o^^ien, s» m. Le têtard, la nymphe de la grenouille,
qu'on rencontre dans les eaux croupissantes, où un rayon
de soleil suffit pour les faire éclore. En naissant il est noir ;
en grossissant il devient gris. Sa tète et son oorps forment
une espèce de boule terminée par une queue plate en
forme d aviron et dont le plan est vertical. Les pattes sor-
tent de cette boule, la queue se détache, et le têtard aqua-
tique devient grenouille amphibie. Au fig. Ase-bomén
signifie : bulur reufi»rcé, ane, imbécile, sot fiefiè; un degré
de plus dans la sottise ou la bêtise que l'âne ordinaire. Il
est très-employé.
Le nom latin du têtard, Gyrinue, est (Sicile à comprendre :
'}l vient de gyrure, arrondir, puisque c'est une vraie boule.
Son nom fr. qui signifie grosse tète, a sa raison puisqu'il
ne semble être qu'une tête; mais notre aMe4fouïén, dont
l'épithète surtout ne dit rien, ne s'explique guère. Dans
nos environs, on appelle le têtard tésto d*ase, ce qui est un
peu moins incompréhensible.
Ase dé charpanto, chevron de charpente, composé de sa
ferme, du pied-droit et des arbalétriers.
Ase dé ressaïre, banc à trois pieds sur lequel les scieurs
de long élèvent et placent horizontalement leur bigue; le
pied de derrière n'est que le prolongement du banc lui-
même , qui vient s'appuyer â terrre et le long duquel on
roule la bigue pour la hisser, quand elle est trop lourde
pour être soulevée sur les épaules.
Toutes ces dernières acceptions dérivent de quelque
point de comparaison ou de similitude avec l'âne, animal,
dont le nom dérive lui-même du lat. Asinue.
Asénén, énquo, adj. D'âne; qui tient de l'âne; qui
vient de l'âne.
Asénga, v., ou Enzina. Arranger; rajuster; agencer;
raccommoder; apprêter. S* asénga, s'arranger, se mettre â
l'aise et s'ajuster. — Foy. Enxina,
Dér. de Auï.
Atérba, o.» ou Ashérba. Donner le vert aux chevaux ;
conduire les troupeaux dans les prairies.
Dér. de Hèrbo.
Aspre, 0, adj. Apre, désagréable au goiit.
Dér. du lat. Asper, et au moins contemporain du fr
Assadoula, v. Rassasier, gorger; assouvir la faim.
Dér. de Sadoul.
Assaja, v,,ovl Enaaja. Essayer; tenter; tâcher de faire»
faire l'essai; essayer un habit, une robe, un chapeau, pour
voir s'ils vont bien.
Dér. de l'ital. Assagiare, m. sign.
Assalé, s, m. Place garnie de pierres plates ou de che-
neaux en bois, où l'on donne le sel aux moutons.
Dér. de Sâou et de Sala.
Assaléja, v. Donner le sel au bétail.
Dér. de Sàou, formé du lat. Sal.
Assana , v. Cicatriser, guérir une plaie, une blessure.
Dér. de San, sain.
Asaàou, f. m. Emotion pénible; nouvelle alarmante;
reproche mortifiant ; importunité fatigante. — Nous douné
un fUr assâou, il nous alarma vivement.
Emp. du fr. Assaut.
Aasàouvagi, v. Rendre sauvage, farouche. — Dé batre
Iou béstiâou Vassâouvagîs, on rend les animaux farouches
en les battant.
S'assâouvagi, v. S'effiiroucher ; prendre un air, une
humeur sauvage; contracter des manières agrestes.
Dér. de Sàoutfoje.
Assaaiin, s. m. Assassinat, et non assassin. — Aquà'e
un assassin, c'est un vrai assassinat, dit-on, quand on est
assailli par une troupe de mendiants, une foule de eréan-
ciers ou simplement d'importuns.
ASS
ÂSS
78
Dôr. de Hoichiehin, qui était le noin des sujets dn
Vieux de la Moutagne, autrement dit Prince des Haschi-
chins, ou Assassins. Gomme ses sujets, fanatisés par lui,
assassinaient tous ceux qui déplaisaient au maitre, leur
nom est devenu générique pour désigner les assassins.
Assawilima, v. Assassiner, tuer par guet-apens, par tra-
hison, de dessein prémédité. Au ûg. importuner à l'excès,
solliciter; exiger son du tout de suite, comme si l'on met-
tait le pistolet sur la gorge. — Les deux n se font sentir.
Assasalniir, t. m. Assassin, meurtrier.
Assata, v. Affaisser; battre; fouler, tasser. — Âssatala
lugado, encuver le linge de la lessive, l'abreuver pour
l'entasser. AM$ata un eo dé poun, asséner un coup de poing.
La crcio iét auatado, la voûte a fait son effort, les murs
(mt pris leur assiette. Aisata un $ou[U, appliquer un soufflet.
Dér. du lat. Auidere.
Aasécarli (s*), v. Se dessécher, devenir sec. — Se dit
prindpalemeat d'un arbre qui meurt peu à peu par les
branches.
Dér. de Séqua.
Aaségiira, «. Rendre sûr, consolider; caler; assurer,
œrtifier, affirmer.
Dér. de Ségu,
Aaségnranço, «. f. Sûreté, assurance ; caution, nantis-
sement, hypothèque ; fermeté, hardiesse.
Aasémàon, «. m., ou Sémâou. Cornue; comporte;
benne ; vaisseau de bois composé de douves reliées par des
cercles, avec deux chevilles horizontalement placées, par
lesquelles deux personnes le transportent à l'aide de deux
bâtons appelés pour cela sémaïès, qu'on passe en dessous
des chevilles. Ce vaisseau sert principalement à transporter
la vendange.
Dér. probablement de Sema, met d'un autre dialecte
que le n6tre, qui signifie : tirer le moût d'une cuve trop
pleine, dér. lui-même de l'ital. Scemare, diminuer. —
Voy. Sémâou.
âBsémbla, v. Assembler; rassembler; mettre ensemble,
joindre, unir, réunir, rapprocher; convoquer. — Dtou lous
fax, amai loui assémblo. Dieu les fait et les assemble, dit-
on souvent ironiquement d'un ménage pins ou moins bien
assorti , d'une coterie dont les membres sont ignorants et
singuliers.
Emp. du fr. Assembler.
Aasémblado, t. /. Assemblée; plus spécialement, la
tenue des offices divins dans la religion réformée, soit
dans un temple, soit au désert.
Emp. du fr.
Assès, adv. Assez, autant qu'il en faut. — C'est pure-
ment un terme de civilité populaire. N*aï bien assès, dit-on
a table quand le maitre de la maison vous offre d'un nou-
veau plat. Dans ce cas-là on ne dit jamais : N'aï bé prou.
Assis ne se place qu'à la fin de la phrase. On ne dit pç^ :
Aï assés manja, mais bien : ^t prou manja.
Pmp. au fr., comme la plupart des termes de civilité.
Aaaésl, ido, adj\ Rassis. — Ne se dit guère que du pain,
par opposition à pain frais ou mollet.
Dér. du lat. Assidere.
Asséta, V, Asseoir, mettre sur un siège ; faire tomber
quelqu'un par force sur son derrière; poser sur une base
solide.
S'asséta, V. S'asseoir, se mettre dans un siège ; s'établir
d'une manière solide, prendre son faix, en parlant d'un
mur, d'une voûte, d'une pierre de taille.
Dér. du lat. Assidere.
Assétoùs (d'), adv. Assis, sur son séant ; par opposition
à debout. — Ero d'assétoùs sus soun iè, il était au lit, assis
sur son séant.
Assiétado, s. f., ou Siétado. Assiettée ; contenu d'une
assiette, plein une assiette. — Uno assiétado dé soupo, est
4me assiette de soupe, non seulement pleine, mais comblée
et presque en pyramide. — Voy. Siéiado.
Dér. de Assièto.
Assièto, s. f., ovL Sièto. Assiette, vaisselle plate dans
laquelle on met ce que l'on mange à table. — Assièto béeudo,
êcuelle à bec. Para ta sièto, présente ton assiette.
Dér. du lat. Assidere ou assista, de à sedendo, parce
qu'autrefois Vassièto indiquait la place de chaque convive
à table.
Assigna, i. m. Assignat, papier-monnaie. — Ce terme est
malheureusement devenu familier à tous les idiomes de la
France, et y est resté en triste souvenir. — Prin eoumo
un assigna, mince comme un papier d'assignat. Afatrassi
eoumo un assigna, mou, sans apprêt, sans consistance,
comme les feuilles d'assignats. Même avant que ceux-ci
fussent décrédités par la banqueroute et l'échelle de dépré-
ciation, ils étaient méprisés par le peuple pour leur légè-
reté, leur peu de consistance, et la nullité de leur valeur
spécifique, en regard des espèces sonnantes, lassent-elles
du billon le plus lourd.
Assista, V. Faire l'aumône ; aider, secourir. — Diou
vous assiste. Dieu vous vienne en aide! Pode pas vous
assista, je ne puis rien vous donner, dit-on à un men-
diant.
Dér. du lat. Assister e.
Assoucia (s'), v. S'associer, se mettre en communauté
d'intérêts; former une association.
Dér. du lat. Assoeiare.
Assoulida, v. Consolider, rendre sohde, sûr; donner
des garanties, des hypothèques, des nantissements ; affir-
mer.
Dér. de Soulide.
Assouma, v. Assommer ; tuer ou terrasser en frappant
sur la tête avec quelque chose de lourd, comme un bâton,
une pierre, une massue.
Dér. dn lat. Summum, sommet.
Aasonrda, v. Assourdir, rendre sourd à force de crier
ou de faire du bruit; ennuyer, fatiguer de propos,
Dér. de Sour.
10
74
ATA
ATÊ
Atsoiirtl, V. Aller an-devant on à la rencontre de quel-
qu'un.
Formé de SourU et de la prép. lat. aâ, sortir vers.
Assonrtt, t;. Assortir, mettre ensemble des objets qui se
ressemblent, qui se conviennent, qui concordent.
Dér. du lat. Sors.
Assupa, V. Rencontrer nez à nez, se heurter contre
quelqu'un, en le rencontrant à l'improviste, sans Tavoir
aperçu d'avance.
Dér. de Su, tète, crâne.
Assaqua, v. Assommer, frapper fort sur la tète.
S'auuqua, v. Tomber sur la tète, donner de la tète
contre un corps dur. — Es tout assuqua, il est tout
hébété.
Dér. de Su, crikne, et a privatif.
Astre, f. m. Astre; soleil, étoile, corps céleste. — Moun
astre, dans le langage des nourrices k leur ponpon , dans
celui des amoureux à leur belle, est Texprcssion de leur
tendresse charmée et éblouie. 11 s'emploie aussi dans le
jnème sens à peu près que planéto , ou étoile, en fr., pour
parler de l'influence du sort, de la destinée soumise aux
astres ou en dépendant. Les anciens et les modernes ont
conservé dans leur langue la tradition de cette influence
des astres ; on en a fait une science qui a eu sa vogue.
Pér co d'astre, par hasard, par bonheur. Lou diable vire
l'astre f Peste soit! sorte d'imprécation qui nous vient de
loin, assure Sauvages. C'est le Deus omen avertatf des
Romains. Sembla que siès din tous astres, on dirait que tu
es dans les astres, reproche-t-on à une personne distraite et
préoccupée.
Etym. du gr. 'AoTpov,de 'Aonlp, étoile, d'où le ht. astra.
Ararpa, ir. Usurper. — Ne se dit qu'en parlant des pro-
priétés territoriales , qu'on rogne peu à peu en éloignant
la ligne divisoire.
Emp. du fr.
Atala, V. Atteler; attacher des bètes de trait, chevaux
ou mules, à une voiture ou à une charrue. — Es de mi-
than atala, c'est un homme intraitable, revèche au joug
ou qui n'entend pas la raison.
S'atala, v. S'appliquer, employer toutes ses forces, toute
son attention; faire son possible; se mettre au travail. —
S'atalêrou à bata\'a, ils se mirent en train à babiller.
0ér. du lat. Telum, flèche, timon.
Atalaje, «. m. Attelage; l'ensemble des bètes de trait
qui traînent tine même charrette.
Aialus (en), adv. Obliquement ; en talus ; en biseau.
Dér. du lat. Talus, talon, cou-de-pied.
AtaluBsa, o. Couper un terrain en talus ; former en talus
h berge d'un fossé ; donner du pied à un mur, à une
chaussée, à une butte.
Atàonla, v. Attabler; mettre les gens à table pour
manger, boire ou jouer. ^ S'atâoula, se mettre à table.
Dér. de Tâoulo,
Atapa, V. Prendre, saisir, joindre; fermer, boucher,
couvrir, cacher, voiler. — M. de Bonafous a dit dans une
charmante chanson :
Se vos pas que siègue tan amonroùs
Et dé ta bouquéto et dé tous ièioù»,
Atapo-loùs, ma mîo, atapo-Ioùs.
Ce mot, dans le premier sens, est une variante de atrapag
et dans le second, de tapa. — Yoy, Atrapa et Tapa.
Ataqoa, ado, adj. Atteint d'une maladie; qui a un vice
dans une partie du corps; qui souffre d'une infirmité. — *
Ataqua dé l'asme , asthmatique^ Ataqua dé la péttrinof
atteint de pulmonie.
Dér. de Taquo,
Ataquo, t. f. Attaque, atteinte d'une maladie; crise.
Au fig. folie , acte de déraison. — Es mor d'uno ataquo,
il est mort d'apoplexie. Sas ataquos /ou prénou, le voiUi
retombé dans sa folie.
Emp. au fr.
Atarda, v. Retarder ; attarder, mettre en retarda
S'atarda, s'attarder, se retirer tard, se mettre tard en
route.
Dér. de Tar.
Atari, V. Tarir, mettre à sec. S'atarï, tarir, devenir sec ;
perdre son eau. — Soun mouH s'ataris pas jamoX, il ne
met jamais l'écluse à ses paroles.
Dér. du lat. Arire, par métaplasme de Arere, être à
9vv*
Atébési (s'), V. Tiédir, devenir tiède. -« La progression
de ce mot est en raison inverse de son correspondant
français. Une chose s'atiédit quand elle a été plus chaude
avant et qu'elle passe graduellement à une température
moins élevée. C'est le contraire avec le mot languedocien
S'atébési, qui exprime que la chose, de froide qu'elle était,
devient tiède.
Dér. de Téhés.
Atènciou, s. f. Ce mot ne s'emploie que précédé du
verbe fatre : faire attention, prendre garde ; ou bien seul
comme interj. : Attention! Aténchu/ Garde à vous i
Emp. au fr.
Aténdre, v. Atteindre, frapper de loin, toucher ; attendre,
être dans l'attente, l'expectative; être attentif à un ouvrage,
y mettre tout son temps, sans perdre une minute.
S'aiéndre, croire, se fier, avoir confiance, se rapporter.
— L'aténdégué à la tèsto d*un eo dé ptiro, il l'atteignit
à la tète d'un coup de pierre. L'aténdou eoumo lou Méssih,
ils l'attendent comme le Messie. Aténdès-nous un pdou,
attendez un peu que nous arrivions. S'aténdiè énd'aquéi
traval touto la gnuè, il s'appliquait à cet ouvrage toute la
nuit. Se vous aténdès d'd, sérés màou fisa, si vous VOW
fiez à cet homme, vous serez peu sur de votre affaire.
Dér. du lat. Attendere.
Aténén, ènto, adj, Contigu, limitrophe, tenant.—
AquH hé es tout d'un aténén, dans ce domaine toutes les
terres se touchent, sont conliguës, attenantes.
Dér. du lat. Ad, et tenere.
ATR
AVA
75
Aténténa, v. Atermoyer, prolonger les termes ; ren-
voyer d'un jour à l'autre ; leair le bec dans l'eaa. -->
Aténténa uno fïo, bercer une jeune personne d'une pro-
messe de mariage, dont on retarde toujours Texécution.
Formé de la rédupUcation de Tén, comme si l'on disait
éé tén à tén, d'un temps à l'autre.
Aténténaîre, airo, aé(j. Atermoyeur, mauvais payeur ;
enjôleur, trompeur de filles.
Atéssa, V. Allaiter; donner à td^ter ; donner le sein à un
enfant.
Dér. du gr. TiôiJ, nourrice, par m:}taplasme du t en c,
on en suivant la prononciation adoucie du 0 qui est une
véritable sifllante. £n celt. Tétar signifie téter.
Atôsaado, s. f. Repas ou réfection d'un enfant qui tète.
— Donna uno atésiado, donner à téter, faire téter. A agu
do» atéssados, il a tété deux fois,
Dér. de Téta,
Atétoimi, ido, adj. AfFriandé à la mamelle, qui vent
tonjours téter; enfant difficile à téter,
Dér. de Téta.
Atila (s'), t;. S'attifer, s'ajuster, se pomponner, se parer
de tous ses atours.
Dér. du gr. StIçsiv , orner , ou de TC^oç, soin de se parer.
Atifès, M. m, pi, Afliquets, pompons; fanfreluches de
toilette; atours, ajustements de femme.
Emp. au vieux fr. Attifets.
Atira , v. Attirer ; allécher ; affriander , appâter. —
Aqu^ vin atiro soun buvur, ce vin excite à boire. Aquélo
marehando es bien atiranto, cette marchande est bien pré-
Tenante; elle attire les chalands par ses prévenances,
Formé de Ad, vers, et tira,
AtÎBSa, V. — Voy. Aquissa.
Ato, «. f. Acte, contrat notarié ; exploit d'huissier. —
fd farai donna uno ato, je lui ferai signifier un exploit.
Dér. du lat. Aetum.
Atoà8,«. m., ou Troonfle. Atout, terme de jeu de cartes;
couleur de la retourne, ou celle dans laquelle on joue ; triom-
phe. — BatreatoHu, faire atout. A 'pa$ sâoupégu jouga, aviè
friên tous otoutseM en man, il n'a pas su mener sa barque, il
;ivait toutes les chances de succès; il a perdu avec beau jeu.
Ce mot signifiait dans l'origine la couleur supérieure à
tout, qui prend toutes les autres, qui gagne tout.
Atrapa, v. Attraper; tromper, duper, faire une niche;
trouver, trouver par hasard, rencontrer, -t- T'atraparas hé,
tu finiras bien par t'attraper, Vos que tous atrapén? veux-tu
que nous leur fassions une niche ? Coumo alrapas aquél vif
comment trouvez-vous ce vin ? Piou-ptou, ce qu'atrape es
miou, bon, ce que je trouve m'appartient, disent les enfants
en s'emparant de quelque bonne trouvaille^
Dér. du vieux lat. Trappa.
Atrapaire, airo, adj. Trompeur, faiseur de dupes.
Atrapo, «. f. Attrape ; niche; tricherie ou fourberie inno-
cente et par pure plaisanterie. — Le poisson d'avril est une
0trapo,
Atrouba, v. ou Tronba. Trouver, rencontrer; sur-
prendre. — Aquést'an Caléndo s'atroho un dilus, cette année,
la Noël arrive un lundi.
Dér. de l'ail. Treffm, toucher, atteindre, selon Le Du-
chat ; par métaphore, trouver ; d'où l'ital. Trovars.
Atronpa (s*), v. S'attrouper, se rassembler par troupe, se
réunir tumultueusement.
Dér. de Troupo.
Atronpéla, v. Réunir en troupeau, par bandes qui mar-
chent dans un certain ordre, processionnellement, comme
le troupeau qui suit la trace de Robin-mouton.
Dér. de Troupèl.
Atuba, V. Allumer le feu, la lampe, une chandelle ; et
non éclairer.
Dér, du lat. Tubus, tube, tuyau, parce qu'originaire-
ment on souillait le feu avec un tube en fer, comme on le
fait encore dans quelques-unes de nos montagnes.
Atobal, s. m. Menu-bois, allumettes, copeaux, brou-
tilles ; tout ce qui est propre à s'enflammer rapidement et
qui peut aider à allumer le gros bois d'un feu.
Dér, de Atuba,
Atupi, V. Réduire au silence, rendre muet; éteindre;
calmer; étouffer, couvrir; au prop. et au fig. — Atupi lou
fio, ce n'est pas éteindre ni étouffer le feu; mais bien le
recouvrir de cendres chaudes ou do charbon mouillé, ce
qui le conserve sans le laisser flamber.
Dér. du gr. ''âtujcoc, bègue, muet, sans bruit ; ou formé
de a privatif et TOcptu, allumer, enflammer.
Aval, adv. Là-bas, en bas : pour les Cévennes, tout oo
qui est au midi et à l'est d'Alais. Le territoire de Nimes,
de Montpellier et la Provence sont comparativement en
bas, aval; en parlant d'une de ces localités, on dit : Av<U
vèr Sén-Gile, vèr Béoucaïre, -«- Aval -aval, là -bas bien
bas.
Formé du lat. Ad vallem, vers la vallée, par opposition
à amoun, ad montem, vers la montagne,
Avall (s'), V. Se perdre, disparaître sans laisser de
traces, à la manière des esprits; se dissiper comme un
songe ; s'évanouir.
Dér, de Aval et du lat. ire, parce qu'on suppose que les
esprits viennent des bas lieux, et qu'ils y retournent
quand ils disparaissent.
Avança, v. Devancer, prendre les devants sur quelqu'un,
le dépasser, soit en marches, soit en études, en savoir ;
faire des avances, avancer de l'argent.
S'avança, avancer, s'avancer; aller au-devant, prendre
les devants ; approcher du but, du terme. — Aquél éfan
es bien avança, cet enfant est fort avancé dans ses études.
Dé que vous avança aquà ? à quoi cela vous sert-il, quel
avantage en retirez-vous ? Aro qu'avès fa lou fol, sis pus
avança, à présent que vous avez fait toutes ces folies, ètes-
vous mieux loti ? Es tan d'avança, c'est autant de fait.
Dér. du lat. Ab, de, par, et antè, avant; ou bien ad
ventum, vers le vent.
7(5
AVA
AVE
Avanço, t. f. Avance, ce qui déborde, ce qpx dépasse ;
espace de chemin qne l'on a devant quelqu'un. — Prine
Vavanço, prendre les devants. VatHVnço d'uno eoiquéto, la
visière d'une casquette.
Avança {d'), adv. D'avance, par anticipation, avant le
temps. — Ou iavian d'avanço, nous le savions déjà.
Avances, s. f. pi. Avances d'une mise de fonds pour
un fermier, pour un commerçant ou pour un artisan qui
commence à s'établir ; anticipation ; ressources préparées
et prêtes. — Avédred'avançoM, avoir des avances, de l'argent
devant soi. Plaça iot avanças, placer ses fonds, ses éco-
nomies. Aquélei navis âauran prés lai avançai, ces jeunes
fiancés auront prélevé les prémices du contrat.
Dér. du lat. Ab et antè.
Avantaja, v. Avantager, donner, faire des avantages à un
de ses enfants par-dessus les autres, lui former un préciput.
Dér. du lat. Antê, et agêre.
Avantaje, «. m. Avantage ; supériorité ; position privilé-
giée; préciput. — Aqttà's un bel avantaje quand on a tai avan-
ças, c*est déjà un grand avantage d'avoir sa première mise de
fonds. D'aXçaval an a poi V avantaje pér émpléga ioi forças,
d'en bas on n'a point d'élan pour faire valoir sa force.
£mp. au fr.
Avantajoùa, ouso, adj. Avantageux, qui offre des avan-
tages; présomptueux, qui croit avoir par sa taille, sa
force, son adresse, l'avantage sur les autres.
Avantora, v. Aventurer, liasarder; exposer & un risque,
à un danger, courir la chance.
Dér. de Avanturo.
ATantniiè, t. m. Aventurier. — On appelle ainsi le vers
à soie qui précède de plusieurs jours la masse de ses com-
pagnons et fait un cocon précoce. Dans une chambrée on
recueille à part ces avant-coureurs, pour avoir une idée
de la qualité et de la forme du gros de l'armée. Quelques
personnes croient que ces vers hâtifs ne passent que par
trois mues au lieu de quatre ; il est plus probable que ce
sont des vers premiers-nés ou qui ont phis de vigueur
pour parcourir leurs divers âges.
Dér. de Avanluro.
ATanturo, s.f. Aventure; événement inopiné; accident.
«- iAyti^ttfioatMiiifuro, j'eus une bonne fortune. A l'avan»
turo, à la garde de Dieu, sans précaution, aux chances du
hasard. Dauna la bona avanturo, dire la bonne aventure,
tirer des horoscopes.
Dér. du lat. Adventurus, futur pass. ^ qui doit arriver.
Avantiuroùs, ooto, adj. Aventureux, qui hasarde, qui
ne craint pas le danger.
Dér. de Avanturo,
Avana, asso, j. et adj, péjor. de Avart, peu usité; gros
et sordide avare.
Dér. du lat. Avana, avidui erii,
ATtrido, j. f. Avarice, attachement excessif aux
richesses ; lésinerie sordide.
Dér. du Ut. Avaritia.
ATaricioùa, ouao, adj. Avare, pince-maille, fesse-ma-
thieu; avaricieux, qui craint la dépense, ne donne pas ou
donne mal.
Dér de Avarieia.
Avè, t. m. Avé. Premier mot latin de VAve Maria, de
la Salutation angélique ; grain de chapelet sur lequel on
dit l'Avé ; temps de le dire.
Ave, t. m. ou Avéîè. Troupeau de moutons, de brebis.
n a vieilli et n'est plus usité qu'au-dessus d'Alais. — Garda
lavé, garder le troupeau.
Dér. du lat. Ovii.
Avédre, v. œt. et auxi/^ Avoir, posséder; atteindre,
aveindre. — Avédn lou flou, être dégourdi, rusé. Avédrt
pôou, avoir peur. Avédre laiéniida, pressentir. Avédregran
gâou dé... S'estimer heureux de... Ei poi rkhê, maii abièn
quican, il n'est pas riche, mais il a quelque bi3n. Avèn eon-
véngu, nous sommes convenus. Aï agu, j'ai eu. A^uèrau, ils
eurent; Aguèn, nous eûmes. S'aguénian fa eoumo aqud,
si nous avions ou si nous eussions fait comme cela. Vaïf
tâourài, vas, je t'atteindrai. Avén agu dé réio^, nous
nous sommes querellés. Aquél brautèl éi irop nâou, pode
pai Vavédrê, ce rameau est trop haut, je nepuisy atteindre.
— Voy. Avéra.
Dér. du lat. Haben.
ATôjan, i. m. n. pr. de lieu. Avéjan, comm. annexe de
Saint-Jean-de-Maruéjols, canton de Barjac, arrondissement
d'Alais.
Ce nom parait venir de Avé, avSiè, troupeau de brebis, du
lat. avis, plutôt que de avs, ève, eau, en roman, qui dans
notre lang. affecte en général une autre forme. La situation,
d'ailleurs, la nature du pays favorise singulièrement notre
interprétation. Le suffixe an qualifie le radical. — Vog.
An, suif.
Avélagnè, s. m., ou ATelagnéiro, <. f. Noisetier, ave-
linier, coudrier; Carylui avillana, Linn. Arbrisseau ou
arbre de la fam. des Amemlacées. Le Coudrier est l'espèce
sauvage et silvestre ; le Noisetier est le coudrier cultivé.
C'est avec les scions du coudrier que l'on fût la fameuse
baguette divinatoire des prétendus inventeur» de sources
et de fontaines.
Dér. de Avélana.
Avelagnèiro, s. f. Coudraie, lieu couvert de coudriers;
bosquet de noisetiers. On la prend aussi pour le Noisetier
lui-même.
Dér. de AvUano.
ATélano, i. f. Aveline, noisette, fniit du noise-
tier.
Dér. du lat. Avellana, m. sign., qui vient lui-même
de AviUa, ville du royaume de Naples, où les coudriers
sont en abondance, et renommée encore aujourd'hui pour
la bonne qualité de ses noisettes. En cat. esp. ital. AvH-
lana.
Aven, i. m. Cavité ou conduit souterrain et naturel, qui
sert de réservoir aux eaiu de la pluie on de la neige, et
AVÊ
aVê
77
^ alimente les sources ; caverne profonde et verticale
an fond de laquelle est un amas^d*eau.
Dôr. du celt. Awen, rivière.
Avéna, v. ou Abéna. Epargner, ménager, économiser ;
épuiser; user jusqu'au bout, jusqu'à la corde. — Avénoi
la sâou, ménagez le sel. Avéna $a$ fardot, user ses vieux
habits, les porter quoique usés et rapiécés. Avéna lou jour,
profiter du jour jusqu'à son déclin. — Le part. pass. adj.
Atféna, ado, signifie : épuisé, usé par les débauches, ou
ruiné par les maladies. — Voy. Abéna,
Arêna, «. m. Gruau d'avoine, dont on fait une excel-
lente purée pour le potage.
t)ér. du lat. Avena, avoine.
Arôliadiiros, < . f. piur. — Voy. Abénaduroi,
Avénén, s. m. Ne s'emploie qu'au génitif, et dans une
sorte de phrase faite, d'un avénén. — Tout d'un avénén,
tout d'une pièce, d'une venue, sans galbe et sans forme.
Vno eambo tout d'un avénén, une jambe sans mollet. Ei
touto (fun avénén, elle n'a ni tournure, ni hanches, ni
gorge. — Le nominatif àdjectivé, qui voudrait dire : ave-
nant, a£Eû)le, est du pur franchi mand.
Dér. de VénL
Ayéngn, ndo, aJj. part. pan. de Avéni. Grand et fort,
bien venu. — Aquél éfan es bien avéngu pér §oun tén, cet
enfant est bien grand, bien fort pour son âge.
Avêngado, «. f. Crise de maladie ; revers de fortune ;
accident malheureux et inopiné.
Dér. de Avéni.
Aréni, v. Arriver à faire ; parvenir à ; réussir ; suffire.
— Pode pas y avéni tout soûl, je ne puis suffire seul à ce
travail. Y avéndra pas, il n'y réussira pas, il n'y par-
viendra pas. — Péraqud y-avéndrén, pourtant nous en
Tiendrons à bout.
Dér. du lat. Advenire.
Avéno, j. f. n. pr, Avène, petite rivière torrentielle qui
prend sa source dans la montagne de Rouverguc, près de
la Grand'Gombe, et se jette dans le Gardon, au droit de
SainVHilaire-de-Brethmas, au-dessous d'Alais.
Dér. du celt. Au>en, rivière, qui entre dans beaucoup
de noms propres de rivières ou de localités situées sur des
cours d'eau, notamment le nom lat. Avenio, Avignon.
Avesnes, chef-lieu d'arrondissement du département du
?lord, sort évidemment de cette modeste source. Son an-
denoe orthographe Avenna rappelle le mot celtique avec
ta double consonnance latinisée, avenn, et notre pronon-
ciation lang. fortement sentie dans avén, qui est le
même mot. L'origine de Advmœ, étrangers fixés sur ce
territoire, ab advenis gmtibui ibi tollœatU, est une glo-
rieuse imagination ; mais notre patois, comme on dit dans
le Nord, est plus fidèle aux traditions et a bien son prix.
Les communes rurales Avunu-U-Sée , Avmy, Avenay,
Aveineê-^ur^Helpe , Avesnes-lex-Aubert , sont de petits
affluents : Avetnet-le-Sec indique un avén, une source tarie,
et non pas un sol aride où l'avoine ne pousse plus. Là se
trouve la confirmation de l'origine du nom, pour lequel il
est inutile de faire de l'érudition historique à la recherche
d'une flatteuse et imaginaire dénomination.
Avens (Loos), $. m. pi. L'Avent, le temps qui est
placé entre la Saint-André, le 30 novembre, et la Noël,
25 décembre. C'est pour l'Eglise romaine, un temps d'expia-
tion et de pénitence pour se préparer aux joies de la Nati-
vité, comme le Carême est une préparation au triomphe
pascal. — On disait en v. fr. : les Avents.
Dér. du lat. Adventus, arrivée.
Avéonsa, V. ou S'ayéoaaa. Devenir veuf; perdre sa
moitié ; être délivré. — Diou fn*én avéouiû, Dieu me
délivre d'un tel ou de telle chose !
Dér. de Véouse.
Avéra, v. Aveindre; atteindre; tirer un objet d'un
endroit hors de portée, soit en haut, soit en bas. — Avéra
dé cériiiros, cueillir des cerises avec un croc. Avéra lou
fera, tirer un seau noyé du fond d'un puits. Quàou po y-
avéra? qui peut y atteindre?
Dér. du lat. Advenire, ou Advehere.
Avéracioù, ». f. Advération, terme de vieux cadastre ;
dénombrement des biens-fonds, avec leur contenance, con-
fins et estimation, pour former l'assiette de la taille.
Dér. du lat. Verax, véridique, sincère.
Averti, V. Avertir, donner avis; présager; instruire;
prévenir du danger; convoquer les membres d'une assem-
blée délibérante; inviter à un convoi funèbre. — Lou tou-
nèro n'avertis pas, le tonnerre ne gronde pas avant la
foudre.
Dér. du lat. Advertere, tourner l'attention vers.
Avértimén, s. m. Avertissement du juge de paix, invi-
tation à la conciliation ; avertissement du rôle des contri-
butions. Il serait encore applicable aux avertissements
donnés aux journaux dans notre époque. — Lous averti-
mens i-an pas manqua, ce n'est pas faute qu'on l'eût
bien prévenu.
Avès, 2^ pers. du plur. de Vind. prés, du v. Avédre.
Vous avez.
Avès, s. m. Revers d'une montagne vers le nord; aspect
au nord. C'est le contraire de VAdré, aspect du midi. —
Aquà's dé bos dé l'avès, c'est du bois coupé à l'aspect nord.
Ce bois est moins bon à brûler que celui de Vadré. Ses
pores sont plus serrés, ses fibres sont plus longues et plus
entre-nouées; il devient noir au feu et fournit peu de
braise.
Dôr. de Vès, versant.
Avésqua, s. m. Evèché, palais épiscopal. — L'évêché a
joué longtemps un grand rôle à Alais, soit pendant qu'il
était réellement un palais et la résidence d'un évêque, soit
lorsqu'il est devenu presque du domaine public. Ses cours,
ses jardins étaient le rendez-vous des oisifs de café et des
jeux des écoliers. Il demeure seulement encore à l'état de
nom propre parmi nous, aujourd'hui que. la sape indus-
trielle a fait disparaître le magnifique dessin de sa double
78
AVI
AVO
façade et de sa conr d'honneur, que les jardins mutilés
ont été envahis par des constructions bourgeoises, ou divi-
sés en petits carrés, et qu'enfin l'orangerie et le côté des
fruitiers viennent d'être cMés pour une pllce publique
devant Thôtel-de* ville.
Dér. du lat. r.plscopatus.
AyésquG, s. m. Evoque, prélat chargé de la conduite
d*un dioCL'àO. — Un chl regarda bé 'n avésque, ama't li lévo
pai lou capèi, prvb. Vn chien regarde bien un évoque, se
dit proverbialement quand une personne s'étonne ou se
l&che qu'on la fixe. On dit d'un pendu : Es un avésque dé
tompagno, dono la bénédicïou das pèses.
Dér. du lat. Episcopus, En ital. Vescoiso,
Avignoun, s. m. Avignon, ville, chef-lieu du dép. de
Vaucluse. — Pala d'Avignoun, un pata, ancienne monnaie
papale iirappée à Avignon. Patachoù d'Avignoun, sobri-
quet des Avignonnais, qu'ils doivent sans doute à leur
monnaie dite pata. Granéto d'Avignoun, graine de ner-
prun, J^hamnus infectorius, Linn., qui croit dans nos
environs. Elle sert aux teinturiers de petit teint pour le
jaune et de stil de grain pour la jxîinture. — Voy. Gra*
niio, Aoubénas.
Dér. du lat. Avenio, qui a sa racine dans le celt, Atoen,
Tenant do aa,.aqua, eau, qui a donné en roman ave, ève,
iv9, et autres, en lanj?. avin, aïgo, etc. — Voy. Avéno.
Ayirôon, interj. Commandement de voiturier pour faire
tourner à droite. La conversion ou le pas oblique qu'exige
oe comman'Ierncnt, décrit un angle plus ouvert que celui
qu'on obti^nit par le commandement à ruou ou à ruôou,
mais toujours du même côté. L'angle du premier se rap-
proche du quart de cercle ou de l'angle droit, c'est tout un
changonfiont de direction; l'angle du second n'est guère
qu'une déviation à droite pour couper l'ornière, éviter un
mauvais pas, ou pour partager la route avec une voiture
qui croisa la première.
C'est un vocable composé arbitrairement, qui varie sui-
Tant les localités , mais qui est fixe et d'une antique ori-
gine dans chacune d'elles. — Faire tira avirôou , faire
changer do direction à droite.
Avis, s. m. Vis, cylindre cannelé en spirale, destiné à
rentrer dans un écrou cannelé de môme. En fr. le mot est
féminin, une vis ; il est masculin en languedocien.
Emp. au fr. avec l'a explétif, qui est dans le génie de
la langue quand elle est obligée d'emprunter ti sa rivale.
AtIs, s. m. S^^ntiment, opinion. — M'en dounarés un
avis, vous m'en direz votre sentiment, votre opinion. M'es
avis, il me semble.
Emp. au fr.
Avisa (s'), V. S'aviser, s'apercevoir; tenter, oser, s'en-
hardir— M'avise que plàou, je m'aperçois qu'il pleut. Lou
eiél toumbariè que s'en avisariê pas, le ciel viendrait à
tomber qu'il n'y prendrait pas garde, qu'il ne s'en avise-
rait pas. S'avise pas de me dire : voulur / n'osa-t-il pas
mo dire : voleur! Se t'avises dé parla, si tu as la hardiesse
de parler. Sans t'en avisa, sans s'en apercevoir, sans y
Daire attention.
Avisa, ado, part. pass. et adj. Avisé, prudent, ciroon-
spect ; éveillé.
Dér. de Avis.
Avisamén, s. m. Prudence, prévoyance, perspicacit
intelligence; circonspection. — Aquél drôle vous a d'awi-
samén que noun saï, ce garçon a une intelligence, uno
prudence extraordinaire,
Dér. de Avisa,
Aviva, V. Raviver, évertuer, réveiller; vivifier.
Aviva, ado, part. pass. et adj. Vif; sémillant, éveillé;
guilleret. — Lou tén s' es aviva, le temps s'est mis au vif,
Lou tén s'avivo, le temps se refroidit. Aviva coumo un
pé'issodi sus lou rastouble, éveillé comme un poisson dan^
le sac. Aviva coumo un passéroii, éveillé comme un moi-
neau.
Dér. de Yiou, du lat, vivus.
Avoua, V. Avouer, confesser; reconnaître qu'une choie
est, en faire l'aveu.
Emp, au fr. Aveu.
Avoua, s, m. Avoué, procureur. — r Cette profession a'
trop de rapport avec le peuple, pour qu'il ne se soit pas
hâté de la suivre dans la transmigration de son nom.
Avoua est aussi bon languedocien que Proucuroik.
Avouca, 5, m., dim. Avoucadé. Avocat. — Es un
avouca, c'est un Gros-Jean, un important, un pédant, qui
fait l'entendu, l'érudit en affaires, et en toute science.
AvoiAca das ases, un pauvre avocat. AquH avouca es cher,
dounarié pa'n bon epunsél pèr sièï frans, prvb. Cet avo-
cat est cher ; il ne donnerait pas un bon conseil pour sii(
francs, — sous-entcndu : parce que cela lui est impos-
sible.
Pourquoi nos paysans appellent-ils leur âne Yavoueaf^..
Que dans un atelier d'imprimerie, le pressier s'appelle un
ours et le compositeur un singe, cela se conçoit pour qui
les a vus manœuvrer et se démener. Que certaines per-
sonnes soient des chameaux, c'est encore mieux, nul n'y
peut contredire. Il n'en est pas de même de l'assimilatioii
qui fait l'objet do cet article. Mais il est parfaitement inu*
tile d'en prouver la criaqte fausseté ; il ne s'agit que d'en
chercher l'origine,
Un plaideur malheureux, irrité contre son avocat à qui il
attribuait, comme on fait toujours, la perte de son procès,
dit que c'était un âne : — l'âne avait tout à fait mauvaise
réputation â cette époque, t Rentré chez lui , il continua
à exhaler sa colère , et réciproquement il appela son âne
avocat. C'était du pur algèbre qu'il faisait sans s'en
douter, comme Monsieur Jourdain de la prose. At étant
égal â AS, A^ devait être égal à A^ ; l'équation restait la
même quoique les termes changeassent de place. La colèco
de notre plaideur dura bien au-delà des vingt-quatre heures
légales, et toutes les fois qu'il allait aux champs avec soi)
compagnon, il ne manquait pas de dire : Ari, l'avouca/l^
AVO
AZO
79
t)laisanterie se répandit et finit par être acceptée, par l'âne
d'abord, cela va sans dire, et pois par ceux même qui
eussent pa en être blessés et qni ne firent qa*en rire.
Voici nne antre explication, qni est celle des savants.
Un avocat, dn vieux temps où l'on faisait force latin au
barreau, avait pris la spécialité de plaider les alibi. Il en
trouvait partout et faisait un tel usage de ce moyen dans
tous les cas, qu'il lança un jour le génitif pluriel fort
hasardé aliborum. On ne l'appela plus que Maitre Alibo-
rum, qui devint Aliboron. Or, cet avocat était, dit-on,
un âne. De telle sorte que de ces trois noms ou de ces trois
mots on finit par faire une confusion qui dure encore.
Après cela il y a une explication plus simple et que je
crois la bonne, car il ne faut pas abuser de l'anecdote.
Un paysan qui fait l'entendu en affaires, le beau parleur,
aimant fort à avoir raison, le Gros^ean enfin, ses voisins
rappellent un avouea. L'âne a bien quelque chose de ces
allures. A certain entêtemeent, que peut^tre on apprécie
mal quelquefois, il doit se croire aussi une façon de doc-
teur qui en sait plus que tout le monde, car il est difll-
die de lui faire faire autre chose que ce qu'il a conçu ; et
dans les fréquentes discussions qu'à ce propos ils ont
ensemble, l'ânier de dire : Ah ! tu fais l'entendu, tu veux
Êûre ta tète, tu raisonnes, tu fais l'avocat ; nous allons
toir : Art, Vavouea / -« Ce n'est pas autrement qu'il a
pris ses grades et reçu son titre. — Voy. Franehiman.
Dér. du lat. Advœatus,
Avngla, v. Aveugler, rendre aveugle ; éblouir, au prop.
el au fig. — Vâouro avuglo, le vent vous remplît de
poussière à aveugler. Cèrquo ioun capèl, et es aquï que
l'avuglo, il cherche son chapeau, et son chapeau est là qui
lui crève les yeux. Loué iliou$i$$ avuglou, les éclairs
éblouissent.
Dér. de Âvugle^
Avngle, avuglo, adj\ Aveugle. -^ Vdou mai èstre hSei
qu'avugle, mieux vaut être sot qu'aveugle, répond-on prvb.
à quelqu'un qui vous traite d'imbécile. Cette phrase, dont
le sens est singulièrement elliptique, signifie que n'étant
pas aveugle mais simplement un sot, on a la satisfaction de
voir plus sot que soi et l'espérance d'en guérir. Bada coumo
un avugle, crier comme un aveugle, parce que l'aveugle
mendiant a une façon lamentable et criarde de déplorer son
infirmité. V Avuglo dé Cattèl-Cuiè, est le titre d'une des
plus jolies pièces du poète Jasmin.
Dér. de la bass. lat. Abocului, privé d'yeux.
Azouèn, s. m. Adjoint à la mairie. — Toute la nomen*
claturc des fonctions constituées sous un régime constitu-
tionnel est devenue familière au peuple, qui en accommode
au génie de sa langue toutes les dénominations.
B
fi
B, seconde lettre de l'alphabet et première des con-
sonnes.
Il entre dans le plan de ce Dictionnaire, on a pu s'en
apercevoir, de réunir à h nomenclature purement lexico-
graphique de notre langue ou du moins de notre dialecte
les observations grammaticales relatives à la contexture
des mots, qui est leur orthographe, ou à leur étymologie,
qui est leur histoire. Nous faisons en même temps de la
grammaire, suivant toute l'acception du mot, et du glos-
saire, en inscrivant sous leur numéro d'ordre les termes et
les locutions en activité de service ou d'usage, et en ras-
semblant autour d'eux les significations, les définitions, les
exemples, les citations, les remarques qui présentent quel-
que intérêt de curiosité ou un éclaircissement instructif «
En cela nous suivons notre programme ; mais encore est-il
bon d'expliquer pourquoi nous nous le sommes imposé*
Avec la conviction que nous avions affaire à une langue
véritable, il convenait de traiter notre idiome méridional
comme nne langue. Né le même jour et dans le même ber-
ceau que le français, il est resté plus longtemps fidèle à sa
Dttora et à ses origines : il l'a emporté sur lui en culture
B
et en harmonie } mais après avoir lutté, il a été vaincu et
il est proscrit. Pour lui le mouvement de progrès s'est
arrêté; la force seule de sa constitution le soutient, mais
la déchéance qui le frappe ne l'a pas converti en un des
patois du français, et les principes vitaux de sa forma-
tion n'ont point péri. C'est à retrouver ces éléments, à en
réveiller l'énergie et la puissance qu'il travaille et qu'il
mérite d'être aidé. Et c'est précisément pour cela aussi
qu'un vocabulaire languedocien, même quand il se ren-
ferme dans un dialecte particulier, ne saurait se contenter
de relever le catalogue complet des mots de bon et vrai
crû, ou des naturalisés, de traduire leur sens, de signaler
leurs altérations, de les ramener à leurs sources. Il nous
a semblé qu'il devait encore étudier leur formation et leur
composition, pénétrer dans leur génie, chercher la raison
de leur structure, de l'agencement de leurs lettres et de
leurs syllabes, de leurs combinaisons et de leurs change-
ments, noter leur accent et leur prononciation, tout ce qui
fait le caractère, le cachet, l'individualité, la physionomie
animée d'une langue.
C'est un champ nouveau à explorer : un filon que
80
B
B
la langue d'Oc a peut-être trop négligé, tandis que le
français et les antres langues possèdent des trai^aux très-
remarquables : est-ce un motif pour le délaisser? Notre
Dictionnaire n*a pas voulu rester dans le cadre d*une
simple classification de mots, moins dans Tespérance de
combler une lacune, que dans la pensée de recueillir ce
qui intéressait la langue. Ces notions grammaticales, ces
observations sur la composition des termes qu*il enregistre
et sur la syntaxe, auraient peut-être gagné à être rassem-
blées et à se condenser dans un traité spécial entièrement
didactique, qui manque à la langue d*Oc, au lieu de se
répandre à petites doses séparées sur une infinité d'arti-
cles ; mais une fois la forme du Lexique adoptée, il était
difiicile de procéder autrement. D'ailleurs, malgré leur
dissémination, un enchaînement coordonne et relie dans
une idée d'ensemble tous ces matériaux ; puis, à vrai dire,
le travail s'est mesuré de lui-même à nos forces : vouloir
élever un monument eût été une bien grosse entreprise, et
pour nos moyens d'une exécution impossible. Un livre à
consulter, au courant de la fantaisie ou de la distraction
a surtout besoin de variété : il se sauve par Téparpillement
et peut atteindre son but sans fatigue : nous ne cherchons
que cela. Dans une œu^Te toute originale, ce sera, si
Ton veut, notre originalité. Humble débiteur, dés notre
enfance, envers notre langue, nous payons notre dette à
cette créancière amie en monnaie do biUon, ramassée sou
par sou, au lieu de solder en fins billets de banque, réservés
aux riches de la finance, dont nous ne sommes pas. Qu'im-
porte après tout, si la monnaie est courante et de bon aloi
et que le compte arrive juste?
Sans aller plus avant, nous tenions à expliquer, sinon à
justifier notre méthode et l'ordonnance de ce vocabulaire.
Sans doute notre travail n'est pas simplifié par là, non
plus qu'abrégé et plus facile; mais cette digression et celles
qui pourront suivre ne seront pas inutiles, si pour un plus
grand labeur elles nous valent aussi plus d'indulgence.
A propos de la première consonne de l'alphabet, il est
donc naturel de s'informer avec quelle valeur et par
quelles modifications les consonnes, ces éléments consti-
tutifs des mots, sont entrées dans leur composition.
La question serait fort abstraite et trop compliquée s'il
fallait la tenir à la hauteur des spéculations théoriques
touchant l'origine, la formation et la physiologie du lan-
gage ; elle se tempère heureusement en abordant à l'his-
toire, en s'appuyant sur des faits rapprochés, plus tan-
gibles et déjà vérifiés. Nous n'aurons qu'à relever les prin-
cipaux : les notions générales paraissent suffire.
La gamme des sons que peut émettre la voix humaine
n'a qu'un petit nombre de notes : ce sont les voyelles ,
qui se meuvent dans une échelle fixe, en passant du grave
au doux , du long au bref, du simple au composé. Les
consonnes sont plus nombreuses , leurs combinaisons
plus multipUées : elles servent de lien aux voyelles,
elles sont leur point d'appui. L'alliance de ces deux
éléments forme les syllabes et les mots, et toutes les
langues ont les mêmes procédés nécessaires. Tout cela,
voyelles et consonnes, se divise et se subdivise en nuances
de tons et demi-tons, se distingue en classes et en familles,
s'étiquette en genres et en catégories de gutturales, pala-
tales, dentales, labiales, sibilantes, liquides, aspirées, fortes
ou faibles. Dans la revue qui s'ouvre chacune doit venir
à son tour par ordre alphabétique; et nous nous attache-
rons à signaler leur caractère individuel, leur office et
surtout leurs permutations, sans autre tableau systématique.
Ce qui fait en somme une langue et la différence des
langues et des dialectes n'est que la tonalité ou l'accent
que prennent les voyelles, et la combinaison des con-
sonnes avec elles, comme agents et instruments de la
parole. Et ce qui rend un idiome commun à un peuple
est l'efi'et de la prédisposition naturelle ou instinctivement
convenue de l'organisme vocal d'un groupe vivant dans
des rapports fréquents, sous le même ciel et sur le même
sol ; ce sont les propensions particulières à chaque population
à rechercher ou à répéter certains sons, à préférer les
uns ou à réprouver les autres , suivant les facilités ou
les complications d'une articulation, qui la rendent plus
ou moins propre à être exprimée, entendue et comprise, et
qui lui font adopter de préférence telles ou telles intonations.
Cette loi est générale ; tous les langages qui se sont parlés
dans un pays quelconque, dans une zone déterminée, ont
leur raison dans ces sympathies ou ces répulsions orga-
niques : leurs altérations , leurs changements , leur déve-
loppement même n'ont pas d'autre mobile.
Nous n'avons pas une langue primitive ; notre idiome est
un dérivé de seconde ou de troisième formation. Par con-
séquent pour peu que l'on tienne à s'expliquer son expan-
sion, sa vivace persistance et sa régénération actuelle, il
est impossible de ne pas consulter ses origines, sa généa-
logie, sa filiation, son histoire, c'est-à-dire de ne pas
rechercher les lois et les procédés de la langue qui lui a
servi de type, dont il s'est imprégné et qu'il remplace sur
son ancien territoire. Là est l'essentiel.
Nous l'avons dit déjà : le midi de la Gaule fut le pre-
mier latinisé. En tenant compte de l'élément celtique qui
se mêla au latin populaire, apporté par les vétérans et (es
colons ; en faisant la part des influences germaniques et
orientales, dues aux Visigoths ou aux Sarrazins; toujours
est-il que ce qui nous est parvenu de la langue des plus
anciens habitants, comme ce qui est resté de celle des
envahisseurs, ne nous a été acquis que par le latin, et à
la condition de revêtir la forme et les flexions romaines.
Au moment où, après une longue période d'inculture et
presque de barbarie, la langue voulut se relever et que se
forma le roman rustique, en même temps que l'italien et
l'espagnol, c'est encore le latin plus ou moins corrompu
et oblitéré, qui leur fournit son vocabulaire et sa syn-
taxe, les lettres de son alphabet et le mécanisme de l'ac-
centuation.
B
B
81
Vus il est bien évident que, pour le former el s'orga-
niser, la langue romane ne fat pas codée d'un seul jet
dans ce moule un peu fêlé du latin vulgaire, et ne sortit
pas non plus comme un bloc d'une élaboration savante du
moyen âge. Le peuple s'en mêla presque seul. La fusion de
tous les éléments qu'on y distingue se fit peu à peu, de sou-
venir et d'instinct. A mesure que s'éteignit la domination
qui imposait ses formes, lapopulation, plus livrée àelle-mème
St prévaloir ses goûts et ses commodités dans la pronon-
dation, et assouplit davantage le parler à ses aptitudes et
à ses préférences. Et qu'alors certaines tendances tradi-
tionnelles ai^t fait retour, que certaines propensions de
vocalisation, sous l'action directe du climat ou par l'in-
fluence des habitudes, se soient manifestées; il n'est pas
permis de le mettre en doute. En Espagne et en Italie, la
langue nouvelle qui se créait aussi, n'opéra pas d'une
autre manière : les mêmes conditions climatériques eurent
ki une influence à pei» prés pareille ; et c'est pour cela
que tant d'affinités se montrent encore entre la langue
d'Oc et l'espagnol et l'italien.
Partout, dans notre Midi, la vivacité proverbiale des
Gaulois se donna carrière. Il semble que la formule radi-
cale, qui représentait suffisamment l'idée, étant trouvée et
conservée, le premier besoin, le plus pressant était de
Texprimer promptement, avec la rapidité que le peuple
tenait de sa nature. Aussi, la contraction, la syncope,
l'abréviation se produisent à chaque mot. Les langues
romanes les érigent en système; preuve que la simpli-
fication répondait à une nécessité de l'esprit nouveau. Le
latin populaire n'y avait pas échappé : c'était comme un
exemple à suivre; souvent même l'idiome nouveau exagéra
le modèle.
Comment les désinences supportèrent la première épreuve,
Doos l'avons fait voir à l'article Agnt), suffixe; mais en
jDème temps le corps des polysyllabe ne pouvait manquer
d'être atteint. Pour eux la restriction s'opère au moyen de
l'accent tonique : nous allons indiquer ce procédé.
On sait que tous les mots, sans exception, ont une syl-
labe dominante sur laquelle la voix s'appesantit. Le latin,
langue de quantité par excellence, à cause des dactyles qui
ferminaient beaucoup de ses mots, et pour donner un point
4'appni suSisaiit à son accent sur une syllabe longue, avait
la liaculté d'accentuer toniquement même l'anlé-pénultième;
4ans annuê, bîbere, vivere, etc., la voix pesait sur la pre-
mière syllabe, elle glissait sur les autres. Le roman lan-
guedocien et ses dialectes n'étendent jamais l'accent jus-
qu'à l'anté-pénnltiéme ; ils repoussent le dactyle de la fin
des mots , et c'est pourquoi la syllabe médiane brève se
trouve nécessairement supprimée ou. absorbée dans une
seule voix diphtbonguée et longue. Ex. : Asinus fait ase,
kSbtn, béoure, vivere, vioure, comme populus donnait
poboi an roman et à notre dialecte puple ou popie, bajw
fui batlê, baeulut Inutoù, spiritus éspri, etc., etc«
l^ conséquence devrait être d'amener les permutations
de lettres, qui mettaient la prononciation plus en rapport
avec l'oiganisme vocal du peuple destiné à s'en servir;
car ces syncopes pouvaient placer en contact des combinai-
sons de syllabes dont les consonnes en se heurtant se
repoussaient euphoniquement. Et c'était le moins dès lors
que chaque population cherchât à approprier les mots à ses
facultés innées, à ses propensions et à ses facilités de les
articuler. Mais comme en définitive le roman languedo-
cien ne se débarrassait pas absolument de son empreinte
latine, et comme il ne voulait pas s'affranchir des lob
générales d'affinités euphoniques qu'il recueillait par suc-
cession et trouvait toutes faites ; et qu'enfin les combinai-
sons anciennes avaient leur logique et ne s'étaient pas
établies au hasard et par pur caprice; les changements
qui ne blessaient pas le sens et n'étaient pas une gêne trop
grande, se soumirent aux règles consacrées.
Ainsi les permutations du latin à notre languedocien
actuel, en passant par le roman, ont été inspirées, de
proche en proche et à tous les degrés, par le besoin d'ob-
tenir une prononciation plus prompte et plus facile, et par
cela de diminuer l'effort et de mieux approprier la lettre
aux habitudes ou aux propensions de l'organe.
De là est venu d'abord radoucissement dans la pronon-
ciation et l'introduction des finales muettes, plus généra-
lisée dans le français que dans notre idiome méridional.
Les consonnances dures se sont affaiblies ; le e et le f
romains, toujours rudes devant toutes voyelles, se sont
changés en s et en g doux, en ch ou en j. Quand deux
lettres similaires se rencontraient rapprochées dans deux
syllabes voisines, il paraissait souvent plus commode d'en
transformer une par son équivalente, que d'admettre ime
répétition. C'était un sentiment mélodique, autrement
perçu et autrement noté ; mais les rapports chromatiques,
si délicats à observer, se maintenaient sans avoir toutefois
rien de constant et d'uniforme. La fixité leur est venue,
quand chaque dialecte, prenant son vrai caractère, s'est
consolidé dans une région et qu'il y persévère, comme
pour démontrer qu'il répondait dans le principe, et qu'il
répond encore à quelque nécessité réelle ou harmonique,
naturelle à la population qui l'a adoptée.
Dans cet ordre d'idées, quelques exemples pris au
hasard, qui seront mieux expliqués par la suite, mais qui
donnent déjà la clé de bien des étymologies et qui décou-
lent des observations précédentes. Nous ne faisons qu'in-
diquer : d'abord les désinences en argue, passant de la
bass. lat. anieœ au roman anèguea, se métamorphosant en
anche, ange, enche, agne et leurs analogues ; maniea, latin,
devient notre vieux mot margue et nuinche actuel, donU'
nieuM, dominica, donne doumirgueei dimanche; les finales
en ola, olœ, olum se convertissent de diverses manières,
Balneoiœ, Imlneolum, balniolum, deviennent pour nous
Bagnôou, Baniout et Vagnae, en fr. Bagnols, Baigneux,
Bagnères , etc. , comme linieolum fait Unçôou, linceul,
fUiolui, fiôou, filleul ; lueciniola, roueeignôou, rossignol, etc.
il
«
BkB
BA&
Et encore » pour la permtttaUon qui nous occupe » on
'trouve |)i>er, pébre, poivre; Tapa, raho, rave ; ripa, ribo,
rive; capra, cabro, chèvre ; lepu$, libre, lièvre, et ainsi de
•oite d*une foule d'autres ; la labiale B, selon Fesprit de
cliacun des trois idiomes, se transformant de trois façons,
tantôt douce, tantôt forte, tantôt aspirée.
Tant il y a que, dans Fapplication, on est arrivé à obtenir
certaines lois de permutation. C'est ce qui a permb de les
classer par groupes naturels. H se lencontre sans doute des
exceptions; mais rien ne parait en définitive livré au
hasard ni au caprice dans les variantes les plus étranges
en apparence. La règle peut se formuler, et il en résulte
qu^une consonne de même nature, soit forte ou faible, soit
aspirée, peut bien être appelée à remplacer une consonne
appartenant à la même famille, mais que rarement elle
dément sa race et elle ite se substitue jamais à une con-
sonne d'un groupe opposé. Ainsi B pourra être indifférem-
ment, sans trouble harmonique, converti en une consonne
de son ordre, P, F, ou V, et à l'inverse ces dernières pour-
ront être permutées en B ; mais il n'adviendra pas que les
unes ou les autres passent facilement dans Tordre des den-
tales ou des gutturales.
B et V appartiennent au même groupe des labiales sim-
ples ; leur permutation est fréquente et légalisée par les
règles. Suivant les diverses nuances de l'idiome languedo-
deu, elles usurpent volontiers l'une sur le domaine de
l'autre. Dans le dialecte gascon, B a l'^antage ; dans le
Bas Languedoc, c'est V ; dans nos Cévcnnes, c'est un juste
milieu. Il y a encore parmi nous une foule de mots dans
lesquels on emploie B et V à peu près ad libilum, comme
êahe, tav€ ; abéna, avéna ; atrouba, atrouva; boumi,
wuml, etc. Cola tient à ce qu'Alais, placé sur la ligne
divisoirc du dialecte lozérien et raïol, et de celui de ^imes
et du pays gounèl {V. c. m), est comme un terrain
neutre, qui peut emprunter aux deux rivaux avec une
égale légalité.
Sans insister sur des observations qui reviendront
d'ailleurs à chaque lettre, on voit toutes les ressources que
la philologie peut tirer de ces principes, quand il s'agit soit
de recomposer un mot éty mologiquement , en dégageant le
radical, soit alors qu'il faut chercher sa descendance et la
raison de sa forme actuelle.
B, lettre isolée, se prononce à l'ancienne méthode fran-
çaise, comme si elle était suivie d'un é fermé, Bé. A ce
titre, ici et dans l'article suivant, elle devrait figurer à un
autre rang ; mais comme elle n'est considérée que dans sa
valeur ordinale et non point sous le rapport de la pronon-
ciation, nous la maintenons à cette place. Il en sera de
même pour les autres consonnes.
Estre marqua dou B, être marqué au B. Un pro-
verbe a dit :
Bègoa, bonii, boussu, bouïtoùs.
Quatre fi que soun fachoùs.
B-a-ba, < . m. Commencement de la seconde leçon du
^ahairè,'ét pifr isorisfeqtieRt tum èsê flitt hé^.'^Eê
éf^carù âau ^a^, il en eft encore atrx "première ^niMs«
Àqub'i lou bHi-ba, 'c^eêi la chose la phn 'simple èa moiide.
là, ^Ha!» qui, isolée, ne présente aucun sens, tlrpà
n'entre dans ce didton populaire : iam fa, tant-ba f <pife
pour signifier : lant de gagné, tamt Ae mangé. ^^ €d9i
dérive probaiblement de boi, jeter à bas.
Baba, v. Baver, comme font les enfants an maîUoI, !M
vieillards en caducité et même quelquefois les idiots. CTeA
sans doute ce qui a donné naissance au dicton : et nén que
bobo, il est imbécile au point de baver. — Dâou piéH qvé
n'ctviè babavo, il en bavait de plaishr, a dit le poète abbè
Favre, dans son fameux sermon dé moasMu Siitre, pour
peindre la béate jouissance de Simon à l'écouter. Li faguèrt
baba lou rouje, je lui fis rendre le sang par la bouche; jt
lui cassai la gueule.
Un fou$él baba, est un cocon que la nymphe, récefl>^
ment transformée en papillon, a commencé à percer pour
obtenir sa délivrance. L'animal, pour cette opération, con>-
mence par répandre sa bave sur les parois intérieures de
l'un des pôles du cocon, afin de les ramollir et de dissoudre
le ciment visqueux qui colle les fils de soie l'im à l'antre;
par ce procédé, il parvient à les décoller, à les séparer «l
à les écarter, en les ramassant en Iwurrelet sur l'orifice,
mais sans jamais les couper, car, à l'ùtat de papillon, fl
n'a ni dent, ni sécateur quelconque ; enfin il agrandit asses
l'ouverture pour y passer tout le corps. Or le fouiii babm
n'est pas celui qui est complètement ouvert et qu'on
nomme parpaïouna, mais bien celui dont les téguments
intérieurs ont été humectés de bave, babo, et relevés en
bouchons, sans ouverture extérieure. Cette espèce de
cocons ne fournit pas de soie, parce que le brin de soie a
été embrouillé, noué, renoué, et qu*il ne peut se dévider
à la bassine ; il n'a plus d'autre valeur et d'autre ntîKlè
que le cocon de graine ordinaire, dé babo, gâté par la
bave.
Dér. dulat. barb. Babui, enfant.
Babdre, airo, adj. Qui bave ; enfant plein de bave ;
baveux.
Dér. de Baba,
Babâon, s. m. Sorte d'être fantastique dont on ne déter-
mine pas le nom, ni la forme, ni l'usage ; c'est un ol:get
indécis de crainte pour les enfants. — Garo lou babàouf
Gare la bête noire ! — Babâou est aussi le type de ce qui
est noir, de l'obscurité ; on dit : nègre coumo babâou, ésnt
eoumo babâou. Fa^re pinehoù-babâou, montrer et cacber
alternativement la tête : jeu qu'on fait à un petit enfant
pour l'amuser. — Dans le langage enfantin, on appelle
encore babâou un pou de tête, qu'on présente comme une
bête dangereuse et méchante pour engager les enfants à se
laisser peigner. On leur fait à l'appui le conte suivant :
Se vos pas té laïssa pénchina, lous babâouê trénaran tou9
pèous, né far an uno cordo, et té rabalaran en Gardoé, si
tu ne veux pas te laisser peigner, les poux tresseront tet
BAB
EUIE
sa
Oheyeivc. ib ea feipot miB coule, ayeQ laquelle ils. te. tf ai-»
oeropt à la âvièi».
Ce mot parait dér. de l'itaL florentia i?dot4^ dont il n*ëst
quLuntiddttplicatif etqai a la même signification. Un aoteuc
italien, qni a voulu faire Térudit et Toriginal, prétend que.
ce. mot bàou est Tahrégô ou la finale du nom d'Annibal,
qui fat longteDopa. un signe d*etIroi à. Rome» et dont les
femmes romaines usaient pour menacer leurs enfante.
Babarèl^s. m. Bavette d*enfant ; pièce d'estomac, linge on
toile ea tai&tas ciré, destiné ^recevoir la .bave des enfants.
— Sauvages dit aussi que BabturU est une pièce ajoutée
au haut d'un tablier, dont les femmes font un ajustement et
se convient la poitrine, dans un âge où Von ne bava plus.
Pér. de Ba^,
Bal»arîa«. v. Baver ; rendre de Vécume par la. bouche,,
comme font les chevaux qui ont trop d*acdeur ou les épi-
leptiques.
Fréquentatif de Baba.
Babarîo, $. f. Bave, salive qui découle de la bouche;
écume de la bouche ; liqueur visqueuse que répandent les
limaçons.
Dér. de Babo.
Balmrogno, s. f. Etre fantastique; la bête noire, dont
on fait peur aax enfants, en les effrayant autant par un
nom aussi laid que par la forme hideuse qu*on suppose au
fantôme.
Ce mot ne serait-il pas un peu parent d'étymologie avec
celui de Babaràoudo, que cite Sauvages, et qui signifie un
domino, habit de masque ; grande robe dont on affublait
les pleureurs, à Montpellier, dans les convois funèbres?
— Toy.. Baragogno.
Babaroto, s. f. Blatte, en lat. Blata, insecte ortho-
ptère, très-vite» lucifuge, brun-noir, plat et large, à deux
Ipngues antennes, qui habite autour des cheminées et des
{ours. Sa préférence pour la farine et le pain lui a fait
donner un second nom languedocien, celui de PanaiUïro,
R c^t assez difficile de se débarrasser de cette blatte domes-
liqufi, U où elle a établi son domicile.
Nous sommes fort tenté, de faire dériver son nom de
Bakàou, parce que c'est une bête noire et qu'elle inspire
quelque d^oût..
Babèon, n. pr. de femme, dim. de Uahèou, Elisabeth.
: — Yay. Béloun.
Babîa, v. Babiller ; jacasser, bavarder.
Dér.» comme le fr., d'après certains auteurs, de l'hébreu
Babel, confusion; d'après les autres, du gr. BaSd^eiv, bal-
butier. On a voulu y voir aussi une onomatopée, imitant
les premiers sons inarticulés que fait entendre un enfant.
Je le crois plutôt dér., comme Baba, du lat. Babu$, enfant,
parler comme les enfants, pour ne rien dire.
Babîaîre, aire, adj. ou Babïur. Babillard; qui aime à
caqueter; qui parle beaucoup, à tort et à travers. •— Voy.
fiobtur.
Pùr.dQ BqbU.
BabU, 4. fiu BabiU loquacité ;, caqjuet, caquetage. -r
Manqua pa$ dé babil, il n*est pas en peine ds paille.
 fosso babil, il babille beaucoup. Apa» que di babil, .'Au' ^
que du caquet.
Même étym. que BalHa,
BabiBar, ardo,. adj, Qni a de grosses lèvres.;, lippu*
Dér. de Babhw,
Babino,, s. m. lièvre ; babine d*animal. ^ Té né po%
fréta las babinos, tu peux t'en frotter la moustache.. S^én
liquo adéja las babinos, il s'en lèche les lèvres d'avanc& ;
l'eau lui en vi^nl â la bouche.
Dér. du latc. Labina, dim. de labia, lèvres; peut-être
aussi de babo, dont les babinot sont le siège.
Babînr, nrdo, adj. — Voy. Bab^aïre.
Babo» f . f. Bave, salive qui découle de la bouche ;
écume de certains animaux ; liqueur visqueuse du lima-
çon. — Es tendre coumo dé babo, dit-on d'un légume OQ
d'un fruit très-tendre. On ne sait quel rapport il peut j
avoir entre un fruit tendre et la bave, qui n'a aucune con-
sistance et n'est qu'un liquide gluant. Le languedocien est
plein, dans ses dictons, de ces comparaisons excentriques
dont les deux membres sont sans rapport. L'usage ùfi
celui-ci est fort ancien et fort journalier. Aquélo éstofo et
|Ki5 que dé babo, cette étoffe n'a point de consistance,
Dér. de Baba.
Babo, «. m. Nymphe ou chrysalide du ver à soie : c*est
l'état moyen de cet insecte entre celui de ver et de papillon,.
Il se métamorphose en chrysalide environ trois jours après
avoir commencé à filer son cocon,, qu'il termine en se cont
vertissant en baba, de forme ovojfde, à mesure qu'il so
dépouille de sa soie : et après le treiùème jour de cet état,
il devient papillon.
Les chrysalides sont un excellent engrais, soit qu'on les
répande dans leur entier, soit réduites en poudrette. Cet
engrais actif et chaud accélère prodigieusement la pousse
et la végétation. On dit que les Madécasses en font un plat
très-friand, au rapport de Lamothe Le Vayer. Pareil usage
se retrouve en Chine, où les mandarins ont trouvé et livré
une recette particulière pour cet apprêt. La députalion chi-
noise venue à la dernière exposition universelle, avait,
sans doute, oublié le secret de cette préparation, ou bien
elle a tenu à ne pas le révéler ; car le rapport de la com-
mission ne mentionne pas qu'elle ait été primée pour 1#
moindre échantillon culinaire en ce genre. Si cependant le
fait rapporté par les voyageurs est vrai, il est fort pro-
bable que les chrysalides qui font les délices des gour-
mands du Céleste-Empire ou de Madagascar, sont d'une
nature différente des nôtres, dont on connaît l'odeur détes*
table, et qui ne doivent pas avoir un goût meilleur à quel-
que sauce qu'on les accommode. — Un poule àou baba,
un poulet nourri et engraissé de chrysalides, qui lui don-
nent une chair jaune, molasse et une saveur nauséabonde.
Dér. du lat. Bombyx, par un métaplasme un peu forcé.
Babontiôîro, i. f. Femme qui achète les chrysalides
84
BAD
BAD
ÛMM les flUtnres, soit poor élever des porcs» soit pour les
lûre sécher et les reTcndre pour engrais.
Dér. de Bmbà.
Baeanil, i. m. Baochaïud, grand bruit, tapage infernal;
rixe bmyante.
Dér., comme le fir., du lat. Baechanalia, bacchanales,
fêtes de Bacchus; mais le bacanal n*aitraine pas comme
tes bacchanales Fidée d'orgie, ni de plaisir sensœi.
Bacara, j. m. Bacarat, terme dn jeu de macao. C'est le
plus maavais point à ce jeu, on point ruineux. Par ana-
logie, on dit : faXre baeata, manger tout son bien, se
miner complètement, jusqu'au jeune forcé inclusivement.
Quand on a tout mangé ou peidu, on se trouve dans la
même situation que lorsqu'on lait bacarat au macao.
Emp. au fr.
Bâchas, j. m. Bourbier; gâchis; cloaque, soit qu'il pro-
vienne de boue liquide, d'eaux sales ou d'eaux pluviales;
mare à canards ; mare à fumier ; flaque d'eau ; cuvette ou
bassin de fontaine domestique ; maie ou réservoir d'un
pressoir à vendange. — Cr^to-baehoi d'Ànduio, vieux
sobriquet des Andusains, sans doute à cause des fontaines
dont leur ville est abondamment fournie.
Dér. de l'allem. Bach, rivière, ruisseau, ou de la bass.
Ut. baeea, baeeka, bacekiOp baeekarium, identiques de
sign. à baekas.
Bachassoù (Gèndrouaéto), t. f. Gendrillon. ^ Yoy.
Céndrouêéto,
Bacho, s. f. Bâche, grande couverture de grosse toile ou
de cuir, dont on recouvre les charrettes chargées pour
préserver les colis de la pluie ; sorte de manne en cuir
qui occupe l'impériale des chaises de poste et sert de
malle aux voyageurs.
Bada, v. Ouvrir la bouche ; avoir la bouche béante ;
être ouvert; par ext., crier à tue-téte; appeler; héler en
donnant toute extension à sa voix ; bayer, être ravi d'ad-
miration. — Bada âou loup, crier au loup. Bado tant qu'a
dé gorjo, il crie de toute la largeur de sa bouche, il crie à
pleine gueule. — DoummM lou$ âous9élo^ ioun joutnet,
doummaï badou, plus les oisillons sont jeunes, plus ils
ouvrent le bec. C'est une expression proverbiale, qu'on
applique par comparaison à une nichée d'oiseaux qui
ouvrent le bec et crient à la fois quand ils voient arriver
la pâtée que leur apporte leur mère. Motu ioutês badou dé
pérlout, mes souliers font mille grimacos. Aquà faX bada
dé i>êir9, on est, en voyant cela, ravi d'admiration. Dé que
badêi f tè, véloà'qui/ De quoi te plains-tu 7 pourquoi cries-
tu? tiens, le voilà ! Bada la dragèxo, avoir la bouche béante ;
bayer aux corneilles. Cette expression prvb. est empruntée
à un jeu de carnaval. Un masque, déguisé en Cassandre,
est monté sur un Une, la face vers la queue. Il tient à la
main une baguette au bout de laquelle est attaché un fil,
portant une dragée qui se balance sur la tête d'une foule
d'enfants qui suivent, la bouche ouverte pour happer la
dragée, car il leur est défendu de se servir de leurs mains.
Le Cassandre fhippe sur la baguette avec une seconde, qfà
imprime à la dragée un sautillement continuel et lût
très-difficile la tâche des happeurs. A les voir se démeder,
se bousculer, et bada, est le plaisir du masque et l'amuse*
ment des spectateurs.
Dér. de la bass. lat. ou de Tital. Baiare, béer, bayer.
Bayer est donc l'acception naturelle et originaire de bada;
crier n'est venu que par analogie, parce qu'on crie en
ouvrant la bouche grande, comme quand on baye.
Badadis, s. m,, ou Badadisso, «. f. Criaillerie; réu-
nion de plusieurs voix qui crient.
Dér. de Bada, crier.
Badado, t. f. Grand cri prolongé; mercuriale à haute
voix et colérique ; huée de mépris ou de risée. — Folrt la
badado, huer quelqu'un, le poursuivre de huées ; lui (aire
une honte publique, crier haro<
Dér. de Bada, crier.
Badalièîro» 9, f. Terre remplie de lavande; par ext.
broussaille, bruyère.
Dér. de Badafo.
Badalo, s. f,,Qia Espl. Lavande, spic, aspic, La^andiita
spiea, plante de la fam. des Labiées, aromatique; nani
commun. C'est de cette plante qu'on tire par la distilla-
tion Teau de lavande et l'huile d'aspic. La badafo est pro-
prement la plante elle-même considérée comme combua-
tible. On la brûle en effet dans les magnaneries pour puri-
fier l'air; on l'emploie aussi en guise de bruyère pour
ramer les vers à soie ; mais comme elle est basse et courte,
on ne peut la fixer d'une table k l'autre comme la bruyère,
et on la réserve pour la table la plus haute qui n'a point
de dessus, en la piquant dans des liteaux percés de trous»
on dans des fagots de sarment. Les vers à soie se plaisent
à filer dans la badafo, dont ils paraissent aimer l'odeur
forte et agréable. La fleur de la badafo et sa semence sont
placées au haut des nombreux épis qu'elle pousse annnd-
lement. Quand ces épis sont secs, on les vend par bottes
pour allumer le feu, ou pour faire chauffer le linge de
corps, auquel ils communiquent tme bonne odeur. Dans cet
état, on l'appelle Egpi. — F. c. m.
Il est difficile de donner une étymologie à ce mot ; la
plupart des termes empruntés k l'histoire naturelle sont
dans le même cas. Chaque dialecte a ses techniques, et
ils sont souvent, comme les noms propres, produits par
un cas fortuit, quelquefois anecdotique. Le lat. BaUamum
serait bien hasardé et aurait passé par trop d'altérations.
Le roman a badaca, pour nommer aussi une plante qui
croit dans les lieux arides, comme la lavande.
Badaia, v., fréquent, de Bada, Bâiller, ouvrir invo-
lontairement la bouche, en respirant et expirant avec
force; au fig., s'entr'ouvrir; se crevasser; rendre le der^
nier soupir. — Loui caitagnii eouménçou dé badiOa, kâ
châtaignes commencent à ouvrir leurs hérissons; les châ-
taignes sont prêtes à tomber. Badaïa vàou pai ménH, té
noun vôou manja, vôou dourmi, prvb.p le hâillemenl
BAO
BAG
iimoQoe la laim on le sommeil. JZi poi «orf« moif badalio,
it n'est pas mort, mais il est aux abois.
D6r. de Bada.
Badaire, airo, adj. Qui crie, qui appelle; criard. —
ÊUi peu qu*un badaïre, ta ne fais que crier.
Der. de Bada.
Badali $. m„ dim. BadiOoû. BAillement; action de
bAiller. ^ FaXre tous badaU, on foire Um dariè badal.
Tendre le dernier soupir.
Dér. de Badaut.
Badâon, âondo, wy, Badand, niais, nigand, qui s'ar-
rête à toat, qui admire tout.
Dér. de i'ital. Badare, ou de la bass. lat. Badaidus, qui
a la bonche ouverte, qui b&ille.
Badarèl, iHn.adj., péjor. Badarétat. Criard, criailleur;
qui toujours crie, toujours se fàcbe.
Dér. de Bada.
Badin, ino, adj. Badin, plaisant, farceur.
0ér. du gr. IIxiBvtSç , d*enfant.
Badina, v. Badiner ; folâtrer ; tromper, duper, plaisanter
quelqu'un, le mystifier ; faire semblant. — M'an Inèn
badina à ta (iètro, on m'a bien dupé à la foire. Badine
pas, je ne plaisante pas, je le dis très-sérieusement. Vésèi
pas que badine? ne voyeit-vous pas que c'est pure plaisan-
terie?
Dér. dn gr. natSy6(.
Badinado, s. f. Plaisanterie; tour de plaisant bon ou
mauvais ; mystification ; gaillardise.
Badinaîre, airo, adj. Gouailleur; plaisantin; mystifi-
cateur.
Badinaje, s. m. Badinage; plaisanterie; gaillardise;
mystification, génériquement parlant. Badinado est un
acte isolé et spécial du badinaje. — Enténpas rés km badi-
naje, il n'entend nullement la plaisanterie. Àquà's pas dé
badinaje, ce n'est point un jeu, c'est très-sérieux. Aqud's
mn vOén badinaje, c'est une mauvaise plaisanterie.
Badino, s. f. Badine, canne mince et flexible; le stick,
ea nonveau langage à la mode ; petit bijou que les femmes
portent suspendu au cou et qui varie suivant le pays, le
coite et la mode.
Dér. de Badina, parce que dans l'une ou l'autre accep-
tion, l'objet semble toujours frétiller, jouer et être en
mouvement.
Badion, adj. m. sans fém. Ouvert de tous côtés; béant;
grand-onvert. — Voustâou es iotu badiau, la maison est
toute grandeouverte, soit par négligence, soit par manque
de lermeture, comme le logis du pauvre.
Dér. de Bada.
Bagar, s. m., n. pr. de lieu. Bagard, commune du can-
ton d'Anduze, arrondissement d'Alais.
Un titre de l'an 1074 cite cet ancien village comme
▼ignerie, m viearia de Bagamis, et l'appelle encore de
Bagamo: en 4474, la forme au pluriel revient dans de
Mofomis, et se conserve depuis.
Gomme étymologie il se rencontre deux mots de la basa,
lat. qui feraient une sorte de pléonasme : baga, id est
area, coffre ; et ama, aiveus apum, rucbe d'abeilles, qui
est dans l'itai. amia, lieu rempli de ruches d'abeilles. Cette
attribution serait appuyée et confirmée par le nom d'un
écart de cette commune dans le voisinage , mentionné
aussi dans la charte de 4074, qui dit : in viearia de
Bagamis, ei in viUa quœ voeatur de Mdnaeho. Ce dernier
mot est certainement le nom primitif de Hoinas actuel,
qu'il est facile de reconnaître; mais le nom latin d'évidence
est formé de mei, miel, qui y entre tout entier. Ce rappro-
chement donne raison à la signification étymologique de
Bagar, lieu où se trouvaient de nombreuses rucheries.
Bagassol interj. Ah! bien oui, je t'en souhaite! Va-
t-en voir s'ils viennent ! Cela ne vaut rien.
Nous croyons que cette expression dérive du mot de l'an-
cienne langue d'Oc, Bagans, formé du lat. vagans, errant,
vagabond, nom que l'on donnait aux bergers nomades des
Landes. Sans doute, ce genre de vie excentrique, au milieu
de la civilisation, leur avait donné des mœurs barbares et
sauvages, pareilles à celles des truands et des bohémiens,
qui les mit en mauvais renom. On a fait de là notre inter-
jection, qui ressemble à l'expression du mépris.
Autrefois, en v. fr.,on appelait Bagasse, une prostituée,
une coureuse. Probablement l'étymologie est la même et
s'appliquait à ces sortes de bergères nomades. En tous cas,
le mot est ancien dans notre idiome. Voici un fragment
extrait des Joyeuses recherches de la langue tolosaine, par
Odde, de Triors, 4578, qui s'en explique dans un assez
long commentaire rabelaisien ; il commence ainsi : c Ba*
gasso, seu ui nonnuUi txdunt, eaurredisso en ceste cité de
Tolose, est vn terme iniurieux entre les panures femmes,
de fort basse, vile et infime condition, lequel nom de
Bagasso sœpissime resoluitur per aKud nomen quod dieiiur
{cantoniero) ; sunl ei nonnulli quidieunt {cabas), juœta vul-
gare dietumûgae de Marseillie, cabas d'Auignon... Or,
bien que le susdit prouerbe se dise et s'vsiie bien souuent
comme nous voyons icy in mcdam pariem contre la noble
cité d'Auignon, toutes fois ie m'asseure que telle maladie
règne plus ailleurs qu'en Aulgnon, et que si elle a le bruict
les autres ont le faict. Que mal de pippe eut abbatu le
premier inventeur de tels blasmes et ne peus croire que ce
n'aye esté quelque larron foeté et banni de la susdicte
noble cité. Et pour tout hongue qui hongue, gronde qui
gronde, tousiours viura la noble cité d'Auignon, moienant
l'ayde de Dieu, car 51110 ipso factum est niKU, et per ipsum
omnia facta sunt, Deo gratias »
Bagatèlo, s. f. ou Barandèlo. Danse ou plutôt galop,
fort en honneur dans les Cévennes, qui ressemble assez à
la danse des Bacchanales. Cette danse fort animée et sou-
vent gracieuse s'effi&ce dans nos mœurs actuelles, qui ont
adopté la contredanse des villes, danse pâle et dialoguée,
qu'on ne fait plus que marcher de nos jours. Le galop
était ce qui rappelait le mieux, il y a quelques années, la
BMS
WM
k^l4^ ; mais depui» qE*av«c les mfizujekas et les scoticbs,
tepvgrùs^Gborêgc^biqtte a pénétré daos les campagnes,,
pm 1^ maoiôfo (kmlt on les saute et avec laquelle oa s'ahaa-
iam^f il n*y a pas à regreUer les^ans et la désiavoltun
Comme vocable» Baraudêlo est à la fois plus technique
^ plus expressif. C'est celui qu'a emj^oyé notre charmant
fd!^ côvtnoU dans la description si vive, si joyeuse de
CpUe danse k la Fiêtro dé Sén-BouNoumtou.
Ce mo^ est sans doulc par analogie empr. au fr.
Sagaa, v. Mouiller par aspersion ou par immersion. —
4ffu bas H ba^no, proprement, le b&t commence à tremper
dan^ Feau; au fig. et prvb. : la chose commence à se
g^r» k danger approche. On suppose ici un homme pas-
sant à gué une rivière sur un mulet ; quand Teau com-
xnence ^ arriver à la hauteur du bât, il est à craindre que
QOla n*empiie, il y a danger de la noyade : prenons donc
farde» lou,ba»aé bagno. Ainsi dans toutes les entreprises
fM circonstances, pour avertie d'ôtre avisé et prudent,
ffmod on comprend qu'on va être poussé à bout, et que la
jgiesuie s'emplit. Bagna- eoumo un ra, mouillé comme un
qanard. Fo^ la eato bagftado, il fait la chate-mite.
Dér. de Ban, bain.
BagnadurOi s. f- Mouillure; état de ce qui est mouillé.
-»- Fôou pas garda la bagnaduro, il ne faut pas garder ses
habits ou sa chaussure, quand ils sont mouillés,
Pér. de Bagna,.
B|i0iiôoa, n, pr, de lieu. Bagnolssur-Cèze, ville, chef-
lieu de canton, arrondissement d'Uzès. — On donne à ses
tiabitants, dans la tradition^ le sobriquet de Galinéto dé
J^ignôou, mais la tradition n'a pas expliqué pourquoi. —
U ne faut pas confondre cette ville avec celle de Bagnols-
l^.Bains (Lozère), qu'on appelle Lout Bantom, -* F.
c> m.
tt est curieux cependant de rapprocher les deux appel-
ions : Bagniôou, arrondissement d'Uzès, Lous Banious,
aivondissement de Mende. Ces deux mots, qui ont la même
signification, la mémo traduction, se distinguent par leur
QODSonnance finale. I^eur radical commun viont du lat.
B^neum, qui donnait dans les vieux titres Balnaolœ ou
Bolnedum, par l'addition de la désinence diminutive, pour
indiquer un petit lieu do bains. A Bagnôou, il existait en
efiet autrefois, & peu de distance de la ville actuelle, au
pied d'une petite uiontagne appelée Lancise , une source
ii'cau thermale fort en renom pour les maladies cutanées :
cette source a perdu son efficacité. Loui Baniou» gardent
toujours l'ancienne réputation de leurs eaux minérales qui
tas ont fait dénommer. — Voy, Banioui ILous),
Sur le nom latin des deux locaUtés, le languedocien a
iail la variante que nous remarquons, qui s'eŒace dans le
bançais Bagnole, mais qui se retrouve dans le roman
encore conservé sur des points nombreux de la France.
Ainsi, au boni du Rhône, dans la plaine* Bagnêou ; dans
(es montagnes des Gévennes, loui Bania%u ; comme iden-
tiqpss«, les noms de Ban%MXitdu'Avp¥u, et JBkifiyute-tioH
Mw se rencontrent dans les Py cénéi8S:0Jcientales; Bagp/tms^,
commune de Calvisson (Gard), dit Bag/^fAuv\ %ÀUa^m^ iOilO ;
lAt Bagnious dans la Haute-Garouna.; JPa^fnevaudansrAisve»
Allier, Cher, Indxie, Isère,. Maine-etrLoirei Marne, Bleurito^
Moselle, Seine, Deux-Sèvres, Somme, Vienne ; Baign^v^,
dans Indre-et-LoirSk Sarthe, Cète-d'Of ; qui avec Bamoi
(ilautes-Pyrénées) ^BaneuU {Dordognp) ^Bagneaux (Loi^etii
Seiue-et-Marne, Yonne), Baigneaux (Euro^t-Loir, Girondin
Loir-et-Cher) , Banèehe (Haute-Vienne) ,, Baminj^ (AifO %
llaneûB (liaute-Vienne) , tous désignés ^t Mn^oUf^^Bal-
neolum, Baniclum, Balniolum, semblent plus cap^ocbâi^
de hus Banious; de même que Z^a Ba^nojUt (Ardenne^ ^
Bagnolles (Orne) , Bagnol (Cote-d'Or) , Baignol (Eaul0*^
Vienne), Bti^nolt (Basses -Alpes, Aude), Bagfwls^ (Uéraidt»
Puy-de-Dôme, Rhône, Var) , Bagnolot (Seine) ,, Us Bagna*
Ms (Allier), Baignolet (Eure-et-Loir), sont pucfaitemsnt
semblables ou plus voisins au moins de Bagndou. Dans la
même famille se comptent encore Bagnae (Cantal, U>t,
Haute^Vienae), Bagnars (Allier, Cantal),. Bingnars (Avey-
ron) , ^ Saunai (Uérault) , Bagne (Ain), Bagne (Vi^nnA)%
Bagnéras, Bagnèru, la Bagnère (Hautes-Pyrénées, Uaqjyo«
Garonne, Landes), Bc^gnac (Lot-et-Garonne), Kat^iuti
(Isère, Hante-Saône, Charente) , les Baigners (Loiret). Près
de nous, Vagnas (Ardèche) et La Vagniérette^ ruisseau dsM
la commune de la Rouvière (Gard), n'onl-ils pas la mAps
source, par la substitution conque du V wiBf
Partout le radical est À peu près immuable.;;. les variaoten
s'exercent sur le diminutif olus, ola, olum, au siAg:> oo,
dœ, plur. Ces difTércnces ethniques très-remarquables^ s'ev»
pliquent par l'influence des situations, des climatSi s^C la
formation des noms.
Bago, s. f. Bague ; anneau d'or ou d'argent ou d'autca
matière, orné quelquefois de quelque pierre précieuse,
que l'on porte au doigt. — Bago dé mariajef, ann^a^
nuptial.
Dér. du lat. Baeea, anneau.
Bagou, «. m.Caquctage, babil, intempérance de langivi;
facilité de s'exprimer, mais dans le genre thviai. — ; A bom
bagou, il a la langue bien pendue. En fr. fam., daos b
langue verte, on dit aussi bagou.
Dér. du gr. BaXp^, son, parole.
Baguéto, s. /*. Baguette ; b:\ton long, délié, flexible oq
rigide; baguette de fusil; petite bague, petit anneau;
baguette d'un nœud, ganse. — Voy. Noutcléto.
Dér. de la bass. lat. Baculela, dim. de Bacuius,
Baguiè, s. m. Baguier, écrin 4 mettre dos bagues.
Dér. de Bago.
Bahn, s. m. Bahut, grand coffre à serrer les liardes, la
plus souvent doublé en cuir et garni de clous à tète qui y
forment divers dessins. C'est un meuble du moyen-â^.
On appelle encore bahu, ces grands coffres où ks paysans
serrent leur salé quand il est sec.
Dér. de l'allcm. Behuten, m. sign.
BAI
BAI
87
MU, *v,, «ti Btfla. fibmiërnfti ^tiésâl;MlooMrftitail
"bâr. dfi ffi. B^B^iv, lancer^ jèteis «nfvoyér.
Baifer, ^. m. Hftip, <oti bord, 6orte 4ib ci^idre dont le fond
li%8t pas à^ait^veie, mais «n yla&ohed, )Kttr itransporler
le mortier.
Mr. dti lai. Bo/trféifv, Iranspoirter an lurdeati.
Balafsfae, j. tii., n. fyr. de lien. fBaîHargaeb^ village et
eommuAe daoïs le dèpartemeirt de l'Héraolt.
Au Hefi ^de cherdier pénibleroent dsta^ les m<mfEtnents
lapidaires cm tôt les mêdaïUes Tomaines «m niE>m d'homme
d'une notoriété soavent douteuse, qm eorresponde à la
dénomination d*un village construit sur les prétendues
nrines d'une rilla Antique, pourquoi ne pas demander à la
langue parlée dans les "Gaules en même temps que le latin,
€^ ne pas extraire des altérations et des transformations
^pie te roots ont subies pour arriver jusqu'à nous, une
ttidioe qui soit également satisfaisante à la signification et
aux procédés ordinaires de composition des noms propres ?
Pbur Bnïargue, Baîllargues, Balhanica au moyen-âge, sa
iérivation ne serait-elle pas plus naturelle en la tirant du
gaulois bala, bitUe, village, qui est encore, avec le même
lans, en gallois, bala ; en irlandais, baUe et balvt ; en bas-
breton, baiU; qui odt donné au fr. baillage, bailli, après
la I)a9s. latin., qui disait biûia, ballia, baiUagium? Snr ce
radical, se serait, par les procédés ordinaires, formée
Tappellation de la bass. lat. en anieœ, puis la traduction
romane arrivant enfm à notre désinence en argue. Celte
descendance est pour le moins aussi probable que celle
tirée du nom d'un certain BaUienus que cite Gicéron dans
ton oraison Pro Fonteio
HaSa, V. — Voy. Baïa.
Baile, V. m. Bailli ; maître- valet dans une ferme, chef
des journaliers, qui a la direction de l'ouvrage; maitre-
bei^r qui a la conduite d'un grand troupeau pour aller à
la montagne (T. Abe^). — Dâou pu toundrdou n'an fa
Utu baih, prvb., du plus ignorant on a fait un docteur.
Gè dicton a reçu et recevra, de tous temps et sous tonte
sorte de régimes, de nombreuses applications. La malice
des ambitions méconnues est si grande , les bons choix si
difficiles, le vrai mérite si rarel
Dér. de la bass. lat. Ballium, gouvernement, adminis-
tntion, tutelle.
BaBéja, v. Commander; faire -les fonctions de batle;
trancher du maître ; faire l'important.
Balléno, s. f. Femme du maitre-valet dans un domaine,
qui est chargée de veiller aux soins du ménage.
Baissa, v. Baisser, diminuer de hauteur; baisser de
prix ; s'afiaisser peu à peu, s'affaiblir.
Se bai$$a, se baisser, se courber.
Emp. aufr.
Barâsos, j. /*. p/. Branches basses d'un arbre, celles où
Vm. péttt atteindte de %errd. — Ce met ike se-dît -fue 4m
srbp^ à fniits qneloonqufis et idu marier, 'de oeux enfin do^t
il faut atteindre les bi»i»ohes pouriairek ouetllelte. — tm
baïsMs toqtêou lou tâou, l'arbre est teHement ebai^ de
frtîts ^foe les battes branehes Irainent à terre.
Bér. de Bouta.
Baito, i. f,, on tSaj^tèlo. tiolte, baraque» inaiflâiuiâtM
de vigne, qui n'est pas habitée et ne sert que pour eikfer-
mer des outils^ ou se metife à Tabrâ d'«n on^, d'<une
ondée.
Dér. de Tbéb. Baitk, maison, logement, d'où vieotpeait-
ètre l'angl. to bait, se loger en passant.
Baïuèmo, #. f, £tittcolle; bluette qui s'échiippe >du
bois enflammé. — Voy, BUugo et Sarjan.
Il est difficile de déterminer l'étymologie de ce mot.)
mais il est impossible de lui refuser un rapport saisissant
de conformation avec le français baliwrM^ rappon Qui
trahit une commune origine. Le mot est en effet le mèoie
dans les deux langues, sans autre variante ijue celle pto»-
duite par une transposition de lettre due à la différence de
leur génie ; l'ï tréma languedocien n'est guère que le pen*
dont des deux U mouillés ou de l't^ forme que garde du
reste la prononciaition raSole en disant baiuèrno. Sauvages,
qui ne donne pas ce mot, conserve cette orthographe dans
tous ses analogues. Quant à. la transformation de l'u en «^
elle est si commune aux deux langues qu'elle n*a pas
besoin d'explication. Outre la ressemblance matérielle, gn«
phique et oonsonnante, les deux mots ont bien aussi quel*
que rapport dans leur signification. La bàiuèmo comme
hi baliverne, sont choses de peu d'importance, de peu
de durée, choses qui passent sans laisser de trace. Leur
différence est en ce que le preoûer mot tient & l'ordre
physique, le second à l'ordre moral. Maintenant, le pre*
mier a-t-il donné naissance au second ou faut-il prendre
le vice versé ? Ne peut-il se faire aussi que. dérivant d'une
source commune, ils soient nés simultanément? Ce mystère
se perd dans la nuit... de Tétymologie.
Baîzadaro, j. f. Biseau ou baisare du pain, empreinte
que deux pains s'impriment réciproquement , lorsqu'ils se
touchent et se collent dans le four.
Dér. de Baïsa, baiser, mot ancien, usité encore dans
quelques-uns des dialectes du languedocien.
Bajana, s. m,, ou Goosina. Potage aux châtaignes blaor
chies, dont toute la préparation consiste À les faire bouillir*
C'est un mets très-commun dans les Cévennes, où il fait
la principale nourriture des habitants pendant tout l'hiver.
Il est exquis avec une addition de lait.
Dér. de Bajano,
Bajanèl, èlo, adj. Nigaud, imbécile, niais. — Cette
épithéte moqueuse me parait tenir à cet esprit de rivalité
qui a existé au moyen âge entre les habitants de localités
voisines. Par la môme raison que les habitants des Cévennes
appelaient Gounèh par dérision les habitants de$ communep
au-dessous d'Alais, ceiix-ci, usant de représailles, quali-
88
BAL
BAL
liaient les premiers de BqfanUt, psice qu'ils se noorrissaienl
de hajanat; et dans leur dictionnairs ce nom est resté
synonyme de nigaud. — Voy, GoumU,
Dér. de Bajano,
Ba{ano, j. f, Ch&taigne blanche, s6d)ée i la famée et à
la chaleur dans le snoir à châtaignes» elédo, et dépooillée
après cette qiération de sa coque et de sa pellicule; chA-
taigne-bajane.
Dér. da lat. Bmanui on Bt^'amui, qui est de Ba&, Tille
du royaume de Naples. Il semblerait par là que Tusage de
faire sécher ou blanchir les châtaignes a commencé dans ce
dernier pays.
Bal, «. m. Dal ; réunion convoquée pour danser ; danse.
— Donna hu bal, donner la chasse, pourchasser ; rosser,
(aire danser quelqu'un, iron.
En ital. Satto; en esp. BaiU. Le gr. a BaXXfCw. je danse.
Bal, s. m. Bail à ferme, à loyer, à emphytéose ; contrat
poMic ou privé, pour donner, pendant un temps déter-
miné, moyennant un prix payable annuellement ou à des
termes convenus, la jouissance d'une chose mobilière ou
Immobilière à quelqu'un.
Dér. du lat. BaUium.
Bala, «. N. Etre en suspens, entre le mouvement et
l'immobilité. — Se dit d'une boule prête à s'arrêter, qui se
balance avant de se fixer ; et encore d'un moribond à ses
derniers moments, prêt k passer. — Balo, il est entre
la vie et la mort. A bala, il est mort. Dans ce dernier
sens, familier du reste, ce mot ne seraitôl pas une corrup-
tion de iwtbala, faire ses paquets pour partir T Ou bien a-t-il
la même étymologie que le suivant : b<dan t
Balalln-balalan , ou Balin-balan. Onomatqiée pour
exprimer un objet qui branle, qui s*agite ou qu'on agite
de droite et de gauche, comme une cloche. C*est un rédu-
plicalif de baian. — Ana balin-balan, ou balalin-balalan,
aller à l'aventure, à droite et à gauche, ou les bras ballants.
Balan, t. m. Branle, volée ; élan que l'on donne à un
coup que l'on veut lancer. L'élan qu'on prend soi-même
pour s'élancer se dit van. — Souna à balan, sonner les
cloches à volée. Tréi €o$ à balan, trois volées. D&una lou
balan, donner le branle. Aqnélo earitado a trop dé balan,
cette charrette est chargée trop haut, elle court risque de
verser. Aquél mariM a mai dé balan, ce marteau a plus de
coup, plus d'élan. Bé$U'q^ en balan, il resta là en sus-
pens, dans l'hésitation.
Ce mot est-il une contraction de Balança, ou bien vient-
il du gr. BdXXto, lancer, envoyer? On peut choisir.
Balança (aé), v. Se balancer, se dandiner; s'égaliser, se
valoir réciproquement l'un Tautre; jouer à l'escarpo-
lette, à la balançoire.
Dér. de Balança,
Balançadoù, $. m. Balançoire, escarpolette; une planche
posée en travers sur une poutre, et aux deux bouts de
laquelle les enlants se balancent en faisant la bascule.
Pér. de Balança,
Balâiiço, t. /. Balance. Au sing. ne se dit que llgor.
pour : attenti(» avec laquelle on pèse les raisons poor el
contre; comparaison, parallèle équitable. Au plur. loê
balançai s'emploie pour balance, instrument formé d'un
arbre, d'un fléau et de deux bassins pour peser. — Tim
bien la balança, il rend justice égale à tous. Fdou fairo la
balanço, il faut rendre justice à tous, il faut faire un
poids, une mesure équitables.
Dér. du lat. Bilaneiê, génit. de bilanx, dpuble bassin,
Balandran, s. m. Arbre mobile de la balandro; plateau
d'une grande romaine ou balance pour peser des objets
d'un grand volume, —- Delà, par analogie, paM$a 4ou balan-
dran, berner, faire passer à la couverture; bousculer.
Formé de Balan et de l'ital. andare, aller,
Balandro, j. f., ou Ponlèje, Bascule de puits de etat^
pagne ; mécanisme fort simple et fort usité pour les puits
de jardin dans les Cévennes. Il consiste : 4« en un arbre
droit fiché en terre; f en nn arbre mobile fixé au pre-
mier par un crochet et un anneau, en forme de vergue ; à
une extrémité de celui-ci on place un contr&poids fûl
d'ordinaire d'une grosse pierre percée qui tient à Tarbre
par une cheville; à Tautre bout est attachée, par un brin
de corde assez lâche, une barre mince qui descei\d ainsi
verticalement et qui est terminée par un croc soutenant k
seau. Pour puiser l'eau, on tire cette barre, qui fait jouer
facilement la vergue sur son anneau, et le seau plonge;
quand il est plein, le moindre mouvement du bras lû|
jouer la bascule, et le contre-poids, agissant dans le même
sens, le seau remonte sans effort et sans fatiguer le pni-*
seur, — Voy. PouUfje.
Même dér. que Balandran.
Balé, «. m. Auvent, petit toit de planches, en saillisi
au-dessus de la porte d'une boutique, pour abriter t'étaUga
de la pluie et du soleil trop éblouissant ; palier d'escalier
ou galerie découverte, balcon en terre-plein. — Le baU,
auvent au-dessus de la porte des magasins, a disparu, ou It
peu prés, devant les règlements d'édilité ; il était pitto-
resque et utile aux marohands; mais les devantures en
avancement et surtout les étalages à la mode le remplacent
avec avantage et maintiennent à l'intérieur un peu plua
que le demi-jour favorable au choix de la marchandise,
sous prétexte d'un soleil trop éclatant. Le progrès âe%
lumières nous vaut ce changement.
Dér. dugr. BiXXciv, jeter en avant.
Balèja, o. Faire contre-poids ; être égal, équivalent ; e^
équilibre, -r- Faïre baUja, égaliser, équilibrer, par ex. :
une charge de mulet, de manière à ce que les deux côlAa
aient à peu près le même poids. Aqud baUjo à Vmdtmr
d'un quintâou, cela pèse environ un quintal. AquéUt dam^
éfan» $i baléjou, ces deux enfants sont à peu près an
même âge ou de même force.
Dér. de Balo.
Baléno, i. f. Baleine, Bakma mfiîieHui, linn. Poisson^
genre de Mammifères de la fam. dea Cétacés; le plus gro^
BAN
BÂN
89
de tons les animanx connus; ses fanons on barbes four-
nissent les baleines de parapluies, servent aux corsets de
femme, etc.
Emp. au fr.
BaÛsto, s. m. Bailliste; fermier, séquestre; adjudica-
taire. — BcUisto dé Voirouè, fermier de Toctroi.
Dér. de Bal, bail.
Balo, «. f. Balle de plomb; ballot, balle. — Balo dé
fusil, dé pUtoulé, balle de fusil, de pistolet. Bah dé eéboi,
balle d*oignons ; il y a douze tresses, ou rènei, à la balle.
Aquà fa* bien fna balo, cela me chausse à merveille , ça fait
bien mon affaire.
Dér. du gr. Bd^eiv, jeter, lancer.
Balô, 5. fil. Ballot, balle, sous une enveloppe de grosse
toile, serrée avec des cordes ; demi-charge d'un mulet,
celle que Ton met d'un côté du bât. — SaXque aqud's pas
un balà dé sédo, pér lou mena tant plan? ou pesa tant fï,
faut-il tant de précautions, ou tant regarder au poids? ceci
n*est pas un ballot de soie.
Dér. du précédent.
BalotOp $, f» Petite boule du loto, ouest inscrit unnuméro.
Dim. de Balo.
Balonta, v. Balloter; au pr., lancer et relancer d'une
main à l'autre, ou d'un joueur à l'autre, comme se repasse
une balle ; au fig., mystifier quelqu'un, le renvoyer de l'un
à l'autre, du poirier au pommier.
Dér. de Balo.
Balustrado, s. f. Balustrade, garde-fou, composé de
balustres continus.
Emp. au fir.
Baiustro (à tnsto), adv. Â l'aveuglette, à la hurlu-
berlu; brusquement, brutalement; sans prendre aucune
précaution.
Formé de Tusta et du fr. balustrs, parce que dans cette
situation on se heurte à tout.
Bamboche, s. f. Orgie, débauche. — Fdirs la bam-
boeho, ou si métré en bambocho , faire une partie de dé-
bauche, un gala crapuleux.
Dér. de Vital. Bambœeio , petit homme grotesque :
Boeea, boudie , ne serait-il pas là pour quelque chose?
Peut-être même le fr. boue, dont la lascivité est connue.
Bamboacha, v. Faire des bamboches; se livrer à la
débauche ; faire de mauvaises farces, des farces d'ivrogne.
Bambcmcliiir, nrdo, adj. Bambocheur]; libertin ; enclin
à la débauche.
Ban, $. m. Banc; siège ou tréteau long, en bois ou en
pierre, sur lequel plusieurs personnes peuvent prendre
place ou plusieurs choses être déposées. Il prend en fr. dif-
férent! noms, suivant les usages auxquels il sert. — Ban
dé minuisiè, établi de menuisier. Ban dé bouehè, étal de
boucher. Ban dé iè, tréteau de lit. Ban dé la bugado,
selle ou batte de lessiveuse. Ban das marguïis, banc de
roenvre. Es vièl eoumo un ban, îl est vieux comme les rues.
Dér. du lat. Baneus ou de l'allem. bas^.
Banar, do, adj. Cornu, encorné; qui a de longues
cornes ; habitant de la commune de Bannes ( Ardéche).
Dér. de Bano,
Ban astado, s. f. Contenance à'xmebanasto; plein une man.
ne,ou banne — FaïtoujourquAouquobanaitado, il fait toujours
quelque ânerie, quelque école, quelque afiaire de dupe. Yana
émbé touto la banastado, dit-onde quelqu'un qui parledesgens
sans égard, sa ns garder aucune mesure, lâchant sur leur com-
pte les vérités les plus dures, les plus blessantes, qui, pas plus
que les vérités ordinaires, ne sont pas toujours bonnesà dire, ni
surtout à entendre : c'est comme si l'on disait qu'il vide tout
son sac, sans y rien garder, comme on jette là une banastado.
Dér. de Banasto.
Banastaîre, s. m. Fabricant de banastos, et de toutes
sortes d'engins faits avec des scions refendus de châtai-
gniers sauvageons, que l'abbé de Sauvages appelle Cotons.
On dit proverbialement : Banastaîre das Apéns, parce
que les habitants de ce hameau, dépendant de la commune
de Lamelouse, arrondissement d'Alais, se livrent beaucoup
en hiver à la fabrication de ces bannes en châtaignier.
Dér. de Banasto.
Banastôja, v. fréq. Transporter habituellement à dos de
mulet ou d'âne dans des banastos.
Banasto, s. f. Banne ou manne double, panier à bât
pour transporter le fumier et autres objets, dans les pays
où les voitures ne peuvent rouler. — Sot eoumo uno ba-
nasto, sot comme un panier. A éstudia souto uno banasto,
dit-on d'une personne complètement ignare, par allusion
peut-être aux chevreaux, que l'on recouvre ainsi pour les
empêcher de gambader et par là de maigrir; ou bien pour
rappeler les ânes, qui sont le plus souvent chargés de banastos.
Dér. du gaulois Benna, voiture, ou de l'allem. benne,
tombereau; d'où le lat. benna, charrette entourée de claies,
sorte de corbeille.
Banaston, s. m., ou Taréîrôon. Dim.de Banasto. Ban-
neton, mannequin ou petite manne, sans anses, très-évasé
d'ouverture.
Bancèl, s. m., ou Faîaso. Terrasse ou bande de terre;
plate-bande de jardin. Le terme bancèl est proprement usité
dans les hautes Cévennes; fàïsso est plutôt des environs
d'Alais.
Dim. de Ban, banc , parce que le bancèl est droit et
long comme le banc.
Banda, ado, adj. Mort, crevé; ivre-mort, roidi. —
Banda eoumo un piô, soûl comme une grive.
Emp. du fr. bander, pour roidir.
Banda (aé), v. Se soûler, s'enivrer; se gorger de vin.
Même dér.
Bandéja, v. fréq. Passer du linge savonné dans l'eau
claire, ce qui se fait en le tenant par un bout et le plon-
geant, le passant, le repassant dans l'eau, jusqu'à ce qu'il
soit bien essuyé de l'eau de savon.
Est-il dér. du lat. Pandere, étendre, développer, ou du
languedocien branda ?
il
90
BAN
BâO
Bandi, s. m. Dim. Bandind. Bandit , vagabond, homme
sans aveu. — Et un bandi, c'est rm mauvais drôle; et
quelquefois, seulement, un mauvais sujet, un libertin , s*il
s*agit d'un tout jeune homme ; on dit alors : es tin ban-
dind.
Dér. de l'ital. BandUto, banni, proscrit.
Banéja, v. fréq. Commencer à montrer les cornes, comme
les escargots ; par exX. jouer des cornes.
Dér. de Bano.
Banèlo, j. f. Vanneau. — Voy. Vanèou.
Bani, V. Bannir, chasser. — Y-a pas moutin dé boni
tous ras, il est impossible de se délivrer complètement des
rats. — Il signifie aussi : faire une saisie-arrèt.
Dér. du lat. Bannum, bannissement, exil, ban.
Banimén, t. m. Saisie-arrèt ou opposition, terme de pra-
tique en procédure.
Banious (Lous), n. pr, dé lieu, Bagnols-les-Bains, ville
dans la Lozère, renommée par ses eaux thermales.
11 est à remarquer que Tappellation française ne donne
pas la preuve que le baptiseur fût très-fort en languedocien.
Bagnols, traduisant lous Banioiu, est dér. du lat. Balneo-
ium, qui signifie : lieu de bains; pourquoi alors ce pléo-
nasme inintelligent dans le nom français, et Taccouple-
ment de deux mots de même signification ? — Voy, Ba-
gndou,
Bano, s. f, Dim. Banéio, péj. Baruisso, Corne de la tête
de certains animaux ; antennes de certains insectes ; cornes
des escargots; coup à la tête, qui se tuméfiant devient une
bosse au front. — Vno bano dé fougasso, un morceau de
fouace, parce que la fougasso , le gâteau des paysans, est
plate et formée en compartiments et en grillage ; un de ces
fragments ressemble donc assez a une corne. Fia eoumo la
bano d'un biéou, contre-vérité, mou comme la corne d'un
bœuf. Chacun soun gous, dis lou prouvèrbe, eoumo Vâoutre
fué suçavo uno bttno, chacun son goût, comme disait
cet autre qui suçait une corne. S'és fa uno bano, il s'est
lait une bc^se au front. £o bano d'un tour, Tun des quatre
volants de la roue d'un tour à filer la soie. Cagaràouléto,
êOT ta» banitoi, chantent les enfants dans nos Cévennes,
comme ceux de Paris disent : Colimaçon borgne, montre-
moi tes cornes. Nous rimons mieux.
Las banos, au plur., comme les cornes, sont, au fig.,
Femblème d'un mari trompé.
Dér. probablement du celte; car on ne trouve l'ana-
logue de ce mot dans aucune des langues connues.
Bano, n. pr, de lieu. Bannes, village et commune de
rArdèche, sur les limites du département du Gard.
Du Cange cite Bano avec la signification de terrain
communal. L'étymologie de ce nom pourrait bien être tirée
de l'affectation du territoire à des dépaissanoes, ou à quel-
que autre servitude communale. Ce que nous ne pouvons
vérifier.
Banqnaroniiè, tièiro, a4|. Banqueroutier, ière, celui
on celle qui a fait banqueroute.
Banquaronto, j. f. Banqueroute ; faillite ; insolvabilité
feinte ou réelle d'un négociant.
Dér. de Banquo, banque, et de routo, fém. de rou,
rompu.
Banque, j. m. Petit banc; tréteau de lit, de théâtre de
bateleur, de table à manger, etc.
Dim. de Ban, banc.
Banqniè, s, m. Banquier; celui qui fait le commerce
de l'argent; à certains jeux de cartes, celui qui taille oa
joue contre tous les autres.
Dér. de Banquo.
Banquo, s. f. Comptoir de marchand ; grand coffre à
hauteur d'appui, qui règne tout autour du magasin, ou
dans une partie seulement et sur lequel on montre et on
étale la marchandise. 11 y a un tronc au milieu, en tinûr,
où l'on fait tomber les espèces à mesure qu'on les reçoit,
et dont on fait la levée et l'inventaire chaque soir.
Dér. de Ban, banc.
Bann, ndo, adj. Cornu; qui a ou qm porte des cornes.
— Un cho banu, un sot, un homme sans intelligence,
comme un hibou.
Dér. de Bano.
Bâou, bâoujo, adj. Niais, nigaud, badaud. — Que siis
bàou I Que tu es bête !
Dér. du lat. BaXbus, bègue.
Bâoubôcho, s. f. Bobèche, partie du chandelier oà se
place la chandelle.
Emp. au fr.
Bâoudrado, s. f. Bêtise, balourdise, niaiserie ; école.
Dér. de Bàou.
Bâoudroî, s. m. Baudroie, galanga, raie pécheresse,
diable de mer; espèce de lophie, LopMus piseatorius, Linn.
Poisson de l'ordre et de la fam. des Chisnopnés (respirant
par une fente), cartilagineux, à corps plat, à évent près
des nageoires, à large gueule, qui semble n'être que têle et
queue. La Baudroie fait un très-bon potage.
Bâondnlo, s. f., ou Bondiifo. Toupie, jouet d'enfant;
sabot. Ce mot ne s'emploie plus qu'au fig. Es pas pu bU
qu'uno bàoudufo, il n'est pas plus grand qu'une toupie. Té
vire eoumo uno bàoudufo, je te fais tourner comme «ne
toupie.
Que se trufo,
Dieu lou bufo,
Et lou faï Tira eoumo uno bàoudufo. (Prvb,)
Les étymologistes sont fort divisés sur la dériv. de ce
mot ; elle est tirée du cdte Bodwa, mamelle, à cause de
la ressemblance ; ou bot, boud, qui a fait dans la boas.
lat. botta, d'où l'ital. bodda, crapaud, à cause de la gro^
aeur. — Voy. Boudufo.
Bàonjoula, v. Porter un enfant au bras, le caresser, le
cajder.
Dôr. du lat. Bajulare, porter un faideau.
Bàonmo, s. m. Baume, sorte de mentfaa, plante uth
matique, plus particulièrement la mendie varie et gen*
BAR
BAR
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tille. Aafig.fledilaussi d*an confortatif , d*aiiréconfortant dout
oo exagère la bonté : Âquil vin es un Sâoutne sus l'éstouma,
Dér. dn lat. Baliamum,
Bàoiunéln, ndo, adj. Creux, caverneux ; se dit parti-
enlièrement d*un arbre, d'une pièce de bois.
Dér. de Bàoumo.
Bàoiimo, s. f. Dim. Bâouméto, péj. Bâoumasto. Grotte,
eaTité naturelle; caverne; bauge du sanglier; terrier du
renard; garenne du lapin. Ce mot a donné naissance aune
fouie de noms propres de personnes et de lieux : Labàoufno,
Bâoumi, Bâoumèlo, Bàoumastiè, qui se traduisent en fr.
par Labaume, Baume, La Baumelle, Balmelle, Balmes,
Banmier, Baumassier, etc., qui signifient pour en dériver
en ligne directe et primitive : habitation ou habitant des
cavernes, des grottes : l'origine est ancienne et se rattache,
par une infinité de quartiers, aux troglodites. La Bàoumo
dé la» Fadot est le titre d*une des plus jolies pièces de
noire inimitable poète des Ccutagnados.
Bàoiiqiio, f. Â Du verdage, espèce d'herbe graminée,
foin grossier qui pousse naturellement sur les talus et
berges des fossés et dans les bois taillis ; c'est probable-
ment du foin dégénéré en poussant dans des terres sèches
et trop fortes. On ne s'en sert guère que pour litière.
Aucune bête de labour, non plus que les moutons, ne
oonsent à s'en nourrir.
Bàonriy s. m. Péj. Bâouritu. Précipice; ravin profond
et escarpé, gorge étroite et sauvage; abime ; fondrière.
Dér. peut-être du lat. Vallis rivua, ruisseau de vallée,
ou de l'ital. balzo, précipice, du gr. B^XXeiv, jeter, lancer.
Bar, «. m. Dalle, pierre plate large et carrée, pour car-
reler. — Bar dé Mus, dalle des carrières de Mus, village
près de Nîmes, d'où se tirent les meilleures dalles pour
carreler les fours à pain, parce qu'elles sont réfractaires et
supportent très-bien l'action du feu. Bar dé saboù, une
table de savon. C'est sous cette forme que le savon est
fabriqué et livré au commerce. Cette table a d'ordinaire huit
centimètres d'épaisseur sur cinquante centimètres en carré.
Bara, v. Fermer, en général; barrer, boucher ; bftcher
une porte, la fermer et l'assujettir par derrière avec une
liarre. — S'en fôou bara lous tels, il faut s'en fermer les
yeuXf s'en consoler, en prendre son parti. Âqud baro Tm-
fauma, ce spectacle vous serre le cœur. Bara sa houHgo,
est tout simplement fermer son magasin; mais bara bou-
tigo, c'est cesser son commerce par suite de déconfiture ou
antreroent. Baro pas dé tout hujour, il ne cesse pas de par-
ler de tonte la journée. Bara lou eami, couper le chemin,
entraver la marche, fermerla carrière à quelq[u'un. Bara un
trâou, boucher un trou. Se bara déforo,sé bara dédin, fer-
mer la porte sur soi du dehors, ou par dedans, s'enfermer.
Dér. de Baro,
Baracan, #. m. Bouracan, espèce de camelot, étoffe qui
«qette la pluie.
Emp. au fr.
Baradis, isao, adj. Qui peut se fermer ; fmnant; des-
tiné à être fermé. — Pagnè baradïs, panier à couvercle.
Coutil baradïs, couteau de poche, qui se ferme.
Dér. de Bara,
Baradisso, s, f. Action souvent répétée de fermer et
d'ouvrir une porte, une fenêtre, un tiroir. — Aquélo bara-
disso finira lèou ? En finira-tron bientôt d'ouvrir et de fer-
mer cette porte?
Dér. de Bara.
Baradnro, s, f. J^'ermeture, en général; boucheture
d'épines ou de fagots, pour empêcher l'accès d'un champ,
n est peu employé au propre. Au fîg. il est usuel dans ce
dicton : Pâouro baraduro I pauvre ressource ! mauvais
pronostic! cela s'annonce mal.
Dér. de Bara.
Baragna, v. Faire une haie vive, garnir de buissons ou
d'épines l'entrée d'un champ ou la crête d'un mur de clô-
ture ; clore, faire des haies avec des buissons.
Dér. du celt. Bar, barrière ; ou de l'esp. brena, hallier,
ou du lat. vara, barre : sans doute tous proches parents.
Baragnado, «. f. Haie vive ou non; échalier; toute
sorte de clôture en haie. Sur les bords du Gardon, et de
toutes les rivières torrentielles, on fait des baragnados
pour faire déposer le limon. On y emploie des ramées de
chêne- vert, serrées et assujetties par le sable et le gravier,
ou des branches d'osier et de saule. Les premières sont
plus fortes; mais celles-ci, plus épaisses, ont l'avantage
de prendre racine, de durer plus longtemps et d'être plus
résistantes; aussi sont-elles préférées. On établit aussi des
baragnados en fagots de bois mort de toute sorte, pour
arrêter et faire amonceler les feuilles de châtaigniers que
le vent entraine. Par ce moyen elles se trouvent ramas-
sées en tas, nettes de leurs hérissons et propres à la litière
de toute sorte d'animaux. — Vn trâouquo baragnado, un
braconnier, un grapilleur, un homme qui ne respecte
aucune propriété ni clôture. Au fig., un éventé, un étourdi,
un hurluberlu. — Voy. Bartas.
Baragnas, s. m. Haie naturelle ; amas de ronces et
d'épines, qui se forme sur les anciennes murailles démo-
lies; entrelacement de ronces; buisson.
Péjor. de Baragno,
Baragno, s. f. Echalier plutôt que haie ; clôture presque
toujours provisoire-, moins forte et moins épaisse que la
baragnado.
Baragogno, t. f. Le même mot et la même signif. que
Babarogno. — T. cm.
Baragouina, v. Baragouiner; parler d'une manière inin-
telligible ; bredouiller.
Emp. au fr., qui tire , dit-on, son étym. du bas-bret.
Bara, pain, et guin, vin, à cause de la confusion que font
ceux qui parlent mal la langue ; mais que d'autres font
venir du lat. Barbarieus, barbare.
Baraîa, v. — Voy. VartXa.
Baridè,<. m. Boisselier; ouvrier qui fait des baraux.
Dér. de Barâou.
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BÂR
BAR
Baraje, t. m. Barrage, digne; déversoir en travers d'nn
oonrs d*eaa ponr faire nne prise d'eau.
Dér. de Bara.
Baralé, <. m. Baril, barillet; bidon des journaliers aux
champs; baril à huile; capron, baie de fraisier sauvage,
qu'il ne faut pas confondre avec la fraise des bois.
Dim. de Barâou.
Barandèla, v. Danser la barandèlo ou la bagaiHo,
Barandélaîre , ûro, adj. Danseur de barandèlo. Par
ext. un étourdi, inconsidéré, léger.
Barandèlo, s. f. — Voy. Bagatèlo.
Baranqna, v. Radoter ; battre la campagne ; parler ou
agir à tort et à travers ; ne savoir ce qu'on dit. — X'éf-
eoutés pas, baranquo, ne Técoutez pas, il radote, il ne
sait ce qu*il dit.
Dér. de Ba, partie, rédupl., et de ranquo, de rolular€.
Baranqaaje, «. m. Radotage ; paroles en Tair ou sans
suite ; propos extravagants.
Baranqoairo, aîro, adj. Radoteur; qui débite des rado-
teries, ou par vieillesse, ou par bêtise. Id., Baranqur,
urdo,
Baranqaéja, v. rédupl, de Baranqua,
Baràou, t. m. Baral, v. fr., barrique à vin, longue et
étroite, qui sert, comme les autres, à transporter le vin à
dos de mulet; mesure de capacité pour les vins. Cette
mesure varie d*une localité à l'autre. Le Bardou d' Âlais
contenait autrefois 27 pots ou 54 pintes de Paris. Le Ba-
râou métrique contient 60 litres. — ErUén bouio pér bardou,
il entend tout de travers ce qu'on lui dit ; il prend des
vessies pour des lanternes, martre pour renard. Pou-bar âou,
un puits public qui se ferme la nuit, de crainte d'accident
ou de mauvais dessein, n y avait autrefois à Alais une
quantité de ces puits qui étaient situés dans un renfonce-
ment de rue et à couvert dans l'épaisseur d'une maison.
On les fermait la nuit; mais avec le temps les fermetures
avaient disparu, et ces impasses obscurs étaient dange-
lenx ; on les a fermés et remplacés par des pompes. Un de
ces puits a donné son nom à une de nos rues, qui est appe-
lée encore : rue Puitê-Baral. L'opinion que son nom lui
vient de la fermeture appliquée à son puits, est fort sou-
lenable; mais, dans ce mot que le languedocien persiste à
prononcer baral, et non baràou, et qu'il n'a pas eu l'idée
d'exprimer par baradU, ne trouverait-on pas aussi bien
une qualification tirée de la situation qu'il occupait, au
moment de son baptême, à l'extrémité de la ville? PuUt-
Baral signifierait alors : puits situé aux barrières d* Alais,
SOT la limite de la clôture de la ville. La rue Montagnasse,
qui reprend aigourd'hui son nom, s'appelait, au moyen Âge,
rM9 Malbaurguet, mauvais petit faubourg : elle est voisine
de la rue Puits-Band; sa dénomination ancienne viendrait à
Tqipui de notre interprétation» en indiquant que, dans ces
temps reculés, la ville ne s'étendait pas plus loin.
Barâou, en tous cas, put trouver son étym. dans la
basa. lat. barraU, bariU, àarUius, d'un capitulaire de Char-
lemagne, avec la sign. de tonne ou de vase propre à con-
tenir un liquide quelconque, ou dans Tesp. barrai, grande
bouteille ; ou enfin, comme baral, dans le celt. barr, qui
signifie non-seulement barre, barrière, mais tout ce qui
sert à renfermer, à contenir.
Baraque, «. f. Dim. Baraquéto. Baraque, chaumière ;
maisonnette en mauvais état ; hôtellerie de roulier sur les
routes; baraque, échoppe, auvent, construit en planches
sur les places en temps de foire. — Âquél oustâou 6$ uno
viéHo baraquo, cette maison n'est qu'une mauvaise pauvre
baraque. Las baraquos dé Coudougnan, dé Fon$, la bara-
qtw dé Plagnôou, la baraquo dâou PHa sont connues et
renommées sur nos routes départementales.
Dér. de l'esp. Baracca, cahute de pêcheur.
Barato, $. f. Baraterie; dol, fraude, contrebande ; alté-
ration des liquides par mélange ; contrefaçon, tromperie.
Dér. de Tesp. Baratar, brouiller, tromper.
Barba, v. Pousser des radicules, prendre racine ; se dit
surtout des boutures, quand elles commencent à barba, à
jeter leur tissu de radicules.
Dér. de Barbo.
Barbacano, s. f. Ouverture, fente laissée dans un mur
de soutènement, pour faire écouler les eaux pluviales.
Dér. de l'esp. Barbaeana, m. sign.
Barbajôou, <. m. Grande joubarbe, artichaut de mu-
raille, Sempervivum teetorum, Linn. Plante de la fam. des
Crassulacées, grasse, vxdnéraire et émoUiente.
Dér. du lat. Barba Jovii, barbe de Jupiter, comme son
correspondant fr. Ces deux mots sont la métathèse l'un de
l'autre.
Barbajôon, «. m,, ou Quiou-blan. Dim. BarbajouU.
Hirondelle à croupion blanc, hirondelle de fenêtre ; Hirunâo
urbiea, Temm. Le dessus du corps, partie d'un noir à
reflets bleuâtres, partie d'un noir mal, le restant d'un
blanc pui^; queue fourchue. Cette hirondelle est la plus
commune dans nos contrées, où elle arrive quelques jours
après l'hirondelle de cheminée. Elle aime à placer son nid
sous la corniche des maisons et des grands édifices. — Eies-
rabM eoumo un barbajôou, gai comme un pinson.
Ce mot a évidemment la même étym. que son homo-
nyme précédent. Cependant il est difficile de saisir les
rapports de cette origine, à moins q[ue la queue fourchue
du volatile ne soit une image de la barbe du maître des
dieux.
Barbasta, v. Faire ou tomber de la gelée blanche. —
A barbasta sus sa tésio, ses cheveux grisonnent, il a neigé
sur ses cheveux.
Dér. de Barbasio.
Barbaato, s. f. Gelée blanche ; givre. C'est le prodoit
de la condensation de la rosée et de toutes les vapeurs qui
exsudent de la terre. Barbasio ex[^me cet efbt des grands
frimas d'hiver qui fait ressembler le sol à un champ de
neind; phuvino eijaHbrs {V. c. m.), sont plus partica*
lièrement ces gelées de printemps, ces giboulées, qui Ibnt
BAR
BAR
93
tant de mal à la vigne et à la feuille de mûrier. Les con-
crétions de la barhcuto snr les plantes et les arbres ressem-
blent à nne sorte de barbe blanebe. C*est de là que Sau-
vages fait dériver ce nom.
Barbata, v. Bonillir à gros bouillons; particulièrement,
faire on certain bruit en bouillant, soit comme un grand
▼ase qui rend un bruit sourd en bouillant fortement, soit
seulement comme un potage qui mitonne sur un fourneau ;
chez Vxm et l'autre , ce bruit est produit par le dégage-
ment de Tair, qui forme des globules qui crèvent et se suo-
oâdent instantanément. C*est ce qu'exprime ce mot par
une onomatopée saisissante.
Barbéja, v. Raser, faire la barbe, au pr. et au fig. —
L'avèn barbéja, nous avons eu de son poil, nous lui avons
gagné son argent.
Dér. de Barbo,
Barbèl, s. m. Barbeau, Cyprinus barbu», Linn. Poisson
d*eau douce; museau pointu, mâchoire supérieure fort
avancée avec des barbillons, dos olivâtre, ventre blanc ;
il croit vite et devient fort grand ; sa forme ressemble
assez à celle du brochet. Il préfère un lit couvert de cail-
loux à un fond bourbeux.
Barbu signifie aussi : un jeune gars, un blanc-bec.
L'une et l'autre de ces acceptions sont dér. de Barbo :
dans la dernière, parce que c'est l'âge où la barbe com-
mence à pousser ; dans la première, parce que ce poisson
porte deux appendices ou barbillons à la mâchoire supé-
rieure.
Barbéto, $. f. Terme de nageur, qui n'est employé que
dans cette expression : Faire la barbéto, et signifie : ap-
prendre à nager à un apprenti en le soutenant de la main
par le menton, ce qui l'empêche d'enfoncer la tète, et lui
permet d'étendre le corps sans danger dans la position
horizontale. Au fig., prêter aide et appui, soutenir.
Dér. de . Barbo, parce qu'on prend le nageur par la
barbe, ou du moins au siège dQ la barbe ; qu'on lui tient
le menton dans la paume de la main, comme font les bar-
biers à leur patient pour le savonner, ou plutôt comme ils
faisaient, quand il y avait des barbiers, et avant l'inven-
tion du pinceau à barbe.
Barbie, <. m. Barbier, qui fait la barbe, qui rase. L'his-
toire des barbiers mériterait d'être écrite et conservée. Il y
a un siècle, ils n'étaient point autres que des chirurgiens,
avec privilèges. Aujourd'hui, ils ont perdu leur droit de
saigner, autrement (ju'en faisant la barbe, et encore ! mais
leur titre a totalement disparu, sinon la profession. — Lou
barbiè de Sàousi. Sauzet est un petit village, arrond. d'Uzès.
La tradition assure qu'il y avait là un barbier qui non-seu-
lement rasait gratis, mais qui payait à boire à ses pratiques
par-dessuB le marché. Sa réputation est passée en pro-
Teibe. On ai voit les applications ironiques.
Barbîô, «. m. Petit homme barbu, bamboche à longues
moustadies. La mode de nos jours rend fréquente l'appli-
eatioii de ce mot. — Voy. Barboeho.
Barbo, <. f, Dim. Barbéto, péj. Barbasso. Barbe, poil
•des joues et du menton; arête de l'épi des céréales; filets
du tuyau d'une plume; radicules, filaments d'un végétal
quelconque. — Quand papiès parlou, harbos ealou, quand
les titres parlent, les docteurs se taisent. Fariè la barbo
énd'un iôou, il trouverait à tondre sur un œuf. Nous faï
la barbo en toutes, il nous passe tous, il nous rendrait
des points. Barbo dé païo, visage de bois, dicton fort usité
et d'une application plus large que son correspondant fran-
çais : il s'étend à toute sorte de désappointement, quand
on se voit trompé dans son attente. Bouviè sans barbo, aïro
sans garbo, prvb., à jeune bouvier, pauvre moisson.
Dér. du lat. Barba.
Barbocho, s. m. Dim. Barbouckéto, Petit homme barbu:
même sens que Barbïà, (F. c. m.) Bar bichon; chien-
barbet.
Dér. de Barbo, parce que le barbet a beaucoup de poil
autour du museau.
Barbouia, v. Balbutier; bégayer; baragouiner; bre-
douiller.
Dér. du lat. Balbus, bègue.
Barbouîaje, s. m. Barbouillage, en discours, en écri-
ture, en peinture, en diction ; griffonnage ; galimafrée.
Emp. au fr.
Barbouînr, uso, adj. Barbouilleur; bredouilleur ; grif-
fonneur.
Barboutl, v. Marmotter; chuchotter; parler entre ses
dents-; murmurer tout bas; faire un à-parte; dire des
messes-basses, parler dans sa barbe.
Dér. de Barbo.
Barboutimén , s. m. Chuchottement, marmottement;
murmure ; messe-basse ; bredonillement.
Barbu, udo, adj. Barbu, qui a de la barbe, beaucoup
de barbe.
Barbudo, s. f. Chicorée sauvage, barbe de capucin,
Cichorium intybfM, Linn. Chicorée barbue des prés, qu'on
mange en salade quand elle commence à pousser et qu'elle
germe encore dans la terre ;plus tard elle est dure et héris-
sée de piquants. C'est à cet âge peu tendre qu'elle a reçu
son nom.
Barbudo est aussi le nom des ceps de vigne d'un an, qui
ayant poussé des radicules, qui plus faciles à la reprise et
donnent plus tôt des produits.
Dér. de Barbo.
Barda, s, m. Carrelage en dalles ; pavé bardé avec des
dalles.
Dér. de Bar.
Barda, v. Couvrir, barder de lard un rôti ; mettre la
barde à une bête de somme; plaquer ou lancer contre les
murs ou sur le carreau. ^ Barda un perdigai, barder,
couvrir un perdreau de bardes de lard. Vaï barda la miolo,
l'ose, va-t-en mettre la barde à la mule, à l'âne. Lou bardé
âou sôou, il le jeta rudement par terre.
Dér. dans le premier sens de Bardo, dans le second de Bar.
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BAR
BAR
Bardo, «. f. Dim. Bardèlo, péj. Bardauo. Barde, bar-
délie, espèce de bAt oa de selle piquée de bourre ; tranche
mince de lard appliquée sur une volaille.
Dér. de Barda, du lat. hardianum, espèce d'armure ou
de cuirasse des soldats gaulois.
Bardô, «. f, Dim. Bardouté, péj. Bardoutas. Espèce de
mulet, né de T&nesse et du cheval. Cet animal^ très-robuste
mais de forme peu élégante, est le souffre-misère de la
bande des mulets {coublo) ; c'est lui qui porte les bagages, et
le muletier par-dessus le marché. Au iig. butor, lourdaud ;
souffre-douleur. — Lou prénou pér barda, on en fait le
bouc émissaire, un objet de mystification ; on le charge de
tout ce qu'il y a de plus pénible. Pa$$a pér barda, deve-
nir le jouet, être le dindon de la farce.
U y a une distinction à faire entre les deux locutions :
passa pér barda et préne pér barda. Que le premier dicton
s'applique à qui porte^plus que sa part des peines et des
fatigues communes, c'est bien cela, mais c'est encore autre
chose. La charge susdite du bardot ne pouvant figurer sur
une lettre de voiture, il ne comptait pas lui-même au
nombre des mulets qui composaient là caravane. C'est dans
ce dernier sens qu'est prise la première locution, appliquée
à une personne qui, dans une dépense à faire, dans une
charge quelconque à supporter en commtm, trouve moyen
de s'exonérer de son écot, de sa tÂche ; passe comme on
dit par-dessus le marché, et par conséquent ne compte pas
non plus.
Pour le deuxième dicton : Barda, au fîg., signifie un
lourdaud, un imbécile, un sot et grossier personnage, dont
on se moque, dont on abuse, à qui Ton fait porter aussi
double bât, double charge; et l'individu qu'à tort ou à
raison on considère comme tel et que par conséquent on
traite de cette manière, on le prend pour bardot : il devient
alors chef d'emploi de doublure qu'il était, et la copie vaut
l'original.
Dér. du gr.Bap^6«, lourd, lent.
Barguigna, v. Barguigner; hésiter; balancer; être in-
décis, embarrassé.
Dér. de la bass. lat. Bareaniare, marchander. Ce der-
nier mot venait lui-même du lat. in barcam ire, aller sur
une barque, parce que le mot barca était à proprement
un esquif, on embarcation, sur laquelle les traïiquants
allaient et venaient, dans le port, d'un navire à l'autre,
pour traiter avec les patrons.
Bargnignûre , airo, adj. Péj. BarguigniAras , asso.
Barguigneur; marchandeur. — Voy. Raïsséjaïre.
Bari, s. m. En vieux languedocien, Rempart; barrière. —
La eariUro dâou Bari, la rue du Rempart, qu'on a eu le
bon esprit à Alais de ne pas franciser et qui s'appelle tou-
jours la ruê du Barry, Lou mtoii bari es la pès, le meil-
leur boulevard d'une ville, c'est la paix. Suivant la fameuse
deviâSt ce devait être aussi celui de l'empire ; mais depuis. . .
Esfùuïr<hbari d'Aoubinas, c'est le vieux surnom que Ton
donne aux habitants d'Aubeuâs. R est sans doute glorieux
pour eux, puisqu'il doit signifier : qui sape les remparts,
sapeur de remparts.
Dér. de la bass. lat. Vara ou barum, barricade, enceinte,
clôture, faite avec des poutres, premiers remparts des
villes, ou plutôt des villages qui devinrent des villes et
des places de guerre sous la féodalité, dans un temps où
tout le pays était couvert de forêts. On se servit ensuite
de l'expression, un peu modifiée , barium , pour mur de
ville fait de poutres, et le nom resta quand les pierres rem-
placèrent ces remparts trop faibles. Un prvb. disait, et il
justifie la dériv. : A bari bas éscalo noun fdau.
Barièïraîre, s. m. Préposé aux barrières, à l'octroi,
commis aux barrières à la perception des droits d'entrée
dans les villes.
Dér. de Barièïro.
Barièîro, s. m. Barrière. — Les villes, qui n'avaient
pas des portes, avaient des barrières, ne fût-ce que pour
empêcher la contrebande et assurer les péages. On les pla-
çait même quelquefois à des distances assez éloignées, qui
agrandissaient le rayon autour des villes ou des châteaux
féodaux; et les noms, qui persistent encore, en conservent
le témoignage, comme les anciennes chartes d'établisse-
ment. Un décret consulaire imposa un droit de péage à
l'entrée des villes pour les chevaux et les voitures, et pour
la perception on y plaçait des barrières mobiles. Ce droit
fut converti par la loi de frimaire an VII en octroi muni-
cipal, et les bureaux d'octroi occupèrent le même empla-
cement que les barrières. Ce n'est même que sous le nom
de barièïro que sont connus ces bureaux et le quartier
qu'ils occupent. Ainsi, on dit à Alais la BarOiro dâou
MaS'dé'Néffre pour désigner le bureau d'octroi du Mas-de-
Nègre.
Dér. de Bara.
Baril, s. m. Dim. Bar'ié, Baril, petit tonneau, barrique
à huile; barillet, petit baril. — Un baril désardos, une
barrique de sardines. Un baril d'anekdio, un baril d'an-
chois. Vn baril d'oli, un baril d'huile.
Dér. du celt. Barr, vaisseau, d'où la bass. lat. barillut,
baril.
Barioto, s. f. Brouette, espèce de petit tombereau, à
une roue et deux bras, traîné ou poussé par une personne.
— Voy, Brouéto ou Brouvèio,
Dér. de Ba, rédupl, et du lat. rota, roue, parce que
dans le principe elles avaient une double roue.
Barîon, t. m. Barillon, engin destiné à confeotionner
des trousses, de grosses bottes de foin ou de paille. G'ert
une sorte de filet, oompoeé de deux barres et de cordes
non croisées : un réseau ou tramail à cet usage.
Dér. de Baro, dont il est un dimin.
Banque, t. f. Barrique, grand baril. R ne se dit ^pie
du baril qui sert de caque aux anchois et aux sardines. On
se sert de ces barillets pour les chapelets de puils-à-roue.
— La musique es din la bariquo, disent les chantres et u
peu sans doute les chanteurs, dont la réputation est
BAR
BAR
95
d*ètre boas buveurs ; mais alors ils parlent de bariquo,
dans sa grande dimension, gros tonneau servant à conte-
nir du vin. — Au fig. et en style fam. ce mot signifie le
TOitre, les intestins. — Té vôou créba la bariquo, je te
ciéve le ventre. En esp. on dit aussi dans le même sens
haniea, ventre.
Dér. du celt. Barr, vaisseau, ou du lat. barillus.
Baiisqao-Barasqao, adv. Onomatopée exprimant Tac-
tion de quelqu'un qui , une barre à la main, comme une
làulx, renverserait ou briserait tout ce qui est à sa portée.
Aniig. brutalement, bruyamment.
Dér. de Baro.
Baija, fi. pr. de lieu, Barjac, ville et canton de Tarron-
dissement d'Alais.
Cette petite ville est mentionnée dans les anciennes
chartes avec quelques altérations dans son nom : en 4 076,
de Bariado; en 4077, de Bariac; en 1084, de Bargiaeo ;
mHZi, de Bargago;en M 32, de Barjago; en 1471, de
Barjoeo; en 4494, de Bargiaeo, En fr. on écrivait Barjac
ou Bargeac.
Abstraction faite de la désinence adjective ac, acum, et
en lang. a, où le c flnal est supprimé (F. a, an, suff.), la
iorme la plus ancienne du mot semblerait indiquer son
élymologie de la bass. lat. barium au plur., avec le sens
de wuBnia, fortification, selon Du Gange, et Barja signifie-
rait alors village fortifié. Mais n'a-t*elle pas été prise peut-
être du celt. berg, éminence, hauteur, d'où est venu le
vieux mot barge, aujourd'hui berge, ou mieux peut-être de
la bass. lat. baria ou beria, locus scUicet arboribu* desti-
UUu$, dumeiis verà vepribusque refertusf (Voy. Du Gange,
\o Berra.) On ne trouve pas en effet dans le territoire de
grandes forêts, mais de petits bois. Le nom d'un lieu voisin,
Bériae, dans l'Ardèche, pourrait servir d'indice, au moins
par analogie de situation, de nature de terrains et d'aspect
général,
n y a dans le Gard deux autres localités du même nom,
Barja, hameaux des communes de Monteils et de Trêves,
où la topographie et le sol confirmeraient notre dernière
interprétation.
Baija, 9. Maquer le chanvre, le broyer avec la maque.
— Ce mot semble une contraction du fréquentatif Barija,
qui n'est pas dans la langue, mais qui signifierait jouer de
û barre, passer à la barre : parce que les mâchoires de la
maque à chanvre ont bien pu dans l'origine n'être que de
8im{des barres à broyer. — Dans le dial. prov. maquer se
dit brégea, rapproché de broyer, dér. de l'allem. breehen,
rompre, briser; de cette origine germanique, le langued.
aurait bien pu conserver bar ou ber pour bérja et barja,
avec le même sens de briser et broyer.
Bar)a, o. Jaser ; babiller; jacasser; caqueter ; jabotter.
— Barja eoumo la bHo Jano, babiller comme une com-
mère, lou diable té barjef Au diable ton babil 1
Dér. du celt. BajtM ou du .gr. BoâCco, babiller, bre-
BariadisBO, <. f. Bavardage; longue causerie; babil
ennuyeux et insupportable.
Dér. de Barja,
Barjaire, airo, adj. Babillard, qui aime à causer; qui
ne cesse pas de jacasser. — Voy, Barjàou.
Barjalado, s. f, Bisaille ; trémois ; menus grains ; menus
blés; semences de mars; mélange de paumelle et de vesce
dont on fait un pain grossier. On sômc ainsi en mars, de
barjalado, les terres que le manque de temps ou les lon-
gues pluies ont empêché d'ensemencer en automne. —
Aquà's pas ^ué dé barjalado, c'est de la ripopôe.
Dér. du lat. Farrago, toutes sortes de grains.
Barjâou, âoado, adj, — Voy. Barjaïre.
Barjios, s. f, plur. Chêne vottes, débris du chanvre
broyé, maqué, avec quoi on faisait les allumettes soufrées,
avant que l'usage des allumettes chimiques, à frottement,
à phosphore, à explosion soudaine, plus dangereuses mais
plus rapides à s'enflammer, eût fait oublier les premières.
— Dansa sus las barjios, sauter de joie, être dans le ravis-
sement. Quand la culture du chanvre était une industrie
dans nos contrées ; quand arrivaient les barjios, la récolte
était finie, et c'était fête et repos; on pouvait danser.
Dér. de Barja, maquer.
Barjo, s. f. Maque, brisoir, banc à maquer le chanvre ;
babil, jacasserie, superfluité de paroles. — N'a pas que dé
barjo, il n'a que du babil, il n'y a point de fond.
Barlaqua, v. Mouiller, tremper; agiter dans l'eau ;
plonger dans l'eau.
Se barlaqua, se tremper jusqu'aux os ; se vautrer dans
l'eau et dans la boue; se saucer par la pluie.
Dér. de Bar, en v. lang. boue, fange, limon, et laqua,
vautrer.
Barlaquado, s, f. Mouillure, soit qu'elle vienne en jetant
à l'eau quelqu'un ou quelque chose, ou s'y plongeant soi-
même, soit par l'effet de la pluie qu'on reçoit. — Aï endura
uno bono barlaquado, j'ai supporté une grosse averse.
Dér. de Barlaqua.
Bamaje, s. m. Fouillis, embarras; bardes, meubles,
entassés en désordre. Au prop. effets personnels qu'on pr^d
en voyage.
Ce mot me parait la contraction de Barounage, qui vou-
lait dire l'ordre des barons, équipage de baron ; ou plus
simplement, du gaulois bamage, bagage désignant le train
d'un grand seigneur. — Voy. Baroun.
Baro, s, f, Dim. Baréto, baroù, barïoà, péjor. Barasso,
Barre ; pièce de bois ou de fer, longue et peu épaisse ; tra-
verse ; perche; latte. — Baro dé earéto, enrayure de
charrette. Baro dé galignè, juchoir. — Se préne uno baro /
si je prends un bâton ! Propre eoumo la baro d'un gaUgnè,
propre comme le perchoir des poules. Méire la baro à la
porto, bâcler une porte. Nous ajudaras à pouria ia baro,
tu nous aideras àporter le joug, dit-on à un nouveau marié.
Dér. du lat. Vara, traverse, pièce de bois mise en tra-
vers d'une porte.
96
BÂR
BAS
Baron, «.m. Bâton de chaise; traverse de bois rondin,
qui sert à soutenir les tables de vers à soie et qui porte
elle-même sur les chevilles des montants. Quand ces tra-
verses sont en bois scié, on les appelle jcuéno. — V, c. m.
Dér. de Baro.
Barongné, s. f. Baronnie; titre de baron ; terre baron-
niale, château baronnial. — Le quartier où s'établit aujour-
d'hui Tavenue de la nouvelle gare du chemin de fer, l'em-
placement de l'hôtel du Commerce, et tout ce pâté de mai-
sons, ainsi que la première gare, faisaient partie de ce
qu'on appelait autrefois à Alais la Barougnè, quand la
ville et son territoire étaient divisés en deux juridictions,
celle du baron et celle du comte; ce dernier avait aussi
des possessions vers le quai de la Comté, rappelant ce sou-
venir.
Baroun, i. m. ; au fém. Barouno. Dim. Barouné, péjor.
Barounas. Baron, titre de noblesse. — Le sort de ce mot
a été bien divers : lors de son premier emploi, dit Honno-
rat, il signifiait homme vil, ensuite homme en général, et
ir n'est devenu un titre d'honneur que vers l'année 567.
En italien, le mot barone signifie tantôt noble, vaillant,
puissant, et tantôt brigand, voleur, vaurien. Les extrêmes
se touchent.
Dér. du V. lang. Bar ou baro,vir, homme. Les rois appe-
laient barons leurs vassaux immédiats. Ils disaient indif-
féremment : mon baron ou mon homme, pour homme
d'armes.
Barounéia, v. Se montrer baron ; se vanter de l'être ;
se donner des airs de grand seigneur.
Dér. de Baroun,
Barqnado, s. f. Batelée ou barquée, plein une barque ;
le chargement d'une barque. — Empouï$ounariè uno bar-
quado dé erucifit, dict., il ferait faire naufrage, il porte-
rait malheur à une barque chargée de crucifix.
Dér. de Barquo.
Barque, t. m. Batelet; bachot; canot; esquif.
Dim. de Barquo,
Barqaéto, <. f. Petit bateau, petite barque ; barquerolle ;
barquette, espèce de pâtisserie, de gaufire, en forme de
barque.
Dim. de Barquo,
Barquiè, barqnièiro, adj, et s. De barque, qui tient à
une barque; batelier, patron d'un bac sur une rivière ; pas-
seur.
Dêr. de Barquo.
Barquo , s. f. Péjor. Barquasso, Barque ; bac; tartane;
allège. — Sa barqtto toquo, sa barque échoue; il est au
bout de son rouleau ; ses affaires vont mal. Mina Inin $a
barquo, bien conduire ses afiaires. Coumo txtï la barquo?
comment va la santé? comment vont les affaires?
Dér. du lat. Barea.
Bartas^ s. m. Dim. Bartoâsoù, Hallier, buisson épais,
touffe de ronces et de broussailles ; au pr. touffe de bois
taillis non élagué. — Amouroiu eoufno un barUu, par
contre-vérité, doux comme un fagot d'épines. Un sAouUh
bartas, a beaucoup de rapport avec trâouquo-baragnado
{Voy. Baragnado)^ et je n'y vois d'autre différence que
celle de l'escalade â l'effraction.
Le poète Salluste du Bartas était certainement méridional
par son nom ; né dans le nord de la France, il se fût appelé
du Ilallier ou du Buisson , avec ou sans séparation de
l'article; nous ne savons.
Dér. de la bass. lat. Barta, buisson, hallier, ou par l'ad-
dition d'un r, du grec Bdéro^, buisson.
Bartassado, s. f. Fourré de bois ; lieu rempli de hal-
liers, où il est difQcile de pénétrer ; grande touffe de buis-
sons.
Dér. de Barta$,
Bartasséja, v. Battre les buissons et halliers, terme de
chasseur ; quêter le gibier en fouillant les buissons.
Bartaasoù, «. m. Branche basse, ou plutôt rejeton de
chêne vert, rabougri et ravalé, et par cette raison plus
épais, plus touffu, dont on se sert pour ramer les vers à
soie en les mêlant avec la bruyère. Avant de les employer,
on les fait sécher et on les dépouille de leurs feuilles, en
les battant contre un mur. L'éducateur cévenol, supersti-
tieux observateur des lunaisons, ne coupe les barta$$o^
que pendant la nouvelle lune, sans quoi il arriverait que
le bois en serait de suite vermoulu et se briserait en le
frappant. D'après lui, tous les arbres verts doivent être
coupés en lune nouvelle, et tous ceux qui perdent leur
feuille, après la pleine lune, sous peine des vers.
Dim. de Bartas,
Bamnla, v. Rouler; courir; rôder; vagabonder.—
— Barunlè lous éscaïés, il roula l'escalier.
Rédupl. de Runla. — F. c. m.
Banmlaîre, ûro, adj. et s, m. Vagabond; batteur
d'estrade ; coureur ; rouleau, cylindre mobile qu'on roule
sur une terre nouvelleofent ensemencée pour aplanir la
crête des sillons et raffermir le terrain.
Dér. de Barunla,
Banrnlo, «. f. Pente escarpée et rapide ; terrain qui va
en descendant, très-incliné. — Préne la barunlo, être
entraîné par la pente, dégringoler, au pr. et au fig.
Dér. de Ba, signe du rédupl. et du lat. roiula, petite
roue.
Bamtèl, s, m. Claquet ou traquet d'un moulin ; blu-
teau, blutoir; sas. Au fig. babillard sempiternel, bavaid
dont le caquet imite le bruit incessant d'un traquet de
moulin.
Dér. du lat. Volutare,
Bas, baaso, adj, Dim. Ba$sé, péj. BoMsat, Bas, pro-
fond ; qui a peu de hauteur.
A bas, adv. A bas ; doucement.
En bas, ou Dé bas, adv. En bas, au fond.
L'émbas ou Lou débas, s. m. Le bas; par raf^rt an
premier étage d'une maison; le rez-de-chaussée; le fond.
— Lou vin es bas, le tonneau est au bas. Dé la eéniuroém
ï
BAS
BAS
97
bas, de la ceinture aax talons. Es à bas, il est tombé,
détruit, par terre.
Dér. de la bass. lat. Bassus,
Bas, f. m. Dim. Basté, péj. Bastas. Bât, espèce de selle
très-forte pour bêtes de somme, servant au transport. —
Anin plan, lou bas se bagno, OU se moïo, doucement, ceci
commence à se gâter {Voy. Bagna). Pourta lou bas, payer
l'acquit pour les autres ; avoir tout le souci.
Dér. du celt. Basi, d*où la bass. lat. aurait fait bastum,
bât ; ou bien du gr. Bavréç, bâton avec lequel on porte les
fardeaux, forme de Baazéû^ivt, porter une charge.
Basaclo, s. m. Terme de comparaison à tout ce qui est
large et grand. — Âquéles soutes soun dé hasaclss, ces sou-
liers sont démesurément larges . Il existe à Toulouse une
grande minoterie de ce nom sur la Garonne et le canal
Brienne. Est-ce ce nom qui est devenu type, ou bien
vient-il lui-même de ses grandes dimensions ; ou enfin ces
deux acceptions existent-elles indépendantes Tune de
Tautre? Cette dernière hypothèse parait plus raisonnable.
Le mot Basaele est ancien dans l'idiome, tandis que le
moulin du Basaele a été construit sous l'administration de
Mgr de Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse, qui
a laissé son nom au canal sur lequel il est construit ; ce
qui ne fait remonter son établissement que vers les années
qui touchent à 4789. Son architecture ne présente pas une
date beaucoup plus ancieane, en supposant qu*il ne se fût
agi alors que d'un agrandissement. Du reste, ce mot parait
dér. du lat. Vasculum, vase, vaisseau.
Basall, I. m. Basilic, serpent ou lézard, animal fabuleux,
dont le regard, ditron, donnait la mort, s'il voyait l'homme
avant que l'homme l'eut vu. On croyait , et qui dirait que
bien des gens ne croient pas encore? qu'il provenait des
CBufs d'un vieux coq. Dans les Castagnados, le marquis de
la Fare-Alais a chanté cette légende et a dédié cette pièce à
Jean Reboul : deux noms fraternels ! deux gloires locales !
Dér. du gr. haaik\x6ç, royal.
Basait, s. m. Basilic, Ocymum basilicum, Linn., de la
fam. des Labiées, plante annuelle, aromatique, quelle popu-
laire cultive avec soin dans dés pots cassés. Les jeunes
gens des deux sexes, quand ils sont endimanchés en été,
ne se passeraient pas d'un brin de basilic à la bouche, à la
main ou sur le sein. C'est le patchouli cévenol. On peut
l'appeler aussi l'oranger du savetier, car il n'est guère de ces
artisans qui n'en aient un pot dans leur boutique. Notez qu'on
ne dit point vase, attendu que c'est presque toujours un vieux
pot hors de service et chassé de la cuisine, qu'on emploie à
ce dernier usage. — Enguén-basall , basilicon, onguent.
Itlême étym. que le mot précédent.
Bassaqna, v. Caboter; secouer; remuer d'un côté â
l'autre ; ballotter comme un sac.
Dér. de Ba, particule rêdup., et de sa, saquo.
Bassaquamôn, s. m., ou Bassaquado, s. f. Secousse ;
cabot, cabotage d'une voiture.
Même dér. que le mot préc.
Basaaquo, s. f. Paillasse de lit; sac à paille; large sac
dans lequel se plient les bergers dans leur cabane, et sur-
tout lorsqu'ils bivouaquent dans les pâtis des montagnes.
Même dér. que Bassaqua.
Bassarèl, s, m. — Voy. Bassàl. m. sign.
Basségou, <. m. Timon d'une charrue, d'un araire;
brancard d'un puits à roue, auquel est attelé le cheval qui
met en mouvement son mécanisme.
Dér. du lat. Baculus, bâton.
Bassèl, s. m., ou Bassarèl. Battoir de lavandière, palette
de bois dont elles se servent pour battre le linge en lavant.
Au fîg. soufflet, tape â main plate.
Dér. du lat. Baculus, dim. Bacellus.
Basséla, v. Battre le linge avec le bassH, Au fig. frap-
per, battre comme plâtre ; frapper â coups redoublés ; par
ext. tourmenter, inquiéter.
Dér. de Bassèl.
Bassélaje, s. m. Bruit de battoir de lavandière ; ou
tout autre bruit ou tapage qui lui ressemble par la fré-
quence des coups.
Dér. de Bassèl.
Bassèsso, s. f. Action indigne d'un homme ou d'une
femme d'honneur ; action honteuse ; une faiblesse chez le
sexe . — A fa uno bassèsso, il a commis une lâcheté.
Emp. au fr., le mot, mais non le seûs.
Bassina, s. m. Au plur. Bassinasses. Cocons qui ne
peuvent achever de se dévider dans la bassine, soit qu'ils
aient été attaqués par les rats, qui auraient rompu la suite
du fil, soit parce que le papillon aurait commencé à les
bouchonner intérieurement, comme on le voit à l'article
Baba, ou bien encore que le fil serait bouchonné naturelle-
ment {Voy, Troumpiio), ou enfin que le fil soit tellement
inconsistant qu'il casse â chaque instant.
Dér. de Bassis.
Bassina, v. Bassiner, chauffer avec une bassinoire; bas-
siner, fomenter en mouillant avec un Imge imbibé ou avec
une liqueur tiède. — Se bassina l'éstouma, se réconforter
le cœur par la boisson, se réchauffer par quelques rasades.
Dér. de Bassina.
Bassinado, s. f. Contenu d'une bassina, plein une bas-
sina. — Bojo dé plèjo à bèlos bassinados, la pluie tombe
à seaux.
Dér. de Bassina.
Bassiné, s. m. Bassinet d'un fusil, d'un pistolet ; partie
creuse d'une arme à feu qui reçoit l'amorce. — Fôou era-
cha àou bassiné, il faut payer d'avance, payer comptant :
c'est d'un petit bassin, d'une sébille â quêter qu'il s'agit
dans ce dicton, et non du bassinet d'une arme quel-
conque.
Dim. de Bassis.
Bassino, s. f. Cuiller â seau pour puiser de l'eau. Elle
est ordinairement en cuivre. Quelqpiefois, pour éviter le
vert-de-gris, la queue seulement est en cuivre et le bassin
en étain.
13
98
BAS
BAS
Depuis qae le français s*est emparé de ce mot pour
exprimer le vaisseau où l'on fait bouillir les cocons dans
une filature, le languedocien Ta suivi dans cette voie ;
mais sous cette dénomination il ne désigne que la bassine
en poterie des nouvelles filatures. — Voy. B€usi$.
BasslB, s. m. Au plur. BosiiuM. Bassin ; vivier ; plat
à barbe; particulièrement, bassine à filer les cocons. Le
boêsU était autrefois en fonte ou en cuivre pour résister à
Faction directe du feu : dans les filatures à la vapeur ou
à la Gensoul, ils sont simplement en poterie.
Dér. du gaulois ^oc^'fiotf, bassin; la bass. lat. avait
bacinus, formé de Tallem. back, signifiant lac; dim.,
bassin.
Basso-conr, s. f. Cour, basse-cour. — Le lang. exprime
Tune et Tautre acception.
Emp. au fr.
Bassoù, s. f. Profondeur; ce qui est bas et profond.
Dér. de Bas.
Bastar, ardo, adj\ D'un, Bastardoà, ouno. Bâtard,
enfant naturel. En terme d'agriculture, sauvage, sauva-
geon.
Dans cette dernière application, on dit tantôt bastar,
tantôt bouscas; l'usage seul indique les différents emplois.
En général cependant l'adj. bastar s'accole aux simples et
aux plantes potagères, et bou$ea* aux arbres et arbustes.
On dit : api battar, aïgrito bastardo, et castagne bouscas ,
férié bouscas. Il y a une distinction qui parait plus tech-
nique encore : on dit bastar d'un végétal qui, quoique de
la même famille que celui qui lui ser^ de type, en diffère
par sa nature et sa production ; tandis que bouscas est pro-
prement le sauvageon, qu'on peut assimiler au type en
Tentant.
Le dim. Baslardoà, ouno, ne se prend jamais qu'en par-
lant d'un enfant illégitime, naturel.
Dér. du gr. Ba^ai^a, femme prostituée.
Bastardiô, ièîro, adj. Préposé des hôpitaux qui va
conduire les enfants-trouvés en nourrice.
Bastardiôîros, i. f. pi. Comportes, grands paniers
d'osier doubles, où l'on dépose les enfants-trouvés pour les
transporter à dos d'âne chez leurs nourrices.
Bagtardije, s. f. Bâtardise; état de celui qui est bâtard ;
signe de bâtardise.
Bastardnégno, s. f. La gent bâtarde; les enfants-trouvés
pris collectivement ; les bâtards en général.
La dérivation du mot n'a pas besoin d'être expliquée,
tant elle est naturelle. Au substantif est joint le suffixe
uigno, qui marque la collectivité ; il est peu fréquent et
propre à notre dialecte. On le rencontre dans éfantuègno,
trassuègno, avec la même idée collective.
Baste ! adv. Plùt à Dieu ! A Dieu plaise I — Le Iran-
(aïs a également le mot baste, peu usité et familier, qui
signifie : soit, passe pour cela, j'en suis satisfait. Dans le
lang., Boâtef exprime un souhait. Ce n'est donc que la
différence du vœu, du désir à Tapprobation : une nuance.
Les deux mots ont évidemment la même origine. Basier^
verbe neutre, impers., anciennement en fr., ne s'est con-
servé qu'à l'impér., comme en lang. l'ancien verbe Basta,
L'un et l'autre devaient être contemporains et procédaient
d'une source commune avec l'ital. Bastare, suffire, qui
fait basta, il suffit. La racine doit donc être la même pour
tous, et elle ne peut être que dans le lat. bené stare, qui
répond à toutes les acceptions dans les trois langues.
Basté, s. m. Mantelet, sellette d'un cheval de Irait, qui
supporte le brancard ou limonnière.
Dim. de Bas, bât.
Bastéja, v. Charrier à bât, à dos de mulet on d'âne ;
transporter sur le bât ; porter le bât.
Dér. de Bas, bât.
Basti, V. Bâtir, construire en maçonnerie; établir ; battre
violemment, frapper, jeter contre le mur. — Lou roussi-
gnôou couménço dé basH, le rossignol commence à bâtir
son nid. BaHÏ sus lou davan, en parlant, d'un homme,
engraisser, prendre du ventre ; d'une femme, être enceinte ;
avancer dans sa grossesse. BasUHèï aquél drôle, quand
bado coumo aquà, je souffletterais cet enfant, quand il crie
de la sorte. Quâou m'a basU aquél gusas? qui m'a amené
ce gueux-là?
Dér. du gr. Ba<n6ç, bâton, parce que dans les premiers
âges on construisait les maisons avec des perches et des
barres.
Bastido, s. f. Maisonnette de campagne ; villa.
En Provence, et à Marseille surtout, ce nom a été donné
aux pavillons et aux maisons des jardins qui sont dans la
banlieue des villes. Il ne s'applique qu*à des maisons
d'agrément, et non aux fermes et aux bâtiments d'exploi-
tation.
Dér. de BastL
Bastiè, s. m. Bourrelier; ouvrier qui fabrique des bâts;
celui qui fait et vend tout l'équipage des bêtes de somme,
bâts et gros harnais.
Dér. de Bas, bât.
Bastimèn, s. m. Navire, vaisseau. — Il est impropre
de s'en servir pour désigner un bâtiment sur terre, un
édifice.
Dér. de Basti,
Bastisso, s. f. Bâtiment, construction' en maçonnerie ;
toute chose bâtie; action de bâtir ; frais de constructioD.
— Aïmo la bastisso, il a la manie de faire bâtir, la maladie
de la truelle. Aquélo cu^âou fat dé bono bastisso, ce mortier
fait une excellente prise. La bastisso la arouina, la manie
de bâtir Ta ruiné.
Dér. de Basti,
Bastoù, f. m. Dim. Bastouné, péj. Bastounus. Bâton;
canne ; long morceau de bois, brut ou travaillé, que Vtm
porte à la main pour se soutenir, pour parader, pour cou*
duire des animaux, pour se défendre, etc. — Seras mom»
bastoù dé vOUsso, tu seras mon bâton de vieillesse; mon
appui, mon soutien dans mes vieux ans. Tour dâ»u tanvè.
BAT
BAT
99
tour de bâton, pour dire profits casuels et illicites d*un
emploi.
Dér. da gr. Baordc.
Bastonnado, <. f. Bastonnade; volée de coups de
bâton.
Batacla, v. Bâcler une affaire, la terminer rondement,
promptement; finir nn ouvrage rapidement, tambour-bat-
tant. — Sera lèou batacla, ce sera bientôt troussé.
Dér. du lat. Baeulare, fermer avec un bâton.
Bataclan, s. m. Avoir, mobilier d'une maison; nippes
et argent; équipage; étalage ; batterie de cuisine ; attirail
de ménage. — A éseudéla toui soun bataclan, il a dissipé
tout son saint-frusquin. Empourtas tout voste bataclan,
emportez tout votre attirail, tout ce qui vous appartient.
En provençal, on dit Pataclan, c'est évidemment le
même mot. Cette homonymie ne pourraiirelle pas mettre
sur la voie de Tétym. ? Ne dériverait-il pas alors de Pato,
chiffon, tiré du gr. Ild^Tr^^ia, chose vile, et de KXico, rompre,
briser, KXiaiLa, éclat, morceau ?
Batado, s. f. Dim. Batadéto, péj. Batadasso. Empreinte
de la patte d'un animal.
Dér. de Bato.
Bataîa, v. Bavarder; brailler; babiller; batailler en
paroles.
Dér. du lat. Batuere, combattre, se disputer.
Batûaîre, aîro, adj, Péjor. Bataia%ras,aiso, Babillard;
braillard; bavard qui aime la discussion.
Dér. de Baiata.
Bataïo, s. f. Bataille; batterie, querelle entre des com-
battants. — Faïre la bataïo, jouer à la bataille, à coups de
fronde. C'est une sorte de petite guerre qui a été fort en
vogue chez les enfants et jusque chez les gars de quinze à
dix-huit ans, sons le Directoire et le Consulat. Les diffé-
rents quartiers d'une ville se formaient sous des bannières
différentes. Ce jeu avait fini par donner lieu à des études
de stratégie et de ruses de guerre fort savantes. La police
alors se montrait peu répressive aux développements de
cette science, et les enfants avaient d'autant plus de zèle
et de loisir pour cet exercice qu'on trouvait peu d'écoles
de ce temps. Pendant l'Empire, il y avait ailleurs trop
d'occasions sérieuses de batailler pour chercher des amuse-
ments dans l'imitation. Plus tard, la police mit bon ordre
à des jeux qui avaient voulu reprendre leurs anciennes
proportions. Sous le nouvel empire, ces divertissements
enfantins seraient moins tolérés que jamais. La paix n'est-
elle pas son principe ?
Emp. au fr.
Bataîoim, s. m. Bataillon; grand nombre, multitude;
loule.
Emp. anfr.
Batanlnl, t. m. Espèce de coiffe, de bonnet de femme,
doot la dentelle descend sur le front et les yeux comme un
demi-voile.
Dér. du fr. Batiani4'œU, terme que la mode consacra
dans le temps, et qui a passé avec elle. L'expression, qui
est restée générique en languedocien, a survécu.
Batéîè, îèiro, adj. Dér. de Bateau. — Voy. Barbie.
Batéîre, éîro, adj. Qui aime à battre, qui cherche
noise; querelleur; disputeur.
Dér. de Batre.
Batéja, v. Baptiser, donner, conférer le baptême; donner
un sobriquet à quelqu'un ; asperger d'eau la tète de quel-
qu'un par plaisanterie; tremper, arroser d'eau. — Batéja loti
vi, tremper le vin. Couro batéjes ? Quand feras-tu baptiser
ton enfant ? c'est-à-dire quand ta femme accouchera-t-elle ?
L'an batéja émbé d'aïgo dé mérlusso, c'est un mauvais
chrétien, un mal-baptisé. Batéja souto'n cade; quand les
protestants n'avaient point le libre exercice de leur culte,
c'est dans les champs, au désert, qu'ils accomplissaient
toutes leurs cérémonies religieuses, et que par conséquent
ils donnaient le baptême ; de là, pour indiquer un protes-
tant, le dicton : es esta batéja joufo'n cade, il a été bap-
tisé sous un genévrier. Ce dicton, par extension, tend bien
aussi à prendre la signification du précédent. / fariè batéja
un téoulé, il lui inspire tant de confiance, il a tant d'em-
pire sur lui, qu'il lui ferait baptiser une tuile , qu'il lui
ferait croire que les enfants se font par l'oreille. Té vôou
batéja coumo se déou, je vais t'asperger comme il faut.
Lou Batéja, cérémonie; escorte; fête de baptême.
Dér. du gr. Edmiiy, plonger dans l'eau.
Batéjado (La), i. f. n. pr. de lieu. La Batéjade, quar-
tier voisin du hameau de Larnac, dans la commune
d'Alais. Son nom lui vient-il de ce que, au moment de
l'introduction du christianisme dans les Gaules, ce lien
fut témoin de la prédication de la foi nouvelle par un des pre-
miers apôtres et de la conversion des plus anciens habitants
de nos contrées? Nous ne le pensons pas. H semble plutôt
ne dater que de l'époque de nos dissidences religieuses où
les cérémonies du culte, les assemblées et l'administration
du baptême se faisaient, comme on disait, au désert.
Batèmo, s. m. Baptême, sacrement qui efface le péché
originel et rend chrétien ; le premier des sacrements. — A
pas que lou batémo dé trop, il a le baptême de trop : c'est
une brute. Téni en batémo, être parrain d'un enfant.
Dér. du lat. BaptUma.
Batén, s, m, Vanteau de porte, de croisée, d'armoire.
Dér. de Batre.
Bat-én-goulo (Bé), adv. Tout grand-ouvert ; ouvert à
deux battants ; béant.
Formé de Bâton batén, vanteau, et de Gâoule, jable,
mortaise ; c'est-à-dire battant ou vanteau à mortaise.
Batèon, s. m. Bateau, petit vaisseau qui va à rames, et
qui est particulièrement destiné à naviguer sur les rivières
ou dans les ports.
Emp. an fr. Dans la bass. lat. BatêUus.
Batèato, s. f. Batterie ; rixe ; combat à coupé de poings,
de bâton du de pierre.
Dér. de Boire.
100
BAT
B£
Batioù, i. m. Pied de cochon, de mouton, spécialement;
pince d'un cheval. Par ext. péton d*un petit enfant.
Dim. de Bato.
Batiste, n. pr. d*homme. Dim. BatUtoù, souvent abré-
gés l'un en Titto, l'autre en Tistoù, Baptiste : nom insépa-
rable de Jean, qui vient de saint Jean-Baptiste . — Tran-
quifde eoumo Batisto, tranquille comme Baptiste ; on dit
de même proverbialement en français : un père tran-
quille.
Batistonèro, «. m. Constatation du baptême sur le
registre curial ; l'acte lui-même. On disait autrefois l'extrait
baptistère ou de baptême, ce qui équivalait à l'acte de
naissance d'aujourd'hui, lorsque les curés étaient c'^ r>és
de la tenue des actes de l'état civil. En languedocien,
malgré ce changement dans nos institutions, on nomme
encore un acte de naissance : batistouèro. — Regarda Iju
haiistouiro d'aquélo miolo, regarde l'Âge de cette mule à ses
dents. A perdu soun batistouèro, dit-on d'une femme () ui
cache son âge.
Dér. du lat. Baptûma.
Bato, s. f. Dim. Batéto, bafioù, péjor. Batasto, Pied;
oorne du pied des bœufs, des brebis, des porcs, des chè-
vres ; sabot d'un cheval, d'une mule, d'un âne. — DaXica
eoumo uno halo d'tue, douillet comme le sabot d'un àne ;
par contre-vérité. A vira las batos, il a tourné les pieds
en l'air ; il est mort, ou il est crevé.
Bato dé biôou, espèce de grosse figue, assez fade et
aplatie.
Voy. Pato.
Dér. de Batre, par la raison que c'est avec cette partie
que les animaux battent ou foulent le sol.
Bato-quioulo, s. f. Gassc-cul, selle ; contre-coup sur le
derrière, comme lorsqu'on tombe en glissant, ou qu'on
vous enlève une chaise sur laquelle vous comptiez vous
asseoir. — Douna la bato-qutouh, est un jeu d'enfants
(cet âge est sans pitié) qui consiste â prendre le patient,
ordinairement le plus faible de la bande, et en le soule-
vant par la tête et par les pieds, à lui faire, par saccades
régulières, donner du derrière contre une pierre ou sur le
sol.
Sauvages rapporte que c la selle est en Lombardie le
supplice des banqueroutiers, et la pierre sur laquelle on
les fait tomber en les hissant et en les lâchant de fort
haut, au moyen d'une corde et d'une poulie, est appelée :
pierre d'ignominie. » C'est de l'histoire du moyen âge, et
peut-être du temps du roi Didier. Ces sortes de supplices
q)éciaux sont aujourd'hui abolis partout.
Formé de Boire et de Qukm.
Batre, o. Battre; frapper; donner des coups; frapper
fortement. — Botn dé las dos mans, terme d'agric,
bêcher des deux c6tés, de manière à rejeter la terre sur un
même point pour niveler le terrain et combler un bas-fond.
Boire la pavano, vagabonder. Batre uno mareho, suivre
un plan de conduite, entrer dans une voie : il se prend |
d'ordinaire en mauvaise part. Chacun ba sa mareho, cha-
cun tire de son côté. Batre atoiis, jouer de l'atout. Batre
las eartos, mêler les cartes. Batre la eampagno, battre la
campagne; radoter ; chercher des faux-fuyants. Batre l'àïgo
émbe un bastoù, battre l'eau avec un bâton, perdre son
temps. Balre d'iôous, brouiller des œufs. Mena un bel
batre, faire étalage de sa fortune; mener grand train; faire
un commerce sur une grande échelle.
Dér. du lat. Batuere, battre.
Batu, ude, part. pass. de Batre. Battu, ue. — Coueu
et batu, les battus paient l'amende.
Batude, s. f. Battue, terme de chasse et de louveterie;
battue, terme de filature, quantité de cocons mise en une
fois dans la bassine â filer et â battre avec le petit balai ;
séance de travail sans désemparer; quantité de travail que
fait un ouvrier entre un repas et l'autre.
Dér. de BcUre.
Batnma, v. Enduire; cimenter; empoisser ; goudronner.
Par ext. enduire un mur, terme de maçon. — Batumo,
dit-on d'un ivrogne qui s'en va battant les murailles.
Dér. du lat. Bitumen.
Batorèl, èle, adj. Péj. Baturélas, asso. Bavard; babil-
lard; caqneteur; causeur ennuyeux.
Métathèse de Barutèl.
BaTar, arde, adj. Dim. Bavardé, bavardoin, péj. Bavar-
das. Bavard, babillard ; efi'ronté, impertinent; sot, insolent.
Dér. de Baba.
Bavardije, i. f. Bavarderie ; impertinence ; effronterie.
Même étym. que le précéd.
Bé, s. m. Dim. Béné, augm. Bénas. Domaine ; immeuble
rural, quelle que soit son importance ; génériquement, for-
tune, avoir, biens, possessions, richesses. — A foço bé àou
sourél, il est riche en fonds de terre. Pér tout lou bé gué
se sourêïo, voudrièï peu.... pour toute la fortune du monde,
je ne voudrais pas... Un bé de dous eoubles, un domaine
de deux charrues.
Dér. du lat. Béni.
Bé, adv. Bien; beaucoup; considérablement. Cette
expression est prise explétivement comme en fir., pour
synonyme de : en effet, certainement, â la vérité ! Devant
une voyelle, on y joint un n euphonique. Elle prend aussi
quelquefois la forme substautive. — Bé talamén, très-cer-
tainement ! T souï bé^-ana, j'.y ai bien été. — Gna bé
foço, il y en a en effet beaucoup. Dé bé s'en fàou, il s'en
faut bien, il s'en faut de beaucoup. Tout se fat pér un bé,
rien ne se fait sans raison. Ou fasiè pér un bé, il le ûûsait
dans de bonnes intentions. Ou a tout fa hormï lou bé, il sl
fait toutes sortes de choses excepté le bien. Fasés dé bé à
Bértran, vùt*s ou rendra en eagan, prvb.. Graissez les
bottes d'un vilain, il dit que ça les brûle; chantez & l'âne,
il vous fera un pet, ce qui revient au vieux prvb. fr. : Oignox
vilain, il vous poindra ; qui ajoute de plus que le nôtre :
Poignex vilain, U vous oindra.
Dér. du lat. B$ni.
BEC
BËD
101
Bè, f . m. Dim. Béqué, béquoà, péj. Béqu<u. Bec, partie
cornée qui tient lieu de bouche aux oiseaux; nez; pointe
en forme de bec ; au fig. babil, langue, caquet. — Â un
pouli M^ il a un fameux nez, fam. un fameux pif. Taïo ta
pMo? dé bel dé bel expr. prvb., mot à mot : ta hache
ooupe-t-elle? de la pointe seulement; mais cela s'applique
à une personne qui n'a que du jargon, à un faux brave.
Vn eo débè, un coup de langue, un trait satyrique, un
sarcasme. Manqua pas dé bè, il ne manque pas de babil.
Tine lou bè din l'àigo, payer par de belles paroles, faire
attendre.
Dér. du gaulois Becq, ou du celto-breton bak ou beg,
Bèbo, s. f. Aloue, mine ou grimace de mauvaise humeur,
de bouderie. — Faire la bèbo, faire la moue, bouder.
Dér. de Bè.
Bécar, i. m. Goujon, bouillerot, Cyprinus gobio, Linn.
Cest un petit poisson de rivière (bien qu'on cite un pêcheur,
un seul , qui en prit un de S50 grammes ou demi-livre pour
être clair), d'un bleu noirâtre sur le dos et le ventre blan-
châtre à filets jaunes. Son nom de Bécar lui viendrait-il de ce
qu'il mord, ou bèquo, facilement à l'hameçon des pêcheurs-
amateurs, dont il est la grande ressource ?
Bécam ou Béchara, s. m. Flamant, bôcharu, phéni-
coptére, Phttnicopterus ruber, Linn., oiseau de l'ordre des
Échassiers. Son nom lui vient dé la grosseur de son bec.
Bécasso, 9. f. Bécasse; bécasse ordinaire, Scolopax rus-
tieola, Linn., oiseau de l'ordre des Échassiers et de la fam.
des Tenuirostres. Sa chair est très-estimée ; gibier d'un
fumet supérieur. Son long bec effilé lui a fait donner son
nom.
BéeasBo s'applique au fig. à une personne niaise ; sot,
butor. — Ckd coutno uno bécasso, stupide comme une
bécasse. Toutaquà ses foundu en mèrdo dé bécasso, tout
œla est venu à rien.
Les deux dim. Bécassoà, s. m., Bécassino, s. f., bécas-
sine, Scolopax gaUinago, Linn., sont des oiseaux du même
genre et de la même famille que la bécasso, plus petits
comme leur nom l'indique, mais de même fumet et de
pareille délicatesse de chair.
Béchar, s. m. Dim. Béchardé. Houe fourchue, houe à
deux becs, binette, qui est l'instrument le plus usité dans
ce pays pour travailler la vigne, les mûriers, et pour toute
espèce de travail à bras, là où la pierraille empêche d'em-
ployer le louchet. — Voy, Luché.
Dér. de la bass. lat. Besca ou becca, bêche.
Béchérino, s. f,, ou Réîné. Roitelet, le plus petit des
QÛeaux d'Europe. Il y en a de deux espèces également
communes dans nos contrées et que le languedocien con-
fond sons le même nom ; ce sont le roitelet ordinaire, Be-
pUus cristaius, et le roitelet triple-bandeau, Regulus igni-
tapiUuê, Temm. Le second ne diffère que par le dessus de
sa tête, orangé couleur de feu, du premier, dont les parties
supérieures sont olivâtres nuancées de jaune, gorge et
poitrine roussâtres, et les parties inférieures blanchâtres.
Bèchos, f. f.plur. Lèvres; grosses et laides lèvres. Ne
se prend qu'au péjoratif, en terme de mépris. Autrement
on dit : Icu bouquos.
Dér. de Bè.
Béchu, ndo, adj. Péj. Béchudas, asso. Lippu ; qui a de
gros^s et vilaines lèvres ; bec-de-lièvre.
Dér. de Bè.
Bécu, ndo, adj. Dim. Bécudé, péj. BécudM. Qui a un
bec, une pointe en forme de bec. Au Hg. babillard ; rai-
sonneur; qui se rebèque, qui réplique à tout. — Pèses
bécus, pois pointus, pois-chiches. Sièto bécudo, écuelle à
bec {Voy. Crouséludo). Es uno bécudo, elle a la langue
affilée.
Bèdaîne, s. m. Bec-d'àue , outil de menuisier, espèce de
rabot destiné à vider les mortaises.
Emp. au fr.
Bédé, I. m. Petit agneau, terme d'amitié qu'un berger
donne â un agneau favori. Lous bédés, les moutons ou les
brebis, dans le dictionnaire des petits enfants.
Onomatopée tirée du bêlement des brebis ; le gr. avait
aussi B^, et le latin bee, pour exprimer le bêlement.
Bédigano, s. f. Sarment, liane de vigne sauvage dont
on fait des cannes.
Formé et corrompu de VédU et de cano. — V. c. m.
Bédigas, s. m. Bédigasso, s. f. Dim. Bédigassé, péjor.
Bédigassas. Agneau d'un an, mouton de l'avant-demière
portée. Au mois de septembre, les agneaux de l'année com-
mencent à s'appeler Bédigas, nom qu'ils conservent jus-
qu'au mois de septembre suivant, où ils deviennent Dou-
bien.
Bédigas, au masc. et Bédigasso, au iém. se disent des
bonnes personnes, sans fiel et sans malice. Bédigas est
aussi un terme de commisération. — Es un bédigas, un
bédigassas, un bédigas sans lano, c'est un bonhomme, une
bonne pâte d'homme, une bête du bon Dieu. Pâoure bédi-
gas / pauvre homme ! le poverazzo des Italiens.
Augment. de Bédé.
Bédigo, s. f. Brebis de l'année; brebis maigre, malingre,
éclopée. — Voy. Bédigas.
Bédin-Bédôs, s. m. Jeu des osselets; osselets. — Les
enfants, pour jouer â ce jeu, se munissent d'osselets, qui
font le plus souvent l'enjeu, quand il n'est pas autrement
intéressé ; chacun des joueurs doit en avoir au moins trois.
L'adresse consiste â placer les osselets dans un trou
creusé dans la terre, â une certaine distance. Au premier
coup celui qui joue dit : Bédin ou bédï ; au second, bédàs
ou bédà, et au troisième, sàauio din hu crds. L'incantation
et le jet doivent être rapides ; le gain de la partie appar-
tient, comme de raison, au plus adroit, qui fait rafle. Ce
jeu est fort ancien ; l'histoire raconte qu'Auguste, empe-
reur, s'y divertissait beaucoup.
Les osselets avec lesquels on joue, sont la rotule du
genou des moutons. La nom du jeu ne viendrait-il pas,
pour cette raison, de Bédé, mouton, agneau?
102
BEL
BEL
Béfa, s. m. Bienfait; bonne œavre; bonne action.
Dér. du lat. Benefactum.
Bèfi, io, adj. Péj. Béfiat, asso. — Voy. Bofi.
Bégatagno, adj, des deux genres. Bègue, qui bégaie.
Péjoratif de Bègue.
Béga, udo, part. pan. du v. Béoure. Bu, bue. — Y-a
bégu, il a donné dans le panneau.
Bégudo, s. f. Bouchon, petit cabaret de route, où Ton
s'arrête pour se rafraîchir. Ce mot est devenu nom propre
pour une foule de maisons et de lieux où cette industrie
ne s*exerce plus, mais où elle existait autrefois.
Dér. de Bégu.
Bègue, bèguo, adj. Bègue, qui bégaie.
Dér. du gaul. Bec, d*où le lat. heccus.
Bégni, t. m. Dim. Béguine. Béguin, bonnet d*enfant de
naissance ; tétièro ou coiffe de toile, qu*on attache sous le
menton au moyen d'une bride ; béguin en velours ou en
soie qu'on leur met un peu plus tard par-dessus la têtière.
— L'a prés àou héguï, lou quitara àou couïssi, c'est un
défaut qu'il a pris au berceau et qu'il ne quittera qu'au
tombeau.
Ce mot, comme son correspondant français, dérive évi-
demment du mot Béguine, parce que sans doute les reli-
gieuses de ce nom portaient une coiffure à peu près sem-
blable dans l'origine. Elles formaient un ordre fort ancien
et qui est resté fort populaire en Belgique, où elles exer-
çaient une œuvre de miséricorde. Ce nom, d'après un
auteur anglais, vient de la première fondatrice de l'ordre,
Bégué, fille de Pépin de Landon, mère de Pépin d'IIéristal
et grand'mère de Charles-Martel, qui fonda la première
maison à Gand, au Vil* siècle.
D'autres le font dériver d*un chanoine de Liège, nommé
Lambert dit Le Bègue, qui aurait fondé cet ordre en mi.
A cette époque les surnoms avaient plus d'importance que
de nos jours , ils devenaient l'appellation vulgaire, et il
n'est pas étonnant que ce Le Bègue ait pu donner son
nom à un monastère de sa fondation.
Un mot allemand pourrait aussi intervenir dans Tétym.
C'est Beginn, commencement, origine; bonnet qu'on met
aux enfants nouveau-nés.
Bèîâoime» $. m. Béjaune. Les deux acceptions du fr.
au prop. et au fîg. ne sont point admises en lang. Cette
expression n'a cours que dans cette phrase: Paga lou
hèjàoune, payer la bienvenue, la mise hors de page, la
sortie du noviciat.
Bel, bèlo, adj., au plur. BèU$, bèloi; dim. Bêlé, péjor.
BéUu. Grand ; gros ; vaste. — Gardoù es hèl, la rivière a
grossi. S'és fa bel, il a grandi. On dit aussi . Es un bel
éfan, c'est un bel enfant; mais ce n'est que par euphonie,
bel est pris là pour beau, beau.
Dér. du lat. Bellus, beau, bien lait. Il parait que dans
les premiers Ages de notre idiome, âges éminemment guer-
riers, la beauté était inséparable d'une belle taille. Bellut
était évidemment la qualité d'un homme fort et propre à
la guerre, bellum. En fr. encore, on ne dira pas bel homme,
ni belle femme, d'un individu mignon et de courte sta-
ture; c'est pour ce dernier qu'a été inventé le mot :
joli.
Bèl-Bèl, locution au masc. qui n'est employée que
comme suit : Faire lou bèl-bH, flagorner ; accabler de pré-
venances; flatter l'amour-propre ; faire tout beau à un
chien; montrer une friandise ou un joujou à un enfant,
sans vouloir le lui laisser prendre.
Bel est pris ici pour synonyme de beau.
Bélèou, adv. Peut-être; il est possible. — Qui dis
bélèou, n'es pas ségu, dire peut-être, n'est pas affirmer,
donner ni avoir l'assurance.
Bêles (A), à bèlos, adv. Un par un; un après l'autre.
— A bêles sôous, un sou après l'autre. A bèlos fis, à plu-
sieurs reprises. A bèlos palados, par pelletées. A bèlos
avéngudos, par accès, par crises. A bèlos troupélados, par
pelotons. A bêles flos, un morceau après l'autre, par petits
morceaux. A bêles us, un par un. A bêles dous, deux à
deux, deux par deux. A bêles dès, à bêles douje, par
dizaine, par douzaine ; dix, douze à la fois. A bèlos houros,
parfois, quelquefois.
Bélétos, s. f, pi. Petites pièces de monnaie; argent
mignon. — Foudra bé qu'apounche sas bélétos, il faudra
bien qu'il délie les cordons de sa bourse.
Dér. de Bèou.
Bélicoquo, s. f., ou Piquo-poulo. Fruit du micocou-
lier, qui est une petite baie à noyau, noire quand elle est
mûre, sèche, douceâtre, et qui n'a presque qu'une peau
ridée sur son noyau ; on en fait une tisane béchique.
Bélicouquiè, s. m., ou Fanabrégou, ou Piqao-pomè.
Micocoulier, Celtis australis, Linn., arbre de la fam. des
Amen lacées, qui vient très-grand et très-vieux. Son bois,
qui a les flbres longues, fortes et flexibles, compacte et
dur, est très-estimé pour le charronnage. Dans les Céven-
nes, on le recépait comme les saules, et de ses pousses,
quand elles étaient arrivées à l'âge de trois ans, on faisait
des cercles de tonneau, qui duraient fort longtemps. Cette
industrie s'est perdue, soit par la rareté de ce bois que les
défrichements ont singulièrement éclairoi, soit par l'emploi
très-répandu des cercles en fer laminé. Cet arbre est soi-
gneusement ménagé en taillis à Sauve (Gard), où l'on en
fabrique des fourches à trois becs, les seules dont on ae
serve dans tout le pays pour remuer et tourner les pailles
et les foins.
Béloîo, f . f. Bijou, parure, affiquets de femme.
Dér. de Bèou.
Bèlos (Bé), s, f. pi. Terme de jeu. Ne se dit que dans
la phrase : Faite dé bèlos, parier en dehors du jeu prin-
cifôl, comme les paris de la galerie à l'écarté. C'est sur-
tout au jeu de dés, au passe-dix, que ce terme était em-
ployé. Ce jeu, qui était fort usité parmi les gamins, il y a
quarante on cinquante ans, s'établissait en plein air et sur
les places. On formait une masse ou poule des mises de
BÈN
BEN
10»
tons les joaears, et celui qui amenait le plus gros point ou
la plas forte rafle, gagnait la poule. Mais le joueur le plus
hardi, ou qui voulait jouer plus gros jeu, au moment où il
avait les dés en main, proposait à la galerie de parier
qu'il ne dépasserait pas tel nombre ; s*il dépassait ce nombre,
il avait perdu. C'est ce pari d'extra qu'on nommait dé bèlo$.
Dér. de Béou.
Bélonn, n. pr. Dim. Bélouné. C'est un dim. du nom
de femme Isabelle ou Elisabeth. — Voy. Babèou.
Bélonso, I. f. Blouse, un des six trous du billard. —
Fieka din la bélouso, blouser; duper; tromper; mettre
dans l'embarras.
Emp. au II*.
Bélugo, 9. f. Dim. Béluguéto. Bluette, étincelle qui
s'échappe du feu. — E$ tout fia» tout bUugo, il est vif
oomoae la poudre, il est plein de zèle et d'ardeur.
Dér. du lat. Lux, lumière, précédé de la particule
rêdnpl. hé.
Bélngné, éto, cidj. Vif; léger ; alerte, éveillé ; émous-
tiUé ; fringant ; sémillant.
Bélagnéja, v. Etinceler ; pétiller ; briller ; éclater. —
Ibtti H béluguéjo, il est pétillant de vivacité ou d'esprit.
La fièio couménço dé béluguéja, les bourgeons des mûriers
oommenoent à poindre el à prendre un reflet doré.
Dér. de B&ugo.
Bèmi, bèmio, adj. Péjor. Bémias, Bohème, bohémien,
truand, qu'on appelle Gitanos en Espagne, Zingari en
Italie, Zigenner en Allemagne et Gypsi en Angleterre ; au
moyen âge, le fr. les nommait Bèmes ou Bcsmes ; peuplade
errante, tribu vagabonde, que chaque peuple fait sortir
d^me origine différente. Ceux que l'on voit dans notre
pays, nous arrivent des frontières de l'Espagne et du Rous-
ttllon. Aussi les appelle-t-on vulgairement Catalans. Ils se
rendent par bandes à nos foires, vendant des &nes et des
mules, disant la bonne aventure, et exerçant souvent des
industries moins légales. Us marchent ainsi en tribu com-
posée d'hommes, de femmes et d'enfants, ne logent jamais
dans les hôtelleries, mais bivouaquent sur une grève,
campent sur les bords d'un chemin ou sous l'arche d'un
pont, se nourrissant d'animaux morts ou de débris de
légumes qu'ils ramassent par les rues. Ils sont très-friands
de chats.
On dit adjectivement Bèmi, d'un homme de mauvaise
mine ou de mauvaise foi. — Franc coumo un bèmi, franc
comme un Bohème ; c'est le nêcplut ultra de cette contre-
vérité.
Sous la Ligue, on a donné le nom de fième au meur-
trier de l'amiral de Goligny, qui était de la Bohème et se
nommait Charles Dianowitz. — Voy. Bigoro {bando dé),
Oorrupt. de Bdième. — Voy. Catalan.
Bémiïm, ano, ou ando, adj. Bohémien. — Voy. Bèmi.
Bteda, V. Bander, envelopper d'une bande ; lier avec
m» bande. — Bénda uno rodo, embattre une roue.
Mr. àeBéndo.
Béndaîe, s. m. Bandage de hernie, exclusivement. Les
autres acceptions s'arrangent avec Béndo, qui suit.
Béndèon, s. m. Dim. Béndèlé, péj. Béndèla$. Bandeau ;
bande pour ceindre le front ou pour couvrir les yeux ;
plus spécialement bande de toile, bordée d'une petite den-
telle, dont les femmes du peuple se servaient autrefois pour
se serrer la tète et les cheveux par-dessous la coiffe, et
qu'on met encore aux enfants au maillot sous leur béguin.
Dim. de Béndo.
Béndo, $. f. Bande d'étoffe , pièce de linge, plus longue
que large, destinée à entourer quelque partie du corps, une
plaie, un membre ; bande de fer pour renforcer les jantes
d'une roue ; bandage de roue.
Le radical de ce mot se trouve dans beaucoup de lan-
gues : en persan, bend, lien ; en allem. anc, band, aujour-
d'hui benden, lier, bind, lien; en Idil.^ pondère, déplier,
étendre ; dans la bass. lat. bandum, bandellus ; d'où le
roman benda.
Bénédiciou, s. f. Bénédiction, cérémonie par laquelle
on bénit ; vœux favorables; abondance, bienfaits du ciel.
— Âna à la bénédiciou, aller au salut. Plôou qu'es uno
bénédiciou, il pleut à seaux. Gn'avié qWèro uno bénédiciou,
il y en avait à foison.
Dér. du lat. Benedictio.
Bénézé, n. pr. d'homme, fort répandu dans ce pays ;
au fém. Bénézéto. C'est un dim. de Bénouè, Benoit, et
tous, en lang. et en fr., dér. du lat. Benedictus, béni.
Bénhuroùs, ouso, adj. Dim. Bénhurousé. Un bienheu-
reux, un saint-homme, un innocent ; une personne sans
malice, sans vice. — Voy. Bénura.
Dér. de Bé et Huroùs.
Béni, V. Bénir, consacrer au culte divin ; donner la
bénédiction ; louer, remercier ; faire prospérer. — Diou té
bénisque / Dieu te bénisse ! expression qu'on adresse à celui
qui éternue. Cierge bénï, cierge bénit. Aïgo-bénito, eau-
bénite. Dé pan-bénï, du pain-bénit.
Dér. du lat. Benedicere.
Béniasiadîoii I interj. Littéralement : que Dieu soit
béni ! Merci ! Grâces à Dieu !
Dér. de Béni, siègue contracté en $ia, et Diou.
Bénitiè, s. m. Bénitier, vase à l'eau -bénite, placé à
l'entrée des églises catholiques, ou au chevet de lits, ou
au-dessus d'un prie-Dieu.
Dér. de Béni.
Bénobre, s. m. n. pr. de lieu, ou Vénobre. Vézenobres,
chef-lieu de canton dans l'arrondissement d'Alais.
La tradition rapporte que le vieux château de Véze-
nobres, dont il ne reste plus que quelques pans de murs,
et dans l'enceinte duquel est bâtie la plus grande partie du
haut village, fut attaqué par les Sarrazins après leur
déroute à Poitiers, due à Charles-Martel. C'était sans doute
une forte position, qu'ils convoitaient pour un de leurs
postes de défense. Ils en furent repoussés par les habitants,
qui délivrèrent par là tout le pays d'un semblable vdsînage.
104
BEN
BEN
Une antre tradition, moins glorieuse, est rapportée par
l'historien Ménard. A la fin du XIV* siècle, pendant les
troubles de la minorité de Charles VI, une troupe de
rebelles des environs de Nimes, excédés sans doute du
poids des impôts et provoqués par le désordre des guerres
civiles, avait pris les armes et commettait toutes sortes de
brigandages chez les nobles et les riches. Ces bandes étaient
désignées sous le nom de Totushù, On prétend que les
habitants de Vézenobres favorisèrent ces pillards; peut-
être ne firent-ils que leur donner asile à contre-cœur; tou-
jours est-il que le surnom de Touchi dé Bénobre leur fut
donné en souvenir de ces faits. Ce sobriquet est venu
grossir ainsi la nomenclature de surnoms, d'ordinaire
peu flatteurs, que les localités rivales et voisines se don-
naient entre elles au moyen âge.
Le nom de Bénobre est arrivé au languedocien après de
nombreuses variantes. Le latin du moyen âge l'écrit dans
un titre de 4 050 Vezenobrium ; en 1 052 et 1 054 Vinedo-
brium;en 1060 Vidanobre et Vinadobre dans le même
acte; en 4077 Vinezobre; en 4400 Vedmobrium; en 4425
et 4428 Yezmobre; en 4442 Yedenobrium ; en 4444 et
4450 Ve9mobre;ea 4154 et 4462 redenobrium; en 4466
Vieenobrium; en 4167 Vedenobrium ; en 4474 Venedo-
brium ; en 4 4 93 Vedenobre , en 1 24 9 Vicenobrium et Veze-
nobrium, sans parler des variations plus récentes.
Sur ce thème Tétymologie ne se montre pas clairement.
Le savant Ménard a voulu la voir dans le mot Virinn, un
des noms de lieux du territoire des Volces Arécomiques,
inscrit sur un petit piédestal antique conservé au musée
de Nîmes. Ce nom aurait été abrégé à cause des dimen-
sions du monument ; mais restitué en son entier, il serait
Virinno ou Virinnum , se rapprochant beaucoup des
formes que nous citons. L'interprétation a été contestée.
Cependant qu'on nous permette une analogie, si éloignée
qu'on voudra. La ville de Bergues, arrondissement de
Dunkcrqne (Nord), était anciennement dénommée Gfwmo'
Berg, Groenberg, nom tudesque composé de groen, gruen,
vert, et berg, hauteur, éminence, et le latin le rendait par
viridis mont. Soit à cause de cette origine, soit à cause de
la venue de saint Winoc, qui fit en ce lieu bâtir une église,
le nom dans les chartes latines se transforma en celui de
Winociberga. Le rapprochement est facile à saisir : ici la
forme tudesque domine ; pour nous, c'est la celtique qui
survit ; mais la traduction latine est de nature à faire im-
pression et a bien pu se conserver dans une inscription de
la province romaine, en adoptant le mot Virinn qui s'est
si bien altéré dans la suite.
Quoi qu'il en soit, les chartes disent Viceno, Videno,
Vidano, Veceno, et ajoutent le radical bri, rendu par le
neutre lat. brium ou bre. Bri est caractéristiq[ue de la
situation, comme suffixe ; il signifie hauteur, colline, élé-
vation. Vietm est traduit dans Du Cange par habitatio,
domus, demeure, maison, et il ajoute : Saxonibus vieœn
eti pagui, vieus; en saxon viean veut dire bourg, village.
Le nom entier signifierait par conséquent demeure élevée,
bourg ou village, sur une collme : ce qui est exact pour
Bénobre.
Le glossaire de Du Cange peut fournir une autre indica-
tion. On y trouve le mot Vinoblium, — et la ressemblance
avec notre nom latin n'est pas contestable, — pour vigne,
champ planté ou propre à être planté de vignes, dont le
fr. a fait vignoble. Puis, et â l'article suivant : Vinobre,
eodem inteUectu, avec le même sens. Il y a concordance.
La dernière forme surtout a le mérite de reproduire le
mot actuel sans le décomposer : on sait en effet que les
deux lettres F et B se substituent volontiers l'une à l'autre.
L'application dans les trois modes, soit éminence verte«
verdoyante, soit village sur une hauteur, soit lieu planté
de vignes, est du reste également juste.
Encore une interprétation, qui pour être la dernière
n'est peut-être pas la bonne, mais qui prouvera au moins
que nous avons cherché, si nous n'avons pas trouvé.
Sur le monument du musée de Nimes, parmi les noms
inscrits, se trouve celui de Briginn, abrégé plus tard en
Brinno, qui est devenu le Brignon actuel. Briginn, à
l'époque la plus ancienne, était une localité, centre de
population sans doute assez important dans un certain
rayon. Une voie romaine, celle de Nemaïuuê à GabaLum,
n'était pas éloignée de Briginn, Brinno, et venait traver-
ser le Gardon à Ners, en vue du village actuel de Véze-
nobres. Quand ce village se fonda, peut-être â l'époque
gallo-romaine, aurait-on voulu que son nom, tout lafin
dans sa première partie, traduisit ou exprimât sa situation
dans le voisinage de l'oppidum le plus considérable alors
de la contrée, vicinus, vicino, de Briginn, Brinno, qui
nous est parvenu avec les abréviations et les altérations
d'usage. Cette conjecture vient de bien loin, de si lœn
même, qu'on peut sans lui faire le moindre tort, préférer
les autres; mais elle n'était pas à négliger.
Bénoù, 9. m. Auge, sorte de mangeoire pour les brebis.
Elle se compose de deux planches posées de champ et réu-
nies par des chevilles d'environ un pied de longueur, œ
qui laisse entre elles un vide de même dimension, qu'on
remplit de fourrage ou de regain. Cette mangeoire, ainsi
disposée, a pour objet d'empêcher les brebis de mettre les
pieds dedans et de fouler et de gâter leur provende.
Dér. du celt. Benn, benne.
Bénoubrén, énqno, adj., ou Vénoubrén, énqao.
Habitant de Vézenobres ; qui appartient à Vézenobres.
Bènonri, i. m., ou Fourîdgniè , ou H-col-dé-sèr.
Torcol, torcou, turcot ; torcol ordinaire, Yunx torquiUa,
Linn. Oiseau de l'ordre des Grimpeurs, de la fam. des
Cunéirostres. Cet oiseau, qui est une espèce de pie, s*ac-
I croche aux troncs d'arbres et se pose sur les grosses bran-
ches ; mais il préfère se tenir â terre où il cherche des
fourmilières. Sa langue est longue, rugueuse et gluante;
il l'introduit bravement dans les trous de fourmis, dans
l'interstice qui se forme entre VBxhre et l'écoroe; les four-
BÊO
BÈO
105
mis, qui y habitent, grimpent sur cette langue, croyant y
troaver p&tore; alors Foisean-chasseur la retire et avale
ses ennemis. Le torcol est carieuK à voir de près : il
retourne sa tète et son cou par des mouvements onduleux
semblables à ceux des serpents ; il ouvre sa queue en
éventail, tourne ses yeux et redresse les plumes du haut
de sa tète. Il devient extrêmement gras aux premières
pluies de Tautomne. Les diverses habitudes de cet oiseau
lui ont valu ses trois noms languedociens ; il est pourtant
plus habituellement dénommé par le premier. — Fby.
Foumiguiè, et Pi-eolrdé'Sèr.
La prononciation du nom de cet oiseau est Tindice de
son ôiymologie. La première syllabe est en effet fortement
sentie par Taccent grave sur Vè, ce qui lui donne aussitôt
sa filiation de Bè, bec, faisant allusion à la manière ingé-
nieuse que ce volatile emploie pour se procurer une pro-
vende de son goût. Si un accent aigu se fût rencontré sur
le mot, sa signification eût été changée et il aurait voulu
dire : bien nourri. Ce qui était moins pittoresque et se
serait appliqué à bien d'autres. Le caractère et la descrip-
tion exacte du volatile sont bien mieux représentés par la
prononciation et l'orthographe de son nom.
Bénnra, ado, adj\ et part, pa$$. Heureux, bienheureux;
favorisé du Ciel; à qui tout réussit.
Bénura comme verbe, signifiant rendre heureux, est peu
usité, quoique le terme soit bien fait et pittoresque. Mais
dans le sens de l'adj. ou du part, pas., il est élégant et
expressif. — Ta bénurado planéto, ton heureux destin.
IHou l'a bénura, Dieu la béni, l'a rendu heureux.
Ce mot, d'après Sauvages, parait être formé du lat. Bona
et Bora, qui a une bonne heure ou qui l'a eue. On sait en
eflfet que les anciens distinguaient les heures favorables et
les heures funestes : traditions qui se sont conservées dans
le vieux mot fr. heur, et qui sont passées dans ceux de bon-
heur et maiheur, contraction de bonne heure et maie heure.
A ce titre le lang. devrait écrire notre mot avec un h,
comme nous avons fait pour Bénhuroùs, qui a la même
origine; mais nous supprimons ici la lettre parasite, qui
ii*est qu'étymologique, et dont le retranchement ne nuit en
rien à la prononciation , par raison de nos règles d'ortho-
graphe, et pour avoir d'ailleurs une variété de plus con*
forme à notre mot à la malouro, où elle ne parait pas
d'avantage.
Bèon, adj. m. sans fém. Beau. — Faï bèou, il fiiit
beau. A bèou faïre, il a beau faire.
Ce mot, dans sa formation, dans sa signification natu-
lelle et dans tontes ses acceptions elliptiques, est d'origine
française : même emploi , mêmes acceptions.
Béoncûre, j. m. n. pr. de lieu. Beaucaire, ville renom-
mée par sa foire du SS juillet. Aussi son nom est-il devenu,
pour un vaste rayon de pays autour de lui, une date, un point
important dans l'année. Autrefois les marchands en détail,
les artisans, les fournisseurs de toute espèce, allaient faire
^eors aebats en foire de Beaucaire, et pour cela ils avaient
besoin de réaliser les crédits qu'ils avaient faits dans
l'année. Quoique aujourd'hui les boutiques et magasins
se fournissent ailleurs qu'à Beaucaire, l'usage d'arrêter les
comptes des fournitures à crédit et de réclamer le montant
des mémoires s'est conservé. Aussi pleut-il à cette époque
ce qu'on appelle les comptes de Beaucaire : c'est un mau-
vais quart d'heure pour les débiteurs et un temps fort
occupé pour MM. les huissiers. — Pér BéoueaXre, ou à
BéoueaXre à l'époque de la foire de Beaucaire, à la mi-
juillet.
Béoueaïre remonte aux temps les plus anciens. Le géogra-
phe Strabon l'appelle (K/Y^pvov, ïyipvov et fépvov, que les
auteurs latins Pline, Sidoine Apollinaire, les Tables théodo-
siennes traduisent par Ugemum ou Ugemo;qvLe l'Anonymede
Ravenne écrit Ugumum; qui devint au VI* siècle Caetrum
Odjemo, et dans la bass. lat. CasUrum de Ugemo, en
4020; Belcayra, en 4424 ; Bellieadrum, en 4460, 4478,
4209; Belloquadra, Bellumquculrum, BeUi-quadrum, en
4226 et plus tard ; en même temps que la langue vulgaire
disait, en 4425, Beleaire; en 4294, Bauquaire; en 4302,
Bieuchayre, et en 4435, Beleayre; ce qui a donné enfin le
nom actuel.
La première partie du mot, en lang., en fr. et dans la
latinité du moyen âge, ne présente aucune difiiculté. La
seconde partie eayra, quadra, quadrum ou eadrum, est une
altération ou une syncope du substantif de la bass. lat.
cité par Du Cange , quadraria, quadrataria, Cayra a fait
directement caire, comme quadra et quadrum, dérivant de
quadraria ou quadraiaria , en lat. lapidieina, le tout a
produit carrière, en fr. L'afiSnité est incontestable; et tous
ces dérivés descendent d'un primitif commun, le vieux
mot celtique cair, pierre, qui se retrouve du reste dans
une infinité de noms locaux. Nous avons dans nos envi-
rons, en grand nombre, hue Caïrole, comme désignation
de quartiers pierreux, ou de carrières de pierres communes.
La liste serait longue des lieux ayant la même origine d'ap-
pellation : Cayrac et Cayrol, dans l'Aveyron; Cayres
(Haute-Loire); Cayrols (Cantal); Carole (Gers); Carrole
(Hautes-Pyrénées) ; Carolles (Manche) ; Charolles (Saône-
e^Loire ; Queyrac (Gironde) ; Queyras (Hautes-Alpes) ;
Caralp (Ari^e) ; Carrouge et Carouge (Orne, Seine-et-Oise,
Suisse) ; Cayrouse ( Aveyron) ; Quiers (Seine-et-Marne) ;
Carrare, en Italie, et autres.
Sauf tout le respect dû à une opinion assez accréditée,
qui voudrait que le nom de Belliquadrum ou Bellumqua-
drum eût été donné à Beaucaire à cause d'une tour carrée
qui dominait l'emplacement sur lequel la ville s'est cons-
truite, l'étymologie tirée du gaulois cair nous parait préfé-
rable et plus naturelle. D'ailleurs la même raison appella-
tive devrait se rencontrer dans les homonymes assez nom-
breux ; et Ton n'a pas remarqué des traces de la moindre
tour de forme carrée à Beleaire (Aude), arrondissement de
Limoux; à Beaucaire (Aveyron), commune Noviale; 4
Beaucaire (Charente), commune Saint-Amand-de-Nouère ;
14
t06
BfEO
BÊO
à' Beaucaire (Cher), commime Herry; à Beaacaiie (Gers),
(Xiininone Valence, et autres encore ; non plus qu'à fiel-
Caire (Dordogne) ; à Bellicaire, province de Gerona, et &
BellicayTe, province de Lerida (Espagne). Ce qui commence
à donner beaucoup de crédit à notre version.
Mais il y a plus : le nom grec de Béoueairê latinisé me
semble un argument nouveau. Le lieu désigné par Strabon
existait avant lui et était connu. On a dit que sa forme
celtique devait être Wern ou Guern, qui veut dire en
gallois et en bas-breton ; aune, aunaie, lieu planté d'aunes;
vàr, lang. L'application à un casirum sur un grand fleuve
est juste ; mais la dérivation serait-elle moins exacte, si
l'on admettait que le celtique cair a été le parrain du Tip-
vov de Strabon, qui se trouvait sans doute précédé d'une
épitbéte significative, exprimant en gaulois ce que dit le
bdlum de la bass. lat., Béoudu languedocien, et que, dans
la variante ïf^pvov, Strabon aurait traduite et exprimée?
Ainsi, la première syllabe de Ugemum ou Ugêmo, lat., ne
serait-elle pas la diphthongue adverbe Eu, bien, reproduite
eupboniquement par le latin u? La prononciation du y
grec et du g latin devant e est dure et se rapproche sen-
siblement de celle du celtique : ce qui ne met pas à une
grande distance eair et guer. Le gaulois a encore cairn,
appliqué aux monuments de pierre, dolmens, qui introduit
une lettre de plus dans la ressemblance graphique des mots.
Mais une permutation identique se fait remarquer sur le
nom d'un ancien oppidum purement celtique, signalé dans
le savant ouvrage de M. Germer-Durand, IHetion. topogr.
La petite commune de Gam, ancien évècbé d'Uzès, aux
limites du Vivarais, a conservé intacts sa forme et son
nom celtique, Cairn. Le g s'est substitué au e, inverse-
ment à ce qui est arrivé dans le roman pour Belcaire, qui
reprend sa forme primitive; mais par un procédé sem-
blable à celui employé par le latin et le grec, Vgemum,
Ty^^ov : preuve que nos déductions sont vraisemblables.
La terminaison en o, si commune dans les appellations
celtiques, ne doit pas être négligée. On sait que nos pères
les Gallo-Romains employaient les deux langues, celtique
el romaine, et quand, an moyen ^, on voulut désigner
l'antique localité, la traduction devint précise et fidèle en
substituant à ÏY^pvov, le mot Bdoofffa, BeUieadmm, Bel-
lumquadrum.
Tous ces noms seraient donc synonymes; mieux que
oéla, ce serait le même nom, sous différentes formes, grec-
que, latine, languedocienne et française. L'antiquité qu'on
attribue ft Beancaire, les belles carrières qui touchent la
ville, et qui ont été connues dès les premiers âges, ne s'op-
posent point à cette origine de son appellation et semblent
là juitlfiAr. Le géographe Strabon a traduit autant que le
grec le permettait, sans trahir le vieux gaulois.
Béoa<4*ott, j. m., ou Ihatto, Snito, Niehoulo. Effraie;
ftésale » chooetle-effraie, Sirim fiammm, Linn.» de Tordre
del Rapaces et de la fam. des Nocturnes. Cet oiseau de
pHÀB nocturne, qui andnt jusqu'à 35 centimètres de km*
gueur, a le dessus du corps jaunâtre, onde de gris et de
brun, parsemé d'une multitude de petits points blancs ; le
dessous est d'un blanc soyeux, éclatant. Il habite les vieux
édifices, les clochers et les toits des églises. On croit vul*
gairement qu'il y entre la nuit pour boire l'huile des lam«
pes; de là son nom de Béou-l'oli. Par celui de Suite sous
lequel il est connu aussi, on a sans doute essayé de rendre
le soufflement on sifflement qu'il pousse pendant la nuit.
Il a la réputation d'être l'oiseau de mauvais augure par
excellence. — Voy, Damo, Suilo, Nichoulo.
Béonre, v. Boire ; avaler un liquide, Tabsorber. —
Àquél home bèou, cet homme est adonné à la boisson, à
Tivrognerie. Hou$ sou\è$ bévau, mes souliers laissent trans-
pirer l'eau. Béoure da» iéls, manger des yeux, couver du-
regard. Béoure coumo un ioblas, boire beaucoup, sans fin,
comme un champ de sable, qui absorbe l'eau et la pluie
en telle quantité qu'elle y tombe. Y-a pa$ qu'un grand
béoure que pogue té tira d'aquï, ce n'est qu'à force de
boire de la tisane que tu peux te tirer de cette maladie.
Mais les ivrognes ou les plaisants qui veulent les imiter
dans leurs propos, tournent la chose dans le sais du vio,
et c'est le vin qu'ils conseillent, quand ils adressait cette
phrase à ceux qui se plaignent d'un malaise. Leu béimre
U lèvo pas lau manja, la soif ne lui dte pas la faim, boire
ne l'empêche de manger. Un ose i béouriè, le cas n'est pas
difiicile, un âne s'en tirerait. Fénno que noun mcMJo, lev
béoure la mantén, à petit-manger, bien boire. Béoure féùu
et iouvén, boire peu et souvent : bonne hygiène.
On dit d'un homme qui s'est ruiné : Ou a pas fovl
manJa, n'a bé bégu dé flàs, il n'a pas mangé tout aon
bien, il en a bu une partie. Aquélo aïgo se béou, œtle
source se perd dans la terre ou dans le sable. Béoure louo
eos, endurer les coups sans se plaindre. Crésés aquà et
bévés d'aïgo, croyez cela et buvez de l'eau par-dessus,
phr. prvb. pour dire que vous ne croyez pas un mot de oe
que l'on raconte, ou que ce mensonge est difiicile à avaler
et qu'il faut boire pour le faire descendre dans le gosier.
C'est dans le même sens qu'on dit d'un hâbleur : Faï4ou
béoure, fais-le boire, pour que son mensonge ne s'an^M
pas au gosier. Las tèros an prou bégu, les champs sodI
suffisamment abreuvés. Fàsre «m béoure, faire un temps de
repos pour les journalière, pendant lequel ils voet boive
un coup à leur gourde pour reprendre haleine, fl ne feoi
pas confondre un béoure avec un repas, un repas : le rspes
est un temps déterminé par les usages, où les travaiurâs
mangent commodément assis; hm béoure n'est qa^ul
simple temps d'arrêt, pendant lequel ils cassent simple*
ment une croiHe et boivent un coup. Ce temps est de
durée arbitraire, et souaiis au plua ou moins de adle de
l'ouvrier, on au plus ou nK>ins de sévérité étt dief d*aie*
lier, ou bdOo. QuêÊM se fi^ dé béouree d'ofuéeto eéooét
combien doit-on faire de posss au travail daae cène
sàisenT
Dam cette aeosptilMi» loi» Mbere est mâM* omo. a
BÉQ
BER
107
Hgnifie enoore : le bovre, le liquide que Ton boit; la ration
de huMPngs aux animanx, mais daos ce dernier sens on
emploie : Abéoure, — Lou héoure et lou manja, le boire et
le manier. Aqud mé Uvo iau béoure et lou manja, cette
âmotioii, eette nouvelle m*a coupé la soif et rappéUt.
Dôr. du lat. Bibere. En ital. Bevere, boire.
Béouta, s. f. Beauté, qualité de ce qui rend aimalde ou
admirable, au physique et au moral. — Es pa'no béouta,
œ n'est pas une beauté.
Emp. au fr.
Béqna, v. Becqueter; mordre avec le bec; battre à
coups de bec; donner des coups de bec; manger seul, en
parlant d'un oiseau ou d'un poussin ; brouter ; mordre à
l'hameçon; avaler crédulement un mensonge. — Aquél
pastiroù eouménço à béqua, ce petit moineau commence à
manger seul. Lou -pétswù béquo pas, le poisson ne mord
pas. Tout hu bèqup, tout le monde le dupe, le houspille;
tout le monde' l'accuse ; se moque de lui : on l'accable à
coups de bec. Lous fàguère toutes béqua, je leur £s avaler
à tous cette bourde.
Oér. de Bè, bec.
Béqnado, s. f. Dim. Béquadéto. Becquée, pâtée que les
oiseaux portent à leurs petits dans le nid ; coup de bec ;
xaillerie ; sarcasme, insulte. — Espéra la béquado, attendre
la becquée; attendre que la manne tombe du ciel ; ne se
donner aucune peine, aucun souci, pour obtenir ce qu'on
désire.
Dôr. de Bè, bec.
Béquaduro, s. f. Blessure causée par un coup de bec;
accroc; déchirure ou piqûre causée par un coup de bec ou
par quelque chose de pointu.
Dér. de Bè, bec.
Béqnaje, s. m. Herbage d'automne, qu'on fait brouter.
C'est l'herbe dernière qui pousse dans un pré, après en
avoir enlevé le foin et le regain.
Dér. de Béqua.
Béqao-figo , s. m. Becfigue, oiseau du genre gobe-
.mouche, MotaciXla fieedula, d'après Linn. ; MuseUapa lue»
ituosa , «uivant Temm. Le becfigue a le dessus du corps
noir, le front et toutes les parties inf^ieures blanches ; la
queue et les ailes noires; celles-ci ont leur couverture blan-
che. Arrivé en France vers la fin d'avril, il repart dans les
.jiremiars. jours de septembre. D'après l'ornithologie mo-
derne, il -se nourrit de mouches et d'antres petits insectes
ailés,» qu'U enlève de dessus les. feuilles et les fruits mûrs;
aussi la acaenoe l'a dénommé Gobe^mouche. Le vulgaire, en
Je voyant fréquenter de préférence nos figuiers, car o*est
là qu'il lait la chasse la plus abondante, a cru qu'il se
nourrissait de leurs fruits et lui a donné le, nom de Béquo-
fgo. Les latins, qui en avaient la même opinion, rappe-
laient .Ficailtito. P^^ètre ee gobe^moucfae, en becquetant
la 'figue pour, y saisir sa. proie vivante, se laisse-t-il dller à
goàler;an peu du fruit et.mérite-t-il ainsi ses divers noms;
•n teiis cas,; dans qu^lqne' genre ou famille qu'on le range,
son nom est évidemment un emprunt du fr. au langued.
La figue est trop un fruit du Midi pour- ne l'avoir pas ins-
piré ; Becfigue, double subst. fr., ne signifierait rien s'il
n'était la traduction du verbe et du régime employés par
la langue d'Oc. — Gras eoumo un bèquo-figo, gras comme
un becfigue. Sa cbair est en effet très-déÛcate et très-esti-
mée. Un grand professeur en gastronomie, Brillat-Savarin,
a dit : < Parmi les petits oiseaux, le premier, par ordre
d'excellence, est sans contredit le becfigue ; si cet oiseau
privilégié était de la grosseur d'un faisan, on le paierait
certainement à l'égal d'un arpent de terre. 9
Bèquon, s. m. dimin. Baiser, en style mignard et
enfantin, comme on dit en fr. famil. Bécot.
Dér. de Béqua, becqueter.
Bèrbéqnin, s. m. Villebrequin, outil de menuisier, qui,
au moyen d'une mèche, sert à faire des trous en emportant
la matière qu'il traverse.
Formé probablement de Vira, tourner, et de bréquin,
nom ancien de la mèche, du lat. Veru, veruum.
fiéré, s. m. Berret; espèce de bonnet d'enfant, en ve-
lours ou en soie, coupé à côtes de melon, qu'on attache
sous le menton ; bonnet plat et tricoté des paysans du
Béam. •— Yoy. Béréto.
Dôr. du lat. Birrus ou birrum, nom d'une espèce de
coiffure en usage chez les anciens ; d'où la bass. lat. bar-
retum ou birretum, berret, barette; en esp. birreta; en
ital. barreta.
Bérénguèri, s. m. nom pr. d'un terroir d'Alais, près
la route d'Alais à Nimes, dit Bérénguèri, que des archéo<
logues, d'après un passage de Sidoine Apollinaire, pré-
tendent être Voroangus, habitation d'Apollinaire, voisine
de Prusianus, Brésis aujourd'hui, demeure de Tonanoe
Ferréol, préfet des Gaules au V« siècle.
Béréto, s. f. Bonnet d'enfant ; calotte de prêtre; bonnet
rond et juste à la forme de la tète, tel que la calotte qu*on
voit au théâtre aux Gassandres, à Bartolo et aux rôles à
manteau de la comédie française et italienne.
Même étym. que Béré ci-dessus.
Bérgadiè, s. m. Brigadier, commandant d'une brigade,
grade de cavalerie ou. de gendarmerie correspondant à celui
de captrsCl dans l'infanterie.
Emp. au fr.
Bérgado, s. f. Brigade, division d'un corps d'armée;
section de gendarmerie commandée par un bérgadiè. £n
gén., troupe, bande armée.
Emp. au fr.
Bérgan, ando, adj., ou Brégan, ando, péjor. Bérgan-
das ou Brégandas, Brigand, voleur de grand chemin ;]e
plus souvent, épithèle injurieuse donnée à celui qui com-
met des vexations ou d'étranges concussions. Souvent en-
core, c'est une sorte d'interjection : O Bérgan t neutrale-
ment emplayée; en ce sens, le péj. Bérgandas/M surtout
admis.
Dér. du lat. Brigantu, peiçles d'Hibemie qui, sous la
106
BER
BER
domination romaine, ravagèrent souvent les provinces sep-
tentrionales de la Grande-Bretagne .
Bérgandaje, «.m., ou Brégandaje. Brigandage; action
violente; volene; concussion.
Même étym. que le précéd.
Bérgandéja, v,, ou Brégandéja. Se livrer au brigan-
dage, dans la double acception, étendue ou restreinte, mais
également peu recommandable.
Bérgè, «. m. Dim. JBérgéiré. Berger, pâtre, expression
toute française, qu'on ne peut employer qu*en poésie.
Bergéireto, «. f., ou Gouacho, Bergeronnette, hoche-
queue, lavandière, petit oiseau du genre des becs-fins ; il
vient se mêler au milieu des troupeaux de moutons, et
mange familièrement avec eux : ce qui lui a valu son
nom. Quant au mot lui-même, c'est du français tout pur
comme le précédent et le suivant, et dans le même ordre
d*idées et d'emploi. Aussi ne devrait-on donner droit de
dié et de classification qu'à Pastouréléto; car le languedo-
cien n'appelle ses bergers que paatrês, ainsi qu'on le voit
dans le mot de meilleur aloi de la bergeronnette. Gala-
poêtre.
Voy. Couacho, Galapas(rê, Brando-quuïo,
Bérgèîro, s. f. Dim. Bérgëiréto. Bergère. — Voy. Bérgè.
Bérigonlo, s, f. Barigoule ; manière d'apprêter les arti-
chauts, qui consiste à les placer crus sur le gril, avec du
sel, du poivre et de l'huile, qu'on introduit dans les inter-
stices des feuilles. C'est un emp. au fr. Barigoule, sauce
lâen plus compliquée d'ailleurs que notre bérigoulo,
Bérlénqné, s. m. Jeu d'enfants, qui ne pourrait être
traduit et exprimé en fr. que par le mot lui-même. Il con-
siste à placer quelques sous ou même des épingles, debout
derrière une petite pierre carrée et mince, posée de champ.
Les joueurs, placés à une certaine distance, lancent chacun
deux palets contre cette pierre; quand ils peuvent la
chasser assez loin pour que l'un de leurs palets soit plus
rapproché que la pierre de l'enjeu ou d'une pièce de cet
enjeu ; l'enjeu ou la partie d'enjeu leur est acquis. Gomme
on le voit, le bérlénqué est le premier rudiment du jeu de
bouchon.
Dér. peut-être de Birh, à cause du petit caillou qui
sert de but, ou de ceux avec lesquels on joue.
Bèrio, «. f. Dim. BérU, bérléto, péj. Bérlasso. Eclat de
pierre ou de bois, souche d'arbre ébrëchée ; grosse branche
morte; bord d'un vase.
Bérloqao. s. f. Breloque. Ne s'emploie que dans la
phrase : Boire la bérloquo, battre la campagne, divaguer,
déraisonner. La bérloquo, breloque, en terme de théorie
militaire, est la batterie de tambour qui annonce l'heure
des corvées.
Dér. du lat., sotl Veriloquium, langage vrai, naïf; parce
que, quand on déraisonne par folle on par ivresse, on
laisse souvent échapper des vérités qu'il eût été sage de
retenir; soit de hretUoquium, laconisme, langage coupé ;
soit de varia-lofui, parler sans suite.
Béma, s. m., n. pr. d'homme; au fém. Bémado; dim.
Bémadé. Bernard. Nom qui a servi de racine à beaucoup
d'autres dans le pays : Bemadèl, Màoubéma, Bernardin,
et la syncope familière de ce dernier : Nadin. — T'a Um-
qua. Berna? J'espère qu'on t'a touché, l'ami? Express,
prvb. qu'on adresse à celui qui vient de recevoir une
correction méritée, ou bien un quolibet piquant qu'il avt it
provoqué. Béma din la luno ; on fait croire aux enfants
que les diverses taches qu'on aperçoit dans la lune, quand
elle est pleine, et qui donnent l'apparence d'une £ace
humaine, ne sont autre chose que la figure d'un bûcheron,
nommé Béma, que Dieu a placé dans la lune pour le punir
d'avoir fait des fagots un jour de dimanche.
Dér. du lat. Bemardus, formé de l'allem. béer, ours, et
de hart, génie.
Béma-pésqoaîre, s. m., ou Gnirâoa-Pésqnaire. Héron
cendré, héron ordinaire, Ardea cinerea, Linn., nom com-
mun à plusieurs variétés de héron. Oiseau de l'ordre des
Echassiers et de la fam. des Cultrirostres, remarquable
par la longueur de ses jambes, de son cou et de son bec ;
il vit de pêche et tire de là son nom. Dans nos environs,
on l'appelle Béma-pésqua^re, et dans d'autres localités voi-
sines aussi, Guirdou-pésquaïre. Reste à savoir quel Ber-
nard et quel Guiraud, qui ont toujours été assez nombreux
dans le pays, étaient assez forts pêcheurs devant (a langue,
ou assez mal bâtis, pour qu'on ait donné leur nom au dis-
gracieux oiseau-pêcheur, aux si longs pieds et au si long
bec, emmanché d'un si long cou. 1^ Fontaine, qui Ta si
bien peint, ne l'a pas dit et ne le nomme que le héron;
nous n'en savons certes pas plus que lui. — Voy. Guirâou"
péscaïre.
Béroù, s. m. Dim. Bérouné. Terme de berger, Robin-
mouton, mouton favori ; celui qui conduit le troupeau ;
petit agneau privé qui mange dans la main.
Dér. du lat. Vervex, mouton.
Béroù, $. m. Ver blanc, qui vit dans les fruits, princi-
palement dans les cerises et dans les pois.
Ce mot parait dérivé du fr. ver, dont il ne serait qu'un
dim. Dans le rom. beron ou berou, ver qu'on trouve dana
les cerises nommées guignée.
Bérouia, v. Verrouiller; fermer au verrou.
Dér. de Biroul.
Béroul, 8. m. Dim. BérouXé, péjor. Béro^diae, Vemm;
fermeture de porte; tige de fer ronde et mobile, glissant
entre des crampons, ou anneaux. En lat. Peeeulue. c C'est
de ce mot, dit Sauvages, que certains auteurs font dériver
le nom de Montpellier (Monspessuli), mont ou colline du
verrou, à cause de la célébrité du verrou de Téglise de
Saint-Firmin, dans cette ville. >
c Les banqueroutiers y faisaient, dit-on, cession de
biens, en présence des magistrats et da peuple assembléB
un dimanche à l'issue de la messe. Le patient, debout, n»-
pieds etnu-téte, appuyait les deux mains sur le varrou de
l'église, et, dans le moment marqué, fl en dètadiah une
BÊR
BES
109
qa'il portait sur son derrière en disant à ses créanciers
d'une voix haute : Pago-té d'aquï, dicton qui a passé en
proverbe. >
Il prétend encore que c'est de là qu'est venu cet autre
dicton : Mousira hu quiou, montrer le derrière, qu'on dit
de ceux qui ont manqué à leurs engagements.
L'anecdote est assez curieuse et peut être vraie ; mais il
est absurde de supposer, comme ces savants auteurs qui ne
sont pas d'ailleurs cités par Sauvages, que de là vient le
nom de Monspessuianus, B|ontpellier, attendu que ce nom
existait certainement avant l'invention de cet usage, et sur-
font avant, qu'on y parlât le languedocien, tel qu'il est
dté dans la phrase sacramentelle : Pago-té d'aquï. — Voy,
Mtounpétém
Empourtaraâ pas lou béroul, tu n'emporteras pas la
crémaillère quand tu quitteras cette maison, est une expres-
sion proverb. fort usitée de nos jours. Lorsqu'un domes-
tique prend vivement l'intérêt de son domaine vis-à-vis
d'an maraudeur, d'un grapilleur, celui-ci l'apostrophe par
cette phrase, comme pour lui dire que sa fidélité ne lui
procurera pas une fortune.
Dér. de Baro, dim. baroul, béroul,
Bérqna, v. Ebrécher ; écorner ; entailler ; édenter.
Dér. de Bèrquo.
Bérqnaduro, s. f. Brèche ; écomure ; entaille ; l'action
d'ébrécher. — Vdy. Bèrquo.
Dér. ùe Bèrquo,
Bèrqae, bèrqno, adj. Spécialement mouton, brebis ou
chèvre, qui a perdu ses dents.
Bérqoiètro, s, f,, ou Vérqniéîro, s. f. Dot d'une fille
en la mariant; constitution dotale; bien apporté par la
femme en mariage.
Dér. de la bass. lat. Vereheria.
Bèrquo, «. f. Brèche ; écomure ; entaille; coche.
Dér. de l'allem. Brechen, rompre, casser, briser.
Bèrqno-dén, a(y. des deux genres. Brèche-dent, à qui
il manque une ou plusieurs dents ; ne s'applique qu'aux
personnes.
Formé de Bèrquo et de dén.
Bértèlo, «. f. Sangle, courroie, pour soutenir un sac
sur le dos; bretelles pour soutenir les pantalons.
£mp. au fr.
Bértonl, «. m., ou Bértoulo, $. f, Dim. Bérioulé, bér-
tmdéto. Cueilloir, petit panier à anse, fait d'éclisses tres-
sées ; son usage principal est de servir à ramasser des châ-
taignes.— Aquèl castagne frucho Inèn, las bojo à pUn
bérUnU, ce châtaignier produit beaucoup, à plein panier.
Formé par corrupt. peut-être de Bridaulo, éclisse, scions
reiendus; mais mieux dér. de brett, celt., en lat. lignum,
boîs, planche. — Vay, Bréthmas,
Bérionlado, s. f. Contenu d*un Bértoul, plein un Mr-
tmU.
Bérogo. <. f. Dim. Béruguéto, péj. Bérugasso, Verrue;
poinao, excroissance dure et indolente, qui vient ordi-
nairement aux mains. — Un remède de bonne femme contre
les verrues consiste à les frotter journellement avec un
bouchon de bourre prise dans un bât. On n'a pas ouï dire
que cela ait guéri personne ; mais comme cela ne saurait
faire empirer le mal, il n'y a aucun inconvénient à conti-
nuer la friction jusqu'à ce qu'elle ait usé la calosité.
Dér. du lat. Verruea, verrue.
Bésâoa, s, m. Dim. Bésalé. Canal d'irrigation, biez de
moulin; prise d'eau.
Ce mot doit avoir une origine commune avec le fr. Biez,
En roman, besal, besaliere, canal, conduit des eaux, rigole
d'arrosage, même sign.; celt. beal; bass. lat. bedale, en lat.
via aquœ; en gr. 6(7).
Béscle, s. m. Terme de boucherie ; rate de mouton ;
fressure.
En V. fr. Bascle,
Béscul, s m. Biscuit; pâtisserie faite de la fleur de
farine, de sucre et d'œufs, cuite au four de pâtissier. —
Paptè'béscuï, papier sur lequel on enfourne la pâte de
biscuit, et sur lequel il reste des traces de sa substance
quand on le détache. Les enfants achètent ce papier chez
les pâtissiers et rongent à belles dents cette friandise à
très-bon compte.
Dér. du lat. Bis et coctus, cuit deux fois.
Béségno, s. f. Gousse-d'ail; amande d'ail; un des
caïeux dont la réunion forme la tète, qu'on appelle Bous-
sèlo.
On dit, et c'est possible, que ce mot a pour étym. Véno
d'àiè, à la vérité par altér.
Béségudo, s. f. Besaigtie, instrument de charpentier,
taillant par les deux bouts. — Esdà à la béségudo, sabot à
la cévenole, dont la pointe est recourbée comme les anciens
souliers à la poulaine.
Dér. du lat. Bis et acutus, à deux pointes, soit qu'il
s'applique à l'instrument des charpentiers, soit à la chaus-
sure de nos montagnards, qui portait sans doute, dans
l'origine, une seconde pointe à l'arrière, comme une sorte
d'éperon.
Béaougna, v. Travailler, s'occuper ; faire une afiaire ;
faire ses afiEûres. — A bien bésougna, il a bien spéculé.
Bésouguo, s, f, Dim. Bésougnéto, péj. Bésougnasso,
Chose; affaire; besogne, travail, ouvrage. Dans ce dernier
sens : Laisso mé faïro ma bésougno, laisse-moi faire ma
besogne, mon travail, mon ouvrage. Fat fosso bésougno, il
fait beaucoup d'ouvrage. Faire bésougno, réussir dans ses
afiaires, être rangé; augmenter progressivement son avoir.
Avec la première acception, Bésougno a la même extensfbn
que le fr. ehosê et le lat. negotium. Il sert à désigner une
foule d'objets dont le technique ne vient pas immédiate*
ment à la mémoire; il veut tout dire et désigne tout. —
Mouuu Bésougno, monsieur Chose, monsieur un teL
Bésougno en dit autant» en supprimant monsieur.
Dér. de l'ital. Bisogna, affidre.
Bésoun, «. m. Besoin; manque; misèrei disette, indi*
110
BES
BES
gonce ; nécossitr* iialurelle. — Aqud li faï hcsoun, coin lui
est nécessaire, il ne peut s'en priver, ou s'(Mi passer. En bc
besoun que... il faut l)i<Mi que, il est bien nécessaire (pip...
Es lou bétouti que i-on foi faire, c'est la niiséro ijui le
conduit li\. S't'ro (lé besoin), s'il le fallait. Fuirc sous besnu-
nas, va^jner à ses nécessit>^s naturelles.
Dér. de l'ilal. hisoijuo, Mian(iu<\ nr-cossit-*'.
Béssédo, ». f. Taillis de houl^iux.
Ce mot est dér. do Bh, bouloau, (jui a vieilli, mais qui
s'est cons»^rvc dans le hreton bez, pris du celt. bcss, inéme
sign. Il n'est plus qu'un nom prop. ei enire dans la com-
position d<^plu>ieurs; la dosin.'nce é /o. qu;^lilioriti\e et col-
lective, n'-poiidaiit i'i t/*> l'r. ou ny : Lu liesse lo r(»\ ioni a
La Htuilave ou La lJ>ula\, ou Houlay. {j'iW fiiide c/o est
caraclcrisliijue et i)ropre au midi dn la rnuic*^; o\\^' y^^\)\v-
Si'nle la tormmaison lat. elmn, qui a varié souvent en
eiuin, etju7)i, et a lait ihnu et efmii, d où 'i/o procède
plus directemout ; mais S(ais toutes c^s l'ormes, elle porli'
en Soi un sens de c*)lleclivilé, (jui s'attache au\ mois d;uis
lesquels elle apparail : Ceriè'ireilo, yougarêîn, PincJo,
Verncilo, etc., lieux plantés de cerisiers, de noyers, de
pins, d'aunes, etc. Si'S similaires s int en \mv^. îcr, ières;
en fr. aie, ay, ayc, ei, ey, ec. eis, eis, ei,r, es, et, ex, ois,
01 ; mais le radieal commun est dans raiicicii i^aiilas, au-
quel il faut toujours remonter, en fait >urtout d'elym loL'ie
des noms pr«»presde lieux.
Bésséjo, s. f., H. pr. de lieu, lîessè^'es, commune
éripV nouvelleuienl en clief-lieu de canton, arrondis-
seiiiênt d'Alais. L'importance el la pro>p rij.' dt\N mines de
houille et des fomleries et forges et dilies d in> cott'^ loca-
lité lui ont donné un développement consiili-ralile.
Dans rétynudogie des noms, il y a toujours à distin;juer
le radical, cpii foi'mo le cor[)s du mol et li-nr si-;ni(ic ition,
de la désinence, qui n'est souvent tiu'exi)|i'tive. Ici ejo
seiidde être un suOlxe manpiant la collectivité, la (]uan-
lilé ; le radical reproduit le celt. bess, vcss, l^ouleau, et le
nom si i: ni lierait un lieu plant''* de bouleaux. Il pourrait
cependant au>si avoir élé formé par la lia>s. lai. bcssœ ;
Besses dans le dialecte liniousin et auverimat a le sens du
lat. ptiscua, pâturages, j)rairies. Les deux accej»tions sont
applicables.
Béssina, v. Vesser ; rendre par le bas un vent muot.
Béssino, s. f. Vesse, V(^nt muel par en bas. — Vnrâou-
los (le fenno, béssino d'ase, j)ropos de femme, le viMit l'em-
jxu'le. Pcr uu pe, per uuo bessinn refuses jtns ta vestnn,
pour un petit défaut sans gravité, ne refuse pas en mariage
ta voisine. La moralité de ce proverluM'st qu'il vaut mieux
épouser une fennne que l'on connaît bien, malgré (piel(jues
petits défauts, qu'une étrangère qui peut en cacher de
bt\iucouj) j^lus grands. Le pn^Ncrbc ajoute en elTet : ->V
prendras uuo detras lou pioch que tt'daura fach sept ou
h wch .
Ifessino-de-loù , vesse-de-loup, plante de la fam. des
Fuuijus, Bolets ; qui se remplit d'une jumdre noire, quand
elle est en maturité. Sous la pression elle éclate, et sa pous-
sière se répand.
Dér. du lat. Ycsica, i)etite \essie, globule.
Bésso, .s. /'. Abbesse, sui)érieure d'un monastère de filles
ou de feiimi.'S. — Tèros ou Mas de las Bessos, métairie OU
clianq)S de r.\bbaye ou des Abliosses.
Der. du lat. Aiibas, ])ar ai)o(:oj)e de Va initial.
Béssoù, béssouno, alj. Dim. Béssonné. Jumeau, elle;
en parlant soit di'S persoimes, soit des animaux ou des
arbre>, [iroduits d'une mémo souche, ou bien des fruits
adhérenls l'un à l'autre.
Dèr. du lat. Bis el de la part, ou, contraction de homi-
nes : deux hommes, ou homme double. La désinence soù,
i\n\ esl la même que snun, et qui, dans le [)rinci{)e, était
ainsi, j)uisipii' son féminin est encore souno, j)eut avoir été
empruntée à l'angl. son, fils. La longue i»ccupation des
provinees méridionales par les .\nglais rend cette hvfW)-
tiièse [)lausihle. Itcssoù reviendrait alors î\ bis-son, deux
fois lils, (»u doul)l(' lils.
Béssounado , *. f. Aecouchement do junjoaux ou de
jumelles ; les jinmMux eux-mêmes pris collectivement. —
Aquo fat uito bravo bessoanado, c'«'st un joli couple. A fa
très bessounados , elle est accouchée trois fois de ju-
meaux.
Béstialén, énquo, adj. Qui tient de la l>éte, l)estial ;
(pli aime les aiiiniaux, (jui se plaît à les élever, aies soigner.
D''r. de Bèstio.
Bésliàou, s. m. Dim. Bestiale, péj. Bestinlas. BtHail ;
ens'^mblo des animaux domesti<iues d'une ferme; la gent
animale en L'^éini'al. — Lous matinans soh7i un bra\}€ hés-
tiale, les vers à s«)ie sont un charmant i)euple-aniinaL
Aribd (ou bestiànu, donner la ration aux animaux de la
grange, chevaux, nulles, boMifs ou moutons, non comprise
la V(tlaille. Laissas pissa lou béstidnu, laissez pisser le mou-
ton ; laissez faire; laissez couler l'eau.
Dér. de Bèstio.
Béstiassado, s. /". Grosse bêtise; balourdise; gaillanlise
grossière.
Béstiasso, s. f. Ciivts el vilain animal. Au fig., grosse
bête; butor: grand iml^'cile; gri'issier.
Augm. et p''jor. de Bèstio.
Béstiéja, v. Taire l'imbécile, le nigaud; dire ou faire
des gaillardises grossières.
Béstiéjaïrc, aïro, adJ. Oui fait des niches grossières et
gaillai'ilcs ; qui fait dos lazzis indécents.
Béstiéto, s. f., ou Béstiolo, v. f. Bestiole, petite bète;
insectes en général. .Vu fig., [»elit esprit, persi^nne bornée,
.sans intelligence el sans instruction.
Hestiouno s'emploie dans le même sens.
Dim. d(' Jhstio.
Bèstio, .V. f. Dim. Bestieto, béstiolo, hestiouno, péj. Més-
tiasso. liêto, animal, en général, particulièrement une
mule ou un cheval. Au fig., sot, idiot, imbécile ; lourdaud;
butor; mauvais plaisant; vicieux.
BIA
BID
in
*- M iMampa uno bèMUo, il m'a crevé an cheval, une
mule. Es pu bèstio qi*é nèci, il est plus coquin que sot. JUé
a^ué poi sotiiamén : bèttio, nè$ aquït il ne fit nulle atten-
tion à moi ; il ne me demanda pas seulement : que fais-tu
là 7 Aquà'ê la hèsiio ddou bon JHou, c'est un pauvre inno-
cent» un crétin inoffensif.
Mr. du lat. Béttia.
Béstiôoil, olo, adj, Dim. BésUoulé. Nigaud; imbécile;
ignorant; stupide.
Béstiu, ndo, adj\ Dim. BésHudé, péj. BétHudat. Bes«
tial, qui a les instincts de la bête ; brute ; abruti.
Dér. de 9èêtio.
Bésaquariès, «. f. plur. Dim. Bésu^uarièïrétos, Vô-
tâles; niaiseries; bagatelles.
Dér. de Bétuqué,
Bôsnqaé, éto, adj. Vétilleur; cogne-fétu; tatillon;
qui fait une grosse affaire de niaiseries ; qui se tue et se
tourmente de minuties, les crée et les cherche à plaisir ;
qui épluche oe qu'il mange .
Dér. de Bé$uquo, vieux mot hors d'usage, qui signifie
une espèce de jeu de fainéant, consistant en une chaîne
dont les anneaux sont enchevêtrés de manière qu'ils sont
très-difficiles à dénouer. C'est cet instrument ou quelque
chose d'analogue qu'on vient de renouveler sous un nom
de .circonstance : la qveMtUm romaine. L'allusion a été
saisie; cet exercice a amusé sans rien résoudre, bien
entendu ; mais l'inventeur y a fait sa fortune.
Dér. du lat. Bis et uneus, double crochet.
Bésuqaéia, v. Vétiller; baguenauder; s'amuser à des
riens; pignocher ou manger à petits morceaux et en éplu-
chant.
Béraquotts, oiiao, adj. Vétilleux; minutieux en pariant
des choses. — Vn ouwajê bésuquoùs, un ouvrage minu-
tieux, qui exige de la patience ; travail de détail minu-
tieux.
Béto-rabo, t. f. Betterave, B»ta vulgaris, Linn., plante
potagère, partout cultivée, qui a trois variétés principales :
blanche, louge et jaune.
Emp. au fr.
Bélorgo, «. f. Cerise courte-queue; gcdiet; la meilleure
esçàfx pour confire à Teau^e^vie.
BétMBCfnièi s. m. Cerisier eourta^queue.
Serait-il dér. du lat. Bis tortus, qui serait une allusiiHi
à la brièveté de la queue de son fruit qu'on croirait
tORine?
Bîa, V. Serrer la corde d'un ballot, ou la charge d'une
mâtuie, an la tordant avec la bille ou avec le ganot ;
bill^.
Dér. du lat. Bis et de Lia, lier ; lier deux fois.
Bliây j. m. Dim. Moiissé, Biais; adresse, faabllaté;
savoir-faire ; tournure; esprit; inclinaison-; manière d'être.
— Jean sans biaX ou Pàùu-dé^bM, un maladroit. Préne
tomhim, ptfendre la bomia manièie de faire quelque diose.
Aqi^'s mmn biex, c*est sa maniàre de Mrs ou d'Mie. Cka^
cwi soun biaï, chacun a sa façon d'agir. Préne qtséouqmts
dé soun biaï, prendre quelqu'un par son faible, s'accom-
moder à son humeur. Aquà's toujour d'un bi<a, c'est tou-
jours la même chose, ni mieux, ni plus mal. Douna hu
biaï à quieon, donner une bonne inclinaison à quelque
chose ; lui donner de la tournure. A bon biaï, il parait
adroit, habile. De quinte biaï gué mé vire, de quelque c6t6
que je me tourne, quelque tournure que je prenne. D'un
bie^ ou d'un doutre, d'une façon ou d'autre. Siè$ pas dé
biaï, tu n'es pas bien placé. A fosso biaïssé, il a beaucoup
de dextérité, d'adresse ; il est plein de savoir-faire. Aquè's
pas dé biaï, ce n'est pas d'aplomb; cela n'a pas de tour*
nure.
Dér. du gaulois Bihay, obliquité.
Biaissa, ado, adj\ Dim. Riàissudé, Adroit; ingénieux;
plein de savoir-faire.
Dér. de Btov.
Biala, v. Bêler. — Se dit des brebis, des moutons, des
chèvres, des agneaux, et par extens. de tout cri forcé. —
Fédo que bialo par un moueèl, brebis qui bêle perd sa gou-
lée, c'est-àKlire qu'un bavard est toujours en arrière dans
ses afEûres.
Dér. du lat. Balare, bêler, ou du gr. BtiXtjv, brebis.
Bialaîre, aîro, adj\ Qui bêle ; au fig. , pleurard ; qué^
mandeur; poétiq., mouton, chèvre, agneau.
Bialamén, s. m. Bêlement, cri naturel des brebis, etc.
Biar, s. m. Dim. Biardé, Billard; table sur laquelle on
joue à ce jeu.
Emp. au fr.
Biasso, f . f. Dim. Biasséto. Besace; panetière de berger;
sac des mendiants; sac ouvert dans le milieu, ayant une
poche de chaque c6té.-^ A sa biasso ooufido, pléno, il a dit
foin dans ses bottes. Chacun prèeho pir sa biasso, prvb.,
chacun prêche pour sa besace, dans son intérêt.
Dér. du lat. Bisaceium.
BiMo, s. f. Bible; livre ou recueil des Saintes Ecri-
tures.
Dér. du lat. Bil4im, livre par excellence.
Bicarèon, «. m. Mercier ambulant; porte*balle.
Dér. du lat. fteatim, de bourg en bourg, de village en
village.
Biehd, t. m. Dim. BfehUté. Petit broc ; crvkdbê ft vin
qui, au lieu d'avoir un goulot, a un large bee.
Dér. du gr. BTxoç, vase ou urne à anses. En ital. bie-
ekiere, verre, gobdet ; mesure k vin.
Bidé, «. m. As au jeu de dés. — A fa raflo dé bidé, \k
a fait rafle d'as; il a tout gagné, tout ramassé.
Ce mot a la même étym. que le fir. Bidet; comme l'as
au jeu de cartes se nomme aussi ase en langued., tor,
bidet.
Bldoun, e. m. fiidoo; barillet en bols, oft les journaliers
portent leur ration de vin pour la journée, et les cantiniers
de reau-de*vie.
Emp* au fr.
113
BI6
BU
Bièlos, «. f. pi. Péjor. Bma9$os. Effiloqaes ; effilares ;
franges d'une étoffe usée et qui 8*effîle.
Gomip. du mot Vièïos.
Bien, adv. Bien; beaucoup; & merveille; grandement;
heureusement; largement. — Ce mol est une richesse de
la langue d*Oc, qui distingue entre les deux acceptions du
fr. bien, sans confusion possible. On dit en français : je
Taime bien, et Tamphibologie est embarrassante. On doute
si cette petite phrase signifie : oui, je l'aime, ou si elle
exprime : je l'aime beaucoup. En lang. on dirait dans le
premier cas : L'atme bé, je l'aime, certainement ; et dans
le second : L'aïme bien, je l'aime extrêmement.
Dôr. du lat. Benè.
BiènlaBén, énto, adj. Bienfaisant ; qui prend plaisir à
faire du bien ; qui fait de bonnes œuvres.
Formé de Bien et de foién.
Bièro, s. f- Bière, boisson spiritueuse produite par la
fermentation de graines céréales et particulièrement de l'orge.
Dér. de l'allem. Bier.
Bièro, 5. f. Brancard à claire-voie dans lequel on porte
les morts au cimetière, qu'ils soient déjà renfermés dans
le cercueil ou seulement dans leur suaire. On ne doit
jamais dire la bièro, dans le sens de cercueil, bière, qui se
disent edisso.
Dér. du celt. Boêr ou haar, cercueil, on de bar, bran-
card, caisse portative.
Bièto, «. f. Citation ; billet d'avertissement à compa-
raître devant le juge de paix; extrait du rôle des contri-
butions ou avertissement.
Dér. du fr. BiUet.
Biga, v. CoUoquer; se défaire; troquer; échanger;
vendre; marier. — A bien biga sa fw, 'û a bien placé sa
fille ; il lui a fait faire un bon mariage ; il l'a bien coUo-
quée. Coumo quieon la bigarén, de manière ou d'autre
nous nous en débarrasserons.
Dér. du lat. Bis et j'ugare, on vices, échange : invieem
muUtre.
Bigara, ado, aij. Bigarré; peint, nuancé, mêlé de plu-
sieurs couleurs disposées par bandes.
Dér. du lat. Bisjugare, atteler, joindre, et radius, rayon,
raie; ou bien de variegatus ou virgutus.
Bigaraje, «. m. Bigarrure; bariolage; mélange de plu-
sieurs couleurs tranchantes.
Dér. de Bigara.
Bigaronno. s, f. Bigarreau, grosse cerise en forme de
cœur.
Formé du Ut. Bis et du mot garo, lang. adjectivé.
Bigô, s, m. Hoyau à deux dents; bident; binette;
moins fort et emmanché plu» court que le béehar. — V. c.
m. — C'est l'outil dont on se sert dans les hautes Cévennes
et le Vivarais pour les vignes et tontes sortes de binage.
Dér. du lat. Bieomis.
Bigô, oto, o^;. Bigot; faux dévot; hypocrite.
Dér. de l'allem. Bêg GiM, ou de Tangl. 6y god, par
Dieu ! parce que les bigots sont censés répéter souvent cette
oraison jaculatoire.
Bigo, s. f.» ou Bigonn. Pièce de bois courte et équarrie;
poinçon; étai. — Voy. Bigoun,
Dér. de la bass. lat. Biga,
Bigomo, s. f. Enclume à deux cornes ou à deux
pointes arrondies pour tourner le fer en rond ; compagnies
du centre de la garde nationale ; ancienne milice.
Dér. du lat. Bieomis, à deux cornes.
Bigoro (Bando dé), s. f. Bande, troupe de Bohème ou
de Gitanos, qu'on appelle aussi dans le pays Catalans,
parce que leur domicile, s'ils en ont un, est dans les mon-
tagnes frontières de la Catalogne et de la France. On les a
appelés dans le temps bando dé Bigoro, parce qu'il en
venait beaucoup du Bigorre, pays limitrophe de la Cata-
logne. Par ext. on dit bando dé Bigoro comme torme inju-
rieux, pour : tas de voleurs, tas de brigands. — Vog.
Bèmt.
Bigonn, s. m., ou Bigo. Bigue ; petite poutre longue et
grêle, ou courte et équarrie quand elle sert de poinçon on
d'étai. — Voy. Bigo.
Bigonmn, ndo, adj. Milicien ; garde national du centre;
biset.
Dér. de Bigomo.
Bigontariè, s. f. Bigoterie; fausse piété; fausse dévo*
tion.
Dér. de Bigà.
Bigontéja, v. Faire le bigot; se livrer habituellement &
des actes de dévotion puérile.
Dér. de Bigà.
Bigre, bigro, adj. Dim. Bigratoik. S3rnonyme radouci
etdimin. de Bougre. Il n'entraine aucune idée f&cheuse
ni insultante : ce n'est guère qu'une plaisanterie. Bigre
s'emploie aussi comme interj. : diable! C'est un nom qu'on
donnait autrefois aux riverains des forêts nationales on
seigneuriales, qui étaient des espèces de gardes spéciaux»
chargés de la surveillance et de la recherche des abeilles,
pour en recueillir le miel. Un privilège de leur charge les
autorisait à couper l'arbre sur lequel l'essaim venait se
poser. De là ils furent nommés dans la bass. lat. et les
actes dé notaire bigrus ou bigri, par corrup. du lat. api-
ger, apieurus, apieuri, ce qui a fait le mot actuel. On
pourrait peut-être aussi tirer cette épithète légèrement
moqueuse du nom des habitants du Bigorre, en lat. Biget-
riones, que l'on confondait avec les Bohèmes. — Voy,
Bigoro.
Bijare, aro, adj. Bizarre; bourru; d'humeur peu so-
ciable; fantasque; capricieux.
Emp. et corrup. du fr.
Bi]on, 5. m. Dim. Bijouné. Bijou, parure» jolie petite
chose en général. Bijouné, joli petit enfant.
Dér. du lat. Bis et jours.
Bijontariè, s. f. Bijouterie ; tonte espèce de bgonx ;
magasin et profession de bijoutier.
BIO
BIS
113
BijoQtiè. 5. m. Bijoutier, marchand qui vend des bijoux ;
fabricant de bijoux.
Bijoatièiro, «. f. Marchande de bijoux ; femme d*un
bijoutier; botte vitrée où s'étalent les bijoux dans un
magasin de bijouterie.
Bingo! (Dé), adv., ou Dé gningoi. De guingois; de
travers; de côté; en faux-équerre; bistoumé. — Mareho
tout dé bingcX, il marche obliquement. Y véi dé bingai,
il est louche. — Voy. Dé guingot.
Dér. du gr. Tvi^ç, boiteux, estropié.
Binlo, s. f. Bile; mais particulièrement pituite. C'est ce
qu'on entend d'ordinaire quand on se plaint de la binlo ;
on veut désigner par là un épaississement des glaires sur
la poitrine, qui deviennent visqueuses, muqueuses et diffi-
ciles à expectorer.
Dér.dulat. BUU.
Bîo, s. f. Bille de billard, exclusivement.
Dér. du lat. BuUa, bulle ou boule, ou de pUa, balle à
jouer, boule. Le mot n'est pas ancien en lang. avec cette
sign. et vient du fr.
Bio, $. f. Garrot; bille; b&ton court et fort dont on
serre les cordes d'emballage en les tordant ; trique, tricot ;
gros b&ton; court bâlon des b&tonistes. — Garo, la bio/
gare, la trique, le bâton !
Dér. de Bïo,
Biô, j. m. Billot; grosse canne brute; tricot; gourdin.
Augm. de Bïo.
Biôoii, «. m. Dim. i^îbu/tf^péjor. et augm. Bioulas. Bœuf
domestique. Bot taurtu dotneitieus, Linn., mammifère de
la fam. des Ruminants. Le taureau se nomme Bràou, —
Bioulé, s. m. Bouvillon, jeune bœuf ; en v. fr. bouvelet
ou benvelet. Lou biôou bramo, le bœuf beugle, meugle ou
mugit. — Aquél home es un biôou, cet homme est fort
comme un bœuf. Biôou dé la Palu, taureau sauvage des
marais f palus J de la Camargue , très-propre aux combats.
Fia eoumo la bano d'un biôou, antiphrase, c'est-à-dire
raide comme une barre. Volo-bidou, sobriquet ancien des
balHtants de Saint-Ambroix. On prétend qu'un charlatan,
au moyen âge, annonça qu'il voidait faire voler un bœuf
du ran dé Jisu, rocher de Jésus qui domine la ville au
midi, jusqu'au ran dé Manifaeiè, rocher qui se trouve de
Tautie côté du pont. Jour pris pour cette expérience, on
ne sait trop comment s'en tira l'empirique : probablement
le boBuf ne vola pas ; mais les drogues et les onguents
eurent bon débit, et les malins du voisinage firent subir
aux Saint-Ambroisiens les conséquences de leur crédulité.
Ce sobriquet tient encore dans toute sa force.
Voici une autre version : les habitants de Saint-Am-
broix avaient une. foire à laquelle jamais personne ne
venait. Une année, ils s'avisèrent de faire publier dans
tous les environs (les a£Bches-programmes n'étaient pas
oonnues , non plus que l'imprimerie inventée dans ce
temps), qu'on verrait à leur prochaine foire un spectacle
extraordinaire : un bœuf qui volerait, en parcourant dans
son vol le trajet ci-dessus indiqué. On laisse à penser si au
jour dit les curieux abondèrent dans la ville ; pendant
toute la journée, les boutiques non plus que les cabarets
ne purent suffire aux chalands. Il va bien sans dire que le
bœuf ne vola pas non plus; mais la foire fut bonne, et
cette fois les mystifiés ne furent pas ceux de Saint-Am-
broix.
On peut choisir entre les deux origines du sobriquet : à
coup sûr, elles ne partent pas du même auteur.
Bato dé biôou. — Voy. Bato.
Léngo dé biôou, espèce de feuille de mûrier, dure, gri-
sâtre et sans mûres; elle est plus clair-semée que les autres
espèces ; aussi est-ce la moins productive et doit-on l'éviter
à h greffe, mais en revanche, elle est moins sujette à la
tache par les brouillards et la miêlée.
Biôou, s. m. Coccinelle, Coecinella punctata, Linn., de
la fam. des Trimérés, insecte, genre de scarabées, dont les
élytres sont rouges, tigrées de sept points noirs. On le
trouve principalement dans le calice des lys. Il est connu
aussi sous le nom de Bèstio dâou bon Diou, ou Galinéto
dâou bon Diou.
Lorsque Biôou est un nom propre d'homme, ce qui est
fort commun dans le pays, il fait au féminin Biolo.
Dér. du lat. Bos, ou mieux du gr. Bouc, même sign.
Bîon, s. m. Dim. Bïouné. Bigue de bois équarrie pour
être sciée en long. — Aquél âoubre fara très bioUis, cet
arbre fournira trois longueurs de sciage.
Dér. de Bio.
Biquo, s. m. Gaillard; bon compagnon. — Un bon
biquo, un bon drille. Trasso dé biquo, mauvais garçon,
mauvais diable. Sèrês un 6tçuo à faire aquà, si tu étais
homme à faire telle chose. Ah/ lou biquo f ah! le luron !
Ce mot pourrait bien dér. de Vieanui, villageois.
Bisa, ado, adj. Hâlé, gercé par la bise.
Dér. de Biso.
Bisbil, s. m. Bisbille; mésintelligence; discorde; que«
relie ; rixe ; dispute.
En ital. Bisbiglio.
Biacaire, «. m. Biais ; côté; obliquité ; travers ; angle.
— Dé biseaïre, de travers, en faux équerre. Coupa dé bis-
caïre, couper de biais. Cantoù dé biscaXrê, encoignure en
faux équerre.
Dér. du lat. Bis et du lang. cotre.
Biscarlô, s. m. Bidet; petit cheval de montagne, ordi-
nairement de race lozerotte.
Ce mot ne serait-il pas dans sa finale une contraction ou
une altération de eavalà, petit cheval? La syllabe bis, da
la bass. lat. biius, brun, noir, déterminerait la couleur la
plus ordinaire de ces poneys de montagnes.
Biscountour, s. m. Zig-aag; laux-fuyant ; course pleine
de contours et de détours, en décrivant divers arcs do
cercle inverses les uns des autres.
Dér. du lat. Bis et eontorquere, tourner deux fois au*
tour.
is
114
BIS
BLA
Bise, s. m. Pigeon biset; ramier; pigeon sauvage,
Cdumàa livia, Linn. — Il se distingue par deux bandes
noires qu*il a sur chaque aile. Son plumage est d*un gris
de fer foncé, et lui a valu son nom, tiré de la bass. lat.
bisut, brun.
BUède, s. m. Bizègle, instrument de cordonnier en
buis, ayant une sorte de mortaise aiguë à chaque bout,
qui sert à lisser la tranche des semelles et à effacer la ligne
de suture.
On ne sait trop pourquoi on donne quelquefois, chez le
peuple, le nom de BisèeU aux enfants qui ont le prénom
de Louis.
Dér. du lat. Bis aeutus, aigu des deux côtes.
BUèl ou Biaèoa, «. m. Biseau, talus pratiqué à Textré-
mité d*un outil, d*un instrument. On le dit des bords à
facettes d'une glace, de Tarète adoucie d*un bois équarri,
du dos d*un. couteau, etc.
Dér. comme Biaï, du gaulois Bihay, obliquité.
Buéi, s. m. jU. Coup de bise ; autans; vents froids et
fréquents.
Dér. de Biso.
BUéto (En), adv. De biais; en biseau ; obliquement. —
BîMfo est le dimin. de BUèou, mais ne s'emploie qu'ad-
verbialement. On dit encore : éicaïè en hUéto, escalier en
colimaçon. Il semblerait cependant que cette dernière
expression viendrait de avis, une vis, dim. visita.
Buo, «. f. Bise; vent de bise; vent sec et froid qui
soufQe du N.-E. au N.-O. — La hiso es folo, il fait un
vent fou. Touqua ddou vén dé biso, il est un peu timbré.
Afuésto fis né siès iou^ua ddou vén dé biso, pour le coup,
tu peux t*en frotter les moustaches.
Jnste-Lipse fait venir ce mot de l'ancien teutonique, bisa,
tourbillon de vent. En tous cas, il est remarquable que la
nM^ine de notre biso, prise du celt. bis, signifiant noir,
réponde au grec Mikon^-^piaç, vent noir, et au lat. aquUo,
même sign., dér. de aquUus, noir&tre.
Biaouèr, s. m. Dimin. Bisotièmé. Vent-coulis; courant
de bise à travers une porte, une fenêtre, une ouverture
quelconque.
Dér. de Biso.
Biiqaa, t;. Bisquer; être vexé; enrager; s'impatienter;
s'inquiéter; rechigner.
Dér. du lat. Vexare, vexer.
BUqao, s. f. Colère; fâcherie. — A prés la bisquo, il a
pris la mouche. Aquà's màou préns sa bisquo, voilà qui
est mal prendre son temps, se fâcher mal à propos.
Dér. de Bisqua.
Blasés (L'an dé), s. m. L'année bissextile, celle où se
rencontre le bissexte, c'est-àrdire le jour qu'on ajoute au
mois de février tous les quatre ans. — Lou pagarat tan
di bissis, je le paierai aux calendes grecques.
Un lourdaud, nommé Jwn dâou Fés, qui avait pris
femme, trouva mauvais que celle-ci accouchât au bout de
trois mois de mariage. Il consulta sur cette af&iro son
curé, qui, en homme d'esprit et de conciliation, voulut pré-
venir les suites fâcheuses d'un événement irrémédiable
d'ailleurs. H compulse son Ordo, et voyant que l'année
est bissextile, après des calculs qui commencent à calmer
l'imagination du pauvre mari, il en tire enfin l'oracle con-
solateur suivant :
Jean dâou Fés
Fénno n'a prés
L'an dé bissés que né vôou très ;
Très et très fan sièl et très fan néou,
L'éfan es vostre pérqué Dtou-z-ou vécu.
Jean du Fés a pris femme dans l'année bissextile, qui
compte triple ; trois et trois font six, et trois font neuf; Ten-
fant est à vous puisque Dieu le vent ainsi.
Notre homme se retira satisfait, dit l'histoire.
Dér. du lat. Bissextus.
Bistour, s. m. — Voy. Biseountour,
Bistoortid, s. m. Bistorlier, terme de pâtissier ; cylin*
dre, rouleau, pilon de bois pour travailler la pâte, la pétrir
et la mettre en feuille sur une table.
Dér. du lat. Bis et torquére.
Bitaio, 5. f. Victuaille ; provision de bouche ; spéciale-
ment, ration de vivres qu'apporte un journalier dans son
bissac.
Dér. du lat. VietuaUa, vivres.
Biva, I. m. Bivouac, garde qui est sur pied pendant la
nuit.
Emp. au fr., qui dér. de l'allem. Bey, guet, etwaekt, nuit.
Bivaqua, v. Bivaquer ou bivouaquer ; par ext. passef
la ntdt en plein air, à la belle étoile.
Dér. de Biva.
Bla, s. m. Dim. Bladé. Blé, nom générique qui com-
prend toute espèce de céréales propres à la nourriture de
l'homme. Dans beaucoup d'endroits, le mot bia ne désigne
que le froment et ses variétés. — Lou bla a fa d'un sOS,
d'un dès, le blé a sextuplé, décuplé, il a produit six on
dix pour un. Téro négro faï bon bla, la terre noire pro-
duit de bon blé; on dit cela souvent d'une femme très-
brune, qui doit produire des enfants robustes. Manjarén
pas grand bla ensemble, nous ne vivrons pas longtemps
ensemble ; il y a incompatibilité entre nous. Sa fénno vtf
fara manja hu bla cher, sa femme le ruinera. Èla earga,
blé chargé de mauvaises graines. Bla dé barquo, blé étran-
ger, qui vient par eau et qui est souvent avarié. Bla dé
pêns, blé indigène. Chaque pays a une prédilection pour tes
produits de son sol, ici surtout. Le fait est que le blé des
environs d'Alais est de fort bonne qualité; il se vend ton-
jours plus cher que le blé étranger. Bla dé sénUnço, blé
du premier choix, réservé pour renouveler la semence.
Bla vésH, grains qui n'ont pas été dépouillés de leur
balle. Un bla est ordinairement un blé en herbe. Un for
bla, un blé bien fort et bien épais.
Dér. de la bass. lat. Bladum, qui vient lui-même du
vieux saxon blad.
BLA
BLA
115
Bla^è, iîro, a4j. Qui concerne le blé; blatier, mar-
chand de blé, moins usité cependant en ce sens que mar-
êhan dé bla. Il est quelquefois nom prop. ; les enfants alors
se nomment : Bladièiré, Bladiëiréto. ^ MouH bladiè,
moulin à blé.
Dér. de la bass. lat. Bladarius ou bladerius, moulin à
farine.
Blagna, o. Bavarder; hâbler ; parler inconsidérément;
mentir.
Dér. du lat. Bialerare, caqueter, babiller.
Blaguo, s. f. Hâblerie ; bavardage ; babil importun ;
menterie; blague, qui est passé en ce sens dans le fr. fam.
et pour signifier : sac à tabac. — Taïso ta blaguo, cesse
Ion babil. Abtu a pag fa que dé blaguos, il ne nous a dit
qpe des bourdes, des hâbleries, des mensonges.
Dér. de Blagua.
Blagnr, nrdo, adj. Blagueur; hâbleur; parleur sempi-
ternel ; indiscret.
Même dér. que le préc.
Blaûne, $. m. Calomnie, ou tout au moins grosse médi*
sanoe. — Leva un blaïme, inventer une calomnie, calom-
nier.
Dér. du gr. BXdEjjLixa, lésion, injure, dommage.
Biaisa, v. Biaiser ; agir avec nonchalance, sans entrain,
sans conviction.
Dér. du nom pr. Blèêo, Biaise,' synonyme de noncha-
lant.
Blaîséja, v., et Blésséja, v. Grasseyer, parler gras,
comme font les Provençaux, à rencontre de la lettre r qui
8*embarrasse dans leur gosier, et qui a quelque rapport
avec le g.
Ce mot est encore plus spécialement applicable à un léger
défaut de langue, qui se produit pour certaines consonnes,
comme si on les glissait entre les dents ; ce qui fait pro-
noncer le eh comme un s, le j comme un x, et ; comme si
d la précédait.
Le premier est le grassaiement et le second le zézaie-
ment, que le lang. confond dans Blaîséja ou Blésséja.
Dér. de Blé,
Bla-maré, s. m. MaSs; blé d'Inde ou de Turquie; gros
millet des Indes ; Zea mays, Linn. Plante de la fam. des
Graminées, originaire de TAmérique, d'après certains
auteurs, tandis que d'autres soutiennent qu'elle est venue
des Indes-Orientales, opinion que semblerait confirmer son
nom fr. En tous cas, la dénomination langued. Bla-maré,
indique qu'elle nous est arrivée par la mer,
Blan, «.m. Blanc, monnaie du moyen âge qui valait
dnq deniers. — Stév blan, deux sous et demi, ou 425 mil-
lièmes. C'est là le seul cas où le mot est employé.
Son nom dérive de sa couleur, c'est-â-dire que cette
monnaie était blanchie ou étamée ; en argent, elle eût été
trop petite pour la valeur représentée.
Blan, qno, adj. Dim. Blanqué, péjor. Blanquas, Blanc;
couleur de la neige ; pâle; propre. — Drapèou blan, dra-
peau de la monarchie française. Pèro-blan, frère-prèchour
dominicain dont il existait un couvent à Alais. Abéoura
âou blan, mêler de la farine dans le breuvage d'un animal.
Mé fat véni lous pèous blans, il me fait blanchir les che-
veux, dit<on de quelqu'un qui nous tourmente, nous im-
portune jusqu'à l'impatience. Camiso Manquo, chemise
propre. Faïre un viaje blan, faire un voyage inutile, se
déplacer pour rien. Vénguè tout blan, il pâlit tout à coup.
Dér. de l'allem. Blank, brillant, éclatant.
Blan, s. m. Cible, but où l'on tire. — Aï fa blan, j'ai
mis dans le blanc, j'ai touché le but. Tira âou blan, tirer
à la cible.
Is point où l'on vise est marqué ou tracé en blanc au
centre d'un espace noir : de là le nom.
Blan-bè, t. m. Blanc-bec, jeune homme sans expérience,
ironique et méprisant.
Formé de Blan et de bè.
Blanchi, v. Blanchir; passer au lait de chaux; faire
prendre une couleur blanche. — Faire blanchi, faire blan-
chir, en terme de cuisine, donner une première ébullition
à la viande, aux légumes, les passer à l'eau bouillante.
Dér. de Blan.
Blannavo, s. f. n. pr. de lieu. Blannaves, commune du
canton de Saint -Martin- de -Valgalgues, arrondissement
d'Alais.
Ce nom se divise en deux parties. La dernière ne pré-
sente aucune difficulté : nave, nove, noue, en v. fr., nava,
en esp., signifie prairie. Dans la première, pour avoir un
sens raisonnable, blcm ne pouvant s'allier au sens de nave,
il faut admettre, pour l'euphonie et la signification, que
r primitif s'est transformé en l actuel ; ces deux consonnes
ont d'ailleurs des dispositions particulières à permuter
ainsi. Or brana est rendu dans la bass. lat. par juvenea,
vaeca junior, vache jeune. Ce qui donne pour le nom entier :
prairies ou pâturages pour l'élève des vaches. Cette inter-
prétation se fonde par assimilation sur le nom d'un hameau
de cette commune de Blannaves, où la même étymologie se
trouve très-marquée. Branoiis, Branoux, est représenté par
le lat. branus, masc. de brana, id est juveneus, junior
bos (Du Cange), dont nous avons fait en langued. avec la
même signification brâou, jeune taureau.
Blanqnâon, s. m., ou Blanqnâondo, f. f. Guigne
blanche, espèce de cerise de couleur de cire, légèrement
teintée de rose, du côté exposé au soleil. Le fruit est indif-
féremment masc. ou fém., l'arbre n*a que le masc. Cérièïre
blanquâou, cerisier qui produit la guigne blanche.
Dér de Blan.
Blanqoas, asso, adj. Blanchâtre, qui tire sur le blanc;
d'un blanc sale.
Péj. de Blan.
Blanqné, s. m. Cérat de Galien, pommade résolutive,
détersive et dessicative; onguent connu aussi sous le nom
de blanc Bhasis, par cormp. blanc raisin, d'une couleur
blanchâtre.
IIG
BLA
BLA
BlancpiétraB, s. m. Terre schisteuse et ar^leose, d*ane
teinte jaunâtie pâle ; terrain à maigre végétation. Pour le
mettre en produit, il faut le défoncer profondément.
Dér. de Blan, et du oelt. ecUr, pierre, quier et autres.
Blanqnéja, v. Paraître blanc; avoir de loin une teinte
blanchâtre on lumineuse; tirer sur le blanc; devenir
blanc. — Lous sèreg aeouminçou dé bkmquéja, Taurore
commence à blanchir le sommet des montagnes. Adéjà
bianquéjo, il devient blanc, il vieillit, en parlant d'un
homme qui commence à grisonner.
Dér. de Blan.
Blanqaéto, s. f. Blanquette, espèce de fricassée, de
gibelotte d'agneau, de chevreau ou de rogatons de rôtis de
veau ou de mouton, à la sauce blanche.
Blanquéio de lÂmoàs, Blanquette de Limoux, nom que
le fr. a emprunté au lang. comme le précédent. C'est un
vin clairet et mousseux, de même natnre mais plus piquant
que la clairette de Die.
Blanqninoùa» onso, adj, Dim. Blanquinouté, péjor.
Blanquirunuas. Blanchâtre; tirant sur le blanc; d'un
blanc sale. Peut-être est-il d'un degré supérieur à Blan-
quas, déjà péjor. — F. c. m.
Blanqnoù, s. f. Blancheur ; couleur blanche.
Blaquarédo, s. f. Chênaie ; taillis de chênes blancs.
Ce mot est formé de la finale caractéristique, méridio-
nale essentiellement, iio, qui est le signe de la collecti-
vité, et qui répond à la terminaison lat. etum, et armori-
caine ek : le radical, ou mieux les deux syllabes qui pré-
cédent, se décomposent en blak, celt. blanc, et quar qui
égale quere, celt., d'où le lat. a lait quercus, chêne; et en
voulant désigner un lieu planté de chênes, une chênaie, il
s'est servi de son collectif eium, traduit dans la langue
d'Oc par ido. Ainsi s'est formé querceium, même quet-
noium, exprimé en fr. par chênaie et en lang. par bloqua-
rédo, on blanche chênaie, ou taillis de chênes blancs.
La première syllabe est indicative de b qualité ; la seconde
représente le radical celtique, caractérisant le sujet, l'arbre
lui-même. Biais il n'est peut-être pas de syllabe qui ait
subi autant de transformations, qui ait été plus défigurée
que le nom du chêne, l'arbre des Druides, le vieux gau-
lois tann. On le retrouve en Armorique, et il est syno-
nyme de dero; le latin l'avait altéré en quêreus, avec la
désinence propre a^ génie de sa langue. Il est toiyours
reoonnaissable et le changement graphique devait avoir été
produit par la variété de prononciation. Tann ou dêro
sonnaient indifféremment comme tiann, ehann, $ann, ou
thtro, ehuro, xtro, qumro; quand la voyelle finale, muette
sans doute, est tombée, on voit &cilement comment ont
pu se former et le mot latin et les variantes romanes. Si
bien que, d'après les plus anciens titres, tann primitif est
exprimé par tatnut comme par eamuê, d'où leur collectif
toinitum et ea»n$ium, ce dernier donnant quunUum, le
même que quantum, plus rapproché du latin, et employés
tous deux également dans la traduction ou la reproduction
des noms communs ou de localités, tels que chênaU, écrit
autrefois chesnaie comme ehesM, et Chêsnei (Eure}, Quunay
(Calvados), Chenay (Sarthe), Cheney (Yonne), Ckmayê
(Deux-Sèvres), Chenois (Meurthe), Chunayê (Seine-et-Oise),
Tannois (Meuse), Chanoy (Haute-Marne), Xenois (Vosges).
Sonnais (Seine-et-Oise), TAanay (Indre), Qtimay (Calvados),
ConwiU (Lot-et-Garonne), identiques à ThenoiUe$ (Aisne),
ChenoiUet (Loiret), Thenneil (Indre-et-Loire), et QtiefiMiy
(Nord), tous analogues, et tous rendus par la forme inva-
riable latine, Quercetum ou Quesnetum. Le lang., en em-
ployant édo, os, ièro, ièiro, comme désinences, n'a fait
qu'approprier au génie propre de sa langue et de sa pro-
nonciation, ce que dans d'autres dialectes on entendait et
on prononçait avec une autre inflexion. Mais la dérivation
est évidente; elle se fait mieux sentir dans La Blaquièiro,
La Blachère (Ardèche), qui confirme la filiation — Voy,
les articles Cassogno, Èdo et litro, suffixes.
Blaqoas, s. m. Dim. Blaquassoù. Jeune chêne blanc.
Blaqaaasino, s. f. Jeunes pousses du chêne blanc qui
se convertissent en buisson faute d'être élaguées, ou pour
avoir été broutées à leur naissance.
Blaqnièiro (La), s. f., nom pr, de lieu. La Blaquière,
hameau de la commune de Cendras, près Alais, probable-
ment dans l'origine un taillis de chênes blancs. Même
forme et même étym. que Blaquarido. — Voy, Bloquas.
Blaqao, s. f. Jeune ramée du chêne blanc, dont les
moutons sont très-friands, et dont on fait des fagots pour
leur nourriture d'hiver.
Blasa, V. Faire de la Uaso, premier travail des vers à
soie qui veulent filer leur cocon .
Dér. de Blasa.
Blad, s. m., nompr. d'homme. Biaise. Au fig., noncha-
lant, mou, bonhomme. — Voy. BUso,
Dér. du gr. BXdÇ, lâche, imbécile.
Blaai, V. Faner; flétrir; froisser, meurtrir. — Blasi,
part, pass., flétri; fané; meurtri. Il a formé AbUuiga qui
a la même sign. — V. c. m.
Dér. du gr. BXàÇ, comme le nom pr. prôcéd., qui n'a
avec lui que la seule difiërence de l'accent, placé dans le
premier sur la pénultième qui est longue et rend Yi muet,
tandis que la syllabe est brève dans oelui-d, comme le
note du reste l'accent que prend l'i final et le fait sonner.
Blaso, «. f. Bave, bourre des cocons du ver à soie : œ
sont les premiers fils qui servent d'échafaudage à ce petit
édifice et qui le tiennent à la bruyère où il est su^endu. On
dépouille le cocon de cette bave avant de le filer ; elle est
grossière et n'est pas chargée de l'humeur visqueuse ,
répandue par le ver, qui donne de la force et de la cansis-
tance au fil de soie.
Dér. du gr. BXiE, subst. de BXi^w, être mou, flasque. Le
mot 6fa«i existait dans la langue ; il a suffi d'un rappro-
chement pour appliquer l'épithète et faire le mot* â«
moment de l'importation des vers à soie, moins
évidemment que le mot lui-même.
BLO
BO
117
Blassa, v. Blesser. N*est pas admis avec son accepUon
active, et serait ime injure adressé à une femme. Il n^est
nçQ qae comme verbe, se blassa, se blesser, avorter, en
pariant d*ane femme enceinte qui accouche avant le terme
uatuiel; faire une fausse couche.
Dér.du gr. nXafSontv, frapper, ouBXdEmeiv, offenser, blesser.
Blatlè, «. m., au fém. JBlaiiètro. Blatier ; marchand, ou
plutôt revendeur de blé. Il a beaucoup d'analogie avec
BiatUà, 8*il n'est toutefois le même.
Dér. de Bla,
Blé éto, adj. Blet, blette, peu usités; mou, comme le
deviennent certains fruits en mûrissant; mince, plat. —
Péro bléto, poire blette. Bousmo bléto, bourse plate. Il est
des fruits qui ne sont mangeables que lorsqu'ils ont atteint
un certain point de maturité, tels que la nèfle, la cor*
nouille, la corne. Pour les poires et les autres fruits, quand
ils arrivent à ce degré de blé, ils sont à demi pourris et
perdent tout leur prix.
Dér. du gr. BXi^, lâche, mou.
Blé, adv. En grasseyant, avec blésité. — Paria blé,
grasseyer, bU$êr. — Voy. Blainéja,
Dér. du lat. Blcnu$, bègue.
Blédo, «. f. Blette, bette ; poirée; Beta vulgaris, Linn.
Plante potagère de la fam. des Ghénopodées. — Costoê ou
eou9iéioM dé bUdo, cardes de poirée.
Dér. du lat. Blitum, ou du gr. BX^tov, m. sign. En ital.
Biêia, en esp. Bl»do$,
Blêmi, adj, m. sans fém. Blême, p&le.
Dér. du gr. B>i(xi^, aspect, visage.
Blèso, 9. m., nompr, d'homme. Biaise. Au flg., niais;
nigaud. -^ Faire dé soun Blèso, faire l'innocent, le bon
apôtre, la chatte-mitte. — Voy. Blasi.
Dér. du lat. BUuius, du gr. BXiÇ.
Bléste, s. m,, ou Blésto, s. f. Talc, sorte de mica-
schiste, concrétion de mica; pierre talqueuse, commune
dans nos Gévennes, opaque, feuilletée en lames minces,
flexueuses, jaunâtres ou grises, facilement pulvérulentes;
elle se trouve en amas ou en filons dans les diffôrentes
roches de cristallisation ou dans les calcaires qui lui sont
subordonnés.
Le roman avait le mot Blute, bourbier, chose sale.
Dériverait-il du lat. BliUus, vil, pour signifier un terrain
de pea de valeur ou qui se convertit aisément en boue?
Blétoù, s. m. Dim. Blétouné. Clou rivé d'un couteau,
de ciseaux, etc., qui est accompagné d'ordinaire d'une
rosette d'argent ou de cuivro.
Gorrup. de BoitloÀ.
Blétoana, «. Clouer la lame d'un couteau 4 son manche,
y mettre un clou rivé.
Blo, «. m. Total, assemblage enblocde difièrentes choses
de oHure et de valeur diverses.
Dér. de Tallem. Blook, tronc, souche ; gros morceau de
métal brut.
Blodo, J. f. Blaude; blouse; sarrau de toile, le plus
souvent bleue, que les charretiers et les cultivateurs, dans
beaucoup de départements, portent par-dessus leurs habits.
Dér. de la bass. lat. Blialdus, bliaudus, venant de
blavus.
Bloon, mieux Blonnde, do, adj, Dim. Bloundé, bloun-
din, bloundiné, bloundinà, Uoundinoàs; péj. Bloundas,
bloundinas. Blond, onde ; d'une couleur moyenne entre le
doré et le châtain-clair. — Bloundin est souvent un sobri-
quet, que l'on donne rarement â un blond, mais bien par
antiphrase à un noireau, â un teint presque mulâtre.
Nombreuses variétés d'étym. : les unes prises du saxon
Blond, mêlé ; d'autres du lat. apluda, couleur de la graine
de millet, ou de ablutula, paille, couleur de paille; ou
bien de bladum, couleur de blé; ou encore de blandus,
agréable.
Blouqua, v. Boucler ; serrer avec une boucle. — En
parlant des cheveux, le lang. dit frisa, dans le sens de
boucler ; mais blouqua serait impropre.
Blouqno, s. m. Dim. Blouquéto, augm. Blouquasso,
Boucle, anneau de métal, muni d'un ardillon, et qui sert
de fermeture à bien des objets divers. — S'emploie dans
toutes les acceptions, sauf boucle de cheveux.
Dér. du lat. Buccula, anneau du bouclier par où on
passait le bras.
Bloaqaô, s. m. Clou de soulier, court, à tète ronde et
plate, dont on sème la semelle par lignes régulières. Il ne
faut point le confondre avec la taeho, petit clou, à tète
grosse et ronde, comme les clous de fauteuil, pour fixer
toute sorte de choses délicates, et qu'on appelle en fr.
broquette. Métathèse de Broqwt, en esp. broea, clou.
Dér. de Blouquo, parce que cette espèce de clous sert à
relier les différentes assises de la semelle, comme si elles
étaient serrées par des boucles.
Bla, uîo, adj, Dim. BluXé, péjor. Bluias, Bleu, bleue;
violet; de couleur bleue ; une des sept couleurs primitives
— Blu dé ciel, bleu céleste. Vénï tout Uu, prendre un
teint pourpre de colère, de frayeur ou de froid. Estre passa
àou blu, être désappointé, désabusé de ses prétentions.
11 se prend quelquefois comme substantif; mais il se
rapproche alors de l'argot. Vn blu signifie un mauvais
bidet, une rosse, un âne, et par ext. au jeu de cartes, un
as. — Au pi. m. hus blus, les bleus, désignation de parti.
Dér. de l'allem. Blauw, azur, bleu de del.
Blmaatre, astre, adj. Bleuâtre; violacé; tirant sur le
bleu ou le violet ; d'un bleu sale.
Bluîéja, t;. Paraître bleu; jeter de loin une teinte bleue,
azurée ou violacée.
Dér. de Blu.
Bo, bono, adj, Dim. Bouni, péj. Bounas, Bon, bonne ;
qui a de la bonté; parfait ; qui a toutes les qualités dési-
rables selon sa nature ou pour sa destination, ou pour son
état; en parUnt des personnes et des choses, excellent»
fort, vigoureux, vrai, heureux, humain, franc, véritable.
— Lorsque cet adjectif précède immédiatement le snb-
118
BON
BOR
stantif auquel il se rapporte, il se dit : bon; un bon Kome,
dé bon pan. U fait de même, lorsque le mot suivant com-
mence par une voyelle dans un môme membre de phrase :
Aqud*s bon à sâoupre, c*estbon à savoir. — Faïresoun bon
jour, faire sa communion eucharistique.
Faï-bo, il fait bon : le temps est doux. Lorsque cette
expression fai-bo est suivie immédiatement d'un infinitif,
on dit bon. Fa^t-bon marcha, il fait bon cheminer. Faï-bon
iâoupre quicon, U est utile d'avoir quelque instruction.
Si faire bo pér quàuoquut, se porter fort pour quel-
qu'un, le cautionner. Faïre bo dé Mn frans, s'obliger sur
parole de cent francs ; les jouer sur parole.
Un bon home ne veut pas dire comme en fr. un bon-
homme, un peu niais; mais un homme solide au travail,
soit pour l'adresse, soit pour la force. — Aquà's dé bon
faire, dé bon dire, cela est aisé à faire, à dire. E$erituro
dé bon légï, écriture très-lisible. Aquà's dé bon véïre, c'est
clair, évident. Lou bo dâou jour, le bon du jour. Fat bon
é$tre riche, parlez-moi d'être riche. Ou diees dé bo? Tu
parles sérieusement ? Y vai dé bo, il ne plaisante pas. T-a
uno bono lègo, uno bono houro, il y a encore une forte
lieue, une bonne heure. Lou bon DUm, Dieu, le bon Dieu;
se dit quelquefois pour crucifix.
Dér. du lat. Bonus.
Bocho, s. f. Boule, ordinairement en buis, servant à
jouer. — Jouga à las bochos, jouer au jeu de boule. Tira
uno bocho, débuter une boule.
En ital. Boccia, en esp. boeha,
Bofi, iô, adj. Péj. Boufias. Bouffi ; gros joufflu; enflé ;
difforme de figure ; boursouflé.
Dér. de Boufa.
BojOa ». f. — Voy. Saquo.
Bolo, «. f. Borne; limite ; frontière; ligne divisoire quel-
conque entre deux territoires, comme entre deux héri-
tages, deux champs, qu'elle soit déterminée par la nature,
on cours d'eau par exemple, une chaîne de rochers, les
eaux versantes d'une montagne, ou par un canal et un
chemin public, soit par des bornes conventionnelles entre
parties. — * Faïre bolo, servir de point ou de ligne de déli-
mitation.
Le plur. las bolos est d'un emploi plus fréquent.
Dér. de la bass. lat. Bola : bdUu seu metas pLantare,
planter des bornes, venu sans doute du gr. BSiko^, motte,
tertre.
Bomi, «. m., ou Vomi. Vomissement; action ou envie
de vomir; haut-le-cœur. — Aquà faï véni lou bomi, cela
soulève le cœur.
Dér. du lat. Vomere.
Bon, bono, adj. — Voy. Bo.
Bonafoùs, onaso.Dim. Bonafoueeé, éto, n. pr. d'homme,
qui répond à bonne fontaine : Bonafoùs, Bonefoux ou Bon-
nalbux. L'ancienne langue d'Oc disait fous pour fontaine.
Dér. du lat. Bonus, et fons.
Bonamén, a<fo. Bonnement; sans fiel, sans malice; sans
arrière-pensée. C'est souvent un adv. explétif, sans poitée:
Bonamén dé que vous dirat ? Au fait, que voulez-vous que
je vous dise ?
Dér. de Bonus, bond mente.
Bonhur, s. m. Bonheur; félicité; état heureux; pros-
périté; chance heureuse. — Estre dâou bonhur, être heu-
reux au jeu; avoir bonne chance. Se lou bonhur m'énvôou
dire, si le hasard veut me sourire. Lou bonhur gn'én vôou,
le bonheur le suit, s'attache à lui. Y-a pas bonhur que dé
canaio, il n'y a de bonheur que pour la canaille.
Dér. du lat. Bona et hora.
Bonjour,'», m. et interj. Dim. Bonjoumé. Le bonjour
et Bonjour ! En langued. plus qu'en fr. on distingue le
bonjour du bonsoir ; on s'y trompe bien quelquefois, ma^
rarement. On dit bonjour toute la matinée jusqu'à midi,
et bonsouèr de midi au soir. Bonjour et bonsouèr se disent
soit eii accostant quelqu'un, soit en passant à côté de lui,
sans s'arrêter. On ne les dit guère pour prendre congé, ce
qui se fait par adiou, adiou-sias, ou bien vétro, auquel on
répond : amaï à vous, je vous en dis autant. — Lou bon-
jour à vosto fénno, vous présenterez mes salutations à
votre femme, et l'on réplique invariablement : Y mançua-
rat pas, dé vosto part, je n'y manquerai pas, de votre
part.
Formé de Bon et de jour.
Bonsoaèr, s. m. et interj. Dim. Bonsouèmé. Le bon-
soir, bonsoir ! salutation du soir. — Voy. Bonjour. —
Aça anén, bonsouèmé. Çà, nous partons, bonsoir! Dire
bonsouèr, dire adieu ; renoncer à.
Formé de Bon et de souèr.
Bôoa, s. m. Ocre ; terre bolaire. On emploie l'ocre en
pain ou en motte pour marquer d'une couleur rouge ou
jaune foncé les moutons qui sont destinés à la boucherie.
Les bergers s'en servent aussi par coquetterie pour larder
leurs plus beaux moutons, concurremment avec le vert-
de-gris.
Dér. du lat. Bolus, bol, terre bolaire.
Bor, ». m. Dim. Bourde. Bord; lisière ; extrémité ; rive.
— Préne sus lous bors, prendre vers les extrémités, sur la
lisière. 5t^» bien âou bor, tu es bien sur le bord.
Dér. du lat. Ora et dugr. "Opoc, par l'addition du B.
En allem. bord, m. sign.
Bordo, ». f. Dim. Bourdéto. Fétu, brin de paille ; saleté;
atomes surnageant dans un liquide. — Tiro mé aquélo
bordo, tire-moi cette paille de l'œil, diton à quelqu'un
qui avance une grosse hâblerie. Y-a bé dé bordos dine aquéi
afaire, cette affaire est bien sale, bien louche.
Dér. comme le v. fr. Ord, orde, du lat. sordidue, laid,
sale.
Borgne, gno, adj. Dim. Bourgni, péj. Bourgnae, Bor-
gne, privé d'un œil. — C'est par le frottement du fr. qu*on
a restreint le mot Borgne à ce sens. Il parait certain qu'en
lang. il signifie proprement : aveugle, privé de la vue,
comme cela se démontre par les phrases proverbiales :
BOR
BOS
11»
Borgne d'un tel ; il est clair que borgne s*ealend là pour
aveagle. Une chanson fr. dit bien aussi ; // était borgne
des deux yeux, Vargén fat cania lous borgnes, l'argent
fait chanter les aveugles et non les borgnes. D'aXei à cent
uns sérén ioutes borgnes, dans cent ans nous serons tous
aTeugles» nous n*y verrons plus. On appelle aussi les vers
à soie lous borgnes, à cause du préjugé général qui veut
qu'ils soient privés de Torgane de la vue. Enquiè coumo
un ea borgne, ne peut s'entendre que d'un chat aveugle ;
les animaux ne pouvant beaucoup s'inquiéter de la perte
d'un seul œil, qui ne fait que diminuer faiblement leur per-
ception visuelle. Bado coumo un borgne qu'a perdu soun
bastoU, il crie comme un aveugle qui a perdu son b&ton ;
crierait-il s'il lui restait un oeil ? Siès borgne que y véses
pas, tu es donc aveugle pour n'y pas voir?
Dér. du bas-breton Born, m. sign.
Borgno, adj. fém. de Borgne. Dim. Bourgnéio ; péj.
Bourgnasso. Borgne ; aveugle. Au fig. obscure. — Ha
grandAa-borgno, ma mére-l'oie ; la traduction est exacte,
mais incomplète. En fr. comme en lang., il s'agit d'une
bcnme vieille grand'môre, qui charme et endort les enfants
par ses longs contes. Notre gran a la même spécialité que
la Mèro-4'Oie. Cependant il y a pour nous quelque chose
de plus ; nous n'avons pas seulement recours à notre con-
teuse, comme on fait à l'autre, pour nous amuser ou appe-
ler le sommeil. I^oraque quelqu'un nous poursuit ou fatigue
de billevesées, de promesses auxquelles on ne croit pas,
de contes à dormir debout pour tout dire, on lui jette à
la figure : ma gran-lorborgno ! ou contractivement : ma
gran I C'est une expression d'incrédulité, de dédain, de
reproche, de colère. On voit qu'il est toujours question de
oontes, sans quoi l'ellipse ne s'expliquerait pas, c'est comme
si Ton disait : vous me débitez des sornettes, je n'en crois
pas on mot. En fr. on n'emploie pas ainsi le nom de la
Mère-l'Oie, c'est une lacune. Resterait maintenant à savoir
quel malheureux accident rendit borgne ou pour mieux
dire aveugle, notre pauvre gran. L'infirmité lui vint sans
doute avec l'âge, et elle a toujours été si vieille ! Mais que
de plus clairvoyants décident à quelle époque de sa vie ma
gran-lorhorgno perdit la vue.
Borgno, s. f. Canal d'entrée ou d'amont, canal de fuite
ou d'aval d'un moulin à eau. C'est généralement ce pas-
dïige voûté et obscur, qui commence à la première vanne
de chute et se termine au canal couvert de ftdte.
Dans le ba&4)ret. Born; en ital. Bornio, m. sign.
Boiio, s. f. Dim. Bouriéto; péj. Bouriasso. Métairie ;
ferme ; clœerie ; domaine dépendant d'une seule et même
exploitation. Comme ce mot est propre aux Hautes-
Cévennes, où la propriété est fort divisée, il ne représente
guère qu'un petit domaine. Le mot Xas, plus particulier
^x Bàsses-Cévennes, et à un pays de plaines et de larges
vallées, entraine l'idée d'une plus large exploitation.
Bàrio esi devenu nom pr. et s'applique à tout un quar-
tier, 00 se trouvait sans doute et où il existe encore un
manoir ou une ferme principale. On le traduit en fr. par
La Borie, et quelquefois on en a fait un nom d'homme.
Dér. de la bass. lat. Boria, fonds de terre, maison de
campagne; du lat. boaria, étables à bœufs.
Bos, s, m. Dim. Bousquè; péj. Bouscarasso. Bois, en
général, substance ligneuse dure et compacte des arbres
et des arbrisseaux; forêt; taillis; futaie. — Àpara un bos,
défendre l'entrée d'un taillis aux troupeaux. Bos dé luno,
bois coupé dans la lunaison favorable ; dans le sens de ce
préjugé qui veut qu'on coupe après la pleine lune tout le
bois qui perd annuellement ses feuilles, et en nouvelle
lune celui qui les conserve toute l'année (Voy, BartassoùJ,
Bos coumun, communal ou communaux, pâturages où les
habitants d'une commune ont droit de pâture ; dans les
Hautes-Cévennes et la Lozère, communaux sur lesquels les
habitants ont droit d'affouage, c'est-à-dire le droit de
prendre du bois pour leur chauffage, fixé par répartition
des feux. San dine un bos ? Sommes nous dans une forêt, au
milieu des voleurs? Au fîg. Porto bien soun bos, il porte
bien son âge, il est vert pour son âge. Es dé bon bos, il
est bâti de bon bois, il durera longtemps. Faïre fia dé (oui
bos, faire flèche de tout bois, laissas faire lou bos, loc.
prvb., ayez patience ; laissez pisser le mouton ; mot à mot
cela signifie : attendez que le bois ait travaillé tout ce
qu'il doit, qu'il ait pris le degré de sécheresse néces-
saire.
Le radical Bos, ses composés et ses dérivés, ses dimi-
nutifs ou ses péjoratifs ont donné naissance à une famille
très-nombreuse de noms propres de personnes et de lieux.
Pour bien saisir les variantes des appellations modernes,
il feut connaître les changements par lesquels a passé le
primitif qui se trouve dans la langue celtique Bos, bose,
dans le germanique Buse, ou dans le gothique Busehe.
Suivant l'influence dominante, la bass. lat. fit : Boscus,
boscum, buseus, busohus, avec les dim. BoseKetus, busMe-
tus, busquetus. Le roman disait : Bos, bose, boe, boise,
bosche, bou, busche, et les dimin. Boscal, bosquet, buehet,
bosquina, boseatge, boisson, boyssada; en esp. portug.
Basque, bosquete; en ital. Bosco et boschelto.
De ces éléments se sont formées, disons-nous, bien des
dénominations locales; mais le fonds était si riche, dans
un pays couvert de forêts, et il prêtait si bien à une dési-
gnation, qu'il ne faut pas s'en étoimer. Les altérations de
langage s'en mêlant ensuite et venant à modifier les mots
et les sons, à les amoindrir ou à les renforcer, il n'est pas
surprenant non plus que la véritable racine des vocables
soit souvent difficile à distinguer, et puisse être confondue
dans ces broussailles. Nous essaierons de les retrouver sous
leurs formes diverses, et sous chacun des composés ou
dérivés, diminutifs et autres. — Voy, BruU, BrugtUè,
Ici notons les nuances qui retracent dans notre langue
celles du primitif lui-même. Dans les noms d'homme et de
lieu, se conservent très-rapprochées : lou Bos, lou Bose, le
Bosq (Hérault) ; dèl-bos, Delbos, Dalbos, Dalbosc, Duboso
190
BOU
BOU
on Dubois, tons identiques et faits du même bois ; les
composés Ghalbos, Chdoudobo», Chàoudobcfi, Mdouboê ,
Malbos, Malbosc. — Voy. ces mots, et antres, sans oublier
oenx oà la désinence particnliére à notre territoire se
montre, comme dans les noms : Boutsargue, qui est
identique aux premiers, et Bu9targus,
BO88O, <. f. Dim. BùUêsito, Boustigtudo, péj. Boussaxso,
Bosse, déviation de l'épine dojsale ou du sternum; enflure
causée par une contusion ; en général, toute excroissance
contre nature. — Rounla Ma bouo, rouler sa bosse, voya-
ger de tons côtés en exerçant différentes industries inter-
lopes. Fatrê ou se ficha tmo hotto, manger et boire avec
excès. Se ficha uno boico dâou rire, rire à ventre débou-
tonné, ou mieux dans le même sens : Créba dâou rire ; ces
trois locutions soitent fortement la langue verte. Sé$ fa
uno bouo âou front, il s*est fait une contusion au front,
qui s*enfle.
Dér. du celt. Bots, ou du gr. 4>tSaaa, enflure.
Boto, f. f. Péj. Boutasso. Botte, chaussure de cuir qui
couvre le pied, la jambe et quelquefois le genou. — Coumo
vat la boto f comment va votre santé T
Emp. au fr. En celt. Boi, pied.
Boa, s, m. Dim. Bouté. Bout ; fin, extrémité, reste de
quelque chose; brin. — Fiou à dous bous, à tris bous, fil
à deux ou trob brins. Sèn pa'ncaro âou bou, nous ne
sommes pas encore au bout, à la fin; nous n'avons pas
fini. Tout se véira âou bou, nous verrons bien à la fin du
compte. Lou téne pér un bon bou, j'ai mes sûretés avec lui;
je le tiens par un bout qu'il n'essaiera pas de rompre.
Lou bou dâou mounde, terme de charcutier, l'intestin
eœeum, boyau fermé naturellemoit d'un côté, dans lequel
on ensache de la viande de porc hachée dont on fait une
sorte de mortadelle : c'est cette mortadelle qu'on appelle
bou dâou numnde,
Dér. du celt. Bod, fond, extrémité, ou du gr. BuO^c,
fond, profondeur.
Bon, s. m. Papillon m&le des vers à soie. Plusieurs
femelles pouvant être fécondées par un même mâle, il y a
intérêt 4 prendre pour le grainage plus de femelles que de
mftles ; à cette fin, lorsqu'on choisit les cocons qui doivent
servir, on donne la préférence à ceux qui sont bien formés,
qui sont les plus durs, parce qu'il est à supposer qu'ayant
plus de soie, il faut admettre que les papillons qui en
proviendront seront plus robustes; on reconnaît ensuite ou
00 croit reomnaitre les mftles dans les cocons à forme plus
allongée, plus pointue aux extrémités, mais souvent on se
trompe à ce triage dont les données sont peu précises.
C'est du reste un mauvais procédé et une économie mal
«Dtendue que de choisir trc^ peu de mâles pour le nombre
des femelles que l'on élève; car le plus souvent la mau-
▼aise qualité de la graine est dœà sa provenance de mâles
épuisés. Il est prudent de calculer seulement deux fem^les
pour un mâle; mais l'usage contraire est malheureuiement
Boivi par les spécnlatenn, surtout depuis l'extension que
cette industrie a prise. Quand il sera possible d'échapper à
tous les inconvénients des grainages faits au hasard, et
que chaque éducateur éclairé par l'expérience et soigneux
de ses intérêts, voudra lui-même avec intelligence surveiUer
cette opération délicate, en y mettant l'importance qui
convient, peu^être la solution du problème si intéressant
pour nos contrées aura-t-elle fait un pas de plus.
Bou, 5. m. Figuorfleur, ou figue précoce, que le préjugé
donne pour m&le à la figue franche. C'est cette idée qui
lui a fait donner le nom de Bou, bouc, qui est typique du
genre mâle.
Bou, s. m. Péj. Bouecu, Boucaras. Bouc, mâle de la
dièvre, Capra hireus, Linn. Mammifère de la fam. des
Ruminants. Se prend aussi pour : outre à vin faite d'une
peau de bouc, dont le poil est tourné en dedans. — Es
eoufle coumo un bou, il est enflé comme une outre ; ou au
fig. il a le cœur gros, de colère ou de chagrin.
Dér. du celt. Bueh, d'où le bas-bret. boueh, le gallois
bweh, le saxon bock, dans la bass. lat. buecus.
Boubâoa, s. m., n. pr. de lieu. Boubaux, Saint-
Hartin-de-Boubaux, hameau de la commune de Lamelouze,
arrondissement d'Alais.
Dér. de Bou, bon, dialecte lozerot, ou peut-être de bos,
en lai. busehus, bois, avec apocope, et de bâou, baux,
par substitution du v en 6, lettres identiques, vaux, vai,
anc. fr.» vâou, lang., vallon, vallée ; d'où bon vallon ou
vallon boisé. Les noms analogues seraient : Belval, Bel-
leval, Beauvalon , ou Konval , Bonneval , noms d'homme ;
Bonnevaux, canton de'Génolhac, arrondissement d'Alais.
Boubo, ou Boubou 1 interj. Dim. Boubéio , bouboA.
Terme d'enfant ou de nourrice. C'est le baragouinage de
l'enfsnt qui demande à boire. On sait qu'à cet âge où peu
de syllabes sont encore connues, on ne s'attache qu'à quel-
ques consonnes qui frappent davantage la mémoire, en y
joignant une voyelle quelconque, et on en fait une réda-
plication de la syllabe retenue pour la rendre plus sen-
sible. L'enfant ne se rappelle pas de tout le mot bèouro,
mais le B l'a frappé comme le son de la diphthongue om,
il en fait boubo et boubou, de même qu'il a créé papa,
poupo, téti, etc. Les grands enfants qui sont auprès de
lui, et qui devraient toujours le ramener à la prononcia-
tion du mot pn^re pour l'y façonner, au lieu de cda,
abondent dans son sens et se plient à son vocabulaire. La
nourrice ne manque jamais de lui dire : Vos boiAo, vos dé
bouboU, au lieu de prononcer le mot béoure, qu'il oompreo*
drait évidemment, puisque c'est lui qui a formé par ana-
logie son boubo. S'il ne le répète pas exactement, ce n'est
pas faute de l'entendre ni d'en faire l'application, mais
plutôt d'être exercé aux procédés labiaux et autres qui sont
nécessaires à la prononciation. Il est bien entendu que, par
cette raison, ledim. BoiiMiiDn'estjamaisemployéquepirles
nourrices et les bonnes, jamais par leur poupon lui-même,
qui aurait aussitôt lait de dire béoure, s'il pouvait varier ei
articuler plusieurs syllabes avec changement de oopsopaea.
BOU
BOU
m
Bonboiirado, i.f.Pé^. BoubouradasMo, Vapeur chaude et
étoaSuïtB qui s*exbale d'un endroit chaud et enferma; 6tuve.
Onomatopée exprimant le bruit d'une eau qui bout à
fvoB bouillons: bôa\ hou I répètA.
Boucan, «. m. Ëoucan; bruit; vacarme: tintamarre;
bruit d'une rixe.
Ce mot, qui est importé, comme son homonyme fr., de
l'idiome des Caraïbes, signifie le mode et le lieu de la pré-
paration des viandes qu'on boucane ou qu'on fume. Il a
donné naissance au v. boucaner et au s. boucanier, appli-
qués d'abord aux Indiens qui boucanaient à la fumée des
viandes de bœufs sauvages, dont ils faisaient commerce.
Plus tard, ce commerce d'échange innocent et primitif tôt
délaissé par les sauvages, qui travaillaient plus directe-
mÏBnt et qui se firent flibustiers. De toutes les nations leur
vinrent des compagnons : c'étaient bien les plus grands
tajpageurs et les plus mauvais gar^s du monde. Le mot
originaire dévia de son acception primitive, et il reparut
comme synonyme de tapage tumultueux, vacarme, et
caractérisa ainsi les boucaniers, faiseurs de boucan, tapa-
feurs et querelleurs. — ' Voy. Éotain,
Après cela, oomme l'étym. a des ressources, elle a fourni
dans le celt. Bœan, impudique, qualification encore très-
applicable à ce genre de tapageurs, et dans le gr. Bux^,
instrument de tapage par excellence, qui les caractérise aussi.
Boncarlè, «. f,, n. pr, de rue et de quartier, qui signi-
fiait dans l'origine Boucherie, inscrit aujourd'hui sous le
nom fr. de Bouquerie.
Dans les premiers temps de l'émancipation des com-
munes, les différentes corporations des arts et métiers adq>-
taient des rues et des quartiers particuliers, soit par ordre
de leurs syndics, soit que l'autorité consulaire voulût
détruire tout privilège de quartier en obligeant tous les
explmtants d'une même industrie à s'établir dans une
même rue. — Voy. Fabrariè, Fruekarié, Pêiroulariè,
Sabatarié, THuariè, etc.
Souquariè, dérivant de bou, bouc, boearia, dans la basa,
lat., désigne le lieu où l'on tuait les boucs et où Ton en
préparait la chair, où l'on tenait boutique pour la vendre.
Or il semble extraordinaire que la viande des boucs et des
diéTFes fût le principal objet du commerce des boucheries;
«pendant le doute est difficile quand on se rend compte
dçs mots boucher et boucherie, et quand on trouve dans la
charte d'Alais de l'année 4200, écrite en Ungue vulgaire,
ce curieux passage :
£t mmmadament dUem que en earrelras publigas o em
plas*ai H boguier o U aitre maselier lo sanc delz boez non
jÉttm Ni êicampoH, ni la» butladeu o attras causas pudenz,
ni aueUon Un boex empUusas ; e aixo vedam a totz homes,
c Noos défendons expressément aux bouchers de jeter ni
répandre le sang des boucs dans les rues publiques ou sur
les places, non plus que les intestins ou autre chose fétide,
qu'Us ne puissent non plus égorger les boucs sur les places;
et œd nous le défendons à tout le monde. »
n paraîtrait cependant qu'au moyen âge il existait deux
sortes de bouchers, les uns dits boquiers, les autres majeftèfv»
du lat. maeeUarhts. Sauvages nous dit que ce dernier nom
appartient à un autre dialecte. Néanmoins dans la charte
de 4S00 nous voyons les deux noms en usage à Alab, en
rappro chant l'article que nous venons de dter de celui-ci :
Esi ablen que tuit U masellier vna vegada en lan jwrvm,
sobrelz quatre evangeiis de Deu queul masel dejftra la vUa
daUst lur etient en aleuna gulsa cam de moria ni poirida
o dalira guisa mortalz non vendran ; eant ^vtrre vendran
o aret o troia digon o al eomprador, iasia aisso gué Hou H o
demant ; de feda si hmn non U a demanda non son tengut
de dire nomnadamenz, Creissem que las eamz mm «ion ten-
gudas en aigo, en aiei que las vendant polrldas per bernas ;
e si en centra aiso fusion H seinnor metan lur pena,
c Nous ordonnons que tous les bouchers, une fois par an,
jurent sur les quatre Evangiles de Dieu, que dans la bou-
cherie ou dans la ville ils ne vendront sciemment aucunes
viandes passées, ni pourries, ni provenant de bétes mortes
de maladie. Quand ils vendront verrat, bélier ou truie, ils
devront en prévenir les acheteurs, même sans qu'on leur
demande; s'il s'agit de brebis, ils ne seront tenus de le
dire qu'en tant qu'ils en seront requis expressément. Nous
ajoutons qu'ils ne tiendront point les viandes dans l'eau
afin de vendre ainsi pour bonnes celles qui serairat pour-
ries, et s'ils se mettent en contravention ils seront punis
par leurs seigneurs. »
Il existait donc des états distincts et par le genre de
leur commerce, et par le quartier de leur réunion en ccm-
firérie, puisqu'à Alais il y avait une rue appelée Boueariè,
et une autre nommée Masèl-mèl, Il faudrait en conclure
que les boquiers, bouchers, ne vendaient que de la chair de
bouc, chèvre et chevreau, qui était sans doute plus estimée
que de nos joun, et les mas^iers toute autre espèce de
viande, comme mouton et pore.
On pourrait tirer une autre induction du rapprochement
de nos deux citations. On y voit qu'il est défendu aux
bouchers d'égorger les boucs dans les rues et places et d'y
jeter le sang ; mais on ne retrouve pas la même prohibi-
tion laite aux masriiers pour les béliers, verrats ou truies.
D'où on pourrait penser, à notre avis, que les boquiers
égorgeaient tontes sortes de bètes comprises dans l'expres-
sion générique bouos, et que les maseliers n'étaient que des
espèces de revendeurs de viande de basse qualité, qu'ils
auraient achetée des particuliers ou des gens de la cam-
pagne. Ce qui confirme cette idée, c'est leur serment de ne
pas vendre, à leur escient, de la viande de bêtes mortes ;
il est évident que, s'ils avaient égorgé eux-mêmes, ils
n'auraient pu être dans le doute si leur viande appartenait
ou (non à mie bête morte. Une seconde considération, qui
corrobore cette idée, est puisée dans l'étym. de maselier:
maeellarius signifie moins boucher que marchand de
viande; en outre maeeUum signifie halle, étalage de den-
rées, étal de boucher; enfin maeéllus est le dim. de maeer.
iS
1^
BOO
BOO
m&îgre. 06 tout cela on pourrait oondnre que le ma$elier
n'éUdt que le revendeur, Tètalagiste de viandes maigres,
de moindre qualité, et destinées à la classe la plos pauvre ;
les boquien, bouchers, étaient au contraire à peu près ce
qu'ils sont de nos jours .
Bottcara, udOi adj. Péj. Bouearudas. Lippu ; qui a de
grosses lèvres. Ce mot, qui n*est plus dans le dialecte, est
resté nom pr. d'homme.
Boucha, V. Tirer une boule, débuter une boule ; terme
du jeu de boules. On lance de loin pour cet effet une boule
contre celle qu'on veut débuter, éloigner du but^ si elles
sont d'un poids égal et qu'on tire juste, la boule lancée
perd tout mouvement et le communique à l'autre, qui part
au loin, tandis que la première occupe exactement la place
qu'elle a usurpée, par droit d'adresse : c'est ce qu'on
appelle : Hran plaço, qui s'emploie aussi au fig. — Voy,
Tira.
Moucha ne se dit au sens de houehsr (iapa) qu'au part.
pa^. et figurât. ; é« hovucha, il est bouché, il a l'intellect
fort obtus.
Dér. de Bocho.
Bonchar, ardo, adj, Dim. Bouchardé, péj. Bouchar-
dag. Sale; malpropre; barbouillé au visage; mouton
marqué de noir ou de brun sur le museau ; un bœuf ou
U) muleti portant au museau une couleur noire ou diffé-
rente de celle du corps, reçoivent aussi cette dénomina-
tion.
Dér. de BauchQ, ou de bouquo.
BoncbardiÎDi <. ^ Saleté; malpropreté; crasse sur la
figure.
Joocharièt «. /. Boucherie; abattoir public; boutique
où l'on vend de la viande. — Voy, Boucariè.
Bouché, $. m,, au fém. Bouchèiro, dim. Bouehèïroù.
Boucher. — Voy, Boucariè,
Boachin-Cabro, «. m. Barbe-bouc, salsifis des prés, à
fleur jaune, Trapopogon pratense, Linn., de la fam. des
Composées chicoracées. Les gamins sont très-friands au
printemps de cette plante dont ils sucent chaque jointure
au ncQud de sa tige, qui a un goût douçÀtre.
Dér. du lat. Barbula-Mrci, d'où bouchin-barbo, et la
oorrup. ^oucJitfi-co^ro. En ital. Barba-di-becco ; en esp.
Barba-do^abron»
^onchi-tè I irUery. Cri ou plutôt commandement adressé
k la chèvre. Il équivaut à Halte-là! et s'emploie lorsque cet
animal se dresse contre un arbre pour le brouter, ou quand
il prend quelque direction dangereuse. Comme cet appel
est toij^ours accompagné d'un coup de pierre, ranimai ne
se trompe guère sur sa signification.
Dér. de Boueho,
Boucho, «. f. Dim. BouchUo; péj. Bouchauo. Chèvre.
[Voy. Cabro.) Boueho est le fém. de Boue, et l'ancien nom
de la chèvre en langue d'Oe.
Boocouran, s. m,, nom pr. de lieu, fioucoiraui com-
mune du canton de Lédignan, arrondissement d'Alais, sur
la roulé de Nimes à Âlais, et sur le chemin de fer qui
traverse sous un tunnel le rocher que domine son vieux
cMteau.
Sauvages le fait dériver de deux mots gr., Bot}«, boeuf et
Ko?po(, porc. On pourrait trouver une autre racine qui
paraîtrait s'accommoder davantage aux allures du payé.
Rarement on a emprunté chez les Grecs pour formuler le
nom des bourgs qui se fondaient dans lés Gaules, excepté
peut-être pour quelques-uns qui pourraient remonter à la
colonisation phocéenne. Il est plus naturel de supposer
qu'on a pris dans l'idiome vulgaire, surtout alors que les
racines s'en présentent si aisément dans deux mots de l'an-
cien comme du nouveau languedocien : bou ou boue, qui
signifie bouc, et outre, outre de bouc. La désinence an,
qui est la traduction littérale du lat. anus, anum, dérivée
du suf&xe celt., signe de la descendance, de la propriété,
de la provenance, indique le sens et la siçùficatlon à don*»
ner au mot qui lui est attaché ; ici Boue-ouïr-an veut dire:
lieu des outres de bouc, où Ton fabrique des outres de
bouc. — Voy, l'article Argue, et An, suff.
Sauvages a commis une erreur en écrivant à la française
le prétendu Côirot venant du gr. Le mot porc se dit bien
eôiro$; mais en gr. l'orthographe veut qu'on mette Xoîpoc
par un X et non KoX^ç, par un K: différence qui détermina
le sens. Dans le mot Boucouiran, d'ailleurs, pas la moindre
trace du ch, qui aurait été conservé, si la version de notre
savant lexicographe eût été admissible.
Boadélla, v. S'enfler; se gonfler; se boursoufQer. —
Aquà fax bjudéfla la* bouquet, cela fait enfler les lèvres.
Las figos boudéflou, les figues commencent à tourner en
maturité; elles se gonflent.
Boudéfle, éflo, adj. Péjor. Boudéflas, asso. Enflé;
gonflé; boufB; boursoufllé; gros. Au prop. et au fig.
Boudifla, V. S'enfler; former des vessies, des clodies,
des ampoules ; enlever. — Moun dé beudiflo, mon doigt
s'enfle ; il me vient au doigt une ampoule, une cloche.
BoudiUo, s. f. Dim. Boudifléto, péjor. Boudifiiuào,
Vessie urinaire; vessie de porc, qu'on conserve gonflée de
vent pour l'appliquer comme dessiccalif; cloche; ampoule;
ëlëvures sur la peau; bulles formées par de grosses gouttes
de pluie en tombant dans l'eau.
Dér. comme les précédents, du celt. Boi, crapaud, bas»,
lat. botta, en ital. bodda ; et du lat. inflare, flare irt, souf*
fier dans.
Bondignièiro, s. f. Boudinière; charcutière qui vm
dans les maisons particulières faire l'assaisonnement des
viandes salées de porc, qu'il est d'usage d'égorger pour la
provision de l'année.
Dér. de Boudin.
Boudin, s. m. Boudin, boyau rempli d'un mélange de
sang de porc, d'herbes et de graisse. — JVbtii pourtan peu
dé boudin, nous n'en sommes pas aux civilités ensemble ;
nous sommes brouillés; il y a des motiis dlnimitié entce
nous. Cette loc. prvb. est fondée sur l'usage local qui veuf
pou
BOU
123
que loiwfa'tn ^orge nn porc» ce qui a lieu ôèjû» chaque
maison de paysan et presque dans toutes les femilles bour-
geoises, on envoie un plat de boudin à ses parents, à ses
amis et à tous ceux auxquels on veut témoigner affection
on reconnaissance. Aqud't da eoumo dé boudin, c'est clair
eomme la bouteille à Tencre; tout cela est fort obscur.
Dér. de la bass. lat. BottUus ou boMus,
Bon-Dion I interj\ Bon-Dieu! exclam, de surprise,
d'êtonnement, qu*on place à tout propos, et qui survient un
peu partout, au commencement, au milieu ou à la fin
d'une phrase. — Bou-Diou / qu'éi bH, Bon Dieu } qull est
grand. Di ^ tx)u/ét faïre, Bou-Dtou/ Que voulez-vous
faire, grand Dieu !
Altération de Bo, bon ; euphoaiquement traduit en bou.
Bondoli, $, m. Petit homme; bout d*homme; nabot;
«liant gros et ôourt, replet et joufllu.
Dur. de Bou, bout, et oii, huile, comme terme de corn-
paniaon à une outre à huile, qui a les mêmes dimensions
et nue sorte de ressemblance de conformation.
Bondonfle, «. m. Péj. Boudouftat. Gros-bouffi; gros
joufflu on pansu ; bouffe-la-balle, dans Fargpt populaîïe.
Ce mot est synonyme de Boudéfit, proche parent de bon»
deii, descendant plus ou moins direct de boudiflo pour
Tétym.
Bondengna, v. S'élever; s*enfler; grossir. La difl&renoe
avec Boudifla, est que renfiure exprimée par ce dernier
est censée remplie d'eau ou d*air; dsms celui-d l'enflure est
produite par une contuâon, d*oû résulte une bosse, une
Jtàgne, en v. fr.
Dér. de Boudougno,
Bondongno, «. f. Dim. Boudougniio, péjor. Boudsu-
puuMo, Bosse, enflure, bigne, produites par un coup, par
une ocmtusion ou par l'engorgement d'une glande ; loupe,
tumeor, excroissance charnue. — ^D vient de pareilles tumeurs
à certains arbres, au chêne et au châtaignier principale-
ment.
Parait un augm. de Bougno. — f. c. m.
Dér. du p. Bouv6c, élévation.
Bondonsqno, «. f. Epiderme de certams légumes; éc^e,'
éooree, coque de certains fruits ; pellicule qui reste sou-
vent adhérente dans les rugosités de la châtaigne- sèche ou
blanchie; efilorescence du vin en bouteille; dépôt de lie
au fond d'un vase ; édaboussure de boue. — Manqua pai
boudùuiquo din tout aqiid, toute cette affiure est bien
sale.
Dér. peut-être du gr. B^p6opo<, bourbe.
Bondronn, i . m. Terme de maçon. Bigue de bois qui sert à
soutenir les planches d'un échafaudage, soit lorsqu'elle est
posée transversalement aux poutres principales, soit lors-
qu'elle s'enfonce dans l'épaisseur dei murs, ce qui arrive
lorsqu'on est parvenu à une élévation telle qu'on ne peut
plus échafauder ni sur des poutres maltresses, ni sur des
étançons.
Formé de Bou^é-^oun.
Bondnfo, s. /. Toupie, sabot, bourdat ; jouet d'enfant.
— Voy. BAoudufo,
Bonésale, f . m. Charpente d'un couvert ; boiserie,
ouvrage de menuiserie ; boisage, tout le bois dont on s'est
servi pour boiser ; parquetage.
Dér. de Bo$.
Bonfa, V. Souffler; être essoufflé ; siffler; refuser avec
dédain ; manger avec avidité, avec excès ; dévorer. —
Boufa eoumo un lètrou, souffler comme un lézard, souffler
de fatigue; le lézard, quand il est aux abois, rend une
espèce de son comme le vent d'un soufflet. Laï$$as un pâou
boufa à la mountado, donnez le temps de souffler à la
montée. Mé boufè d'uno ïègo, il repoussa au loin mes pro-
positions. Vn pâoun diable tout lou boufo, un pauvre
hère est mal accudlli partout. L'Aouro boufo, le vent
souffle. Aguè lèou boufa tout soun fâoure, il eut bientôt
dévoré sa fortune. Boufès pas, ne souffle pas; chut!
silence!
Onomatopée du bruit qu'on fait en soufflant ; en allem.
on dit puffm, gonfler les joues pour souffler. L'étym. peut
' s'^liqner à un homme qui est essoi^é, ou qui se gorge
la bouche en mangeant avidement.
Bonlidre, s. m. Gomfre; gros mangeur; vorace; au
flg. prodigue, mangeur.
Dér. de Boufa.
Bontar (6ran)« t. m. Boufflird, maltre-soufflenr dans
une verrerie, celui qui souffle les grands vaisseaux, tels
que dames-jeannes, sdambics, matras.
Dér. de Boufa.
Bonlarèl (An]on-), f. m. Ange bouffi, gros bouffi, par
comparaison aux têtes d'anges isolées qui sont toujours
joufflues, et aux figures du vent, que les peintres repré-
sentent comme les têtes d'anges et que le peuple confond
avec elles. — Sémblo un anjou-boufaràl, il ressemble â nn
ange bouffi.
Dér. de Boufa.
Bonfé, «. m. Dim. Bottfétoà. EnÊmt joufflu et nabot;
gros petit joufflu ; fort ressemblant au bôudoii.
Dér. de Boufa,
Bonfèlo, s. m.; au fém. Bouf&isMo. Dite. Bottfêhà.
Gros-enflé; gros bouffe-la-balle, surnom familier que l'on
donne aux hommes d^m embonpoint excessif. Le dimîn.
ne s'applique pas à un homme moins gros que le premier,
mais d'ordinaire au fils de celui qui est surnommé Boufèh,
quelle que soit d'ailleurs sa constitution; de mêmepoior
le fém. Bouf&éiso. Cet usage de faire participer les femmes
0t les enfants aux sobriquets de leur mari et de leur péto
est trèsfréquent chez le peuple, surtout chez cehd en
communes rurales.
Dér. de Boufa ou de boudifla.
Bonfés, s. m. plur. IMm. Boufêté»; p^r. B&ufékmes.
Soufflet à feu, instrument pour soutier.
Dér. de Boufà.
BottUga, v. Se boursoiffler; se convrir d'ampoules;
134
BOU
BOtJ
ii*èl6ver en postules, ea vessies, avec inflammatioD, telles
qoe les produisent les piqdresd^abeiHes, de moacherons, et
le frottement des orties, ou les brûlures.
Dér. de Boufa.
Booiigo, <. f. Dim. Boufiguéio, péjor. Bou^a$»o. Vessie ;
cloche; ampoule; pustule; échauboulure ; boursouflure.
Dér. de Boufa, boufiga.
BoqIo, <. f. Balle du blé; gousse ou pellicules des
l^umes.
Dér. de Boufa,
BoqIo, adj. fém., inusité au masc. Boufe. Creuse ; ver-
moulue; stérile, appliqué à une femme. — Ko$e boufo, noix
vide, qui chante creux, parce que l'amande est desséchée.
Finno boufo, femme stérile.
Dér. de Boufa,
Bonlo-fiô, $. m. Petit bonhomme ; enfant chétif et petit,
toujours au coin du feu ; gratte-cendre : le pendant au
masc. de Cendhllon.
Bonio-la-balo, $, m. Bouffe-la-balle. Il a beaucoup de
rapport avec BoufHo; seulement celui-ci exprime plus
particulièrement l'embonpoint de la figure, de grosses joues
et une petite bouche; celui-là est instantané d'application
et ne sert jamais de sobriquet. Le fr. d'argot pop. et fam.
dit bouffe-la-balle, qu'il parait avoir emprunté au lang. ;
car que signifie en fr. le mot bouffe T tandis que boufo,
3"* pers. indic. prés, du v. Boufa, indique quelqu'un qui
souffle et qui, pour ce faire, enfle ses joues.
Bonfonn, <. m. Bouffon; plaisantin; gaudriole nr ; facé-
tieux ; farceur; goguenard. — Boufoun eoumo un eéndriè,
\oc prvb.,mot à mot : bouffon, plaisant, farceur comme
un cendrier. Voilà un de ces dictons capable de déjouer les
plus subtiles et les plus sagaces explications. Est-ce une
antiphrase? c'est probable, car on ne dit cela que de quel-
qu'un passablement refi\)gné, nullement rieur ou qui plai-
sante à la façon des fossoyeurs d'Hamlet. Mais le cendrier
est-il Tembltaie de la tristesse, l'image de la morosité ?
peut-être; surtout lorsqu'on se le représente avec ses débris
de charbon noirci et sa couleur grise, sans étincelles, sans
flamme* Puis n'est-ce pas da cendres qu'on se couvrait
dans les jours de deuil ; et le premier mercredi du Garé me,
le Mêmtnio hamo, avec ses cendres, ne vient-il pas rappeler
les pensées graves et solennelles de notre néant T La locu-
tion peut avoir été créée par toutes ces comparaisons. Le
ooQtraste serait parfait. Le fr. a dans le même sens : gai
comme les portes d'une prison. Les deux phrases, en lang.
et en fr., veulent dire ; aussi peu gai que possible, ce qui
approche beaucoup de triste, et le dépasse souvent quand
il s'y mêle ànt soit peu d'ironie. Donc contre-vérité.
Boufoun, comme son correspondant fr. et l'ital. buffb,
vient du nom des anciens bouffons de cour, dont le premier
emploi a été celui de grimacier; la principale de leurs gri-
maces consistait i s'enfler les joues et à rouler les yeux,
œ qui donne ao mot la même dérivation qu'au verbe
boufa.
Bouioima, v. Bouffonner; dire ou faire des plaisante-
ries; mais particulièrement railler, amuser les autres aux
dépens de quelqu'un ; goguenarder.
Dér. de Boufoun,
Bonfounado, s. f. Bouffonnerie; plaisanterie presque
toujours mauvaise ; farce qui excite à rire.
Dér. de Boufoun.
Bonfonnaire, aîro, aif, Péj. BoufounoXra$, Railleur ;
mystificateur ; mauvais plaisant.
Boagéronn, ouno, ar(;. Matois; luion, petit coquin.
Dimin. et lénitif d'une expression plus énergique ; comme
qui dirait en fr. d'argot mitigé : un bigre. C'est là un de
ces mille mexxo-termineqjiB le lang. emploie volontiers, pour
faire accorder ce qu'il doit à l'énergie d'une qualification
avec son respect pour la pudidté du langage. Dans bougé'
roun, du reste, l'adoucissement n'est pas seulement dans
le terme, il est aussi dans la pensée : il n'y a rien dlnsol-
tant dans cette épithète, et la signification que nous lui
donnons est exacte. Les Italiens disent aussi en langage
trivial bugiarone, évidemment un dim. de bugiardo, men-
teur. Il est d'autant plus probable que notre bougéroun est
emprunté à l'ital. que nous le croyons vulgarisé chez nous
depuis seulement que les chaudronniers napolitains, les
tabraêaïra$ (F. c. m.), nous ont apporté leur bugiarotte. U
a été au surplus très-bien accueilli comme lénitif du gros
mot que nous n'écrivons pas ici, et qui a bien quelques
autres variantes, toutes en dimin. classés et usuels.
Bongnas, s. m. Vieux tronc d'arbre noueux, tels que
ceux qui sont charriés et délaissés par les inondations. Au
fig. grosse et vilaine tète.
Augm. et péjor. de Bougno,
Bcmgné, s. m. Débris noueux d'un arbre; petite
souche.
Dimin. de Bougno,
Bongnéto, «. f. Beignet, sorte de pâtisserie cuite à la
poêle avec de l'huile ; tache produite par un corps gras.
Dér. de la même source que l'ital. Bugna, tomeor,
enflure, parce que les beignets sont une pâte boarsonf-
flée.
Bougno, t. f, Dim. Bougnéio, péj. Bougnauo, Souche
d'arbre, particulièrement la partie noueuse du tronc oà
sont attachées les racines ; bigne; bosse; enflure ; glande ;
contusion; meurtrissure. — Voy, Boudougno,
Dér. de Tital. Bugna, bosse.
Bom, «. m. Buis, Buxui êemper virmi, Linn., arivie-
seau de la fam. des Euphorbiacées, commun dans nos
montagnes. Cet arbuste, qui fournit un très-bon engrais,
est fort en vénération dans le pays. On prétend qu'il fome
un champ pour trois années, suivant ses divers degrés de
putréfaction : il fume la première année avec ses fléoillee»
la seconde avec l'écoroe, la troisième avec le bois.
Dér. du lat. Buxui, dugr. nuEoc,buis. — Voy. BonéiiMro,
Boniargue, «. m.,ii. pr. de lieu*BouiUargoes, eonuBon»
dans le canton et l'arroiidiasement de Nîmes. H est fait
BOU
BOU
t!»
meDtkm de oe village dans de vieilles chartes sous le nom
de BoUanktB et Bolhaniea, tfUla de Bolhanieû.
Nous aurions à répéter, à propos de l'étymologie de ce
nom» ce que nous avons dit dans l'art. BaXargue, {V. c. m.)
Tous ces villages ou hameaux, si nombreux dans le Gard
et dans THérault, ne nous semblent pas avoir eu nécessai-
lement pour parrains des Romains d*origine auxquels on
attribue leur fondation, sans autre preuve qu'une ressem-
blance de noms et sur une fausse interprétation de la finale
arpu. Parce qu'un Romain inconnu se sera appelé Bo/antu,
qu'un certain Vettius Bolanus aura été consul avec Cal-
pnmius Piso, en Tan IH de Tére chrétienne ; que même
Gicéron aura eu un ami de ce nom, et qu'il parle dans une
lettre à Quintus, son frère, d'un domaine près de Rome
qu'il nomme Bouillanus, ce n'est pas une raison pour
admettre que Bouïargue, BouUlarguet, Bolhanicœ, tire sa
dénomination de cet illustre personnage, non plus que de
quelqu'un de ses clients ou descendants établi dans les
ea virons de la colonie nimoise. Il est moins superbe, mais
certainement plus sûr, de prendre l'origine du nom dans
le lat. bovilia, étables à bœufs, de bos, bovU, qui a donné
i notre dialecte Inôou, bœuf, bouxê, bouvier; au prov.
^véou : au roman bouièreM, bouvières, bovières, terres lais-
sées en jachère pour servir de p&turage aux bœufs. Ainsi
on trouverait à ranger dans la même famille, comme l'a
lait le latin, qui se connaissait en traduction, en les dési-
gnant par le nom analogue Bovilhacum ou BovUiacum, les
identiques correspondants à Bouïargue, Bolhanicœ : BouU-
lae (Aveyron, Dordogne, Gironde, Tam-et-Garonne) ; Bouil
Uu (Gers, Lot-et-Garonne] ; La BouUle (Seine-Inférieure)
BomtU (Maine-et-Loire) ; BouUly (Aube) ; Bouvine (Nord)
Mo9éUe$ (Somme); Bovee (Somme); Bova, en Galabre
même Bovaea, dans la Colombie ; car la racine, la même
pour tous, est tirée du nom de l'animal le plus utile à
l'agriculture. A Bouiargue, ce nom est parfaitement en
situation.
Bonîda, V. Vider; faire écouler d'un lieu, d'un vaisseau,
d'un sac ce qui le remplit ; enlever ; ôter; éloigner .
Dér. du lat. Viduare.
Boiûde, bouido, adj. Vide; qui ne contient rien; qui
n'est rempli que d'air.
Dér. du lat. Viduus ou fnduattu.
Boaién, énto, part, prêt, du v, Bouli. Bouillant , qui
bout; an fig. qui a beaucoup de vivacité, d'ardeur ; colé-
rique; prompt; violent. — Aigo bouXénto, de l'eau bouil-
lante. ÂMê-bouïén, (Foy. A$e.) Sé$ trop bouïén, vous êtes
trop vif, trop pétulant.
Dér. de Bouli.
Bonîno, «. f. La gent bovine, l'espèce bovine *, viande
de bœuf ou de vache. — lAngo-bouïno, — f. c. m.
Mr. du lat. BovU, génitif de bot,
Booio-baiuo, ». f. Matelote à la provençale; espèce de
lagoàt ou de potage que l'on fait avec du poisson bouilli,
àl'aU.
Les étymologistes provençaux, les plus compétents pour
un mot qui leur appartient, lui donnent une dérivation
du sens même des mots dont il est formé : il bout, baisse ;
c'est-à-dire : descends la marmite , le potage bout. Et
servez chaud !
Bouîoù, », m. Peson d'une balance; boulon, contre-
poids mobile d'une romaine.
Dér. du lat. BuUa.
Bouioun, f. m. Bouillon; décoction de viandes ou
d'herbes; consommé. — Vn bon bouïoun, aqud remonto,
un bon consommé, rien de mieux pour restaurer.
Dér. de la bass. lat. EhuUium, fait du lat. buUire, parce
que c'est par l'ébullition qu'il se prépare.
Bouionn-blan, », m. — Voy. Alapa»,
Bomra, v. Bourrer, charger de coups; frapper quel-
qu'un à ccups redoublés, comme Ton fait sur le corpe
soufflé d'un bœuf pour en détacher la peau.
Dér. du gr. Bouc, bœuf.
Boniril, ». m. Ventre ; bedaine ; grosse panse; panse de
bœuf.
Même étym. que Bouïra.
Bouissèi, ». m. Boisseau, mesure de capacité qui con-
tient le quart de la carte, le huitième de l'émine, le soixante-
quatrième de la salmée, d'après nos anciennes mesures ;
en mesure métrique, il contient 3 litres 4 25. Il est aussi
mesure de superficie et vaut 4 are 25 centiares.
Dér. de la bass. lat. Bu»»Mu»,
Bouissièîro, j. f. Terrain couvert de buis ; taillis de
buis.
Ce mot est un nouvel exemple de l'analogie qui existe
entre les désinences celtiques et les finales latines et plus
tard romanes, ou en langue vulgaire qui les traduisait. Le
primitif final était certainement oc ou ee, marque de la
collectivité, que le lat. a rendu par eium, et que le lang.
exprime par Uliro : beusac,beu»ek, buxiacum, forme celtique;
bwcetum, forme latine ; frouVfMÀtro, forme languedocienne,
signifient également lieu couvert de buis, comme le fr.
bussaie, bussières, Buxières, n. pr., et Bussières (Seine-et-
Marne), Bussiares (Aisne), Boussières (Nord), Bouxiéres
(Meurthe). {Voy. l'art. Argue», An, léiro, etc., suff.) Ces
aflMtés sont les plus directes ; mais la prononciation de
l'tt en ou, l'altération de la voyelle double elle-même ou et
celle de la voyelle o de bo», bois, les traductions employées
dans la bass. lat. passées dans le roman et enfin dans le
languedocien, rendent souvent très-mal aisée l'application
pour distinguer s'il s'agit d'un lieu couvert de bois ou seu-
lement couvert de buis. Il faut toujours citer, d'après Sau-
vages, les n. pr. Boissier, La Boiasière, Montboissier, etc.,
comme dérivés de bouï, buis, qui a formé le masc. houîMè
et le fém. frouVitt^ro. Il est certain que dans notre dialecte
la prononciation mène droit à cette étymologie. H faut en
dire autant de La BouUtiiiro, La Bdssière,- communes de
Bez et Esparon, et communes de Malons et Elze, de i^ouCf-
rièiro», Boissières, commune du canton de Sommièros»
196
BQU
BOU
anondissemeat de Nimes, et sans doute du nom de BouXué,
Bcisset, BwMtum, oommone du caaton d'Andoze, et
hameau de la commune de Saint-Sébastien. En composition,
BèlMi, de la commune de Rochegude, aeca Cément à
dVet. On est ainsi conduit à trouver comme similaires :
Boisftières (Sarth^, et peut-être La BoiuMré (Sarthe)» et
Boissi (Seine et-Oise) ; et même le nom prop. Bdssy, avec
la désinence funilière aux dialectes du Nord, et chez nous
BoisttO, .représenté par BùtOêêé; k moins toutefois «{u'ils
n'aient été inspirés par le mot suiv. ftotiSMoù, qui est une
sorte de péjor. venant encore de bout, et qui a donné
comme noms de lieu et d*bomme : BcHsson, Bouuâoà, Bois-
sonade, Bouïssaunado, le BuissoUi JïoyiioiHim (Gevaudan).
— Vay. Bof .
BonÎBSOÙ, f. m. Dim. Bouts$ounéM jpéj. Bouïssounoi.
Buisson, en général; toute tou£Eè d'arbustes épineux et
piquants, particulièrement le prunier sauvage ou prunelier.
— Vay. Âgmnai.
Dér. de Boni'.
Bouja, V. Verser, répandre ; à proprement parler, verser
d'un sac ou dans un sac.
Bot^a, se vider, rendre tout ce que l'on a dans le corps,
se dit iron. d'une fille qui est accouchée depuis peu. —
Yen dé lou houja, elle vient d'accoucher. En parlant d'une
pluie torrentielle : Xén hojo à plit ferai, il en tombe à
seaux.
Dér. de Bojo,
Boni, s. fli. Bouillon; ébullitM»; action de bouillir;
mouvement des bulles soulevées ; bruit d'un liquide qui bout.
— Pria hu boul, il commence à bouillir. Dine un baul
ofuà sera quiè, dans un seul bouillon ce sera cuit. F^ou
foi gu'im boîd, c'est l'afCdre d'un bouillon.
Dér. du lat. BuUa.
Bcmlado, t. f. Jet d'une boule au jeu de boules. -^ Àï
énearo vno boulado , il me reste encore une boule à jouer.
Dér. deBoiifo.
Boulanjariè, i. f. Boulangerie; profession, atelier, bon-
tique de boulanger.
Dér. de Bouku^'è.
Boulaniè, i . m. Boulanjèlm, s. f. Boulanger, boulan-
gère; qui fait et vend le pain.
Dér. du lat. Polm$iariu$, de polenia, farine de froment.
Bonlar. j. m. P^. Bovdarda», Grosse boule ; gobille plus
grosse que les antres. — Vn boular d'équipé, une grosse
yobiUe pour jouer à ce jeu d'en&nt que ta Fare décrit
dans ce charmant HoU dé SagaHi» CoêtagnadoM. — Foy.
Boula.
Augm. de Boulo.
âouldrado, «• /. Crevasse ; action de crever, de se cre-
vasser, de s'entr'ouvrir, de répandre par là son contenu.
An fig. tour de maladresse, sotte équipée. Dans ce dernier
sens ce mot pamltrait n'être qu'une altération de bàou-
(irodo,
Dér. de BouUro.
Bouldro, s. f. Boue ; vase ; dépôt de limon d'alluvion;
lie, crasse, fèces que dépose un liquide; effondrilles d'un
bouillon, d'une infasion ; bourbe. Bouldro et surtout son
péjor. BotUdras, entraînent Tidée d'un plus grand épaissis-
sement dans ces matières et d'un amas plus considérable
que la loudro. — F. c. m.
Dér. du gr. B<Sp6opo;, bourbe.
Boulé, «. m. Dim. Boulété, péj. Boulétas. Bolet; cham-
pignon; agaric; fungus; cryptogame en chapiteau. On
peut diviser en deux classes les champignons comestibles
dont on fait usage dans ce pays, savoir : les laminés et les
poreux et fistuleux. Dans la première se rangent : lou dorguê
fboulé rouge), Véwumèl, lou eapHan, lou souquarèlg Um
fnno^; dans la seconde, l'areialoùs, la léngo-bot^no^ Ja
Mohaiélo et la galinolo. Il est rare que chacune de ces
espèces n'ait pas un analogue dans la classe des champi-
gnons malfaisants. Les plus communs sont le pi$$agàg
variété de Vareialoù$, et le fdou-dorguo qui resseq^ble
beaucoup à celui-ci. — F. c. m.
Les principaux diagnostiques des champignons vénéneux
se reconnaissent : 4« lorsque la cassure qu'on fait au cha*
piteau devient en quelques secondes d'une couleur violacée
et livide; S<» lorsqu'on les rompant il en suinte une humqur
laiteuse; 3» lorsqu'ils ne portent pas vers le milieu de leur
tige une sorte de collet ou de couronne, qui n'çst au^
chose que la membrane liant le chapiteau au pédoncule,
avant que cel*û-là ne fût développé; 4<^ lorsque l'épidenpe
du chapiteau ne se détache pas nettement en ruban, eo.le
pinçant du bord au centre; 5* lorsque la coupole esit par-
semée de petits flocons de matière laiteuse et spao^ea^.
Dér. du lat. BoUtui,
Boulé, s, m* Boulet; boule de fer dont on chaige ks
canons.
Dér. du lat. BuUa. Dim. de Boulo.
Bouléga* v. Bouger; remuer; se remuer; çbaiiger de
place ; tant à l'actif qu'au passif. — Vole pat j'amaï ^oii-
léga d'a:m e'ée pae vrai, je veux ne jamais bouger d&o^te
place si je mens. Boulégi^ei pas, ne bouge ni ne remue.
Bouléga lou véipiè, remuer le gnèpier; réveiller le chien
qui dort.
Dér. de Tallem. Wogen, voguer, ou du lat. bulla, M-
lam agere, pousser, agiter une boule.
Bouléigadis, «. m. Remue-ménage; démai^geaisoii de
remuer; frétillement.
Dér. de Bouléga.
Boulégado, $. /.Foule; troupe; tas; fourmilière.
Dér. de Bouléga.
Boulégaîre, atro, a4j\ Dim. BoulégaXré, péjor. Bmdé-
gaXrae, Remuant; frétillant; qui s'agite, qui reouBUm-
jours; mauvais coucheur.
Dér. de Bouléga,
Boulégamén, i. m. Remuement; mouyemeiUperpâiiel;
irétillement.
Dér, de Bouléga,
BfiV
Bm
w
Ikralèfa, V, âonfiner; être limitrophe ; être contiga ; se
londier, en parlant des propriétés. — ifbut boîOéfan, nos
champs, nos propriétés se touchent.
Dêr. de Boh.
Bmilétiètro, «. f. Terre à champignons; proprement,
champignonnière, c'est-à-dire on endroit particulier où les
champignons viennent de préférence. Une fois que cet
edi^it est connu, on est à peu près sûr d'y en trouver plu-
sieurs années de suite, jusqu'à ce que le sol soit épuisé. Gela
ne s'ai^que guère qu'aux dorgue$, aux arciahiu, aux
m^iAbim/ les autres espèces viennent au hasard, ou bien
au pied des souches de certains arbres.
Déf . de êaulé.
Èoiifi, V. Bouillir; s'élever en bulles et à bouillons par
l'eiêt de la chaleur ou de la fermentation ; fermenter ou
cuver, en parlant du vin. — Aqud vin a prou b<ndi, ce vin
a assee cuvé. Jfoun sang mé boui, là colère me fait monter
le sang au cerveau, J'en ai la fièvre. — FaHre b&uli Vémï-
néou, verser de très-haut et avec force le blé dans la
Dmire, de manière qu'il n'ait pas le temps de s'y tasser,
et qu'il forme par conséquent une plus grande quantité de
vide. C*est ce qu'on reproche aux revendeurs de blé qui
veôleot Ihib maigre mesure.
Dér. du hit. BtiUirê, qui vient de buUa, bulle, bouil-
lOO'.
Bmril, t. m. Bouilli ; viande bouillie ou cuite dans l'eau.
— Mitre Um hoiUï, mettre le pot-au-feu. Ei poê ho ni pér
boÊik ni pér rmuti, il n'est bon à rien; il n'eel^ bon m à
pSsdre ni à dépendre.
Mr. du lai. BtUUr».
BmdidtoÂ, «. m. Tourbillon dan» l'eau; bas-fond qui se
lofme dans une rivière par le tournoiement des eaux causé
pur la rencontre de deux courants, ou d'un rocher qui
l'ébfige & changer de direction, ou encore par des ouvrages
d*Ariqiâ ont le même e£Est. C'est également toute espèce
ds vaisseau supplémentaire dans lequel on fait cuver la
vsttdànge, quand la grande cuve est insuffisante ; celle-ci
ne prend jamais le nom de bouUdait, qui est un dimin.
Mr. deBotia.
Boulnado, s. f. ^m» BoulnadétOp péjor. BofdnadtuMo,
Proprement, panse; la poche gastrique où se rencontrent
tes àttuams à moitié digérés; en général les intestins et le
bas-ventre.
Dér. du lat. BoIuIum, boyau> intestin.
Baiio, s. f. Dim. MouUto, augm. Boular, boulasMo. Boule ;
bine; gobiUe; tout coips rond ; au fig. la tète. — BÔuh
éré^pè, aobiUe d'un jeu d'enfant qui se nomme équipé.
(?éy. Boutar.) Apérdulaboulo, il a perdu la tète. Tïra'no
kmlo, terme du jeu de boule, viser à déloger une boule, la
dèbuterr éD lançant fortement la sienne conti^ elle. — Foy.
Bocho,
Ibér. du kt. BuOa.
Iwdoii», t* m^ Dim, Boidouni. Boalon, cheville en fer
qti a une tèia tf un eéléi et de l'autre uae-ouverture où Toa
passe une clavette ou une mèche taraudée qui est vissée
par un écrou.
Boulzes, s. m. plur, SoufOiet de forge ; mais particuliè-
rement soufdet double des chaudronniers ambulants, qui
consiste en une poche terminée par un tuyau, et qu'on
élève et comprime successivement de chaque main. Ce
genre de forge s'établit en plein vent, sur la première place
venue, en creusant une petite fosse de trois ou quatre pouces
de profondeur, où viennent aboutir les tuyaux des boulzes,
et par-dessus on place une très-petite quantité de charbon
de bois.
Boulxe, s. m. sing., est encore un nom pr. très-répandu
dans le pays, dont le fém. est Boulsésso et le dim.
Boulxé, Il est rendu en fr. par Boulze.
Boum ! intêrj. Onomatopée qui exprime le brnit sourd
produit par la chute d'un corps pesant. — Voy, Chinnanano.
Dér. du lat. Bombus,
Bonmha, v. Battre ; frapper un coup sourd ; heurter
avec force. — Boun^o-quiou, cassen^ul ; coup sourd qu'on
se donne en tombant sur le derrière.
Dér. du lat. Bombus.
Boumbanço, s. f. Bombance; gala; grande et bonne
chère; festin pompeux.
Dér. de la bass. lat. Pompantia.
Bonmbarda, v. Bombarder; jeter, lancer des bombes;
caaonner; par ext. tirer des coups de fusil, même lancer
des coups de pierre.
Dér. de Boumbo.
Boombé, éto, adj. Petit homme court, ramassé, gras-
somllet, rondelet, nabot tout rond de graisse. — Voy.
Boutnboti, Coufloti.
Dér. de Boumbo, arrondi comme une bombe.
Boumbe, s. m. Augm. Boumbas. Bruit sourd; celui que
fait un corps lourd en tombant.
Dér. du lat. Bombus.
Bonmbl, v. Rendre un son sourd en tombant ; au fig.
mourir; crever. — Né boumbiguèg il en creva.
Dér. du lat. Bombus.
Boumbo, i. f. Bombe, gros boulet de fer creux qu'on
remplit de poudre pour le faire éclater. — Tira las boum-
bos, tirer des boites en signe de réjouissance et fiiute de
canon. Boumbo, grosse femme, courte et replète.
Dér. du lat. Bombus.
Boumboti, s. m. — Voy. Boumbé, m. sign.
Boumbourido, s. f. Bourdonnement; ne s'emploie qu'au
fig^ caprice ; boutade ; transport. — Voy. Grâoule.
Boomboorina, v. Bourdonner, comme font les taons, les
abeilles, les hannetons; au fig. murmurer; marmotter;
grogner ; bougonner ; corner aux oreilles.
Dér. du lat. Bombus, bourdonnement.
BoumbOQTinéJat v. fréq. de Boumbourina.
Boum!» V., ou Yound. Vomir; jeter par la bouche ca
qui était dans l'estomao.
WHé du lat. Vomêt$,
1)8
BOU
Bonnas, aaso, adj. Bonhomme» trop bon, sans nuilice,
avec une légère teinte de stupidité.
Angm. de So.
Bonndoù, <. m. Bonde; bondon; troa rond d'un ton-
neaa par où on le remplit; boachon, tampon qoi ferme ce
trou. — Voudriez qui ma gorjo êérviguèsse dé boundoù, je
voudrais que mon gosier servit d*entonnoir: souhait d'ivro-
gne. Méire hu boundoù, bondonner.
Dér. du gr. Buetv, boucher.
Bonne, s, m. Dim. Bounété; péj. Baunétas. Bonnet
d'homme, génériquement, ou l)onnet de femme, par em-
prunt au fr. Le bonnet de coton, qui est la coiffure habi-
tuelle de travail pour les cultivateurs et la plupart des
artisans, se nomme particulièrement bounéto, ainsi que les
bonnets de laine rouge ou brune des auvergnats ou loze-
rots. — Le n. pr. Bouné, en fr. Bonnet, est assez porté.
Bouné signifie encore : bonnet carré, bonnet que portent
les gens d'église. — Un curé des hautes Gévennes, qui fai-
sait ses prtoes en patois, dit un jour en chaire : Il y aune
personne dans ma paroisse qui scandalise tout le monde
par sa conduite plus que légère ; voulez-vous que je vous
la nomme, que je la désigne? Je vais lui jeter mon bonnet
carré... Le geste ayant suivi la parole, l'histoire ajoute que
toutes les femmes simultanément baissèrent la tète, chacune
ayant bien quelque petite chose à se reprocher. Ah / fouriè
bé dé bfnméi. Ah 1 qu'il faudrait de bonnets carrés, reprit
le malin curé, en voyant ce mouvement. '
Un eo dé bmtné, une salutation, un coup de chapeau.
On Varapariè àetu dé bouné, on le prendrait avec un cha-
peau. — On croit vulgairement qu'un bonnet crasseux
d'homme calme les affections histériques d'une femme,
quand on lui en frotte le haut de la poitrine on qu'on le
place à nu sur son sein.
On n'est pas d'accord sur l'étym. : les uns la tirent du
œlt. Boned, bonnet ; d'autres de l'angl. bonnei; quelques-
uns enfin du nom d'une espèce de drap dont on faisait
anciennement les bonnets.
Bounôtado, s. f. Coup de bonnet; salutation, révérence ;
salut du bonnet.
Dér. de B<ntné.
Bonnéto, s. f, Dim. BounHéto, péj. BounUoito, — Voy.
Bouné,
. Bounta, t. f. Bonté, qualité de quelqu'un on de quelque
chose qui est bon ; obligeance.
Dér. du lat. BoniUu,
Bonnto, t. f. Ce mot ne s'emploie qu'en se joignant
avec eahro, ou en la désignant directement et quand il est
déjà question d'une chèvre dans la phrase : Vno bownfo.
— Cohro-bounto, chèvre franche, sans cornes.
Dans d'autres dialectes, au lieu de bounio, on dit moiOo
pour la même qualification. L'étym. donnée alors est prise
du lat. Mutila eomubuê, à qui on a coupé les cornes» on
du gr. Mf-niXoç, qui n'a pas de cornes. Nous n'avons pas
mouto : il n'y a rien àdire. Bounto serait-il une altération.?
BOU
Ces deux mots ne paraissent pas se prêter à une commu-
nauté d'origine. Mais pourquoi le nôtre ne viendrait-il pas
aussi du gr. Bouv6c, mamelle?
Il peut sembler extraordinaire, au premier ab(Md, que
ce mot grec, qui a une acception générique, soit employé
pour désigner adjectivement une espèce particulière de
chèvre. Pour que la déduction fàt logique, il faudrait sans
doute que le radical étymologique indiquât l'absence de
cornes. Cependant si on veut remarquer la manière dont
les langues se sont formées, il ne serait pent^tre pas diffi-
cile, dans l'espèce, de se rendre compte de la possibilité et
de la justesse d'une pareille racine. I^ics divers dialectes
méridionaux ont puisé alternativement dans la langue des
colons phocéens et dans celle des colons romains. Dans le
mot que nous étudions, une moitié est empruntée au lat.
eapra, cabro; l'autre moitié vient du gr. Bcuv6<, qui a fait
Bounto, c'est-à-dire l'animal aux mamelles. Ces deux
idiomes s'étant confondus dans le roman lang., il en est
résulté deux mots divers pour rendre l'idée de la chèvre.
Dès lors on a bien pu profiter de cette richesse pour dési-
gner par l'un des deux une espèce particulière. Or la chèvre
sans cornes parait le type de l'e^ièoe ; la chèvre eQcoqiée
est l'exception, puisque, en fr., on désigne la première
espèce par le nom de chèvre franche, an témoignage de
Sauvages, la chèvre-type. On l'a aj^lée dès Ion eahrq-
bounto, comme on dirait chèvre-chèvre, et ct^ro-banmdo,
la chèvre à cornes.
Bouqua, v., ou Boolqua. Verser les blés ou les Um;
les coucher, 'ce qui est d'ordinaire .l'effet d'une grosse
averse, lorsque les blés et les foins étant fort ^mûs et fort
orgueilleux, les tiges en sont tendres et faciles à s'a^e-
nouiller. Ce même e£fot est produit quand une personne ou
un animal les foule en les traversant ou en s'y vautrant.
'- S'aquél bia se boufuo, f-àoura dé paio, si ce Ué vient
à être versé, la paille sera abondante cette année. Gda
veut dire que ce blé en herbe est bien maigre, et s'il vient
à être assez fort, assez dru pour être versé, c'est une
preuve que tous les autres, qui sont de plus belle veQBe«
réussiront merveilleusement. Locution ironique pour expri-
mer un champ de blé étiolé et dair-semé.
Dér. du lat. Volvere, rouler.
Bouqua, v. Terme de magnanerie, couvrir, féconder la
femelle du papillon du ver à soie.
Dér. de Bou, papillon mâle.
Bonqué, t. m. Dim. Bouquéié, bouquéioà. Bouquet*
réunion de fleurs liées ensemble; mais il se dit plus com-
munément d'une fleur isolée. — Àh/ que de bouqué$/ Ah !
que de fleurs 1 dira-t-on en entrant dans un parterre. Bm^
que de pêkros, pierre d'attente. Bouqué dé pèout, une
mèche de cheveux, un toupet, un flocon de cheveux.
Dér. de la basa. lat. Botcêtum.
Bonqaé, «. m., n. pr. de lieu. Bouquet, commune dm
canton de Saint-Ambroix, arrondissement d'Alais. G*eit
le nom d'une montagne vers le nord^t d'Alais, Sèn 4i
BOU
BOU
139
Bouqtié, an sommet de laquelle, dit le guidon, on a érigé
récemment une statue colossale de la sainte Vierge. L'alti-
tude de la montagne, au guidon, est de 631 mètres.
Ce nom est d'évidence un dimin. de Bob [V. c. m.), tra-
duit de la bass. lat. Bosquetum, bosee(um, boschetutn. Il a
pour analogues Bousché, Bouscbet, communes de Ponteils
et de firésis ; lou Boutqué, le Bousquet, hameau de la com-
mune deSaint-RomansKie-Godiére; Unu Bousqués, les Bou-
quets, commune de Soudorgaes, et les noms de personne
Bouchet, Bousquet, Bosquet, communs dans nos pays. Sa
signif. indique la présence de petits bois, bu clair-semés,
ou de médiocre hauteur.
Boaqaéto, «. f. Petite bouche, bouche mignonne. —
Faire bonquéio, faire la petite bouche ; ne manger ou ne
parler que du bout des lèvres ; faire le dédaigneux, au fig.
Dim. de Bouquo.
Boaqao, s. f. Dim. Bouqitétot péj. BouqiMUio, Bouche,
partie inférieure de la tète par où on parle et on mange ;
ouverture. — La bouquo dé l'ésiouma, le creux de Testo-
mac. {Voy. Pcdéto.) La bouquo d'un four, la gueule d'un
four. Bouquo-fino, un gourmand, ou un beau parleur.
Bouquo s'emploie rarement au positif pour bouche, qui
ae dit Gorjo. — V. c. m.
Las bouquoe, les lèvres.
Dér. du lat. Bucea.
Bonra, v. Casser des pierres ou des rochers avec une
masse de carrier qu'on appelle bouro. Au fig. Bourrer;
frapper rudement ; maltraiter ; travailler avec assiduité et
employer toute sa force. — Fôou boura aquél ro, il faut
casser oe rocher à coups de masse. Nous bourarén, nous
lutterons ensemble. Zou/ bouras, allons, ferme, forcez,
poussez.
Dér. de Bouro, masse de fer.
Bonra, v. Bourrer; au prop. garnir ou remplir de bourre ;
presser la charge d'un fusil. *
Se boura, se bourrer de vivres ; se gorger d'aliments ;
prendre double fourrure contre le froid; se rembourrer, au fig.
Dér. de Bouro, bourre.
Boura, v. Bourgeonner, se dit principalement de la
TÎgne quand elle commence à pousser ses bourgeons.
Dér. de Boure, bourgeon.
Bovrado, s. f. Effort ; épaulée ; reprise d'un travail,
d*un ouvrage. — F véou faire uno bourado, je vais don-
ner encore un coup de main à cet ouvrage. T-avèn fa ttno
bratfo bourado, nous avons donné un bon coup de collier.
Dér. de Bouro, masse de fer.
Booraiè, t. m. Bourrelier, celui qui fait les colliers de
labour et harnais de roulage, parce qu'il emploie beaucoup
de bourre pour rembourrer.
Bovrajo, t. f. Bourrache, Borrago officinalis , Linn.
Plante de la fam. des Borraginées, diaphonétique et bé-
chiq[ae.
Dér. du lat. Borrago, aller, de eorago. Selon Apulée,
mot qui dans la Lithuanie signifiait cordial.
Bonras, s, m. Péj. Bourassas. Lie, boue, que dépose
l'huile soit dans les fosses du pressoir, soit au fond des jarres*
Dér. du gr. B6p6opo(, boue, bourbier.
Bonras, s. m, Péj. Bourassas. Etofle de laine grossière;
bure ; grosse toile d'étoupe dont on fait les sacs et draps de
la campagne, bourén.
Dér. de Bouro, bourre.
Boorasso, s, f. Dim. Bourasséio, Lange en laine gros-
sière, espèce de bure dont on enveloppe les enfants au
maillot par-dessus le lange de toile, drapé ou drapèl, et au-
dessous du lange de parade. — Eslre à la bourasso, être au
maillot.
Dér. de Bouras.
Bourbouîado, s, f. Hachis d'herbes, ragoût, fricassée,
macédoine composée de légumes, d'herbes et de viande
hachée, d'œufs brouillés, apprêtés comme les épinards; plat
assez commun et qui n'est pas du goût de tout le monde.
— Vàov, manja aquélo bourbovXado, dit, surtout un jour
maigre, quelqu'un qui n'a qu'un très-mince ordinaire.
Dér. du gr. B6p6opoç, bourbier.
Bourbounés, s, m. Au ^\\a,^Bourbounéses. Bourbon-
nais, province de France; habitant du Bourbonnais, qui
lui appartient. On désigne ainsi une espèce de porcs tout
blancs qui viennent du Bourbonnais.
Boorboussado, «. /*. Guroir de l'aiguillon ; petit fer
plat en forme de pelle, au bout du manche de l'aiguillon à
bœufs, pour détacher la terre, les herbes, les ronces qui
s'engagent dans le soc de la charrue en labourant. — Vcy.
Curéio.
Dér. du gr. B<Sp6opoç, boue, fange.
Bourdaléso, s. f. Débris fangeux de menu bois et de
végétaux de toute espèce, que les inondations déposent
dans les oseraies et qui marquent le plus haut point qu'a
atteint le niveau des eaux. — Voy. Bourdinchè,
Ce mot parait directement issu de bordo; la place où
sont déposés ces débris sur les bords des rivières, la trace
qu'ils laissent comme bordure, pourraient avoir aus8|
influencé sur sa dénomination.
Bourdas, s. m. Péj. Bourdassas. Au plur. Bourdasses.
Rustre ; gros lourdaud. Epithète injurieuse donnée aux
montagnards de la Lozère, parce qu'ils voyagent avec un
gros bâton nommé bourdo. De là ce nom ; mais ne vien-
drait-il pas du lat. Burdo ou burdus, mulet engendré par
un âne?
Bourde, s. f. Sabot, espèce de toupie qu'on fait tourner
en la frappant avec un fouet. Ce mot n'est plus usité que
par comparaison : Escarabta coumo un bourde, vif comme
une toupie.
Bourdèon, n. pr. de lieu. Bordeaux, ville, ancienne
capitale de la Guyenne, maintenant chef-lieu du départe-
ment de la Gironde.
Dér. du lat. Burdigala. Isidore de Séville dit que œ nom
lui vient de ses premiers habitants, qu'il appelle Burgos
Gallos.
a
tso
BOU
BOU
Bonrdéièon, $. m. Bordereau r&ctore des dififôrentes
* linaisons d'une marchandise ou d'one denrée vendues.
Emp. au fr.
Bonrdifaio, s. f. Fétus et brins de quoi que ce soit qui
surnagent dans un liquide ou qui vont au fond ; brous-
sailles; rejetons ravalés qui croissent au pied d'un arbre.
— T-a bé dé bourdifoua, c'est une affaire sale ou em-
brouillée.
Dér. de Bordo.
Boordiièl, $, m. Péj. BcudifèUu. Amas embrouillé de
fils entrenoués, de racines enchevêtrées.
Dér. de Bordo.
Bonrdinchè, #. m. Péj. BaurdindiHTiu. Débris fangeux,
' détritus de bois, de racines, mêlés de Iknon, déposé dans
une cruede rivière sur les rives ou dans les oseraies. —
— Yoy. Bourdaléio.
Dér. de Borda,
Boordo, <. f:J^yBcurda$, bourdauo. Bas-bout noueux
d'une souche; long bâton renflé & une extrémité, qui se
termine par une sorte de boule, bougno. — Pi-dé-bourdo,
pied-bot.
En V. fr. bourde, bâton ; d*où bourdon, bâton de pèle-
rin.
Bourdo, s. f. Bourde ; menterie ; fausse nouvelle. —
JMnta dé àourdoi, débiter des mensonges.
Dér. de la bass. lat. Burda, mensonge.
Bonrdouira, v. Ravauder ; farfouiller ; mettre sens des-
sus dessous ; fouiller; retourner en tous sens. — Dé que
bourdoutreê pér aqui? que vas-tu ravauder là?
Formé de Bordo, balayures, débris, et de vira, ou de
hardo, V. m., maison des champs, et vira, tourner la
maison.
Boure, s. m. Dim: Bouridù. Bourgeon qui commence à
pousser ; plus particuifièrement osil de la vigne. — Pouda
à bour€ et bourïoit, tailler la vigne en ne laissant au scion
restant ipie deux bourgeons ou deux yeux. — Yoy. Bow
Dér. de Bouro, bourre, parce que le bourgeon, quand il
commence à gcmfler, est couvert, entouré d'une sorte de
duvet cotonneux.
Bonré, êCo, adjr Brun, codeur de la bourre de bœuf
- ou de vache. — Virbouré, vin blanc rosé, clairet et dou-
ceâtre.
Dér. de Bouro, bourre.
Bourèio, «. f. Bourrée, bourrée d'Auvergne ; rigaudon ;
' danse qui s'est efboée déjà devant le galop et la contre-
danse, détrénés eux-mêmes par la polka et la mazurka. —
Voff. Bourigal,
Bourèl, f. m., au fém. \Boiire2o. Péj. BourUa».' Bour;
têtu; exécuteur des hautes-œuvres; an fig. cruel, inhur
main, iéroce. — Pagode bourèl, paiement d'avance. Àvédr^
m» fron dé btmrèt, être débouté comme un valet de bour;
reau. Lou bourHTa manqua, c'est-à-dird il s'est échappé
de la corde qu'il a méritée.
On n'a qu'à choisir entre les diverses étym. proposées.
Ce mot, dit-on, vient àaceli.borrev; Gaseneuve le tire du
gr. Bop6ç, qui dévore: Gui-Patin, du lat. burrus, roux,
parce que les rousseaux sont ordinairement violents ; le
P. Labbe, du v. fr. bouehêriau, petit boucher ; Ménage, du
lat. buccarui, boucher, passant par buccareilus, bureUuâ,
bourèl; Eusèbe de Salverte et Roquefort, du bourguigncm
buro, lance; Viilaret, du nom d'un clerc, possesseur en
4260 du fief de Bellem-Gombe, à la charge de pendre les
voleurs du canton. En langue romane et en ital. on dit
boya, en bas-breton bourreo. J'incline pour ce dernier.
Bourén, 5. m. Dim. Bourénqué, péj. Bourénquas, Drap
de grosse toile qui sert à porter du foin, de la paille, etc.
— Voy. Bouras.
Dér. de Bouro.
Bourétatre, s. m. Au fém. Bourétatro. Gardeur, ^ar-
deuse de fleuret et de bourre de soie. Us cardent les ^tes
et ce qu'on appelle lous éstrasses de cocons de filature, ils
en tirent dans les premières barbes ce qu'on appelle la fan-
taisie, et du reste le fleuret, qu'on nomme bouréto,
. Bonréto, <. f. Fleuret ou bourre de soie, provenant des
débris grossiers des cocons. C'est une étoffe qui fait un
très-long usage, et dont les femmes de la campagne étaient
exclusivement vêtues, il y a quelques années, excepté dans
les grands froids. Aujourd'hui les jeunes filles ont des ten-
dances marquées â s'émanciper de la servitude de cette
mode antique. L'étoffe était très-solide â la chaîne, mais-de
mauvais teint et peu él^ante d'ailleurs.
'Dér.' de Bouro, bourre.
Bonrgadiè, ièîro, j. et adj. Habitant d'un bourg, d'une
bourgade ou gros village; plus généralement, habitant é'«n
faubourg de ville; qui appartient au faubourg d'une ville.
Dér. du lat. Burgus.
Bourgado, s f, Dim. Bourgadéto. Bourg, boufadev
petit bourg ; faubourg.
Dér. du laU Burgue.
Bourgal, alo, adj. Franc, loyal. La firanchise et ia
loyauté étaient censées les vertus particulières aux boorfeois
affranchis, par comparaison aux serfs de la f^èbe, dont les
compliments et les offres de service étaient entachés d'une
arrière-pensée de ifervilisme.
Ce mot dérive, évidemment de bourg, qui a (ail-^oiir*
geois; l'idée qu'il exprime est l'honneur de la bour^
geoisie.
Bourgalamén, adv. Loyalement; franchement; orne-
ment ; sans arrière^nsée; avec indépendance. H répon-
dait autrefois â bourgeoisement, qui, dans l'aceeptioi^fraii-
çaise, comme subst.et comme adv., a bien dégénéré de
notre temps, où bourgeois est devenu une exprassioD^Hle
mépris et synonyme de homme vulgaire» sans etpritrsens
délicatesse et sans goût.
Bourges, «. m. Au fém. Bourgéeo : au pi. m. JleiifféMf.
Bourgeois^ habitant d'une ville, qui vil sans Irtvaillar; le
peuple entend par là les riches; D signifie enooie: fatran»
BOU
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131
chef d*atelier, dans le langage des ouvriers; maître el hètos-
lier, dans celui des domestiques ou des voyageurs.
Dér. du lat. Burgus, bourg.
Bonrgnoù, «. m. Ruche à miel ; tronc d*arbre creusé,
caisse ou panier dans lequel on met les abeilles.
Dér. de Borgne, obscur..
Boorgougno, s. f. La Bourgogne, ancienne province de
France. — Pégo dé Bourgougno, importun qui s'attache à
vous avec obstination et dont on peut se débarrasser plus
difficilement que de la poix de Bourgogne, qui est la meil-
leure et la plus adhérente.
Dér. du lat. Burgundius.
Bourgnignoon, $. m. Porc, cochon. C'est là un des
nombreux déguisements que l'urbanité languedocienne im-
pose à cet animal immonde pour le produire là, où il doit
da respect. Même alors n'eât-il désigné qu'en accompagnant
son surnom de précautions oratoires, comme : parlan-i-én
rispè, parâouloi pudou pas. Elle fait de même, quand elle
parle du fumier, d'un âne, etc. Cet usage se perd cepen-
dant, soit par le contact du fr. qui se moque de ces locu-
tions, soit par l'extension des idées d'égalité. — Voy.
Laehén, VéstUdé-sédo.
Il est probable que les premières races de nos porcs nous
sont venues de la Bourgogne, ce qui leur a donné ce nom.
Bonrigal, $.m. Dim. Bourigaïé. Rigodon, bourrée, sorte
de danse.
Dimin. de Bourèïo. — F. c. m.
Bonril, t. m. Dim. Bourioit. Bouchon; duvet; coton;
éraillures de fil qui dépassent sur la trame d'une étoffe,
qui la déprécient et qu'il faut éplucher ; bouchon ou caillot
qui se forme à un fil en le filant. — Tiro aquél bouril éndé
tas défis, tire-toi d'embarras si tu peux ; dénoue cette diffi-
culté.
Dira, de Bouro.
Bonrioù, s. m. Petit bouchon de fil ; petit bourgeon ;
contre-bourgeon qui pousse à côté du principal ; le plus
bas œil d'un sarment de vigne. — Voy. Boure.
Dim. de Bouril et de boure.
BonrioÙB, 0U80, a(/y. Dim. Bouriousé; pé}. BouH'outof.
Cotonneux ; bouchonné ; plein de duvets et de bouchons.
Dér. de Boure.
Boiiri8C[aado, s. f. Dim. Bourisquadéto, péj. Bourisea-
dasso. Anerie, faute grossière, ignorance crasse.
Dér. de Bourisquo
BoQiisqao, s. /*. Dim. Bourisquoù, Bourisquéto, p^.
BaurisquoBMo. Bourrique, ânesse, ou même Ane générique-
ment. Au masc. Bourisqumt, avec la diphthongue finale
muette, ce qui le distingue de son dim. Bourisquoù où elle
est accentuée. — Voy» Bourou.
Bourisquoù, baudet, âne; bourrique ; au ûg. ignorant ;
lourdaud ; ignare; bourrique, qui a aussi les deux accep-
tions. — L't média! est long; il est bref dans Bourisquod.
Dér. du gr. Ilô^fiyoç, roux.
Loù, s. m. Anon, bourriquet, petit âne. — Ea
nuance entre les diminutifs, hourisqué, m., houriiquéto, f.,
et bourisquoù, est seulement que celui-ci est un petit âne
qui commence à porter le bât , les autres des ânons qui
tètent encore leur mère.
Bourja, v. Fouiller profondément la terre avec la trénk'
quo, lou béohar ou lou coutriè. — V. c. m.
Augm. de Bouléga.
Bourjoù, s. m. Tisonnier; fourgon pour aliser le feu;
tout bâton de bois ou de fer, propre à fouiller, à remuer.
Altér. pour Fourjoù, dér. du lat. Furca.
Bourjouna, v., et Bourjonnéja, fréq. Fourgonner;
remuer ; fouiller dans un trou avec les mains, un fer ou un
bâton. — Bourjouna lou fia, fourgonner le feu, le remuer
avec les pincettes ; tisonner. Bourjouna las sèrvos, fouiller
les remises du poisson avec une perche pour le faire sortir.
Déqu'anas bourjouna aquï? qu'allez-vous farfouiller là?
Formé de Bourjoù,
Bourjounaîre, aîro, adj. Remuant, qui s'agite, qui
fouille partout et sans cesse.
Dér. de Bourjoù.
Bonrlis, s. m. Trouble; confusion; tumulte; foule
agitée.
Dér. de l'ital. Burlana, tourbillon.
Boumal, s. m. Cendrier d'un four.
Il est dit pour Fournal, altér. fréquente de F en B.
Boomèl, s. m., ou Boomèou. Dim. Boumélé, péj.
Boumèlas. Conduit d'eau souterrain ou extérieur, en
plomb, en zinc, en fonte ou en poterie ; tuyau de poêle.
Dér. du celt. Bom, fontaine.
Bournlquèl, èlo, adj. Dim. Boumiquélé, péj. Boumi-
quélas. Myope; qui a la vue basse, faible, mauvaise vue;
qui cligne les yeux ; louche.
Dim. de Borgne.
Bouro, «. f. Masse de fer montée sur un manche long et
flexible pour briser les rochers; masse de mineur ou de
carrier pour rompre les pierres.
Boaro, s. f. Péj. Bourasso. Bourre; poil des animaux;
duvet qui recouvre certains fruits et certains végétaux ;
bourre d'un fusil , bouchon fait de bourre ou de papier
pour presser la charge. — Bouro dé sédo, bourre de soie.
Quan-t'On fa\ mérea énd'él féou toujour y laHssa dé bouro,
on ne peut traiter une affaire avec lui sans y laisser du
sien. Emb'él fôou toujour y laissa pèou ou bouro, on ne
peut se tirer de ses mains les braies nettes. Fâou que la
bouro né sàoute, il ne faut pas s'y épargner quand vous
devriez y laisser de la peau. Tira pèou» et bouro, tirer d'une
affaire, d'une spéculation, tout ce qu'il est possible de lui
faire rendre. Y-a dé bouro, cela s'entend sans qu'on soit
obligé de compléter le dicton qui est : Y-a dé bouro à tofiv.
Pour le rendre, on trouve la phrase toute £ûte : il y a da
fil à retordre. En vérité, si Ton voulait positivement et
sans velléité même d'antiphrase qui n'y est certainement
pas, si l'on voulait, par une image, par une comparaison,
exprimer une très-grande difficulté à vaincre, an pounait
132
BOU
BOU
sans peine trouver plus juste et plus vrai. En effet, rien
n'est au contraire plus facile que de tordre, même de
retordre du fd et de battre de la boume comme de la laine.
Le français a donc bien décidément déraillé, quoique les
chemins de fer ne fussent pas inventés à cette époque ;
mais quUl s'arrange. Quant au languedocien, qui nous tient
en oe moment davantage au cœur, il n*y aurait pas moyen
non plus de sauver sa locution en la prenant comme on la
dit et surtout comme on l'entend communément, fl en serait
tout autrement si, au lieu de battre, il y avait comme dans
le français et plus ^ propos que chez lui tordre ou filer;
car le poil si'court de la bourre se prêterait difficilement à
cette op'^ration. Il n'est pas impossible que notre dicton soit
parti de là pour arriver où il est, par une oblitération quel-
conque. Mais il est plus probable encore qu'il ait été fait dans
un autre ordre d'idées, et qu'il ne dise pas ce que Ton croit.
Bouro signifie aussi la masse de fer, au bout d'un long
manche, dont se sert le mineur ou le carrier pour rompre
les blocs de rocher et les réduire en moellons. Frapper de
cette masse est à coup sur un travail des plus pénibles.
N'est-ce pas cela qui a donné naissance au dicton T Notons
d'abord que batre est pris de même pour frapper. On dit :
batre tous piqués, frapper les pieux pour les enfoncer avec
le moutoù, le bélier ou la sonnette, qui les bat comme la
masse bat la pierre. Notre locution a dû être primitivement
avec une inversion : Y-a dé la bouro à batre pour y-a à
batre dé la bouro, autrement dit : éndé la bouro, ainsi
qu'on dit en français : jouer de la prunelle, des couteaux,
pour avec la prunelle, avec les couteaux. Cela équivalait k :
il y a à frapper de la masse, ce sera aussi rude que de frapper
avec la masse. Dans cet ablatif, l'article la a disparu, parce
qu'il n'était pas indispensable ni même nécessaire à la clarté
de la phrase, qu'il allongeait inutilement, ce dont la langue
a horreur. Dans nos proverbes si nombreux, des irrégula-
rités, des ellipses bien autres abondent. Cette suppression de
partie de l'article, créant un calembour, a donné ouverture
à cette double interprétation par les deux sens qui se présen-
taient; mais dans le choix à faire il faut se garder de toute
préoccupation du français. A chacun sa responsabilité, à
chacun selon ses œuvres : parce que dans cette circonstance,
le fr. a mal dit, ce n'est pas une raison pour que le'Iang.
en ait fait autant; lorsque surtout il est si facile de voir
qu'il a autrement et mieux dit, qu'il a dit ce qu'il fallait.
Dér. du lat. Burra, bourre, fait de burrus, roux, cou-
leur de la bourre, ou du gr. nu^6(S(, roux, rougeâtre.
Bouro, j. /*. Jeu de cartes, espèce de Ijéte-ombrée ou de
mouche. — Ettre à la bouro, faire la béte à ce jeu -là, faire
la remise.
Bouroa, s, m. Ane, baudet, bourrique; as, au jeu de
cartes. — Voy, Bouriâquo.
Bonrtoolaigo, #. f„ ou Ponrtoolaigo. Pourpier, Por-
tulaea oleracea, Linn., de la fam. des Portulacées, plante
potagère et grasse.
Dér. du lat. Portulaea,
Bourtoumiou, «. m. Barthélémy, prénom d'homme, qui
est devenu nom de famille fort commun. Il fait au fém.
Bourtoumigo, et au dim. Bourtoumigtté. — Sén-Bourtou-
mîou , la Saint-Barthélémy, jour de la foire principale
d'Alais, qui commence le 24 août et dure huit jours. C'est
une date fort intéressante pour tout le pays, parce qu'elle
sert de terme aux baux à loyer et à ferme, à la location des
domestiques des champs, et à la plupart des transactions
et des échéances de rentes foncières. Quouro que vèngu»
Sén-Bourtoumiou y-àoura dou$ ans, il y aura deux ans,
vienne la SainVfiarthélemy : formule générale de comput
de date pour les paysans, qui prennent ainsi pour point
de départ, tantôt une fête, tantôt une récoite, tantôt l'époque
d'un travail qui se fait à temps fixe : quouro que vènyou
las prunos, lous Avéns, lous cabusses, vienne la saison des
prunes, l'A vent, l'époque des provins. Finis sous ans pér
Sén-Bourtoumiou, il compte ses années à partir de la Saint-
Barthélemy ; il est né aux environs du 24 août. La Pare,
dans ses Castagnados, a fait de la Fièïro dé Sén-Bourtou-
miou, un tableau du genre des plus gais et des mieux
réussis.
Dér. du lat. Bartholomeus,
Boom, udo, adj. Dim. Bourudé, péjor. Bourudas, asso.
Velu; couvert de poils ou de bourre. Au fig. bourru,
inquiet avec grossièreté. Au jeu de la bouro, celui qui a
fait une mauvaise affaire, une spéculation ruineuse. —
M'a fa bouru, il m'a mis dedans. Estre bouruémbé lou rit,
perdre avec beau jeu; en effet, au jeu de la bouro, quand
on ne fait pas de levée on est bouru, et il est par trop fort
de n'en pas faire, quand on a en main le roi, qui est la plus
forte carte.
Bonsa, v, Fienter; mais il ne se dit que du gros bétail
domestique, dont les excréments se nomment bouso.
Bonaado, t. /*. Augm. Bousas. Fientée ; tas de bouse
que les bœufs ou les vaches ont rendue en une seule fois.
Dér. de Bouso.
Bonaanqué, éto, adj. Homme ou femme de très-petite
taille ; banù)oche; nabot. Il est devenu n. pr. — Voy. Bou-
sérU.
Dim. de Bousas.
Bonaas, «. m. Péj. Bousassas. Fientée énorme. Au fig.
homme ou enfant de taille basse et large, à la fibre lâche
et molle.
Augm. de Bouso et de bousado.
Bonacarasso, s. f. Bois fort épais et mal entretenu, où
les ronces et les plantes sauvages abondent ; fourré sau-
vage.
Péj. de Bouseas.
Bonacardiè, s. m. Bûcheron, qui coupe et qui dépèce
les arbres sur place ; qui habite les bois.
Dér. de Bos.
Boiucardièiro, s. f. Bûcher; hangar au bois ; lieu où
l'on serre le bois de chauffage. — Voy, Pioh.
Dér. de Bos.
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BouBcarido, <. f. Dim. Bouscaridéto, Fauvette ; bec-fin
à tète noire, Sylvia atrieapUla, Temm., de la fam. des
Passereaux. Ce charmant oiseau, le seul qui puisse riva-
liser avec le rossignol par son chant, qui dure plus long-
temps sll est un peu moins parfait, est fort commun à
son double passage d'automne et de printemps ; il en reste
aussi beaucoup en hiver dans le pays. Il vit d'insectes et
de larves, ainsi que des baies du sureau et du grosciller, et
feit son nid dans les buissons d'aubépine et d'églantier. Il
a le dessus de la tête d'un noir profond, le corps cendré,
légèrement nuancé d*olivàtre à la queue et aux ailes, le
ventre et la gorge inclinant au blanchâtre. Le nom de
Jkuicarido, qui vient évidemment de hos, habitant, ama-
teur des bois, s'applique bien particulièrement à cette fau-
vette, mais il se donne également aux autres espèces de ce
genre, qui sont nombreuses. C'est que le languedocien n'est
point une langue de savant; il se contente de tracer à
grands traits et abandonne les détails. Ce n'est point par
pénurie, car il donne souvent plusieurs noms au môme
individu, mais il est frappé surtout de la différence des
g^ires et néglige ou dédaigne les nuances, insignifiantes
souvent, qui distinguent les variétés. Nous le verrons ainsi
confondre sous le nom de tartano et de mouicé la plupart
des oiseaux de proie, de sèr, de lu»èr ou lèirou, de ratopé-
nado, de grapâou, toutes les espèces de ces animaux, qui
sont trè&-nombreuses et qui ont chacune un nom ou une
4pitbète différents dans la science. On pourrait ci 1er bien
d*autr8s exemples de ce genre qui se retrouveront.
BauMcarido, et par abrév. Bouscar, est un sobriquet que
l'oii donne à quelqu'un de frêle, maigre et fluet.
Bonacarido (Grosso), t. /*. Sitelle ou Torchepot, Sitta
Suropea, Linn. Cet oiseau, qui a les plus grands rapports
avec les pies, vit sédentaire chez nous. Il a les parties supé-
rieures du corps d'un cendré bleuâtre, la gorge blanche, les
flancs et les cuisses d'un roux marron. — Voy. Raté.
Bonscarlo, s. f. Fauvette ; variante de Bomcarido, qui
a la même racine et s'applique aussi aux mêmes variétés
ÔB fiauvettes. — Voy, Bousearido.
Bouscas, s. m. Gros bois ; grande forêt ; forêt solitaire ;
bois qui brûle difiicilement ; mauvais bois. — Voy. Bous-
carasêo.
Angm. et.péj. de Bot,
Bonacaa, casse, s. et adj. Sauvage; sauvageon; branche
npn greffée; bâtard; faux. — Leva lou bouscas, enlever les
pousses de sauvageon d*un arbre. Pèro bouscas, père nour-
ricier. FraXre bousc€is, frère utérin ou consanguin. Cousis
houseas, cousin bâtard, parent fort éloigné. Las Utanïas
bouseanos, des chants obscènes, grivois ; la mère Gaudi-
ehon. Fron bouscas, front très-étroit, où les cheveux sont
très-bas plantés.
Péjor. de Bos.
BÔnscassino, 5. /. Généralité des arbres-sauvageons ;
pcNUses de sauvageon qui sortent tout le long de la tige
d'm arbre greffé à la tète, qui forment souvent comme des
buissons, et qu'il faut se hâter d'enlever pour ne pas afia-
mer le bourgeon de la greffe.
Dér. de Bouscas.
Bonaérlé, s, m. Enfant tout petit de taille, menu,
mignon. Il est, comme bowanqué, un dim. de bousas, mais
il n'entraîne pas, comme lui, une idée de ridicule ; il ne
s'attache qu'aux enfants, tandis que bousanqué s'attache à
des individus de tout âge. — Voy. Bousanqué.
Boufliga, v. Fouiller, remuer, soulever la terre avec le
grouin, k la manière des pourceaux et des sangliers. Par
ext. gâter un ouvrage, bousiller, le gâcher, le faire à demi
et sans régularité ; rabâcher ; ressasser. — Bomiga lou tété,
est ce que fait un enfant à la mamelle, quand il donne des
coups de tète au sein de sa mère pour faire venir le trait
ou le jet de lait.
Dér. de Bou^so et du lat. agere, remuer, agiter, parce
que tout le monde sait que c'est surtout dans la fiente que
les porcs aiment à fouiller.
Bouaigado, j. f. Trace laissée dans un champ par le
fouillement des pourceaux; barbouillage, mal-façon.
Dér. de Bousiga.
Bonsigadoù, s. m. Fouillis ; endroit hanté par les porcs
et surtout labouré par leurs œuvres ; groin ; gros nez qui
ferait croire que le propriétaire pourrait s'en servir à bou-
siga, iron.
Bondgaîre, «. m. Mauvais ouvrier; celui. qui gâte un
travail. Au fig. rabâcheur.
Dér. de Bousiga.
Bonaiga]e, s. m. Bousillâge; ouvrage, travail mal fait ;
œuvre donnée à un champ, peu profonde, inégale, toute de
trous et de bosses, comme si elle était faite par le groin
d'un porc.
Dér. de Bousiga,
Bonain, $.m. Tapage; tintamarre; train; rumeur. —
Voy. Boucan. Par ext. mauvais lieu, lieu de débauche.
Emp. au fr. mais le lat. Buccinare semble ne pas être
étranger à sa formation.
Bonao, t. f. Fiente, crottin des bœufs, vaches, ânes,
chevaux et mulets. — Bamcusàire dé bouso, le dernier
degré sur l'échelle sociale, ou plus académiquement sur la
roue de la fortune ; ce métier, consistant à ramasser du
crottin sur les routes, est sale et donne de petits bénéfices;
aussi n'est-il exercé que par les enfants, les vieilles femmes
et les hommes hors d'état de travailler. Deux jeunes enfants
se rencontrent ; le plus grand dit à l'autre : Dé que fas ?
— Ramass9 dé bousos, et tus ? — Oh/ ïéou, souX à las bra-
quas. Et le plus petit d'envier son camarade qui avait fait
son avancement; car, quittant son premier métier, il était
passé ramasseur de bûchettes. — Fara bé la bouso pér la
gorjo, expression fort sale, mais très-énergique, pour dire
qu'une personne, vivement contrariée, irritée, va finir par
exhaler sa colère, vomir sa bile et son venin.
Dér. du gr. BouoravCa, venu de Bouc, bœuf.
Boiusa, V. Former une bosse, s'élever en protubérance ;
134
BOU
BOU
se (lit surtout dos plantps tuboirulousos ou bulbeuses,
cnrnnio les |)imiiiii's de terre, les raves, les aulx, etc., lors-
qu'elles roinrnenceiU à déveli>pi)er leurs tubercules ou l'urs
cnieux.
Di't. d»^ Bosso.
Boussado, *•. f. Diin. lUnfssathlo. (^mleuu d'une b'Uirse;
plMH une b'iursf; mnirut d'nn avare : pn-ule d'une feaniie,
qui se dit niieu\ fatétn.
I)ér. de lioirssn.
Boussar, ardo, ai/j. ÎV'j. Pffifssanltis. Vilain bossu;
inan\;iis bi)ssu; S(^ pn-nd toujours en mauvaise part.
ÎV'j or. de lioitssu.
Boussargue, .v. m. /j. pr. de lieu. Houssar^'ues, villaire,
dnns la vii-uerie de Iîhl'uoIs, Unissdnicœ, dans le déiioni-
bi'e'iieiit de 1;» S''ni''(.'liau>sée de Niiiies.
r. p'ur r'''l\ m. r.uiiel.» lins.
BoUSSèlO, s. f. Dilii. nn/fs^rlctt» ; l)éjor. Iii>(/ssv!(iS!io.
()iL'ii<»n de fleurs; tète d'ail, (jui esl o"nii[)>s''e d'un asseai-
blaL'e de plusieurs eaïeiix. on ,i:ous<:^s, hcsr(j)ios.
Dini. de Jiossff.
Boussi, s. w. Dim. Ifoffssiué. Moreeau ; bribe; [>etil la>^.
— V(,y. F/o, Tifle, Tro.
DiiU. de Boss'f.
Boussignolo, *-. f. Diin. lîinissiijufmU'tn. Peiile bos^e ;
l)0SS"^ au fnMit; eMi'rMJs^.uh'c; piMlubér.iuee; bosse de c!ia-
ineau; tuuiéiaction ([uelcnnque.
Diai. de Bw^so.
Boussignoula, r. Eidler ; se former en bdsse; tuméfier.
— S<)}:}i f/oti f)(>,>fssi(jfi()>'/r lor/f de snito, r(i'di"'me se foi'ma
fieat de suil" sur snji froîiL
Bousso, s. f. Dim. /lof/ssvto, péj. Bo/f.ssnsso. Hourse;
petit SPC d'' pe;iu, de (11, on de soie, où l'on i\[o[ de l'arp'nt ;
par e\t. Tarirenl que l'on a, dont on peut disposer. — i:s
e!n que gar<lo la hnussn, c'est la femme (jui lient les cor-
dons d(» la bonr.se. A bono hnusso, c'est un ricbard. Yônn
mfi'i (utiis en cour qn'art/i'n en (inussn, e\p. prvb., la
faviMir en justice vaut mieu\ que l'ar.i^'ent. Tant que rôti-
ras anif, mais que la bousso iwun toques, jirvb. ami jus-
qu'ù la bourse.
Dér. du irr. Bûs^x, ou lijzi'.;, peau, cuir, parce que les
prennères bour.ses on étaient faites.
Bousso, 5. m. Gousset, petite pocbe placée près de la
ceinture do la culotte, où autrefois on tenait l'argent pour
porter avec soi.
Curo-housso, vide-gousset, est le nom d*un village sur la
route de Nimes à Beaucairo, qui autrefois n'était qu'une
taverne de roule. Ce nom lui fut-il donné parce qu'on y
faisait bonne obère et (ju'on y buvait du bon, ce qui allé-
chait les voyageurs il y vider leur gou.sset, ou bien cette
taverne avait-elle mauvais renom, et supposait-on que le
gousset s'y vidait un iieu contre le gré de coux qui étaient
forc^'îs de s'y arnMer ? La première version est plus chari-
table, la seconde est mieux dans les mœurs du temps où
le surnom a été «lonné. — Par ext. on appelle curo-bottssà
tous les olij-Ms de dép^ns^ habituelle et les enfants qui
font des n]'i>els fn^jUiuls à la bourse de leur père ou qui
leur coùi-'iil beauetiip jiiur 1 -ur éducation. — Gratas un
p/înu l'ostr fxtusMt, mettez la main à votre gousset, dit à son
l)èr^ un \]\< (jui di (uaml' d* l'argent.
Dér. d » B'ii'sso.
Boussu, udo , adj. Dim. ffoussude, péj. Boussudai.
Bossu, qui a un-' bos^.^; iiimlueux; inégal ; contrefait. —
lu) h'iu.^ rr'irc se s.'i'-s hniissu, lourno sur tes talons et va-
t-en. S'oif »•?>< j) is rr<')rf, vénh'as boussu, si tu ne veux
pns \o i:i\<'\\v, lu d'nj.'îi.lras bossu, cVsl-;\-dire Dieu te
jiunini. De joii<nc nc-lcc), rnnnifi'ri boussu, le jeune méde-
cin i)eu[»l(' le ciiiieliére.
D-r. de fios^o.
Boiissuduègno, a\ f. La g^iit bossue ; la race des bossus ;
express, (-'(llviiv»», avec le sufTi^e if^'i/no : à Conférer à
Basttiril'n'jno. Ilfdftti'iijno, etc. — V. C. m.
D» r. de Bosso.
Bouta, r. .>l''llre, posM*, |)lacer.
O t 'nue est Irès-élasiiipie ; ses diverses acceptions
s'él-'Uileiii à bi'aueonp d",)c!es. Quelipies exemples aideront
à en bii-n coiiiprendre les sens divers. — Hniitas qu'ague
pas n's <//'. r.)iles etiiniiie si je n'avais rien dit. Lous cabris
boutou <lc bu fins, les crues Commencent à pousser aux
rbeMvauK. f.ns fi' h. s ho'Unu de j,irt, les brebis commencent
à avoir les iii,viielli'> -.cillés, pnnive qu'elles mettront bas
bientôt. A'//n'/ vfiU) /h)/i<> tir i/cns, les dents commencent à
percer à ce! enfant. Bmifa l'arau, faire marcher quelqu'un,
un IroupMU d<'\ant soi. Bm/fas-y la vian, lïielti^z la main
;\ cette ;ilV;iire. Bnufa m'irc, iiicjlre le pot au feu, OU cn
terme de boulaiiL'-rie, t'nloiinier le pain. B'mta ftd, com-
mencer une chose «pie d'autres feront après; attacher le
grelot. Boula lou Icvan, mettre le levain, pour faire le pain;
au fig. seiiii'r des fei'iueiiis de discorde.
Dér. de la bas^. la t. B/iiare.
Boutado, A. f. F« luse, réservoir d'un moulin; le pre-
njier lait qui vient aux mamelles après l'accouchement.
Dér. du gr. IVj'i'yç, fnnd, profondeur.
Boutar, *-. m. (iros tonneau; tonne; foudre.
Augm. de BoKto,
Boutas 1 hiterj. Sorte de locution explôtive, qui n'a
rien de commun avec le v. />o///a. Quand elle est prise inter-
jectivement, elle répond suivant les cas h: Allez donc!
Allons dimc î Mon Dieu, non! Je vous en prie! Allez!
Attendez, attendes ! Bon ! — Btattas ! fasè-m'aquél plèsi,
ah î rendez-moi ce service, je vous en supplie. Ah/ boutas!
mon Dieu, non, vous n'y pensez pas ! Est-ce possible ? Bou-
tas, boulas / es pas tan ni}ci, allez, allez, il n'est pis si sot
qu'il en a l'air. Boutas/ la tssa-lou dire, ne vous tourmentez
pas, laissez-le dire. Boutas/ n'agués pas pôou, allez, ne
craignez rien. Ah / bouta-v^us , ah ! laissez-donc ! Vous n*y
p:»nsez pas! Ce sont des balivernes. — Ce dernier exemple
présente un idiotisme qu'il faut remarquer. L'interj. a pris
ici tout fi fait, pour ainsi parler, la forme verbale, c'esl-à-
90U
BOU
135
4ke que (wuias est consiâérô Gomme un temps du verbe
bouta. Il entre alors dans une règle générale et invariable
qni vent que, lorsqu'un verbe à la Sv^ personne plur. de
l'impéralif est suivi knoiédiatementdu pronom pour régime,
-on supprime Vs final : Àima-vous, régarda-mé, rétcoundi-
Um. Ainsi bouia-vous, laissez donc. Dans ce cas, comme
•duis les précédents, il reste une observation : boulas est la
'forme respectueuse et plurielle; au sing., avec la même
acception, on emploie : BotUo/ boutof va! va! Bah! pas
•possible! Bon, bon ! que dis-tu là? Boutof vingues pas,
-va, je t*en prie, ne viens pas. Bouto / (é troumpes, bien vrai,
ta te trompes. Boutof save eé qui tènes, va, va, je sais ce
que tu vaux. Boutof qu'où faras bé, j'en suis sûr, tu le
'feras.
Bonté, s, m., ou Siblé. Tuyau de greffe, pour enter en
*§ùte ; virole d*écorce prise à un scion franc, qui a un ou
deux œilletons et qu'on insère dans un scion écorcé de
«sauvageon. Il faut faire attention que cette virole soit juste
à la place qu'elle doit occuper : trop large, elle perdrait la
sève et laisserait l'air circcder entre elle et le sujet ; trop
^étroite, elle se fendrait avant d'arriver à sa place.
IMm. de Bou, bout.
Bovtéia, ado, adj. Qui a de gros mollets. — Bien bou-
lêia, qui a de forts mollets, l»en pris, bien tournés.
Dér. de Boulél.
Boutéiè, s. m» Plant, semis de courges, de toute espèce
-do cuoarbitacées. — Voy. CougourUi.
Dér. ûe BouUfio, courge.
"30111010, s» f, Dim. Boutiiéto; augm. et péj. Boutéïasso.
tSoateille ; vase de verre ou d'autre matière, à long col et
v4 large ventre, propre à contenir les liquides ; quantité de
ëquide contenu dans la bouteille. -^Sour eoumo uno bou-
t'UiOy sourd comme un pot. Béoure bouiéio, boire chopine.
La bo tHo l'a mes aqui, le vin l'a tué.
Dér. de B uto, dont boutèio est un dimin.
"Bontéio. s, f. Courge de toute espèce, la famille appelée
CQCurbitacée; potiron. — BoutéSo-énvinadouiro, .espèce de
.-coocgeyétianglée par le milieu, renflée par les extrémités,
• dqnioa fût les gourdes à vin. {Voy. Gosardo.) Les autres
- ospéœs .sont : la eougourh , ,lou pasHs, lou.eoumé, la
•comasso.
;Dér., comme le préoéd., à&Bouio, parce que la courge
'•art aussi de vaisseau à vin.
Boutéioù, <. m. Graine ou pépin de courges et ides
cocurbitacées en général.
.] Dér. et dim. deBoiiléto.
Boutél, s. m. Dim. Boutêié, boutéioà, péj. Bouiéùu.
Mollet, gras de la jambe. — Â miè bouêél, à mirjambe.
1 Ltmg d'é$quino,prin dl boutél, rasdo m'aquél, mot à mot :
oioof d'éobine,' fluet de mollets, n'est pas redoutable* atta-
^^fOA^ longue taille et jambes grêles annoncent la faiblesse
de la constitution, qui rendent propre à recevoir une raclée.
FcKrêlùUâbouiéU énd'un éfan, fêter à table le baptême d'un
Ce mot parait avoir la même étym. que le fr. bo tte, fais-
ceau d'herbes, parce que le mollet est un faisceau de mus-
cles et tendons.
Boutigna, V., ou mieux Réboutigna, Bouder; rechi-
gner; répondre avec aigreur; revenir sans cesse sur un
grief passé; se montrer capricieux, mutin, chagrin.
Boutignaîrè, aîro, adj. Péjor. Boutignaïras. Mieux
Réboutignaîre. Boudeur; rechigné; capricieux; mutin;
chagrin.
Bontigo, t. f. Dim. Boutiguéto; péj. Boutigasso, Bou-
tique.
Ce mot, en fr., s'étendait autrefois aux industries et
aux professions les plus libérales, de l'échoppe du savetier
aux brillants magasins de nouveautés et à l'étude ou plutôt
au cabinet du notaire ; il ne s'élève pas plus haut aujour-
d'hui que la boutique du regrattier. Le lang., qui ne veut
pas être en reste, a suivi la progression de la mode ; mais
il lui a faUu emprunter au fr. les appellations plus pom-
peuses pour lesquelles il n'a pas été consulté, attendu
qu'elles lui sont arrivées toutes formulées de Paris. Aussi
est-il obligé de se faire patois, quand il entre chez le bot-
tier à la mode, pour appeler sa boutique un atéiê. Cepen-
dant il a conservé l'ancien vocable, sinon dans toutes ses
applications, au moins avec certaines acceptions caracté-
. ristiques dont il use encore.
-7 Faïre boutigo, tenir une boutique» tenir un tout petit
commerce de détail. Fat bien boutigo, il est achalandé ; il
est gracieux.et, prévenant pour les chalands. Bara boutigo,
fermer boutique ; faire banqueroute ; au ûg. se taire. Leva
boutigo, commencer un commerce ; au iig. se battre, se
quereller; susciter une rixe.
Dér..du gr. 'A:cq^xi}.
Boutigniè, f . m. Au fôm. BoutiguiUro. Boutiquier, bou-
tiquière ; celui ou celle qui tient boutique; petit marchand
.en détail.
Dér. de Boutigo.
Bonto, ié /'.Dim. l^ouféto ; angm. Boutar, péj. Boulasio.
Tonneau; lût; futaille. Lorsque le tonneau de ce pays est
pris pour mesiiro de capacité, il contient 360 litres, ou six
barraux. — -• Béoure à la barbo dé la bouto, boire à même
. la tonneau,, en plaçant la bouche à la canelle. Bouio-trém-
. piëiro, tonneau à piquette» trempo, que l'on tient à part
. pour cet objet» parce, que le vin pourrait en être détérioré.
BoutoHMréliiiro , petit tonneau qu'on place debout et
' défoncé, sur une chanette pour charrier la vendange.
Dér. de la bass..lat..J9iiia;.en allem. buite, barrique,
cuvier.
. Bouto 1 interj\ t^ igars. sing. impér. de.l^oufa.. Terme
de menace, qui s'emploie dans toutes les acceptions, qiuuid
on tutoie l'interlocuteur. — Voy, Boutas.
> Boutoù, f. m. Dim..Bott<otffi^;^péj.,J3o«fQ^fio<t.Bonton
d'habit ; de fleur ; bubon^.éleynre an^la peau ; ,bonigeon
d'arbre ; moyeu de voiture, de charrette ;.t^tieule d'aidmal.
4» J>érwLdo laL.bass, .lat.,.JlQCMiia>, bouton, que ,ROqntfort
138
BRA
BRA
branU, nous allons danser la ronde. Lou hranU dé Paia-
dan, Um pu nid é$ loupu gran, chanson qui accompagne
nne ronde d'enlants, au dernier mot de laquelle chacun,
pour ne pas être pris on donner nn gage, se pelotonne et
se fait petit ; le plus grand est le sot qui paie.
Branons, t. m,, n. pr. de lieu. Branoux, hameau de la
commune de Biannaves. — Voy. Blannavo,
Branqnado, <. f. Dim. Branquadéto, Branche chargée
de fruits ou de feuilles de mûriers, qui s*éloigne assez du
tronc pour qu'on ne puisse les cueillir sur l*arbre sans
échelle; rameau hors de portée couvert de fruits; grain de
folie.
0ér. de Branquo.
Branqnaio, «. m. Branchage ; ensemble des rameaux et
branches d'un arbre; bois-menu produit des branches.
Dér. de Branquo.
Branqnar, «. m. Brancard, espèce de litière pour trans-
porter un malade, sorte de civière pour porter des far-
deaux, des pierres; les bras d'une charrette entre lesquels
on attelle le cheval.
Dér. du lat. Braehium.
Branquam, ndo, adj, Branchu, qui a beaucoup de
branches. — Voy, Braneu.
Dér. de Branquo.
Branqnas, «. m,, ouBranquasso, f. f. Grosse branche;
longue et grosse branche considérée comme une arme.
Attgment. de Branquo.
Branquo, t. /*. Dim. Branquéio, péj. Branqwùso. —
Branche d'arbre; branche de hviére ; brin ; division ; por-
tion ; racine ou germe d'un mai ou d'un défaut.
Dér. du ceit. Brane, d'où le lat. braehium, et la bass.
lat. In'anea, branche.
Brâou, t. m. Dim. Brâoudé, Brdoudoù, péj. Bràoudoi.
Taureau, bœuf entier. — Brama coumo un brâou, beugler.
^.. Aquà't un brâou; for eoumo un brâou, il est fort comme
^ ' un taureau.
Dér. du bas-bret. Braw, qui a fait aussi l'adj. brave, et
le £r. braoe. En lat. braoium, et en gr. Bpa6e?ov voulaient
dire : prix des jeux, prix de la bravoure et de la force.
Forcît aussi signifiait brave et fort : les deux qualités
suprêmes. Le taureau était chez tous ces peuples le type
adopté de la vaillance et de la force.
Braqua, v., mieux Abraqua. Braquer, tourner vers ;
fixer un but. — / braqué iou$ dous ièl$ dessus, il biaqua
ses yeux sur lui. — Voy. Abraqua.
Einp. du fir.
Bras, f . m. Dim. Brassé, brassoit ; augm. Brassas. Au
plur. Brasses; dim. plur. Brassés et Brassoiu. Bras, membre
du corps humain qui tient à l'épaule; ce qui en a la forme,
la figure, l'usage; au fig. action, force, puissance. — A pas
que sous brasses, il n'a que ses bras pour le nourrir. San
prou brasses oKeï, il y a bien assez de bras ici. Brasses
d'uno earéio, brancard d'une charrette, timons. En bras dé
eamiso, en manches de chemise. Lou bras dé JHou, la
puissance, le bras, la main de Dieu. A lou bras lon§, il a
les bras longs; il peut beaucoup.
Dér. du lat. Braehium.
Braaa, v. — Voy. Abrasa.
Braaas, s. m. Au plur. Brasasses. Grand hraai^ ; gros
tas de braise; foyer bien garni de braise et qui ne flambe
plus.
Augm. de Braso.
Brasièiro, t. f. Dim. BrasUHréto. Brasier, jédj^eiit à
braise, en fer ou en terre, pour c)iaufkr un appartement.
Dér. de Braso.
Braao, s. f. Braise, charbon alluoié ou portion de bois
brûlé qui ne donne plus de flamme.
Dér. du bas-bret. Bras, braise, du gr. BpdB^u ou Bpdogtd,
bouillir; en allem. Brasen, brûler. Esp. Brasa, ital.
Bragia.
Brassado, t. f. Dim. Brassadéto, péj. Brassadasso.
Brassée, ce que peuvent enceindre les bras étendus en
cercle; embrassement ; embrassade ; accolade; même sim-
plement baiser. — A brassado, à pleins bras. — Uno bras-
sado dé bos, une brassée de bois; uno brassado dé yaoéis,
dé paio, une brassée de sarments, de paille. FoU uno bras-
sado, nn baiser, s'il te plait. Arapa à brassado, prendre à
foi de corps.
Dér. de Bras.
BraBsé}a, v. Gesticuler, remuer les bras avec vivacité
en parlant; travailler des bras.
Dér. de Bras.
Braaséiaira, aûro, adj. Gesticulateur ; travailleur à
bras.
Braaaiè, s. m. Journalier, cultivateur qui travaille la
terre seulement k bras, et non avec un instrument ara-
toire ou le secours des animaux de labour.
Dér. de Bras.
Braflaièîro, s. f. Lisière pour soutenir les enfants qui
commencent i marcher. — Efan à la brassi^iro, eoiant à
la lisière.
Dér. de Bras.
Brasucado, s. f. Dim. Brasueadéio. Grillade de châ-
taignes sous la braise. — Dans une partie des Haiites-
Cévennes, ce mot est pris pour la châtaigne eUe-mème,
quand elle est rôtie. — Voy. Afaehado,
Dér. de Braso.
Bravainén, adv. Beaucoup; à foison ; ni trop, ni trop
peu; raisonnablement; médiocrement. — Braoamén, sui-
vant l'intonation, a tous ces sens divers : preuve nommlle
que le ton fait la chanson.
Bravo, avo, 04;. Augm. Bravas. Se dit généndament
de beaucoup de qualités du corps ou de l'esprti. Selon les
cas, il signifie : honnèle, intelligent, leste, adroit, robuste,
bien portant, sage, de bonne mine. 11 se dit aasii des
choses inanimées pour : bon, avantageux, beau. -^ ffn
brave home, un honnête homme. I7fio braw fétmo, une
honnête femme. Uno bravo fio, fille sage, de nèrile. Ses
BRÊ
BRE
13»
6nitt0 €oumo un sdau^ vous vous portez comme le Poat-
Nenf. Sérioê bé bravê se..., vous seriez bien aimable si...
Sè$ bra»ôf vous allez bien? Uno bravo tèro, on champ
assez considérable. Un brave ouiiâou, une maison confor-
taMe. Se $én pat rMee, êéguén brav9$, si nous ne sommes
pas riches, soyons honnêtes.
Brane n'a jamais Taoception de brave en îr. Cependant»
favle d'nn mot qni réponde k bravonre dans le sens de
courage on d'exploit gnecrier, on dit par exception et en
ajootant un nom pour qualifier et justifisr cette extension :
Brave eoumo César, brave comme César. Mais l'exception
oxifirme la r^le» et elle est rare.
Dér. du bas-bret Braw, ou du lat. Bravimm. — Vay.
Brâou,
Btanréf éto, adj. Dim. Bravoù, brawmné, bravounito.
Joli; gentil; mignon. C'est là un exemple frappant de la
dégénérescence des mots, quand ils passent par dififi^rentes
filières et aiwôs un long laps de temps. Celm-ci a la même
origine que le précédent, et voilà leur radical brâou, tau-
reau, qui finit par différentes cascades à Tadj. bravouné,
geotillei» qui semble la qualité la plus antipathique avec
lui.
Bravén, t. m. Nature particulière de terrain assez fer-
tile et bon surtout pour la vigne, mais difficile à labourer
en bonne saison ; car il est très4ur avec la sécheresse et
argileux par la pluie. Il est composé d'un mélange de limon
et de schiste.
Bravonro, s. f. Honnêteté ; pi^ité. Ne signifie, jamais
bisvouie ou courage.
Dér. de Brave.
Brégadièy s, m. — Voy, Bérgadiè.
Bcègado, «. f. — Voy. Bérgado,
Brégan, t. m. — Voy. Bérgan,
Brtflandajet s. m. — Voy. Bérgandaje,
Brégandèia, v. — Voy. Bérgandésfa.
Bségo, i. /. Noise; chicane; queorelle d'Allemand. —
Cérq^a Mgo^ chercher noise.
Dér. du gallois Breg, mptue. En esp. Brega, en itd.
Briya, dispute.
Brégoùs, ouso, adj. Dim. Brégousé; péfj. Brégotiuas.
Querelkiv ; hargneux ; tracassier. — Chi brégoia a las
âonrésae i>irménou$o$, chien hargneux a les oreilles déchi-
rées : le dicton se comprend de reste et ne s'applique pas
sepfement aux animaux.
Dér» de Brégo.
Brin* t. m. Son, partie la plus, grossière du blé moulu.
— BéMfré éou brén ePiarJe à la farino, économe de bouts
de chandelle; il ménage la paille et prodigue le grain.
Dér. du bas-bret. Brenn, même sign. Il a formé le frv
Iran, excrément, bran de son, qui est le son véritable du
faifoean. Tous ces mots n'ont aucune espèce d'analogii0im
en lai. ni eix gr*, ni dans les langues modernes qui ont
pQîiéà œlte somce* La racine celtîqne est iDrcéet.
Brinoûii ouaot adj^ Qui conlîenjt trop de son, en par*
lant du pain ; défaut de toute autre préparation culinaire
qui n'est pas liée, ou qui est graveleuse.
Dér. de Brén.
Brèa, s. m. Dim. Bresse. Au plur. Brèsses. Berceau
d'osier; barcelonnette d'enlant Aufig. jeune âge; commen-
cement, lieu où une chose a commencé. — Ou a prés àou
brèa, c'est un dé&ut qu'il a pris au berceau. Gna'n pUn
brès, loc. prvb., il remplit son berceau, en parlant d'un
gros enfant, quidquefois même d'un adulte. On dit d'une
femme qui désire ardemment des enfants : Àh boutas/ Ioh
fariè en tout lou brès, ah 1 mon Dieu ! elle consentirait à
accoucher d'un enfant tout botté, tout éperonné. La grano
dé brés, les petits enfants.
Dér. du lat. Versus, part. pass. de versare. Cependant
quelques-uns le tirent du gr. Bpd^eiv, dormir, oude Bpdbvetv,
agiter.
Brés (Séu-), s. m., n. pr. Saint-Brès, commune dans
le canton de Saint-Ambroix (Gard). Brés est la traduction
du nom pr. Brioe, Saint-Brice, disciple de saint Martin de
Tours, vers le milieu du V* siècle ; du lat. BrieHus.
Brésoan, s. m., ou Brisquo, ou Brisoaa. Brisque, bris-
can, nom qu'on donne aux as et aux dix du jeu de mariage
ou de biscambille.
Bréal, s. m,, n. pr. de lieu. Brésis, quartier du terri-
toire d' Alais, au midi et sud-ouest de la mcHitagne de Saint*
Germain-de-Montaign, et que l'abbé Teissier, notre compa*
triote, ainsi que d'autres après lui, soutiennent avoir été
Prusianus, l'habitation de Tonance Ferréol, préfet des Gau-
les au V* siècle, décrite par Sidoine-Apollinaire.
Brési serait une altération du nom lat. Prusianu».
Bréail, s. m. Brin ; fétu ; résidu en poussière ; petite
parcelle; débris de charbon qui restent au fond d'un sac.
Dér. de Brîfo.
Bréaqno, s. f. Rayon de miel; gauffire ou gâteau de
cire ; cire avec ses alvéoles planes, telle qu'elle est on
qu'elle sort de la ruche. — ' Bâtonnet; jeu du bâtonnet;
jeu d'enlanl.
Dér. du bas-bret. Bree, cassant. En allem. Breehm,
rompre, briser.
Bréata, v. Bercer, donner le branle à un berceau;
balancer un enfant dans son berceau pour l'endormir. — r
Se bréssa, se dandiner, se balancer lourdement en mar*
chant, comme font les béliers et les gens chaussés de gros
sabots.
Dér. par métathèse, du lat. Versare, agiter.
Brètâo, t. f. lit en planches d'un valet d'écurie dans
l'écurie même; cabane de berger portative pour ooudier
dehore, couverte le plus souvent en paille.
Augm. deBf^.
Brésaolp, s. f. Dim. BréstoMio, Lit d'enfant à bar-
reaux ; table à rebonis, avec des pieds en batean» sur
laquelle on pose le berceau d'un enfant, pour l'élever au
niveau du lit de la nourrice et lui imprimer au bescMn
le balancement qui lebei«e etTendort.
140
BRE
BRI
Bréthmat, f. m,, n. pr. de lien. Brethmas, écart de la
commune de Saint-Hilaire, à laquelle il donne son nom,
Sini-Àlari-dé-Bréthmas, canton et arrondissement d*Alais.
D*antiqaes raines découvertes dans ce quartier, des restes
de toiles et de poteries gallo-romaines, sans doute, font
remonter assez loin son origine et son nom.
Ce village est mentionné dans une ancienne charte qui
mérite d'être rapportée. — Hist. gén. de Lang., t. I*', pr.
p. 35. — C'est une donation faite vers Tan 840 à Tabbaye
d'Aniane. Trademu$ rw quœ êurU in Urrilorio nemauêêiui
tubwbio castra andusianensi, sive infra ipsum pagum, vilia
cui vocabulum est Berthamates , hoc est cum mansis,
eampis, curtiset hortis, cum exeis et regressis, cum ecclesia
Sancti BUarU eonstrueta, neenon (UiU ecclesiU quœ infra
terminum de ipsa villa fUndata fuerlnt, cum Matis et
mansionilnu ad Bertomates €upicientibus.
Le nom porté dans cet acte avec une légère variante se
trouve au dénombrement de la sénéchaussée, en 4384,
S. YlariuM de Bretomanso.
Il n'y a rien à dire de la dernière portion du mot Mates,
identique à Maxes et Mages, traduit par le latin mansus
et abrégé selon les règles par le lang. et le fr. en mas. Sa
forme au pluriel parait moins l'indice d'une agglomération
que la réunion ou la proximité d'un certain nombre de
«Mifuî dans sa dépendance. La première partie jouit d'une
possession d'état fort respectable, et Bertho, Br^o pour
sigmfier breton ; par où on arrive à Mas du Breton,
En contestant cette facile interprétation, je ne voudrais
pas me faire une méchante afEûre avec ce Breton breton-
nant, qui, à une époque assez reculée, nous aurait laissé le
nom de son pays, plutôt que son nom propre, ce qui est
étrange d'abord, liais l'existence même de cet étranger
transplanté aux bords du Gardon ne me semble pas encore
sufiBsamment attestée par une simple dénomination, à
laquelle on peut assigner dans notre langue vulgaire une
origine et une raison plus naturelles. En eflfet, si Bertho-
mates, Bretomansus, Brethmas a eu pour parrain un Breton
quelconque, le droit d'invoquer pareille descendance au
même titre appartient à une petite pUce de la ville d'Alais,
ai^ée en fr. BerthoU aujourd'hui, en lang. Brétolo, et
dans une proclamation de l'an 4388, — Hss. de l'Hôtel-de-
Ville, — trMum de Berthola. C'est la même racine et le
même mot. Or cette place, au moyen Age, à proximité du
Marché, était le lieu spécial où se cantonnaient et s'éta-
laient les denrées a[^rtées des Gévennes avec la Ifréto, la
hotte montagnarde, ou dans le bértotU, brétoul, panier fait
de minces lames de bois; peu^ètre aussi y avait-il là une
industrie de fabrication de brétos et de bértouls. Elle en a
retenu le souvenir. Les deux noms, en tous cas, qui ont
contribué à faire celui de Brétholo, Birthole, dérivent du
gaulois brett, en lat. lignum, bois, planche, éclisse, ser-
vant à faire britos et bértouls. Mais les analogies nous
viennent encore en aide. Le nom propre BreteuU n'est pas
plus breton d'origine que notre Brethmas et que notre
Brétolo, son correspondant direct, avec la différence du
dim. roman euil au dim. lang. ol ou olo. Et l'on sait que
le nom de cette ancienne famille était autrefois Tonnelior,
changé depuis en BreteuU, son équivalent synonjrme, plus
noble et plus sonore peut-être mais sorti de la même souche,
exprimant la même idée, fait du même bois, brett. Pareil-
lement pour Bretehe, vieux mot fr. signifiant fortifications
de bois, dans Du Gange Bretechiœ, castdla lignea. Dans
tout cela pas la moindre trace d'un Breton.
La dérivation pour Brethmas nous parait donc fort pro-
bable, en y faisant entrer brett, soit que le montiif pri-
mitif fût construit en planches, soit qu'il ait été établi
dans un pays couvert de bois; les deux hypothèses peuvent
être également soutenues.
Brève, s. m. Brevet, privilège ; acte portant concessioii
d'une grâce, d'un don, d'une autorisation.
Emp. au fr.
Bréréta, ado, a4f- et part. pass. Breveté; qui est
pourvu, muni d'un brevet.
Emp. au fr.
Biîa, V. Briller; reluire ; jeter une lumière étincelante;
avoir de l'éclat.
Emp. au fr.
Brian, auto, adj. Brillant, qui a de l'éclat ; qui reluit.
Emp. au fir.
Brida, v-, mieux Embrida. Brider, mettre la bride ;
lier, arrêter, attacher. — M'an bien brida et séngla, on
m'a joliment lié et garrotté, dit-on proverbialement, quand
on vient de passer un acte qui vous lie fortement. Sén bri-
das, nous sommes arrêtés, liés. Sauvages traduit : nous
jeûnons. Très-juste : la loi est la bride. Brida Vase pér la
guuio, prvb., prendre une aflkireà contre-pied; agir à
contre-sens.
Les étym. paraissent nombreuses : d'abord le oelt. bridé,
puis le vieux saxon bridel, bridl, même motet même signi-
fication, le gr. éolien Bputi{p, pour ^uti{p, tirer, parce que U
bride sert à tirer. En ital. briglia; en esp. brida, bride.
Bridèl, s. m. Dim. BridéU; péj. Bridélas. Bridon; filet
à mors brisé, sans branches ni bossettes.
Dér. de Brida.
Brido, s. f. Dim. Bridéto, péj. Bridasso. Bride; partie
du harnais d'un cheval qui sert à le ccmduire; petite bande
de toile ou d'étofle, attachée au béguin d'un enfant, aux
bonnets et aux chapeaux de femme, destinée à passer sooi
le menton, pour retenir ces coiffures. — Trépa émbé ta
brido, ou émbé lou eabésire, jouer avec sa queue à la
manière des jeunes chats ; se dit des gens tràs-jeunes qui
ne prennent nul souci et se font un jeu de tout. -~ Tby.
Cabéstre.
Dér. de Brida.
Brido-monsqao, t. m. Cogne-fétu; tatilkm; qui fait de
grands embarras de petite chose; homme fluet, fiMe, débile.
Bridoulo, s. f. Dim. Bridouléto. Bois de jeunes tdoni
refendu en lames fort minces, que l'on tressepour fûn lea
BRI
BRI
14t
piHaronê, hértotUos et eampanèjes, (F. cm.) Les jeunes
pousses de châtaignier sauvageon sont considérées comme
les plus favorable; à cet effet, on les aménage en taillis et
on les coupe tous les trois ans.
Dér. de Brido.
Brignoà, «. m. Mgnoie; prune de mirabelle, la plus
petite de tontes les espèces. Elle est d'un assez beau jaune
quand elle est mûre.
Gomme son nom, et surtout son représentant fr. Tin-
dique, ce fruit vient de Brignoles, en Provence, où il est
cultivé avec succès, et où Ton fait des conserves de prunes
ttéfr-rmommées.
Brignoun, s. m. n. pr, de lieu. Brignon, commune du
cantcm de Vézénobres, arrondissement d*Alais. La tradi-
tion donne à ce viUage une origine fort ancienne.
Le nom de Brignoun sous la forme Briginn, est un de
ceux qui sont inscrits sur un petit monument du musée
de Nimes, portant les noms de onze localités du territoire
des anciens Voices Arécomiques. Il occupe le second rang
dans le deuxième groupe, qui parait avoir pour chef-lieu
UceUa, Uzès. L'attribution de Briginn à Brignoun, Bri-
gnon* n*esl pas douteuse. Dans l'inscription le mot est évi-
demment abrégé de la dernière syllabe à cause des dimen-
sions du piédestal; il devrait se terminer en o, Briginno,
simple nom de localité avec la finale celtique si commune,
on en ontê, au plur., si on veut l'appliquer aune peuplade,
BrigtnnonBi, La traduction latine du moyen âge donne
raison à cette désinence. La basse latinité des Gartulaires
disait, en efiEét, en 4207, Brinnonum, en 4273 Brinno, en
4384 et 4384 Brinhonum, en 4435 Brinhon, dont le lan-
guedocien a fait Brignoun et le fr. Brignon. Ici se remarque
la transformation du g entre deux voyelles, dont la pro-
nonciation était mouillée, ce que le latin rendait en plaçant
un à on un t après n, et que nous avons repris par notre
gn qui produit le même effet ; les exemples sont nom-
breux.
Dans le voisinage on a découvert des restes d'antiquités
romaines ou gallo-romaines; un monticule où l'on prétend
q[aB l'ancien village était établi, porte le nom de Sére dé
Briàto, colline dé Brienne, et un ruisseau est aussi appelé
Jhéouno, Branne ; ce sont autant de dérivations du celtique
Brigitui.
<2uant à l'étymdogie du mot, on trouve en gallois Bri-
ggtm, dme, sommet, extrémité, bout, où l'on reconnaît la
racine bri. M», In-m, colline, élévation, hauteur, qui a
donné avec le même sens dans diverses langues ber, bir,
herg, bêm, Mm. La ûtuation de Brignoun justifie cette
dénominatii», et son ancienneté d'origine est également
étaUie : village sur une élévation.
Brin, t. m. Brin de fil; fil de la soie sans être doublé et
tel qu'il se dévide sur la roue à filer; brins de chanvre
dont est conyoeée une corde, ou un fil redoublé et tordu.
-^Fkhtndo à quair^ brins, fronde à quatre bouts.
Ce mot parait dérivé de Prin dont il est la métathàse.
n ne faut pas perdre de vue que le mot prin vient évi-
demment du lat. primuM, Le fil dont on fait les étoffes est
doublé, triplé, quadruplé; lorsqu'il est simple, il se dit
brin, ce qui revient à premier; ce sont bien là dès^Iors ces^
premiers filaments qui restent dans la main de celui qui
sérance, les brins premiers, par excellence.
Bringo, s. f. Dim. Bringuéto, péj. Bringasso. Bringue ;
rosse; cheval maigre; femme maigre, déhanchée, mal
bâtie. — Mélre en bringo, mettre en. pièœs, en désarroi.
Emp. au fr.
Brîou, s. m. Dim. Brivé, brioulé. Certain temps; petit
intervalle de temps. — Y-a un bon briou, il y a longtemps.
If'avès pér un pouli briou, vous en avez encore pour long-
temps. Espérarés un briou, vous attendrez un peu. Y-a'n^
brivi, il n'y a qu'un petit instant.
Dér. du lat. Brevï, bientôt.
Briqué, 5. m. Dim. Briquétoù. Briquet à feu, outil
d'acier pour tirer du feu d'un caillou ; sabre-briquet courte
à l'usage de l'infanterie; jeune gars, blanc-bec; homme
sans valeur et sans consistance; petit homme, au physique
et au moral ; petit et mauvais cheval, criquet. — Batre
dàou briqué, au fig. être cagneux, avoir les genoux qui se^
heurtent en marchant.
Emp. au fr.
Briqno, t. f. Dim. Briquéto ; péj. Briquasso. Brique,
terre argileuse pétrie, montée et cuite, qu'on emploie dans^
les constructions. — Briquo énvémissado, brique vernissée.
Briquo eanéludo, brique à crochet, qui sert à faire des-
voûtes.
Dér. de la bass. lat. Briea,
Brisa, V. Briser; casser; rompre, mettre en pièces;
réduire en poudre.
Dér. de la bass. lat. Brisare, presser.
Brisai, t. m. Dim. Brisaïé. Menus débris de pierres;
petits fragments, réduits en poussière, de tout corps dur
très-divisé.
Dér. de Briso.
Briso, s, f, Dim. Briséto, s. f. Brisouné, s. m. Miette ;
brin ; parcelle ; morceau détaché d'un plus grand ; miette
de pain. — Douna-mé n'é'no briso, donnez-m'en un petit
morceau. Né résto pa'no briso, il n'en reste pas un fétu, il
n'en reste rien. N'avédre dé las brisos, en avoir des écla-
boussures. Aou foun dâau sa s'airobou las brisos, prvb.,
au fond du vase la lie ; au dénouement les angoisses. Las
brisos né sâoutavou âou capèl, on mangeait de si grand
appétit, on cassait si vivement la croûte, que les éclats,
les miettes en volaient au loin.
Las brisos, châtaignes sèches qui ont été brisées en les
battant pour les d^uiller. Cette espèce de châtaignes a
un peu moins de valeur au marché que les autres, psurœ
qu'elle se met en marmelade en cuisant ; mais elle est aussi
bonne, préférable même, si on veut la moudre en farine
pour raJ>reuvage des porcs, parce que généralement ce sont
les châtaignes de meilleure qualité et les plus sèches qui se
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BRO
BRO
brisent le plos; œlles qni sont avariées, moisies ou ver-
moulues contenant une humidité qui les préserve de se
concasser.
Dér. de Bri$a,
BriBO-baro, «. m. Ecervelé; indompté; tranche-mon-
tagne ; qui se met au-dessus des lois.
Comp. de Brùo, brisa, et haro.
' Brisqué I inUrj, intraduisible, qu'on adresse à quelqu'un
qui commet une incongruité en parole ou en action sales.
Ce mot parait la contraction et un sous-entendu de :
brusquez la politesse.
Brivado, s, f. Dim. Brivadéto. Séance, durée d'un tra-
vail entre ses diverses interruptions; séjour. — Y-avèn fa
uno bono brivado, nous avons fait une bonne séance de
travail. — Ha aussi toute la portée de Briou; on dit bien
et également : Y-a un bon briou et uno bravo brivado,
pour : il y a un long espace de temps.
Dér. de BrUrn.
^ Broclio, t. f. Dim. BrouehUo, mieux : Haste, Broche
de cuisine; e^éce de longue aiguille.
Dér. de Broquo, parce que les premières broches étaient
un pieu de bois, une bûche. Sauvages prétend qu'il y a
des bâtons d'un certain bois dont les fibres sont de leur
nature tellement torses que la chaleur les fait détordre, et
que les viandes qu'on y embrochait autrefois, tournaient
d'elles-mêmes. Probablement ce n'étaient que des moineaux
ou tout au plus des grives, avec lesquels on pouvait se
permettre cette économie de tourneur ou de tourne-
broche.
Brode, f . f. Paresse ; fainéantise ; mollesse; indolence ;
pcûduites par l'ennui ou par une certaine disposition d'es-
prit ou de corps semblable au »pUm anglais. Ce n'est pas
une paresse habituelle, mais accidentelle» un entrainement
irrésistible et momentané au far-niunte, qui donne dn
dégoût pour le travail et par conséquent de l'inapti-
tude.
Les ouvriers de Paris appell^t cette disposition : avoir
la flème, ce qui veut dire : avoir la hrpdo* être plus en
train de flâner que de travailler. — La brodo mé gagno,
l'ennui» le dégoût me gagnent; Je ne suis bon à rien, ^igti^
Un fa» véni la brodo, ce temps lourd donne des vapeurs,
de la lassitude dans les membres, de la mélanoolie dans
l'esprit. Mi donêi la brodo, tu m'ennuies.
Dér. du gr. Bpcûà^, lent, BpiSoc, lenteur.
Broquo, «. f» Dim. Brouquito,]^. Brouquoim. Bâche;
bâton toit ; sci(xi d'arbre sec. — Lou touqaarièi pa$ énd'%mo
broquo, je ne le toucherais pas avec des iMUcetles, Porto uno
broquo, lou fia s'amouêMo, apporte une bûche, le feu va
s'éteindre. S'arrapo uno broquo/ si je prends «a bâton»
gaie!
Dér. de la bass. lat. Broea, branche d'arbre, édudas»
broussaille.
Broquo-quioii (à), adv. Tout de traven;â la diable*
~ Trav^ia à broquo^uiou, gâter l'ouvrage, eA se hâtant
trop et ne faisant nulle attention : va comme je te pousse.
Aqud s'apèlojuja à broquo^uiou, voilà qui s'appelle jugé
à la diable, dit un jdaideur qui perd son procès» dans les
vingt-quatre heures bien entendu, et quelquelÎMS» avec ptos
de raison, après ce délai de tolérance.
Dér. d'un jeu d'écolier qui porte ce nom et qu'on nomme
en fr. broche-en-cul.
Brou, «. m. Dim. Brouté, Jeune pousse des arbres; brin
détaché d'une plante; trochet de fleurs ou de fruits; bour-
geon. — Un brou dé sâouvio, dé viàouHè, dé ba$ali, vm
branche de sauge, de giroflée; un brin de basilic.
Dér. du celt. Brout ou Brot, brin , d'où la bass. lat.
BrogUum, Bruillum, BroUum, petit bois» broussailles; on
du gr. BptSio, bourgeonner.
Brou, «. m. Terme de boucherie, pièce du poitrail d'un
mouton, qui répond au grumeau du bœuf; haut côté de la
poitrine.
Dér. du V. m. Brutz, sdn, poitrine.
Broucanta, v. Brocanter; acheter, revendre ou troquer;
vendre par échange; vendre du brio4-brac, des marciiaa-
dises d'occaûon.
Dér. du lat. Becantare, se dédire, parce que ce genrç de
revendeurs avaient autrefois vingt-quatre heures pour se
dédire, et rompre leurs marchés.
Broucantur, nrdo, adj\ Brocanteur; celui qui sans être
marchand, a la manie de brocanter, d'échanger, de troquer
ce ({ui lui appartient, comme chevaux, voiturest» meuUes.
Dér. de Broucanta.
Broacbado, «. f. Dim. Brouehadéto. Brochée ; hàtelettes;
enfilade de petifs-pieds à la broche.
Dér. de Broeho.
Brouda, v. Broder.
Emp. au £r.
Broadariè, «. f. Broderie.
Emp. au fr.
Brouduso, «. f. Brodeuse.
Emp. au fr.
Bronèto, s. f., ou BrouTÔto. Brouette. — 7oy. Barisfe.
Brouîa, v. Brouiller, semer la discorde; mette le de*
sordre. — Se brouta, se brouiller avec quelqu'un; d'ami
devenir ennemi.
Dér. de l'ital. Brogliare, imbroglio.
Bronîadiflso, t. /*. Brouillerie, méslntelligenoe.
Dér. de Bnnna,
Barontar. s. m. Dim. Broutçrdé; pé|. Broutanfoi- Brouil-
lard ; nuage. — Lou brovXar a mouqma kui tignot, la gibou-
lée a fait p^rir les boiirgeons de la vigne.
Broniar, en st^e d'écolier, est le brouillon» cahier on
écrit qui n'est pas mis au net. — Popiè bromeiardf pépier
gris, qni boit.
Dér. dnkt. Pmîaa» ou de la base. lat. Brolhatrduê, m. sig.
Bioiûarda» ard^do^ a^i- Couvert da brame» ohai|6 de
brouillards^
Dér- de BrouUur.
BRO
BRO
143
Broido, «. f. Bronille; mésintelligence légère; petite
bronillerie. Le même que Brouuidissa, mais avec une
nuance vn pea pins foncée.
Dér. de JDnniKa.
Bronn-bronn, s. m. et €uiv. Hurlu-berlu; étourdi;
étooidiment, en renvecsant tout. Onomatopée. Viendraitril
du 1^. Bpovni, tonnerre?
ftroil&das, f. m. Dim. Broundassoû; péj. Broundauoi.
Rameau de chène-v^ avec tontes ses feuilles, dont on se
sert, en guise de balai, pour amonceler les feuilles mortes
et les bérissons de châtaigniers; brandes, bourrée.
Dér. et augm. de Broundo.
Broundio, i. f. Aamilies, émondilles, broutilles; débris
de menu bois qui reste après qu'on a dépecé des arbres, ou
élHranché.
Dim. de Broundo,
Broundioù, i. m. Brindille, petit morceau, petit édat de
bois.
Dim. de Broundïo.
Broudo, «. /. Bourrée; brandes; fagots de menu cbène-
vert ou de broussailles, dont se servent les boulangers, les
potiers de terre et autres pour chauffer leur four.
Dér. du lat. Frons, Frondit, ramée, feuillage, qui, par
apocope et changement de f en b, avait fait dans la bass.
lat. Bnmda, menues branches.
BroiiBqiia, v. ou Bmqna. Broncher, faire un faux pas
en heurtant du pied contre quelque chose. — Que bmquo
•f noun tombo avanço eamï, prvb. qui bronche sans tomber
accélère ses pas; c'est-à-dire on apprend en faillant.
Dér. de l'ital. Bnmdare, broncher, et Broneo, tronc,
touche, henrter contre une souche.
Bronnqiiadp, «. f, ou Bmqnado. Bronchade; action de
broncher; faux pas d'un cheval.
Dér. de Broungtia.
fooucaire, airo, a^f, ou Bmquaîre, airo. Qui
bronche; qui est sujet à broncher; cheval qui n'a pas les
jambes acdides.
Dér. de Briwnqua.
Bnmna, v. Bronzer; donner au fer une couleur bleuâtre
pour le préserver de la rouille, ce qui se fait à un feu trés-
vif. Au fig., cuirasser contre les douleurs de l'âme et du
QOips; aguerrir, rendre insensible à la soufErance; devenir
dur comme le bronze.
BrouBsa, part. pa$ê. Bronzé, couleur de bronze; teint en
Bûûr. — StHiXèê brounMQ$, souliers de peau teinte en noir,
piéseiilant le velouté de la peau, à l'eitérieur.
Dér., disent aucuns, du celt. Bronex, m. sig.
BrouBid, V. Se rôtir outre mesure, se dessécher au feu;
noircir comme bronze; bronzir par le froid, qui produit le
même effet.
Dér. de même que Brounza.
Bvoimili^- Siflet» bmiie,. en passant comme font les
baUes, les bootets, une pierre lancée avec une £ronde. Au
fig., murmurer, grogner, marmotter, gnmder. — Loê baioi
brounzissièou, les balles nous sifflaient aux oreilles. Dé gué
hrounsiises din toun eantoù? qu'as-tu à murmurer, à gro-
gner dans ton coin? — Voy. Brounzina.
Dér. du gr. Bpu^^, hurlement.
Brounâdoù, «. m. ou Rouflo. Loup, instrument de jeu
pour les écoliers, fait d'une petite planche fort mince atta-
chée au bout d'un cordon. Ils le font tourner très-vivement
au-dessus de leur tète, et produisent par ses vibrations dans
l'air un frémissement sourd, un brounximén, qui imite le
hurlement du loup.
Dér. de Brounzî,
Bronnzimén, «. m. Bruissement; sifflement d'un projec-
tile ; frémissement de l'air produit par le frôlement d'un
corps quelconque; frôlement d'une robe, d'une étoffe.
Dér. de Brounzi.
Brotmslna, v. — Voy, Brounzï, siffler, bruire.
Bronnaânaïre, airo, adj. Péj. Brounzinaïrat. Grondeur;
grommeleux; qui marmotte, qui aime à gronder; qui mar-
ronne.
Dér. de Brounzi,
Brouqua, v. Planter des oseraies, des saulsaies. L'osier,
le saule, le peuplier se plantent par simples boutures dans
les graviers les plus secs, et ils y réussissent toujours pour
peu qu'ils trouvent de l'humidité à la profondeur où l'on
enfonce leur extrémité inférieure. Il faut, en général, les
planter après que la sève s'est retirée; cependant lorsqu'on
les plante dans l'eau ou dans des terrains marécageux, ils
prennent en toute saison, même en juillet et août.
Gomme ces plantations se font très en grand dans le pays,
au bord des rivières, soit pour en défendre les bords, soit
pour bonifier les graviers inertes en arrêtant les dépôts
d'alluvion, on prend très-peu de soin pour ce travail de
brauquqfô. On a des scions de toute grosseur, on les coupe
à la longueur d'un mètre, et l'on amincit en pointe leur
gros bout; ensuite on fait un trou dans les graviers avec
un instrument de fer pointu, appelé AgvXo, et l'on y place
trois ou quatre scions à la fois, en se contentant d'écraser,
d'ébouler le sable avec le pied pour remplir le vide du trou,
n est rare qu'aucun de ces plants reste sans pousser.
Brouqua s'applique à toutes les espèces de boutures,
comme celles de la vigne, du figuier, etc.
Il se dit aussi, pour repiquer des plantes que l'on a
semées d'abord sur couches et qu'on repique à distance dans
les jardins potagers, comme l'oignon, la betterave, la poi-
rée, la laitue, la chicorée, le céleri, etc.
Dér. de Broquo, dans la première acception, à cause des
scions qu'on emploie et qui se nomment Broquo; dans la
seconde, à cause de la bûche qui sert de plantoir dans cette
opération.
Broaqnaje, f. m. Action de planter des oseraies; la
saison de os travail, et surtout la masse des bois qu'on y
emploie. — Aguà't dé brave brouquaje, éttén bien, o'est du
bois très-favorableàplanter en oseraies, il foisonne beaucoop.
Dénr. de Brmtqtta.
144
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BRU
Brouquéto, «. f. Allumette.
Toutes les allumettes se faisaient avec des brins de che-
nevotte coupés à quatorze ou quinze centimètres de lon-
gueur, soufrés simplement aux deux bouts et mis en paquets.
De là leur nom de Brouquéto9, dim. de Broquo, parce que
ce n*était en effet que de minces bûchettes. Il est bien
entendu qu'aujourd'hui on ne peut plus par cette raison
appeler Brouquétos, les allumettes en cire de Roche et
autres. Aussi le lang. a-t-il été forcé d'adopter VAluméto.
Les gamins qui vendent les allumettes à la Congrève, ont
même fait disparaître à peu près entièrement les marchant
dé brouquétos, quâou né vôou, dont le cri est remplacé dans
nos rues par celui d'alumétos à la Congre, dou$ cén pér un
4ÔOU. C'est du bien bon marché, mais c'est du bien mau-
vais lang. — Voy. Aluméto, Luquéto.
Bronqmado, s. f, Dim. Brouquïadéto. Fagot ou brassée
de broutilles ou de bûchettes ; ramassis qu'on en fait dans
un bois ou au fond d'un bûcher. Au fig., feu de paille, de
peu de durée.
Dér. de Broquo,
Brouqniè, s. m. Boisselier; artisan qui fabrique des
futailles de bas -bord, telles que seaux, baquets, cornues,
cuves à lessive, barillets, etc. Les mêmes font les patins à
semelle de bois pour les femmes.
Dér. de Broquo, bois refendu.
Brousén, s. m., n. pr. de lieu. Brouzen, quartier du
territoire d'Alais, en amont sur la rive droite du Gardon,
où quelques étymologistes placent le PruHanut du préfet
des Gaules, Tonance Ferréol. — Voy, Brési et Berén-
guéri.
Broussa, v. Tourner, caillebotter, grumeler; faire tourner
le lait, une crème, une sauce ; c'est-à-dire que la partie
butireuse ou onctueuse se sépare de la partie séreuse et se
grumelle par caillots. — Moun la tés broussa, mon lait a
tourné. A broussa sa crèmo, elle a laissé tourner la crème.
Brousao-sâouço, s. m. Gâte^auce, mauvais cuisinier
qui manque ses sauces.
Dér. de Brousso, parce que le lait tourné forme de petits
caillots assez semblables à la graine de bruyère.
BrouBSO, t. f. Touffe de bruyère de la petite espèce, basse
et rampante.
Dér. du bas bret. Broust, buisson, broussaille. Dans la
bass. lat. Bruseia,
Brousso-pèou (A), adv. A contre-poil ; en sens contraire
du poil; à rebours; de travers; au pr. et au fig. — Voy,
Cronto-piou,
Bronstio, s. f. Petite boite de sapin, à lames minces,
refendues.
En bas bret. Broustet, branche aisée à refendre. Dans la
bass. lat. Brustia.
Broutél, s, m. Dim. Broutélé. Trochet ou glane de fruits ;
jet d'arbre qui porte une certaine quantité de fruits ramassés
en bouquet.
Dim. de Brou; en celt. Brout ou Brot, traduit dans la
bass. lat. par Brogilus, BruiUut, Brcliut, qui signifie comme
dimin. petit bois, broussailles qu'on fait brouter.
Broutélado, t. f. Quantité de fruits qui se trouve réunie
dans un seul trochet ou sur une même branche.
Dér. de Broutél.
Bra, «. m. Bruit, son ou mélange de sons, tapage,
vacarme; bruissement; rumeur; nouvelle qui circule;
dicton; renommée; renom. — N'ét pat bru que d'aeà, on
ne parle que de cela. Né cours un bru, on en murmure bien
quelque chose dans le public. Faïfotso bru, il fait beaucoup
de tapage. Crén pat bru, il ne se laisse pas intimider. Un
home tant bru, un homme paisible, qui ne fait pas parler de
lui. S'én-ét douna lou bru, la nouvelle, le bruit en a couru.
Dér. du bas bret. Brud, Brut, bruit, rumeur, ou du gr.
Bou6(t)v, rugissement, murmure.
Bm, adj. mate. — Pan-bru, pain-bis. N'a pas d'autre
application.
Dér. du lat. Brutut, grossier; il pourrait être aussi une
altération ou une contraction de Brun. .
Bmèl, t. m. et n. pr., ou Braèil. En v. lang. petit bois;
un fourré ; jeune taillis.
Il y a dans l'Aveyron un village et commune de Saint-
Jean-du-Bruel, qui a pris cette épithéte de sa position dans
les bois.
En V. fr. on disait : breuil, brouil et brel, auquel le mot
lang. répond très-exactement; et dans la bass. lat. on avait
dit : broilut, broilum, brolium ; brogilut, brogilum, bruUluê.
Cette diversité de désinences, attachées à un radical inva-
riablement le même, donne clairement le sens dans lequd
il faut les entendre dans les différents idiomes. La termi-
naison lang. èl est diminutive, comme le sont en fr. ses
correspondantes directes en et, éU, euU, uil, qui traduisent
ou que traduit le lat. oilut, olium, ogilut, uillut. Par con-
séquent comme règle générale, tous les mots-radnes, affectés
d'une de ces finales égales entre elles, auront une signification
diminutive. De plus les désinences en ol,olt, ôou, jol, joU,
jôou, du languedocien, rendues ^toUus, oliut, ogilut latin,
seront identiques à èl et également diminutives, comme dans
le fr. etU, euU, èl, oil et ea^, eaux, ége, ellet, eilet, aittes,
eiUet, oillet, parfaitement équivalentes. De sorte que BruM,
en étymologie, sera le même que Brueilet, du Breuil, Bme-
joul, Bruejols, Bruèges, Broglio, Brouelles, firoaiUes,
Bruellcs, Brouxelles, Breaux; et que de la même sonroe
dériveront, à part les noms communs, les noms propres
Bruyère, La Bruyère, Bru^tè^ lang. Bruguèirole, Brugas.
Le gaulois Bru, ou Brou, Brout, bois, branche, brin, est
atténué par sa désinence qui prend toute sorte d'inflexions;
mais l'élément primitif reste immuable et toujours recon-
naissable.
Bmgas, t. m. Lande couverte de bruyères.
Péj. de Bruguiè.
Bruguèirolo, t. f., n. pr. d'homme et de lieu. Bragaei-
rolle. Petit champ couvert de bruyères. — Voy. BruM.
Dim. de Bruguiè.
BRU
BRU
145
iè, «. m. taillis de brayères à balais que Ton met
en coupe réglée. — N. pr. d'homme : Bruguier. Avec la
désinence féminine, iëiro, il est encore n. pr. de lieu, et
trô»-commun.
Ainsi que nous Tavons déjà remarqué, les anciens radi-
caux signifiant bois ou forêt ont dû nécessairement donner
naissance à de nombreuses dénominations dans nos pays
couverts de forêts, de landes de bruyères, de hautes et
basses futaies : de là aussi les diminutifs ou les péjoratife
caractéristiques d'une situation ou de Tétat des lieux et des
propriétaires. Aussi le primitif celtique brug, adouci en dm
ou hru$, bruyères, broussailles, que nos ancêtres gaulois
prononçaient peutrêtre broug, et dans lequel certainement,
en latin. Vu sonnait ou, s'est-il reproduit dans nos appella-
tions locales et dans les noms d'homme avec des variétés
nombreuses, tantôt en conservant sa consonnance simple,
tantôt en adoptant l'euphonie latine.
A propos du mot qui nous occupe, la plus ancienne forme
connue du radical est tirée d'une inscription gravée sur un
petit piédestal conservé au Musée de Nimes, malheureuse-
ment tronqué, mais où se lisent encore onze noms de loca-
lités des Volces Arécomiques. A la seconde ligne de ce
monument est porté le nom de Brugetia. Nous n'avons pas
à chercher ici la certitude d'attribution entre les diverses
localités qui auraient, chacune, des raisons égales à la
réclamer : les savants ne sont pas d'accord sur la vraie
position indiquée. Cependant le mot nous reste, et la
divergence des opinions ne fût ressortir qu'une chose :
c'est que le nom Brugetia est aussi bien représenté par
Brugei, hameau de la commune de Gomillon, que par La
Bruguière, canton de Lussan, arrondissement d'Uzès, ou
par La Bruyère près d'Anduze, ou par Bruyês de la com-
mune d'Aigaliers; comme il pourrait l'être par Brugèdes,
commune de Sénéchas, par Bruèje, commune de Saint-
Privatrdes-Vienx, par Bruguier, commune de Monoblet et
Méjeannes-lés-Alais , et par tous les autres noms de La
Bruguière répandus dans le département du Gard. Ce qui
amène à reconnaître que tontes ces appellations ont une
commune racine, et que, si elles se distinguent par leurs
suffixes en et, yès, ède, ié, ièiro, elles n'en représentent pas
moins des localités où les bruyères étaient abondantes, ce
qui donne la signification; et ces nuances prouvent que ces
désinences sont égales entre elles et équivalentes, ce qui
donne raison à ce que nous disons des suffixes et de la
composition des noms.
Mais il y a plus : la difiërence de prononciation dans le
radical multiplie les analogies. Bru étant identique à Brùu,
il s'ensuit que les noms de Brouzén près d'AIais, Brouxet,
commune, Broussoùt, près de Portes, dans notre arrondis-
sement, Broussan, commune de Bellegarde (Gard), devront
être ramenés à la même signification désignant des lieux
anciennement remplis de broussailles, couverts de bruyères.
La variété ethnique des terminaisons n'empêchera pas de
les reconnaître et de les rapprocher; elle ne servira qu'à
démontrer la fécondité de la langue qui se prête harmo-
nieusement à ces modulations diverses, à prouver la
richesse de notre idiome et sa souplesse à diversifier la
forme sans altérer ni compromettre le sens des mots.
Dér, de Brus,
Bmla, V. Brûler; consumer par le feu; être en état de
combustion; brouir, se dit des effets produits par le froid
sur les fleurs et sur les premiers bourgeons des arbres. —
Fato-brulo, jeu d'enfant qui consiste à cacher un objet de
petite dimension et à le faire chercher par un patient. A
mesure qu'il se rapproche de l'objet, on lui crie : fato-brulo/
et quand il s'en éloigne : brulo pas; par ce moyen on le
conduit petit à petit à l'objet lui-même. Par suite, le mot
Brûla, dans le langage ordinaire, est devenu synonyme de
se rapprocher, être prêt à deviner. — Brûles biin^ tu es
sur la voie, tu te rapproches singulièrement du but.
Brûla, s. m. et part, pass, — Es un brûla, c'est une
tête brûlée.
Dér. du lat. Perustulare,
Bmladnro, s. f. Brûlure; action du feu; sa trace, sa
marque.
Dér. de Brûla,
Bmlaire, s, m. Poêlon à brûler le café; brûloir; instru-
ment ou ustensile servant à cette torréfaction.
Dér. de Brûla,
Bmn, bnrno, adj, Dim. Brune, éto; péj. Brunas, asso.
Brun, brune; noirâtre; d'une teinte foncée, sombre; obs-
cur; bis. — Mouli brun, moulin destiné à fabriquer le
pain bis, parce que les meules en étant plus serrées donnent
un degré de plus de trituration à la farine, ce qui rend
impossible sa séparation d'avec le son au tamis. — Il est
aussi n. pr. d'homme. Brun : d'où son dim. Brunêl.
Dér. de l'allem. Braun, en ital. et en esp. Bruno.
Braqua, v, — Voy. Brounqua,
Bmqnaire, aîro, adj, — Voy. Brounquaïre, àiro.
Brus, s. m. Dim. Brttui, Au plur. Brusses, Bruyère à
balais, Erica seoparia, Linn. Arbuste de la fam. des Eri-
cacées. C'est celle qu'on emploie pour ramer les vers à soie,
et dont on fait des balais, éseoubos dé brus. — Ana as
brusses, aller à la provision de bruyère pour les vers à
soie. Capoula dé brusses, couper les brins de bruyère de la
longueur nécessaire pour les échalasser entre les rangs des
tables. Plégarias lou prou fi dine unofièïo dé brus; la feuille
de bruyère étant sans largeur aucune, que pourrait-on plier
avec? Aussi cette phrase équivaut à celle-ci : le bénéfice est
venu à rien.
Dér. du celt. bas-bret. Bme; Bruscus en lat., dans la
bass. lat. Bruseia et Brueria, broussailles.
Brutâou, talc, a4j, Péj. Brutalas. Brutal; grossier;
féroce; emporté; sans égard, sans politesse, sans ménage-
ment.
Dér. du lat. Brutus. •
Ba, s, m. Dim. Buqw; péj. Buquas, Chicot d'arbre;
ergot de branche; bout mort et desséché d'un scion d'ari)re
19
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Bugada, r. l'ain: h I*->-,i\i'; lilni-Iiii' ;i'i i:. <\ -ni i'
l('S.si\i'; lair<* Ii')ii'i'.i l'Imii(1> N'Ti-i - il • 1 ■ >; • t !•' 1 ■ !j- ij,
I'!l\Mi. ^'»M)lll■'■ll'^l'^ l'I \ari'- > : 'l-i i''t. /;/•/-/,]■—.•...
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Buyadiciio, s. /'. I' > /.-'/-i'' >■ ..-.I. -.. k : !■ v-
'lii'n* ; l)liii''lii~> Ml- ■ ; liiiurli ,• ■. - - l n j < ',m, t! 'j-'.ii h ,, >>.
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jaiiiais une u'.iiill.'' il' sura!) aid,iiii.". (jx-nfo h,i,j(i!, no'
([Ucl l»a\,ir.l I lie- .l"u\ .^'iii-'v.
I)cr. di' Ihiijnl'i.
Bugado, s.f. Lc.sshr; ijuanlil'- dr' iiii'j' ■aicuxc, I -n-.r,
lil.iiu'lii. — M'in' /<! f'/'<ji(,'ii, iiM'lIr.' .(, lanci' ji- jinji- d .i>
la Ics>i\ .-. l'tni I- Initj :^ln, l.iiiv II \r-A \ ■', i'.sdn I, /■ id ////y,/,/,,,
• 'Iciidrt' le liîiL^e l.-vp.,'- pair l' rairc>cilii'i". Au lîj. i,'i>)>;>l(>,
p'Ttc OM!i^id''i\di!c au j'U, uu' Ic-.-im-, d.iii> (;c .-.•ii--. I)
lassinn MIS lu (ia<i I II), ,ij ul-T uii'' d'Ile à iiiii> ;nili'c, iiii''
iiialadro^e, uu- > -tli-e >ur uii- auU-', laiitc mh- laiile.
M'''!ll'' d'T. A'^ Il '/;/(! !'l .
Buqiia ('se), r. ><■ M .— r, se laiiv un.- di'cliiiaire a la
pe.iu eii M/ pitiUiul à uu l'clal, hu, a un cliicul de Imis.
DtT. dç liu.
Buquado, .v. /'. Diiu. ^''/'/'/'/'/cVo. J).'. Iiiiure a la peau ;
âcçi"'>ça un hal'il,a u.'ie imIic; pi'.>çurrspar un (; liiçoi dr Imi^.
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• I • :i eit; j, ;^ l>H\'i ni' II- . : •:. i- .;.' i, .... cCi.!,:.-' 1 «ilijol
1 l,';i e ; ' l'ii- I-" 'lu lî't-r ■■'^^ V \.' ail [' 'pal lire d ,ii> l- ailes
- '■! "■ , '!i 1 ''a.p. iiiitv 1 ■ 1; ;: a! tr 'pii lV.ean!i>vdl la
Busqua, ' l!-li.ai a*- i" U'.i' jap-', uu c as'_". jiiair dessi-
ij' 1 |i- L il.'- il- Il l il!-'. — >'' '"/\,'n, S" c.iiiilavr; (--reu.xT
1'^ f'aii- el d:\ '-l •pp'i" la [•■ ilia.;e .ai iiiiiclMut.
I)-r. d-' Jh!s.
Busqiiaia, c. iPi[i,::s^..;- ,|ti |j,ruu | , jx. dç> l.m util les ;
(.•' iilj)a" il"S laMUidl'-^ d un al'Iae.
|)'a". de ItusiiHUn'.
Busquaïo, ••. /'. l>iiçlie a laul-r; ln-.ailillos; ni nu-lic.is
ivl iidll : 'cl.il i|.' Imi^.
iliisf^iKiio >'>[ •'■■> idtauliieiil pdiir h(iifs(inuin, ho$(^u(Hn, \\*'i' .
di' //'>,v.
Buta, r. p. ais^er; lieiirha'; .s-Tivu" centre; snul.Miir ;
' alVciaiiic; uiuaina-. — lintn lo<i tcfi, piUissor le lejups avoo
I ri'paule. .( jffis l/csoHu (jnr lua hntoa, il n'a jias l)es(>iii
d'èlii' [loiiN^M', dèlre exi.'il'''. Lu l'un Ion buio, la mibèro lo
j [iMU>.'e. lintus 1(1 pnrht, JkjUSSi'Z hl |l(»l'li\ Biitus ferme,
lieiiil.'/ \i\euienl. .}fc Oïdarés un pàou, vous ino soulicii-
di"e/ un peu Ifiilvs /fds/ Ji'' jxiusst'z pas! Àqufil ùoubrc huto
c
147
61^^ cet arbre pousse avec vigueur. Lou hla a buta, le blé
a commencé à germer. Fôou qui quàouquus lou bute, fariè
pai aqud,i\ faut que quelqu'un l'excite, il ne ferait pas cela
de lui-mèn)e.
Dér. de la bass. lat. Butare.
Butado, s. f. Dim. Butaiéto; péj. Butadasso, Secousse;
heurt; poussée; coup d'épaule. — A bèlos butados, par
secousses : par épaulées. M'a fougu douna uno bono butado,
il a fallu donner un bon coup de collier pour terminer cette
affaire, pour mener cet ouvrage à bonne fin.
Dér. de Buta.
Butaron, s. m. Chasse roue. — Même sign. que buto-
rodo, dont il n'est qu'une syncope et peut-être une corrup-
tion. — Voy. Buto-rodo.
ButaTan, s, m. Boutoir, outil de maréchal, espèce de
pelle tranchante pour parer le sabot d'un cheval avant d'y
placer le fer.
Formé de Buta, pousser, et Avan, en avant.
Butin, 8. m. Butin ; provisions de bouche et autres. Il
ne se prend guère qu'en mauvaise part — Manqua pas
butin, il y a iranche-lippée.
Empr. au fr.
Buto-rodo, $. m. Borne, en pierre, en fer ou en fonte,
en forme de cône tr^^nqué, placée soit au coin d'une maison,
à la porte d'une remise, à l'entrée d'un pont, pour empê-
cher que l'essieu des roues d'une voiture ou charrette
n'éconie les murs ; soit à l'entour d'une place , pour inter-
dire la circulation des voitures.
c
G, troisième lettre de l'alphabet ; elle a la même pronon-
ciation qu'en fr. et subit les mêmes modifications, c'est-à-
dire qu'elle a la prononciation du K devant les voyelles a-
O'U, et celle de Ys double devant e et t.
Le C est la deuxième des consonnes ; il appartient à l'ordre
des Palatales, parent de la famille des Gutturales. Les gram-
mairiens le classent ainsi en expliquant la manière dont se
fait son émission, forte ou faible, par l'organe buccal : très-
bien; nous n'insistons pas autrement. Son histoire est plus
curieuse et présente plus d'intérêt : nous lui devons une
mention. — Les Romains, qui avaient adopté l'alphabet
des Grecs, l'appelèrent d'abord Gamma et le figuraient par
le signe r : ce qui cependant n'empêcha pas d'employer la
forme arrondie en croissant, C, d'où lui vint le nom de
Lima, surtout quand il prenait le son adouci. Tout cela
est formel, et il est bon de citer à ce titre, Varron disant :
« Antiquis cnim C quod nunc G ; » et Festus Avienus :
c G pro G fréquenter ponebant Antiqui, > et dans un autre
passage : « Quse nunc C appellatur, ab Antiquis G vocaba-
> fùT. » C'est ce qu'écrivait aussi Ausone dans ce vers,
De tiieris :
Prsevalnit postquam garoraa^ vice fVmcta prius C.
Cependant l'opinion contraire était soutenue par d'impor-
tantes autorités : en latin, Tacite, Pline et Juvénal en par-
lent, et appuient le nom lunaire ; en grec, Suidas et Plutar-
que penchent aussi pour la forme du cappa au lieu du
^mma. Mais on sait par Isidore de Séville, De originibtts,
que le K prévalut et fut introduit définitivement par un
maître d'école, nommé Sallustius.
Puérilités, dira-t-on. Nullement. La conclusion à tirer
est que, si la forme a eu quelque influence, au point de
faire confondre une lettre avec l'autre, il y a certainement
rapprochement d'articulation quand la lettre et le son se
produisent, ce qui tient à leur nature et au procédé
d'émission ; mais ceci explique encore que le C latin tenait
de son origine grecque la force et la dureté devant toutes
les voyelles, comme le r ou G grec, et que, par suite aussi,
leur permutation est naturelle et facile. C'est ce qu'a trans-
mis le latin aux langues romanes, et celles-ci au languedo-
cien. Par où on ne sera plus étonné, dans la recherche des
étymologies, des substitutions fréquentes des deux signes,
et par exemple, des changements de cavea, lat., en gabio,
lang., cage, fr.; cicada eneigalo; erassus en gras ; crotalum
en grélà; acus, acuctUa en aguio; ecdesia en glèiso; ficus
en figo; vicarius en viguîè; etc., etc. Et encore, par des
variantes caractéristiques plus remarquables : le lat. canis,
du gr. K^tov, Kuv6ç, qui donne au fr. chien, à notre dial.
chi pour chin, au toulousain, gous et cos; de plus, le lat.
catus, en gr. Kaxfç, donne au fr. chat; à notre dial. ca; an
prov. gat; au cat. gat; à l'esp. et au port, goto; à l'ital.
gatto.
Mais dans la formation du roman, la permutation ne
s'arrêta pas là : la réaction continuant amena d'abord
l'adoucissement de l'intonation sur les voyelles e et i, par
lequel le C dur, romain ou grec, se convertit en deux SS;
puis, pour les voyelles éclatantes et fortes, a, 0, u, les
mêmes tendances firent introduire la combinaison primitive
et celtique sans aucun doute du C avec H, flexion chuin-
tante inconnue au latin. Ce CH est gaulois pur-sang, il ne
vient pas d'importation germanique. Les peuples tudesques
ne le prononcent qu'avec une articulation fortement guttu-
rale aspirée, et leur langue en général ne montre aucune
aptitude pour les mouillures adoucies du roman. Nos dia-
lectes au contraire, et le français lui-même, l'ont repris à
148
CA
sa source; et en particulier, notre dialecte cévenol, comme
preuve d*origiDe ancienne, lui qui a mieux conservé les
traditions du langage, remploie partout et invariablement
et dit eha pour ea, ehâou pour edou, et même où nous
diaoas fâou : ehâou ana iéjaïre; chabro, pour cabro; etc.
Nous signalons ici un des phénomènes de Télaboration
ûe l'idiome, comme nous Tavons fait à la lettre B. En pas-
sant du celtique au latin, du latin au rooian, en dérivant
ensuite vers le languedocien et ses dialecles, la langue ne
s*annule pas plus qu'elle ne se crée, elle se modifie suivant
les latitudes et suivant les dispositions propres aux groupes
de chaque zone. C'est pourquoi les permutations n'ont pas
de règles absolues, invariables, savantes, en vertu desquel-
les tous les mots se seraient transformés et qu'on devrait
nécessairement retrouver dans leur composition nouvelle.
A part le radical à peu près immuable, toutes ces lois de
transformation et de permutation varient à l'infini dans
l'intérieur d'un idiome, et à plus forte raison dans un dia-
lecte comme le nôtre, qui se distingue par un caractère
si particulier : nous en saisissons seulement les principaux
accidents. Ce qui est à bien constater, c'est que, à toutes
les époques où le langage s'est modifié, il a obéi partout à
des tendances spéciales, et que, sans se dépouiller d'une
manière complète de ses formes, il a cherché en tout temps
et partout à ressaisir ses propriétés primordiales; et que
toujours, cédant ou à la puissance de l'habitude ou à des
influences organiques et climatériques, appropriées au pays
où il était reçu, il suivait dans ses innovations un certain
plan uniforme, sans secours de la science ni souci de la
grammaire, mais sous l'inspiration d'aptitudes innées et de
facilités de prononciation, dont le peuple, peu instruit
d'ailleurs, restait le souverain juge. Aussi nous contentons-
nous de prendre notre dialecte sur le fait, et laissons-nous
de côté les classifications scientifiques.
Le languedocien n'admet pas le C final, non plus que le
C devant une consonne autre que les fluides Lei M, Lors-
qu'il emprunte au gr. au lat. ou au fr., qui tous admettent
cette rencontre, il supprime net le C et le considère comme
ncm* avenu. C'est une délicatesse d'acoustique qui lui est
commune avec l'ital. Une seule exception a été faite pour
la propos, din, dans, précédant une voyelle; on dit : dine
«fi an, dans un an.
Dans une langue dont l'orthographe n'a rien de précis,
rien d'arrêté, qui n'a jamais eu de grammaire et qui ne
pouvait en avoir à cause de ses variations d'une localité à
l'autre, qui n'a eu que des lexiques partiels et à principes
divergents, chaque écrivain, chaque glossateur surtout doi-
vent se créer des principes, des règles et une orthographe à
leur usage, faute de type à imiter, de loi unanimement
acceptée et reconnue ou d'académie autorisée qui impose
ses décisions. Au milieu de ces incertitudes, un principe
semble bien surnager, celui de l'orthographe auriculaire ;
et cependant, son application absolue a présenté des diffi-
cultés si nombreuses que tous les essais ont échoué. Sauva-
ges, qui a été plus loin qu'aucun autre peutrètre dans cette
voie, s'y est fourvoyé lui-même, et plus d'une fois. L'ori-
gine de certains mots, leur étymologie l'ont entraîné; et
c'est ainsi qu'il nous donne jusqu'à trois signes dififêrents
pour rendre la prononciation du C, en se servant tour à
tour du C, du E et du Q.
Certes, en suivant la règle de l'orthographe auriculaire,
le C et 1*5 auraient suffi à exprimer les diverses prononcia-
tions combinées que nous offrent les lettres C, E, Q, S, et
nous y aurions gagné l'économie de deux signes; mais nous
l'avons dit, nous faisons de l'éclectisme; et il est prudent,
avec une certaine mesure, de respecter, dans chaque mot,
sa physionomie étymologique. Nous avions d'ailleurs des
traditions qui obligent, et mieux encore les notes et les
formules de l'éminent poète des Castagnados, qui, dans tout
ce travail, sont notre guide, notre loi et notre inspiration.
Nous conserverons donc chacmie de ces consonnes, en don-
nant toutefois congé définitif au E intermédiaire, qui nous
parait tout à fait anomal au languedocien et que le fr.
lui-même n'adopte que dans quelques emprunts exotiques.
On s'étonnera peut-être d'après cela de rencontrer quel-
quefois le Qu, là où le C aurait été parfaitement suffisant,
où même il aurait eu plus de convenance étymologique :
nous l'avons employé ainsi parce que notre premier besoin,
en cette affaire, a été de faire concorder orthographiquement
chaque mot avec ses composés, avec ses dimin. et ses péj.,
chaque verbe avec les divers membres de sa conjugaison.
Si, par exemple, nous avions écrit broeo, — saco, — touea,
il aurait fallu écrire brouciè pour brouquiè; saeéio pour
saquélo; toueére pour touquère; l'on comprend bien que
cette orthographe n'était pas abordable.
Ca, s. m. Dim. Caté, catoû, catouné; augm. Cotas; péj.
Cataras. Chat, felis catus, Linn. Mammifère delà fam. des
Carnivores. — Le chat sauvage, la véritable souche de
notre chat domestique, existe dans nos cantons montagneux
et boisés ; gris plus ou moins brun, avec des ondes plus
foncées sur le dos et transversales sur les flancs; dedans
des cuisses un peu jaunâtre ; les lèvres et la plante des
pieds noires, la queue annelée terminée en noir. — Voy.
Chaîné, — Lou ca miâotUo, le chat miaule. Et $aje cowmo
lou ca âou froumajè, il est sage, tranquille comme un chat
qui tient sa provende, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'elle soit
achevée. Sdouta coumo un ea maigre, sauter comme un
chat maigre, comme un cabri. Um mes das cas, le mois de
février, temps des amours des chats. Au fig. Faïre iou ea,
faire la chatte-mitte, patte de velours ; baisser le ton ; baisser
pavillon; ramper devant plus fort ou plus puissant que soi.
Empouria lou ca, vider un loyer sans prévenir le maitre,
décamper à la sourdine; partir sans prendre congé, sans
faire ses adieux. Acheta un ea dinc un sa, acheter chat en
poche; faire marché sans voir la marchandise. Soun eoumo
lou ca et lou ta, ils vivent ensemble comme chien et chat;
ils vivent très-mal d'accord. Y-a pa'n ea, il n'y a per-
sonne, personne! Farié d'ièls énd'un ea, exp. prvb.« il
CAB
CAB
149
est ai adroit qu'il ferait des yeux à un chat. Manjo ca que
nmmiarai, loc. prvb. pouvant se traduire par : tel qui rit
vendredi, dimanche pleurera.
Dér. de la bass. lat. Catta, même sig. Quant à Tétym.
de celui-ci, on est loin d*ètre d'accord : le gr. KaxCç, furet;
rbébreu CkaiotU, peuvent y avoir contribué; le lat. y a
pris part : Catare, ou Catiare, voir clair; Catum ab eo quod
eatai, id est videi; Catos id est acutos; et encore, Si origo
ejui adferri posiit, à caveo diei maxime probcUur, pense
Vossius. On n'a que le choix.
CSabala, v. Gabaler; intriguer pour quelqu'un ou pour
soi; comploter; se liguer avec quelqu'un.
Emp. au fr.
Cabale, s. f. Cabale, complot, coalition d'ouvriers.
Emp. au fr.
Cabanèl, s. m., n. pr. Au fém. Cabanélo; dim. Caba-
nèU, Cabanéhù. Gabanel.
Dér. de Cabano, chaumière, ou du béam. Caban, formé
de Cab, tête, en v. lang., manteau des pâtres béarnais et
navarrois, pourvu d'un capuchon.
Cabanis, «. m., n. pr. d'homme. Au fém. Cabanisso;
dim. Cabanissé, Cabanis.
Dér. de Cabano.
Cabano, s. /*. Dim. Cabanéio; péj. Cabanasso. Cabane ;
chaumière, hutte. — Cabano dé pastre, hutte de berger.
Il est aussi n. pr. d'homme, Cabane. Au fém. Cabanéiso;
dim. Cabane.
Dér. de la bass. lat. Capanna; du gr. KaodÉvT), tugurium.
Cabàoa, s. m. Bétail gros et menu qui fait partie d'une
ferme d'exploitation rurale, et que le code civil désigne
sous le nom d'immeubles par destination. Par ext. ce mot
s'applique à fortune, avoir, héritage, possession, trésor. —
T-a tin for cabàou dine aquél mas, il y a un bétail consi-
dérable dans ce domaine. Àquà's tout moun cabàou, c'est
tout mon avoir. Las fénnos soun un michan cabàou, les
femmes sont une mauvaise engeance dans une maison. Que
s'aquitot faï cabàou, prvb., qui paie ses dettes s'enrichit.
On emploie aussi famil. le dim. Cabale, pour dire toute
sorte de famille d'insectes et de petits animaux, comme
les rats, les fourmis, les sauterelles, etc.
Dér. du lat. CabaUus, mauvais cheval, rosse.
Cabaré, s. m. Cabaret; logis; hôtellerie; auberge; lien
où l'on donne à boire et à manger. — Faïre cabaré, tenir
une auberge; vendre du vin en détail.
Les étymologistes français, qui ne peuvent se décider à
devoir quelque chose au languedocien, tandis qu'ils vont
fouiller dans les patois les plus sauvages des Gaulois et des
Germains, font dériver cabaret du gr. KaTcrjXeîov, même
sig. Le mot nous parait, à nous, d'origine purement lan-
guedocienne. En fr. il était peu connu au moyen âge; il n'a
guère commencé à paraître qu'au temps de la Ligue, et il
était synonyme alors de taverne : c'était les rendez-vous de
Taristocratie comme les cafés de nos jours, à la seule diffé-
lenoe qu'au lieu de liqueurs et de café, on y buvait du vin.
Le lang. Cabaré semble bien plus ancien; car son acception
est plus large : il signifiait autrefois logis, hôtellerie, et il
n'a pris que plus tard la synonymie de taverne et bouchon.
Le nom du château de Cabaret, dans le département de
l'Aude, fameux dans les fastes de la guerre des Albigeois,
- était une corruption de Cab - are, caput arietis, tète de
bélier. N'est-il pas probable que le nom commun de Cabaré
a la même origine? peut-être parce qu'une tête de bélier
était l'enseigne commune des logis à l'époque et dans la
localité où ce nom a pris son origine. II est bien évident
dès-lors que le fr. nous aurait fait cet emprunt , comme en
mille autres circonstances, sans qu'il veuille en convenir.
Gabarétéja, v. fréq. Hanter les cabarets, les tavernes.
Dér. de Cabaré.
Gabarétô)aîro, adj. m. Pilier de taverne; habitué des
cabarets.
Gabarétiè, ièûro, s. Cabaretier, cabaretière; aubergiste;
hôtellier.
Cabas, «. m. Dim. Cabassé; péj. Cabassas.Cab3&; panier
de sparterie, dont se servent les cuisinières pour aller à la
provision d'herbes, de légumes, et même à la boucherie.
Au fig. une femme sale, mal fagotée, très-négligée dans sa
tenue; un torchon. — Voy. Acabassï.
D'après les étym. fr. le gr. KdE6oc, ancienne mesure de
froment, aurait donné naissance au mot cabas. Nous le
croyons plutôt tout méridional et formé du lat. Caput, qui
avait fourni à l'esp. Cabessa, comme au lang., pour dire
tète, sans doute parce que cette sorte de panier se portait
autrefois sur la tête. La quantité de mots lang. qui ont la
syllabe cab pour racine, et qui sont tous relatifs à la tête,
apporte une nouvelle probabilité à cette origine.
CabasBO, s. f. dim. Cabasséto; péj. CabcLssasso. Tronc
d'arbre étèté, qu'il soit mort ou vivant ; maîtresse branche
de la tête d'un arbre. Lorsque les mûrie» ou les châtai-
gniers sont étiolés et menacent de périr par les branches,
on rase celles-ci tout près du tronc : s'il arrive que les
racines soient encore saines, l'arbre reprend toute sa vigueur
et pousse de nouvelles branches, qui atteignent vite leur
première dimension.
Dér. de Cab, pour tête, Cabasso augm. En esp. Cabessa;
en ital. Capo, tête.
Cabassa, s. m. n. pr. d'homme. Au fém. Cabassudo;
dim. Cabassudé. En fr. Cabassut ou Chabassut. Il est très-
répandu, indifféremment avec les deux intonations à la
première syllabe. Qu'il dérive de Cabésso ou de Cabasso, le
mot adjectivé a voulu dire en principe forte tête ou grosse
tête, au moral ou au physique, avec Cab pour racine.
Cabassudo, s. f. Jacée des prés, Centaurea jacea, ou
Centaurea nigra, Linn. Plante de la fam. des Synanthérôes,
commune dans les prairies. — Yoy. Carouje.
Gabés, s. m. Chevet d'un lit ; côté du lit où l'on met la
tête; oreiller; traversin.
Dér. de Cab, tète.
I, s. f. Péjor. CabéssassO' Tête; au fig. savoir,.
150
CAB
CAB
jUi:''liM'lil, ospi'U, l»nnS(*'Jls. — l'no forlo rahrsso, niio hniiiio
tM<s 11"'^ '*''t<' J»i'''ï iiK'iiMro cl a jugciiii'iit snr.
I>'t. (lo r//^>, tr't«\ Kn psp. '^(ihessd. Cahcza: t'ii p-irt.
Cohera : m h. luvl. fV/'v. I.p hit. Capnl ii'osl [)as ôtraiii't^r
à tous r*'s mots, non ])lus (|uo 1»' ut. I\:v-*'.av ^i "'^ voulait
Cabéstre, .v. ?/*. Mcini ou lio>l; li«'n i\\v^ \\n\ m-'t à la
Irlr» il(\s }j*''tt^S (le soininc [n>ur h^s allacIitT nu liioyr-u d'uiK*
loii;jo. — Tréjia cnt/H' h>>f cnhcUrP, oU cni^e !(i hritio, s*' dit
(.les jiMiijos ;:«Mis, 'jui s'amus'nt d»' tout, sans nul snui'i,
rriiiiraiits et di:'si]K's, (jui ont la ]irid<' siir le criu. — Ynij.
Pn'-îo.
Di'i*. du lat, Cffpisfr'Un . loi'iin'' d'' nip'tl s(r/'t.-f/n, ctijtifis
sh'in;//inn. Vax lias-lircl. Knlicstr.
Cabi, i". ^^('VWY un objet, le ranger, le jur-tlre à l'ahri des
\oleurs (lU des euricuN:, le cacher. — (V//// imo po, uiarier
une fille, la cnllocjner. ('(tus^i) (jHicon la cnhircï}, d<' inani>''i*i'
ou d'autp* nous hétahlintus hien.
I)éi". du lat. Cavuin ou Carus, ca\it<'', cachette, eni'once-
uienl.
Cabïè, .S', m. lUihan de i\\ dit (]lie\ illère, dans toutes les
localités de France, (juoi({ue non enrej^^isln'' j»af l'Acadrinie.
SauvâLî/'s le lait drv. ile ('/jf'/h', l^s che\eu\, [)arç(* i[U'\
dil-il, les feuHiK^s, |i'U <i\anl lui, s' s<'t'\ai(Md de c lailian
|)oiir tresser hnn's ch<"\<ni\: il aui'ait j)u ajouliM' (jU'-. d'-^MH
leuit)s, il ser\ail à t-ais les hoiumes du p'Mipl»' |)nnr r mler
h'Urs cli''\<'U\ tMi (jUi'Ui'. Auiraii-d'hui, C'^iniiie eiinl>>ii. il
entre dans hrauc-nij) d'.aiN raiîi'S de coutuie.
Cabine, .>\ ///. ï)i'ii. Cabi/u'h' : [y'']. Cdffinctds. Ani; »ii'e ;
hahut ; ;."ard(^-rol)i»; jcOnais cahhp't. C'st le n.t-uhle e^s^ML-
tie] |)"ur tout nnuvenu na-nage : une (illi' {]>'> jilus jiauvres
ne ctiiiN'iit LTuèic à s*^ inniàer, ([Uand clic ne p-ait j>aN >ç
donner fnt rahinv : elle a II end, s'il le faut, avec un*^ n''>i-
gnatinu incriloire, jus(|u'à ce (|uc son jx-culc arri\c an p;iir
de celte dr-ncnse.
Ce uiui. \ient é\ideninient du pri'-céd. T'/Ai ; ce|H'ndaid
il <*sl siiiijidier que le lat. hai'han^ se soil renconln'' mnih-
lui dans snu eniidoi rel ilii' au ni.)ria.i:e. Dans la liass. lai.
Çab'nncnlinn veut dire étal)li>seiri<'nt,
Cabô, V. m. (Ihahoi, meunier, che\ane, poisson de
rivière à .«.'rosse lète; c «jui lui \aut sans doute son nom.
— Voil' Art'sloù.
Cabosso, s. f. Dini. Cafxvissctn ; péj. Cahot/ssusso. Clou
de ter de clu'val à L'ro>se tèlr» carri-e; cl<>u de même lV»rme,
n:ai> lie plus i/i'and-' dimension. a\ec leijuel on li\ait les
hnndes de 1er sur les jinlt\> de cliarniie, et où ils étaient
auti'el'ois en si urand noudtre (jue la roue partait sur les
cle>us et non sur la hantle. Aujourd'hui ([u'i m ne jeri-e plus
les rou.^ à hande, mais en cercle, on n'emploie (|ue des
]x>ulons à tête plate. — ) o/y. Clavcl de Cdntu.
On ai)t>elle aussi Cabossa^ certains irros clous dinit les mon-
la'riiards îzarnisseut leurs sahots et souvent leurs souliers.
I)ér. lie fiihéssa.
Cabra, s. m. Troupeau de chèvres. gènéri(|uement ; mais
il !resl ciiipleAé qu'en parlant dos chèvres qu'on envoie au
houe jour les faiie saillir. C'est là une l»ranche d'iruhislrie
ajjricole, (pri consiste j)our toute mise de fonds dans l'achat
d'un Ixaic. Ojj auiéiie là toutes les chèvres du canton, et
ell'S \ rç^l'Mit ju>qu'à un mois ou deux. En attendant, le
propriéiain' liu houe pr.tlite d'un restant de lait que los
ché\ i"es ont runs"r\è, se l'ail jiayer la nourriture, el quand
le lait tarit, il a L'rand soin de renvover les chèvres à leur
maître. Thii rai, m, c'est lianler un houe pour cc{ usage.
Cabra, r. Dresser une éehi'lle, une planche, une jyoutre
conîre un jmu\ dans la [msition d'une cliè\requi se dresse
CMiitn* un arhre,
Sr rahra, se cahnM": se dresser, se rè\olti'r contre; s'ejn-
p!>iter. se hi-ouiller avec quelqu'un. — Se sofni cabras, ils
Sont en opjKtsition.
Dér. de Cabro.
Cabri, s. m. Dim. C(ibi,\/e, Cahrifloh. Chevreau, cabri.
[xMit de la chèvre, fla-d/zs; petit côté d'une échelle double.
<[ui, dans certains pays, n'est couqtosé ijue d'une harre
ronde. — Sàoffid rciitiio un vahv'i, s;iuler comme un cabri.
r}iù tisto lie rabr), au liiî. un étoui'di, un éc^M'Nclé. Qaatt
lu r((hr(> V(ù per linr, sr Inu rabr) sâotito n'a ]>as (or, prvb.,
(piind la chèvre \a dans h' jardin, si le che\reau y saute.
il n'a pas te^rt ; |)our >i;_'iiirier (jue h's itarcnls dt)i\ent seuls
rest'M' r-'sp'ins ailles \\f> n.au\ais e\em])les (ju'ils donnent à
l'Mirs enrinls.
Dèl". i\o ('(ihift.
Cabrida, r. Ciievr.u.'r, inetlre has «les che\ reaux; faire
le clieMeau. Se dit enenre d'une échelltMioidile, qui, étant
dr.'ss''e, s'ou\ re i'iili"'re!,ient, jcirt'e (jue la |>artic (jui sert
lie sui»porl Aii'id à j-diss-'r o\\ arrièrt*: par e\t. el de là,
euhii 1(1, si'Jiiilie dt'i^riiiL'oler, londier.
D'M". de Cuhr).
Cabridado, .v. f. Porl'e d'une chèvre, (juantilé de che-
M'ëaux (pfelle me| has. Par e\.t. dèijrinirolade, chute ile
haul.
])er de Cdhrt
Cabridan, v. nt. l^relon, LOièpe I'ri'li>n, Vespa crahro,
Jiinn. liiM'de du Lvui'e de la «iuèpe. — Vo^. Graoulc.
Cabriè, v. ;//. \\\ lem. Cnhrièno. Chevrier; celui ou
celle (pli L'.irile les chèvres. Kst devenu n. pr. d'homine et
fait «'M fr. dans le Midi, Chahrier, et dans le Aord, Che-
Yri(M".
Dér. d(' ("(ibro.
Cabro, s. f. Dim. Calnêto; jvj. Cahrasso. Chèvre,
remclli' du houe. ' — fabrn-bituntn. Vf'ij. Bounto Ol
l{(inr}r). Me farids ven) ciibrn , Aous me rendriez fou.
Ai>us me feriez ]) M'dre palien';e. La cabro dé moussu Sagnè
.se bnUfjuè toi'lo la ipiffr end)è Ion lanp, mais fhnt jour lou
huip hi nianjr, |>hrase proverbiale (jui exprime de lon^^s
et \ains ejl'nrts pour se défendre, surtout nu jeu; on syn-
cope seaivent et l'on dit : Fat coumo la cabro dé moussu
S(i</nê, et cela siLTuifie : il finira par être enfoncé; il va tout
t>erdre.
CAB
CAC
151
11 8*agit, comme on le voit, de toute défense longue,
obstinée, désespérée, mais inutile, contre plus fort, plus
habile ou plus heureux que soi. Un joueur qui pcid la
partie après l'avoir disputée pied à pied ; un malade qui
meurt après avoir longtemps et péniblement résisté au
mal; un négociant, un particulier qui voit s'accomplir sa
déconfiture après l'avoir retardée autant que possible en
faisant flèche de tout bois; nos éducations de vers à soie
depuis vingt ans, commençant bien pour finir par un
désastre; tout cela fait coumo la cabro dé moussu Sagnè.
D'où vient qu'une chèvre est devenue le parangon de tous
ces braves malheureux?
C'est ce qu'explique suffisamment le complément du
dicton , qu'on scinde parce qu'il serait trop long et que
tout le monde le sait assez pour pouvoir l'abréger. J'ai
même vn les gens en pareille occasion se permettre une
ellipse bien' autre en disant seulement : la cabro/ Mais
c'était un peu des argoliers. L'entier dicton est comme
dessus : Faire coumo la cabro dé moussu Sagnè, que se
batéguè touto la gnuè émbé Imi loup et lou mati lou loup la
manjê, faire comme la chèvre de monsieur Sagnier, qui se
battit toute la nuit avec le loup et le matin le loup la
mangea. — Cette fin était prévue, mais celle des Spartiates
aux Thermopyles l'était aussi; et la chèvre ne luêritait
pas moins de passer à la postérité et d'y entraîner son
inaitre, qui sans elle serait fort peu connu, et avec elle
risque même de ne survivre que dans le proverbe.
Dér. du la t. Copra.
Cabro, ». f. Echelle double; chevalet des scieurs de
long, qui soutient le baudet ou ase.
Cabro, ». f. Mante, 'mante religieuse. — Voy. Prêgo-
Diau.
Cabro, ». f. Papillon femelle du ver à soie; morpion,
vermine qui s'attache aux endroits couverts de poils.
Cabras, au pi., les deux poutres principales qui soutien-
nent l'appareil d'une sonnette à piloter, ou moutoù; la
troisième, qui est garnie d'échelons pour grimper à la
poulie, se nomme éscalo.
Cabrôto, s. f. Chevrette, meuble de l'âtre d'une cuisine,
appui en fer pour soutenir les pots dans les cendres.
Dér. du lat. Capra.
Cabrôou, ». m. Chevreuil; chamois; isard; toute espèce
de chèvre sauvage; Capreolus, Liim. Quadrupède de l'ordre
des Cerfs; brun ou roux, à cinq andouillers au plus. — Le
n. pr. Chabrôou,en fr. Chabrol, est formé de là, comme en
fr. encore Chevreuil et Chevreau. La seule différence est
dans la désinence, suffixe diminutif en lang. exprimé par
Ôou, traduit par ol, rendu par le fr. euil. — Voy, Oou
suffixe. A conférer avec Bagnôou, Cassagnolo, Plagnôou,
etc.
Dér. de Cabro.
Cabroû, ». m. Dim. Cabrouné. Chevron, pièce de char-
pente composée d'un pied droit et de deux arbalétriers.
Dér. de Cabro.
Gabus, s. m. Action de plonger dans l'eau, ou de tomber
de haut la tète la première ; de faire un plongeon.
Dér. du lat. Caput, parce que la tète porte la première,
Gabus, ». m. Au pi. Cabusses. Pro vin, branche de vigne
que l'on couche dans la terre pour qu'elle prenne racine et
remplace un cep qui manque. — Ddou tén das cabusses,
dans le dernier quartier de la lune de mars.
Gabus, adj. m. Cdou ou Cùoulé cabus, Chou blanc,
chou cabus ou chou pommé.
Dér. du lat. Caput, parce que cette espèce de chou forme
une grosse tète ronde.
Gabussa, v. Plonger dans l'eau ; faire le plongeon ; tom-
ber de haut la tète la première. Il est quelquefois actif : —
Cabussa quâouquus, plonger pour sauver quelqu'un qui se
noie. Cabussa un sôou, aller chercher un sou au fond de
l'eau, en plongeant : exercice qu'on s'amuse à faire exécu-
ter aux enfants en jetant un sou dans l'eau.
Dér. du lat. Caput, tête; en esp. Cabessa.
Gabussa, v. Provigner la vigne; marcotter toute espèce
de piaules ou d'arbustes. Au fîg. inhumer, enterrer quel-
qu'un.
Gabussaire, aïro, adj. Plongeur; qui a coutume de
plonger.
Dér. de Cabus.
Cabussâou, ». m., ou Cassàou, ou Sacol. — Voy. Cas-
sàou.
Gabussé, ». m. Raie d'eau, Rallus aquaticus, Linn. Ce
nom est aussi donné à la poule d'eau marouette, galUnula
porzana, dont les habitudes tiennent beaucoup de celles
du Raie. — Voy. Rasclé.
Gabussèl, ». m. Dim. Cabussélé; péj. Cabussélas. Cou-
vercle; ce qui sert à couvrir. — Lou cabussèl dé la testa,
le crâne, l'os sui)érieur de la boite du cerveau.
Dér. du lat. Caput; en esp. Cabessa.
Gabusséla, v. Mel|(e un couvercle; couvrir un plat, un
pot, une hucjie; dé son G^tecclf . ' ^" -
Gabussèlo, ». f. Couver&le d'un pot au feu, uniquement.
— Chaquo toupï trobo sa cabussèlo, chaque cheville a son
trou; chaque fille trouve un mari.
Las cabussèlos, au pi. les cymbales, parce que cet ins-
trument a effectivement la forme d'un couvercle à pot.
Même étym. que les préc.
Gacaï, ». m. Caca; sellé d'mi enfant; ordure, saleté;
terme de nourrice qui, pour détourner un enfant de tou-
cher à quelque chose, lui dit : Cacaïf C'est par suite de la
même idée qu'on met une décoction amère au bout du sein
de la nourrice quand on veut sevrer son nourrisson, et
quand il y porte la bouche, il se retire en s'écriant : Cacaïf
— Aquà's dé cacaï, c'est sale.
Dér. du gr. Kaxxr), excrément.
Gacalaca! interj. et ». m. Coquerico, chant du coq;
onomatopée. Gosier, au fig; par ext cou, col. — Li coupé
saun cacalaca, il lui coupa le cou.
Cacalaca, ». m. ou Pantouftéto, ». f. Digitale pourprée.
15â
CAC
CAD
mufle de veaa, Aniirrhinum majus, Linn. Plante de la
fam. des Personnées, qui croît sur les vieilles murailles, à
fleurs irréguliéres et pourprées, auxquelles il ne manque
que d'être plus rares et exotiques pour être recherchées.
Cacalaea, en terme de coiffure, toute espèce de nœud de
rubans, de pouf, posé sur le haut d'une coiffure de femme,
en guise de la crête d'un coq : d'où le nom.
Cacalas, «. m. Au pi. Caealoêiet, Eclat de rire. — Faguè
un hél eacoias, il partit d'un grand éclat de rire.
Ce terme vient-il du gr. Karfjakdm, rire à gorge déployée;
ou bien n'est-il qu'un rappel du eaealaca du coq, avec
lequel l'éclat de rire a un rapport d'onomatopée?
Cacalaasa, v. ou mieux S'éscacalaasa. Eclater de rire ;
rire à gorge déployée, bruyamment, rire aux éclats.
Dér. de Caeala$.
Cacha, v. Serrer; presser; meurtrir; casser, briser en
serrant fortement, avec les dents, ou en frappant ; mâcher,
broyer avec les dents. — Cacha dé notes, casser des noix.
Moun iidd mé cachavo, mon sabot me blessait le pied. Un
au dé foim tén eachariè pas la paio; c'est ce que l'on dit
de quelqu'un qui veut se faire ou que l'on croit plus jeune
qu'il n'est, et qui a cependant largement atteint ou dépassé
l'Age où un âne, faute de dents, ne pourrait plus broyer ou
mâcher la paille.
Se cacha Icm dés, se meurtrir les doigts; au fig. être
dupe de son propre stratagème.
Dé froumaje cacha, du fromage qui a dépassé le degré de
fermentation qui lui convient, vieux, fort et rance.
Dér. du lat. Quassars, briser.
Cachadnro, s. f. Meurtrissure ; pinçon ; blessure produite
par une forte pression. — Aou déàasta se vésou las cacha-
dures, exp. prvb., quand on enlève le bât à un âne, on
aperçoit ses blessures; au fig., c'est à fin de compte qu'on
juge de son mal.
Dér. de Cacha.
Gâché, «. m Cachet; sceau; pain à cacheter.
Dér. de Cacha.
Cacheta, v. Cacheter; appliquer un cachet; fermer avec
un pain à cacheter.
Dér. de Cacha.
Cacho, s. {. Cachette; cache; lieu secret où l'on cache
quelque chose.
Emp. an fr.
Cachô, s. fil. Dim. Cachauté; péj. Caéhoutas. Cachot;
prison basse et obscure.
Emp. au fr.
Cacho-foné, s. m. Chambrière de charrette; gros bâton
suspendu par une douille mobile au tablier d'une charrette,
qui sert à soutenir les bras en équilibre lorsqu'elle est
dételée, et à soulager le limonier lorsqu'elle est attelée
chargée, mais au repos.
Corop. de Cacha et de Foué, fouet.
Cachomonre, s. m. Coup de poing sur la mâchoire» sur
le nez.
Comp. de Cacha, meurtrir, et Mours, visage.
Cadabre, s. m. Péj. Cadahras. Cadavre, corps mort ;
plus particulièrement en parlant du corps humain ; au fig.
homme maigre et décharné, ou seulement livide.
Dér. du lat. Cadavcr, qui serait la syncope de caro data
vermibus, à ce qu'on assure et qui est vraisemblable ei
ingénieux.
CadacQ, n. pr. de lieu. Cadacn, petit hameau dans la
commune de Laval, arrondissement d'Alais.
Dér. du lat. Caput et Aeuium, chef pointu.
Cadai, s. m. — Vay. CalaX.
Cadanaa, v. Balancer; remuer en équilibre; pencher;
branler. — La tàouh cadanso, la table n'est pas solide ;
elle branle sur ses pieds.
Dér. du lat. Caderc, tomber, et de Danso.
Cadàoula, v. Fermer au loquet; fermer une porte avec
le loquet.
Cadàouléja, v. Loqueter; agiter, faire aller le loquet
d'une porte pour ouvrir, ou pour indiquer qu'on se dispose
à entrer.
Cadàoulo, s. f. Dim. CadAovdélo; péj. Cadàoulasso.
Loquet; cadole; languette de fer, avec son appareil ea
bascule qui U soulève, et le crochet-gache qui la retient,
pour fermer une porte. En terme de charcuterie, verge du
porc, y compris son fourreau et la longue membrane qui le
lie à l'abdomen. — Es taujour en Vair eoumo uno cadAouHo,
au fig., il est sémillant, actif, agité; il ne saurait rester en
place. Fino eadàoylo, loc. prvb., fin matois, rusé et actif.
Le fr. s'est emparé de ce mot dont il a fait Cadole, qui
a la même acception, mais qui ne s'emploie que comme
technique de serrurerie.
Dér. du lat. Cadere, tomber.
CadarâoQ, «. m., n. pr. d'un torrent qui borde à l'ouest
la ville de Nimes : Cadarau.
Dans le dialecte nimois, ce mot est synonyme de voirie,
gémonies. Cela tient peut-être à ce que le lit de ce torreat,
sur lequel est aussi situé l'abattoir public, servait à cet
usage; et que cette destination était ancienne. Mais ne
pourrait-on pas prétendre avec autant de fondement que
c'est de cette circonstance même que le torrent tire son nom?
Il n'est pas hors de probabilité que l'expression, soit qu'elle
s'applique génériquement à tout emplacement de voirie,
soit à l'emplacement particulier de ce torrent, ne dérive dut
lat. Cadaver, cadavre; si l'on se rappelle surtout que des
fourches patibulaires, véritables gémonies, dont on voit
encore quelques piliers sur la route de Sauve, dominaieot
le cours de ce ruisseau. Cependant Sauvages, en consultant
sans doute quelque dialecte voisin, applique ce nom de
Cadarâou aux ruisseaux d'écoulement des rues, et lai
donne pour origine le verbe grec Rat&^lco, couler de haoat
en bas. D'autres veulent le faire venir du catahm catorBuep,
torrent. Le mot n'appartient pas à notre langue; et iKyos
y voyons plutôt une redondance réduplicative de notre
Caràou, qui a la même signification. — Vay. Carâou.
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Cadastre, «. m. Cadastre; anciennement registre de
capitation ; plus tard terrier des propriétés imposées à la
taille; aujonrd'hai registre public où sont marquées l'éten-
due et la valeur des terres.
Dér. de la bass. lat. Capitastrium. Godefroi dit : In
Gallia, aliçuibus in locis, à capltïbus vel capitatlone cap-
dastra, vel enta Ire, vocatur capitationis scllicet registrum,
in ç^ibus singulomm nomina adnotata erant.
CSade, «. m. Grand genévrier à baies rouges, Juniperus
oxycedrits, Linn. Arbrisseau de la fam. des Conifères. C'est
la grande espèce dont la racine fournit l'buile empyreuma-
tique de Cade, qui est d'un usage très-fréquent en agricul-
ture pour le traitement des animaux, el principalement
contre la gale des moutons. La tige de cet arbuste fournit
par incision la résine appelée Sandaraque, base des plus
beaux vernis. — E$ davala ddou cade, il a dégringolé ; il
est en déconfiture; ou il est mort.
Cade-mourvls, s. m. — Voy. BlourvU.
Cade-tabl, $. m. — Toy. Sabino.
On regarde ce mot comme dér. du celt.
Cadè, «. m. Dim. Cadété; péj. Cadétas. Cadet. Surnom
qu'on donnait beaucoup dans le peuple au fils puiné d'une
famille, au second enfant mâle, n'importe le nombre des
frères subséquents. Ce nom était tellement incarné à l'indi-
vidu qui en était affecté dans son enfance, qu'il ne le per-
dait pas même par la mort de son frère